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 Une coopération fructueuse (suite)

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Une coopération fructueuse (suite)
Feat. - Rachel Bailey
Début du RP ICI

Les pas vifs de Rachel s’approchèrent et je l’entendis vaguement me reprocher d’avoir trop attendu pour tuer mon dernier adversaire. Je ne pris pas la peine de répondre. Quand elle se retrouva près de moi, elle sembla réaliser quelque chose.

- T'es con ou quoi ? T’as été empoisonné à l’aconit !

Elle était marrante elle, à m’insulter gratuitement comme ça… Je n’avais encore jamais été empoisonné à l’aconit ! En plus, comment avais-je laissé faire ça ? Et quand ? Une seconde… Je portai ma main blessée juste sous mon nez, grimaçai en sentant une odeur particulièrement forte et déplaisante. Je ne savais dire exactement ce qui s’en dégageait, trop perturbé par la faiblesse de mon propre corps. Mais je préférais encore aller promener dans les égouts plutôt que de continuer à renifler ça. De l’aconit. La lame du sabre devait en être imbibée… Cette espèce d’enfoiré ! Et évidemment, inutile d’aller l’accuser de quoi que ce soit. La preuve demeurait sûrement déjà détruite. De plus, maintenant que le lycan était mort, personne ne se soucierait de savoir si je disais la vérité ou non. Et je préférais éviter d’essayer de me justifier quand je passais à deux doigts de perdre un combat. Cela ne ferait qu’attiser les moqueries et la haine. Je soupirai. J’étais dans de beaux draps, maintenant, avec des blessures pleines d’aconit sur la majorité du corps… Je savais que je n’allais certainement pas en mourir mais les prochaines heures seraient peut-être les plus longues de ma vie. Un frisson me secoua et je me sentis soudain fiévreux.
J’étais en train de me demander comment j’allais rentrer chez moi – car il était évident que je n’étais pas en état de conduire – quand Rachel décida pour moi. M’obligeant à passer mon bras par-dessus ses épaules, elle nous fit sortir des ténèbres de la ruelle pour rejoindre sa voiture un peu plus loin. Je me laissai tomber sur le siège passager. J’ignorai totalement combien de temps dura le trajet car je somnolai à plusieurs reprises. Je me sentais de plus en plus mal, les entailles me faisaient souffrir, et je commençais à avoir froid. J’eus l’impression de m’arracher l’âme lorsqu’il fallut sortir du véhicule. Heureusement, la louve me soutint encore une fois, jusqu’à ce que nous parvenions à son appartement. Elle me laissa sur le canapé. A moitié allongé, je tentai de contrôler ma respiration haletante. J’avais l’impression que mes poumons avaient rétréci, et je commençais à transpirer alors que je tremblais de froid.
Le parfum de la demoiselle disparut quelques instants, et elle revint avec une trousse de secours. Elle commença à désinfecter les plaies. J’eus du mal à retirer mon tee-shirt, elle dut m’aider et le vêtement finit par terre sans que personne ne s’en soucie. Apparemment, j’avais surtout pris des coups sur la partie supérieure du corps. Mon pantalon ne semblait pas déchiré, je ne ressentais pas ce picotement brûlant qui me lançait dans les bras, le dos et sur le torse. J’eus un sursaut de surprise ponctué d’un gémissement de douleur quand Rachel commença à me désinfecter. La vache, ce putain d’aconit rendait sensible ! Visiblement agacée, la louve me menaça de me faire beaucoup plus mal si je n’arrêtais pas de gigoter. Je lâchai malgré moi un ricanement sans joie et répondis :


- J’avais oublié à quel point tu étais douce.

Munie de gants en latex, elle s’évertua à poursuivre sa tâche, non sans montrer son mécontentement à chaque fois que j’osais manifester ma douleur. Je ne savais pas pourquoi elle était si en colère. Je n’avais pas demandé à être empoisonné ! Avais-je gâché le reste de sa soirée en l’obligeant à prendre soin de moi ? Si c’était ça, qu’elle me le dise et j’appelais Schneider pour prendre le relais… Usé moralement comme physiquement, je laissai Rachel m’emmener jusqu’à sa chambre où je pris place dans le lit. Je me sentis à peine mieux en m’allongeant. Et ce n’était que le début…

- Si t’as envie de vomir, y a une bassine au sol, prévint mon amie en tapotant mon front avec un gant mouillé.

Elle avait retiré sa perruque et ses lentilles, redevenant la Rachel que j’avais toujours connue. Je ne me sentais pas spécialement nauséeux, plutôt courbaturé. Et j’avais surtout froid et du mal à calmer mes tremblements. Et envie de dormir. Dormir et me réveiller dans… un mois ou deux, histoire de me reposer correctement. J’en avais bien besoin… Et, même si elle n’avait pas été tendre, j’appréciais l’aide que m’apportait Rachel. Elle aurait très bien pu me laisser me débrouiller et vaquer à d’autres occupations. Maintenant que le calme était revenu, et qu’elle semblait s’être apaisée, son visage s’était décrispé, ses gestes devenaient délicats. Cette fois, le frisson qui me parcourut ne fut pas du tout la cause de mon mal-être. J’avais l’agréable sensation d’être revenu des années en arrière, lorsque je rentrais des arènes et que Mary s’occupait de soigner mes blessures les plus profondes, celles qui ne cicatrisaient pas en une nuit.
Je me rappelais encore de son visage marqué d’inquiétude et de soulagement à la fois, ses lèvres pincées par la concentration, ses sourcils légèrement froncés par-dessus son regard noisette attentif à ce qu’elle entreprenait. La douceur de ses mains, le parfum de sa peau relevé par celui qu’elle aimait porter quotidiennement, un mélange de fleurs et d’épices légères. Il chatouillait mes narines sans devenir entêtant, juste assez présent pour adoucir mon cœur et savourer la quiétude de ce genre de moment, si confortable après les heures passées à me battre sur le ring. Complètement perdu dans mes souvenirs, l’esprit conforté par ce qui semblait s’en rapprocher en ce moment même, je ne cherchai plus à lutter, à garder les yeux ouverts, me soucier de la raison pour laquelle j’étais là, ni comment j’étais arrivé là. D’ailleurs, je ne me rappelais plus vraiment où je me trouvais. Tout près, la chaleur humaine qui se dégageait de la personne qui prenait soin de moi était tout ce qu’il y avait de plus consolant. Et je voulais en profiter plus encore.
Je me tournai sur le côté, difficilement. A tâtons, d’une main toujours tremblante et dépourvue de presque toute force, j’attrapai le col de ce qui me semblait être le tee-shirt de ma guérisseuse attitrée pour la soirée, et l’attirai à moi. Tant pis si ce n’était pas Mary, tant pis si ça ne durait que quelques secondes. Je voulais juste retrouver ces sensations oubliées, et qui me manquaient terriblement. Le visage enfoui dans sa chevelure parfumée, je passai ma main dans son dos, me blottis davantage et m’endormis presque immédiatement.


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Une coopération fructueuse
Du sarcasme.... Comme si c’était le moment d’en faire. Qu’est-ce qu’il pouvait être con, songeais-tu intérieurement alors que tu tentais de faire descendre sa fièvre. Même si tu n’étais pas le comble de la douceur, tu fais des efforts... Il fallait qu’il guérisse. Il était hors de question que tu vois encore un de tes proches succomber à l’aconit... Alors que tu prenais soin de lui, tu avais ces images en tête... Ce soir de massacre où tes parents avaient été tués... Tes yeux brillaient mais aucune larme ne coulait sur tes joues, tu restais concentrée. Ton visage était comme vide, tu t’en souvenais... L’odeur de l’aconit, celle du sang... puis la main tiède de ta mère qui refroidissait un peu plus à chaque fois que le temps passait... Le corps froid de ton père... Ces souvenirs étaient horribles. Une plaie béante qui ne se refermera sûrement jamais... Les images ne cesseront de te hanter et nourrir tes plus vils cauchemars... Tu étais si jeune à cette époque... Tout te semblait plus grand, plus effrayant... et tu étais tout simplement plus impuissante, incapable de les aider... Mais dans le fond, que serait-il passé si tu étais intervenue ? Tu serais morte en même temps qu’eux... Ils se seraient sûrement amusés à torturer ta mère avant de la tuer...

Alors que ton esprit était comme sorti de ton corps, tu le sentis se tourner vers toi alors qu’il tendait sa main vers toi, sa main agrippant ton col, tu te sentis tirée jusqu’à lui. Clignant des yeux de surprise, tu te retrouvais étreinte par lui. Il te serrait, son corps encore tremblant à cause du poison, il t’avait entrainé dans le lit et il s’était blotti contre toi, son visage enfoui dans son cou et tes cheveux. Mais qu’est-ce qu’il lui prenait... songeais-tu une fois de plus dans ton for intérieur. Tu n’eus toutefois pas l’occasion de lui demander, la tension se fit moins grande, tu le sentais toujours respirer... Il s’était juste endormi... Pour ta part, il était impossible de dormir... Pas dans cette posture et encore moins avec son état de santé à lui... Un soupir s’échappait de tes lippes alors que tu le laissais ainsi reprendre des forces...
Il eut donc droit à une nuit de sommeil complète. Et toi ? Tu n’avais pas dormi de la nuit... De petites cernes étaient apparues sous tes yeux, des petites poches bien significatives d’une nuit blanche sans alcool... Tu l’avais laissé blottie contre toi jusqu’à ce que tu sentes qu’il avait bien purgé le poison... T’échappant de son étreinte vers six heures du matin, tu sortais de la pièce en fermant doucement la porte derrière toi, tu allais donc préparer un petit déjeuner... Il avait besoin de protéines. Dès le matin, certains n’aimaient pas mais lui... il était allemand donc logiquement, il avait l’habitude. Préparant des œufs sur le plat, du bacon, des pommes de terre sautées et un jus d’orange. Tu plaçais le tout sur un plateau puis tu entrais dans la chambre une petite heure après. Logiquement, il allait être réveillé à cause de l’odeur de bouffe. Tu en avais fait pour un régiment donc normalement, il allait se lever.

Quand tu constatais que c’était le cas, tu plaçais le plateau sur le côté pour qu’il puisse manger. Détournant le regard, tu te contentais d’ajouter avec un calme olympien.

« T’as intérêt de tout bouffer, sinon je te le fais avaler par les trous de nez. »

Toujours dans la délicatesse oui... Mais il devait avoir l’habitude à force. Tu t’asseyais sur la chaise présente dans la pièce, ayant pris un simple verre d’eau avec une aspirine, tu en avais placé une également pour lui s’il en désirait. Puis tu soufflais doucement... T’avais besoin de dormir... tu allais pas bien du tout, le stress accumulé plus les souvenirs qui t’étaient revenus en pleine face.. Tu étais au bout de ta vie.

« Envoie au moins un message à ta copine qui garde ta fille pour dire que tout va bien. J’ai pas ton code sur ton téléphone donc j’ai pas cherché à le faire. »

Ouais... ça avait le mérite d’être clair. Toujours avec la douceur d’un pachyderme, il fallait pas trop t’en demander quand tu faisais une nuit blanche non désirée... Au moins, tu avais fait le nécessaire pour le maintenir en vie... Tu te demandais s’il était bien tiré d’affaires. Mais le connaissant, dès qu’il pourra marcher de nouveau, il se barra et tu pourras dormir de nouveau...

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Feat. - Rachel Bailey
Je me réveillai à plusieurs reprises à cause de la douleur de mes blessures, et de cette fièvre qui me donnait froid. Mais la chaleur du corps de Rachel me faisait tellement de bien que je n’osais pas bouger, et je me rendormis à chaque fois. Ainsi passa la nuit. Je rouvris les yeux le lendemain, très tôt. Le réveil posé sur la table de chevet affichait sept heures. Mon amie la louve n’était plus là. J’étais en train d’essayer de me rappeler où je me trouvais, tout en contemplant le plafond d’un regard vide, quand une douce odeur de nourriture me parvint. Automatiquement, mon estomac se mit à gargouiller. Je n’avais pas mangé depuis près de douze heures, c’était beaucoup trop lointain. Par contre, je n’avais aucune force. J’étais complètement à plat, incapable de me relever. Dans un soupir ponctué d’une légère grimace, je me tournai sur le côté. J’arriverais peut-être à descendre du lit en glissant au sol… si je me sentais encore capable de bouger d’un centimètre.

- Verdammt scheiße*… grommelai-je agacé de me trouver dans un état aussi pitoyable.

A ce moment-là, la porte de la chambre s’ouvrit et Rachel entra. Elle portait un plateau rempli de nourriture. Sans voir exactement ce qu’elle avait préparé, je devinai le parfum des pommes de terre sautées, de tranches de bacon légèrement grillées et d’œufs au plat. Bordel, j’avais tellement faim… La jeune femme déposa le plateau à côté du lit.


- T’as intérêt de tout bouffer, sinon je te le fais avaler par les trous de nez, ordonna-t-elle dans le plus grand des calmes.

Toujours aussi délicate. Les apparences étaient bien trompeuses… Bien sûr, je connaissais ce côté dominateur sous ses airs de gentille fille. Mais là, je devais avouer que je n’avais pas vraiment besoin d’être secoué. Ni physiquement, ni verbalement. Elle tira une chaise et s’assit près de moi. Elle tenait un verre d’eau dans la main, dans lequel se désagrégeait un cachet d’aspirine.


- Envoie au moins un message à ta copine qui garde ta fille pour dire que tout va bien, reprit-elle d’un ton las. J’ai pas ton code sur ton téléphone donc j’ai pas cherché à le faire.

Il me fallut cinq bonnes secondes pour imprimer ce qu’elle venait de dire. Quand je réalisai, je fis un bond en roulant sur le ventre.

- Putain, Janna !

Par contre, comme je me situais déjà au bord du lit, je fis une belle chute et me retrouvai face contre terre.

- Aïe… gémis-je.

Au moins, cela eut le don de me réveiller correctement, et de m’obliger à bouger. J’envoyai la main sur la table de chevet, m’appuyai dessus et usai du peu de forces que j’avais dans le bras pour me mettre au moins à quatre pattes. Puis je me laissai tomber assis, adossé au cadre du lit, et levai les yeux sur Rachel qui me regardait d’un air désespéré.


- Vas-y, fous-toi de ma gueule, maugréai-je en me massant l’épaule.

Je n’étais plus à ça près, maintenant. Je l’observai mieux, vis d’énormes cernes sous ses yeux, son visage plus pâle que d’habitude et son corps à moitié avachi sur sa chaise. Elle semblait… défaite.


- T’aurais pu dormir, dis-je en commençant à culpabiliser. Je ne me suis pas gêné, moi.

Il y avait des circonstances, mais tout de même. Croyait-elle vraiment qu’un peu d’aconit allait m’envoyer en enfer ? Je fouillai dans les poches de mon pantalon, tournai la tête, aperçus mon téléphone à côté du plateau de nourriture. Je m’en emparai et envoyai un rapide message à Sofia pour la rassurer, et m’excuser.


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* Verdammt scheiße : Fait chier

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Une coopération fructueuse
Malgré les heures de sommeil qu’il avait eu et les soins que tu lui avais apporté, il était pas encore totalement sorti d’affaires. Le désavantage certain de l’aconit, celle-ci avait un effet dévastateur sur les lycans et hormis le purger et attendre que son corps dilue totalement le poison, il n’y avait pas grand-chose à faire. Une trop grande dose l’aurait potentiellement tué, du moins... c’était le constat que tu avais pu faire pendant ton existence... Cette merde avait un pouvoir bien trop puissant sur les lycans... Dommage qu’il ne pouvait pas être totalement éradiqué...
Alors que tu buvais ton eau avec ton aspirine diluée en faisant une grimace de dégoût. Et alors que tu le dévisageais longuement en lui parlant de sa fille, c’est à ce moment là qu’il fut pris d’une envie irrépressible de se lever pour chercher sûrement son téléphone. Le toisant du regard qu’il vint à se vautrer à même le sol, tu arquais un sourcil en posant ton verre sur la table de chevet et continuant à le regarder comme s’il était un extraterrestre. Alors qu’il se donnait du mal pour se mettre finalement à quatre pattes et s’adosser enfin contre le lit, c’était quoi ce regard de désespéré ? Clignant des yeux avant de croiser les bras contre ta poitrine, tu répondis simplement.

« Tu m'aurais juste demandé ton téléphone, t’aurais pas eu à tomber comme une vieille loque lupine. »

Ceci étant dit, tu regardais la table de chevet du coin de l’oeil comme pour lui indiquer que le téléphone était là puis vint la fameuse phrase... Hm... ça n’allait pas être facile de le dire ouvertement mais bon, tu allais pas mentir pour une connerie pareille, quand même... Il y avait des limites.

« Non, il suffisait juste que tu fasses une réaction pendant que je dors et j’aurais paniqué. Donc valait mieux que je reste debout pour être sûr que tu passerais la nuit. »

Venais-tu d’avouer à demi mot une légère bride de ton passé ? M’oui mais avec un peu de chance, il aurait pas capté et serait trop shooté pour s’en rendre compte. Donc, tu décidais de distraire son attention avant de poser finalement le plateau sur ses cuisses pour qu’il mange.

« Maintenant que ta meuf et que ta fille sont prévus, tu manges. C’est pas en gardant l’estomac vide que tu vas purger cette merde que t’as encore dans le sang. »

Au moins ça avait le mérite d’être clair dans tes propos. Tu le regardais en le fusillant du regard comme si tu étais sur le point de le tuer s’il ne se décidait pas à manger. Tu venais à ajouter avec un ton presque meurtrier.

« Me forces pas à te faire la becquet comme un gosse. Fin... Si j’ai pas le choix car t’es trop faible, je le ferais. »

Un peu contradictoire non ? Mais tu prenais en compte qu’il allait toujours pas bien et que même si tu étais en colère... c’était pas une colère dirigée contre lui, il fallait donc que tu te calmes et que tu respires un bon coup. Buvant d’une traite l’entièreté de la boisson effervescente avant de poser le verre sur la table de chevet et le rejoindre assise sur le sol. Il allait bien se décider à se nourrir quand même non ?

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Feat. - Rachel Bailey
- Non, il suffisait juste que tu fasses une réaction pendant que je dors et j’aurais paniqué, rétorqua-t-elle, tranchante. Donc valait mieux que je reste debout pour être sûre que tu passerais la nuit.

Ah. Je trouvais qu’elle exagérait un peu. Je n’avais pas été mortellement blessé au point que l’aconit ait pu avoir raison de moi. Peut-être s’était-elle un peu trop affolée… Je reposai mon téléphone. Rachel attrapa le plateau de nourriture et me le mit sur les cuisses.

- Maintenant que ta meuf et que ta fille sont prévenues, tu manges.

Ma m… ma meuf ? Qu’est-ce qui lui faisait croire que Sofia…

- C’est pas en gardant l’estomac vide que tu vas purger cette merde que t’as encore dans le sang.

Je soupirai. Oui, chef… J’évitai son regard qui lançait des éclairs, préférant ne pas répondre, au risque de prendre un coup de tête. Elle ne pouvait pas savoir quelle relation j’avais avec l’enquêtrice. Je ne lui parlais jamais d’elle, et n’en voyais pas la raison. C’était de ma faute si elle se faisait de fausses idées. Mais je n’avais pas l’énergie de me justifier.

- Me force pas à te faire la becquée comme un gosse, prévint-elle. ‘Fin… Si j’ai pas le choix car t’es trop faible, je le ferai.

Elle but son aspirine, décida de venir s’asseoir par terre, à côté de moi. Je lâchai un ricanement.

- Et me faire enfoncer la fourchette au fond de la gorge ? Sans façon… répondis-je, sarcastique.

Je m’emparai de ladite fourchette, piquai dans une tranche de bacon. Je l’approchai de ma bouche, me ravisai, regardai Rachel.


- Merci, repris-je plus calmement, et sincèrement.

Un simple mot qui signifiait pourtant beaucoup. Elle m’avait tiré d’affaire, et continuait de m’aider en mettant sa propre santé de côté. Je ne la connaissais pas si altruiste. Elle cachait tant ce côté serviable et attentionné derrière un masque de profonde assurance, qu’il était difficile de le deviner. A l’époque où nous nous fréquentions beaucoup, je n’avais pas pris le temps d’apprendre à connaître Rachel. Sa compagnie charnelle me suffisait, comblait mes attentes primaires, je n’avais jamais ressenti le besoin de tisser un lien plus fort avec elle. Dans un sens, je ne le regrettais pas car au moins, je n’avais pas souffert de la séparation. Mais aujourd’hui, j’avais envie – peut-être besoin – de rattraper ça. Par culpabilité ? C’était possible. Parce que j’avais changé, aussi. Je n’étais plus ce type insensible et désinvolte, égoïste et irréfléchi que Mary avait su effacer, pour révéler ce qu’il y avait de bon en moi. Je savais parfois me soucier des autres, même si c’était souvent maladroit.
Je commençai à manger, poussai un soupir de plaisir en savourant le bacon. Je goûtai aussi un morceau de pomme de terre, et d’œuf. Je tournai la tête vers Rachel, un sourire en coin.


- Si j’avais su depuis toutes ces années que tu cuisinais aussi bien, j’aurais attendu le matin pour partir.

Pas sûr que l’image de petite femme faisant à manger pour son homme fût la tasse de thé de la louve. Mais bon. Tant pis si ça l’énervait, apparemment j’avais le don de l’exaspérer depuis hier. Je donnai un léger coup d’épaule amical contre la sienne et l’observai, la tête légèrement penchée sur le côté pour mieux la voir. Je repris mon sérieux, un peu inquiet.

- Tu devrais te reposer, Schöne*, conseillai-je. Qui va prendre soin de moi si tu meures de fatigue ?

Ce surnom, c’était celui que je lui donnais autrefois. Il m’avait complètement échappé, comme si rien n’avait jamais changé...


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* Schöne : Ma belle

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”Enfoncer la fourchette au fond de la gorge”.... Hm, il était peut être pas loin du compte. A ce stade émotif, tu pouvais pas garantir que tu le gaverais pas comme une oie... Mais visiblement, il avait assez de force pour envoyer son message à sa copine donc il pouvait bien se remplir la panse. Soupirant doucement, tu le laissais engloutir le tout en le regardant. Certes, tes yeux étaient posés sur lui mais ton regard était vide. A la fois à cause de la fatigue mais aussi au stress qui était en train de redescendre peu à peu... Quand il eut fini, il vint à faire sa petite plaisanterie à la con. Pouffant de rire, tu haussais les épaules avant de répondre sans aucune once de gêne.

« Parce que tu crois que j’aurais pris la peine de cuisiner pour toi après une partie de jambes en l’air ? Les plans culs ramènent jamais le petit déj’. Y a que les sexfriends qui le font et encore. T’étais pas de ce genre et moi non plus. »

Et oui... On peut dire que ça avait le mérite d’être clair. Tu n’avais jamais vraiment rien attendu de cette relation avec lui. Certes dix ans, c’est long mais en somme... Y avait aucune fidélité à proprement parlé, il pouvait coucher avec d’autres meufs comme tu pouvais coucher avec d’autres mecs. Tu t’entendais bien avec lui sur le plan charnel et tu n’avais jamais cherché à aller plus loin. Il aurait peut être pu être un bon pote avec les avantages mais c’est tout.
Plutôt calme, tu entendis le surnom qu’il te donnait. A force de l’entendre à l’époque, tu avais sorti ton meilleur Google Translate pour savoir ce que ça voulait dire. “Ma belle” donc ? En règle générale, il te demandait quelque chose quand il t’appelait comme ça. Arquant un sourcil, tu te redressais avant de te lever.

« Je me reposerais quand je serais morte. En attendant, t’as besoin de prendre une douche. Même la faucheuse à côté doit sentir la rose. Besoin d’aide pour te lever ? Avant que tu cris au scandale, j’ai une baignoire, je te place dedans et tu te démerdes si t'as peur pour ta pudeur. »

Façon sous-entendue de lui dire qu’il s’était ramoli ? Oh que oui. Retirant le plateau de ses cuisses, tu te penchais en avant en lui attrapant le bras et le plaçais sur ton épaule pour commencer à le porter jusqu’à ta salle de bains qui n’était pas bien loin. Marchant quelques pas, tu rentrais à l’intérieur avant de l’aider à s’asseoir sur la céramique.

« Tiens, j’ai du produit pour homme. Ça t’évitera de sentir la gonzesse. Essaie au moins de prendre un bain pour détendre tes muscles. »

Lui tendant du gel douche parfumé au santal et aux odeurs musquées, quelque chose de bien typé masculin. Puis, tu déposais une serviette sur le lavabo à côté de la baignoire pour qu’il puisse l’attraper facilement puis tu croisais tes bras contre ta poitrine.

« Jusque là, pas besoin que je te mette à poil ? Vu le combat que t’as eu hier, ça doit sentir la quatre fromages. »

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Comme je m’y attendais, elle me fit « gentiment » remarquer qu’elle n’aurait jamais pris la peine de cuisiner pour moi. Je ne relevai pas et continuai mon repas. La jeune femme se leva quand il n’y eut plus aucune miette de nourriture dans les assiettes. J’avais bien mangé.

- Je me reposerai quand je serais morte, dit-elle. En attendant, t’as besoin de prendre une douche. Même la faucheuse à côté doit sentir la rose.

Elle n’avait pas tort, une bonne douche n’était pas de trop. Rachel demanda si j’avais besoin d’aide pour me lever. J’acquiesçai. Je me sentais encore trop faible pour être certain que mes jambes allaient soutenir mon propre poids.

- Avant que tu cries au scandale, j’ai une baignoire, je te place dedans et tu te démerdes si t'as peur pour ta pudeur.

Je lâchai un petit rire tandis qu’elle reprenait le plateau. Peur pour ma pudeur ? Face à elle ? Depuis quand ? Je pris la main qu’elle me tendait. L’avantage d’avoir la force d’un lycan pour elle, c’était de pouvoir supporter mes cent kilos sans forcer. Ainsi, de la même manière qu’elle m’avait aidé à arriver jusque chez elle, elle me soutint jusqu’à la salle de bain jusqu’à ce que je puisse m’asseoir sur le rebord de la baignoire. Elle me montra le produit pour homme qu’elle possédait, pour que j’évite de « sentir la gonzesse ». Je ne fis aucun commentaire sur le fait qu’elle avait du gel douche masculin chez elle, l’écoutai me conseiller de prendre un bain pour détendre mes muscles. Je n’aimais pas trop les bains mais je ferais en sorte de profiter de l’eau chaude. Elle déposa une serviette sur le lavabo et croisa les bras en me dévisageant.

- Jusque-là, pas besoin que je te mette à poil ? Vu le combat que t’as eu hier, ça doit sentir la quatre fromages.

Je levai les yeux au ciel avec un sourire amusé.

- Ҫa ne te dérangeait pas tant que ça, à l’époque, la quatre fromages, fis-je remarquer, espiègle.

Je ne comptais même plus le nombre de soirs où nous avions eu trop hâte d’être enlacés pour songer à la moindre douche. Surtout que, parfois, ça se passait à la sortie des arènes, dans un coin de rue, à l’abri des regards indiscrets.


- Tu peux aller te reposer, insistai-je en la voyant toujours aussi fatiguée. Je réussirai à me débrouiller.

Sur ce, j’attendis qu’elle quitte la pièce avant d’ouvrir le robinet de la baignoire. Le temps que l’eau chaude arrive, je me mis debout en me tenant au bord du lavabo, et me regardai dans le miroir. J’avais vraiment une sale tête. Les entailles sur ma poitrine et sur mes bras n’avaient pas encore totalement disparu. Elles me picotaient légèrement. Mais ce n’était rien comparé à celle qui se trouvait dans la paume de ma main. Elle me lançait douloureusement. Si j’avais tenu la lame du sabre plus fort, j’aurais pu me trancher la main en deux. J’aurais eu l’air fin avec quatre doigts en moins… Dans un soupir, je m’assis de nouveau au bord de la baignoire et retirai mon pantalon, et le reste de mes vêtements. J’entrai ensuite dans la baignoire, préférai largement rester assis dedans, histoire de me reposer un peu. Je pris mon temps, appréciai l’eau chaude avant de me savonner, et laver mes cheveux aussi.
Quand j’eus terminé, j’avais un peu perdu la notion du temps. J’espérais ne pas avoir inquiété Rachel. Elle avait peut-être fini par s’endormir. Je remis au moins mon pantalon, histoire de rester décent, même s’il n’était pas très propre. J’avais des affaires de rechange, mais elles se trouvaient dans ma voiture, et elle était garée bien trop loin d’ici pour m’y rendre à pied. Tant pis, ça attendrait quelques heures. Je sortis de la salle de bain, en frictionnant mes cheveux avec la serviette. Je pensais avoir retrouvé un peu de vigueur mais la fatigue me donna des vertiges, et je dus me résigner à retourner dans la chambre. Combien de temps faudrait-il à mon corps pour évacuer le poison ? Je n’avais pas envie d’embêter Rachel en restant ici. Et Janna finirait par se faire du souci si je ne rentrais pas bientôt.
Nouveau soupir, avant de m’asseoir sur le lit et me laisser tomber allongé sur le côté. La serviette de bain sous ma tête, de fermai les yeux, en proie à un début de migraine. Je rouvris les paupières, remarquai le verre d’eau blanchie d’aspirine que mon amie avait laissé pour moi tout à l’heure, sur la table de chevet. Je me relevai pour en boire le contenu, me laissai de nouveau choir sur le coussin, sans prendre la peine de ramener mes cheveux vers l’arrière, comme je le faisais toujours. Vu le zombie que j’avais aperçu dans le miroir, des cheveux en bataille ne changeraient rien à mon apparence déjà médiocre.


- Scheißbergeisenhut*… maugréai-je en refermant les yeux.


______________________
* Scheißbergeisenhut : Aconit de merde

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La petite blague sur la potentielle odeur corporelle du lycan était évidente. La perche était trop grande pour pas être attrapée. Mais il s’agissait là d’une taquinerie sans en être vraiment une, il sentait véritablement le fauve et toi aussi d’ailleurs... Tu étais même tentée de prendre une douche à côté mais... Ouais non, c’était pas une bonne idée. Fallait que tu ranges un peu pour t’assurer que ton appartement ne ressemble pas à un vrai bordel... Levant les yeux au ciel à sa réponse, tu haussais doucement les épaules avant de rire légèrement.

« Il faut croire qu’à l’époque, j’étais désespérée. »

Alors tu avais dis cela sous le ton de la plaisanterie mais ce n’en était pas vraiment une... Enfin, tu n’étais pas désespérée d’un point de vue relationnel mais plutôt mentalement. Difficile de se remettre pleinement de la mort d’un proche. Lui avait perdu sa femme, triste à dire mais... une femme, ça se remplace. Toi, tu avais perdu ta mère et ton père, ceux qui t’avaient mis au monde donc eux... Tu avais aucun moyen de les remplacer véritablement. Donc, tu avais plus d’empathie pour la petite Janna. Mais bien évidemment, tu n’avais rien dis à ce sujet et tu t’étais contenté de le laisser prendre sa douche tranquillement, visiblement il avait pas besoin de ton aide donc tu estimais que tu allais pouvoir le laisser faire ses affaires sans devoir intervenir.

« De toute façon, si tu te vautres. Je l’entendrais. »

Façon détournée de lui expliquer que s’il se blessait, tu interviendrais. Heureusement pour toi, il sembla se débrouiller tout seul. Tu en profitas pour changer les draps de la chambre d’amis pour que ceux-ci sentent le propre, tu aérais même la pièce pour garantir un maximum de confort. Après tout, ça servait à rien qu’il retourne dans une pièce qui empestait la mort et l’aconit...  
Une fois que tu avais terminé, tu allas te poser un peu dans ta chambre, histoire de te changer. Tu avais enfilé un short en tissu et un débardeur pour être plus en détente mais tu faisais vraiment peine à voir... Tes yeux étaient lourds, tu avais des poches bien visibles et l’aspirine ne semblait pas faire d’effets. Ceci étant fait, tu entendais le grand blond retourner de lui-même dans le lit, tu retournas dans la chambre à ton tour avant de répondre.

« A tes souhaits l’allemande. Mais t’inquiète, t’as l’air de bien t’en sortir et de réagir pas trop mal. Tu devrais pouvoir te lever pleinement d’ici la fin de journée si tu te reposes bien... »

Une autre petite manière détournée de l’inviter à pas forcer et de se reposer. Après il était grand, majeur et vacciné depuis bien plus longtemps que toi, donc c’était pas à toi de lui dire de faire quoi que ce soit... s’il avait pas envie de t’écouter... c’était son souci. Tu t’approchais de lui pour lui retirer la serviette avant de souffler en regardant les potentielles marques.

« Hm... ça commence à cicatriser... T’as presque éliminé la toxine.. Tu te sens comment après avoir pu te laver ? Plus détendu ? »

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- A tes souhaits, l’allemande.

Rachel était revenue.

- Mais t’inquiète, t’as l’air de bien t’en sortir et de réagir pas trop mal, constata-t-elle. Tu devrais pouvoir te lever pleinement d’ici la fin de journée, si tu te reposes bien…

Je restai immobile, l’entendis approcher. Elle retira la serviette qui était sous ma tête – non sans m’entendre râler un peu – et je sentis son parfum tout près, comme si elle m’observait attentivement.

- Hm… ça commence à cicatriser, remarqua-t-elle, satisfaite. T’as presque éliminé la toxine.

A la bonne heure…

- Tu te sens comment après avoir pu te laver ? Plus détendu ? demanda-t-elle.

Je haussai à peine l’épaule sur laquelle je n’étais pas appuyé.


- Plus détendu… oui, répondis-je à voix basse, comme si ça me demandait beaucoup trop d’énergie de parler plus fort. Mais c’est pas fou…

C’était quand même mieux qu’avant.

- Et me reposer… je ne compte aller nulle part, de toute façon, ajoutai-je.

Je ne pouvais absolument pas bouger de ce lit. Je détestais me retrouver dans un tel état de faiblesse. Tout ça à cause de l’aconit. Ce truc était vraiment une sacrée merde pour nous lycans. Maintenant, à chaque fois que les armes allaient être autorisées en arène, non seulement je devrais survivre, mais en plus, il fallait que j’évite de me faire trancher une seule fois. Comme si ce n’était pas déjà assez compliqué…


- Tu vas devoir me supporter encore un peu, repris-je avec culpabilité.

Je fis tout mon possible pour rouler sur le dos. Grimaçant de douleur, je soupirai, ouvris enfin les yeux pour regarder Rachel d’un air désolé. Elle avait l’air sur le point de tomber d’épuisement. Quand allait-elle se décider à aller se coucher ? Je pouvais gérer. De toute façon, il ne me restait plus qu’à rester allongé, et dormir.


- J’imagine que tu avais des choses plus intéressantes à faire que de rester au chevet d’un idiot qui t’a clairement manqué de respect.

Oui, j’en revenais encore à cette histoire de disparition sans nouvelles après avoir rencontré Mary. Ҫa me travaillait plus que je le croyais. Mon interlocutrice allait peut-être s’en irriter, me répéter qu’elle s’en fichait, que c’était de l’histoire ancienne, qu’elle avait oublié… Mais je ne pouvais pas m’empêcher de penser qu’elle l’avait très certainement mal pris, et qu’elle l’avait toujours en travers de la gorge. Si j’étais à sa place, je le ressentirais ainsi.


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Bon... Premier bon point, il semblait être un peu plus détendue. Mais visiblement, il était encore bien faible. Tu savais donc ce qui allait advenir, il allait rester le temps qu’il faudra de toute façon. Tu doutais véritablement que sa petite amie puisse l’aider proprement ou que sa fille puisse lui apporter un certain calme s’il devait retourner dans cette demeure où il vivait.

« Te prends pas la tête et penses à te reposer. C’est pas comme si t’étais en train de chouiner que tu avais mal et que tu attendais du réconfort de ma part comme un gosse le ferait. » ]

Puis voilà qu’il te reparlait encore de ce qu’il s’était passé il y a plus de dix ans... Un soupir s’échappant de tes lippes tandis que tu secouais la tête avec un brin d’agacement. Clairement les gens malades avaient cette putain de manie de ressasser le passé. Tu grognais donc avant de dire d’un ton un peu plus sec pour que l’information rentre bien dans son crâne à cette putain de tête de mule lycanthropique.  

« Faut que je cherche sur Google Trad’ comment te le dire en allemand, pour que tu comprennes que j’en avais plus rien à foutre de ça ? Arrête de ressasser le passé, t’as merdé à l’époque point. Pas besoin de revenir dessus alors que je t’ai dis que j’étais passé à autre chose. Si j’étais encore rancunière, tu serais en train de crever dans les arènes. Donc ferme là et rétablie toi. »  

Pour le coup, tu espérais que ça avait le mérite d’être clair. Soufflant longuement, tu te levais en allant jusqu’à la commode pour lui sortir une autre couverture propre puis tu lui tendais la télécommande d’une télévision qui était installée juste en face du lit si l’envie lui prenait de regarder quelques films.

« Je te laisse te reposer. T’as la télé si tu veux, c’est que des films par contre sur le disque dur. Donc je te laisserais choisir. J’ai l’intégrale des Fast and Furious et des Triple X. Je suis plus branchée action, donc si tu cherches du romantisme, tu vas vite être déçu. J’ai de l’horreur aussi... Fin, fais comme chez toi. Je serais dans la cuisine et dans le salon si t’as besoin. »

Le laissant donc prendre le tout, tu revenais une petite heure plus tard avec des collations pour qu’il puisse manger aussi. Même si tu étais en dehors de la pièce, tu ne dormais pas... Tu faisais du ménage, tu cuisinais, tu stressais... Franchement, c’était pas la joie. Tu revins dans la chambre dans les alentours de vingt heures. La journée était passée, il devait normalement pourquoi se lever et avait dû aussi bien purgé cette merde d’aconit vu qu’il était un vieux lycan... Tu lui avais fait à manger et boire plein de trucs détoxifiants donc... ça devait sans doute aller mieux.
Entrant dans la pièce avec la tête d’une personne qui avait comme pas dormi depuis plus de 48 heures, tu le dévisageais longuement avant de demander un peu plus calmement.

« T'as meilleure mine en tout cas, tu te sens comment ? »

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Rachel soupira, irritée.

- Faut que je cherche sur Google Trad’ comment te le dire en allemand, pour que tu comprennes que j’en avais plus rien à foutre de ça ? répliqua-t-elle d’un ton sec. Arrête de ressasser le passé, t’as merdé à l’époque, point. Pas besoin de revenir dessus alors que je t’ai dit que j’étais passée à autre chose. Si j’étais encore rancunière, tu serais en train de crever dans les arènes. Donc ferme-la et rétablis-toi.

Bon, OK.

- Bien, Madame… grommelai-je en attardant mon regard sur le plafond.

Elle se leva, fouilla dans une commode pour en retirer une couverture qu’elle me jeta dessus. Puis elle me donna la télécommande de la télévision qui reposait sur le meuble en face du lit, déclara qu’elle me laissait me reposer et que je pouvais me distraire avec des films si j’en avais envie.


- Fais comme chez toi. Je serai dans la cuisine et dans le salon si t’as besoin.

Toujours pas le projet d’aller se coucher ? Cette femme était encore plus têtue que moi… Lorsqu’elle quitta la pièce, je restai un moment immobile, l’esprit vide de toute pensée. Puis je me mis à cogiter sérieusement sur la tournure qu’avaient pris les choses à l’arène. Bear commençait à faiblir. Sinon, il n’enverrait pas davantage d’hommes essayer de me tuer sur le ring. Même si je venais d’en faire quelques frais, le fait de savoir que le russe était en mauvaise posture me réjouissait. Je me rapprochais du but. Le seul problème, c’était que plus j’enverrais ses sbires en prison, plus Bear se cacherait. Mettre la main sur lui allait être vraiment difficile. Je ne voyais qu’une solution pour avoir la chance de le faire sortir de son trou : faire en sorte qu’il veuille me faire la peau lui-même. Était-il assez bête pour se montrer sous la provocation ? Je l’ignorais…
J’étais encore en train de me torturer la tête quand Rachel revint une heure plus tard, avec de quoi manger. Nous partageâmes le repas, sans trop échanger. Je passai l’après-midi à dormir, et me réveillai plus en forme, enfin ! Je ne pensais pas être en état de conduire mais au moins, je pouvais sortir du lit et me dégourdir un peu les jambes dans l’appartement. La plupart de mes blessures avaient disparu. Il restait seulement une légère trace au creux de la main. Après un tour aux toilettes, je retournai dans la chambre et m’assis au bord du matelas, étirant paresseusement mes bras, faisant quelques mouvements circulaires pour me réveiller les muscles. Rachel entra et me dévisagea de la tête aux pieds.


- T'as meilleure mine en tout cas, tu te sens comment ?

Je lui accordai un petit sourire avenant.

- Bien, répondis-je. Grâce à toi.

Je me levai et la rejoignis.

- Par contre…

Posant ma main sur l’encadrement de la porte à côté duquel la demoiselle était restée plantée, je me penchai, approchant ainsi mon visage de celui de Rachel.

- Faut-il que je te fasse picoler pour que tu daignes enfin aller te coucher ? m’enquis-je d’un ton moqueur.

Je marquai un temps d’arrêt, ricanai.


- Ҫa rappellerait des souvenirs.

Lorsque nous nous retrouvions chez elle à l’époque, il n’était pas rare de terminer la soirée au lit après avoir descendu quelques bouteilles.


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Bon visiblement, il avait l’air d’aller mieux. Et tu fus plutôt assurée de ça quand tu l’entendis sortir son premier reproche. Quoi ? Tu avais une gueule aussi pitoyable pour qu’il insiste sur le fait que tu devais dormir ? Visiblement... Mais alors qu’il parlait aussi de devoir te faire boire... Tu arquais un sourcil en le dévisageant longuement. Clairement il allait sur un terrain qu’il allait pas maitriser. Surtout pas dans son état actuel, relevant donc la tête. Tu plaçais tes mains sur tes hanches en le toisant du regard

« Si je te donnais un verre, tu t’écroulerais comme une vieille loque allemande. Donc arrête ton char. L’alcool ça me réveille plus que ça m’endort. »

Clairement... Et puis si tu avais la mauvaise idée de boire un coup, vu ton état émotionnel... Tu risquais de fondre en larmes à la fin de la soirée. C’était pas une bonne idée... vraiment pas. Il fallait qu’il aille se recoucher. Tu voyais qu’il faisait le malin mais que derrière... Il allait pas tenir non plus.
Il évoquait aussi des souvenirs d’une autre vie. Celle où tu t’en foutais de tout. Quoi que...tu te foutais encore toujours de tout... Sauf qu’en vieillissant, tu perdais un peu plus goût à ce genre de choses. L’oubli était une chose mais tu avais beaucoup plus de personnes de ton entourage qui se “rangeaient”. Donc autant le dire, tu commençais à être fatiguée de devoir chercher, il était plus simple d’oublier avec des inconnus et coup d’un soir.

« On sait comment ça se terminait dans mon lit. Donc arrête de te faire du mal à repenser à ça. »

Répondais-tu d’un air amusé et taquin. Après tout, c’était lui qui avait mis fin à ça. De ton côté, tu étais passée à autre chose. Baillant doucement, tu t’adossais à l’encadrement de la porte. Oui, tu étais un peu fatiguée mais tu savais que tu allais pas réussir à dormir tant que l’autre couillon sera pas totalement rétabli donc... Tu te redressais avant de poser tes mains sur son torse, le poussant jusqu’au lit et l’obligeant à s’asseoir. Il était trop grand de toute façon.

« Et arrête aussi de jouer les gros durs. Si t’as besoin encore de repos, tu peux me dire. J’aurais préféré que tu restes jusqu’à ce que tu sois totalement rétabli mais tu veux que j’appelle un taxi pour te déposer chez ta copine, je le fais. »

Sans même attendre son aval, tu sortais ton téléphone pour commencer à lui chercher une course uber... Après tout, il semblait aussi pressé de retourner auprès de sa fille donc... Autant lui assurer qu’il puisse la revoir rapidement. Nan ?

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L’un de ses sourcils se souleva d’étonnement et elle plaça ses mains sur ses hanches en me dévisageant.

- Si je te donnais un verre, tu t’écroulerais comme une vieille loque allemande, fit-elle remarquer, ce qui n’était pas tout à fait faux. Donc arrête ton char. L’alcool, ça me réveille plus que ça m’endort.

Dans son état, je n’en demeurais pas si certain. Mais bref.

- On sait comment ça se terminait dans mon lit, reprit-elle taquine. Donc arrête de te faire du mal à repenser à ça.

Je n’avais pas envie de l’énerver plus, alors je hochai la tête et restai silencieux, me redressant pour la regarder bailler longuement. La demoiselle posa ensuite ses deux mains sur mon torse et me poussa jusqu’au lit jusqu’à ce que j’y sois assis.

- Et arrête aussi de jouer les gros durs. Si t’as besoin encore de repos, tu peux me dire. J’aurais préféré que tu restes jusqu’à ce que tu sois totalement rétabli mais si tu veux que j’appelle un taxi pour te déposer chez ta copine, je le fais.

Je levai les yeux au ciel.

- Sofia n’est pas… C’est juste…

Je soupirai tandis qu’elle sortait son téléphone portable. Je posai ma main sur son poignet pour l’arrêter dans son geste. Si j’avais besoin d’un taxi, je pouvais l’appeler moi-même. Je rouvris la bouche, la refermai. Inutile de me justifier sur ma relation avec Sofia. Rachel dirait qu’elle s’en fichait, que nous n’étions ni mariés ni rien, que je faisais ce que je voulais. Ce que je n’aimais pas, c’était ces allusions au fait que l’enquêtrice et moi puissions avoir une liaison alors qu’il n’y avait aucune chance que cela se produise. Je ne le voulais pas. Je ne pouvais pas. Depuis que nous nous étions de nouveau rapprochés, que j’avais réalisé mes sentiments pour elle, que je savais pour sa relation avec Emily, je faisais tout pour repousser tout ce qui pouvait me faire craquer à propos de ce que je ressentais pour Sofia. Par conséquent, le fait que Rachel me titille sur le sujet – alors qu’elle ne le faisait certainement pas exprès – me dérangeait.
Toutefois, je pris sur moi et ne fis aucun commentaire. A la place, je regardai l’heure sur le radio réveil et changeai de sujet.


- On commande un truc à bouffer et c’est moi qui paye ? proposai-je. Je te dois bien ça.

Il se faisait tard et je commençais à avoir sacrément faim. Elle accepta. Nous regardâmes ensemble le genre de repas qui nous faisait le plus plaisir, et notre choix s’arrêta sur des tacos. Nous nous fîmes livrer rapidement, et nous installâmes dans le salon, sur le canapé, pour dîner.

- Sans déconner, je crois que ça fait plus d’un an que je n’en ai pas mangé, dis-je après avoir apprécié ma première bouchée.

J’avais oublié à quel point ça faisait du bien de manger… un peu n’importe quoi, parfois.



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Voilà qu’il s’apprêtait encore à se justifier vis-à-vis de sa copine. Ouais... Visiblement, il avait rapidement déposé les armes. Il était bête de se mentir à lui-même. Personnellement, t’aurais jamais confié ta gamine à une simple “amie” puis bon, les seules fois où il avait supposément parler de cette meuf, il avait parlé d’elle d’une façon... particulière. Fin bon, t’allais pas épiloguer trente ans sur ça. Il pouvait se mentir à lui-même s’il voulait ou bien être dans son déni le plus profond, tu t’en foutais.
Mais malgré tout, il changeait de sujet. Parler bouffe. Une passion pour Meyer visiblement. Il te proposait finalement de te payer la nourriture. Tu finissais par accepter.  

« Hm... Ok. »

Pourquoi refuser ? Tu commençais à avoir faim après tout... Même si tu étais crevée et que tu rêvais de pouvoir te fourrer de nouveau dans ton lit, il valait mieux avoir quelque chose dans l’estomac. Ce fut donc tacos au repas du soir. Une fois la commande arrivée, tu t’installais sur le canapé à ton tour, commençant à manger. C’était gras mais c’était bon.

« T’as l’habitude d’être à la diète ou quoi ? Si t’arrives pas à te faire plaisir de temps en temps, tu m’étonnes que tu tires toujours la gueule. »

Pouffant de rire, tu mangeais tranquillement et tu ne terminas pas ton assiette. Faut dire que c’était quand même conséquent et que tu n’avais pas spécialement d’appétit avec les dernières quarante huit heures qui s’étaient écoulées. Tu déposais le tout sur la table basse avant de t’affaler sur le canapé, laissant ta tête chuter vers l’arrière.

« La vache... ça me fera le repas pour demain midi si je mange. Ça t’a fait du bien de manger un truc plus gras que d’habitude ? ‘Fin... Dans le pire des cas, c’est pas plus mal. Vu ta masse musculaire, il te faut plus de calories. T’as grave pris d’ailleurs. »

Le constat était bien présent, tu avais l’impression qu’il était moins fin qu’à l’époque... Peut être que tu lui avais déjà fait la réflexion... Tu t’en souvenais plus vraiment. Peut être bien... Mais à vrai dire, tu étais tellement à l’ouest que tu te demandais si tu allais parvenir à t’endormir une fois qu’il sera parti...  
Baillant légèrement, tu te redressais finalement pour aller chercher une bouteille de limoncello pour te prendre un verre cul-sec. Le regardant, tu venais à attraper la bouteille avant même qu’il ne songe à y toucher.

« Toi c’est mort, tu touches pas à ça tant que t’es pas rétabli. »

Rangeant toute de suite la bouteille dans ta cuisine, tu faisais une petite moue mentale... Fronçant les sourcils, tu manquais de faire tomber un verre au sol. Reposant celui-ci sur le plan de travail, tu posais ta main sur ton front en serrant les dents. Bon... fallait que tu te calmes un peu et que tu te vides la tête... Tu profitais de ce court instant seule pour retirer ce sourire de ton visage.


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- T’as l’habitude d’être à la diète ou quoi ? railla mon interlocutrice. Si t’arrives pas à te faire plaisir de temps en temps, tu m’étonnes que tu tires toujours la gueule.

Elle pouffa de rire, je soufflai par le nez, un sourire en coin.

- Je fais attention, surtout avec Janna, me justifiai-je. Je suis un père et un adulte responsable, figure-toi.

Je la poussai doucement à l’épaule, continuai de savourer mon repas. Quand je terminai le tacos, j’étais bien repu. Rachel, elle, en laissa un morceau dans son assiette, déclara qu’il lui servirait de repas demain. Je la regardai s’affaler contre le dossier.

- Ça t’a fait du bien de manger un truc plus gras que d’habitude ? s’enquit-elle. ‘Fin… Dans le pire des cas, c’est pas plus mal. Vu ta masse musculaire, il te faut plus de calories. T’as grave pris d’ailleurs.

Oui, en seize ans, j’avais eu le temps de prendre pas mal de masse musculaire. Je mangeais mieux depuis que Mary et moi vivions ensemble. Elle était très bonne cuisinière, et toujours au fait des meilleurs aliments pour garder une alimentation saine, équilibrée, et bien nourrissante. Après sa disparition, je m’étais un peu laissé aller. Pas en mangeant mal, non. En mangeant moins. J’avais maigri. Je ne m’étais repris en main qu’au début de cette année, et d’autant plus en ayant recommencé à fréquenter les arènes. Tandis que je me soulageais le gosier avec un bon verre d’eau, Rachel laissa échapper un long bâillement et se leva du canapé. Je l’entendis farfouiller dans le frigo et ramener une bouteille de limoncello. Elle s’en servit un verre, le but d’un trait. Elle me jeta un coup d’œil, s’empara de la bouteille et alla la ranger.

- Toi c’est mort, tu touches pas à ça tant que t’es pas rétabli.

Je levai les mains en signe d’innocence. Je n’avais absolument pas envie de boire de l’alcool, fort ou non. Je tournai la tête quand le bruit d’un verre sur le plan de travail retentit, comme si la jeune femme avait failli laisser échapper son verre. Je la vis tête baissée, une main contre le front. Je soupirai, me mis debout à mon tour et la rejoignis.

- L’alcool, ça me réveille plus que ça m’endort, répétai-je mot pour mot d’un ton ironique. Je vois ça.

Sans prévenir, je la pris par le bras pour la retourner face à moi. Puis je l’attrapai par la taille, la soulevai et la balançai sur mon épaule comme un sac à patates. Ne prenant aucunement garde à ses protestations, je l’emmenai dans la chambre que j’occupais depuis hier et la jetai sur le lit. N’ayant pas dosé ma force, et soudain pris d’un léger vertige, je basculai vers l’avant. Heureusement, je pus me rattraper en m’asseyant au bord du matelas, ma main appuyée à côté de la tête de Rachel, légèrement penché sur elle.

- Je partirai demain matin, décidai-je avant de redresser mon dos. Si tu n’y vois pas d’inconvénient, bien sûr.


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C’était peut-être pas l’idée du siècle de prendre un verre alors que tu venais d’enchaîner une nuit blanche... Voilà déjà presque trente-six heures que tu étais debout... Autant le dire, tu commençais à voir un peu flou. Le pire ? Tu savais que tu réussirais pas à dormir. Le stress avait pris une trop grande place dans ton esprit... Pinçant l’arête de ton nez en grommelant mentalement, tu le vis débarquer derrière toi. Fronçant les sourcils, tu tournais la tête en le dévisageant, tu levais les yeux au ciel alors qu’il était en train de t’imiter.

« Roh, commence pas. J’ai juste perdu l’équi-... »

Et tu n’eus pas vraiment le temps de protester davantage qu’il te prit le bras pour te retourner et te mettre face à lui puis il t’attrapait par la taille avant de te soulever et de commencer à te transporter comme un vulgaire sac à patates. Grognant, tu te retrouvais dans une posture assez désagréable malgré tout, ta tête au milieu de son dos, tu essayais de te débattre pour démontrer ton mécontentement puis tu fus rapidement rejeté sur le lit, sauf qu’il vint avec toi en même temps.

« C’est malin ça, t’as failli te vautrer en jouant les gros bras. »

Pouffant d’amusement et dans un rire presque moqueur, tu le toisais du regard. Cela faisait très longtemps que tu n’avais été dans ce genre de postures avec lui... Tu ne te souvenais même plus de la dernière fois d’ailleurs. Inclinant la tête, il te demandait si cela te gênait qu’il reste chez toi jusqu’à demain matin.

« Je t’ai dit, tu peux rester autant de temps que t’en as besoin. Par contre, si tu veux guérir vite, faudrait peut-être éviter de faire le mariole nan ? »

Te redressant légèrement, tu le fis basculer pour qu’il s’allonge sur le côté. Malgré tout... Les souvenirs, c’étaient des vraies petites putes quand ils s’y mettaient. Il était encore pâle, mais pas au point d’en être maladif. Puis bon... C’était rare que tu laisses des gars rester chez toi aussi longtemps. T’affalant un peu plus sur le lit en regardant finalement le plafond, tu venais à ajouter.

« Je suis rassurée que t’ailles mieux. Ce con aura pas eu ta peau, du coup. Ça te fait pas trop bizarre de te retrouver à squatter chez moi ? D’ordinaire, les seuls gars amis qui restaient ici, avaient peur que je finisse par les agresser. J’ai une tête de chacal ou quoi ? »

Détendant l’atmosphère en sortant cette connerie, tu te disais que tu pouvais bien en rire avec lui. De toute façon, il allait pas te juger pour ça. T’avais dû inviter... Deux amis garçons chez toi, sans qu’il se passe rien. Meyer était le troisième.

« Tu seras le troisième mec à me survivre apparemment. »

Pouffant de rire, il valait mieux que tu en plaisantes plutôt que tu t’agaces là-dessus. Fin bon, l’on pouvait croire ce que tu voulais de toi, ça n’avait pas d’importance selon toi. Tu te foutais du regard des autres et ils pouvaient tous aller se faire voir.

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Elle pouffa de rire.

- C’est malin ça, t’as failli te vautrer en jouant les gros bras, remarqua-t-elle.

Et ça n’aurait pas été beau à voir… Elle aurait fait un sacré vol plané dans le salon si je m’étais cassé la figure en chemin.


- Je t’ai dit, tu peux rester autant de temps que t’en as besoin, dit-elle. Par contre, si tu veux guérir vite, faudrait peut-être éviter de faire le mariole, nan ?

Elle avait raison. Je mis ma main en visière comme si j’étais à l’armée.

- Jawohl Fräul*…

Je fus interrompu quand elle se redressa et se décala pour m’attirer vers le matelas. Allongé près d’elle, sur le flanc, je la regardai tandis qu’elle se perdait dans la contemplation du plafond. D’une voix paisible, elle déclara être rassurée de me savoir en meilleur état, que mon adversaire n’aura pas eu ma peau, au final. Oui, je m’en étais plutôt bien sorti. Pour cette fois… Pour être tout à fait franc, j’appréhendais un peu les prochaines arènes.

- Ça te fait pas trop bizarre de te retrouver à squatter chez moi ? s’enquit-elle. D’ordinaire, les seuls gars amis qui restaient ici avaient peur que je finisse par les agresser. J’ai une tête de chacal ou quoi ?

Je lâchai un léger rire. Plutôt marrant de parler de chacal à un embaumeur. En plus, elle se fourvoyait vis-à-vis de l’animal. Ce n’était pas laid. Si je ne me trompais pas, ça ressemblait un peu à un croisement entre un renard et un loup.

- Tu seras le troisième mec à me survivre apparemment, annonça-t-elle.

Elle rit aussi. J’appuyai mon bras sur le coussin et ma tempe contre la paume de ma main – celle qui n’était pas entaillée, heureusement. Puis, de ma main libre, j'appuyai sur sa joue du bout de l’index.


- Ne sois pas trop sévère envers toi-même, kleiner Schakal*. Ҫa fait un peu bizarre, j’avoue, repris-je pour répondre à sa question.

Je fis semblant de réfléchir.


- Mais ce n’est pas si désagréable, dis-je d’un ton espiègle en appuyant bien sur le « si ».

J’étais certain que Schneider aurait pris bien soin de m’apporter tout ce qu’il fallait pour me rétablir, s’il m’avait ramassé dans cette ruelle à la place de Rachel, et ramené chez lui. Mais, quitte à choisir… Quoi que. Je ris intérieurement en imaginant que mon ami allemand aurait été plus doux et compréhensif que la louve. J’imaginais que c’était sa façon à elle d’exprimer son inquiétude, même si ce n’était pas franchement plaisant.


- Je pourrais même y prendre goût, renchéris-je moqueur. J’ai particulièrement apprécié la… tendresse de tes mots. Comment ne pas tomber sous le charme ?

Bon, j’allais loin dans le foutage de gueule, mais c’était trop tentant.


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* Jawohl Fräul[ein] : A vos ordres, Mademoiselle
* Kleiner Schakal : Petit chacal


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Ah bah visiblement, il avouait que ça lui faisait chelou mais pas pour les mêmes raisons que tu aurais pensé. Il te trouvait même un peu trop dur avec toi-même. Fronçant les sourcils en sentant son doigt presser sur ta joue, tu arquais finalement un sourcil en l’écoutant... Voilà qu’il faisait dans le sarcasme ? Levant les yeux au ciel, tu commençais à te redresser en manquant d’avoir un léger vertige sur le coup.

« Fous toi de ma gueule, vas-y. »

Grognais-tu en passant une main sur ton visage. Bon... A l’évidence, tu avais besoin de dormir. Tu le sentais clairement et il valait mieux que tu arrêtes de lutter contre le sommeil mais... Te connaissant, si tu allais dans ton lit et que tu essayais de dormir, tu n’allais pas y arriver, même en essayant... tu allais te retourner à plusieurs reprises dans le lit, jusqu’à ce que le soleil se lève... C’était donc clairement pas le bon moment ni la meilleure idée du siècle.
Te redressant finalement pour t’asseoir convenablement dans le lit, tu tapotais la place à côté de toi pour l’inviter à s’allonger convenablement, croisant les bras contre ta poitrine, tu lâchais un petit soupir avant de finalement ajouter d’un ton un peu plus “sévère” que d’habitude.

« Bon... Maintenant, t’arrêtes de faire le con et tu te reposes. De toute évidence, t’es toujours plus pâle que la culotte d’une nonne. Repose toi et reprends des forces. T’as pas envie que ta fille te voit comme si t’étais à l’article de la mort, on est d’accord ? »

Oui... Utiliser Janna comme excuse pour le forcer à se coucher, c’était pas sympa mais il fallait bien lui remettre les idées en place et pas forcément en utilisant la douceur. De toute façon... tu savais pas l’être et il était clair qu’il allait pas t’écouter si tu le ménageais de trop de toute façon... Ainsi, tu tapotais encore le lit en le laissant s’installer convenablement s’il le désirait puis... Tu t’allongeais aussi.

« C’est bon, je vais dormir aussi. T’es content ? »

Pour étayer tes propos, tu venais à fermer les yeux. Bon... C’était pas nécessairement crédible mais tu parvenais à feindre que tu tentais de dormir et dès qu’il aura commencé à ronfler... Tu te lèverais du lit pour t’échapper et aller grignoter un truc devant la télé, une technique de lâche ouais... Mais bon, t’étais plus vraiment à ça prêt, pas vrai ?


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Elle leva les yeux au ciel et amorça un mouvement pour se relever, tout en ronchonnant dans sa barbe. Je me retins de rire pour ne pas la vexer, la regardai se mettre assise et s’adosser à la tête de lit. Elle me regarda, tapota la place à côté d’elle, m’invitant à m’allonger plus confortablement. Puis elle croisa les bras.

- Bon… Maintenant, t’arrêtes de faire le con et tu te reposes, dit-elle très sérieuse. De toute évidence, t’es toujours plus pâle que la culotte d’une nonne. Repose-toi et reprends des forces. T’as pas envie que ta fille te voie comme si t’étais à l’article de la mort, on est d’accord ?
- On est d’accord,
répétai-je en me redressant un instant pour attraper la couverture.

Je m’allongeai sur le dos, la remontai jusqu’au milieu du buste. Cela couvrit aussi Rachel, sur les jambes.


- C’est bon, je vais dormir aussi. T’es content ?

Je hochai la tête. Bien sûr que j’étais content, elle daignait enfin penser à elle. J’allais bien, désormais. Une bonne nuit de sommeil et je pourrais retrouver Janna. D’ailleurs, aussitôt que je me détendis, la fatigue pesa sur moi comme un poids de cent kilos. Je ne mis pas longtemps à m’endormir. Quand je rouvris les yeux le lendemain matin, il était tôt. Allongé à plat ventre sur le matelas, je pris le temps d’émerger avant de bouger ne serait-ce qu’un doigt. Je retournai ma main blessée qui ne l’était désormais plus. J’étais complètement guéri. Parfait. Rachel ne se trouvait plus dans le lit. Je retrouvai le tee-shirt que je portais en arrivant chez mon amie la louve, m’en vêtis avant de sortir de la chambre. J’envoyai immédiatement un message à Sofia pour l’avertir de ma remise en état, et que j’allais d’abord passer à la maison avant de les rejoindre, Janna et elle, à la villa.
En rangeant le téléphone dans ma poche, je me dirigeai vers la deuxième chambre dans l’intention de dire au revoir à Rachel. Mais mon attention fut accaparée par la télévision à bas volume qui fonctionnait dans le salon. Je m’approchai du canapé. La demoiselle dormait profondément, enroulée dans un plaid. Je ne voulais pas la réveiller. J’esquissai un pas pour partir, me ravisai. Après hésitation, je posai un genou à terre et me penchai sur Rachel. Dégageant une mèche de ses cheveux de son front, j’y déposai un baiser, léger et discret.


- Je te revaudrai ça, Schöne, murmurai-je.

Et je me sauvai, en silence.



[FIN]

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