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 La peur ne demande qu' à être vaincue | Ft Meyer

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La peur ne demande qu' à être vaincue

Constantine Meyer & Azalja Galarza Whitted

You gain strength, courage and confidence by every experience in which you really stop to look fear in the face.

Rancho Palos Verde, Inspiration Point, début Septembre 2036



Meyer semblait des plus perturbés, et quoi de plus normal après ses aveux. Elle ne pouvait pas imaginer parler d’un défunt époux et se sentir aussi léger qu’un pétale de rose ensuite. Enfin… peut-être après quelques années, une fois le deuil bien moins récent. Il lâcha alors sa main et reprit un verre, avant de finalement proposer d’acheter une nouvelle bouteille par la suite. La proposition eut le résultat de faire éclater Azalja de rire.

- Tu plaisantes ? J’en ai trois autres. Cette tequila, ce sont mes oncles qui la font. En général, on ne rentre pas du Mexique sans avoir une cargaison.

Elle sourit doucement et se servit à son tour un verre. Après tout, ils étaient lycans, alors même si gueule de bois il y aurait, elle passerait un peu plus rapidement qu’une gueule de bois d’humain. Donc autant en profiter.

- Arrête de te prendre la tête. Tu n’avais rien à amener. De toute façon, ce n'est pas comme si on venait de passer la soirée la plus relaxante du monde. Être confronté à ses démons, ce n’est jamais chose facile. Je suis pas plus à l’endroit que toi ce soir alors te prends pas la tête, c’est pas moi qui vais te juger.

Elle but alors quelques petites gorgées de son propre verre, alors que Meyer s’écrasait dans le fond du canapé. A sa question, Azalja soupira. En bonne jeune femme sérieuse et moralisatrice qu’elle était dans le fond (enfin, c’était les dires de Mandy, elle, elle ne se voyait pas comme quelqu’un de moralisateur du tout).

- Comme tu le sens. Je ne te laisserai pas prendre le volant de toute façon. Si tu veux rentrer, tu peux, mais je t’appelle un Uber. Sinon… t’as toujours ma chambre d’amis.

Elle termina son verre de tequila cul sec avant de regarder la bouteille dont le niveau descendait littéralement à vue d’oeil. Elle remplit à nouveau leurs verres, avant de s’autoriser une question :

- Dis-voir… Je peux te poser une question sur Janna ? (elle attendit son acquiescement pour reprendre la parole). Je me pose des questions sur… sur les enfants. Sur comment on fait.

Elle marqua un légère pause, réalisant en dépit de son alcoolémie ce qu’elle venait de dire.

- Je veux dire, je sais comment on fait ! Je suis biologiste. T’en fais pas, t'as pas à me faire LA conversation. Je te rassure, ma mère l’a fait avec mes poupées quand j’avais 10 ans. D’ailleurs, j’avais pas de Ken du coup c’était vachement progressiste pour l’époque quand on y réfléchit… ma grand-mère aurait hurlé à l’hérésie.

Elle réalisa alors totalement qu’elle s’éloignait complètement du sujet.

- … Enfin bref. T’as jamais eu peur ? Je veux dire… c’est une si grosse responsabilité. J’aimerais être mère. Vraiment beaucoup. Mais… et si je foire tout ? Si je veux battre ma phobie c’est aussi parce que… comment je pourrais fonder moi-même une famille si je ne suis pas capable de rassurer mes enfants sur quelque chose d’aussi simple que l'obscurité ?



Aardbei
Azalja Thorgard Whitted

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Race : Lycan
Né(e) le : 03/12/2003
Âge physique : 31
Situation amoureuse : Célibataire profitant de sa liberté
Taille / Poids : 1m60, 50 kg
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La peur ne demande qu'à être vaincue
Feat. - Azalja Galarza Whitted
Elle m’assura qu’elle possédait assez de stock de tequila car ses oncles la fabriquaient et s’assuraient de le perpétuer à chaque fois qu’ils rentraient du Mexique. Puis elle ajouta que je devais arrêter de me prendre la tête à ce propos car je n’avais besoin de rien amener.

- De toute façon, ce n'est pas comme si on venait de passer la soirée la plus relaxante du monde.

Ça, c’était sûr…

- Être confronté à ses démons, ce n’est jamais chose facile. Je suis pas plus à l’endroit que toi ce soir, alors te prends pas la tête, répéta-t-elle, c’est pas moi qui vais te juger.

Elle déclara ensuite que je faisais ce que je voulais mais que si je voulais vraiment partir, elle m’appellerait un Uber.

- Sinon… t’as toujours ma chambre d’amis.

Je haussai les épaules, ne sachant pas trop quoi décider. J’avais clairement trop d’alcool dans le sang pour conduire. Mais je n’avais pas envie de prendre un taxi et laisser ma voiture ici. En terminant mon verre, je me dis que ce serait peut-être une meilleure idée de rester ici. De toute façon, je ne travaillais pas demain… Azalja termina sa tequila également, remplit de nouveau les deux récipients. Il y eut un silence durant lequel chacun s’enferma dans ses propres pensées. Puis la biologiste reprit la parole.

- Dis-voir… Je peux te poser une question sur Janna ?

J’acquiesçai.

- Je me pose des questions sur… sur les enfants. Sur comment on fait.

Je clignai deux fois des yeux, perplexe. Comment ça, « comment on fait » ? J’ouvris la bouche.

- Je veux dire, je sais comment on fait ! s’exclama-t-elle soudainement en réalisant ce qu’elle venait de dire. Je suis biologiste. T’en fais pas, t'as pas à me faire LA conversation.

Ah, ouf ! Elle m’avait fait drôlement peur là…

- Je te rassure, ma mère l’a fait avec mes poupées quand j’avais dix ans, expliqua-t-elle. D’ailleurs, j’avais pas de Ken, du coup, c’était vachement progressiste pour l’époque quand on y réfléchit… ma grand-mère aurait hurlé à l’hérésie.

J’eus une vague vision d’une jeune Azalja en train de regarder sa mère lui expliquer la reproduction avec des poupées…

- Enfin bref, poursuivit-elle en reprenant son sérieux. T’as jamais eu peur ? Je veux dire… c’est une si grosse responsabilité. J’aimerais être mère. Vraiment beaucoup. Mais… et si je foire tout ? Si je veux battre ma phobie c’est aussi parce que… comment je pourrais fonder moi-même une famille si je ne suis pas capable de rassurer mes enfants sur quelque chose d’aussi simple que l'obscurité ?

Alors là… elle me posait une sacrée question. Une question qui me ramena aussitôt des années en arrière, plus précisément en 2027. Mary et moi passions notre voyage de noces à la Réunion, une île située dans l'océan Indien, à l'est de l'Afrique. C’était à la fois un département et une région d'outre-mer français. Nous y étions restés deux semaines. Et à la fin de ces quelques jours qui resteraient gravés dans ma mémoire, nous avions eu une conversation des plus importantes au sujet de l’avenir de notre couple. A vrai dire, ayant toujours redouté le sujet à cause de mon incapacité totale à m’imaginer avec un gamin, j’avais préféré attendre que mon épouse l’évoque en premier. Je savais qu’elle aimait les enfants, je savais aussi qu’elle rêvait un jour d’en avoir. Mais comme le disait si bien Azalja, c’était une si grosse responsabilité… Moi qui avais débuté mon existence de lycan en tuant mon père, tant d’autres hommes durant la guerre, en cherchant toujours plus de sensations et d’adrénaline à travers les combats illégaux, risquant ma vie à chaque affrontement, à ne compter que sur moi-même, ne suivre que mes envies, mes folies, mes sautes d’humeur… J’étais maintenant marié à une femme pour qui j’étais prêt à donner ma vie, à consacrer toute mon attention, ma patience, mon amour, ma passion… tout. Tout ce que je n’aurais jamais imaginé avant de la connaître. Mais lui faire un enfant, et l’élever ? En étais-je seulement apte ?

- Constantine ?

Je me tournai vers Mary qui démêlait ses cheveux bruns, assise au bout du lit. Nous nous apprêtions à aller nous coucher pour notre dernière nuit à l’hôtel. Elle me fit signe de venir m’asseoir à côté d’elle, ce que je fis, le regard interrogatif.

- Je ne voulais pas risquer de gâcher le voyage, alors j’ai préféré attendre aujourd’hui.

C’est là que je devinai ce qu’elle allait me dire.

- J… je me demande…

Elle se tut, réfléchit.

- Tu crois que…

Nouveau silence. Elle posa sa brosse et se gratta la tempe en faisant une légère grimace.

- Je n’arrive pas à trouver les mots, soupira-t-elle en baissant la tête.

La voir si penaude me poussa à prendre les devants. Je ne pouvais pas fuir le sujet.


- Est-ce que tu penses que nous ferions de bons parents ?

Ce n’était peut-être pas la question qu’elle voulait poser. Toutefois, la finalité était la même. Elle leva un regard à la fois surpris et soulagé sur moi, et rougit. Je pris sa main gauche dans la mienne, et nous contemplâmes nos alliances un instant.

- Tu serais une maman parfaite, repris-je sincèrement. Mais… je ne pense pas… être le père idéal.
- Pourquoi ?


Ce fut à mon tour de baisser les yeux, sans savoir trouver les mots. Je finis par hausser les épaules, silencieux. Mary se leva et vint s’asseoir sur mes genoux, en travers. Elle entoura mon cou avec ses bras et colla son front contre ma tempe.

- Je ne pourrai pas être une bonne mère si ce n’est pas toi le père.

Elle recula le visage, je tournai le mien et nous échangeâmes un long regard.

- Ça te fait peur ? demanda-t-elle dans un murmure.

Mon cœur s’emballa et j’affirmai d’un signe de tête. Elle eut un petit sourire et m’embrassa sur la joue.


- Moi aussi, ça me fait peur. Mais… je voudrais pouvoir un jour être fière de dire que j’ai pu donner la vie grâce à toi. Que nous avons donné vie à… quelque chose d’unique, rien qu’à nous.

J’eus l’impression d’avoir plongé dans un volcan. Ses mots me faisaient un drôle d’effet. Moi, donner la vie… après en avoir pris des dizaines, des centaines…

- Un enfant qui vient de nous deux et… et que je vais aimer très fort parce qu’il aura une part de toi.

Une part de moi dans… un enfant. Un enfant qui aura aussi une part de Mary. De nous deux… Durant une seconde, j’imaginai mon épouse tenant un minuscule bébé dans ses bras, et moi leur faisant un câlin à tous les deux. Je n’aurais pas pensé que cette vision puisse me troubler autant. Cependant, à ce moment-là, je me surpris à vouloir le vivre. Malgré la peur. Je n’avais pas de doute sur le fait d’être capable d’aimer notre enfant. Ce qui m’effrayait, c’était tout le reste. Seulement, en y pensant, n’avais-je pas accompli de nouvelles choses depuis que je connaissais Mary ? A travers tout l’amour que je lui portais, je me rendais compte que j’avais fait un tas de choses que le moi d’avant n’aurait jamais songé à faire. A commencer par ne plus penser qu’à moi-même.

- Je sais que ce n’est pas un sujet à prendre à la légère, déclara Mary au bout de quelques secondes de silence. Et je ne veux pas que tu te sentes oppressé. Je voulais seulement… te partager mon souhait. Savoir ce que tu en pensais de prime abord.

Je me raclai la gorge, tentai de remettre un peu d’ordre dans ma tête. Même si je m’attendais à avoir cette conversation un jour, c’était quand même compliqué à encaisser.

- Je… commençai-je incertain. Je suis d’accord avec ton ressenti. J’ai juste… besoin d’y réfléchir.

Elle hocha la tête.

- Bien sûr, je ne veux pas que tu me répondes tout de suite, assura-t-elle. Quand tu seras prêt. J’attendrai autant de temps qu’il te faudra.

Elle se blottit un peu plus contre moi, et nous nous enlaçâmes longuement. Je fermai les yeux en collant mes lèvres dans le creux de son épaule, y déposai un baiser qui la fit tressaillir légèrement.

- J’attendrai, répéta-t-elle d’une petite voix timide. Mais… pour le moment…

L’une de ses mains remonta le long de mon dos, jusqu’à ma nuque, et ses ongles grattèrent la base de mes cheveux. Ce fut à mon tour de tressaillir, beaucoup plus violemment, et je l’entendis étouffer un rire. Elle savait comment me faire de l’effet…
A vrai dire, je n’avais pas mis tellement longtemps à prendre ma décision. Le retour à Los Angeles et à notre train-train quotidien me fit réaliser que nous vivions une vie stable et dans un cadre correct pour élever un enfant. Aussi, le fait de vivre aux côtés de celle que je pouvais désormais considérer comme mon épouse, qui portait mon nom, et que j’aimais plus encore depuis que nous avions partagé le plus beau jour de notre vie, me conforta dans l’idée que je voulais réellement voir notre amour s’étendre à travers la vie que nous donnerions ensemble. Un mois et demi plus tard, Mary me mettait un teste de grossesse positif dans les mains, toute tremblante. Je me rappelais ne pas avoir pu prononcer un mot, et m’être jeté dans ses bras en faisant tout pour me retenir de pleurer.
Le jour de la naissance de Janna, lorsque nous attendions patiemment que ce soit le moment, seuls en salle d’accouchement, Mary m’avait redemandé si j’avais peur. J’avais répondu que oui, de plus en plus angoissé à mesure que la venue de la petite approchait. Dans son éternelle bonté, mon épouse avait prononcé ces mots que je n’oublierais jamais : « Je crois en toi, j’ai toujours cru en toi. Tu seras un bon père, le meilleur. Tu pourrais te surprendre toi-même. » Pouvais-je encore aujourd’hui croire en ces paroles ? Quand je regardais Janna, heureuse malgré tout, je me disais que oui, que je pouvais être fier de celui que j’étais devenu. Et quand je pensais au danger qui nous avait enlevé Mary, qui pesait sur nos vies depuis ce jour, je maudissais celui que j’avais été. Mais ma fille existait.
Alors, quand je secouai la tête pour sortir de mes souvenirs, et que je reportai mon attention sur Azalja qui venait de se confier au sujet de vouloir devenir mère, je ne pus m’empêcher de sourire. Je posai mon verre sur la table basse, lui pris doucement le sien et le plaçai à côté. Et j’attrapai ses mains pour les tenir dans les miennes.


- L’idée même d’avoir un enfant m’a effrayé dès le moment où j’y ai songé, répondis-je. Jusqu’à ce que Janna pointe le bout de son nez, et même après. Je me suis mille fois demandé comment quelqu’un comme moi pouvait être capable d’assumer le rôle de père, jusqu’à ce que j’aie ma fille sous les yeux.

Je réfléchis à mes mots, repris.

- Mais durant tout ce temps où j’ai douté, j’étais aux côtés de quelqu’un qui m’a montré que peu importent nos défauts, nos phobies, nos erreurs du passé, on aime nos enfants avec tellement de force qu’on peut accomplir des choses inespérées.

Je haussai les épaules, sans lâcher les mains d’Azalja.

- Oui, ça fait peur, oui, c’est une grosse responsabilité, confirmai-je en écho à ses paroles. Ҫa bouleverse notre vie entière, nos habitudes, nos envies, nos sentiments. Mais… mais putain, ça vaut le coup, fis-je dans un ricanement. Ҫa vaut le coup parce qu’au final, la peur est liée à l’amour qu’on éprouve pour nos enfants. Étroitement liée, même.

J’exerçai une légère pression de soutien autour des mains de la biologiste avant de les lâcher et de lui redonner son verre. Je pris le mien et le levai pour trinquer.

- Ne laisse rien ni personne te laisser croire que tu ne seras pas à la hauteur, conseillai-je après avoir repris mon sérieux. Ne crois qu’en la force de ton amour pour ton enfant, à la dimension que tu veux lui donner. Et… je pense que c’est comme ça que tu réussiras à te persuader que tu es une mère honorable.


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Constantine Meyer

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Ft Constantine Meyer & Azalja Galarza Whitted

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Rancho Palos Verde, Inspiration Point, début Septembre 2036


Azalja avait proposé à Meyer de rester dormir, soit sur le canapé soit dans la chambre d’amis ou de prendre un Uber. Il avait haussé les épaules, de toute manière il était aussi peu apte qu’elle à réfléchir. Voilà, maintenant que la question pratique était réglée, ils pouvaient boire en paix. Alors qu’elle avait resservi des verres, une question lui traversa l’esprit. Une question qu’elle posa finalement à haute voix. Il était étonnant de voir qu' en si peu de temps, une personne inconnue pouvait devenir un si grand confident. Azalja ignorait si c’était son instinct de loup qui lui donnait une idée plus précise si elle pouvait accorder sa confiance à quelqu’un, mais entre Meyer, Rachel et Gabriel, Azalja avait noué des amitiés presque plus fortes qu’elle n’en avait jamais eu jusqu’ici. Meyer sembla alors pensif face à sa question, mais lui offrit une réponse honnête et sincère. Une réponse qui, de toute évidence, faisait vibrer le cœur de papa poule qu’il avait. Il avait prit ses mains et, de toute évidence, lui parlait à coeur ouvert. Elle l’écouta sans l’interrompre, absorbant chacun de ses mots.

- Je ne sais pas… je…

Elle soupira doucement réfléchissant à ses mots.

- Tu sais, j’ai toujours su que je voulais fonder une famille et avoir des enfants. Toujours. Quand j’avais 25 ans, ça a vraiment vraiment commencé à devenir quelque chose que je voulais sous peu d’années. Je viens d’une éducation très catholique. Père d’origine texane et mère mexicaine. J’ai grandi dans le concept que je me marierait et que j’aurai des enfants ensuite. Je n’étais pas vraiment sûre que le mariage soit pour moi. Pas après avoir vu le mariage de mes parents partir en fumée comme il est parti. Et puis… ensuite j’ai rencontré Sam. J’ai cru que ce serait différent. Sam était à l’université avec moi, il était en section sport. On s’est tout de suite entendu et… il est devenu mon premier petit ami. Tout se passait bien jusqu’à ce qu’il soit recruté par la NFL comme espoir du foot américain. Oui, Sam. Le Sam Hemsworth, si tu suis le football américain.

Néanmoins, Azalja pouvait aisément voir dans le regard de Meyer que… non il ne suivait pas le football.

- Sam était le joueur chéri du pays. Il est assez vite devenu très populaire et malheureusement, au fil des années ça l’a emporté. Dopage, cocaïne, alcool, soirée PlayBoy… ça a commencé à devenir ingérable. Je sais pas avec le nombre de mannequins avec lesquels il m’a trompé, mais… beaucoup. Et puis cette vie a commencé à le frustrer tant il a perdu pieds, alors il a commencé à boire même hors des mondanités et… huum… a devenir violent. Quand il buvait il attendait de moi que je sois comme ces stupide bimbo qui se mettent à genoux. Ca a empiré au fil des années et je l’aimais trop pour partir, je pensais qu’il changerai, jusqu’au jour où… il a été trop loin. Beaucoup trop loin. J’ai appelé mon père à l’aide, pour qu’il m’aide à partir. Sauf que… quand mon père a vu mon état, il n’a pas pu le supporter et… il a passé Sam à tabac. La police est intervenu et.. quand on a voulu porter plainte pour agression pour moi, l’avocat de la NFL a tout fait bloquer, accusant que c’est ma parole contre celle de Sam et que… dans l'histoire, c'est mon père qui trinquerait pour coups et blessures.

Elle laissa échapper un soupir avant de reprendre :

- Je suis bel et bien partie quand même. J’ai quitté LA pour le Mexique. Après deux ans, j’ai finalement reçu la nouvelle qu’il avait fini par faire une overdose et qu’il était mort. J’ai jamais réussi à… être en couple à nouveau et honnêtement… j’en veux pas. Je ne veux plus de ça. Par contre… mon désir de famille, lui… il n’a jamais diminué. Après ma transformation c’est devenu… presque nécessaire. Rachel, une de mes amies, m' a conseillé de… eh bien… me débrouiller sans un homme. Outre la conception évidemment. Honnêtement, l’idée m’a paru totalement sotte. Mais… depuis j’arrête pas d’y penser.

Elle rempli à nouveau leurs verres, avant de porter le sien à ses lèvres et d’en boire une très longue gorgée.

- Ma grand-mère hurlerait si j’avais un enfant hors mariage, et même seule. De toutes façons, je pense que si elle savait quel type de relation j’ai avec Rachel, elle serait achevée, dit-elle non sans un léger rire sarcastique. Autant attendre Noël avant de lui annoncer au passage que je pense devenir agnostique, nan ? plaisanta-t-elle, même si… c’était aussi une chose qui lui tracassait l’esprit.


Azalja Thorgard Whitted

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Elle parut hésitante.

- Je ne sais pas… je…

Elle se tut, pensive. Je la laissai réfléchir, pris le temps de savourer ma tequila. Je terminais mon verre quand la biologiste reprit la parole.

- Tu sais, j’ai toujours su que je voulais fonder une famille et avoir des enfants. Toujours. Quand j’avais vingt-cinq ans, ça a vraiment vraiment commencé à devenir quelque chose que je voulais sous peu d’années.

Elle poursuivit sur le fait qu’elle venait d’une éducation très catholique. Son père était d’origine texane et sa mère mexicaine. Elle avait grandi dans le concept du mariage d’abord et des enfants après. Mais elle ne demeurait pas certaine que le mariage était pour elle, surtout après avoir vu celui de ses parents partir en fumée. Puis elle avait rencontré Sam. Le fameux… Le croyant différent, elle en était tombée éperdument amoureuse à l’époque de l’université. Il faisait partie de la section sport, et tous deux s’étaient très vite entendus. Ils devinrent rapidement plus intimes, et officiellement en couple. Apparemment, ils filaient le parfait amour, jusqu’à ce que Sam soit recruté par la NFL comme espoir du foot américain.

- Oui, Sam. Le Sam Hemsworth, si tu suis le football américain, précisa-t-elle.

Cela faisait à présent trente-six ans que j'avais quitté Berlin pour vivre à Los Angeles. Mais je ne m’étais jamais intéressé au football américain. Déjà en Europe, le football n’était pas ma tasse de thé. Ce n’était pas la même chose mais les sports collectifs ne m’attiraient pas des masses. Je n’aimais pas non plus le regarder à la télévision.


- Sam était le joueur chéri du pays, continua Azalja. Il est assez vite devenu très populaire et malheureusement, au fil des années, ça l’a emporté. Dopage, cocaïne, alcool, soirées PlayBoy… ça a commencé à devenir ingérable.

Elle confirma mes suppositions en évoquant le nombre de mannequins avec lesquels Sam l’avait trompée. Et plus ça dégénérait, plus il se sentait frustré au point de perdre complètement pieds. Il commença à boire en dehors des mondanités, et à devenir violent.

- Quand il buvait, il attendait de moi que je sois comme ces stupides bimbos qui se mettent à genoux. Ҫa a empiré au fil des années et je l’aimais trop pour partir. Je pensais qu’il changerait, jusqu’au jour où… il a été trop loin. Beaucoup trop loin.

J’eus un désagréable frisson et me sentis aussitôt énervé. J’avouais être inexorablement attiré par la violence. Même si je voulais m’en éloigner, elle m’attirait comme un aimant, comme si elle faisait partie de moi, comme si j’en avais parfois besoin. Une sorte de drogue à laquelle j’avais goûté jeune, après la mort de mon père plus exactement. J’avais dû me battre quelques fois pour affirmer – en vain – mon innocence face à la meute qui me considérait comme un traître. Puis la guerre… La naïveté et ma jeunesse de l’époque m’avaient poussé à agir sans vraiment savoir pourquoi, ni pour qui. J’en avais même gagné un surnom… Suite à la reconstruction de l’Allemagne et des autres pays d’Europe, j’avais cru pouvoir commencer une nouvelle vie, oublier les horreurs vécues, rejeter le monstre que j’étais devenu. Un an. J’avais tenu à peine un an avant d’intégrer les arènes illégales. Je ne pouvais plus résister, comme s’il me manquait quelque chose d’essentiel. J’étais frustré, je dormais mal, cauchemardais chaque nuit au sujet de la guerre, des camarades que j’avais vu tomber, de tous ces soldats que j’avais assassiné de sang-froid. Les combats de rue avaient été une sorte de libération. Je me dépensais comme je le souhaitais, ça me faisait du bien, je retrouvais un certain sens à ma vie de solitaire.
Une solitude que Mary combla soixante-quatorze ans plus tard. Je me mis à la chérir si fort dès le premier regard que, malgré mon attirance pour la violence, je ne voulus jamais la voir blessée par ma faute. J’avais tendance – encore aujourd’hui mais je me contrôlais beaucoup mieux – à laisser mes émotions prendre beaucoup trop le dessus. Des variations de l’humeur disproportionnées dans leur durée et leur intensité, que l’on qualifiait plus généralement de bipolarité. L’on m’en avait beaucoup accusé au début de la guerre car j’étais un cas difficile à gérer. Mais, au final, on le prit vite comme un point positif face au camp ennemi. Et je ne pus jamais rien faire pour calmer ça. Rien, à part rencontrer Mary. Comme les combats illégaux me délivrèrent de ce manque d’adrénaline, mon épouse fut le remède à mes excès de violence, mon tempérament enflammé, mon caractère incompréhensible. Je n’avais pas cessé les arènes. Mais l’alcool et les femmes, c’était terminé. Ce fut peut-être ce qui me permit de ne jamais lever la main sur mon épouse. Je l’aimais trop pour ça. Et rien n’entravait ma conscience dans les moments où nous nous disputions.
Mais ce Sam… Comme le disait Azalja, il était allé trop loin. Et c’était quelque chose que j’avais beaucoup de mal à concevoir. Je tapais sur la gueule de types paumés en arène, parfois jusqu’à les tuer – ce que j’évitais depuis mon départ en 2029, pour le bien de mon mental, sauf en cas de force majeure – mais qu’un homme lève la main sur sa femme… Pour moi, cela relevait de la démence. Surtout… une femme comme Azalja. Qui aurait envie de la frapper ? Elle était tout ce que je connaissais de plus adorable, elle n'avait clairement pas mérité ce qu’il lui avait fait subir.


- J’ai appelé mon père à l’aide, pour qu’il m’aide à partir, dit-elle. Sauf que… quand mon père a vu mon état, il n’a pas pu le supporter et… il a passé Sam à tabac.

La police était intervenue. Le problème : au moment de déposer plainte, l’avocat de la NFL fit tout bloquer, accusant la parole d’Azalja contre celle de Sam, si célèbre, si intouchable. S’ils osaient l’attaquer, le père de la biologiste trinquerait sévèrement. Lâchant un soupir, la demoiselle marqua une pause, le temps de contrôler les légers tremblements que j’entendais dans sa voix. Et elle poursuivit son récit. Je l’écoutai sans l’interrompre, bien trop surpris, même choqué, d’apprendre ce par quoi elle était passée, elle qui était si gentille et si innocente. Elle quitta donc Los Angeles pour se réfugier au Mexique, pays de ses origines maternelles. Et, deux ans plus tard, elle apprit la mort de Sam par overdose. On m’avait toujours laissé entendre qu’il ne fallait jamais souhaiter la mort d’une personne. Et je trouvais ça absurde. Sam avait mérité son sort, même si, au fond, j’aurais préféré qu’il disparaisse bien avant d’avoir fait du mal à Azalja…

- J’ai jamais réussi à… être en couple à nouveau, avoua-t-elle. Et honnêtement… j’en veux pas. Je ne veux plus de ça. Par contre… mon désir de famille, lui… il n’a jamais diminué. Après ma transformation c’est devenu… presque nécessaire. Rachel, une de mes amies, m' a conseillé de… eh bien… me débrouiller sans un homme. Outre la conception évidemment. Honnêtement, l’idée m’a paru totalement sotte. Mais… depuis, j’arrête pas d’y penser.

Je ne savais pas trop quoi dire à ce propos. Je comprenais son désir de fonder une famille. Mais seule… je trouvais cela plutôt triste, et difficile à affronter moralement. Je savais bien qu’il existait un tas de parents célibataires – je voulais dire par là, vraiment seuls pour élever leurs enfants dès le début, pas comme dans mon cas. Toutefois, le fait d’avoir expérimenté la vie de famille à trois, dans ce que l’on appelait la norme d’un père et d’une mère amoureux, tous les deux présents pour leur enfant, limitait à mon sens la positive vision d’une famille originellement mono parentale.

- Ma grand-mère hurlerait si j’avais un enfant hors mariage, et même seule, déclara Azalja après avoir de nouveau rempli les verres de tequila, et bu une gorgée.

Je la remerciai, bus à mon tour.


- De toute façon, je pense que si elle savait quel type de relation j’ai avec Rachel, elle serait achevée, ricana-t-elle. Autant attendre Noël avant de lui annoncer au passage que je pense devenir agnostique, nan ?

Encore une fois, s’il s’agissait réellement de la Rachel que je connaissais, je voyais très bien de quel type de relation elle parlait. J’eus un sourire en coin en imaginant Rachel, si détachée, ouverte, avenante, séductrice, attirer la douce Azalja dans ses griffes sans y aller par quatre chemins. Mais en repensant à ce que venais de raconter la biologiste, je retrouvai une expression grave, et pensive.

- Je… suis désolé pour ce que tu as vécu à cause de… ce type, répondis-je.

Je préférais ne pas prononcer son prénom, voulant la ménager un peu.


- Et je comprends ton traumatisme vis-à-vis du couple. Je comprends ton désir de fonder une famille sans risquer de vivre aux côtés d’un père susceptible de vous faire du mal, à toi et à tes enfants.

Je réfléchis en me grattant doucement la nuque avec ma main libre.

- Si c’est un pas que tu es certaine de vouloir franchir, qui te motive, qui te permettra de t’épanouir, je ne peux que t’encourager à le faire. Pour être franc, j’ai… du mal avec cette idée parce que mon couple s’est toujours bien porté. Je me dis qu’une mère a parfois besoin du soutien du père pour avancer. Et que ça va dans les deux sens.

Je la regardai et lui offris un sourire rassurant.

- Mais je me dis aussi que même si tu commences une vie de mère célibataire, rien n’empêche un jour de tomber sur quelqu’un qui te méritera, et qui saura te rendre heureuse. Les hommes ne sont pas tous des connards finis, heureusement…

Je haussai les épaules.

- En tout cas, si ça n’arrive pas mais que tu restes malgré tout heureuse avec tes enfants, alors c’est tout ce qui compte.

Je lui donnai un léger coup de coude amical dans le bras et dis :

- Du moment que tout va bien dans ta vie, sache que je serai content pour toi. Mais… ajoutai-je d’un ton faussement menaçant, seulement et seulement si je peux toujours venir goûter à ta cuisine.


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Constantine Meyer

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Son long récit terminé, Azalja marqua une pause. Désormais, Meyer devait comprendre. Il devait comprendre combien sa phobie était enracinée et pourquoi. L’agression infligée par les deux lycans Enragés n’avait été que la goutte qui avait fait déborder le vase. L’attaque de trop. Celle qui faisait croire à Azalja que jamais elle ne serait en sécurité. Meyer l’avait écoutée sans ne jamais l'interrompre, mais sembla compatir profondément à ses paroles. Il ll lui parla, longuement, essayant de la rassurer, de lui faire comprendre que son désir est largement compréhensible et qu’il espère qu’elle y parviendra, lui parlant aussi de sa relation avec Mary et du soutient qu’elle avait été dans le couple en tant que parent. Si Azalja enfantait seule, elle n’aurait pas un tel soutien mais qu’il la soutenait à condition de pouvoir continuer à goûter à sa nourriture. Azalja éclata doucement de rire.

- Bien-sûr que tu pourras toujours venir !

Elle marqua une légère pause, se souvenant de tout ce qu’il avait dit.

- Tu sais… le plus frustrant c’est que… il est mort. Je ne peux rien réparer et ne serait-ce que lui en vouloir semble… atroce. Mais je ne peux pas m’en empêcher. Je n’y arrive pas. Il m’a blessée, il m’a effrayée, il m’a… parfois… forcée, quand je ne voulais pas lui donner ce qu’il voulait. Et… lui en vouloir, semble presque… cracher sur sa mémoire. Si tu savais… le nombre de lettres d’insultes que j’ai reçu quand je suis partie. Mon père aussi. Il ne dit rien, mais il a reçu beaucoup de menaces et d’insultes. On est passé pour des monstres de nous en être pris au joueur chéri du pays. Et j’avais beau dire que Sam était… loin d’être l’homme des couvertures de magazine, on me répondait que je disais juste cela pour l’attention. Moi. Pour l’attention.

Elle leva les yeux au ciel. Elle avait TOUJOURS détesté les media et encore plus quand Sam était devenu célèbre. Elle les avait toujours fuis, refusant que son visage n’apparaisse où que ce soit au contraire de Sam qui se languissait de toute l’attention. Elle reprit alors :

- Je veux juste être heureuse. Je sais que c’est quelque chose que je veux profondément et je te rassure, je sais que tous les hommes ne sont pas des connards. Mais… c’est juste… c’est juste douloureux. Je commence à peine à ouvrir mon lit à d’autres personnes et encore.. à une personne. Et c’est une femme. J’aurais jamais cru que j’aimerais cela avec une femme, mais… apparemment si. Peut-être que tu as raison, un jour, je trouverai un homme bien, mais pour l’heure… pour l’heure c’est complexe. Quand je vois le divorce de mes parents, ta peine face à ta femme, et ma relation avec Sam, je me dis que ça ne vaut pas le coup. Et puis… je ne sais pas. Se cantonner à une seule personne comme ça… non. Sam a été ma seule expérience… mh… sexuelle et sentimentale. Je veux seulement… profiter, découvrir d’autres corps, d’autres plaisirs et ne pas m’enfermer dans une relation qui me brisera le coeur tôt ou tard.

Elle secoua doucement la tête et reprit un verre de tequila qu’elle bu cul sec avant de remplir les deux contenants à nouveau.

- Alors j’arrête de me prendre la tête. Je continue de découvrir mon corps, mon plaisir, les relations, et si un homme bien se porte volontaire pour m’aider, alors soit. Mais pour l’heure, je reprends ma vie en main. Même si… tu m’as fais réfléchir sur cette idée de soutien mutuel que tu avais avec Mary. J’imagine pas l’anxiété que tu vas avoir à la puberté.

Elle marqua une pause, réalisant que si elle avait un fils, elle n’aurait aucune idée de quoi dire à un garçon.

- Oh. Et j’ai un fils seul, j’aurai la même anxiété. On dit quoi à un garçon ? Comment on prépare un garçon à la puberté ?! Ils ont pas de petite fleur, nan ? MEYER ? Vous avez une petite fleur ??

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Elle éclata de rire.

- Bien sûr que tu pourras toujours venir !

Nous échangeâmes un sourire, prîmes le temps de boire. Puis Azalja poursuivit, le ton plus léger mais l’air un peu triste.

- Tu sais… le plus frustrant c’est que… il est mort. Je ne peux rien réparer, et ne serait-ce que lui en vouloir semble… atroce. Mais je ne peux pas m’en empêcher. Je n’y arrive pas. Il m’a blessée, il m’a effrayée, il m’a… parfois… forcée, quand je ne voulais pas lui donner ce qu’il voulait. Et… lui en vouloir, semble presque… cracher sur sa mémoire.

Je n’étais pas d’accord. Pourquoi culpabiliser alors qu’il était le seul fautif ?

- Si tu savais… le nombre de lettres d’insultes que j’ai reçu quand je suis partie, dit-elle avec amertume. Mon père aussi. Il ne dit rien, mais il a reçu beaucoup de menaces et d’insultes. On est passé pour des monstres de nous en être pris au joueur chéri du pays. Et j’avais beau dire que Sam était… loin d’être l’homme des couvertures de magazine, on me répondait que je disais juste cela pour l’attention. Moi. Pour l’attention, fit-elle en levant les yeux au ciel.

C’était une erreur, une grave erreur. Absolument injuste. Et j’avais horreur de ça, que les gens ne cherchent pas à savoir la vérité, qu’ils se contentent d’un seul son de cloche sans chercher à connaître les fondements de l’histoire, sans se rendre compte qu’ils détruisent la vie ou la mémoire d’un innocent pour préserver celle du coupable.


- Je veux juste être heureuse, déclara simplement la biologiste.

Normal… Elle ajouta qu’elle était bien consciente du fait que les hommes n’étaient pas tous comme Sam. Mais son histoire avec lui l’avait marquée et elle restait douloureuse. Elle me raconta qu’elle commençait à peine à ouvrir son lit à d’autres, ou plutôt, à une personne, et qu’il s’agissait d’une femme. Elle se découvrait des plaisirs et des envies qu’elle n’avait jamais eu, et cela lui convenait pour le moment.


- Peut-être que tu as raison, un jour, je trouverai un homme bien, mais pour l’heure… pour l’heure, c’est complexe. Quand je vois le divorce de mes parents, ta peine face à ta femme, et ma relation avec Sam, je me dis que ça ne vaut pas le coup. Et puis… je ne sais pas. Se cantonner à une seule personne comme ça… non. Sam a été ma seule expérience… mh… sexuelle et sentimentale. Je veux seulement… profiter, découvrir d’autres corps, d’autres plaisirs et ne pas m’enfermer dans une relation qui me brisera le cœur tôt ou tard.

Elle but sa tequila, nous resservit un verre.

- Alors j’arrête de me prendre la tête, décida-t-elle. Je continue de découvrir mon corps, mon plaisir, les relations, et si un homme bien se porte volontaire pour m’aider, alors soit. Mais pour l’heure, je reprends ma vie en main.

Elle en avait le droit. Humaine ou lycan, dotée d’une vie courte ou rallongée, j’estimais que tout le monde avait le droit de vivre sa vie comme il l’entendait. J’avais profité d’une vie de célibataire bien remplie durant plus de soixante-dix ans avant de rencontrer Mary. A ce moment-là, je considérais que, peu importait le nombre d’années, de décennies qu’il me resterait à tirer, il était temps de me consacrer à une existence plus saine, rangée. Même en sachant que mon épouse allait mourir avant moi puisqu’elle était humaine, je préférais songer à ma vie avec elle sans penser à l’après. Maintenant… je ne savais plus tellement quoi en penser. Mary était partie bien trop vite et je me sentais complètement perdu.

- Même si… tu m’as fait réfléchir sur cette idée de soutien mutuel que tu avais avec Mary, fit remarquer Azalja. J’imagine pas l’anxiété que tu vas avoir à la puberté.

Je faillis avaler ma boisson de travers. La puberté de Janna… Je préférais ne même pas y penser…

- Oh. Et si j’ai un fils seule, j’aurai la même anxiété. On dit quoi à un garçon ? Comment on prépare un garçon à la puberté ? Ils ont pas de petite fleur, nan ? MEYER ? Vous avez une petite fleur ?

Ce fut à mon tour d’éclater de rire.

- OK, si tu n’as personne pour gérer ton futur fils, je veux bien être là et t’aider quand viendra le moment de… disons… d’éclairer les zones d’ombre, répondis-je avec un demi sourire espiègle.

Je bus une gorgée. L’alcool commençait sérieusement à faire son effet à force de descendre des verres. A cause de sa réflexion sur la puberté de ma fille, j’eus soudain une vision imaginée de la petite en pleine adolescence, et un frisson d’horreur me parcourut l’échine.


- Mais par pitié, ajoutai-je d’un ton réellement suppliant, promets-moi de venir à mon secours concernant Janna. Je crois que je vais mal le vivre…

Sur ce, je terminai encore une fois mon verre. Puis je me levai. La fatigue et l’alcool cumulés me donnèrent des vertiges et je vacillai un instant.

- Bon… t’as raison, je vais rester ici cette nuit, dis-je en confirmant mon état plus que moyen.

Je ne savais même pas si j’avais encore la force de monter les escaliers. Alors je me laissai retomber sur le canapé en poussant un long soupir, et regardai la louve qui m’observait, amusée.


- Pour en revenir à ton envie de reprendre ta vie en main, fais-le et n’en ai pas honte, la rassurai-je. Ce n’est pas égoïste. Je pense qu’il y a des moments où il faut prendre le temps de penser à soi, avant de penser aux autres. Fais tes expériences, découvre, fais-toi une idée de… cette liberté. Et tu verras. Un jour, le grand amour va te tomber sur le coin de la gueule, tu vas rien comprendre, ricanai-je.

Je me raclai la gorge, repris.


- C’est ce qui est arrivé avec Mary. Bon euh… ça n’a rien eu de romantique…

Je me grattai l’arrière de la tête, gêné.

- La première fois que je l’ai vue, c’était à la porte de chez elle, enfin… de chez sa mère. Elle est venue m’ouvrir parce que j’avais rendez-vous… pour embaumer son père. Pas très joyeux, ajoutai-je sans pouvoir m’empêcher de sourire un peu. Mais à partir de ce jour, elle a occupé toutes mes pensées, et je n’ai plus eu envie de continuer seul. A cent-deux ans, il était temps ! plaisantai-je.

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La conversation était extrêmement profonde. Le passé, les peines de cœur, les douleurs, les coups bas de la vie. Meyer en savait désormais plus sur elle que ses collègues de travail qu’elle connaissait depuis presque dix ans. Elle s’était entièrement ouverte à lui, confiée sur cette partie si secrète de son être mais qui lui donnait un certain espoir pour l’avenir. Néanmoins, avec la quantité d’alcool ingérée, la conversation avait tout à coup pris une tournure complètement inattendue. Voilà que Meyer se retrouvait avec une ado et elle avec un hypothétique fils. L’Allemand accepta alors de venir à son secours pour éclairer les zones d’ombres de son fils, si elle venait l’aider pour Janna. Face à son doute et sa frayeur, Azalja ne put s’empêcher d’éclater de rire.

- Promis, je t’aiderai. Marché conclu !

Il se leva alors, l’air épuisé, avant de se laisser retomber sur le canapé, décidant de passer la nuit chez elle finalement. C’était en effet une bien sage décision. Elle l’observa donc avec un air amusé, alors que ce dernier décida de remonter un peu leur conversation, l’encourageant à reprendre sa vie en main, sans le moindre jugement. Il n’avait pas tord. Elle était libre de ses propres choix, peut-importait ce que sa famille pourrait en penser. Il semblait aussi certain que le grand amour, celui avec un grand A finirait par arriver du jour au lendemain. En doutant fortement, Azalja haussa les épaules. Il lui parla alors de sa rencontre avec Mary… à la mort de son père. Azalja ouvrit de grands yeux, avant de laisser échapper un petit rire.

- En effet, c’est pas le truc le plus romantique au monde, se permit-elle de commenter entre deux phrases de son interlocuteur.

Elle continua de l’écouter, prenant attention à chacun de ses mots, l’observant avec un air attendri. Il avait aimé Mary si profondément. D’un geste doux, elle posa sa main sur son avant-bras.

- Ouais, t’as raison, t’étais trop vieux de toutes façon, il était temps ! le taquina-t-elle.

Elle rit doucement, essayant de ramener une certaine légèreté à leur conversation. L’heure tournait néanmoins et il était vraiment tard. Elle se leva alors, non sans chanceler.

- Allez papy ! Justement, il est temps de te mettre au lit, l’air toujours aussi taquin, elle le conduit à l’étage, même si la montée des escaliers fut assez complexe et TRÈS lente. Elle lui ouvrit la porte de la chambre d’amis.

- Bonne nuit Meyer. Oh et dernière chose ! J’ai embauché un menuisier. Donc si tu trouves un vampire torse nu dans mon salon ou rôder aux alentours c’est normal. Lui casse pas la figure s’t’eu plait, ma soeur vient chez moi demain, je lui ai promis qu’elle allait apprécier la vue !


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Elle rit, commenta qu’en effet, ce n’était pas le truc le plus romantique au monde, avant de me charrier sur mon âge.

- Ouais, t’as raison, t’étais trop vieux de toute façon, il était temps !

Je lui donnai un petit coup de coude faussement vexé dans le bras.

- Allez papy ! Justement, il est temps de te mettre au lit, décida-t-elle en consultant l’heure.

Oui, il se faisait tard. J’avais besoin de dormir après toutes ces émotions. Tant bien que mal, nous nous levâmes et nous dirigeâmes vers l’escalier. L’ascension fut plutôt lente mais ponctuée de rires à chaque fois que l’un de nous manquait une marche à cause de notre taux d’alcoolémie assez élevé. A un moment, je dus l’attraper fermement par le bras pour ne pas la voir dégringoler l’escalier jusqu’en bas. Puis elle m’ouvrit la porte de la chambre d’amis.


- Bonne nuit Meyer. Oh et dernière chose ! J’ai embauché un menuisier. Donc si tu trouves un vampire torse nu dans mon salon ou rôder aux alentours, c’est normal.

Ah.

- Lui casse pas la figure, s’te plaît, pria-t-elle. Ma sœur vient chez moi demain, je lui ai promis qu’elle allait apprécier la vue !

Je ricanai, promis de ne casser la gueule à personne. Je lui souhaitai bonne nuit également, la remerciai encore une fois pour son hospitalité. Quand je me retrouvai seul dans la chambre, je lâchai un long soupir fatigué et allai directement m’asseoir sur le lit. Je retirai mes chaussures et mon pantalon, m’allongeai sans prendre la peine d’aller fermer les volets. Après tout, les rideaux tirés suffisaient amplement, et ça ne me dérangeait pas de me réveiller avec la lumière du jour. A peine ma tête toucha-t-elle le coussin que je m’endormis aussi sec.
Le lendemain, je retrouvai une Azalja échevelée dans la cuisine, et me moquai ouvertement de sa dégaine, prétextant qu’elle ne pouvait pas m’attaquer sur ce terrain parce que j’avais naturellement une gueule de déterré. Cela la fit bien rire, et je fus menacé d’être privé de petit déjeuner. Mais, bien évidemment, dans son infinie bonté, j’eus droit à un excellent café. Ne voulant pas abuser davantage de son temps et de son espace personnel, je quittai la demeure quelques minutes plus tard après lui avoir souhaité une bonne journée.



[FIN]

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