Elle était arrivée depuis peu à Los Angeles, depuis trois ou quatre mois à peine, elle n’avait pas compté. Otsumi était en pleine construction d’une nouvelle vie dans cette ville, ayant choisi de monter une boutique d’instruments, trouvant que c’était un moyen pour elle de concilier sa passion pour musique et sa personnalité introvertie. Cela pourrait être paradoxal, mais elle estimait que gérer sa propre entreprise lui offrirait de la sécurité et de la tranquillité, car ne devant rendre de comptes à personne. Etre sa propre patronne lui enlèverait le stress de la communication avec un trop grand nombre de personnes, et les responsabilités ne l’effrayaient pas. En attendant, elle avait déjà commencé les démarches afin de créer son magasin mais cela allait encore prendre du temps. Alors d’ici là, elle se contentait de combats clandestins, dans lesquels elle se déchaînait autant en tant que guerrière que pour se faire de l’argent. Cela l’aidait aussi à se canaliser. Non pas dans sa violence, mais dans ses pensées.
Elle était plongée depuis bien trop longtemps dans ses réflexions, ses idées noires et négatives prenant trop souvent le pas sur tout le reste. Encore aujourd’hui, la Lycane n’avait que peu de goût pour la vie, ayant à peine commencé à trouver un peu de réconfort auprès de cette Vampiresse à l’hôpital… Otsumi était partie dans la salle de sport pour se dépenser, pour s’entraîner, n’ayant rien eu d’autre comme activité pour aujourd’hui dans ses occupations. Elle s’était déjà occupée de la paperasse pour la création de son entreprise, cherché le local, commencer à démarcher les fournisseurs autant pour ses instruments que pour l’aménagement et l’électricité. Alors pour se défouler, pour les oublier, elle était partie à la salle de sport, assez tard pour être tranquille et seule. Elle avait trouvé cet endroit depuis un peu plus de deux mois désormais, assez rapidement après qu’elle soit arrivée à Los Angeles, et y avait déjà prit un abonnement, y passant trois à quatre jours par semaine pour l’instant. Pour l’instant, car lorsqu’elle pourra avoir l’autorisation pour monter son magasin, elle y passera bien plus de temps qu’à la salle. Aujourd’hui, elle avait choisi de venir tard, il n’y avait quasiment personne… Ce qui la rassurait. Elle préférait largement être seule avec elle-même lorsqu’elle s’entraînait. Elle alla se changer, pour un jogging et un débardeur sans manches avec une capuche qu’elle mit sur sa tête. Elle se rendit au coin spécial Lycans, dont les sacs de frappe étaient plus résistants et la chaîne se cassant avec bien moins de facilités. Otsumi s’échauffa, s’étira longuement afin de ne pas avoir de courbatures mais surtout de travailler correctement ses muscles, son endurance et ne pas dépenser son énergie de manière totalement aléatoire. Après un bon quart d’heure à chauffer le moindre muscle de son corps, elle mit les bandages autour de ses mains, poignets et avant-bras, puis commença à frapper dans le sac.
Ses pensées se mirent à vagabonder ici et là, devenant de plus en plus fortes, bruyantes, au fur et à mesure que les minutes passaient. « Je n’y arriverai jamais ». « Pourquoi tenter ? ». « Je ne suis bonne à rien ». « Je vais juste échouer ». « Je n’aurai jamais l’autorisation pour créer mon magasin ». « Il ne sera d’aucune utilité pour les gens ». Ses crocs se serraient, à l’instar de ses poings, alors que les coups devenaient de plus en plus violents, comme si elle ne s’entraînait plus mais se battait contre ses idées noires qui envahissaient de plus en plus son esprit, l’embrumant tant qu’elle ne contrôlait plus sa force. A tel point qu’elle s’était acharnée sur le sac, au point de décrocher celui-ci de son support. La chaîne n’était pas brisée, mais le sac était désormais au sol. Essoufflée par l’effort, elle ne réagit pas tout de suite lorsqu’elle vit son œuvre, mais lorsqu’elle put retrouver sa voix…
« Merde… » marmonna-t-elle en japonais.
Elle s’approcha du sac, voulant le ramasser pour réparer son erreur.
« Je suis vraiment stupide… » jura la Japonaise dans sa langue natale.
Quelle monotonie des plus plaisantes songeais-tu intérieurement. Depuis une petite décennie tes journées se ressemblaient et se succédaient dans une cadence harmonieuse. Certes, il y avait quelques fois des imprévus qui venaient pimenter ton existence, mais rien de véritablement dérangeant. Collin étant en déplacement en Europe pour un défilé haute couture pour la marque Givenchy, ainsi il était clair que tu n’auras de nouvelles de lui avant la fin de la journée, du moins s’il daigne à t’en donner. Cela ne te gênait pas. Tu avais l’habitude de son silence quand il voyageait et puis si tu devais te montrer jalouse ou étouffante, il n’hésiterait pas à te recadrer avec fermeté. Même si tu l’aimais du plus profond de ton cœur, son comportement pouvait vraiment être désagréable quand il s’y mettait véritablement...
Toutefois, ce n’était pas dans la négativité que tu voulais continuer ta journée. Ton shooting ayant pris fin assez rapidement, car tu avais su satisfaire le photographe avec les nombreuses poses qui te demandaient d’effectuer, tu venais à t’étirer en remerciant le staff complet avant de finalement sortir. Allant jusqu’à ta moto, tu connaissais déjà ton programme... Après le shooting, il était l’heure de se dépenser pour évacuer toute la tension du travail. Bien qu’on ne te mettait pas vraiment la pression, tu le faisais très bien toi-même ! Te défouler après le travail était donc ton petit rituel quand tu en avais la possibilité. Après avoir garé ton bolide, tu venais à faire glisser ton pass pour pouvoir rentrer à l’intérieur de la salle de sport. Allant te changer pour enfiler ton short et ton débardeur de sport ainsi que tes baskets, tu attachais tes cheveux d’une queue-de-cheval puis tu te rendais dans l’emplacement dédié aux lycans. Il y avait un matériel spécifique pour éviter au propriétaire de devoir changer ou faire réparer les objets... La puissance d’un loup était véritablement effrayante quand celui-ci venait à se défouler. En songeant à cela... Tu venais à voir au loin une femme en train de se défouler sur l’un des sacs de sables. Clignant des yeux quelques secondes, tu ne pus lutter contre ta curiosité puisque tu venais à te diriger vers la pluie de coups bruyante pour voir finalement le sac se faire décrocher de son support pour s’écraser au sol. Oh... Et ce que tu entendis te fit grandement sourire. Une japonaise ? Tu venais donc à ajouter en riant légèrement, usant de ta langue maternelle.
« Stupide, je ne pense pas. "Puissante" serait plus appropriée, vous ne croyez pas ? »
Bien évidemment, tu allais lui venir en aide afin de replacer le sac. Il était drastiquement lourd pour assurer que les lycans ne puissent le briser en deux. Donc un peu d’aide ne serait pas de refus pour le soulever et le replacer avec la japonaise. Une fois l’objet replacé, tu venais à t’incliner poliment en lui offrant un grand sourire.
« Enchanté, c’est la première fois que je vous vois ici. Vous êtes nouvelle ? »
Tu étais une grande régulière de cette salle de sport. Notamment, car elle était assez sécurisée et discrète pour éviter de quelconques journalistes ou fans trop intenses. Ainsi, tu continuais de regarder la lycane qui avait effectivement des traits très typiques... Elle était même charismatique malgré la sueur qui pouvait couler sur son front à cause de l’effort effectué.
« Je m'appelle Gabriel. Mais vous pouvez m’appeler par mon prénom japonais, il s’agit de Koharu. Je suis ravie de faire votre connaissance.»
Évidemment, ayant vécu avec ta mère jusqu’à ce que la mort s’empare d’elle, tu avais été éduqué de sorte à bien parler et savoir te comporter comme une japonaise au besoin. Bien que ton approche était très... américaine, tu avais naturellement repris un air bien plus respectueux pour les présentations. Malgré tout, tu restais très souriante et avenante. Il était rare que tu puisses rencontrer une personne qui avait la même ethnie que la tienne !
« Stupide, je ne pense pas. "Puissante" serait plus appropriée, vous ne croyez pas ? »
Otsumi en sursauta, surprise d’entendre quelqu’un parler la même langue qu’elle. Quel était le pourcentage de possibilités que ça puisse arriver, surtout que la prononciation soit aussi parfaite ? Cette personne, Lycane par son odeur, était-elle une native nippone également ? Elle ne put répondre, ne se considérant pas elle-même comme puissante, sachant qu’il y avait bien plus fort qu’elle, à n’en pas douter. Cependant, elle accepta sans rechigner l’aide apportée afin de remettre le sac de frappe en place. Elle s’inclina afin de remercier la demoiselle pour son aide.
« Enchanté, c’est la première fois que je vous vois ici. Vous êtes nouvelle ? » « Enchantée. Je… Non… Pas vraiment… Enfin… Je ne viens ici que depuis deux mois environ… Alors… peut-être que oui… je suis nouvelle ? »
Elle n’osait qu’à peine la regarder, utilisant ses mains pour s’exprimer, avant de les replacer de façon nerveuse sur son propre corps. La Japonaise se sentait mal à l’aise, car honteuse d’avoir été vue après avoir abîmé le matériel.
« Je m'appelle Gabriel. Mais vous pouvez m’appeler par mon prénom japonais, il s’agit de Koharu. Je suis ravie de faire votre connaissance. »
Otsumi s’inclina à son tour, plus profondément, pour marquer du respect à cette femme qui semblait de toute évidence une habituée des lieux. Peut-être même faisait-elle partie des employés ou était-elle la gérante ?
« Otsumi. Ravie de faire votre connaissance, Koharu-san. »
Elle ne savait guère quoi employer. Sama ? Et si c’était la Japonaise qui était cliente ? Dans ce cas, le suffixe ne serait pas du tout approprié… Alors pour l’instant, ce sera le basique « san ». Elle se redressa, se grattant l’arrière de la nuque, souhaitant se cacher le visage avec sa capuche. Son regard bleuté se porta sur le sac de frappe nouvellement réparé, qu’elle finit par montrer d’un vague geste de la main, avant de baisser les yeux de nouveau, n’osant croiser ceux de Koharu.
« Je suis désolée… Je ne voulais pas abîmer le matériel… » dit-elle en frottant son poignet, nerveusement. « Je paierai pour la réparation des dégâts… et… je comprendrai si vous souhaitez que je ne revienne jamais ici… C’est normal… vous ne voulez pas que le matériel soit cassé… ou même abîmé… Ce sera votre droit le plus strict de me demander de partir… »
Même si elle espérait que ce ne soit pas la raison pour laquelle Koharu était venue vers elle. Otsumi avait trouvé cette salle de sport, avec de l’équipement spécial pour les Lycans, alors elle serait véritablement attristée et déçue d’être bannie de ce lieu où elle pouvait se défouler sans avoir à craindre d’être blessée ou de devoir retourner à l’hôpital souvent. Même si… il y avait cette Vampiresse, qui était bien gentille avec elle. Son odeur lui emplissait la truffe à chaque fois, elle ignorait pourquoi, tout comme elle ne comprenait pas pourquoi elle était d’une telle patience avec la Lycane. D’aucun dirait que c’était parce que c’était son travail, mais tout de même… Elle était d’une douceur incroyable… Mademoiselle Carouge. Même si être blessée signifiait pouvoir recevoir les attentions et soins de cette Vampiresse, chose qui lui mettait étrangement une espèce de baume au cœur, Otsumi préférait tout de même être autorisée à continuer à fréquenter la salle de sport. Elle espérait n’être sanctionnée que pour rembourser les réparations ou le renouvellement du crochet ou du sac de frappe, peu importe, tant qu’elle pouvait revenir et utiliser les équipements. Mine de rien, elle s’était attachée à ce lieu, il était serein et elle pouvait venir même en pleine nuit, au moment où il y avait peu de monde et qu’elle pouvait être seule avec elle-même… Même s’il était clair que ça ne lui avait pas réussi pour ce soir.
Il semblait que tes paroles venaient à surprendre cette pauvre nouvelle arrivante. Ton but était de l’effrayer ? Pas le moins du monde. Inclinant délicatement la tête en la regardant tout sourire, tu l’avais bien aidé à replacer le matériel pour éviter que le staff ou le propriétaire ne viennent lui tirer les oreilles, puis elle vint à te donner les informations que tu souhaitais. Donc depuis déjà deux mois ? Et tu ne l’avais jamais croisé ? Certainement une divergence d’horaire. Dommage, tu aurais apprécié la voir avant ! Finalement, elle vint également à te donner son nom. Après t’être inclinée juste avant elle, tu lui offrais un petit rictus propre à ton comportement habituel. En somme, tu étais toujours avenante avec tout le monde.
« Otsumi-san, donc. Il est agréable de rencontrer une compatriote. »
Certes... Le terme était un peu fort. Ta famille maternelle avait encore beaucoup de mal avec ta nature de lycane et le fait que ta mère se soit enfuie avec ton père. Un déshonneur familial mais... le fait que tu étais l’une des dernières descendantes de la famillle Kirishima... avait eu raison de leur réticence. De plus, ta mère s’était mariée et avait fait les choses “correctement” avant que tu ne viennes au monde. Les mœurs avaient un peu changés et l’appréciation des étrangers eurent raison de leur “honte”. Après tout, tu n’étais pas responsable des “erreurs” de ta mère. Et la pauvre était déjà morte depuis plus de quatre-vingt ans... Ainsi, le débat familial était clos. Tu avais pu visiter la demeure familiale, tu étais issue de la noblesse japonaise pour ton plus grand damne. Mais là n’était pas la question, ton attention se portait de nouveau sur ta compatriote qui venait à se confondre en excuse comme si tu faisais partie des employés.
« Ne vous inquiétez pas, je ne dirais rien au staff de la salle. Je ne suis qu’une simple habituée comme vous. D’ailleurs si cela peut vous intéresser, nous pourrions nous entrainer ensemble ? Cela nous évitera l’une comme l’autre de... saboter le matériel. Sans vous mentir, je me suis déjà faite rabattre les oreilles que j’étais peu soigneuse... Mais soyez d’accord, le matériel manque de stabilité, regardez ! »
Craquant ta nuque, tu vins à donner un violent coup de tibia et...le sac vint de nouveau à basculer sur le côté. Un soupir s’échappant de tes lippes alors que tu fus assez vive pour contenir la chaine qui jurait de le laisser s’abattre une fois de plus. Démonstration de puissance ? Pas du tout. Juste prouver par a + b que le matériel était un peu trop “bon marché” à ton goût. La comparaison avec ton club de Taekwondo était impressionnante à cet instant mais tu vins finalement à détourner de nouveau ton regard sur la louve qui semblait bien plus timide que toi. Compréhensible, tu avais eu l’occasion d’aller au japon depuis les années 2000, le tatemae était toujours présent et les japonaises avaient encore cette retenue bien présente de par leur éducation. Tu faisais un petit mouvement d’épaules en posant tes mains sur tes hanches.
« Qu’en pensez-vous Otsumi-san ? Nous pourrions profiter de nos compétences lycanes communes pour nous éviter un quelconque conflit avec le patron de cet établissement ? Et ainsi, si cela vous convient... Nous pourrions faire connaissance ? Je suis sûre que nous avons beaucoup de points communs. Déjà, il semblerait que nous avons la même délicatesse avec le matériel. »
Un petit rire cristallin s’échappant de tes lippes face à cette petite plaisanterie alors que tu passais une main sur ta queue de cheval. Tu constatais d’ailleurs que tu avais exactement la même taille qu’elle... pas le même poids assurément. Elle semblait... plus jeune ? Était-ce ton instinct lycane qui te le disait ? Peut être. Mais c’était peut être qu’une impression. Néanmoins, tu étais bien plus espiègle mais cela venait surement de ton éducation multiculturelle et de ta personnalité. Amusant non ? La lune accompagnée du soleil. Une belle amitié pouvait naitre entre toi et elle, si la louve se sentait de se lancer dans ce genre de relations, évidemment. Les japonais ne détestaient pas la solitude après tout... Contrairement à toi qui la supportait difficilement.
« Otsumi-san, donc. Il est agréable de rencontrer une compatriote. »
Il était vrai qu’il était bien rare de rencontrer une personne d’origine Japonaise par ici… Otsumi avait pu voir la communauté chinoise, mais même si c’était le même continent et une culture plus ou moins similaire, il y avait trop de différences pour qu’elle se sente à l’aise avec eux. C’était pour cela qu’elle ne s’était pas installée dans ce quartier, mais plutôt du côté de Westwood, s’était trouvé un petit appartement, très petit, un studio à peine. Elle avait l’intention de déménager plus tard, pour quelque chose de plus grand et confortable. Mais pour le moment…
« Ne vous inquiétez pas, je ne dirais rien au staff de la salle. Je ne suis qu’une simple habituée comme vous. D’ailleurs si cela peut vous intéresser, nous pourrions nous entrainer ensemble ? Cela nous évitera l’une comme l’autre de... saboter le matériel. Sans vous mentir, je me suis déjà faite rabattre les oreilles que j’étais peu soigneuse... Mais soyez d’accord, le matériel manque de stabilité, regardez ! »
Ella la suivit du regard, sans un mot. Qu’allait-elle faire ? La réponse ne se fit pas attendre trop longtemps, le coup de tibia de Gabriel fit vaciller le sac de frappe, si bien que la Japonaise crut qu’il allait tomber de nouveau, si la demoiselle n’avait pas eu le réflexe de le stabiliser. Elle était… puissante… Il n’y avait pas le moindre doute là-dessus. La Japonaise était même certaine que Koharu était bien plus forte qu’elle. Cependant, elle avait l’impression que ses capacités étaient concentrées dans ses jambes, alors que pour Otsumi, elles étaient davantage au niveau de ses bras.
« Qu’en pensez-vous Otsumi-san ? Nous pourrions profiter de nos compétences lycanes communes pour nous éviter un quelconque conflit avec le patron de cet établissement ? Et ainsi, si cela vous convient... Nous pourrions faire connaissance ? Je suis sûre que nous avons beaucoup de points communs. Déjà, il semblerait que nous avons la même délicatesse avec le matériel. » « Je… Oui… Ca me semble être une idée intéressante… »
Elle se gratta l’arrière de la nuque, à la fois gênée et honorée qu’une Lycane aussi puissante que semblait l’être Koharu lui propose de s’entraîner ensemble. Elle s’inclina d’ailleurs, platement, montrant son respect.
« C’est un honneur d’être vue comme une adversaire à votre hauteur. J’accepte avec grand plaisir de m’entraîner avec vous. Je suis certaine que je pourrai apprendre auprès de vous. »
Mais elle n’oserait pas lui proposer des dates, des heures, ou quoi que ce soit d’autre. Ce n’était pas elle la sempai. Elle ferait en fonction de l’autre Japonaise, car après tout, c’était elle qui lui avait parlé de s’entraîner ensemble. Cependant, de quoi parlait-elle ? Sous leurs formes humaines ou bien également hybrides ? Otsumi n’avait combattu d’autres Lycans sous cette forme que dans ses combats clandestins, allant jusqu’à non pas la mise à mort, bien évidemment, mais l’évanouissement de l’autre. Le combat ne se terminait que lorsque l’un des deux adversaires perdait connaissance. Serait-ce d’ailleurs une bonne idée d’en parler ? Non. Cela ne la regardait pas après tout… Cependant, elle était curieuse de savoir ce que voulait l’autre demoiselle. Et aussi, en tant que kohai, c’était peut-être à elle de commencer à se présenter… au moins par respect pour Koharu.
« Je… m’appelle Otsumi Lavnenn. Et non… ce n’est pas mon véritable nom de famille. »
Nom qu’elle ne dira pas, souhaitant garder l’anonymat, non pas pour elle, mais pour les siens. Elle avait choisi l’exil, alors elle avait décidé de ne plus être liée à eux. Non pas par honte, mais pour éviter aux siens le déshonneur. Pourquoi l'avait-elle précisé alors ? Parce qu'il serait évident pour une Japonaise que Lavnenn ne sonnait pas nippon, ni même asiatique... Alors autant clarifier la chose dès le début.
« J’ai 71 ans. Et je suis née Lycane. Je viens d’une meute de Tokyo, dont je suis partie il y a près de 40 ans maintenant. »
Elle ne voyait pas trop quoi dire d’autre, sans doute que ces informations suffiraient ? Au moins pour faire connaissance, comme le voulait l’autre Louve ? Au pire, elle lui posera des questions, son instinct le lui disait.
Oh ? Elle ne refusait pas ? Une agréable surprise malgré tout. Tu ne connaissais que trop bien la mentalité japonaise... Acceptait-elle par politesse ? Tu ne saurais le dire et même si c’était le cas, tu n’allais la faire regretter de t’avoir accordé du temps ensemble. Tu connaissais tes capacités et tes compétences en matière de combat. Même si cela faisait plus de quatre vingt ans que tu étais dans la meute des Pawnees, tu n’étais guère une louve privée de ses crocs et de ses griffes... D’ailleurs, peut être que tu parviendrais un jour à mener la lycane auprès de cette meute pour lui apporter protection et cet esprit familial qui était assez confortant. Mais là n’était pas la question, tu venais à t’incliner à ton tour face à son accord avant de lui faire un grand sourire enjôleur. Elle était particulièrement respectueuse, nul doute qu’elle était purement japonaise, elle en avait le comportement parfait. Même si cela t’apportait une certaine nostalgie, tu espérais qu’avec le temps, elle sera moins... coincée ? Oh... On dira que cela viendra avec le temps, tu en étais persuadée !
« De ce que j’ai pu voir, vous semblez très douée de vos poings. J’espère que vous pourrez me montrer quelques techniques pour que je puisse m’améliorer également. »
Evidemment, tu connaissais tes points forts et tes faiblesses. Ta congénère avait pu l’observer d’elle même, tu étais très douée de tes jambes et tu avais un équilibre parfait... Tu étais souple et tu avais des réflexes bien précieux. Néanmoins, tu savais que tes poings étaient ta faille. Après tout, l’aikido te permettait de te défendre par le biais de ceux-ci, pas d’attaquer... Le jour où l’une de tes jambes viendrait à être blessée... Tu te retrouverais dans une situation bien plus inconfortable et tu devais palier à ce problème. Tes sourcils se froncèrent quand tu entendis le nom de famille usé... Puis elle vint à expliquer que ce n’était qu’un nom d’usage. Acquiesçant, tu n’eus aucune honte à donner le tien. Peut être même qu’elle te connaissait sans le savoir... En somme, tu espérais qu’elle n’avait aucune connaissance dans le cinéma, le mannequinat ou même les publicités...
« Mon nom complet est Gabriel Coleman. Mais mon nom japonais est Koharu Kirishima. »
En donnant ton nom de famille japonais, tu te demandais si tu venais de te mettre une balle dans le pied... Cette famille était plutôt connue malgré tout au Japon... Secouant délicatement la tête, tu te concentrais sur les informations qui suivirent, tu fis un autre rictus avenant avant de pincer légèrement ta lèvre.
« J'espère dans ce cas que mon âge ne vous fera pas fuir. J’ai pour ma part 137 ans. Je suis également une lycane de naissance même si ma mère est née éveillée. J’espère en tout cas que malgré notre différence d’âge nous pourrons nous entendre. Et par pitié... N’usez pas les marques de respect qui vont avec mon âge... Je ne connais que trop bien cette condescendance ridicule vis-à-vis de l’âge. »
Malgré tout, tu avais eu l’occasion de te faire vouvoyer par l’un des membres de ta famille qui avait plus de quatre vingt ans... Cela t’avait plus gênée qu’autre chose et tu ne souhaitais en aucun cas que cela arrive ici. Tu voulais installer une ambiance détendue et très douce. Le but était de s’amuser et apprendre à se connaitre non ? Ainsi, tu venais à rajouter d’un air un peu plus enjouée et craquant délicatement tes épaules. Autant lui poser la question maintenant pour pouvoir t’organiser ?
« Est ce que cela vous va si nous installons une routine d’entrainement ? Pour ma part, je viens au moins une fois tous les deux jours entre dix-sept heures trente et vingt heures. Auriez vous des disponibilités particulières ? »
Si jamais la louve avait des empêchements, tu préférais être au courant pour ne pas attendre. Après tout, ton entrainement restait assez important. Tu avais au moins trois fois par semaine salle de sport et trois cours de Taekwondo ainsi que deux cours d'Aikido par semaine... Un emploi du temps chargé malgré tout, sans parler du travail... Il te fallait donc tout une organisation afin de t'assurer que tout soit bien cordonné...
« De ce que j’ai pu voir, vous semblez très douée de vos poings. J’espère que vous pourrez me montrer quelques techniques pour que je puisse m’améliorer également. » « Ce sera un honneur de partager mes compétences. Je serai aussi honorée d’apprendre de vos techniques de jeu de jambes. »
Elle savait que ses faiblesses résidaient dans les parties inférieures de son corps. Otsumi possédait un bon équilibre, mais rien de plus, elle ne se battait que rarement avec ses jambes, préférant concentrer toute sa puissance dans ses poings, bras, et crocs et griffes lorsqu’elle était sous ses formes animales.
« Mon nom complet est Gabriel Coleman. Mais mon nom japonais est Koharu Kirishima. J'espère dans ce cas que mon âge ne vous fera pas fuir. J’ai pour ma part 137 ans. Je suis également une lycane de naissance même si ma mère est née éveillée. J’espère en tout cas que malgré notre différence d’âge nous pourrons nous entendre. Et par pitié... N’usez pas les marques de respect qui vont avec mon âge... Je ne connais que trop bien cette condescendance ridicule vis-à-vis de l’âge. »
Elle l’écoutait avec respect, bien que son esprit répétait le nom de Kirishima. Elle était certaine d’avoir déjà entendu ce nom quelque part… La Lycane était plongée dans ses réflexions, cherchant jusque dans les tréfonds de sa mémoire où elle avait lu ce nom, ou bien par qui il avait été prononcé, ou bien les circonstances… Même si sa concentration était divisée entre écouter Koharu parler d’elle-même comme l’avait fait Otsumi, et chercher dans ses souvenirs… Kirishima… Kirishima… Ca y est ! Elle se souvenait pourquoi ce nom évoquait quelque chose dans sa mémoire ! Sa meute avait déjà côtoyé cette famille également… Mais ils étaient des Eveillés, non ? Elle ne se rappelait pas avoir vu des Lycans parmi eux…
« Est ce que cela vous va si nous installons une routine d’entrainement ? Pour ma part, je viens au moins une fois tous les deux jours entre dix-sept heures trente et vingt heures. Auriez vous des disponibilités particulières ? » « Hm ? »
Elle redressa la tête, se repassant la question. Des disponibilités particulières…
« Je… Oui et non… » Elle se gratta l’arrière de la nuque. « Je passe trois à quatre soirs par semaine ici… en… en attendant d’avoir les papiers… »
Quels papiers d’ailleurs ?
« Je… souhaite monter un magasin de musique… Je suis guitariste. Et… je compose des chansons. Alors… J’aimerais partager ma passion avec le reste du monde… Ca prend du temps, j’ai déjà commencé les démarches alors… j’ai du temps à tuer, en attendant que les formalités soient remplies… et que j’ai l’autorisation de créer mon entreprise. »
Elle avait les finances, elle savait où louer le local, elle avait même trouvé des entreprises afin de faire les travaux et des fournisseurs. Il ne lui manquait plus que l’accord de la mairie afin de pouvoir commencer. Tout n’était plus qu’une question de temps, mais surtout d’accord. Otsumi savait parfaitement ce qu’elle voulait faire, tout était clair dans sa tête, si bien qu’elle avait un carnet rempli de ses idées, de croquis, et tout un dossier de devis et tous ces autres papiers qui lui permettraient de bien commencer. Mais d’ici là, elle avait du temps à tuer, comme elle disait, elle ne pouvait faire ça. Alors elle passait beaucoup de temps dans cette salle de sport, ou bien à se battre dans des combats clandestins. Elle avait regroupé la plupart de ses finances ainsi, ouvrant un compte à chaque pays où elle s’arrêtait afin de pouvoir transférer son argent qu’elle gagnait.
« Alors je… j’ai beaucoup de disponibilités. Si vous le souhaitez, nous pouvons voir deux fois par semaine ? Selon les jours qui vous conviendront le plus, évidemment. »
Elle ne voulait pas s’imposer, ce n’était pas son but. Cependant, elle trouvait cela intéressant de pouvoir partager un entraînement avec une autre Lycane, surtout que celle-ci serait un adversaire particulièrement intéressant. De par sa nature, donc sa résistance, de par son âge et son expérience, donc sa puissance, et aussi le fait qu’elles avaient toutes les deux des forces et des faiblesses dont elles avaient conscience et qu’elles pouvaient s’entraider mutuellement à les combler ou du moins, à y palier.
« Par contre… Je suis désolé si cela vous importune mais… Kirishima… Si j’ai bonne mémoire… C’est le nom d’une vieille famille de la noblesse Japonaise… Je me trompe ? Comme il s’agit d’une famille composée d’Eveillés, je vous prie de m’excuser si j’ai confondu votre famille avec une autre. » dit-elle en s’inclinant. Certes, Koharu lui avait demandé de ne pas user des marques de respect liées à l’âge, mais l’éducation japonaise d’Otsumi l’obligeait à devoir lui montrer un certain respect. Cependant, afin d’honorer sa requête, la jeune Lycane avait décidé de ne pas utiliser le kenjôgo mais le teineigo.
Ton sourire semblait s’élargir en entendant la réponse de la lycane. Un partage de savoir mutuel ? Pourquoi pas. Tu n’étais absolument pas contre et ces entraînements assureraient d’être productifs autant pour toi que pour elle. Que demander de plus ? Mis à part une entente afin de s’assurer des disponibilités de chacune. Écoutant ses fréquences, tu haussais les sourcils avant de les froncer d’un air intrigué. Apparemment, elle vint à lire dans tes pensées puisqu’elle te parlait de son projet. Écarquillant les yeux, tu prenais un air des plus impressionnés car tu l’étais. Une artiste donc ? Et qui avait de l’ambition ? C’était véritablement exaltant ! Elle sortait vraiment du lot de ces autres Japonais qui avaient tendance à choisir le confort de la stabilité salariale, elle allait monter sa propre boite et avait en plus déjà fait le nécessaire pour être parfaitement tranquille ? Particulièrement ingénue et perfectionniste. Bien évidemment, tu savais que tu n’aurais sans doute jamais eu un tel cran, tu ne t’empêchas pas de le dire avec un grand rictus qui allait presque jusqu’à tes oreilles.
« Impressionnant ! J’espère que vous aurez rapidement votre validation ! Un projet aussi grand et palpitant que celui-là, vous allez pouvoir mêler passion et profession. Le rêve de beaucoup de personnes, je vous le souhaite en tout cas ! »
L’on pouvait clairement lire la sincérité sur ton visage. Bien entendu, que tu lui souhaitais de réussir. Il n’y avait rien de plus beau que de parvenir à réaliser ses projets et vivre de ce que l’on aime. Tu étais bien placée pour le savoir. Tu adorais ton métier et pour rien au monde, tu n’échangerais ta place avec une autre personne. Néanmoins, elle revint assez rapidement sur ses disponibilités et tu venais à acquiescer en sortant ton téléphone portable pour vérifier le tout, tu regardais ton agenda. Il ne fallait pas que tu confondes tes autres jours d’entraînements de Taekwondo et d’Aïkido. Heureusement pour toi, l’Aïkido était le mercredi soir et le samedi matin, le Taekwondo était plutôt le lundi soir et le jeudi soir également à partir de vingt et une heure... Ainsi, tu venais à lui proposer en gardant le sourire.
« Si c’est deux fois par semaine et ce que le mardi et le vendredi, vous conviendrez ? À moins que vous apprécierais profiter de votre vendredi soir, nous pourrions reporter ça au dimanche après-midi. Je peux m’adapter ! »
Alors que tu attendais sa réponse, ton regard venait à légèrement s’assombrir... Mais la lueur revint aussi rapidement qu’elle était partie. Haussant délicatement les épaules, tu fis une petite moue avant de faire un rire légèrement gêné. Tu te doutais que ta famille avait une certaine notoriété au Japon. Rien qu’en te croisant dans la rue, certains s’inclinaient dans la rue... Voilà l’une des raisons pourquoi tu évitais le plus possible.
« Non, non... Vous ne vous trompez pas. Ma mère était une Kirishima et je fais bien partie de cette grande famille. J’ai eu la chance d’hériter des gènes lycans de mon père qui est américain pour sa part. Mais en effet... C’est une famille d’éveillée. Mais votre famille a eu l’occasion de traiter avec la mienne ? J’espère pas en mal... Si c’est le cas, je m’en excuse. »
Sans même attendre sa réponse, tu venais à t’incliner pour demander pardon. Après tout... tu n’étais au courant des agissements de ta famille maternelle, tu l’évitais comme la peste même si celle-ci avait tendance à te demander de venir plus souvent... Une véritable plaie car tu n’appréciais pas être traitée comme une princesse... le “Oujo-sama” à l’intérieur de la demeure familiale t’arrachait les oreilles et le regard de mépris présent envers ton père t’agaçait au plus haut point...
Otsumi avait jugé correct de lui donner une explication de pourquoi elle ne pourrait pas être disponible bien souvent. Une question de respect, donc, tout simplement… Elle n’aimait pas étaler sa vie, encore moins à une inconnue, mais il lui avait semblé juste d’en parler.
« Impressionnant ! J’espère que vous aurez rapidement votre validation ! Un projet aussi grand et palpitant que celui-là, vous allez pouvoir mêler passion et profession. Le rêve de beaucoup de personnes, je vous le souhaite en tout cas ! »
Elle rougit devant ces compliments. Ce n’avait été nullement son but, elle ne recherchait pas l’approbation des autres, non pas qu’elle n’en avait rien à faire, mais elle ne souhaitait pas déranger autrui. Ils avaient des choses bien plus importantes à faire…
« Si c’est deux fois par semaine et ce que le mardi et le vendredi, vous conviendrez ? À moins que vous apprécierais profiter de votre vendredi soir, nous pourrions reporter ça au dimanche après-midi. Je peux m’adapter ! »
La jeune Lycane se mit à réfléchir… Le mardi était tout à fait possible oui… Quant au vendredi… Elle se mit à réfléchir… Etait-ce une bonne idée ? De toute façon, le soir, elle ne faisait rien. Elle n’avait rien à faire… Personne à voir, à qui parler, rien à faire, rien de prévu… Elle avait juste son petit studio, une simple chambre tout ce qu’il y avait de plus banal, et toute sa paperasse. Mais surtout sa guitare, qu’elle avait emmenée depuis le Japon. Et elle pouvait jouer n’importe quel jour, n’importe quelle heure… Alors…
« Ces jours me conviennent. J’espère ne pas vous empêcher de profiter de vos soirées… »
Leur conversation dériva sur le nom de famille.
« Non, non... Vous ne vous trompez pas. Ma mère était une Kirishima et je fais bien partie de cette grande famille. J’ai eu la chance d’hériter des gènes lycans de mon père qui est américain pour sa part. Mais en effet... C’est une famille d’éveillée. Mais votre famille a eu l’occasion de traiter avec la mienne ? J’espère pas en mal... Si c’est le cas, je m’en excuse. » « Oh non ! Non il n’y a rien eu de tel. »
Otsumi s’inclina à son tour, étant gênée que son interlocutrice le soit également. Il y avait de ça, mais également de la bienséance qu’elle appliquait. Le tatemae… Elle se devait de l’utiliser, pour plusieurs raisons. Non seulement elle se trouvait face à une inconnue, mais également à quelqu’un de rang supérieur, autant par son âge, sa puissance, mais également un rang familial. La famille de la plus jeune n’avait rien de noble, juste une meute qui avait gagné ses galons et son territoire, mais rien de plus, ils n’avaient pas de sang royal. La Japonaise usait alors du keigo, même si celui-ci n’était pas le plus approprié, mais elle respectait la volonté de Koharu. Cependant, elle faisait l’usage d’un japonais soutenu, loin de celui qu’on pouvait entendre dans la rue. Ce n’était pas simplement une question d’éducation, mais simplement d’apprentissage… universitaire, d’un point de vue humain. Etant passionnée par la calligraphie, Otsumi avait souhaité avoir connaissance des anciens kanjis, d’anciens mots, presque ceux du temps des samouraïs.
« Je veux dire… Il n’y a pas eu la moindre offense, soyez rassurée. Je crois que ma meute a eu l’occasion de traiter avec la famille Kirishima, en effet, mais cela remonte à plusieurs décennies. Je ne pourrai pas vous dire ce qu’il s’est passé exactement, mais je peux supposer que la relation a été profitable car la meute garde votre famille en haute estime. »
Ce qui était réellement le cas. Elle n’avait eu que peu de fois l’occasion de parler des autres familles et clans avec son père, durant sa formation pour devenir Alpha. Otsumi avait du savoir l’histoire de sa meute, mais sans nul besoin d’entrer dans les détails.
Aussi, elle sentait que ce ne serait aucunement une bonne idée de s’attarder sur le sujet. Koharu semblait souhaiter privilégier une conversation cordiale, et non basée sur leurs origines. Alors…
« Nous avons défini les jours pour nous retrouver afin de nous entraîner. Mais… qu’en est-il de l’heure ? »
Elle avait l’impression en lui parlant qu’elle portait le masque qu’elle revêtissait lorsqu’elle était en train de travailler. Est-ce que la jeune Lycane voyait ces rendez-vous d’entraînement comme un travail ? Ou quelque chose s’en rapprochant ? C’était possible… Ou alors simplement elle se voyait face à quelqu’un qui lui était supérieur et donc, lui devait le respect. Elle ne pouvait pas se permettre d’être hésitante, de bégayer… mais elle n’osait pas non plus la regarder dans les yeux, préférant les poser sur ses propres mains.
Étais-tu véritablement admirative face à la louve ? Évidemment. Mais il ne fallait pas trop le montrer au risque qu’elle croit qu’il s’agisse davantage du tatemae plutôt que ce que tu pensais véritablement. Les japonais étaient particulièrement doués pour dissimuler ce qu’ils ressentaient. Cela pouvait être bien par moment, mais niveau compréhension pour une personne qui souhaitait sauter cette étape... C’était bien plus complexe. Néanmoins, du temps devait s’écouler avant qu’une telle chose se produise et tu en étais particulièrement consciente. Tu ne connaissais que trop bien la progression successive et l’acheminement qui pouvait être parfois assez long en fonction de la méfiance de la personne concernée. Dans le fond, tu espérais que cela ne soit pas aussi difficile avec la lycane. Il serait malencontreux qu’une relation stagne trop longtemps, en sachant que tu étais persuadée d’avoir beaucoup de points communs avec elle. Déjà... Elle était sportive, toi aussi. Il ne manquait plus qu’à découvrir le reste, n’est ce pas ?
Ainsi, tu prenais note des jours qu’elle te donnait au niveau de sa disponibilité. Fort bien, si celles que tu lui avais données lui convenaient... Que demande le peuple ? Néanmoins, la conversation avait vite tourné vers ta famille maternelle que tu ne portais pas véritablement dans ton cœur. Toutefois, tu n’allais l’accommoder d’une telle chose. La famille restait quelque chose de sacré et l’on ne pouvait se montrer insultante ou irrespectueuse avec sa propre famille pour des causes ridicules comme une divergence d’opinions ou des conflits qui remontaient à plus d’un siècle... Ainsi, tu fus rassurée de savoir que ta famille n’avait pas commis d’impair à celle de la louve que tu venais de rencontrer. Une bonne nouvelle, car tu te serais sentie particulièrement gênée et honteuse dans le cas inverse... Il n’y avait rien de plus humiliant que de trainer les erreurs de sa propre famille même quand l’on n’était pas responsable. Après tout, une grande famille avait ses avantages comme ses inconvénients. Elle t’expliqua donc que la relation était plutôt bonne, tu fis un grand sourire qui semblait s’estomper au fur et à mesure... Elle continuait d’utiliser les termes de politesse dû à ton rang. Certes, tu ne pouvais lui en vouloir pour cela, mais tu ne cachais pas vraiment ta petite frustration, pinçant légèrement la lèvre et mordillant discrètement l’intérieur de celle-ci.
Toutefois, elle vint à te ramener à un sujet beaucoup moins désagréable. Celui de l’heure ! Certes, les jours étaient choisis, mais il fallait bien une horaire plus ou moins fixe afin de satisfaire tout le monde. Tu vins donc à réfléchir quelques secondes avant qu’une idée te vienne assez rapidement, tu connaissais ton travail mieux que quiconque et tu savais que tu pouvais avoir des empêchements qui te faisaient rester assez tard. De ce fait, tu vins à proposer avec un grand sourire de nouveau.
« Je serais tentée de vous proposer entre 17h45 et 19h. À moins que cela ne soit trop tard pour vous ? N’hésitez pas à me le dire et j’adapterais mon emploi du temps en conséquence. »
Le fait est que... Tu avais sûrement fait suffisamment de journées voire de semaines supplémentaires pour t’octroyer quelques heures de sorties avant. De plus, tu n’étais contrainte par de véritables horaires, il suffisait qu’un shooting se passe très bien pour que ta journée de travail passe de sept heures à deux. Un vrai plaisir que d’être mannequin. Néanmoins, un songe vint à te rappeler que ce n’était pas uniquement ton planning qui était en jeu. Donc, tu venais à incliner la tête pour dévisager la louve en prenant un air assez taquin pour le coup, il fallait bien démontrer que tu ne pensais pas qu’à toi...
« Par contre, nous allons devoir prendre en compte que vous allez avoir bientôt votre propre magasin. Voudriez-vous que l’on adapte cela en fonction de votre futur travail également ? Comme ça, nous pourrons avoir une routine qui ne sera pas cassée. Qu’en pensez-vous ? »
Il faut dire... Tu étais une personne assez routinière malgré les apparences. Tu te demandais si Otsumi était également une personne qui appréciait que tout soit organisé... Après cela dépendait des personnes...
Si les jours étaient décidés et concordaient aux emplois du temps des deux Lycanes, il fallait également se mettre d’accord sur l’heure, chacune ayant une vie, et donc des obligations et occupations. Otsumi n’avait pas tellement à faire pour l’instant, car elle n’avait pas encore de travail, ayant fait ce choix pour rester concentrée sur la paperasse afin de pouvoir être disponible à n’importe quel moment et donc éviter de ralentir les procédures. Mais il n’en était certainement pas de même pour Koharu. Elle semblait bien plus à l’aise, serait-ce car elle ne se trouvait pas dans une situation précaire, ou était-ce simplement une question de caractère ?
« Je serais tentée de vous proposer entre 17h45 et 19h. À moins que cela ne soit trop tard pour vous ? N’hésitez pas à me le dire et j’adapterais mon emploi du temps en conséquence. » « Non… Cela me convient. »
Pas tellement en réalité. Enfin… Oui et non, dirons-nous. La Japonaise se disait que c’était un peu tôt… mais de mémoire, les bureaux fermaient avant 17 heures, non ? Alors commencer un peu avant 18 heures devrait être pleinement suffisant. Elle n’avait besoin de se rendre disponible après les fermetures des cabinets, et elle pourrait remplir les formulaires demandés en journée.
« Par contre, nous allons devoir prendre en compte que vous allez avoir bientôt votre propre magasin. Voudriez-vous que l’on adapte cela en fonction de votre futur travail également ? Comme ça, nous pourrons avoir une routine qui ne sera pas cassée. Qu’en pensez-vous ? »
Aurait-elle lu dans ses pensées ? Elle y réfléchissait justement… Comment allait-elle s’organiser une fois que son magasin allait être ouvert ? Ses disponibilités allaient clairement changer, il n’y avait pas le moindre doute là-dessus, notamment car elle avait déjà décidé de ses horaires d’ouverture. Tout était déjà en place en son esprit, elle n’avait plus qu’à attendre l’accord officiel de la municipalité afin de donner le feu vert pour que les travaux commencent, et qu’elle puisse surtout faire l’acquisition du local qui lui paraissait être l’idéal, autant en terme de surface exploitable que de positionnement dans la ville. Elle avait choisi un quartier calme, paisible, qui ne générerait que peu de stress, celui lié au travail brut. Mais d’ici là… D’ailleurs, comme l’avait pointé Koharu, lorsque la Lycane pourra commencer à travailler, ses disponibilités allaient changer de façon drastique. Elle allait passer d’une vie sans la moindre contrainte, à une organisation stricte.
« Je… » commença Otsumi, pensive. « Ce ne sera pas les horaires que vous avez proposées… J’ai dans l’intention de fermer mon magasin à partir de 20h… et… je suis certaine qu’il y aura du travail encore après… Alors… Je doute être disponible avant 21h une fois mon magasin sera ouvert au public… A part le mercredi… qui sera mon jour de fermeture hebdomadaire. » Elle se gratta l’arrière de la tête, nerveuse, avant de s’incliner, se doutant qu’elle devenait un problème pour l’organisation de sa sempai. « Je suis désolée de vous causer autant d’inconvénients. »
Elle se gratta l’arrière de la nuque, gênée. La Japonaise avait l’impression d’être une véritable source de désagréments pour l’autre Lycane, lui posant déjà des contraintes alors que c’était Kahoru qui lui avait gentiment proposé de s’entraîner ensemble, lui offrant alors de son précieux temps. Elle s’en voulait d’être compliquée à ce point… Il lui fallait alors trouver une solution, car c’était non pas la plus âgée, mais la plus jeune qui posait problème.
« Cependant… D’ici que j’obtienne l’autorisation pour ouvrir le magasin, je serai disponible pour ces jours et horaires. »
Et elle doutait que cela allait être effectif avant plusieurs semaines… Otsumi n’avait aucune connaissance quant à l’administration américaine pour ce qui était de l’organisation commerciale, mais elle se doutait que cela ne se fasse pas en un claquement de doigts. Bien qu’elle avait entamé les procédures peu après sont arrivée à Los Angeles, elle serait fort surprise si elle était dans la capacité légale de créer son magasin avant au moins deux autres mois, si ce n’était davantage.
« Souhaitez-vous un entraînement sous nos formes humaines, lycanes ou lupines ? Je peux me battre sous chacune de celles-ci alors… A votre convenance ? » ajouta-t-elle en passant de nouveau sa main sur sa nuque, dans un geste trahissant sa nervosité. Elle n’avait aucun désir d’être un poids pour l’autre Lycane, bien que le sentiment de l’instant présent était tout à l’opposé. « D’ailleurs… voudriez-vous commencer un combat amical aujourd’hui ? Si vous n’êtes pas occupée ou pressée… bien entendu… »
Otsumi défit les bandages autour de ses avant-bras, puis les enveloppa de nouveau, les réajustant ainsi par ce geste. L’échauffement était primordial et maintenant qu’elles étaient en pleine discussion depuis plusieurs minutes, il allait être important de procéder à de nouveaux étirements. Enfin… Si Koharu était partante pour pratiquer quelques rounds avec sa jeune consœur, dans un combat des plus innocents, sans force réelle, notamment pour juger des capacités l’une de l’autre. Elles verront au fur et à mesure la dose de puissance qu’il leur faudra ajuster, testant les limites l’une de l’autre, les repoussant au fil de leurs entraînements en duo. La Japonaise gardait sa capuche coiffée sur sa tête, dissimulant sa tignasse sombre, tout autant qu’elle assombrissait à la vue son regard bleu glace. Une couleur bien rare pour une asiatique, surtout si le sang était nippon depuis déjà plusieurs générations.
« Je vous laisserai décider également si vous souhaitez débuter par un simple échauffement, ou si un combat sans limites vous tenterait davantage. »
Plutôt satisfaite de constater que cela convenait à ta comparse japonaise. Tu ne cessais de sourire alors que tu envisageais déjà de mettre en place ton planning. Toi qui appréciais la compagnie, tu n’allais plus être seule pour t’entraîner. Et à la vue de la puissance des coups de la louve, celle-ci semblait assez puissante pour pouvoir être un défi pour toi. Tandis que tu étais en train de mettre en place le tout sur ton agenda numérique, tu fus stoppée en entendant les propos de la lycane. Elle n’avait pas tort... Cela risquait d’être un peu plus problématique si elle avait l’intention de fermer son magasin aussi tard. 21 heures tout de même... À cette heure-ci, en règle générale, tu avais tes cours d’arts martiaux. En y réfléchissant, tu cherchais un moyen de t’adapter.
« Concernant le dimanche, je n’ai aucune obligation le soir. Donc cela ne me dérange pas du tout. Du coup, je préférerais que vous puissiez profiter de votre seule journée de repos le mercredi. Nous pourrions déplacer l’entraînement le mardi soir à partir de 21h30-22h ? Pour que vous ayez le temps de terminer ? Cela vous conviendrait ? »
Chaque problème avait ses solutions de toute évidence. Et la suite des réponses de la louve te fit comprendre qu’il y avait encore un petit temps avant que cela ne soit véritablement effectif. Mais il valait mieux prévenir que guérir. Tu n’appréciais pas particulièrement de revoir ton agenda... C’était le désavantage d’avoir une vie aussi bien remplie, tu n’avais que peu de temps pour toi. Bien que chaque entraînement n’était pas tant chronométré que cela. Tu pouvais aussi annuler quelques heures de salle de sport. Tes cours de combat par contre eux... Ne pouvaient être annulés qu’en cas d’extrême nécessité. Tu avais déjà fait des exceptions, car tu avais eu des déplacements après tout. Toutefois, le sujet des horaires étant enfin clos. Tu fronçais les sourcils à sa demande concernant l’objet de l’entraînement. Otsumi n’avait pas tort. Il fallait aussi définir cela... Réfléchissant un instant, tu inclinais délicatement la tête avant de glousser doucement.
« En ce qui me concerne, je suis beaucoup plus à l'aise pour le combat sous forme humaine. La forme lupine ne me sert principalement que pour mes balades et la détente, tandis que la lycane... J’essaie de l’éviter au maximum. Mais je pense que ce sera une bonne idée que je me penche un peu plus dessus. Sait-on jamais par les temps qui courent. »
Un petit rire s’échappant finalement de tes lippes tandis que tu étirais doucement tes muscles avant de sautiller un peu sur place. Tu venais d’arriver à la salle donc... Il était mieux d’y aller en douceur non ? Acquiesçant d’un petit hochement de tête. Tu commençais tes étirements en continuant de la regarder.
« Je pense que nous ferions mieux d’y aller en douceur pour les débuts. Non pas que je sois impatiente de connaître vos talents, mais il serait mieux d’éviter que l’on se blesse dès notre première rencontre, vous ne pensez pas ? Cela pourrait donner un mauvais avant-goût. »
Une légère taquinerie alors que tu craquais ta nuque d’un geste assez précis. Regardant le fameux sac de sable, tu laissais un petit soupir franchir la barrière de tes lippes. L’envie de te plaindre concernant la qualité du matériel était assez vigoureuse... Mais tu ne pouvais véritablement en vouloir au gérant qui tentait de s’adapter. Il restait un humain après tout.
« Allons prendre position. Peut-être que dans le feu de l’action, nous pourrons nous permettre d’y aller un peu plus sévèrement. »
Toujours tout sourire, tu venais à faire un geste de tête pour que la demoiselle te suive jusqu’au fameux lieu dédié pour les combats. Tu sortais de ta poche, les bandages nécessaires pour protéger les extrémités de tes mains. Dans le fond, tu étais toute excitée. Tu aimais bien l’adrénaline du combat. Reste à savoir si toi et la louve alliez vous entendre sur ce fait... Si l’amusement n’était pas mutuel, à quoi bon ?
Il était certes plus évident de s’organiser directement en fonction des futures horaires de disponibilités de la plus jeune Lycane, afin que les deux Japonaises puissent installer un rythme quant à leurs entraînements. Ainsi, leur organisation n’en sera que facilitée.
« Concernant le dimanche, je n’ai aucune obligation le soir. Donc cela ne me dérange pas du tout. Du coup, je préférerais que vous puissiez profiter de votre seule journée de repos le mercredi. Nous pourrions déplacer l’entraînement le mardi soir à partir de 21h30-22h ? Pour que vous ayez le temps de terminer ? Cela vous conviendrait ? » « Oui. Je vous remercie de votre compréhension. » dit Otsumi en s’inclinant de nouveau avec respect devant Koharu.
Voilà qui était scellé, les deux femmes ayant trouvé un terrain d’entente afin de pouvoir se rencontrer de façon régulière et de s’entraîner mutuellement et ensemble. Des combats à la fois pour conserver leur fougue guerrière et pour se donner conseils et apprentissages, que demander de plus ? Il n’y avait qu’une seule chose : la forme sous laquelle elles allaient se battre. Si la plus jeune souhaitait être capable de se défendre, de protéger, sous son apparence la plus faible des trois, elle ne souhaitait en aucun cas négliger la plus destructrice et bestiale.
« En ce qui me concerne, je suis beaucoup plus à l'aise pour le combat sous forme humaine. La forme lupine ne me sert principalement que pour mes balades et la détente, tandis que la lycane... J’essaie de l’éviter au maximum. Mais je pense que ce sera une bonne idée que je me penche un peu plus dessus. Sait-on jamais par les temps qui courent. » « Je ne peux qu’être d’accord avec vous. »
Otsumi non plus ne privilégiait pas sa forme hybride, n’en usant que lorsqu’elle était absolument nécessaire. Elle avait livré bons nombres de combats en étant une simple humaine, si l’on pouvait le dire ainsi avec ses gênes et capacités de Lycane, mais n’était pas dupe. Il était indispensable de savoir manier l’art guerrier… par les temps qui courent ? Elle ne pourrait acquiescer sur ce point, car selon la jeune Japonaise, il n’y avait pas de temps plus ou moins approprié pour la guerre, elle n’était que latente, mais toujours bien présente. Il suffisait d’une étincelle pour raviver la flamme de l’hostilité, et celle-ci n’attendait qu’un coup de pouce pour s’allumer. L’Humanité dans son entièreté sciait la branche sur laquelle elle était assise avec tant de ferveur que les tendances suicidaires de la brune aux yeux de glace faisaient bien pâle figure dans l’histoire des Hommes. C'était d'ailleurs pour cela qu'elle appréciait grandement elle aussi de passer des nuits sous sa forme la plus animale, profitant de la douceur du vent dans sa fourrure, respirant le parfum nocturne qu'offrait la Lune et la forêt dans laquelle elle pouvait se réfugier en toute quiétude. Si elle pouvait passer sa vie en tant que Louve... Mais il lui était impossible de vivre de la sorte. Elle ne souhaitait pas renier sa nature Lycane, et donc embrassait pleinement chacune de ses apparences.
« Je pense que nous ferions mieux d’y aller en douceur pour les débuts. Non pas que je sois impatiente de connaître vos talents, mais il serait mieux d’éviter que l’on se blesse dès notre première rencontre, vous ne pensez pas ? Cela pourrait donner un mauvais avant-goût. »
La jeune guerrière approuvait ce choix. D’autant plus qu’un accident était si vite arrivait si l’on omettait de s’échauffer les muscles et l’esprit. L’art du combat n’était pas qu’une question de muscles, mais aussi de cerveau, et être en pleine possession de ses moyens était la meilleure méthode pour en tirer un maximum de profit.
« Allons prendre position. Peut-être que dans le feu de l’action, nous pourrons nous permettre d’y aller un peu plus sévèrement. » « Je vous suis. »
Elles prirent toutes deux place sur le ring, la place étant suffisamment vide pour leur permettre d’être à leur aise. Otsumi ajusta les bandages à ses avant-bras, poignets et mains, puis sa capuche, la gardant sur sa tête, cachant une partie de son visage en même temps que sa chevelure sombre dont on pouvait apercevoir quelques mèches. Non pas qu’elle avait honte de son faciès, ou qu’elle souhaitait conserver un quelconque anonymat, mais elle aimait être en paix. Et il était bien rare que quelqu’un vienne importuner une personne qui dissimulait son visage.
Elle se mit en position pour débuter le combat, son style étant visible quant à sa posture. Elle avait un appui solide sur ses jambes, pour maintenir son équilibre, et levait ses poings en garde au niveau de son visage. Sa respiration prenait un rythme lent et régulier, signe de sa concentration, et elle perdit toute expression faciale, adoptant une attitude des plus neutres. Contrairement à ses habitudes, ce fut elle qui engagea le combat. D’ordinaire, elle ne lançait jamais l’assaut elle-même, mais Otsumi n’avait aucune envie de faire perdre son temps à sa comparse, alors elle avait jugé plus respectueux de porter le premier coup. Elle n’était pas d’une agressivité brutale, mais réfléchie, maintenant sa garde et était capable de feintes. Son équilibre était stable, solide, mais manquait parfois de souplesse, elle devait bien le reconnaître. C’était là l’un de ses points faibles, étant quelqu’un qui acceptait d’encaisser et de parer les coups plutôt qu’esquiver. Lorsqu’elle le faisait, c’était davantage pour éviter de se fatiguer et donc, contre un adversaire qui n’était pas sérieux ou posé. Sa puissance se trouvait largement dans ses poings, ses coups partant de ses épaules afin d’approfondir sa force, et sa meilleure frappe résidait dans son poing gauche, un crochet dans lequel tout son bras, depuis son épaule, était lancé. Son côté gauche était plus souple et combattif que le droit, qui lui servait davantage de parade et démontrait une résistance plus accrue. Elle était sans aucun doute plus rigide que Koharu, mais ne manquait pas de jeu de jambes non plus, bien que celui-ci lui servait principalement à garder son équilibre plutôt qu’à se battre de façon offensive. La jeune Lycane restait totalement concentrée dans ce combat amical, ne changeant nullement d’expression, à aucun moment, conservant une neutralité à toute épreuve, même lorsqu’elle était frappée et subissait des coups qui la faisaient vaciller. Elle espérait que ses propres coups impressionnaient son adversaire du jour, et qu’elle était à la hauteur de la plus âgée. Elle ne serait pas étonnée si ce ne serait guère le cas, ayant la moitié de l’âge de l’autre Lycane, et donc, sans aucun doute d’expérience, autant dans la vie que dans l’art des guerriers.
Un temps incertain passa, avant qu’il ne faille cesser le combat, quelques gouttes de sang commençant à perler sur le sol, bien qu’Otsumi était restée impassible lorsqu’elle fut blessée. Elle s’inclina, respectueusement, afin de remercier silencieusement pour cet entraînement. La plus jeune s’était un peu lâchée, n’ayant craint à aucun moment de lui infliger de sévères blessures, mais ne souhaitant tout de même aucunement s’épuiser, elle avait retenu la puissance de ses coups. Ce dont une Louve de l’expérience de Koharu se rendrait compte sans le moindre doute.
« Ce fut très instructif. Je vous remercie de m’avoir permis de vous affronter, Koharu-san. »
Le but de la manœuvre était un rapprochement amical entre toi et la lycane. S’entraîner avec une personne de la même nature que soi avait un effet bénéfique. Certes, tu te doutais que la louve fût plus jeune que toi et tu avais bien conscience que cette différence d’âge allait certainement être à ton avantage. Mais tu restais modeste, tu n’étais guère à l’abri d’une surprise. Tu connaissais tes points faibles et là où tu excellais. Suite à la précédente conversation, tu avais pu apprendre que la lycane en face de toi était plus forte là où tu demeurais plus faible. Ainsi, ce combat allait être un véritable partage entre deux styles bien différents, mais n’était-ce pas là toute la beauté d’un combat bien réussi ?
Te rendant sur le ring, tu échauffais doucement tes muscles après avoir bien replacé tes bandes et bien attacher tes cheveux afin de ne pas être gênée pendant tes enchaînements. Observant les enchaînements de ta comparse, ses coups étaient fluides, assurés et puissants. Néanmoins, comme elle l’avait dit précédemment, la base de ses coups étaient donc situé au niveau des bras et du torse. Contrairement à toi qui avais un véritable équilibre basé uniquement sur tes jambes. Tu étais flexible, souple et puissante dans tes coups de pieds. Il faut le dire, ce combat fut presque artistique à tes yeux. La louve avait une façon assez impressionnante d’enchaîner les coups, elle avait plus tendance à encaisser les coups plutôt qu’à les esquiver. À la différence de toi qui parvenais à entraîner ses coups vers une direction pour mieux parer celui-ci. Le tout s’enchaînant dans une harmonie qui fit même s’arrêter quelques personnes dans le simple but de te regarder toi et la lycane. Malgré tout, il s’agissait là d’une démonstration et aussi d’un test entre deux femmes puissantes. Tu eus l’occasion de démontrer toute la souplesse, la dextérité et l’équilibre que tu possédais. En contrepartie, Otsumi put te montrer la force brute, la précision et surtout... sa puissance de frappe. Indéniablement, même si elle demeurait plus jeune, elle avait certaines choses à t’apprendre et vice-versa.
Ne décrochant pas du combat, ne te laissant guère distraire par le petit attroupement qui s’était créé pour observer les deux lycans que vous demeuriez en plein combat amical... Tu ne décrochais pas ce petit sourire satisfait de ton visage. Autant le dire, tu passais un très bon moment. Même si certains coups ne t’étaient pas particulièrement agréables. Mais une bataille sans blessure en était-elle vraiment une ? Selon toi, non. Il ne s’agirait là que d’un simulacre si aucun coup n’était effectué pour apporter son lot de douleur.
Néanmoins, toutes les bonnes choses ont une fin. Et le combat vint à prendre fin avec de la sueur et aussi un peu de sang. Passant ton avant-bras sur ton front et ton pouce sur tes lippes, tu vins finalement à t’incliner respectueusement à ton tour en faisant un grand sourire.
« Merci à vous Otsumi-san. C’était particulièrement impressionnant, je suis admirative de votre crochet. »
Laissant échapper un petit soupir de fatigue, tu t’étirais longuement avant de regarder ta montre à ton poignet. Faisant une petite grimace, tu mordillais légèrement ta lèvre avant de t’incliner de nouveau pour présenter tes excuses à la louve.
« Je suis navrée, mais je vais devoir me retirer, Otsumi-san. Je crains m’être laissé trop emporté par le combat, je risque d’être en retard à un rendez-vous. En-tout-cas, je vous remercie pour cet échange. Tenez. »
Tu vins finalement à sortir une carte de visite que tu tendis à deux mains à la louve, la laissant prendre le carton plastifié, tu fis un petit rictus désolé. Elle pouvait y lire ton numéro de téléphone personnel.
« N’hésitez pas à m’envoyer un message pour que je puisse vous recontacter. Ce fut très plaisant en tout cas, j’ai beaucoup appris de ce combat amical. J’espère que nous aurons l’occasion de nous perfectionner ensemble. »
Attendant la réponse de la louve, une fois celle-ci obtenue, tu vins à te diriger vers les vestiaires. Prenant une bonne douche, mais assez rapidement afin de ne pas être véritablement en retard à ce rendez-vous particulièrement important. Tu savais que ton manager risquerait de te tirer les joues si tu n’y étais pas à l’heure demandée. Mais cette rencontre t’avait fait le plus grand bien et tu espérais que la louve accepterait véritablement de garder le contact.
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