Elisa Cartwright, c’est la personne avec qui j’avais rendez-vous. Ambre m’avait parlé d’elle et voulait que la reçoive afin de lui parler de la Sororité. Son nom me disais un truc et après m’être renseigné, j’ai vite compris qu’elle était la fille d’un homme assez rire. Mais étant russe, je ne connais pas trop les gens ici. Le nom de famille me parlait par pure hasard. Je venais donc de quitter le lit de Stephen en le prévenant qu’aujourd’hui je devais bosser pour la Soro. J’arrive donc au salon tranquillement et en baillant, car comme souvent je ne dors pas des masses quand je suis chez lui. Mais je ne vais pas me plaindre hein !
Je me prend donc un café alors qu’une de nos sœurs tiens le salon et je vais m’asseoir sur un siège en sirotant mon café pour me réveiller. Je regarde l’heure et je vois qu’Elisa va surement bientôt arriver. Je demande alors à celle qui tient le comptoir de préparé un peu de café et de thé car je ne sais pas ce qu’elle boit et elle apporte aussi deux beignets des fois qu’on ait faim. Je finis mon café que je pose sur la table et je me sert un autre café avec ce qu’a ramener ma collègue. Lorsque la clochette de la porte retentie, je tourne la tête et je vois une longue chevelure argenté entré. Wāh, ça en fait des cheveux. Elle ne serait pas cousine avec Raiponce ? Je me lève lorsqu’elle approche et je la salue en tendant la main.
« Roxanne Vazov, enchantée Elisa c’est bien ça ? Viens assis toi »
Je lui montre le siège face à moi et je reprends place en souriant.
« On m’a dit que tu voulais parler à la Sororité. Tu as des soucis ? On peut t’aider ? »
Elisa s’était enfin décidée à passer les portes de la Sororité et c’est avec appréhension qu’elle s’approcha du comptoir pour se présenter. Elle semblait timide, réservée mais surtout venue d’un autre monde même si elle portait des vêtements bon marché, seules ses manières de bourgeoise et son nom la trahissaient. Jamais elle n’aurait pensé se retrouver au milieu d’une association pour femmes en difficulté, elle qui n’avait jamais manqué de rien et même si c’était difficile et déroutant de vivre comme tout le monde, elle ne souhaitait pas retourner dans sa cage dorée.
Elle était un peu en avance, la ponctualité étant toujours son fort. Son emploi du temps était tristement vide désormais mais elle appréciait la tranquillité. Elle allait pouvoir discuter avec Roxanne sans regarder constamment sa montre. Cette dernière vint saluer Elisa et elle lui serra la main.
“Bonjour, enchantée également.” Dit-elle avec un faible sourire.
Son coeur battait à mille à l’heure et elle regardait partout autour d’elle comme un petit animal perdu. Tous ses repères avaient disparu, même les masques qu’elle portait selon les occasions. Roxanne avait en face d’elle la vraie Elisa, une femme qui avait peu confiance en elle et qui avait besoin d’aide. Celle-ci suivit la cheffe et remarqua qu’il y avait de quoi boire et manger. Elle ne se servit pas, attendant qu’on lui donne la permission. Elle avait l’habitude d’être servie mais elle avait bien conscience que ça ne se faisait pas partout.
“Oui, en effet… Ambre est une amie à moi, elle m’a conseillé de venir vous voir. J’aimerais prendre mon indépendance mais j’ignore par où commencer, je n’ai jamais vécu seule.” Ses yeux brillaient d’une lueur triste. “Je vous… Je te dois des explications. Je suis l’héritière de l’influente famille Cartwright, je n’ai jamais eu à travailler, j’ai toujours tout eu sans le moindre effort. Une vie de rêve, n’est-ce pas ? Ce n’était pas le cas, j’ai fui mes obligations pour suivre ma propre voie. Je me retrouve donc sans aucune ressource."
Travaillant avec Ambre, Elisa s’était mis un peu d’argent de côté et avait ouvert un compte bancaire en cachette. Cependant, il lui fallait un toit le temps d’acquérir un appartement et des meubles mais elle ne savait pas comment faire. Elle avait vécu quelques jours chez Anodé, puis chez Kurt mais elle voulait quelque chose à elle, un endroit où ses soeurs pouvaient venir la voir. La Sororité était le lieu idéal pour cela.
“Peux-tu m’accorder une assistance ? Je veux dire… Peux-tu m’aider ? Bien sûr, ce ne sera pas gratuit, je vous aiderai en retour. J’avoue que j’ignore quelles sont vos oeuvres.”
Depuis que je suis à la Sororité, j’ai appris à voir quand une femme à besoin d’aide. La jeune femme que j’ai en face de moi à un sourire assez fragile. Elle semble nerveuse. Alors tout naturellement, je range mon côté rentre dedans et je prend mon rôle de Sœur Sororite afin de voir en quoi je peux aider cette femme. Je lui demande donc en quoi je peux l’aider et rapidement, je dois avouer que je tombe des nues. Fort heureusement, je contrôle mon visage, je ne dois pas être dans le jugement. Si elle fuit son confort, c’est qu’elle a une raison. Après tout, les bourgeois sont réputés pour cacher de lourds secrets. Peut-être que ses parents la frappent, la rabaisse ou la force à certaines choses. Alors j’affiche un sourire bienveillant et je l’écoute avec attention. Je m’adosse à mon siège en l’invitant consommé ce qu’il y a sur la table. Puis je lui explique.
« Ok, je vois un peu ta situation. On peut t’aider, ça sera un plaisir. Ici, nous avons plusieurs façons de faire. Nous intervenons dans des familles qui ont besoin d’aide. Ici, tu vas voir des femmes, des enfants qui ont été maltraités…Abusé , nous avons même une fille qui a été soumise à l’esclavage. »
Je soupire, car c’est toujours dur pour moi de parler de cela, mais je garde le sourire.
« A l’étage, nous avons des logements, je peux te préparer un studio avec grand plaisir. Tu peux le décorer à ta convenance. En général tout ce que nous demandons en échange, c’est de l’aide. Tu peux donner un coup de main en cuisine, faire la serveuse ici…Ou bien si tu aimes les enfants, nous avons une ado en crise et trois enfants. Il faut les emmener à l’école, aller les chercher, aider au devoir. Leurs mamans sont soit à l’hôpital à cause du père qui a été violent, soit on en a une qui travaille toute la journée à l’usine pour partir avec sa fille d’ici et une autre est en dépression et donc incapable de s’occuper de son ado et de sa fille. »
La vie n’était pas rose, mais à force de nous côtoyer, Elisa allait vite voir qu’on était une grande famille et que malgré les sujets sensible, nous nous amusons bien ici. L’entre aide est importante. J’ajoute aussi.
« Y a deux règles aussi à respecter. Pas d’homme à l’étage. Pour ne pas réveiller les traumas de nos protégées. Et pas de violence ou de cris. On gère tout avec bienveillance pour juste apaiser les traumatismes. »
J’affiche un petit sourire et j’ajoute.
« Tu as des questions ? N’hésite pas, ensuite, je te fais visiter et je te présente tout le monde si tu veux. Comme ça, tu vas pouvoir réfléchir et me dire si tu souhaites devenir un petit macaron… Oui, les macarons sont ceux qu’on aide. Tu deviendrais notre petite protégée. Je suis une Valkyrie. Ce qui veut dire que le premier trou de balle qui ose venir ici pour embêter quelqu’un… Je le mets dehors à coup de pied aux fesses. »
Roxanne semblait compréhensive, ce qui rassura Elisa. Cette dernière savait que des personnes vivaient dans la pauvreté et aimeraient être à sa place mais sa vie n’était pas idéale pour elle. L’argent ne faisait pas le bonheur et elle l’avait bien compris. Il fallait néanmoins trouver un juste milieu et elle ne voulait pas tomber dans la misère non plus. La brune l’avait autorisé à boire quelque chose et elle se servit une tasse de thé après l’avoir remercié poliment. Son petit doigt était levé sans qu’elle s’en rende compte, une vraie bourge. L’ambiance du salon de thé était reposante et la jeune femme s’y sentait bien, pourtant Roxanne lui appris quelque chose de terrible. La Sororité accueillait des personnes en détresse et qui souffraient bien plus qu’elle. Cette dernière eut un pincement au coeur et elle reposa sa tasse.
“C’est horrible…” Murmura-t-elle tristement.
Et ce n’était que la partie émergée de l’iceberg. Elisa ne savait finalement pas où elle avait posé les pieds et la réalité était dure à entendre. Cette poupée de porcelaine dont l’innocence n’avait jamais été souillée se retrouvait confrontée à la misère humaine mais elle ne comptait pas fuir. Tout comme elle n’avait pas fui lorsqu’Anodé lui avait raconté que lui et sa soeur avaient été maltraités par leurs parents. C’était dur oui mais elle se devait de les aider.
“Je comprends, oui… Je n’ai jamais eu d’enfant à ma charge mais si je peux les aider d’une quelque manière que ce soit alors je le ferai. Je dois vous avouer que je ne sais pas cuisiner non plus et je n’ai jamais travaillé…” Répondit-elle un peu honteuse. “Je ferai de mon mieux, je te le promet.”
Elle possédait quelques talents qui pouvaient malgré tout servir. Cela faisait peu de temps qu’elle apprenait à se gérer au quotidien et ce qui paraissait simple ne l’était pas pour quelqu’un qui n’avait jamais eu à le faire. Cependant, elle comptait bien acquérir de nouvelles compétences, non pas seulement pour avoir un logement mais aussi pour finir par se débrouiller seule et donner de son temps à ceux qui en avaient vraiment besoin. La jeune femme en face d’elle continua en lui affirmant que les hommes étaient interdits à l’étage, ce qui était rassurant. Elle comprenait cette règle et elle hocha la tête, d’accord avec celle-ci. Il fallait également rester calme et ce n’était pas du tout du genre d’Elisa de faire du grabuge, elle allait être aussi discrète qu’une souris. Elle lui expliqua ensuite les rôles et eut l’air surprise du langage fleuri de Roxanne, non pas qu’elle était choquée mais elle ne comprenait pas tout. En tout cas, macaron était un nom adorable même si les personnes qui portaient ce titre avaient vécu l’enfer, cela permettait de les égayer un peu.
“C’est une bonne idée, en effet.” Elle finit par sourire à la plaisanterie en se disant qu’elle allait être bien ici malgré tout. “Je te suis avec plaisir.”
La bourgeoise était prête à faire le tour et à rencontrer les employés, les bénévoles mais aussi les fameux Macarons.
M’entendre parler de bienveillance quand on connaît mon passé, cela peut faire sourire. Mais pourtant, c’est bien ça, deux enragées ultra violentes ont décidé de changer de vie et d’aider leurs sœurs dans le besoin. Et nous avons réussi là où beaucoup échouent, malgré les guerres et les trahisons, le Sororité est allié à tout le monde, car tous les clans sont d’accord sont une chose, on ne touche pas aux enfants. C’est donc souvent à nous qu’on fait appel pour aider dans ces moments-là. Elisa m’a expliqué qu’elle ne savait pas cuisiner, qu’elle n’avait jamais eu d’enfants à charge. Je ne juge pas car moi-même, j’ai été la pire mère au monde et je n’avais jamais travaillé alors elle n’avait pas à s’inquiéter, on allait lui trouver un rôle au sein de notre groupe.
Je lui propose ensuite de lui faire visiter. Je lui présente donc le salon, lieux publics où tout le monde est le bienvenu tant qu’il n’y a pas de bagarre. Je lui explique qu’une Valkyrie est toujours présente dans les lieux au cas où.
« Les Valkyrie sont celles qui savent se battre, nous sommes un peu les gardiennes ici. Il y à moi, Adélaïde qui est la fondatrice du groupe, Hell et Phyllis. Tu verras à l’étage, il y a un tableau avec nos photos et nos noms pour aider les arrivantes à nous connaître. Donc, en cas de soucis, une de nous est toujours ici. En général, je suis là la journée. Je vis un peu la nuit à cause de ma vie privée. »
Oui, côtoyer un vampire n’aide pas à dormir la nuit au contraire. Alors souvent, je viens ici en journée. Quand c’est calme, je dors et au moindre appel, je suis pire qu’un pompier. Je me lève et l’invite à me suivre. Je lui montre l’arrière-boutique avec le Stock en lui expliquant qu’ici, on met la marchandise du salon. Puis je retourne dans le salon et je prends une autre porte qui mène à un escalier. Mais on ne monte pas tout de suite. Avant, je l’emmène sur le côté en cuisine.
« Voici Camille, notre cuisinière, Émilie travail avec elle, mais là elle bosse dehors pour son food truck »
Camille lui fait un grand sourire alors qu’elle prépare des petites meringues pour le salon. J’emmène ensuite Élisa à l’étage. Un grand couloir blanc et propre avec plein de portes.
« On a une dizaine de logements, du studio au F2, ce sont des solutions d’urgence donc les grandes familles sont souvent en mode dortoir. Mais ce sont eux qu’on prend le plus vite en charge pour qu’ils aient un logement avec la Mairie et une aide. Généralement, les familles ne restent une semaine pas plus. »
Une petite puce arrive en courant et s’agrippe à moi. Je la soulève avec ma force et je dis à Elisa.
« Elle, c'est notre chouchoute, elle est là depuis deux mois. Elle vit avec sa sœur de dix-huit ans. On prend soin d’elles. Maelya, je te présente Elisa… »
Maelya fait alors coucou à Elisa et elle me dit en faisant la moue.
« Aurélie, elle m’a mise dehors… »
Je fronce les sourcils et je pose la petite au sol. Je toque à la porte de l’appartement et une odeur me dérange. Je grogne et j’annonce.
« Écarte-toi de la porte Aurélie. »
Je donne un coup pour la faire voler et j’entre. Grace à ma vitesse de Lycanne, je fonce à la fenêtre et j’agrippe un fuyard par le boxer que je jette sur le lit. Un lit où Aurélie est assise en train de fumer. Elle devient toute blanche. J’avais à Elisa bienveillance… J’inspire un grand coup et je grogne.
« Maelya ? Tu te souviens de la première règle ? »
La petite fanfaronne
« Pas d’homme dans l’étage sauf Stephen »
Je manque d’étouffer. Comment elle sait ça ?
« Hein ? Stephen ? Il ne vient pas ici. » « Si ! Je l’ai vue une fois sortir de chez toi, il n’est pas discret. »
Je me frotte le fond.
« Il venait…Réparer un truc chez moi »
Bref, je me tourne vers Aurélie et je pose mes mains sur mes hanches.
« Pas d’homme ici Aurélie et on ne fume pas non plus ! Si tu mets le feu où vont aller les autres ? »
Aurèlie baisse les yeux penaude sans que je n'aie besoin de crier. Le mec quant à lui tremble. Je lui dis alors.
« Je compte jusqu’à trois, à trois, je te course et je te mords. »
Je commence et il détale comme un lapin ce qui fait rire Maelya. Je roule des yeux et je dis à l’adolescente.
« On parlera toi et moi. »
Je laisse alors Maelya avec sa sœur et je me re concentre sur Elisa.
« Désolée. C’est compliqué pour elle. Elle vient d’avoir 18 ans et elle se retrouve à être la tutrice de sa petite sœur. »
Je guide Elisa vers une porte toute simple que j’ouvre. Un petit studio avec une télévision, un canapé-lit et une armoire.
« Voilà ton chez-toi… Bon, je te rassure, tu peux le décorer comme tu veux hein. »
La visite commença sous les meilleurs auspices puisqu'Elisa avait été rassurée précédemment par Roxanne. Elle allait avoir un petit chez-elle dans un lieu sécurisé et cela la rendait heureuse. Elle fut cependant surprise de savoir que certaines femmes savaient se battre et elle se demanda où elles avaient appris cela mais elle se tut par peur d'être indiscrète. Roxanne avait l'air si forte, tout ce qu'elle n'était pas... Qu'à cela ne tienne, la jeune femme allait apprendre aux côtés de toutes ces personnes formidables. Elle écouta avec attention, telle une bonne élève et se présenta à ceux qu'elle croisait, toujours de manière très polie, trop même. En tout cas, elle allait faire un effort pour retenir tous les prénoms qu'elle avait entendu. Les deux femmes montèrent à l'étage et la bourgeoise put découvrir l'endroit où les macarons vivaient. Ses yeux se baladaient partout, tel un petit animal à l'affût. Elle parlait peu car elle était dans un lieu inconnu. C'est alors qu'une petite fille s'agrippa à la brune et le coeur d'Elisa sursauta tant la scène était mignonne.
"Bonjour Maelya, c'est un très joli prénom que tu as." Dit-elle avec le sourire.
Apparemment, elle avait été jetée hors de la chambre par sa grande soeur. Elisa eut un air triste car elle avait trois petites soeurs et jamais elle ne s'était comportée de cette façon. Elles lui manquaient tellement. Roxanne réagit aussitôt en défonçant littéralement à la porte, sous les yeux étonnés d'Elisa et la scène suivante fut des plus gênantes. Un garçon fut sortit de là en caleçon et Elisa cacha aussitôt son visage, les joues rouges. Son coeur battait vite, c'était vraiment animé ici. Elle resta dans un coin à écouter sans savoir quoi faire, de toute manière la cheffe gérait très bien la situation, elle devait avoir l'habitude. Les choses se calmèrent et la petite put retrouver sa chambre. Elisa reprit contenance et secoua la tête en écoutant la louve.
"Ce n'est rien, les jeunes se comportent ainsi j'imagine... J'ai été impressionnée par la manière dont tu as désamorcé le conflit."
Elle n'en savait rien à vrai dire puisqu'elle avait toujours été une fille modèle, c'était le genre de scène impensable même si elle aurait aimé elle aussi avoir un petit ami à l'époque. Peut-être allait-elle avoir l'occasion d'avoir une conversation avec cette Aurélie. La jeune femme put ensuite découvrir sa chambre et même si ce n'était pas le grand luxe comparé à ce qu'elle avait toujours eu, elle en était contente et cela se voyait.
"Je ne te remercierai jamais assez, c'est parfait."
Elle lui sourit et prit un air timide avant d'ajouter.
"Qui est Stephen ? Si ce n'est pas indiscret... A vrai dire, beaucoup de questions se mêlent dans mon esprit, j'espère que nous aurons l'occasion d'en discuter."
La crise qui n’en est pas réellement une car j’ai l’habitude avec Aurélie vient de passer. Et puis même si je lui râle dessus, je lui ai prouvé plusieurs fois et de bien des manières que je suis là pour elle si elle à besoin. Seulement il y a des règles et elle doit les appliquer. Cela lui sera bénéfique pour plus tard. Je guide alors Elisa en l’écoutant parlé. Je ricane un peu au mot conflit et je réponds.
« Ce n’est pas un conflit. Cela le serai devenue si le mec avait été violent avec elle. Là, j’ai surtout rempli mon rôle de grande sœur envers elle. »
Je montre alors les logements d’Elisa et je la laisse entrer. Je la rassure sur le fait qu’elle pouvait décorer l’endroit à sa guise. Je l’écoute parler tout en ouvrant les fenêtres pour aérer un peu. Je tourne la tête vers la jeune femme qui me demande qui est Stephen. Elle me dit aussi qu’elle aura des questions. Ça tombe bien, c’est le bon moment. Je m’assoit alors sur la fenêtre ouverte et je réponds en souriant.
« Mon copain… Il a un caractère de merde, mais quand on le connaît, on sait que c’est un amour. Mais ça, je ne lui dirais jamais sinon il va devenir invivable »
Je croise mes jambes et j’ajoute.
« Justement, si tu as des questions pose les, c’est le moment. Tu sais, je suis loin d’être idiote. Tu dis être une Héritière et tu fuis tes responsabilités. Si c’était seulement ça, tu ne te cacherais pas ici… Enfin, j’ai l’impression que tu te caches. Je me trompe peut-être."
J’ai moi aussi fui mes responsabilités après tout quand j’étais avec Ismaël. Je ne voulais pas rester à la meute, ni continuer de tuer pour mon père. J’observe alors Elisa me répondre. J’écoute ses paroles et je les analyse. En-tout-cas, je comprends qu’elle a besoin d’aide et si je peux l’aider, je le ferais. Je la laisse alors me poser ses questions. Je compte bien y répondre et en toute sincérité. Je pense qu’elle a bien compris que j’étais quelqu’un de franche et que je ne lui mentirais pas. D’ailleurs, pour aider Elisa à prendre confiance en elle, après notre discussion, je lui propose une idée.
« Tu dis que tu as aucune ressource ? Que dirais-tu de travailler ce soir ? Je vais bloquer ma nuit pour rester ici et comme ça si tu as besoin, je serais là. Chaque journée travaillée va te ramener un salaire. Et tu pourras ainsi t’acheter des vêtements, de la déco pour ta chambre, et même inviter ton mec au resto… Ne me dis pas que tu es célibataire, je ne te croirais pas, tu es bien trop jolie pour ça »
Remplir son rôle de grande soeur... Elisa ne l'avait pas vu de cette façon mais maintenant que Roxanne le disait, oui elle l'avait réprimandé tout en la protégeant comme une grande soeur l'aurait fait. La bourgeoise était beaucoup plus calme et avait toujours privilégié le dialogue même quand sa petite soeur faisait des bêtises mais peut-être que parfois il fallait avoir plus de poigne ? Et s'il lui arrivait quelque chose de grave ? Saurait-elle protéger les siens ? Elle avait l'impression que tous ses repères s'effondraient à chaque fois qu'elle rencontrait quelqu'un, comme si ses acquis n'étaient pas tout à fait les bons. La preuve, ce qu'elle pensait être quelque chose de "grave" ne l'était pas pour Roxanne.
Cette dernière répondit à la question posée plus tôt et Stephen était donc son petit ami. Est-ce qu'avoir un caractère de merde signifiait qu'il était nauséabond ? Pourquoi serait-il invivable s'il savait qu'il était un amour ? Une question en engendrait d'autres. Elisa était toujours honnête et elle pensait qu'il valait mieux dire la vérité, peu importe les conséquences mais là encore, elle avait des choses à apprendre. Elle lui sourit timidement sans savoir quoi répondre à cela mais la brune enchaîna après avoir ouvert les fenêtres. La jeune femme s'approcha d'elle et resta debout, toujours droite comme un i. Son interlocutrice était ouverte à la discussion mais elle semblait d'abord vouloir qu'Elisa mette les cartes sur la table. Elle posa sa main sur son coeur et baissa tristement la tête.
"En effet... Tu as raison, mon père est à ma recherche mais je suis majeure, il ne peut pas m'obliger à revenir à la maison. Je pense néanmoins qu'il tentera de me convaincre de le faire mais je ne suis pas prête à l'affronter. Pourtant, j'aimerais lui expliquer mon geste mais il ne comprendrait pas."
Elle réalisa alors que ses paroles pouvaient peut-être déranger Roxanne, après tout elle n'avait pas envie de voir Edward Cartwright débarquer. La jeune femme releva la tête et prit un air un peu plus sérieux.
"Je ne causerai pas de problème à la Sororité, il ne viendra pas ici car c'est le dernier endroit qu'il cherchera puisqu'il doit imaginer que les lieux sont trop "rustiques" pour moi. A moins qu'il demande à son assistant d'effectuer les recherches..."
Ismael était loin d'être un imbécile et il l'avait bien cerné mais il avait été de son côté jusqu'à maintenant. Sa loyauté envers son père pouvait-elle aller aussi loin au point de la trahir ? Elle eut l'air de réfléchir et reprit.
"Si un certain Ismael Fairfox se présente ici, ne le laisse pas entrer s'il te plaît."
La bourgeoise finit par s'asseoir sur le lit, l'angoisse la prenait mais il fallait rester calme, elle était en sécurité ici. Elle souffla un coup et releva ses yeux bleus sur la valkyrie qui lui proposait du travail et même si elle en avait déjà un, gagner un peu d'argent en plus pouvait être intéressant pour démarrer. C'est alors qu'elle évoqua un possible "mec", ce qu'elle comprit et son visage devint aussitôt rouge.
"Non, je... Je n'ai pas de... Je te remercie, j'accepte avec plaisir ta proposition." Répondit-elle gênée, elle prit ensuite un air triste. "Je... Je n'ai jamais eu de petit ami à cause de mon père. Si je l'ai fui c'est aussi parce qu'il souhaitait me marier de force."
Elle n'osa même pas évoquer Anodé puisque leur situation était assez complexe. Elle avait des sentiments pour lui mais... Aucun des deux n'osait l'avouer et ils restaient donc de bons amis. Elle préféra donc changer de sujet.
"Je m'interrogeais plus tôt sur les raisons qui t'ont poussé à créer la Sororité et de quelle façon, vous semblez être toutes des femmes incroyables. Comment avez-vous appris à vous battre ?"
J’écoute les paroles d’Elisa et je tente de tout mettre ensemble. Son père peut donc être amené à venir ici pour tenter de la faire revenir. Je retiens donc que si jamais un vieux con riche débarque à la Sororité, je dois m’attendre à devoir prendre la défense de notre petit macaron. Je la regarde s’asseoir alors qu’elle me parle d’Ismaël. Je commence à comprendre. À l’époque, où j’étais avec lui, je savais qu’il fait des choses pour un mec riche. Je me frotte la nuque et je propose à Elisa de bosser ce soir avec moi afin de la familiariser au salon. Elle accepte et se met à bégayer quand je lui parle de mec. C’est mignon. Si elle change de vie, pas de doute qu’elle attirera des hommes. Elle me demande ensuite comment j’en suis venue à être ici. Mon visage se fige et un peu gênée, j’entre dans son appartement et je ferme derrière moi .
« Justement, tu es honnête avec moi, je vais l’être aussi. Ne prends pas peur ok ? Je n’ai plus de contact avec lui. »
Je m’adosse à la porte et je cherche comment expliquer. Au final, je lui annonce que je vais lui raconter ma vie dans sa totalité histoire qu’elle puisse me faire entièrement confiance. Je lui parle alors de la Russie, mon père, la meute et… Mon bébé. Le moment où j’étais SDF, le moment où j’ai confié ma fille a une femme en qui j’avais confiance.
« Pendant deux ans, j’ai fait comme toi, changé de vie. J’ai réussi. J’avais un petit boulot, et… Un copain. Ismaël Fairfox… »
J’inspire un grand coup et je continue en la rassurant. Je lui explique qu’il était mon petit ami, qu’on a vécu un truc magique lui et moi et que quand j’ai voulus retrouver ma fille, j’ai appris qu’elle avait été vendue. Je lui parle donc de la prison, d’Ismaël qui m’a soutenue et… Je lui explique qu’à ma sortie, il a voulu un truc plus sérieux, mais que je n’en étais pas capable.
« Il l'a mal pris. Mais on est resté ami et il m’a ramené en Amérique pour que j’aie une nouvelle vie… Malheureusement, quand j’ai voulu redevenir proche de lui, c’était trop tard. Il s’était renfermé. Ensuite, il y a eu Adélaïde… Elle sort avec un Vampire. Notre Alpha n’a pas aimé et s’en est pris avec Ismaël à elle… Elle est comme ma sœur alors j’ai quitté la meute. »
Malgré mes mots sombres, je garde le sourire et je continue.
« On a alors créé la Sororité pour en venir en aide aux femmes. Nous sommes deux anciennes Enragés alors le combat, on a bien connue. Quant à Ismaël, il me déteste maintenant, car il a su que je sortais avec un vampire. Stephen est ce qu’il est, un vampire grognon, arrogant et impulsif… Mais je l’aime et lui aussi. Alors ne t’en fais pas, Ismaël ne viendra pas ici, et s’il venait à entrer il saurait qu’il n’a aucun droit au salon et a moins de boire un café, il finira dehors. »
J’attends de voir ce qu’elle va me répondre. Puis je lui fais alors un clin d’œil et je me décolle de la porte en terminant.
« Je dois passer chez Stephen récupérer un truc et dormir un peu si je dois bosser avec toi ce soir. Prends tes repères, rencontre les filles d’ici et tu verras tout va bien se passer. »
Je l’écoute me répondre et je quitte l’appartement.
La conversation était devenue plus intime dès lors que chacune acceptait de s'ouvrir. Elisa savait qu'elle pouvait faire confiance à Roxanne et l'inverse était sûrement vrai aussi puisqu'on voyait qu'elle était incapable de faire du mal à qui que ce soit. Ainsi, l'héritière avait mentionné le nom d'Ismaël et par le plus grand des hasards, la louve le connaissait. La jeune femme posa sa main sur son coeur, surprise puis apeurée mais Roxanne la rassura aussitôt et finit par lui expliquer le pourquoi du comment. La jeune femme écouta sans un mot, attristée par ce qu'elle apprenait. Comment tenait-elle encore debout ? Elle ne la regardait pas avec pitié mais avec compassion.
C'était terrible, déchirant et pourtant elle semblait aller bien aujourd'hui. Elle faisait partie de ces femmes de la Sororité qui, malgré qu'elles avaient été brisées, avaient pu renaître de leurs cendres et c'était admirable. La jeune femme put en apprendre davantage sur Ismaël, ce grand homme qui lui semblait gentil mais mystérieux. Elle comprenait maintenant pourquoi il se cachait autant et elle était presque inquiète pour son père qu'une telle personne travaille pour lui. Il lui avait menti, aussi bien à elle qu'à lui et il n'était finalement pas doté d'une si grande bonté. Elle était déçue, lui qui l'avait protégé avait fait du mal à ces femmes... Une bonne raison de plus de ne pas le croiser. Etait-ce la réalité de ce monde ? Des personnes qui se font souffrir mutuellement et se trahissent ? C'était difficile à comprendre et à digérer. Finalement, ce n'était pas si différent de l'hypocrisie qu'elle avait connu en côtoyant les riches. Comment allait-elle faire pour survivre ? Elle ne se sentait pas aussi forte que Roxanne, une pensée qui lui fit mal au coeur.
Elle et Adélaïde avaient rebondi et s'étaient servi de leur malheur pour créer quelque chose de positif et Elisa ne pouvait que leur être reconnaissante. C'était bouleversant et touchant à la fois.
"Tu es si... Epoustouflante, je vous remercie toutes les deux de votre bienveillance malgré les horribles drames vous avez vécu." Elle prit un air triste et reprit. "J'ignorais qu'Ismaël était un Enragé, je ne connais d'ailleurs pas cette meute mais le nom est assez évocateur. Je suis inquiète pour mon père malgré tout, s'il est capable de commettre de tels actes alors peut-être que... Je ne veux pas y penser."
Elle ne pouvait pas le prévenir et lui dire la vérité puisqu'elle n'avait pas de contact avec son père et Ismaël pourrait aussi bien se venger d'elle que de Roxanne. Elle tenta de se rassurer en se disant qu'il ne ferait pas de mal à celui qui le payait. Peut-être travaillait-il pour lui seulement pour l'argent. La conversation dû se terminer puisque la brune devait partir. C'était en effet l'occasion pour Elisa de commencer à faire connaissance avec les personnes qui travaillaient là. Elle n'avait jamais été serveuse alors la soirée allait sûrement être une catastrophe mais elle voulait essayer et se dépasser.
Après avoir dormi un peu chez Steph, je suis vite retourné à la Sororité. Je ne sais pas si Elisa est resté toute la journée là-bas ou si elle est partie se promener. Mais je lui avais donné rendez-vous pour le soir, vers vingt heures. Je rentre dans le salon et je laisse la fille qui gérait la journée repartir tranquillement. Lorsqu’Elisa arrive, je lui montre un peu tout ce qu’elle doit savoir. Je lui explique que Camille fait les pâtisseries pour la journée et le soir et qu’on met tout dans la vitrine. Je lui explique pour les recettes de boissons qui sont dans un classeur et bien sur elles ne sont pas dure donc forcément elle va vite apprendre. Je lui explique la machine à café et ensuite, je vais lui montrer dans la pièce à côté le listing des membres avec les numéros de téléphone et les numéros d’urgence. J’ajoute alors.
« Aucune violence n’est tolérée ici. Le moindre haussement de voix, tu appelles la police si jamais il n’y a pas de Valkyrie. Ils ont l’habitude, ils te demanderont un café, c’est cadeau et ils veilleront une heure ou deux en fonction de la situation. »
Bien entendu j’enchaîne, mais j’écoute aussi si Elisa à des questions. Puis le premier client de la soirée arrive. Accompagné de ce qui semble être sa petite amie. Je laisse alors Elisa derrière le comptoir et je la regarde servir. L’homme demande un thé glacé et un café serré. La demoiselle rajoute alors un donut et un muffin. Voyons comment va se débrouiller la jolie bourgeoise. Ce qui est sûr, c’est que si elle se trompe, je ne vais pas la gronder. La pauvre, elle sort de son château, elle fuit sa cage dorée pour débarquer ici. Je ne vais donc pas râler si elle se loupe sur une commande en plus, elle semble vouloir apprendre et ça, j’adore. Ça montre bien qu’elle ne veut pas rester à rien faire.
Je croise donc mes bras et je m’adosse contre un mur en observant. Je n’interviendrais que si vraiment, c’est le chaos. Elle doit apprendre. Si elle pose des questions, je réponds, je lui montre ce qu’elle cherche d’un signe du doigt et bien sûr, je l’encourage.
« Allez Elisa, tu vas t’en sortir. »
L’homme s’impatiente un peu. Sa copine l’apaise, mais il râle.
« C’est long. »
Je montre alors mon air aimable et je lui dis.
« Si tu veux que ça aille plus vite va au bar du coin…Une bière, c’est rapide à faire »
Il bougonne un peu. Il vient souvent ici et il sait que je ne suis pas le genre à être gentille s’il ne respecte pas mes copines.
Les heures étaient passées si vite, c'était déjà l'heure du service du soir. Elisa en avait profité pour ranger ses affaires et faire quelques emplettes pour décorer la chambre. Ne connaissant pas encore tout à fait la valeur de l'argent, elle avait pris plein de choses avant de se rendre compte qu'elle n'allait pas pouvoir tout payer. Le fait de travailler le soir en plus des heures qu'elle effectuait au théâtre allait lui permettre de s'offrir ce qu'elle avait reposé sur les étagères.
Elle ressentait maintenant une certaine fierté de pouvoir acquérir un objet tout en ayant travaillé dur pour cela. Néanmoins, elle avait évolué dans un domaine complètement inconnu et c'est avec appréhension qu'elle rejoignit le salon de thé. Roxanne lui expliquait et elle l'écoutait de façon studieuse en se disant qu'elle n'allait jamais réussir à tout retenir. Etait-elle réellement faite pour ce genre de travail ? Elle allait vite le savoir. La louve lui conseilla d'appeler la police en cas de problème et elle écarquilla les yeux. Etait-ce si dangereux ? La jeune femme ne savait pas comment réagir face à la violence, qu'elle soit verbale ou physique car elle ne l'avait pas connu avant de sortir de sa cage. Pour l'instant, elle restait silencieuse, concentrée sur la tâche à accomplir. Deux clients arrivaient et il fallait prendre leurs commandes mais Roxanne s'était éloignée pour laisser la bourgeoise faire, ce qui n'était pas rassurant. Cependant, elle sut porter le masque qu'elle s'était créée pour paraître confiante en toute circonstance devant les personnes riches que ses parents lui présentaient.
"Bonsoir, bienvenue à la Sororithé, que puis-je vous servir ?" Dit-elle avec un sourire forcé. Au fond, elle était terrifiée mais elle savait le cacher.
Le ton était sûrement trop guindé pour un simple salon de thé de quartier mais elle répétait ce qu'elle avait toujours entendu. Les clients, un peu étonnés, répondirent ce qu'ils souhaitaient. Elisa se rappela des consignes de la brune pour faire le café et elle posa une tasse dans la machine. Elle appuya sur un bouton et servit le thé glacé dans un verre pendant ce temps. Elle se retourna et se rendit compte que le café continuait de couler au point de déborder de la tasse. Elle tenta aussitôt d'arrêter la machine mais il fallait maintenant tout nettoyer. Une simple erreur mais cela suffisait à l'ébranler. Voilà que l'homme se plaignait du temps qu'elle mettait à servir. Elle avait à peine commencé qu'elle avait déjà l'impression d'échouer. Roxanne avait tout vu, elle était sûrement déçue alors qu'elle l'avait encouragé. Elle allait sûrement lui crier dessus comme le faisait son père lorsqu'elle réalisait quelque chose sans que ce soit parfait.
"J'arrive tout de suite, excusez-moi..." Dit-elle en essayant de garder un peu de contenance.
Roxanne la défendit d'une manière qui l'impressionna, elle était si franche et confiante. Les clients Elle termina de nettoyer et prépara un autre café, court cette fois qu'elle servit avec le thé glacé.
"Il manque quelque chose, on avait commandé un muffin et un donut avec ça." Affirma la femme de manière dédaigneuse.
Elisa avait oublié à cause du café qui avait débordé. Elle apporta aussitôt ce qu'il fallait et les deux personnes purent régler leur commande. Là encore, l'utilisation de l'appareil à carte n'était pas optimal, ce qui leur faisait perdre patience. Ils prirent une place en bougonnant, laissant une jeune femme dépitée. Elle lança un regard triste à Roxanne et se tourna pour cacher sa peine des autres personnes présentes.
Les bras croisés, je fixais le client du regard. Je suis sûrement encore plus hargneuse que Stephen pour le coup. Remarque, lui, il aurait sûrement déjà éclaté la tête de ce connard sur le comptoir. Mais moi ça ne va pas tarder s’il continue à se comporter comme ça vis-à-vis d’Elisa. L’erreur est humaine, ça me rend folle de voir que les gens ne sont pas capables de comprendre qu’une personne dois prendre le temps pour apprendre. Fort heureusement, Elisa reste calme malgré son stress. Je le sens, elle angoisse. Ça me fait mal au cœur. Elle veut tellement bien faire. La femme s’y met tien. Par chance, je n’ai pas le temps de réagir, car la machine se débloque. Je laisse les clients aller s’asseoir. Elisa me regarde, puis elle tourne le dos aux clients pour ne pas montrer qu’elle est affecté. Doucement, je prends sa main et je l’emmène avec moi dans l’arrière-boutique en laissant une des serveuses gérer le salon. J’assois Elisa sur un carton et je m’accroupie face à elle pour être à sa hauteur. Je pose mes deux mains sur ses genoux et je lui souris.
« Moi, je te félicite. Franchement, j’étais à deux doigts de lui écraser son donut sur la tête. Mais toi, tu as été calme. Et ça, c’est une énorme qualité ici »
Je ne disais pas ça pour faire plaisir. Au contraire, j’étais plus que sincère. Un grand sourire s’affiche sur mes lèvres et j’ajoute.
« C’est ton premier soir, c’est donc normal que tu bug un peu. On va faire autrement. Je vais gérer ce soir et toi, tu me regardes et tu m’aides ok ? Et tu verras qu’en une semaine, tu voleras en solo. »
Je me relève doucement et je tape dans mes mains pour la secouer un peu.
« Aller Elisa ! T’es une battante. Je te rappelle que tu as tout plaqué dans ta cage dorée pour vivre ton indépendance ? Moi, je crois en toi. Si j’ai réussi à quitter ma Russie et à m’intégrer ici, n’y a pas de raison que toi non »
Et pour qu’elle se remette de ses émotions, je lui propose de ranger l’arrière-boutique avec moi. Y a plein de cartons, faut les vider et ranger le contenu dans les placards approprié. Ça fait un moment qu’on doit le faire et on n’y arrive pas, car on a constamment du boulot. Je vais donc ouvrir un carton et je le pose aux pieds d’Elisa en souriant. Je la taquine alors.
« Aller ça fait les muscles et au moins ici tu ne verras pas leurs tronches de chieurs aux clients. »
Voici donc comment la nuit se passe pour Elisa et moi. Et rapidement la réserve retrouve de la superficie. Après de longues heures à tout ranger, je finis par m’asseoir sur le sol, dos contre le mur et je soupir alors que je suis complètement HS. Je ricane et je regarde Elisa.
« T’es efficace. C’est du bon boulot. Tu vois que tu gères bien dans un salon de thé. »
Je prends mon téléphone et je jette un œil à l’heure. Le soleil va bientôt se lever. Je range mon portable et je regarde Elisa pour lui dire.
« Bienvenue chez les Sororites ma belle. Ta place est parmi nous. »
Sa première expérience n'avait pas été probante pour la bourgeoise. Qui essayait-elle de tromper ? Elle avait toujours tout eu sans effort et reniait son confort pour vivre une vie classique, une vie semée d'embûches. Sa cage l'attendait, ouverte et elle pouvait toujours y retourner pour se protéger des agressions extérieures mais ce n'était pas ce qu'elle voulait. Elle était plus heureuse ici malgré tout. Roxanne s'approcha d'elle et l'éloigna du comptoir. Elle pensait se faire réprimander alors elle baissa la tête, assise sur le carton.
"Pardonne..."
La jeune femme n'eut pas le temps de s'excuser que la louve lui faisait un compliment. Elle écarquilla les yeux face à temps de bienveillance et les larmes finirent par monter mais elle les empêcha de couler en tapotant son index sous ses yeux. Les mots que la jeune femme avait pour elle étaient si réconfortants qu'elle en était émue. Elisa avait fait des erreurs mais on ne lui en tenait pas rigueur, ce qui était inédit pour elle.
"Je te remercie Roxanne..." Dit-elle en relevant ses yeux sur son interlocutrice.
Roxanne était littéralement en train de la booster, ce qui lui faisait un bien fou. Elle avait raison, si elle en était sortie après toutes les galères qu'elle avait vécu, il n'y avait pas de raison qu'Elisa n'y arrive pas, surtout si elle était bien entourée. Tout le monde était si gentil avec elle... Elle ne pouvait pas les décevoir.
"Tu as raison, je vais redoubler d'efforts et... Tu seras fière."
La brune lui proposa ensuite de ranger l'arrière boutique, ce qui lui convenait bien pour le moment. Au moins elle allait se sentir utile même si ce n'était pas une tâche reluisante. Elle se leva donc et commença le grand ménage consciencieusement. Le temps passa sans qu'elle s'en rende compte et Roxanne put constater le résultat. Elle semblait contente alors Elisa l'était aussi.
"Je dois l'admettre... Je retenterai ma chance demain si tu le veux bien."
La jeune femme se sentait beaucoup mieux et elle avait eu le temps de se calmer en rangeant les cartons. Elle allait y arriver, il ne suffisait de pas grand chose. Roxanne lui souhaita ensuite la bienvenue et le visage de la bourgeoise s'illumina. Elle eut envie de la prendre dans ses bras tant elle était contente mais elle se garda de le faire, encore sur la réserve. Elle se contenta alors de lui serrer vivement la main.
"J'en suis vraiment heureuse."
Et voilà comment une jeune femme anciennement riche devint un petit macaron de la Sororité... D'autres aventures l'attendaient.
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