20 août, on se rapproche de la fin des vacances. C’est bientôt la rentrée des classes. Dans les rues, on croise de plus en plus de monde dans les rues et de plus en plus d'enfants. Plusieurs fois on m’a demandé si j’étais prête pour la rentrée des classes… Je fais toujours aussi jeune je suppose mais à force je m’habitue à ce genre de remarques et je les trouve même un peu rigolote. Aujourd’hui je faisais mon travail comme d’habitude. J’étais cependant plus devant la boutique qu’à l’intérieur. C’est sympa de pouvoir profiter du soleil, même en travaillant. On essayait de redonner un petit coup de neuf à la façade de la boutique. Je balaye devant, ensuite je dépose de nouvelles fleures colorées que j’arrose. C’est plutôt tranquille. Les journées comme ça, je les aime bien. Je suis à la fois active et pas surchargée. Je salue les passants. Il m’arrive même parfois de discuter et comme j’adore le contact avec le client, c’est un réel plaisir. Je continue mon travail tranquillement quand j’entends un “boum !”. Je me retourne et vois une petite étalée par terre. Je ne fais pas attention à s’il y a un de ses parents à proximité. Sans réfléchir, j’accours vers elle et l’aide à se relever.
Hé… ça va aller, tout va bien…
Je caresse sa main doucement, je lui souris pour la rassurer. Je regarde son genou, il y a une petite écorchure et un peu de sang.
Oh… Tu t’es fait un bobo. Ce n’est rien…
Je prends un mouchoir dans mon tablier et je commence à tapoter la petite blessure doucement pour ne pas lui faire mal. Je suis très délicate et consciencieuse dans mes gestes.
Voilà… Ce n’est rien. Un petit pansement et c’est fini.
Je fouille dans une de mes poches, j’avais tellement l’habitude de me blesser que maintenant j’essayais d’avoir constamment des pansements sur moi. J’en sors un puis je le pose sur la blessure. Je garde toujours mon doux sourire sur mes lèvres.
Et voilà, c’est fini. Tu as été très courageuse, bravo.
Je lui dis ça en prenant ses deux mains dans les miennes, toujours en douceur.
Bordel, pourquoi il faisait toujours aussi chaud dans ce pays de merde ? Il avait beau emmener sa fille à la piscine, faire tout un tas de trucs pour garder de la fraîcheur chez eux, Noïd avait toujours l'impression d'être en train de fondre, voir de cramer sur place. Les lycans se plaignaient assez peu de la chaleur, généralement. Mais lui, avec son albinisme, il était quand même plus vulnérable au soleil qu'une personne lambda, même si le fait d'être un loup-garou l'empêchait heureusement der se transformer en feu rouge dès que le soleil envisageait de taper dur. Aujourd'hui, Noïd et Mika étaient partis en balade à Simi Valley, dans la vallée de San Fernando, en espérant sans trop y croire qu'il ferait plus frais là-bas. C'était aussi une façon pour le père de montrer une nouvelle ville des environs là-bas. Le coin avait été souvent été utilisé pour le tournage, donc c'était une occasion de montrer à sa petiote des paysages de cinéma, pour l'impressionner un peu et lui faire avoir des bons souvenirs. Elle avait après tout passé beaucoup trop de temps enfermée. Même si les marques de l'emprisonnement de la petite fille disparaissaient de jour en jour, Noïd s'efforçait de la faire sortir le plus possible. C'était peut-être de l'instinct paternel de sa part, ou plus simplement une envie de gommer le passé de la petite fille, pour qu'elle puisse profiter de la suite de sa vie.
En tout cas, c'était le plan à la base lorsqu'ils avaient visité l'endroit. La ville était plutôt sympa, et Mika qui était très curieuse trottait un peu partout, sous la surveillance attentive de son père. Il avait payé une glace pour tous les deux pour lutter contre la chaleur, et la petite fille la mangeait à grand coup de langue, regardant tous les bâtiments et les gens. Derrière elle, son père la suivait, plutôt content qu'elle profite de la journée. Mais ce qui aurait du être une journée tout ce qu'il y a de plus classique partit en vrille à cause d'un connard. En l'occurence, un type coupa la route de Noïd, le força à piler sur place, et à cause de la manœuvre la glace coula un peu sur la veste du gars en question. Evidemment, le type se sentit froissé, et entama une GRANDE discussion avec l'albinos, déjà gavé de base sur la facture de pressing qu'il allait devoir payer. Après avoir demandé à Mika de ne pas bouger, Noïd, dans sa grande patience, envoya chier l'inconnu, et sentit le ton de sa voix monter alors que l'autre tocard lui cherchait des noises.
- « Alors tu vas pas me faire chier, ta veste a rien, un coup d'eau et c'est parti. Et tout ça, c'est parce que t'avances sans regarder devant toi et... »
Mika regardait son père s'énerver, et fit une moue un peu triste. Elle aimait pas quand il parlait fort, et même s'il faisait des efforts quand elle était là, elle voyait que le monsieur qui lui parlait allait l'agacer. Mais 'Pa lui avait dit de pas bouger, alors elle ne bougea pas. Enfin ça c'était jusqu'à ce qu'elle voit le chat. Un beau chat. Tout noir, pas du tout tout blanc comme celui de la maison. Et il était beau. Aussi, quand le petit animal, un peu effrayé par le ton qui montait, s'en alla, Mika le suivit comme par réflexe. Et quand il courut, elle se mit à courir aussi. Elle ne s'éloigna pas beaucoup de Noïd, qui mit quelques secondes à s'apercevoir de son absence. Mais c'était suffisant pour qu'elle trébuche, et se vautre par terre devant un fleuriste dans un grand « BOUM ». Comme toujours, elle ne fit pas de bruits de pleurs. Mais les larmes qui perlaient à ses yeux montraient bien à quel point elle avait mal... Ce fut une dame de la fleuristerie qui vint l'aider à se relever. Une gentille dame au regard tout doux. Elle souriait, alors Mika arrêta de pleurer.
Et rapidement, sans que la petite fille n'ait peur, la dame soigna son bobo qui saignait un peu. Mika se laissa faire, un peu rassurée par la gentille dame, et même si elle pleurait encore elle se sentait un peu mieux, même quand la dame lui attrapa les mains. Ce ne fut évidemment pas ce que vit Noïd, après avoir dégagé le type à la seconde ou il s'était rendu compte que sa fille n'était pas là. Il l'avait suivi à l'odeur, exploitant son odorat de lycan et la scène qu'il découvrit en arrivant fut sa fille qui pleurait face à une inconnue. UNE NANA VENAIT D'AGRESSER SA FILLE ?
Évidemment, il dégoupilla, déjà énervé par l'altercation qui venait d'arriver, il chercha pas tout de suite à comprendre. Il se contenta de sauter à côté des deux filles, et commença à gueuler.
- « QU'EST-CE QUE T'AS FAIT A MA FILLE ? Mika ? Tu vas bien ? »
Mika, qui allait beaucoup mieux qu'il y a trente secondes, regarda un peu son père, et fit oui de la tête, avec un air un peu penaud. Le cerveau de Noïd commença alors à se remettre en route, alors qu'il regardait Mika, puis l'inconnue. Inconnue qui lui semblait vachement moins menaçante qu'il y a peu. Une petiote, vingt ans à tout péter, plutôt chou avec un visage de poupée. Ok, il s'était encore planté. Noïd lâcha un soupir, et se baissa pour se mettre à la hauteur des deux autres personnes.
- « Laisse-moi deviner, j'ai encore fait une connerie... Ok, alors j'imagine que tu voulais pas de mal à ma fille ? »
Cette journée de travail, tout ce qu'il y avait de plus basique avait finalement pris une drôle de tournure. Je n'aurai pas pensé qu'en m'occupant de la boutique j'allais voir une petite fille tomber et se blesser. Sans me poser de question j'étais allée la soigner, me montrant douce, gentille et surtout rassurante. J'avais tout fait délicatement. Je ne pouvais pas regarder une jeune enfant se blesser sans rien faire, ça m'était impossible. Je crois que c'est mon côté grande sœur. A force de côtoyer Janna, la fille de Meyer, ce genre de chose était devenu un automatisme pour moi. J'aurai aimé je pense avoir une sœur mais la vie en a décidé autrement. Je lui prenais les mains gentiment dans les miennes, les caressant avec mes pouces. J'étais soulagée de la voir aller mieux, je la sentais sereine. Mais c'est alors que je fis un bond de trois mètre de haut comme les personnages de cartoon. Je venais de me faire aboyer dessus par un monsieur. J'avais lâché les mains de la petites. Automatiquement je m'incline devant le monsieur pour m'excuser comme si j'avais fait une bêtise. Je ne savais pas trop ce que j'avais fait de mal mais je suppose que s'il me crie dessus c'est que j'ai dû faire quelque chose qu'il ne fallait pas.
Pardon...
Dis-je à voix basse. Je ne saisissais pas toute la situation et j'étais très embêtée. La seule certitude que j'avais est que j'avais fait quelque chose qui avait déplu à ce qui devait être son papa. Je reste tête baissée attendant mon châtiment jusqu'à ce que j'entende le monsieur se calmer un peu et me demander confirmation que je ne voulais pas faire de mal à sa fille. Je reste tête baissée pour lui répondre, comme une enfant que mon vient de gronder.
Non monsieur, je voulais juste la soigner.
Je relève la tête vers lui, le visage inquiet.
Elle est tombée et s'est blessée j'ai désinfecté la plaie et j'ai mis un pansement. Je suis sincèrement désolée, je ne voulais pas mal faire.
Mon expression était sincère. J'avais uniquement voulu faire preuve de bienveillance et venir en aide à cette petite.
Bon, elle s'excusait, d'un truc qu'elle avait pas vraiment fait mal. Noïd commençait franchement à culpabiliser d'avoir utilisé toute sa puissance vocale sur la demoiselle. En plus elle avait une tronche de môme. Ou une tronche de poupée. Ou les deux. Dans les deux cas, son inconscient était en train de doucement lui susurrer à l'oreille qu'il avait grandement fait de la merde, et qu'en plus il s'en était pris à une gamine innocente. Pour un daron, y avait pas plus grosse honte. Il lâcha donc un « Oups » honteux, alors que la poupée lui expliquait ce qui s'était passé en gros. Mika s'était vautrée, et la d'moiselle avait voulu s'occuper d'elle.
Bref, elle avait eut une réaction logique, et c'était lui qui était con d'avoir dégoupillé comme ça. Fallait dire qu'il avait paniqué, en voyant que sa fille n'était plus là mais c'était pas franchement une excuse. Il consulta Mika du regard, qui le regardait toujours avec son air mi-penaud mi-contente de voir que son père criait plus, et elle lui confirma de la tête que c'était ce qui c'était passé. Bon, si y avait un gros con dans l'histoire c'était lui.
- « Bon. Désolé, j'ai paniqué. Je la trouvais plus, et quand je l'ai vue elle pleurait alors... Bah j'ai pas réfléchit. Mais j'aurais pas du te gueuler dessus comme ça. »
Bon, il était pas franchement doué pour s'excuser, mais c'était pas si mal comme ça, non ? Sa chérie allait l'engueuler quand elle apprendrait ça... Noïd se mit à genoux près de sa fille, et regarda le bobo. Ça avait été bien fait, et Mika pleurait plus, il avait rien à dire.
- « Par contre, ma louloute... T'éloignes plus comme ça, steuplé... J'ai eut peur pour toi.
- Pardon. Tu criais. Et j'ai vu un chat. »
Noïd s'interrompit, et caressa la tête de sa fille. Il savait qu'elle aimait pas quand il s'énervait, mais malgré tout s'était encore retrouvé à gueuler devant elle à cause d'un abruti... Bordel, il allait vraiment falloir qu'il apprenne à mieux se gérer à ce niveau.
- « C'est de ma faute, donc. Désolé ma louloute, je vais continuer à faire des efforts. »
Au moins y avait pas mort d'homme. Si l'histoire pouvait s'arrêter la, c'était tant mieux. Noïd était loin de s'imaginer qu'une personne avait vu la scène, et que ça risquait de prendre des proportions un peu plus épiques... Non, lui recommençait à faire marcher son cerveau et commençait à capter l'odeur de fleur de la gonzesse en face de lui.
- « Nan nan je te rassure, t'as pas mal fait c'est moi qui suis un gland. Je m'inquiète trop dès que je la vois plus. Ah attends... Tu bosses dans le magasin de fleur à côté toi nan ? Tu sens la même odeur de fleurs. Heu, désolé, ça fait bizarre comme phrase, mais j'suis un loup-garou, donc je suis sensible aux odeurs. »
Il se remit sur ses pieds, et tendit la main à la jeune femme, essayant autant que possible d'être amical pour compenser l'entrée en matière un poil brutale.
- « J'm appelle Noïd, comme t'as compris j'suis son père. Ma pitchoune s'appelle Mika, elle parle pas beaucoup, mais elle est adorable. C'est quoi ton nom ? »
J'espérais de tout cœur que la situation allait s'arranger. J'avais fait de mon mieux mais là, on était face à un gros quiproquo. Pour moi, le plus important, est que la petite aille bien, qu'elle n'ai pas peur et qu'elle ne soit plus triste. Je suis prête à prendre la responsabilité de mes actes même si il est vrai, que même en cherchant, je ne sais toujours pas trop ce que j'ai fait de mal. C'est alors que le monsieur s'excusa. Ma mine embarrassée s'était transformée en un sourire chaleureux. Apparemment, tout allait renter dans l'ordre. En soit, il s'était inquiété pour sa fille et avait un peu paniqué, ce que je peux totalement comprendre. Je n'ai pas d'enfant mais j'imagine l'inquiétude que peur ressentir un parent lorsqu'il ne voit plus sa fille et que lorsqu'elle réapparaît il la voit les larmes aux yeux. Je ne lui en veux absolument pas. Il demanda ensuite à se fille de ne plus s'éloigner comme elle l'avait fait et elle s'excusa elle aussi à son tour. Mon sourire s'élargit sur mon visage.
Il n'y a pas de mal et je suis très heureuse de voir que tout s'arrange.
Je regardais le papa avec sa fille et je trouvais vraiment cette situation touchante. Mon sourire ne quitta pas mes lèvres. Cela me rappelle quand j'étais enfants, avec mes deux parents, on était passé par là aussi. J'étais très maladroite et je me blessais souvent... Bon il faut avouer que ça n'a pas beaucoup changé avec le temps en y repensant. En tout cas, il m'assura que je n'avais rien fait de mal, je me sentais mieux, on ne sait jamais si la petite avait été allergique à quelque chose ou quoi que ce soit même si avec ce que j'avais utilisé pour soigner sa blessure, il y avait peu de risque. Il avait remarqué que je travaillais dans la boutique de fleur à côté par mon odeur. La surprise devait se lire sur mon visage, c'était assez étrange comme façon de dire les choses d'un coup mais il m'expliqua qu'il est lycan et je me mis à rire. Ceci explique cela. J'avais donc en face de moi Noid et Mika. Je serre la main qu'il me tend.
Enchantée, je m'appelle Akira et vous avez vu juste, je travaille à La Rose Enchantée.
Le papa avait bien changé. Son côté brute avait laissé sa place au côté aimant et beaucoup plus doux du papa. C'était mieux ainsi, je me sentais moins intimidée. Je regarde la petite, elle est beaucoup trop mignonne.
Oh j'aimerais bien lui offrir quelque chose. Vous voulez passer dans la boutique. Elle est juste là. Sauf si vous êtes pressé ?
Je m'amusais à faire des couronnes de fleurs de temps en temps alors pourquoi pas en offrir une à la demoiselle.
Et après, ça vous dit d'aller goûter ? J'ai presque fini le travail et je me dis qu'après toute cette mésaventure, manger un bout pourrait faire du bien à tout le monde. Qu'en pensez-vous ?
Elle était vraiment pas rancunière. Y a quelques secondes il lui gueulait dessus, et maintenant elle affichait un sourire radieux, comme si absolument rien ne s'était passé. Bon, fallait admettre qu'elle avait vraiment une tête de gentille et c'était démontré par le fait qu'elle s'était occupé d'une petite fille qu'elle ne connaissait pas. Elle s'appelait donc Akira et elle bossait à la boutique de fleurs à côté. Elle lui serra la main, et Noïd essaya d'afficher un sourire normal sur son visage. C'était pas toujours évident pour lui de pas avoir l'air flippant, alors son sourire pouvait parfois avoir l'air un peu chelou.
Mais la fleuriste lui prouva qu'elle en avait pas grand chose à cirer vu qu'elle l'invita carrément chez elle. Enfin dans sa boutique. Bon, ça changeait pas grand chose, mais n'empêche qu'elle avait quand même un sacré courage, la petiote. Bon ok il était pas un dangereux criminel, mais il avait quand même passé une sacré soufflante à la blonde y a un instant, et sa réaction était de l'inviter chez elle. Et de vouloir offrir un truc à sa fille. Ok, Akira fonctionnait définitivement pas comme tout le monde.
- « Heu nan, on est pas pressé mais... Ecoute, après la gueulante que je viens de pousser, j'pense que le moins que je puisse faire c'est de payer ce que tu voulais offrir à la base. Tant que tu me fais pas acheter ton stock. »
Il avait dit la dernière phrase en souriant. Il s'essayait à la blague un peu dernièrement, mais c'était pas souvent réussi. Il était sans doute pas fait pour être drôle. Akira lui proposa ensuite d'aller goûter, et il regarda sa fille avant de répondre.
- « Pourquoi pas, ouais. Mais encore une fois, c'est moi qui payes. J'dois bien ça je pense. »
Bon, c'est pas avec de la thune qu'il allait se donner bonne conscience, mais mieux valait ça que rien du tout, non ? Il rentra donc dans la boutique, précédé par Akira et Mika. La louvette miniature regardait les étalages, visiblement excitée. Elle aimait bien les magasins de fleurs depuis son histoire avec Pearl, mais n'avait pas eut l'occasion d'y remettre les pieds depuis la séparation de Noïd avec cette dernière... Elle était donc très contente et regardait toute les fleurs très attentivement , faisant attention à ne rien toucher pour ne pas les abîmer.
- « C'est beau ce que tu fais, Madame.
- C'est vrai. T'es plutôt douée pour ça. Elle doit bien marcher ta boutique. »
Toutes les fleurs étaient belles, et semblaient en pleine forme. Elle devait vraiment aimer son métier. Ce fut cet instant qu'un type en costume franchit la porte, et sans un regard aux fleurs s'approcha d'Akira. Impeccablement peigné au gel, costard hors de prix noir... Le gars avait du bifton.
- « Bonjour mademoiselle. J'ai assisté à l'altercation précédente avec cet individu peu poli. Il me semble qu'il vous a agressé, et je suis avocat. Souhaitez-vous porter plainte ? Je pense que vous êtes en position d'obtenir un beau dédommagement de sa part. »
Noïd ouvrit la bouche, et la referma. Putain, pourquoi tout le monde cherchait à les emmerder dans cette putain de journée ? Ok, respire. T'énerves pas, recommence pas, t'as dit à ta fille que t'allais faire des efforts... Il prit donc une profonde inspiration, et s'avança.
- « Dis donc, de quoi tu te mêles ? On s'est mis d'accord, j'te ferais d... », sauf que même s'il faisait de son mieux, il bougea un peu trop vivement, et heurta un pot en avançant vers l'avocat. Pot qui tomba, s'explosant au sol et faisant sursauter Mika. L'avocat le regarda avec un dédain visible.
- « De mieux en mieux. Nous pouvons ajouter destruction de bien appartenant à autrui sous le coup de la colère, et ce devant témoin... Il est certain maintenant que vous pouvez obtenir dédommagement, mademoiselle. »
J'adore quand les histoires se terminent bien. Ça commence de manière chaotique et finalement tout s'arrange. La c'est clairement le cas. Ce papa m'avait touché en s'inquiétant pour sa fille. Cela me rappelle des souvenirs d'enfance. Combien de fois j'avais inquiéter mon père que ce soit avec ma maladresse, mes chutes ou mes soucis de santé. Même s'il m'avait hurlé dessus, je ne lui en tenais pas rigueur. Pour moi l'important c'est sur la petite est soignée et que tout se soit arrangé. Je leur avait proposé de leur offrir quelque chose mais le père préférait quand même payer. Il s'en veut mais personnellement je suis déjà passée à autre chose. Je leur souris. Pareil pour les pâtisseries, il voulait les payer. Il pense qu'il me doit quelque chose mais à mes yeux il ne me doit rien. C'est vrai qu'il s'est un peu... beaucoup emballé mais c'est normal d'être inquiet pour sa fille.
Oh non vraiment, ça me fait plaisir de vous offrir quelque chose.
On était alors entré dans la boutique. Je fus complimentée et ça me fit très plaisir. Je m'étais beaucoup amusée à créer de nouvelles décorations et à ranger les fleurs par couleurs.
Merci beaucoup !
Je m'incline légèrement en avant en signe de remerciement. C'est la qu'un homme entre. Le genre d'homme élégant et sûr de lui, tiré à quatre épingles. Je n'ai même pas le temps de le saluer qu'il me propose de porter plainte. Il a vu ce qu'il s'était passé dehors. Je pensais que c'était fini, que l'on était passé à autre chose mais je m'étais trompée. Je n'avais pas pu réagir que le papa s'occupa de lui répondre mais il fit tomber un pot dans un fracas. Lhomme se disant avocat renchérit. Quelle pagaille. Ça a pris des proportions. Il faut que je réagisse vite avant que ça ne dérape plus. Je souris gentiment à l'avocat et je réponds avec le plus de sérénité possible.
Tout va bien, il n'y a pas de mal. Vraiment. Tout s'est arrangé. Il y a eu un quiproquo mais c'est fini. Je ne compte pas porter plainte contre ce monsieur.
Je me tourne vers le papa lui offrant un sourire angélique avant de me tourner de nouveau vers l'avocat.
Ce n'est pas non plus le premier pot qui se casse ici et ça ne sera sans doute pas le dernier. Ça arrive, ce n'est pas grave. J'en ai moi-même cassé pleins depuis que je travaille ici alors... on en a vu d'autres.
Je me mis à rire légèrement avant d'aller chercher une pelle et une balayette pour aller nettoyer tout ça. J'espérais sincèrement que cette histoire allait s'arrêter là. Je ramasse les plus gros morceaux à la main pour aller les jeter. Mais comme à mon habitude, même avec la plus grande vigilance du monde, je me coupe.
Eh mince... comme d'habitude...
Bon tant pis. Je garde la priorité sur finir le nettoyage.
Y a pas, Noïd avait vraiment du mal à saisir le fonctionnement de la p'tite fleuriste. Après tout, elle venait de se faire houspiller, et malgré ça elle rejetait toute tentative de dédommagement de la part de l'albinos, et insistait au contraire pour lui offrir quelque chose. Bon, c'était gentil mais... Il ne pouvait que se demander combien de temps elle survivrait dans la société à ce rythme. Bon, en l’occurrence il lui avait gueulé dessus parce qu'il était con, mais il espérait quand même qu'elle soit pas aussi sympa avec toutes les personnes, parce que y en avait quand même des malveillantes dans le tas... Mais bon, ça c'était l'affaire d'Akira, et pas la sienne. Ils rentrèrent donc dans la boutique de fleurs, et alors qu'ils s’extasiaient sur les plantes cultivées par la jeune femme, un autre abruti fit son apparition. Un avocat, qui avait visiblement vu la scène et qui avait décidé que y avait une occasion de se faire du bifton... On était en Amérique, c'était pas si choquant, ce genre de requin se promenait partout... Une de ses sœurs lui avait raconté qu'une fois un type dans le genre s'était pointé à l'hôpital, alors qu'elle se remettait d'une appendicite... Et lui avait demandé si elle comptait porter plainte contre l'hôpital pour mauvais traitement. Foutu pays, putain. Ce genre de taré avait tendance à le mettre en boule. Mais il faisait de son mieux pour rester calme... Mais explosa un pot au passage, ce qui envenima un peu la situation.
Mais heureusement, Akira ne rentra pas dans le jeu du propre sur lui. Non, elle disait les choses telles qu'elles s'étaient vraiment passées, et ne comptait pas du tout prendre avantage de la situation. Non, elle fit un sourire trop mignon à Noïd (et à Mika qui s'était planquée derrière lui), et fonça même chercher de quoi nettoyer. Noïd lui jeta un regard reconnaissant, alors que l'homme en costume continuait à mater Noïd avec dédain. Celui-ci inspira profondément pour ne pas lui coller une mandale, et haussa les épaules.
- « Elle a un cerveau. C'est con pour votre business, hein ? »
Le gars allait répliquer quand Akira se blessa avec un morceau du pot. L'odeur de sang envahit aussitôt les narines de Noïd, sensible aux odeurs. Mais celle qui réagit le plus vite fut Mika, qui quitta le dos de son père pour se mettre au niveau d'Akira, regardant les mains de la fleuriste. Elle avait l'air catastrophée.
- « 'Pa ! Akira s'est fait mal ! Il faut mettre un pansement ! »
Oui, c'était très important pour elle. Et dans son esprit, les pansements guérissaient toutes les blessures. Bon, ça n'avait pas l'air très sérieux, mais fallait quand même s'en occuper. Et de toute façon, c'était un peu de sa faute si c'était arrivé, donc il comptait bien assumer. Il posa alors son sac au sol, et en sortit le nécessaire à soigner les bobos. En digne père d'une petite fille, il avait toujours de quoi parer aux urgences quand il se promenait avec elle.
- « Oui ma louloute. Akira, bouges pas steuplé. Ça va p... Ouh la c'est l'habitude qui parle. »
Il avait failli dire que ça allait piquer, mais vu que c'était pas une gosse, elle le savait. Mais bon, il avait trop l'habitude de s'occuper de sa fille, et Akira avait quand même une bouille enfantine, donc ça venait naturellement. Il commença par désinfecter la plaie avec un coton imbibé d'alcool, puis sortit un des traditionnels pansements Disneys que Mika adorait (en l'occurence Mulan), et le mit autour de la plaie. Mika s'approcha de la jeune femme, ignorant l'avocat qui essayait de trouver un moment de reprendre la parole, et lui demanda.
- « C'est bon, t'as plus mal ? Sinon on met un autre pansement. »
Noïd rangea son matériel avec un sourire, et remit son sac sur ses épaules avant de tendre la main à la petite blonde pour l'aider à se relever. Lorsque ce fut fait, il regarda le type près d'eux avec un poil de mépris.
- « Vous comptez m'attaquer en justice parce que j'ai foutu le pansement de travers ou vous allez vous casser à un moment ? Avec la dame et ma fille, on a un goûter important. Avec du chocolat, qui a l'air vachement plus sympa que vous. »
Comment est-ce que tout ça avait pu autant déraper ? Personne n’était heureux à l’heure actuelle et ça m'attriste. L’inconnu regarde le père avec dédain, le père est agacé et sa fille semble quelque peu inquiète. Et moi… J’avais fini par me couper en essayant de tout arranger. Alors que je nettoyais les dégâts, je regardais les deux hommes du coin de l'œil pour intervenir en cas de dérapage. Bon, je ne suis pas sûre que j’aurai réussi à grand-chose pour les stopper si le ton montait mais au moins j’aurai essayé. Mika avait vu que je m’étais blessée et elle en avait informé son papa. Elle est adorable cette petite. Je la regarde quelques instants, affichant un sourire pour la rassurer.
Oh ce n’est rien ma puce, ne t’en fais pas pour moi.
Mais le père sortit tout de même le nécessaire pour soigner ma coupure. Je ne voulais pas qu’il s’embête mais bon, je sens que cela va rassurer sa fille alors je lui tends ma main, le laissant faire. Oh un pansement Disney et c’est Mulan. C’est beaucoup trop mignon. Il s’adressa à moi comme à une enfant et je ne pu m’empêcher de rire légèrement.
Ne vous en faites pas. Ce n’est pas grave.
Entre Meyer et Noid, je finis toujours pas être soignée par des pères de famille. Le fait que je fasse plus jeune que mon âge doit les conforter de l’idée de me traiter comme une enfant mais ça ne me gène pas. La petite me demande si je n’ai plus mal. J’hoche la tête à la négative, tout en lui souriant.
Non, c’est bon. Tout va bien maintenant. Merci.
Noid me tend la main pour m’aider à me relever et je la saisis. Il s’adresse de nouveau à l’inconnu. Je sens que ça va déraper si je n’interviens pas. Je me mets entre les deux hommes, un sourire doux aux lèvres et les mains levées à la verticale.
Tout va bien. Tout est fini. Il n’y a pas de mal je vous assure. Maintenant on va aller prendre un délicieux goûter avec ce papa et sa fille. Alors je vous laisse repartir.
Je conduis le monsieur vers la sortie, toujours le sourire aux lèvres avant de revenir vers Noid, toute pétillante.
Allez, on va prendre un délicieux goûter. C’est une belle journée. Ne gâchons pas tout. Mika pourra se régaler je suis sûre. D’ailleurs c’est quoi ta pâtisserie préférée ?
Dis-je en m’adressant à Mika que je trouve beaucoup trop mignonne. Avant de regarder son père de nouveau.
On va pouvoir se détendre et manger quelque chose de délicieux. Que demander de plus. On y va ? Je connais une adresse. C’est à deux pas d’ici.
S’ils sont d'accord, je les emmènerai à une boulangerie-pâtisserie juste à côté. On peut manger aussi bien à l’intérieur qu’en terrasse et elle offre un large choix de gourmandises.
Bon, peut-être qu'il valait mieux qu'il y ait Akira ou Mika pour tempérer, car avec le connard d'avocat ils étaient bien parti pour s'envoyer des fions pendant quelques minutes... Mais la fleuriste avait la capacité de foutre à la porte quelqu'un tout en souriant, donc le type propre sur lui ne put pas dire grand chose, et parti en grommelant. Bon d'un côté il était rentré chez elle, donc elle pouvait tout a fait lui dire de dégager, il pouvait rien dire. Si ça avait Noïd, ça aurait été vachement moins poli, donc valait mieux que ça soit la blonde qui s'en soit occupé. Surtout qu'elle termina de clôturer l'incident en revenant vers la famille Park avec un grand sourire. Mika, qui était contente que le monsieur qui mettait son père en colère soit partie, répondit avec un sourire :
- « J'aime bien les éclairs au chocolat ! »
Toute colère retirée par sa fille et par Akira, qui avaient supportées l'accident avec quand même vachement plus de philosophie que le gros bourrin qu'il était, Noïd finit par hausser les épaules, et lâcha un sourire fatigué.
- « Vous êtes plus douées que moi pour gérer les débiles... Allez, on va pas se laisser pourrir la journée par ça, et on va bouffer une pâtisserie. »
Finalement, les trois personnes quittèrent la boutique de fleurs pour se diriger enfin vers la récompense promise, à savoir une grosse quantité de sucre. Ce fut Akira qui montra le chemin, vu qu'elle connaissait les lieux et rapidement il se retrouvèrent à faire la queue pour prendre à manger. Mika choisit un éclair au chocolat, Noïd une part de flan, Akira ce qu'elle voulait, et au moment de payer, Noïd ne laissa pas à cette dernière la possibilité de réagir et dégaina sa carte bleue pour régler l'addition.
- « J'tavais dit que c'était pour moi. C'est pour toutes les em... Les embrouilles que je t'ai attiré aujourd'hui. Et pour te remercier d'avoir mit l'autre naze dehors avant que je finisse par vraiment m'embrouiller avec lui. »
L'albinos acheta également une bouteille de thé glacé fait maison à partager autour de la table. Après tout, ils allaient s'installer ensemble donc autant avoir un truc à boire. Une fois qu'ils furent installés, Noïd observa avec un petit sourire le visage de sa louloute qui faisait les grosses joues après avoir mise dedans un morceau un peu trop gros d'éclair au chocolat.
- « Sinon Akira, ça fait longtemps que t'es en ville ? T'as pas l'air bien vieille, et avoir ton magasin a ton âge c'est quand même impressionnant. »
C’est bon, le pire est passé, la situation redevient normale. J’avais mis gentiment et poliment le monsieur propre sur lui à la porte. Je n’aime pas quand les personnes créent du conflit inutilement. J’avais beaucoup lui expliquer le pourquoi du comment de la réaction du papa mais malgré cela il avait insisté. C’est à cause de ça que les choses avaient failli s’envenimer. Heureusement j’avais réussi à apaiser les tensions mais ce n’était pas une mince affaire. Noid m’avait complimenté sur ma capacité à gérer la situation. Je lui avais souris. Je crois que c’est une de mes qualités d’essayer de garder mon calme dans ce genre de circonstance pour permettre aux choses de s’arranger plus rapidement. En tout cas, cette histoire terminée, j'ai pu quitter la boutique. Je savais que ma collègue qui faisait la fermeture était dans l’arrière boutique et allait revenir vite au niveau de l’accueil. J’avais retiré mon tablier, récupéré mon sac et avais guidé Noid et sa fille jusqu’à une boulangerie un peu plus loin. Il y avait un large choix de pâtisseries et ils ont pu choisir ce dont ils avaient envie: un pain au chocolat et une part de flan. Pour ma part, j’avais pris une part de fraisier, mon gâteau préféré depuis… Toujours ? Bref, nous avions chacun pris ce que l’on voulait et il était temps de passer à la caisse. Je voulais sortir ma carte bleue mais je n’eu pas le temps de faire quoi que ce soit que Noid dégaina la sienne. Trop rapide. Il m’a pris de cours… Bon, c’est très gentil de sa part en tout cas. Je lui souris.
Bien joué. Merci à vous en tout cas. Et c’est normal, je n’aime pas l’injustice et il s’est montré injuste envers vous.
Nous allons ensuite nous installer. L’ambiance était détendue, ça changeait d’il y a quelques minutes et c’était tant mieux. Peut-être pourrions-nous faire plus ample connaissance ? Ah, aussitôt pensé, aussitôt fait. J’avais droit à quelques questions auxquelles j’allais répondre sans détour.
Eh bien… Je suis née ici mais j’ai fait pas mal d’années dans un pensionnat-couvent pour jeunes filles. Je suis revenue il y a 7 ans. Donc je suppose qu’on peut dire que ça fait quelques temps. J’ai actuellement 22 ans même si on m’en donne souvent moins.. Par contre ce n’est pas ma boutique, je ne suis qu’apprenti et j’ai bientôt fini ma formation.
Je lui souris. J’avale ensuite un morceau de mon fraisier.
Délicieux ! C’est toujours un régale ici ! Et elle a l’air d’accord avec moi.
Dis-je en rigolant et en regardant Mika.
Et vous alors ? Que faites-vous dans la vie ? A part avoir un monsieur pas gentil qui vient vous casser les pieds ?
Un peu d’humour tout en restant toujours bienveillante ne fait pas de mal.. Je viens ébouriffer les cheveux de sa fille.
T’es trop mignonne. Ne mange pas trop vite, il ne va pas s’envoler. J’irais t’en reprendre un si tu veux. Mais ne va pas t’étouffer.
La p'tite blonde n'avait pas l'air de mal prendre son initiative, ça faisait plaisir à voir. Elle accept ait même ses remerciements, et disait qu'il avait été victime d'une injustice. Noïd haussa les épaules, et fit une moue fataliste.
- « T'inquiètes, j'suis habitué. Quand t'as une sale gueule comme moi c'est courant. J'irai pas jusqu'à dire que je suis moche, mais parce que j'ai pas une tronche de porte-bonheur, les gens partent souvent du principe que je suis un sauvage. Mais bon, un avocat qui vient me saoule c'est une première. »
Ils étaient installés, et mangeaient chacun tranquillement leur dessert. Après la tension passée, ça faisait un peu surréaliste. N'empêche qu'ils faisaient un trio hétéroclite, entre le type a l'air patibulaire, sa fille adorable et la p'tite fleuriste au visage d'ange, c'était pas vraiment deux personnes qu'on aurait imaginé bouffer un goûter ensemble. Akira répondit sans hésitation à ses questions, et Noïd l'écouta attentivement. Originaire d'ici, donc... Mais elle avait passé du temps dans un couvent ? Enfin un pensionnat-couvent ? D'une certaine façon, ça expliquait ses manières parfois un poil déconnectées de la réalité (genre vouloir offrir une couronne de fleurs à la personne qui vient de te hurler dessus à s'en décrocher les cordes vocales), mais quand même, Noïd avait du mal à imaginer.
- « Un... Pensionnat-couvent ? Désolé, j'y connais rien, mais je pensais qu'avec un nom pareil c'était pour finir bonne sœur... Bah après, c'est vrai que tu fais jeune, mais bon, dans le monde de surnaturels ou on vit, tu peux pas savoir quel âge a quelqu'un a sa tronche. Regarde, j'suis un loup... Du coup, tu pourrais deviner mon âge ? Je pourrais très bien être un vieux débris. »
Parce que bon, entre les loups et les anges qui se conservaient bien, les démons qui pouvaient changer leur âge et les vampires champions du monde de la jeunesse éternelle, y avait de quoi être paumé. Enfin, c'était pas l'heure de se poser des questions existentielles. Akira et Mika savouraient leurs pâtisseries, et Noïd mangea un peu de la sienne, admettant que c'était bien bon. Mika était tellement sous le charme qu'elle s'était fichue du chocolat partout sur le visage, visiblement très contente. La fleuriste en devenir lui frotta la tête, arrachant un sourire à la petite fille, puis Noïd attrapa un mouchoir pour lui essuyer le visage, toujours un peu gaga devant sa fille. Elle voulait donc en savoir un peu plus. C'était normal, après tout c'est lui qui avait commencé.
- « Comme toi, je suis né ici, mais j'ai pas beaucoup bougé. J'ai fait quelques bêtises, puis j'me suis rangé en devenant agent de sécurité. Je bosse un peu partout, ça marche plutôt pas mal. Mika par contre vient pas d'ici, elle est née en Russie. Mais bon, on vit tous les trois dans notre p'tite maison avec ma chérie... Donc ouais, c'que je fais dans la vie c'est faire des sécurités, et faire en sorte que ce p'tit bout de loup grandisse bien. C'est pas des grands projets mais ça me convient très bien. »
Le petit bout de loup concerné leva son regard interrogateur sur lui, et son père vient l'embrasser sur le front avec un sourire. Il fondait toujours devant le regard innocent de sa fille. Et apparemment il était pas le seul, vu qu'Akira avait envie de lui offrir un autre éclair.
- « Mais t'habites seule ou chez tes parents ? Sans offense hein, mais une jeune femme comme toi qui bosse dans une magasin de fleurs, quand je vois comment t'arrives à être sympa avec quelqu'un qui te gueule dessus, ça me force le respect mais ça m'inquiète un peu quand m... »
Il s'interrompit. Si elle avait été foutue en pensionnat, couvent, ou whatever c'était que c'était peut-être une question à pas poser. Il pouvait être vraiment trop con. Merde.
L'ambiance avait totalement changé entre la boutique et la boulangerie-pâtisserie et c'était tant mieux. J'avais exprimé à Noid que pour moi il avait été victime d'une injustice. Ce à quoi il mebrepond qu'il a l'habitude comme il a une sale tête et que souvent les gens le prennent pour un sauvage. En entendant ça, mon expression du visage devient triste. Je ne suis pas d'accord, il n'a pas une mauvaise tête. Non, non et non.
Ne dites pas ça, vous n'avez pas une sale tête. Et puis, même si c'était réellement le cas, les personnes qui jugent sur l'apparence eh bien c'est qu'elles sont fermées d'esprit et c'est triste voilà tout.
Oui voilà. Il n'y a pas d'autre explications et quand on voit ce père aimant avec sa fille, comment ne pas craquer ? Je lui souris alors que nous nous installons pour notre goûter. Il m'avait posé quelques questions alors j'ai commencé a parler de moi. Je vois qu'il tique un peu sur mon histoire de pensionnat couvent et pourtant c'est la stricte vérité. De toute façon je ne suis pas du genre à mentir, je déteste ça. Il relève aussi le fait que certes je fais jeune mais c'est difficile de donner un âge avec le monde de surnaturel dans lequel on vit. C'est vrai... deviner son âge... je réfléchis quelques instants.
Mes parents souhaitaient que je sois dans une bonne école et celle-ci était très réputée. Mais je n'étais pas destinée à devenir bonne sœur, seulement à avoir une très bonne éducation et être bienveillante. Concernant votre âge, je dirais un peu moins de la trentaine ? En tout cas physiquement...
Si ça se trouve je me plante totalement et c'est fort probable. Il me raconte aussi son histoire à lui. Je l'écoute attentivement, jetant de doux regards à sa fille. S'occuper de ce petit ange et que tout aille bien pour elle, c'est un très bel objectif déjà. Un jour, peut-être que moi aussi j'aurai un enfant à m'occuper ? Oh bien sur c'est encore trop tôt, je suis encore jeune mais j'espère quand même. Comme on dit, l'espoir fait vivre. Mais j'ai tout mon temps alors autant en profiter.
S'occuper de ce petit ange et de sa famille, c'est déjà un très beau projet. Être heureux, n'est-ce pas l'objectif de chacun finalement ?
Je ne cesse de lui sourire. Être heureux dans sa vie est la chose qui me semble être la plus importante. Il me pose ensuite la question fatidique, est-ce que je vie avec mes parents? Il m'exprime aussi son inquiétude que je sois trop gentille. Il arrête sa phrase nette, peut-être a-t-il peur d'avoir fait une bourde ? Ce n'est rien, je vais lui répondre avec transparence.
Eh bien... je vie seule. Mes parents sont morts d'un accident de voiture il y a plusieurs années déjà. J'ai vécu ensuite avec ma grand-mère jusqu'à ce qu'elle parte à son tour. Depuis j'ai appris à me débrouiller seule et... je m'en sors pas trop trop mal.
A quelques agressions près et mes soucis de santé mais on fait avec... je vais peut-être omettre de lui parler de ces petites choses pour éviter de l'inquiéter. Après tout on vient de se rencontrer et il a déjà bien à s'occuper autrement que de prendre une inconnue sous son aile... ou plutôt ses pattes.
Elle avait encore une façon un peu naïve de s'exprimer, qui allait bien avec son apparence, la petite Akira. Mais en tout cas, ce qu'elle ne disait n'était pas faux. Pas complètement en tout cas.
- « T'as raison en soi, mais y a quand même des cas ou je dois faire gaffe. Parce que y a pas que moi que ça concerne. Imagine si je fais flipper les profs de Mika, par exemple. Ils vont s'imaginer que y a des trucs qui vont pas dans sa vie, et ça sera dur pour elle aussi. »
C'était la grosse tarte dans la tronche qu'il s'était prise quand il avait lancé les procédures pour la recueillir. Il avait jamais accordé d'importance au regard des gens, mais il avait du apprendre que y avait des fois ou c'était nécessaire, non pas pour lui mais pour autrui. Et ça ne s'arrêtait pas à Mika, ça concernait aussi sa famille, sa chérie... Il était plus à un stade ou il pouvait juste faire le con. Il leva un sourcil amusé au récit d'Akira et à ses remarques.
- « Bienveillante, et une bonne éducation. Ils ont l'air de pas s'en être trop mal sorti à ce niveau. Et t'as bien trouvé, je viens de prendre mes trente et un an. Même pour un loup, j'suis encore considéré comme un p'tit jeune. »
La discussion s'orienta un peu sur l'avenir. Akira avait un petit côté idéaliste et positif qui était assez rafraîchissant, qui attira un sourire sur le visage de l'albinos. Juste s'occuper de sa fille et profiter de sa vie famille avec sa super chérie et les Park était déjà bien assez prenant. Il avait pas forcément envie de plus, et s'inquiétait pas du reste. Voir Mika grandir était déjà bien assez enrichissant, même s'il savait qu'un jour elle prendrait son indépendance. Mais bon, il avait encore le temps de voir venir. Maintenant, il s'occupait aussi un peu des Pawnees, même s'il était nouveau membre.
- « Comme tu dis. Mais bon, comparé à moi t'as plus de choses à vivre, tu voudrais avoir ta boutique plus tard ? »
Mika termina sa pâtisserie, et Noïd lui tendit un mouchoir pour qu'elle s'essuie la bouche, avant qu'elle attaque sa boisson. Lui avait bien avancé dans sa pâtisserie aussi, et s'interrompit lorsque Akira annonça sans honte les événements de sa vie. Mince, il avait encore foutu les pieds dans le plat.
- « Merde... Désolé, je voulais pas évoquer un sujet douloureux. M'enfin ouais, t'as l'air de bien t'en sortir, ce qu'est plutôt impressionnant. J'sais pas si j'aurais pu m'en tirer si j'avais pas eu plein de gens autour qui m'ont aidé quand je faisais de la merde. Mais t'as l'air d'être plus raisonnable que moi, même si t'as dix ans de moins, hé. »
Compatissant mais pas trop. Après tout, elle voulait certainement pas inspirer la pitié chez lui avec son histoire. Comme tout le monde, elle avait pas eu une histoire toute rose, et en avait bavé. Mais malgré ça elle s'était bien accroché, et faisait aujourd'hui quelque chose qui lui plaisait. C'était une bonne façon de voir les choses, et il allait pas minimiser ça en la prenant en pitié.
Tout en mangeant tranquillement, j'écoute attentivement Noid. C'est vrai qu'il doit quand même faire attention à ses faits et gestes pour le bien de sa famille. C'est vrai que s'il fait un faux pas, sa fille pourrait en pâtir. Mais je ne m'inquiète pas pour cette famille, il a l'air d'être vraiment fou de sa fille. Je ne pouvais qu'acquiescer face à ses propos. Je souriais. S'occuper de sa famille... moi aussi peut-être qu'un jour je passerais par là. Je l'espère en tout cas. Mais pas maintenant, je suis encore trop jeune et je dois déjà m'occuper de moi et de mes boulettes... et surtout trouver la bonne personne avec qui être. Après tout, une famille ça ne se fait pas seule. Je lui avais évoqué les objectifs qu'avaient mes parents avec mon éducation, ce à quoi Noid répondit qu'ils ne s'en étaient pas trop mal sorti. J'eus un léger rire. Je fais de mon mieux pour être altruiste et bienveillante. Je ne me sens pas obligée de le faire, c'est plutôt naturel en fait. J'eus un deuxième rire lorsqu'il me dit que j'avais pas trop mal visé pour son âge.
Je pense qu'ils ont réussi. Et pour l'âge, je ne suis pas trop douée pour deviner ça alors, contente de m'en être sortie. Vous êtes jeunes alors, vous avez beaucoup d'années devant vous.
Dis-je avec un sourire chaleureux. De mon côté, j'étais encore plus jeune mais surtout je vivrais bien moins longtemps. Surtout si on prend en compte les différentes fois où j'ai frôlé la mort... ça fait froid dans le dos. Si j'aimerais avoir ma boutique plus tard ? Je réfléchis quelques instants pesant le pour et le contre. Ça pourrait être intéressant mais je ne suis pas sûre que je pourrais le faire, il faut être réaliste.
J'aurais aimé mais je ne suis pas sûre que ce soit une bonne idée. On a tendance à me dire que je suis trop gentille. Je me ferais marcher dessus. Et je pense qu'avec mes soucis de santé, ce serait trop de pression. Mais ce n'est pas grave, être employée c'est bien.
Je souris. Je ne donne pas les détails de mes soucis de santé, mon but n'étant pas de l'ennuyer. Je n'étais pas malheureuse à travailler pour quelqu'un... ça me fait d'ailleurs repenser à la proposition de la Vampire de travailler pour elle... Peut-être devrais-je accepter. J'éloigne ces pensées de mon esprit, ce n'est pas le sujet pour l'instant. J'avais évoqué également quelques instants de ma vie, je sentais qu'il compatissait mais pas trop non plus et c'était très bien. Je ne cherchais pas à gagner la pitié des gens, au contraire.
Je m'en sors pas trop mal je fais de mon mieux et je profite de chaque instant en me disant que j'ai toujours la chance d'être ici ! Et qui sait, peut-être qu'un jour moi aussi je fondrais une famille ? En tout cas, la vie est merveilleuse et il faut profiter de chaque instant. Comme en dégustant une délicieuse pâtisserie avec la nouvelle rencontre de la journée !
J'affiche un grand sourire sur mes lèvres. D'un coup je fouille dans mon sac à main, sortant un petit porte clé porte-bonheur que j'ai réalisé. Je le tends à la petite demoiselle.
Tiens c'est pour toi. Prends le. Il porte bonheur.
Je regarde Noid, espérant qu'il ne soit pas contre. Bon, il commence à se faire tard, je crois que c'est le moment où nos chemins vont se séparer.
Merci pour cet après-midi qui change du quotidien. Je vous souhaite une excellente continuation et une bonne fin de journée !
Le frotte les cheveux de Mika avant de m'incliner pour les saluer et de partir pour rentrer chez moi.
Accueil
Rechercher
Membres
Groupes
Devenir partenaire
Wikipedia d'ANO
Rejoignez-nous sur Discord !
Changer d'utilisateur
S'enregistrer
Connexion
