Une bien belle invitation... Un carnaval. Ce genre de petites sauteries n’était donc plus révolus ? Une révélation particulièrement agréable à tes yeux. Malgré tout, le thème choisi restait assez amusant “Venice”... Cela te rappelait bien des souvenirs. Toi qui avais eu l’occasion de te promener sur les gondoles et profiter de la pénombre dans cette délicieuse ville... Celle de la liberté. Bien que celle-ci n’était plus aussi retentissante qu’à l’époque... Mais cette soirée allait certainement évoquer le lâcher-prise, le carnaval avait pour but de laisser s’échapper la folie de l’amusement mélangé à l'anonymat après tout...
C’était donc avec cette délicate idée que tu avais entrepris de te rendre jusqu’à son dressing plus ancien... Avais-tu gardé des robes de l’époque ? Evidemment. Il s’agissait là de véritables objets de collection mais tu appréciais les revêtir par pure nostalgie. Très peu de personnes ne pourraient observer l’authenticité de la robe, hormis les connaisseurs ou les personnes ayant vécu à cette même époque. Le masque quant à lui fut acheté dans une boutique spécialisée avec la plus grande discrétion. Ton but à cette sauterie ? T’amuser et faire comme si tu n’étais pas cette vampiresse cinq fois centenaire.
C’est donc après avoir passé une bonne partie de la fin de soirée à te préparer. Coiffée de manière élégante et vêtue de ta magnifique robe vénitienne d’époque, tu avais commandé un chauffeur pour être presque totalement anonyme et tu avais enfilé ton masque noir. La nuit était déjà tombée et donc aucun risque pour toi d’être brûlée vive.
Le trajet ne fut pas très long, tu fus emmenée jusqu’au lieu de rendez-vous. Le Bal avait lieu à 22h et ne se terminait qu’à cinq heures du matin. Donc il te restait assez de temps pour faire de belles rencontres et avoir de bons sujets de conversations. Une fois sur les lieux, tu marchais sans encombre en regardant autour de toi. L’orchestre était qualitatif, cette soirée promettait d’être fortement agréable.
Alors que tu suivais le chemin, tu sentis la présence d’un homme juste à ta droite. Tournant ta tête, tu fis une révérence à la vénitienne avant d’incliner la tête.
« Bonsoir Monsieur. Il semblerait que la soirée s’annonce plus agréable que je l’aurais imaginé. Je n’aurais pensé être en bonne compagnie aussi rapidement. »
Il ne pouvait percevoir le sourire sur tes lèvres mais il devait certainement l’entendre dans la tonalité de ta voix. Alors que tu avais entamé la discussion avec l'inconnu, tu pus sentir non loin une autre présence arriver. Il était perturbant de ne pas sentir la race des personnes qui t'entouraient... Ces colliers étaient particulièrement perturbant. Une leçon de tolérance ? En somme... ce type de soirée était assez hétéroclite. De toute évidence, tu n’étais pas la Mera sanguinaire ce soir... Il fallait donc être magnanime ou jouer les faux semblants... Ce n'est pas comme si tu avais le choix !
Une soirée vénitienne ? Un bal masqué ? Voilà ce qui était venu compléter mon planning. J'avais reçu une invitation pour cet événement j'avais hésité à m'y rendre. Nouvellement Lycane, j'avais peur de déraper et imaginer l'image que ça pourrait donner si ça arrivait en public. Cependant le port du masque me rassura et je ne pouvais pas passer à côté de tous les événements, il fallait que je continue de vivre. De plus j'y étais attendue et il serait mal avisé de ne pas s'y rendre. Les heures passaient et l'événement se rapprochait, il était temps pour moi de me préparer. Je commençais par me doucher, ensuite je me maquille, je coiffe mes cheveux et il est l'heure tant at rendue d'enfiler ma robe. Une robe de bal noire et violette, je l'avais prévu pour l'occasion même si jusqu'au bout je m'étais demandé si j'allais réellement me rendre à la soirée. Ce n'était pas une robe d'époque mais ce fut quand même celle que j'avais choisi. J'étais à présent presque prête. Il ne me manquait plus que la touche finale. J'enfile un masque de loup... Très ironique lorsque l'on a été transformé en lycan récemment... J'étais fin prête. Je quitte ma demeure et ne pouvant décemment pas conduire vêtue ainsi, j'avais appelé un taxi qui m'emmena sans encombre au lieu du rendez-vous. Je présente mon invitation et j'entre dans la salle. Pour le moment je ne reconnaissais personne, de toute façon avec les masques cela allait être compliqué. Je traverse la salle. Étant assez timide, il serait difficile pour moi d'aller parler à des inconnus mais étant costumée et dans une atmosphère particulière, je pouvais aisément jouer un rôle, il était pour moi de me croire sur une scène et de faire ce que je fais de mieux: jouer la comedie. Je croise une jeune femme et un monsieur un peu plus âgée. Je m'approche deux et fait une révérence.
Bien le bonsoir Messieurs Dame. J'espère que vous passez une agréable soirée.
Première accroche faite. C'est déjà un début.
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Dernière édition par Keira Alexanderson le Dim 13 Mar - 18:31, édité 3 fois
Je n’étais pas grand amateur de sorties mondaines. Ayant passé le plus grand temps de ma vie à servir les autres plutôt que moi-même, je devais bien avouer ne pas être habitué à tout cela. Néanmoins… Cette fois-ci allait faire exception. Pourquoi ? A vrai dire les masques et l’égalité entre tous y étaient pour beaucoup. Je ne serais personne ce soir, et surtout pas un majordome au service de son Lord. Non. Je ne serais qu’un invité parmi tant d’autres. C’est donc pour cette raison que je m’étais inscrit en mairie afin d’obtenir le précieux sésame. Après moulte recherche sur internet – soyons réaliste, j’avais demandé ce service à un Héritier, j’était bien incapable de chercher cela moi-même sur un ordinateur – et j’avais enfin pu trouver un costume suffisamment élégant.
Lorsque le soir fut arrivé, je m’étais ainsi changé à l’Hôtel, sans la moindre honte ou gêne alors que je ne pu qu’entendre quelques commentaires amusés à mon passage. Si cela me dérangeait ? Absolument pas. Au moins, durant leur « amusement » ne faisaient-ils pas de bêtises plus grosses qu’eux.
- Je vous prierais, pour ce soir, de vous tenir tranquille. Je ne serais pas là pour rattraper vos âneries. Alors prenez garde.
Voilà ma seule indication aux vampires présents lorsque je quittai l’Hôtel. Il ne me fallut pas grand temps pour atteindre le parc où se déroulait la fête. Un carnaval et bal en plein air. Pourquoi pas, cela était effectivement agréable, les nuits n’étant pas encore chaudes de l’été. Mon invitation données à l’entrée, j’enfilai à mon poignet le sachet senteur qui nous était donné avant de m’aventurer dans le parc. Une main derrière le dos, je restai alors droit en observant l’orchestre qui, ma foi, jouait parfaitement et agréablement bien.
Que faire désormais ? Je n’avais personne à servir, personne à qui faire attention, alors que devais-je faire ? Diable… Me voilà donc perdu. Ce fut une voix inconnue qui me sortit de mes pensées, me faisant tourner la tête pour, immédiatement, par habitude, répondre par une révérence. Une femme, sans nulle doute du fait de la voix et de la tenue. La race, de toutes les manières, m’importait peu, bien qu’il soit perturbant de ne pouvoir savoir qui se trouvait face à moi.
- Madame. Le compliment me va droit au cœur et je me permets donc de vous le retourner avec le plus grand des plaisir. Dis-je calmement et poliment. Valse en A Mineur, opus 39 numéro 14 de Brahms, si je ne m’abuse. Continuai-je en me retournant vers l’orchestre. Une merveille pour nos oreilles, n’est-ce pas ?
Mais plus que la musique, une seconde voix vint détourner de nouveau mon attention de l’étrangère qui venait de briser la glace… Une seconde étrangère arrivait donc. Race toujours aussi inconnue, mais à la révérence et la façon de parler, je supposais qu’elle n’était pas très âgée. A nouveau, une révérence de ma part.
- Madame. Une soirée fort agréable, effectivement. La ville nous couvre d’une ambiance des plus délicieuse.
Un instant, je me tus pour profiter de la musique, les yeux fermés, avant de revenir aux deux femmes.
- J’en oublie les politesses. Severus. Evidemment respectons l’anonymat de nos noms et nos races puisqu’il s’agit de la base de cette soirée, n’est-il pas ? Etes-vous donc venue accompagnées ? Demandai-je par pure politesse.
Bien que ton masque camouflait les expressions de ton visage, tes iris démontrèrent que tu demeurais impressionnée par sa connaissance assidue sur la sonate qui était actuellement jouée par l’orchestre. En somme, il aurait très bien pu te mentir sur la provenance et la partition que tu n’y aurais vu que du feu. Pour la simple et bonne raison que tu n’y connaissais pas vraiment grand-chose en musique classique. Il ne s’agissait pas là de l’un de tes plus grands passe-temps. Tu appréciais davantage les romans en écoutant des classiques tel que Bach ou Mozart mais de là à mémoriser chacune des notes... Non. Ainsi, l’homme gagna rapidement ton attention en te démontrant qu’il en savait déjà bien plus que toi. Tu doutais vigoureusement qu’il soit un jouvenceau. Notamment grâce à sa voix mais aussi à sa posture, ses connaissances en disaient également long sur son âge. Deux options s’offraient à toi, soit il s’agissait d’un être surnaturel de plus d’une centaine d’années, soit un humain particulièrement âgé. Mais l’idée de faire déjà tomber le masque disparut aussi vite qu’elle était apparu.
« Un fin connaisseur de que je vois. Je ne saurais vous dire si votre estimation est juste. Je suis bien meilleure danseuse que mélomane. »
C’était peu dire... Tu avais appris au fil des siècles beaucoup de danses... de différents pays. La valse était donc ton point fort dans ce genre de réception. Tu ne pouvais qu’exceller dans le domaine. Tes iris se posèrent sur la demoiselle. Un fin sourire se dessinait sur tes lèvres alors que tu lui rendais sa révérence en retour. Elle semblait bien plus jeune et un peu moins assurée. Tu lui rendis donc sa politesse en ajoutant d’un ton calme.
« Une bien belle soirée en effet, j’espère qu’elle sera également agréable pour vous, ma chère. »
Et vint le moment de se présenter... Hm... Donner ton prénom n’était peut être pas une bonne idée. Malgré tout, il sortait particulièrement du lot et tu savais que tu risquais d’avoir de petits problèmes... Ainsi, tu décidais d’utiliser ton deuxième prénom. En somme un demi mensonge... Mais le prénom de cet homme... S’il se nommait véritablement Severus... Il avait un certain âge non ?
« Très bien, nous jouerons le jeu jusqu’au bout. Pour ma part, je me nomme Agatha. J’ai été invitée à venir. Et vous, ma chère ? Êtes vous venue par pure curiosité ? »
Ton regard se portait de nouveau sur la demoiselle puis du coin de l’oeil, tu observais l’homme. Il était assez intriguant malgré tout... Ce nom te disait quelque chose... Mais cela sonnait européen. Impossible pour toi de faire le lien avec quoi que ce soit. Perturbant mais amusant, la soirée s’annonçait d’autant plus amusante.
« Connaissez-vous les diverses danses de l’époque vénitienne ? Il y aura surement quelques valses qui vont être proposés. »
Avais-tu finalement osé demander à tes deux interlocuteurs. Après tout, tu étais venue ce soir pour te divertir et profiter de ton anonymat pour te laisser aller et te ressentir de nouveau jeune. Même si ta dernière valse remontait certainement à ton deuxième mariage... Cela te manquait véritablement... Le passé pouvait te rendre assez mélancolique mais tu gardais malgré tout cette légère lueur malicieuse et amusée.
Me voilà, presque à l'aise en train de parler à deux parfaits inconnus. Nous avons un fin connaisseur de musique et une femme élégante. J'avais peut-être choisi le duo le plus improbable pour discuter mais cela ne me dérangeait pas. Chacun passait une soirée agréable, tant mieux, l'entrée en matière s'était faite sans accroc. Et pour rester dans les banalités, nous passons aux présentations. Garder l'anonymat mon convenait parfaitement et même s'il ne l'avait pas proposé ce fameux Severus, je l'aurait fait de mon plein gré. Je veux éviter tout problème au cas où certains me connaîtrait dans la salle, cette soirée, je la fais certes parce que j'y ai été invitée mais je voulais aussi la passer tranquillement. J'écoute attentivement les identités de chacun. C'est à mon tour.
Enchantée, je me nomme Aurore. Et j'ai également été invitée en ces lieux. Je suis venue seule en me disant que je trouverais de charmantes compagnies. J'ai bien l'impression que je ne me suis point trompée.
Jouer les femmes de la cours un peu pompeuse, j'aimais bien. On nous demande si l'on connaît les diverses danses de l'époque. Je souris. Je suis danseuse et pour différents spectacles je me suis intéressée à tout cela. Si un homme veut danser et qu'il ne sait pas guider je peux faire ce rôle sans souci. Je me permets de répondre.
Les danses traditionnelles telles que les valses n'ont aucun secret pour moi. Et vous alors ? Suis-je face à deux grands connaisseurs ?
Pour le moment les sujets de conversation bateau me permettait de rester dans le dialogue avec ces deux inconnus.
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Dernière édition par Keira Alexanderson le Dim 13 Mar - 18:33, édité 1 fois
Un sourire apparut sur mes lèvres fripées par le temps alors que cette dame semblait être particulièrement connaisseuse. Sa façon de parler, sa façon de se tenir jusqu’au vocabulaire utilisé. Tout semblait être en accord avec mes pensées : elle n’était pas si jeune.
- J’apprécie les danses classiques et traditionnelles mais avoue ne assez danser pour me dire fin connaisseur. Ponctuai-je alors.
Et cela était certain. J’avais bien plus passé mon temps à servir et rester au côté de mon maître qu’à danser et virevolter lors des bals. Non. Cela n’avait jamais été pour moi. J’étais bien trop honnête serviteur pour m’adonner à ce genre de pratique alors que je devais faire mon travail.
Mais voilà que déjà nous étions rejoints par une jeune demoiselle, du moins était-ce ce que je pouvais deviner à son comportement. Les deux femmes se prénommaient donc Agatha et Aurore. Hochant la tête respectueusement, je soufflai poliment.
- Je suis donc enchanté de vous connaître. Je ne suis malheureusement pas assez populaire pour avoir été invité. J’espère d’ailleurs que mon manque de notoriété ne vous fera pas fuir. M’amusai-je alors. Le pauvre homme que je suis a dû aller s’inscrire en mairie.
Une chose dont je me moquais éperdument. Après tout n’étais-je pas là pour me faire voir… Comme quiconque ici, puisque nous étions tous sous des masques. Néanmoins, un léger sourire amusé étira de nouveau mes lèvres alors que j’observai celle que je considérais comme étant la plus jeune.
- Rassurez-vous, Domnisoara Aurore, dis-je en utilisant le mot « mademoiselle » en roumain comme un automatisme. Même à l’époque, nous utilisions le mot « pas » plutôt que « point » dans les conversations de tout aller.
Venais-je de donner un indice sur mon âge ? Effectivement, et je ne l’avais fait que par amour de la justesse.
- Quant à votre question, très chère… Pour dire vrai je n’ai guère eu l’habitude de danser dans mon passé. Je connais donc les pas pour les avoir vu des centaines de fois, si ce n’est plus, mais n’oserais certainement pas dire que je suis un « grand connaisseur ». Disons que je suis un amateur appliqué, dans ce cas… Souris-je alors. Et je dois avouer que je n’oserais faire danser aucune de vous pour ne pas risquer de vous décevoir.
M'inclinant particulièrement poliment, je me redressai alors pour observer la foule dansant ces valses vénitiennes. Voilà encore un point que je ne pouvais décemment maîtriser.
- Je dois enfin avouer que les danses vénitiennes ne sont pas les danses que j'ai le plus eu l'occasion d'observer. Mon pays se trouvait malheureusement bien plus à l'est que l'Italie. Dis-je enfin.
Te voilà assurée d’une évidence... Cet homme n’avait rien d’un jouvenceau à la fois dans sa manière de converser et de se comporter. Quelle douce rencontre et délectable surprise, toi qui pensais tomber sur beaucoup plus jeunes que toi, une certaine satisfaction venait à émerger en toi. Un brin d’amusement semblait tirailler les traits de ton visage en entendant sa remarque concernant sa popularité. Était-il véritablement nécessaire d’avoir une certaine renommée pour pouvoir se rendre à ce genre d’évènements.
« Je dois admettre que j’ai eu l’occasion de m’exercer et que j’apprécie particulièrement danser. Dire que je suis une connaisseuse serait peut-être un peu présomptueux, mais une passionnée serait un terme sans doute plus adéquat. »
Malgré tout, la jeune femme présente exposait sans s’en rendre compte qu’elle n’était pas une personne âgée... Notamment dans sa façon de s’exprimer. Ce que ce cher Severus ne perdit guère de temps à souligner dans une démarche presque rassurante. Toutefois... une vague de lucidité te vint, il venait de prononcer le mot “Domnisoara”, il s’agissait là du roumain. Tes yeux s’écarquillant légèrement à la fois de perplexité mais aussi d’un brin d’euphorie. Etais tu face à un compatriote ? Ceux-ci étaient particulièrement rares... Bien entendu, tu ne te permis guère de le couper dans ces explications. Néanmoins, tu ne pus contenir un petit gloussement malicieux avant de reprendre ta langue natale avec ton accent.
« Si je ne m’abuse, nous venons de la même contrée cher Severus. C’est un plaisir d’être face à un compatriote. »
T’inclinant légèrement en faisant une révérence typique de ton pays à l’époque où tu étais encore une jouvencelle. Tu venais de trahir ton âge mais possiblement ton identité. Mais à cette époque-ci... il n’y avait pas tant d’être si âgés... Tu te demandais s’il était plus vieux ou s’il était légèrement plus jeune... Peut être que tu te fourvoyais et qu’il n’était qu’un simple immigré roumain. Cela te semblait assez invraisemblable... Mais en somme, cela ne te regardait pas. Revenant finalement à l’anglais pour que cette pauvre demoiselle comprenne ce qu’il était dit, tu inclinais délicatement la tête avant de sourire faiblement, même si ton rictus ne se voyait guère sur ton visage car le masque cachait l’intégralité de ton visage.
« Les danses vénitiennes sont bien plus provocantes que celles plus orthodoxes. Bien que les valses espagnoles sont bien connues pour être les plus chaleureuses et presque outrancières pour l’époque. Mais je suppose que tout doit finir par évoluer. Bien que la danse soit désormais assimilée à la séduction. Ma chère Aurore, que pensez-vous de cela ? A-t-elle perdu de sa saveur d’antan ? »
Plutôt curieuse d’avoir l’avis de la demoiselle, tu restais attentive à sa réponse avant de rediriger ton regard vers l’homme qui semblait venir de la même contrée que la tienne. Tu avais été plutôt à l’écoute concernant son passé... Un homme regardant davantage que pratiquant... Cela attisait ta curiosité, tu ne pus t’empêcher de lui demander sans aucune arrière-pensée.
« La danse vous mettrait elle mal à l’aise ? Observer est une chose, pratiquer en est une autre. Je peux comprendre que cela ne soit attractif pour une personne qui n’apprécie guère le contact avec autrui. Je ne voudrais faire atteinte à votre pudeur. »
Etais-tu tentée initialement de l’entrainer vers cette piste de danse ? Inéluctablement. Mais si l’idée même de te décevoir lui avait traversé l’esprit, tu te doutais que ce n’était guère son bon plaisir que de se laisser aller à la valse. Quel dommage... Mais tu n’allais pas lui forcer la main, le consentement restait important. Tu te permis toutefois de lui dire en roumain avec un brin de taquinerie.
« Rassurez-vous, je peux comprendre que si vous n’êtes pas habitué que vous préfériez vous abstenir. Bien que j’aurais été ravie d’observer votre aisance dans une valse un peu plus familière. »
Une référence à ces valses orthodoxes de l’époque ? Certainement. Mais ces mots étaient également une façon de le tester... Savoir doser son âge et être capable de satisfaire ta curiosité... Il t’arrivait d’être fourbe par moment, mais pour cette fois... aucune malice à constater, tout était simplement par pure innocence et sans jugement.
Plus la conversation avançait plus je sentais un décalage avec les deux jeunes gens avec qui je me trouvais. Jeunes gens... peut-être des personnes d'un certains âge finalement. Pour l'homme j'en avais la certitude que ce soit dans la voix ou autre mais la femme que je pensais jeune ne l'était peut-être pas. Finalement je devais être le bébé du groupe. Ils avaient quel âge ? 100 ans ? 200 ans ? Plus encore ? Je ne saurais le dire. Maintenant j'avais un indice: ce ne sont pas des humains. Après je n'en savais pas plus. Démons ? Anges ? Lycans ? Vampires ? Je n'ai pas la moindre idée de leur âge réel. Bref je continue d'essayer de suivre la conversation me sentant presque de trop. Vous savez, l'enfant au milieu d'une conversation d'adulte lors d'un repas de famille . Ils avaient l'ai d'avoir pleins de points communs et peut-être même de se connaître sous les masques. Quand l'homme parla de son manque de notoriété je souris.
Vous savez, la notoriété ou non de fait pas de vous une bonne ou une mauvaise personne. Peu importe comment vous êtes entré, vous avez tout à fait votre place.
Bon je constatais ensuite qu'ils avaient bien remarqué que j'étais plus jeune. Tant pis, en soit peu importait, non ? Je souris l'entendant dire qu'il préférait ne danser avec aucune de nous. Cela me fit même un rire. Je pars toujours du principe que lorsque l'on a un bon cavalier ou une bonne cavalière, on peut toujours accomplir des miracles. Après, était-ce une excuse pour tout simplement ne pas danser ?
Il n'y a aucun risque de décevoir. Si vous avez une bonne cavalière, vous pouvez accomplir des miracles. Mais peut-être n'aimez-vous tout simplement pas danser ? Ou peut-être ne voulez-vous tout simplement pas de contact rapproché avec la gente féminine ?
Voila que j'entends la jeune femme parler une autre langue. Je sais parler plusieurs langues mais pas celle-ci malheureusement et de ce fait je ne peux pas suivre la totalité de la discussion. Mais qu'importe, cela me permettrait de rester quelques instants silencieuses, je n'aime pas plus que ça parler aux inconnus à moins que ce soit pour des dédicaces et photos. C'est alors que la jeune femme recommença à parler anglais, me permettant ainsi de comprendre. Elle me demande mon avis sur les danses.
Les danses évoluent, elles changent mais elles n'en restent pas moins savoureuses à mes yeux. On peut varier les styles et les rendre plus riches également. Après ce n'est que mon humble avis.
La langue roumaine vint soudainement titiller mes oreilles de slave alors qu’un sourire s’affichait sous mon masque. Une roumaine ? Voilà bien une heureuse coïncidence. Je ne rencontrais que bien peu de personne de mon pays en ces lieux. Pourtant, cela me faisait un bien fou que d’entendre cette langue si chère à mon cœur. Une langue, des intonations que je ne pouvais pas retrouver dans l’anglais moderne, aussi beau soit-il. Mais plus que cela, ce fut la révérence que m’offrit la jeune femme qui me fit sourire. Soit. Elle n’était visiblement pas née de cette époque voire même… Quel âge avait-elle ? La question était toute trouvée… Car je n’avais vu cette façon de se mouvoir depuis de très nombreuses années, depuis, même, mes débuts de vampires il y a bien plus de cinq cent ans. Mais voilà que la plus jeune des deux, du moins était-ce mon impression, prit parole. Des paroles accueillies dans un hochement de tête.
- En effet, Domnisoara. Répondis-je. Seules les actions des hommes permettent de jauger de leur bonté d’âme. La notoriété n’est qu’une façon qu’a la population de se divertir en observant d’autres êtres à leur guise.
Appréciai-je la notoriété ? Non. Et cela pouvait effectivement s’entendre à travers mes mots. Le fait était que c’était pour cela que j’étais toujours et que je resterais à jamais dans l’ombre de mon maître et des Héritiers. Je n’étais pas fait ni éduqué pour le devant la scène. Serviteur et domestique, je ne désirais pas plus que la reconnaissance de mon maître et la bonne tenue de mon clan.
- Pour répondre à vos interrogations… J’apprécie danser. Si je n’ai jamais été grand danseur, cela ne signifie pas que je n’apprécie pas de partager quelques moments musicaux avec une dame. Néanmoins, ma place n’a jamais été au milieu d’une salle de bal mais bien à l’arrière de celle-ci ou dans les coulisses.
Si ces jeunes ou moins jeunes dames connaissaient leur histoire ou l’avaient vécu, peut être comprendraient-elles que j’avais été domestique d’une famille suffisamment riche pour organiser des bals. Mais puisque chacune semblait douter de ma capacité à danser… M’inclinant comme à l’époque de mon humanité face à la femme la plus jeune, je soufflai alors en lui tendant la main.
- Domnisoara ? Accepteriez-vous cette danse ?
Dans le cas où la réponse serait positive, je m’excuserais auprès de la femme la plus âgée pour aller faire danser la jeune dame de manière la plus respectueuse et la plus juste possible, connaissant les pas de ces danses malgré tout, avant de revenir inviter l’autre. Dans le cas d’une réponse négative, c’est vers la seconde que je me tournerais directement.
- Je ne voudrais faire l’affront d’un manque d’équité dans les invitations. Dis-je alors en tendant la main à la seconde femme pour l’emmener, à son tour ou non, valser.
Les tours de piste terminés, je ramenai Agatha près d’Aurore avant de m’éclipser pour leur ramener un verre chacun de boisson sans alcool ni sang, ne connaissant ni leur âge ni leur race.
- J’ose espérer, Mesdames, que je ne vous ai pas fait honte lors de ces quelques pas. Je suis malheureusement bien plus rouillé que je ne le pensais. Dis-je, ayant malgré tout une certaine dose d’autodérision. D’autant qu’il est vrai que l’évolution des danses est telle qu’elles ne ressemblent plus à celles que j’avais pu apprendre lors de ma jeunesse.
Avais-tu senti le rictus de l’homme ? Certainement. Mais nul besoin de mot pour comprendre qu’il devait être tout aussi amusé à l’idée d’être face à une compatriote. Mais sûrement par désir de ne pas exclure la demoiselle présente à vos côtés, il restait donc au dialecte plus anglais. Un brin déçu ? Pas véritablement. Après tout, il était souvent complexe de se sentir pleinement à l’aise avec des inconnus. Un petit rictus s’étirait sur tes lèvres mais celui-ci restait bien dissimulé par ton masque complet. Restant attentive à la conversation, tes sourcils se froncèrent au deuxième récit. Il ne te fallut pas plus de détails pour comprendre distinctement où il voulait en venir. Fut un temps, tu demeurais l’épouse d’un seigneur... donc l’assimilation ne fut pas complexe. Cela te donnait donc un indice sur son passif mais aussi son âge... Les domestiques existaient toujours à cette époque-ci mais étaient une denrée bien plus rare.
« Vous avez donc eu l’occasion d’observer l’envers du décor de ce genre de festivités, cela devait être fascinant malgré tout. »
Avais-tu eu la chance à l’époque de faire ce genre de réceptions ? Malgré ton statut de femme de seigneur, tu n’avais jamais véritablement aimé organiser. Non pas que tu estimais que cette tâche ne te revenait pas mais tu estimais à cette époque être beaucoup trop simpliste pour convenir aux exigences de la haute société. Ne pouvant retenir un petit gloussement face à l’invitation qu’il fit à la demoiselle, tu inclinais la tête. Observant minutieusement chaque réaction et chaque geste. Attendant donc ton tour avec un brin d’amusement, tu glissais délicatement ta main gantée pour prendre la sienne et profiter de cette délicieuse valse. Evidemment, tu le laissais mener la danse. Un moment agréable, l’homme ne semblait pas impotent et ses mouvements étaient contrôlés. Quand la musique vint à cesser pour laisser place à une autre, tu vins à faire une légère révérence afin de le remercier de cette danse, puis tu le suivis jusqu’à rejoindre de nouveau la demoiselle qui devait attendre depuis quelques minutes seulement.
« Vous êtes trop humble, votre posture ne manquait guère de sveltesse et vous n’aviez failli à tenir un équilibre parfait. Si vous n’êtes pas un vigoureux pratiquant, vous demeurez en tout cas un fin observateur et autodidacte. »
Des compliments ? Ceux-ci étaient mérités. Après tout, il avait su suivre la danse sans montrer la moindre faiblesse ou disgrâce dans ses mouvements. Preuve irréfutable qu’il avait une certaine expérience malgré sa modestie. Tu prenais le verre en le remerciant. Ton regard vint à se porter de nouveau sur la demoiselle.
« Qu'en pensez-vous Aurore ? Ce cher Severus n’a-t-il pas exécuté cette valse avec panache ? »
Tes iris détaillant ceux de la jeune femme alors que tes phalanges jouaient délicatement avec le contenant que t’avait proposé l’homme. Bon... Il était clair que tu avais une petite certitude sur l’appartenance raciale de Severus mais désireuse de garder le mystère, tu ne lui fis guère de remarque à ce sujet... Tu imaginais difficilement un lycan faire de délicieuses danses distinguées... Quoi que... cela devait exister. Il y avait forcément une exception qui confirme la règle.
« J'espère également ne pas vous avoir déçu dans l’exécution de cette danse. Je dois admettre que celle-ci n’est pas celle que j’affectionne le plus. Pour mon plus grand damne. »
Les danses vénitiennes étaient beaucoup trop volages à ton goût mais tu n’allais guère en rajouter. Cela te trahirait un peu trop sur tes goûts et potentiellement... ta vieillesse. Il valait donc mieux se taire et profiter de cette discussion.
La soirée suit son cours. Plus le temps passait et plus je me demandais quand même ce que je faisais là. Les deux inconnus sont bien sympathiques mais ce ne sont sans doute pas des gens que je reverrais, ni avec qui je garderai contact. Pour le moment je laisse la soirée se faire et je verrai bien mais je pense que je ne tarderais pas trop à partir. L'homme me donna son point de vu sur la notoriété. Nous étions plutôt d'accord. Il nous donna ensuite son avis sur la danse. Il aime ça. J'ai envie de dire tant mieux... Venir à un bal sans aimer un minimum danser serait un comble. De ce qu'il dit il préfère être à l'arrière de la salle de balle ou dans les coulisses. J'esquissais un sourire. Je préfère tellement être sur la piste de danse, j'ai l'impression d'être quelqu'un d'autre à chaque fois. Il a donc l'air d'avoir l'habitude de ce genre de festivité mais dans l'ombre. Je me permets de répondre simplement.
C'est également une très bonne place. Les coulisses en général, que ce soit pour un spectacle ou ce genre de festivité, il y a toujours de belles choses à découvrir. Bien que j'ai toujours eu une préférence pour la scène et le centre de la piste de danse. Vous avez dû en voir des choses et ce devait être intéressant.
Pauvre homme, il s'était retrouvé face à deux femmes qui commençaient à douter de son envie et de sa capacité à danser. Aussi étonnant que cela puisse paraître, il tendit une main vers moi, m'inviter à danser. Comment pourrais-je refuser ? J'étais venue ici pour danser, non ? Et puis il avait eu l'audace si je puis dire de m'inviter. Je fais une révérence, acceptant sa proposition. Je saisi sa main et je me laisse guider. Il dansait avec justesse et je n'eu aucun mal à le suivre. Pas si rouillé que ça le vieux. La danse finie, il se tourna vers l'autre jeune femme. Non vraiment, il gérait plutôt bien et sa partenaire dansait très bien également. Je les observais quelques instants tout en regardant également les autres couples. Une fois la danse finie, ils revinrent tous les deux vers moi. Severus nous rapporta à chacune un verre. Je m'incline élégamment pour le remercier. Il espérait ne pas nous avoir fait honte. Aucunement, il connaissait les pas et suivait bien le rythme, non vraiment, il n'y avait pas lieu de se plaindre. Agatha était d'accord avec moi d'ailleurs, il avait bien exécuté la danse. Elle s'adressa à moi, me demandant mon avis.
Oui Agathe, très juste. Il me semble que vous êtes un peu trop sévère envers vous-même très cher Severus. Vous n'avez rien à envier aux autres hommes présents dans cette salle, croyez-moi.
Je bois quelques gorgées de mon verre. Hm... Plutôt bon. Cependant je voyais le temps passer et j'avais une journée assez chargée qui m'attendait le lendemain. J'allais peut-être faire un peu le tour de la salle avant de rentrer chez moi. Je m'incline devant mes deux interlocuteurs.
Je vous remercie pour cette danse très cher Séverus et je vous prie de croire que j'ai passé une très bonne soirée en votre compagnie madame et monsieur. Malheureusement il est l'heure pour moi de vous quitter. Je vous souhaite de passer une excellente fin de soirée.
Je finis par une révérence et je m'éclipse. Je regarde aux alentours avant de me décider à quitter la salle. Une fois dehors, j'appelle un taxi pour que celui-ci puisse me ramener chez moi.
- Fascinant est le mot. J’ai vu bien des choses au cours de ma vie et je pense que les coulisses sont bien là où l’on peut en apprendre le plus. Tant de la vie que de ceux occupant le centre de la piste de bal. Répondis-je alors poliment en hochant la tête.
Le fait était que les coulisses, ou plutôt les arrières cuisines dans mon cas, avaient toujours été l’endroit des potins et d’autres racontars. Evidemment, je faisais toujours taire ces mauvaises langues, leur rappelant avec douceur mais fermeté qu’ils étaient au service des ces gens qu’ils s’amusaient à critiquer et qu’il était donc tout à fait inenvisageable qu’ils puissent ternir leur réputation de la sorte. Mais… Mais cela ne m’empêchait malgré tout pas de connaître chaque tenant et aboutissant. De la grossesse avortée de Lady Adriana, en passant par le duel gagné de Lord Bohdan. Tout m’était connu même si jamais je disais mot de ce que je pouvais savoir. Enfin. Il fallait tout de même bien prouver à ces dames que leur compagnon de soirée n’était pas qu’un pauvre hère incapable de danser. Non. J’en étais capable, et ce fut pourquoi je les y invitai sans la moindre gêne. A vrai dire, leur compagnie fut délicieuse et il était évident que chacune savait réellement danser. Ainsi le moment passé fut-il des plus agréable. Lorsqu’enfin chacune des danses se termina, j’esquissai un sourire, m’inclinant face aux commentaires élogieux de ces dames.
- Je vous remercie, Agatha. Et vous aussi Aurore. Mais rassurez-vous. Je ne suis pas si sévère que cela envers moi-même. Après tout la perfection et l’apanage de mon métier. Il m’est donc impossible de ne pas tenter de vous offrir un moment juste et agréable. A votre hauteur, mesdames.
Charmeur ? Ce n’était pas vraiment le cas. Je n’avais jamais été quelqu’un de particulièrement charmeur, non. J’étais néanmoins sincère dans mes propos, mais bien plus par amour de l’ordre et de la justesse que pour une quelconque « drague » malvenue. Enfin. Ces échanges eurent visiblement raison de la présence de Miss Aurore que je saluai alors de nouveau dans une révérence propre à mon rang de domestique.
-Domnisoara. La saluai-je. Je vous souhaite une excellente fin de soirée en retour.
Me redressant alors que la jeune femme partait je proposai alors de nouveau ma main à la dame restante. Après tout, cette dernière n’avait pas fait part de son envie de s’envoler, autant, donc, assumer mon rôle de « cavalier » jusqu’au bout.
- J’ose espérer que je ne m’avancerais pas de trop en vous proposant cette nouvelle danse, Madame. Dis-je en roumain.Il est si fort agréable de me permettre de parler ma langue natale que je ne voudrais vous laisser vous envoler. M’amusai-je alors.
Si je n’étais pas charmeur, cela ne m’empêchait néanmoins pas d’être taquin… Derrière le masque évidemment car jamais je ne me serais permis telle… Tel affront dans mon rôle habituel. Parler de la sorte à une dame ? Non. Absolument jamais.
Ainsi la soirée se passa-t-elle, absolument ravissante, il va pour dire. Je pus parler roumain, de musique, d’art, de ce que je connaissais et Dieu seul savait que je connaissais bien des sujets, érudit que j’étais. La compagnie fut fort agréable, pour sûr. Et Agatha marqua mon esprit par le sien, rapide, éclairé… C’était un réel plaisir que de discuter avec elle. Mais les affres du temps nous rattrapèrent alors, m’obligeant à me séparer de ma cavalière suite à une dernière danse. Et c’est dans un baise main et une révérence que je m’éclipsai alors, non sans lui faire part de mon ravissement suite à notre première et donc dernière rencontre.
La domesticité... Un labeur fort ingrat mais qui n’est dénué d’honneur. Chaque métier possédait sa part de nécessité... Après tout, l’homme semblait assez fier de son rôle et ne le voyait guère d’un mauvais œil. Un domestique dévoué, cette notion même se perdait depuis fort longtemps... Même à l’époque où tu demeurais une véritable jouvencelle, la dévotion dans ce type de tâches restait une denrée rare. Alors que tu profitais de cette agréable valse, tu pus constater que l’homme n’était donc pas si empli de modestie. Ce n’était pas plus mal, l’outrance dans l’amabilité pouvait être des plus exaspérantes... Être humble était une chose, mais évoquer ce principe pour recevoir davantage de compliments en était une autre. Il semblerait toutefois que ce n’était guère le cas de l’homme qui venait même à te remercier toi et la demoiselle qui se trouvait à tes côtés.
Malheureusement, il semblerait que toutes les bonnes choses ont une fin. Puisque la jeune femme en question vint à vous avertir de son départ. Une légère moue s’étirait sur tes lèvres bien que celui-ci n’était pas visible de par ton masque... Mais tu vins également à faire une petite révérence à ton tour afin de laisser la demoiselle s’en aller.
« Ce fut un plaisir d’avoir fait votre rencontre, Aurore. Je vous souhaite également une bonne fin de soirée. »
Reprenant une posture bien plus élégante, ta tête s’était légèrement inclinée en observant la révérence de l’homme. En effet, il n’y avait pas de doute possible quant à son appartenance sociale de l’époque... cela allait il t’empêcher de discuter avec lui ? Pas le moins du monde. Le snobisme ne faisait guère partie de tes habitudes et tu trouvais même cela relativement déplacé. Chaque être à sa façon avait des compétences et la naissance n’avait aucune emprise sur la qualité d’une personne. Loin de là même. Ainsi, tu ne pus que sourire d’un rictus camouflé en voyant cette main tendue et voilà que ta langue natale vint à tes oreilles. Une douce mélodie pour une femme éloignée de sa patrie depuis fort longtemps... La Roumanie n’avait plus été une de tes destinations depuis fort longtemps... Peut être craignais-tu de ne retrouver les magnifiques paysages d’antan... Ce qui risquait d’être vigoureusement le cas. Prenant donc cette main tendue, tu vins à répondre avec une certaine douceur.
« Eh bien... Ce serait un plaisir de pouvoir danser avec vous. Je dois avouer qu’il s’agit d’un véritable plaisir pour moi de pouvoir également converser en usant de ma langue natale. »
Cette douce taquinerie ne t’offusqua guère. Il s’agissait là d’une façon assez courtoise malgré tout de te demander de rester. Sa présence demeurait véritablement agréable, tu n’allais donc pas “t’envoler” comme il l’avait souligné. Mais tu vins bel et bien l’accompagner dans plusieurs danses. Alternant entre valses et discussions. Cet homme ne manquait d’intellect, il semblait particulièrement renseigné sur divers sujets. Un véritable puit de science. Tu étais fascinée mais tu ne manquais guère de répondant. Après tout, comment pourrais-tu demander à ton entourage de faire preuve d’intelligence si tu en étais dénuée ? Ce ne serait pas équitable voire même particulièrement culoté... Ainsi vint à s’achever cette soirée en compagnie de l’homme. Tu fis une ultime révérence après ce baise-main, lui faisant également par du plaisir que tu eus à partager ces moments très intellectuels et ces conversations particulièrement intéressantes, les valses ayant déjà été complimentées, tu ne pris la peine de revenir dessus. Il semblerait que tu ne perdais guère espoir... Il existait encore des puits de science en ce bas monde, ce carnaval venait de te le prouver. Quel dommage qu’il s’agisse surement de ta dernière rencontre avec ce mystérieux érudit.
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