I’ve tried to make this life my own, to find myself, I’ve searched alone. To let love go and let it in, I found it burning like a sin. I’ve worked it out, but learned it hard, it’s sad inside and life is out. Till I won’t settle down and watch either way.
Hallstein Thorgard & Azalja Galarza Whitted
- ¡Qué mierda!
Azalja se laissa tomber assise sur le bord de son lit, soupirant avec tout le dramatisme dont elle était capable. Son regard noisette était rivé sur sa penderie grande ouverte, offrant une vue entière sur toutes les tenues de la Mexicano-Américaine. Il était totalement inutile de fixer ainsi le contenu de son placard puisqu’aucune robe de soirée n’allait magiquement apparaître sous ses yeux. Pourtant, c’était justement ce que son regard de Bambi espérait à cet instant en fixant la penderie qui n’était pas spécialement richement remplie. Azalja était une femme beaucoup trop simple pour s’encombrer de 40 tenues différentes quand elle préférait largement un bon bikini pour aller étudier le fond des mers en bonne chercheuse en biologie marine qu’elle était.
Malheureusement, soupirer comme si c’était la fin du monde et observer son placard en silence n’allait pas résoudre son problème. Il lui fallait une tenue pour le gala de ce soir. Azalja n’était, de base, pas fan de ces événements et encore moins puiqu’au tout dernier, elle avait été agressée par deux Enragés qui l’avaient transformée avant de la laisser agoniser et passer pour morte dans une ruelle sombre. Jusqu’ici, Caltech avait laissé Azalja sauter les galas, conscient du traumatisme subi. Mais voilà, si on lui avait fichu la paix pendant à peu près un an, l’université estimait qu’il était temps pour leur plus prestigieuse scientifique de refaire son apparition dans les événements publics. Il semblait que, quand on était financée par des donations faites par de richissimes personnes (dont elle ne s'embêtait généralement pas à retenir les noms) et qu’on obtenait une récompense pour lesdites recherches, il était de considéré plus poli de se pointer au moins à la remise de prix et remercier ces dits richissimes donateurs. Azalja n’avait jamais compris. C’était son cerveau qui était à l’origine de ces découvertes, pas son derrière et sa poitrine joliment emballés dans une robe qu’elle ne porterait probablement qu’une seule fois ! Mais, la société est telle qu’elle est. Alors, Azalja prit sur elle-même. Sans ce genre de gala pompeux, elle ne serait pas capable de faire ces recherches. Elle se leva, enfila une tenue simple et prit le volant.
Dans sa voiture, elle avait décidé de mettre la musique à fond, sur une playlist qui s’appelait “Good vibes”. Bon, elle espérait que ça la mettrait un peu plus de bonne humeur parce que jusqu’ici, le temps était aussi maussade qu’elle. Une orage se préparait rendant l’air humide et lourd. Le soleil était si bien caché par les gros nuages sombres qu’elle fut même forcée de mettre ses phares. Ouuuuh… qu’elle n’aimait pas ce genre de temps qui lui faisait beaucoup trop penser à la nuit. Mais c’était trop tard pour faire marche arrière puisqu’Azalja entrait déjà sur le parking tout en chantant les chansons qui en effet, donnaient de good vibes :
- I'm walking on sunshine, wooooooah ! I'm walking on sunshine, woooah And don't it feel good!
Marquant le tempo de la chanson contre son volant à l’aide de son index, elle trouva enfin une place et entreprit de se garer en marche arrière. Personne n’arrivait, parfait.
- And I don't want to spend my whole life, just waiting for you. Now I don't want u back for the weekend. Not back for a day, no no nooooooo. I said baby I just wa
BAM.
Azalja sursauta et pila net. Elle venait de percuter quelque chose en reculant pourtant bien parallèlement entre les lignes. Elle ouvrit sa portière et descendit de son pick-up qui lui donnait l’air encore plus petite qu’elle ne l’était. Elle remarqua alors un homme, allongé sur le goudron, à la carrure absolument impressionnante. Il y a des gens, comme ça, qu’on ne voudrait pas voir en maillot de bain. Mais lui… ça devait être un sacré spectacle.
- Monsieur ? Monsieur, ça va ?! s’écria-t-elle en s’agenouillant auprès de lui.
Bon, il avait l’air en vie et il avait l’air de posséder ses quatre membres, c’était déjà un bon début.
Un sans-abri, voilà ce qui le décrivait à l’instant. Mais pour sa défense, il était le sans-abri le plus class de tout Los Angeles! L’envie de se construire un Drakkar et repartir vers sa terre natale était tentante, surtout en considérant qu’il passait la majorité de son temps à devoir se cacher du soleil en l’absence d’un domicile… Mais le Viking ne perdait pas le moral! Il était ici pour son peuple et en bon Jarl, il était dévoué à l’apprentissage de cette époque. Il avait déjà appris plusieurs choses! Les femmes premièrement étaient bien moins serviables, comme si elles s’étaient fait pousser une paire de couilles. Ho, il connaissait de nombreuses guerrières au bouclier de son époque à la fierté implacable! Mais aujourd’hui, c’était différent… Elles se caractérisaient souvent par leur intelligence.
Étrange époque que c’était… Mais voilà que le ciel se couvrait de nuage, enfin! Des nuages épais, sombres, à la limite de l’orage… Le type d’ambiance dans laquelle l’homme adorait naviguer en priant les Dieux d’épargner son périple! Sortant de la ruelle qui lui servait de couverture face au soleil, il commençait à marcher dans le stationnement qui le mènerait au centre d’achat. Sa bénédiction lui offrait de nombreux avantages, comme le fait de n’avoir besoin que de dormir trois heures par jour. Il entendait un grondement dans le ciel et alors qu’il redressait la tête, inattentif à son environnement, il fut confronté à l’un des adversaires les plus redoutables qui aient croisé sa route… L’une de ces choses qui étaient appelées une voiture… Faite de métal, lourde, imposante… Elle le bousculait au sol et à l’impact, il tombait sur le côté, tombant sur la hanche, avant de rouler sur le dos.
-ARGGGG!
Sa tête heurtait le sol, un léger saignement se dégageant de la blessure près de son oreille et il fermait alors les yeux, étourdis et surpris. Un bourdonnement était audible dans ses oreilles, le sommeil le gagnait, profond, lent… NON! Se redressant d’un seul coup, contractant les abdominaux, il prenait la position assise sur le sol et clignait des yeux en regardant autour de lui. Non, il n’allait pas rejoindre Odin aussi lâchement! Il devait acheter son passage vers le Valhalla, prouver sa valeur! Une femme était à ses côtés, il l’observait alors pendant un moment, encore paumés et se redressait sur ses jambes d’un seul bond en pointant le véhicule,
-Attention! Cela doit être l’œuvre de Loki! Il se joue encore de nous!
Récupérant son sac à dos abîmé sur le sol, il le soulevait et positionnait devant lui tel un bouclier et relevait un bras pour garder la femme derrière lui… Normalement, ces trucs étaient dirigés par des hommes ou des femmes… Mais ce véhicule semblait vide, étrange! Quelle était cette sorcellerie! Donnant un léger coup de poing sur la lumière arrière du véhicule, il fronçait les sourcils en demandant,
-Êtes-vous blessé?
Parce qu’en parlant de blessure, merci à sa guérison accélérée… La blessure à sa tête était déjà guéris et si il pensait avoir une ecchymose à cette collision, le Viking pouvait rêver, il ne conserverait aucune blessure de guerre.
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Hallstein Thorgard & Azalja Galarza Whitted
Noooon. Alors qu’elle tentait de prendre sur elle-même et de faire avec cette journée déplaisante, elle avait percuté un SDF. Le cœur d’Azaja battait la chamade et son estomac se tordait d’inquiétude. Elle espérait ne pas avoir trop abîmé l’homme… à peine fut-elle à ses côtés que ce dernier roula sur le dos et sauta sur ses pieds comme elle l’avait si souvent vu dans les films d’action de sa jeunesse. Beaucoup trop rapidement pour notre lycane bien trop occupée à observer le sang sur la tempe du blond et à paniquer intérieurement. Ce dernier s’interposa alors entre la voiture et elle, parlant de l'œuvre de Loki. Loki ? Merde. Elle avait sacrément dû l’amocher. Son cerveau tentait de fonctionner à toute allure, essayant de se souvenir des premiers gestes de secours. Qu’est ce que c’était que ce test en cas de commotion cérébrale ? Mais alors qu’elle essayait de s’en souvenir elle fut stoppée dans sa réflexion par ce blond visiblement très perturbé mentalement qui assénait un coup à sa Chevrolet.
- Eeeeeeh ! s’écria-t-elle en s’interposant entre son véhicule et le SDF.
Elle se tourna vers lui, ses mains en l’air en geste de calme. Son cœur battait toujours aussi vite sous l’action de l’adrénaline. Elle sentait d’ailleurs chacun de ses muscles se crisper d’une manière déplaisante, comme si on venait d’injecter de l’acide dans ses veines. Comme si elle allait se transfor… OH NON. Non non non non pas maintenant ! Non, elle ne pouvait pas se transformer en monstre poilu au milieu du parking ! Elle tenta d’inspirer profondément et de retrouver son calme, comme Gabriel lui avait si souvent expliqué. Faire le vide au sein de son esprit, dans ses pensées, inspirer, expirer. Azalja ferma ses grands yeux noisettes laissant sa poitrine se gonfler d’air. Elle expira longuement, puis rouvrit les yeux, portant son attention sur le SDF. Il n’avait franchement pas l’air… d’avoir toute sa tête, mais le choc n’avait pas été violent au point de lui faire perdre autant de neurones, non ?...
Rapidement, la scientifique ouvrit la portière arrière de sa voiture et saisit l’immense main de cet étrange personnage qu’elle fit asseoir sur le siège passager.
- Monsieur, s'il vous plaît, asseyez vous. Tout va bien. Je suis désolée je ne vous avais pas vu en reculant… vous… vous avez mal quelque part ?...
Après tout, peut-être était-il totalement déshydraté ou en hypoglycémie ? Ou alors, totalement stone. Sans vraiment prendre le temps de lui demander son avis, elle observa alors le front du blond et posa ses doigts fins sur la peau de l’homme. Le sang est déjà sec et… outre cette coulure de sang séchée, il ne semblait même pas blessé. AH voilà qui changeait la donne.
Voilà que la dame défendait ce monstre mécanique?! Bon d’accord, il avait compris qu’il s’agissait d’une voiture, enfin, un véhicule de transport… Mais celui-ci l’avait percuté! Il considérait donc désormais celui-ci comme un ennemi à abattre, même si cela lui détruisait les poings! Se tournant vers lui, la dame relevait les mains en signe d’innocence et cela faisait hausser les sourcils de l’homme. Le Viking abaissait ses propres poings et reprenait alors une posture décontractée, plutôt intrigué. Pourquoi les gens faisaient toujours cela, montrez leurs mains pour apaiser les conflits? C’était une coutume étrange et particulière en considérant qu’un bon coup de tête était souvent plus dangereux qu’un coup de poing. Non, le blond ne se laissait pas leurrer, mais attendait avec une certaine impatience. Il avait bien remarqué les grandes inspirations chez la jeune femme, il s’empressait donc de lui demander,
-Tu as de la difficulté à respirer? Ça va?
HA! Elle ouvrait de nouveau les yeux, lui attrapait la main et l’attirait dans l’antre de la bête! Pas con! Il gagnerait contre cette dernière s’il était en elle au lieu de frapper sur la carrosserie! Curieux, il observait alors l’intérieur de la voiture, son regard voltigeant d’un lieu à un autre… Fixant le truc rond devant un siège… Le tableau de bord avec des écrans éteints… Haussant les sourcils, son attention était de nouveau attirée vers la jeune femme lorsqu’elle avouait l’avoir frappé en reculant… Si certains avaient été en colère, choquée ou de mauvaise compagnie… Hallstein se contentait alors de prendre un air rassuré et de rire en soufflant,
-HA! Ce n’est que ça? J’ai cru que ce truc avait bougé de lui-même par je ne sais quelles sorcellerie ou farce de Loki. En tout cas, c’est efficace comme technique d’impact!
Il échappait un grand rire amusé, toutes ses blessures maintenant refermées. Avait-il mal quelque part? Non, aucunement! Mais il commençait à envisager comme entraînement de demander à des personnes possédant des véhicules de lui foncer dessus. Ou non, encore mieux, tirer des véhicules avec une corde! Son imaginaire se faisait aller, avant qu’il ne souffle vers la mine inquiète,
-Tout va bien, je suis un solide gaillard!
Mais alors que son regard se penchait vers ses vêtements souillés de saleté à quelques endroits, d’un peu de sang et que le chandail avait un trou au niveau du flanc, il grimaçait en soufflant,
-Je vais devoir retourner dans le magasin par contre… On m’a raconté que pour trouver un travail, il fallait être bien habillé…
Un grondement du ciel des plus audibles résonnait. Relevant la tête vers le ciel, le Viking haussait les sourcils. Thor était en colère… Mieux valait se mettre à l’abri! Sautant sur ses pieds en bas du véhicule, le Viking tendait sa grande main vers la jeune femme et soufflait,
-Hallstein! C’est quoi ton nom? Je te conseille de rentrer te mettre à l’abri, avant qu’on ne soit inondé.
Il attendait sa réponse, puis la guidait vers l’intérieur du centre commercial. La dominant de par sa grandeur et stature… Mais le Viking pouvait parfois se montrer gentleman, alors qu’il ouvrait les portes à cette dernière. Il restait après tout bien élevé, sa mère n’avait pas complètement échoué sur son éducation.
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Hallstein Thorgard & Azalja Galarza Whitted
Les exercices de respirations d’Azalja furent remarqués par l’imposant blond qui lui demanda si elle allait bien. Elle ignora volontairement la question de l’homme, pour la simple et bonne raison que, désormais calmée, elle se souciait bien plus de la santé de celui qu’elle venait de percuter avec sa voiture.
Elle l’attira à l’intérieur du véhicule pour lui permettre de s’asseoir en cas de sévère commotion cérébrale (ce qui, vu ses paroles, était toujours un diagnostic totalement plausible aux yeux de la biologiste).
- Ah non non. Ça m’arrive d’oublier le frein à main mais… non non, pas aujourd’hui.
Assit dans son véhicule, Azalja observait la plaie totalement refermée du SDF. De plus, elle pouvait presque sentir, au fond de ses tripes, que l’homme était différent. Une odeur différente, qu’elle avait au début mit sur le compte du fait qu’il n’avait pas l’air extrêmement… propre, disons. Mais maintenant que ses propres émotions étaient calmées et que l’homme montrait des capacités évidentes de guérison, Azalja était pleinement en mesure de comprendre que l’homme n’était pas un être humain, mais un vampire. Ce dernier lui confirma être solide, ce qui la fit sourire pour la première fois. Un vrai sourire, doux, amusé. A cet instant, elle aurait pu se mettre à genoux, sortir un chapelet et prier pour remercier Dieu d’avoir percuté un vampire SDF et non un être humain à qui elle aurait pu causer de sévères blessures. Elle suivit le regard de l’homme sur ses vêtements troués et souillés et apprit alors qu’il cherchait un emploi. Mais avant qu’elle ne puisse répondre quoi que ce soit, un grondement de tonnerre retentit, lui coupant l’herbe sous le pied. Le regard chocolat d’Azalja se leva vers le ciel rendu presque noir par les gros nuages menaçants. S’en était bien assez pour sa phobie de la nuit. Le coeur de la jeune lycanne se mit à tambourinner dans sa poitrine alors qu’elle restait là, figée, incapable de bouger, à observer ce ciel qui la glaçait sur place.
- Oh euh… enchanté. Azalja, répondit-elle pensivement, les yeux toujours rivés avec anxiété sur le ciel.
Heureusement, l’homme fut nettement plus réactif qu’elle et l’entraîna vers le magasin, laissant tout juste assez de temps à Azalja pour fermer la portière et verrouiller sa voiture. Elle entra à la suite du SDF dont elle salua intérieurement les bonnes manières. Une fois à l’intérieur, la pluie s’abattit en trombe sur le parking. Eux, étaient à l'abri, dans le centre commercial largement éclairé par tous les néons qui aurait pu être aveuglant pour toute personne, mais qui, pour Azalja, étaient extrêmement rassurants. Elle se tourna à nouveau vers le géant, tournant le dos à la tempête extérieure.
- Hallchteïn, c’est cela ?... Écoutez, c’est de ma faute si vos vêtements sont arrivés à leur expiration. Laissez moi m’excuser en vous achetant une tenue. J’insiste.
On aurait pu apparenter cela à de la pitié ou de la culpabilité, mais c’était en vérité l’acte d’une profonde gentillesse. Azalja avait été élevée dans les grands principes catholiques de toujours tendre la main vers son prochain et que, même si aujourd’hui elle doutait fortement de la religion dans laquelle elle avait été élevée, elle continuait d’appliquer cette morale au quotidien.
- Et puis, si vous cherchez un travail, autant choisir une bonne tenue, non ? Je ne suis pas la meilleure styliste, mais… enfin… je peux vous aider, si vous voulez des conseils. Vous cherchez un travail dans quelle branche ?
La peur de la colère des Dieux semblait présente chez la jeune femme. Le Viking ne pouvait que reconnaître cette crainte, car Thor et Odin pouvaient être violents lorsqu’il se déchainait à travers les tempêtes. Toutefois, il ne faisait aucun commentaire. Parce qu’après tout, c’était une peur des plus normales à posséder! À un point, qu’il pouvait être empathique face à sa réaction. Voilà pourquoi il avait pris les devants, la tirant à l’intérieur du commerce en lui laissant à peine le temps de refermer cette machine infernale. Ils arrivèrent juste à temps, car à peine la porte s’était refermée derrière-lui, qu’un grondement profond résonnait, suivi d’un éclair et d’une pluie torrentielle. Ouf! Ils avaient passé prêts de terminer à la douche sans le désirer! Posant les poings sur les hanches avec satisfaction, il souriait alors comme un débile en fixant le commerce. Bon… Plus qu’à trouver des vêtements maintenant! Son attention était alors attirée sur sa droite, vers sa nouvelle amie. Son lourd accent nordique compliquait la compréhension de son nom, mais il hochait la tête, peu difficile en terme de prononciation,
-C’est cela, Hallstein! Ho? Tu sais, mes vêtements avaient déjà plusieurs trous, ce n’est pas la peine…
Mais elle insistait… L’homme haussait alors les épaules et avouait sans malice,
-Si tu insistes… C’est d’accord! Je n’aurais pas besoin d’utiliser mes yeux magiques, c’est peut-être mieux comme ça.
L’hypnose… Voilà comment il survivait depuis son arrivée. Abusant de cette capacité pour obtenir ce qu’il désirait. Vêtement, sang, nourriture, sac à dos, savon… Jamais dans un élan de malice, mais uniquement pour survivre. Mais la société était responsable de ce comportement! Car si les autorités lui avaient laissé construire sa maison en bois comme il l’avait demandé, il se serait débrouillé seul de son côté et serait devenu indépendant du système économique. Mais il commençait à comprendre le monde. Superficiel, faux, espiègle… Tout cela pour que les grandes têtes aient le plus de profit! Ce qui était complètement stupide, car le partage de ressource offrirait de meilleures options dans le développement de leur peuple. Mais enfin, le Jarl savait qu’il n’aurait aucun pouvoir présentement pour faire changer les choses, ou s’y adapter… Car après tout, il avait entrepris le voyage aux États-Unis pour comprendre le Nouveau Monde à la demande de son peuple. Mais voilà qu’une question pertinente lui était posée! Haussant les sourcils, le Viking prenait un air pensif et soufflait alors, incertain,
-Et bien… Je ne sais pas trop… Dans mon pays, je suis Jarl et constructeur de Drakkar! Navigateur d’embarcation à voile également… Sinon, je suis très habillée au combat… De mes mains et pour manipuler le bois. Mais de ce que je comprends, il y a peu de travail dans ce domaine.
Il haussait les sourcils, avant d’approcher d’une vitrine d’une boutique de vêtement propre. Pointant un costume avec cravate, il grimaçait alors,
-Ça j’ai essayé et je l’ai détruit en quelques heures… Il me faudrait des vêtements plus grand et solide! Qui ne déchirerait pas au moindre mouvement brusque de ma part. D’ailleurs, toi tu fais quoi comme travail?
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Hallstein Thorgard & Azalja Galarza Whitted
Alors qu’Azalja offrait à l’homme de financer ses nouveaux vêtements, ce dernier ne fut absolument pas difficile à convaincre. Après tout, vu son physique, c’était plus que nécessaire. Et puis, aider un SDF à refaire sa garde-robe pour trouver un travail, c’était bon pour le karma. Son abuela si profondément catholique, persuadée que sa petite fille irait brûler en Enfer pour être devenue un lycan serait heureuse d’entendre qu’Azalja gagnait quelques points en sa faveur.
- Vous en faîtes pas, je m’en occupe, répondit-elle sans être trop certaine de savoir ce qu’il appelait “ses yeux magiques”. Fait-il de l'œil à la caissière en utilisant son regard azur très très captivant ou usait-il de ses pouvoirs d’hypnose ? Cela dit, l’un dans l’autre, le résultat avait l’air d’être le même.
Oh, elle empêchait une pauvre innocente d’être manipulée. Aaah. Allez abuela, un point de plus pour Azalja qui s’éloigne des flammes de l’Enfer !
Elle lui avait alors demandé dans quel secteur l’homme cherchait un emploi et… honnêtement, la réponse apporta davantage de questions. Azalja sembla légèrement tiquer, son immense regard noisette observant cet homme des plus… peu commun, disons.
- Quel est votre pays ? Attendez, j’ai aucune idée de ce qu’un Jarl peut être comme type de métier. C’est quoi ? Un genre d’emploi contractuel ? Par contre, les Drakkar, se sont pas ces… gros bâteaux que les Viking utilisaient ?
Bateau. Ça, ça lui parlait. Ça lui parlait même très très bien. Ironiquement, son propre voilier avait été largement abîmé pendant la dernière tempête et les constructeurs actuels lui avaient tous conseillé de laisser tomber son voilier et d’opter pour un navire plus… moderne que la construction en bois. Azalja s’y refusait. Elle tenait à son voilier. Beaucoup trop pour le laisser tomber.
Néanmoins, pendant ce temps-là, l’homme avait commencé à observer une vitrine, montrant un costard cravate qu’il disait avoir détruit en quelques heures. Azalja arqua légèrement un sourcil.
- Parce que c’est pas vraiment fait pour faire des mouvements brusques. La plupart des hommes qui les portent font un métier assis, ou de bureau. Pourquoi vous ne vous dirigez pas plutôt sur des vêtements un peu plus solides ? De toute manière, si vous cherchez un boulot dans la navigation, vous allez pas franchement porter souvent ce genre de vêtements.
Elle fit quelques pas sur le côté pour lui montrer le magasin voisin. Moins élégant, mais disposant d’articles de sport et d’articles plus casual comme des jeans.
- Ça, ça conviendrait probablement mieux à votre vie de tous les jours.
Elle avait marqué une légère pause avant de répondre à sa question, cherchant ses mots. De toute évidence, cet homme à l’accent très prononcé venait d’une contrée lointaine et elle doutait qu’il saisisse son emploi si elle lui énonçait les termes techniques.
- Moi je suis biologiste maritime et océanographe. Ça veut dire que j’essaie de comprendre l’océan et de découvrir tout ce qui y vit. Avec la pollution, la pêche et les catastrophes naturelles, la mer est menacée, elle ne ressemble plus à ce qu’elle était et beaucoup d’espèces disparaissent. Mon travail c’est de la comprendre pour pouvoir la protéger.
Elle allait s’en occuper? Tout comme avec Grenat, le Viking avait un froncement de sourcils temporaire, orgueilleux et significatif de sa difficulté à accepter le fait qu’une femme le fasse vivre. Après tout, en Norvège, il était celui qui chassait, pêchait et protégeait leurs terres à coups de hache et bouclier. Il avait construit sa demeure de ses mains, piégé des animaux, récolté leurs fourrures pour habiller ses proches… L’hiver, il chassait la baleine pour sa graisser et coupée des arbres pour alimenter le feu. Il s’assurait que ceux qu’il aimait avait à manger, de quoi se vêtir et les protégeait au périple de sa vie. Qu’une femme paie pour lui était donc hors des concepts de sa compréhension, mais il comprenait une chose… Il n’avait pas d’argent et il avait appris ce concept. L’argent fait le monde.
-Je viens de Norvège! Eh oui, les Drakkars sont les navires que nous utilisons pour naviguer. Je suis constructeur de navire et j’ai moi-même construit ma maison sur mes terres. Un Jarl est le dirigeant d’un village, celui qui prend les décisions et négocie.
Oui parce que même les Vikings étaient capables de s’assoir et de discuter s’il le fallait. Même si bien souvent le tout se terminait en baston autour de la table et en fête pour Odin avec de l’hydromel pour conclure les négociations. Il observait le beau costume, enfin, le truc qui déchirait à rien et hochait la tête aux mots de sa comparse en ajoutant,
-Je ne crois pas pouvoir faire du travail de bureau. C’était inconfortable et je n’aime pas rester assis longtemps.
Alors qu’il se faisait diriger vers un magasin de sport et d’article moins chic, il haussait les sourcils en appréciant déjà plus le style. Tout comme les jeans et le t-shirt que Grenat lui avait payé, cela lui plaisait déjà plus au regard et cela semblait bien plus confortable. Pointant une tenue de sport, il venait agripper le tissu et l’étirait en hochant la tête positivement,
-Hm! C’est déjà mieux! Avec ça, je pourrais bouger sans être coincé!
Et venait la description de l’emploi de sa comparse. Les premiers mots étaient du chinois pour lui… Mais la description suivante arrivait à lui faire aisément comprendre les tâches autour du travail de cette dernière! Continuant de marcher en observant les articles et les autres personnes en quête de vêtement, il lui soufflait avec un sourire sincère,
-C’est un travail important! Parce que c’est dans l’océan qu’on trouve beaucoup de ressource pour vivre! J’ai beaucoup navigué dans ma vie et j’aime l’odeur de la mer. La mer méditarénienne a été ma préférée. Nager est l’une de mes activités favorites et un entraînement de taille au quotidien. Je vais souvent à la plage pour en profiter depuis que je suis arrivée. La plage est… Étrange en comparaison de la Norvège! Notre eau est plus froide et il y a beaucoup plus de pierre dans notre sable.
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Hallstein Thorgard & Azalja Galarza Whitted
Constructeur. Il était constructeur de navire ? Le regard d’Azalja s’illumina tel un sapin de Noël lorsqu’elle entendit cela. De plus, vu le côté… disons… “rustique” de cet homme, il y avait des chances pour qu’il soit assez vieux, hum pardon "expérimenté" pour connaître les rudiments de SON navire. Néanmoins, elle ne dit rien. Pas pour le moment, elle aurait bien trop l’impression de lui sauter dessus. Elle tenta alors de trouver une manière de cacher son intérêt, tout en justifiant son regard qui l’avait probablement trahie.
- Ah ! Oui, ça explique tout à coup votre …, lança-t-elle en montrant son torse très développé avant de réaliser que… ah, venait-elle tout juste de le complimenter sur son corps ?... AH. Avait-elle l’air de le draguer ?! Enfin, je veux dire… ma voiture a été beaucoup plus blessée que vous !
Ouf. Sauvée. Alors qu’il disait ne pas apprécier le travail de bureau et ne pas rester assit trop longtemps, Azalja avait répondu un simple ”moi non plus” avant de l’emmener en direction de la boutique de vêtements de sports. Alors que ce dernier sembla conquis par ces tissus beaucoup plus adaptés à son mode de vie robuste, la jeune femme l’accompagna à l’intérieur de manière à l’aider. De toutes manières, étant donné qu’elle payerait, il fallait bien qu’elle soit là. Alors qu’elle lui parlait de son travail, ce dernier se mit à sourire.
- La Méditerranée est remarquable, oui. Je vous conseillerai quelques coins dans les environs si vous le désirez.
Elle lui sourit à son tour avant de l’aiguiller dans ses achats. Vu la manière avec laquelle l’homme semblait perdu, Azalja se mit à sérieusement se questionner sur la date de naissance. Alors qu’elle l’avait envoyé en cabine d’essayage (à regret puisqu’il avait eu l’air prêt à se dévêtir au milieu du magasin), elle en était même venue à Googler les mots drakkar, viking et jarl. Mais… cela n’avait fait que déclencher d’autant plus de questions.
Finalement, alors qu’Azalja retenait tant bien que mal ses questionnements, ils trouvèrent deux tenues, un sac à dos neuf et des produits pour homme pour le Norvégien. Quittant le magasin, elle se souvient qu’elle avait aussi à faire du shopping pour son fichu gala. Était-ce trop tard pour prétexter une grippe ? Ah non… son patron la savait lycane. Mh… il allait falloir qu’elle trouve mieux.
- Écoutez, j’avais quelques achats à faire pour une réception ce soir, mais tant pis, parce que je ne suis pas sûre de trouver tous les jours quelqu’un comme vous. Je dispose d’un voilier. Un voilier qui a probablement deux siècles et qui a malheureusement souffert de la dernière tempête. Le problème c’est que… quand j’ai tenté de le faire réparer, on m’a conseillé de l’abandonner parce que de telles pièces ne se font plus de nos jours. Je n’en ai aucune envie. Je l’aime beaucoup trop ce navire. Alors… je ne sais pas si vous pouviez y jeter un œil, mais si vous estimez pouvoir le réparer et que vous cherchez toujours un emploi… eh bien… j’en ai probablement un pour vous, alors.
Alors que la jeune femme se perdait dans ses mots, pendant qu’elle complimentait son physique, le Viking ne put que relever le torse en réponse. Non, il ne se trouvait pas particulièrement beau ou séduisant comme celle-ci aurait pu croire quant à sa réaction. Non, il était fier de sa solidité! Fier du fait qu’il pouvait défoncer l’un de ces outils mécaniques machiavéliques! Fier du fait qu’il pouvait tirer une baleine à main nue! Fier de sa force d’homme, de caractère et de sa capacité à mener une armée au combat après un discours éloquent. Il était Jarl et devait se montrer digne de son titre, voilà pourquoi il répondait alors avec amusement et un rire remplit de fierté,
-Haha! Oui, je n’en fais qu’une bouchée de ces… transporteurs métalliques! Rien ne battra jamais la force de l’homme!
Puis ils trouvaient des articles pour lui. Les goûts de Hallstein étaient surtout orientés vers le noir et le bleu. Cette couleur qui était peu présente dans ses jeunes années sur les vêtements en lien avec le prix du tissu. Seule la noblesse avait des vêtements de ces couleurs anciennement! Alors de pouvoir porter des chandails et pantalon de couleur différente que le brun était quelque chose qu’il pouvait apprécier des nouvelles générations. Lors du choix de sac à dos, cela fut des plus simples. Pour être franc… Ils les trouvaient tous étranges! Aucun n’était en cuir, ils avaient de nombreuses poches, mais il trouvait à travers cette différence une évolution intéressante. Peut-être que tous les changements n’étaient pas mauvais, après tout? Il posait son choix sur un sac à dos noir et bleu foncé, puis quittait le magasin avec des articles pour faire sa toilette. Une dame lui avait dit qu’il fallait du déodorant et quelque chose pour faire sa barbe… Parce que les hommes aujourd’hui gardaient cette dernière courte et posaient du savon sous leurs aisselles? C’était une étrange coutume, mais il décidait de la respecter pour mieux s’intégrer.
Puis elle lui expliquait alors qu’elle avait un travail pour lui. Elle avait donc un voilier vieux de deux cents ans qui avait subi des bris lors d’une tempête récemment. Et alors qu’elle nommait qu’il lui avait été proposé de le changer, il prenait un air presque insulté, alors qu’il secouait sa tête de gauche à droite. Inacceptable! Comment pouvaient-ils avoir osé proposer de se débarrasser d’une aussi belle pièce de la sorte! Et puis, elle lui proposait un travail! Sa chance de s’intégrer officiellement à ce monde et être normal! C’est donc sans refuser et avec une fierté bien présente qu’il donnait un petit coup de son poing vis-à-vis son cœur en répondant,
-Je vous offre ma parole de Jarl, que je réparerais votre voilier. Je m’assurerais de ta protection tant que je travaillerais pour toi également.
Ce n’était pas au contrat, mais il était un Viking et resterait toute sa vie un guerrier. C’est donc sans attendre que le duo quittait le centre d’achat pour rejoindre le lieu qui serait son chantier pendant les semaines à venir. Eh oui, il embarquait dans cette voiture… Mais non sans offrir une certaine réticence au départ.