Ce soir, un gala était organisé par quelques grandes fortunes de Los Angeles. La raison officielle qui avait été donnée était qu'il servait à récolter des fonds pour la charité, mais comme d'habitude avec ce type d'événements, il ne s'agissait que d'un prétexte aux participants pour se retrouver, se sentir puissant, et se racheter une conscience en donnant quelques dizaines de milliers de dollars aux associations. Depuis quelques temps, Anodé avait tendance à fuir ce genre d'événements, assez peu désireux de s'afficher. L'annonce de l'OPA menée simultanément par Elisabeth Blackthorne et lui sur l'entreprise de Dimitri Vladimov avait fait l'effet d'une bombe dans le milieu des affaire, son propre patrimoine avait considérablement augmenté et la valeur de ses sociétés en Bourse s'était simplement envolée. Cela lui avait occasionné une quantité invraisemblable de travail à gérer, et il savait que sa prochaine apparition dans ce genre d'événement serait pénible. Après tout, les nouvelles fortunes étaient toujours la cible de requins.
Cependant, il ne pouvait s'y soustraire éternellement. Des endroits comme ce gala étaient nécessaire pour maintenir des bonnes relations commerciales, et il avait besoin de l'expérience de certains investisseurs pour effectuer les changements qu'il imaginait au sein du patrimoine qu'il avait acquit de Dimitri Vladimov. Il s'agissait après tout d'un marchand d'armes, et ce secteur ne convenait aucunement au business qu'Anodé souhaitait gérer.
Mais ce soir, ce n'était pas le seul obstacle qu'il allait affronter. Car ce gala, il ne s'y rendrait pas seul. Elisa s'y rendrait avec lui. En tant que sa compagne. Rien que cette pensée le faisait un peu rougir. Ils s'étaient assumés devant sa famille... Mais ce soir, il s'agissait plus ou moins d'officialiser leur relation. Il ignorait si Edward Cartwright serait présent ce soir, ils ne l'avaient pas vraiment revus depuis leur séparation au bal masqué... Qui avait été mouvementée. Si c'était le cas, eh bien ils assumeraient tout simplement. Elisa avait considérablement changée depuis qu'elle s'était émancipée, et c'était tout ce qui comptait. Ils étaient heureux ensemble, et il ne laisserait pas ça s'échapper à cause de la jalousie de certains. Elisa n'était plus une jeune femme fragile, n'était plus une poupée à marier que son père la forçait à être. Elle n'était pas non plus une artiste idéaliste. Elle savait ce qu'elle voulait, et était prête à lutter dans ce monde qu'était le leur. A de nombreux égards, elle était bien plus courageuse que lui. Il avait hâte de la voir ce soir.
Il fut convenu qu'il arriverait avant elle, par rapport à leurs emplois du temps respectif. Anodé avait mit un costume assez classique noir, de mise lors de ce genre d'événement. Il avait déjà été abordé par plusieurs personnes depuis le début de la soirée, certaines le félicitant et d'autres espérant nouer des relations profitables. Et d'autres, comme la femme qu'il avait en face de lui à cette seconde, qui portait une robe rouge moulante avec un décolleté proprement scandaleux, utilisaient d'autres arguments.
- « Eh bien, monsieur Cimedroite... Ou devrais-je dire, Anodé. Il paraît que vous êtes l'homme du moment ? Félicitations pour cette OPA. »
- Monsieur Cimedroite suffira. C'est ce que l'on raconte, oui. Mais je vous remercie de votre compliment. »
La femme en question se nommait Barbara Glassower. Une fille qui avait hérité du patrimoine de sa famille, qui exploitaient le pétrole. Si elle gérait bien les affaires de sa famille, il était de nature connue qu'elle utilisait bien fréquemment les avantages que Dame Nature ainsi que la chirurgie esthétique avaient bien voulu lui donner pour négocier des partenariats commerciaux avantageux. Anodé l'avait souvent vu faire lorsqu'il était un simple exploitant d'entreprise peu intéressant aux yeux de la richesse.
- « Vous êtes trop modeste, Monsieur Anodé. Les journaux se font un plaisir de narrer votre succès. Jeune, séduisant, et excellent danseur à ce qu'il paraît. Peut-être que vous accepteriez de me montrer cela ? A moins que vous craigniez de ne pas être à la hauteur de votre réputation. »
Voilà maintenant qu'elle essayait de lui titiller l'ego, tout en s'approchant beaucoup trop à son goût. Anodé sourit placidement, et leva sa coupe remplie de champagne glacé sur le nez de la dame, avant de pousser légèrement, la faisant reculer, surprise. C'était habituellement Elisa qui était courtisée de cette façon en ce milieu... Quelle ironie.
- « Je vous remercie, mais j'ai bien peur d'avoir réservé ma première danse à une autre personne... Une autre fois peut-être.
- A qui donc ? », lâcha Barbara, agacée.
Anodé ne répondit pas. Parce qu'il venait d'apercevoir Elisa, qui était comme toujours absolument magnifique. L'homme d'affaires n'accordait plus la moindre once d'intérêt pour la femme face à lui, son attention étant simplement dirigée vers l'ancienne héritière, qu'il dévorait presque du regard. Il ne faisait plus aucun effort pour cacher son attirance, attitude qui jurait avec la retenue habituelle dont il faisait preuve...
Cela faisait plusieurs mois qu'Elisa n'avait pas mis les pieds dans un gala et pour cause, elle fuyait ce monde de luxe et remplis d'hypocrites dans lequel elle avait grandi. Néanmoins, Anodé avait reçu une invitation pour cet événement et il lui avait paru naturel de demander à sa bien-aimée de l'accompagner. Elle hésita. La presse allait être présente et il était possible que ses parents soient là également sauf qu'elle aspirait à une vie calme et sereine. Peut-être se fourvoyait-elle, après tout elle s'était entichée d'un homme riche et l'accepter tel qu'il était c'était également accepter son mode de vie et tout ce qu'il s'en suivait. D'un autre côté, se montrer en public c'était assumer qui elle était, peu importe ce que les gens allaient en penser. Son avis sur la question changea donc et elle commença à réfléchir à la tenue qu'elle allait porter. Elle refusait qu'Anodé lui offre une robe mais elle n'avait plus les moyens de s'en procurer une à un prix élevé. Elle opta donc pour une tenue moins coûteuse et elle savait d'avance qu'on allait critiquer ce choix mais ça ne l'atteignait pas. Ne sachant pas se coiffer seule, elle préféra se rendre chez un professionnel et elle en sortit avec un chignon tout aussi bien fait que d'habitude.
Le soir venu, Elisa se prépara et prit sa voiture en direction de la salle de réception. Elle se trouvait dans le même quartier que la demeure familiale ce qui lui provoqua un inconfort. Elle soupira pour se calmer tout en se répétant qu'elle pouvait y arriver même si affronter de nouveau ce monde de requins n'était pas simple. Anodé devait déjà s'y trouver et la jeune femme avait hâte de le voir, rien que d'y penser lui redonnait le sourire. Ils n'avaient pas pu y aller ensemble et c'est donc seule qu'elle entra sur les lieux. Les regards étaient tournés sur elle, tantôt surpris, tantôt moqueurs ou feignant l'indifférence. Néanmoins, elle continua son chemin sans y faire attention. Au fond, son coeur tapait contre sa poitrine, un peu angoissée à l'idée de tomber sur son père. C'est alors que ses yeux se posèrent sur le beau brun, ce dernier était en compagnie d'une autre femme. Cela lui rappela une certaine scène lorsqu'elle avait été le voir la première fois au Fever. C'était un bel homme, riche qui plus est et Elisa savait très bien ce qu'il se passait. La première fois elle n'avait rien dit puisqu'il n'y avait rien entre les deux héritiers à l'époque mais maintenant... Les choses étaient différentes.
Elisa s'approcha d'Anodé avec un sourire rayonnant, heureuse de le voir puis elle vint lui tenir la main avant de porter son attention sur la femme au décolleté opulent qu'elle salua. Par ce geste, la bourgeoise marquait clairement son territoire et pour une fois, elle n'allait pas être obligée de danser avec un inconnu.
"Bonsoir Anodé, tu es très élégant comme toujours..." Dit-elle les joues rosies. Ce n'était pas la première fois qu'elle le voyait comme ça mais elle le redécouvrait à chaque fois. "Est-ce que tu aimerais danser ?"
Cela faisait longtemps que ça n'était pas arrivé mais cette fois l'exercice allait être spécial car ils étaient un couple, ce que l'assemblée avait sûrement déjà deviné.
By Mel
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Dernière édition par Elisa Cartwright le Sam 5 Nov - 18:52, édité 2 fois
Anodé avait complètement oublié Barbara, et regardait Elisa qui s'approchait d'eux à pas lent. Beaucoup trop d'émotions lui venaient à cette seconde, alors qu'il la contemplait. Elle portait une robe que beaucoup auraient qualifié d'ordinaire... Mais c'était une robe qu'elle avait payé elle-même, une robe qui pouvait sembler inadaptée au lieu actuel mais qui en disait long sur la volonté de s'assumer d’Élisa. Sa... compagne. La voir ainsi le rendait à la fois fier et attendri. Miss Glassower fulminait, et il vit à son regard qu'elle n'avait pas reconnu Elisa. Comme si un simple changement de tenue qui ne convenait pas à l'image du lieu changeait qui elle était. Quel ramassis d'idioties.
L'homme d'affaires accueillit sa compagne alors qu'elle arrivait à son niveau. Il lui saisit la main presque par réflexe, répondant à son geste. Ils affichaient tous les deux ainsi leur relation, et il était enchanté de voir à quel point l'ancienne héritière savait... d'une certaine façon, marquer son territoire. Quelques personnes semblaient avoir reconnu Elisa et les regardaient avec un air particulièrement choqués, mais aucun des deux ne semblait en avoir cure, simplement contents de se retrouver. Il lui souriait naturellement, simplement content de sa présence.
- « Bonsoir, Elisa... Je devrais te renvoyer le compliment, tu es sublime. Avec grand plaisir, l'orchestre est de qualité ce soir, et j'ai l'impression que cela fait bien trop longtemps que nous avons dansé ensemble. »
Il la suivit donc vers la piste de danse. Alors qu'ils s'éloignaient, Barbara Glassower les regarda et lâcha, visiblement vexée.
- « Tant pis pour vous, Cimedroite. Je vous pensait meilleur commercial que ça... Ramener à un événement tel que celui-ci une femme du peuple, franchement ! »
Anodé se retourna un bref instant, un sourire provoquant aux lèvres. Pensait-elle donc pouvoir le ridiculiser en passant par Elisa ?
- « Si c'est ce que vous pensez, miss Glassower... Cela me confirme simplement dans mon idée que vous êtes encore plus idiote que vous en avez l'air. »
Elle ouvrit la bouche, courroucée, mais le couple était déjà loin.Leur arrivée sur la piste de danse fut remarquée, mais ils ne semblèrent pas s'en apercevoir. Le thème musical de la soirée était différent des classiques de ce genre d'événements, ce qui semblait décourager bon nombres de danseurs... Cependant, Anodé était directeur du Fever, et il avait mit un point d'honneur à savoir tout danser. Et il savait qu'Elisa était une merveilleuse partenaire de danse qui n'avait pas peur des défis, alors cela se passerait forcément bien.
Ils se saisirent les mains, et des les premières notes de la musique, ils commencèrent à remuer en rythme, ne se quittant pratiquement pas du regard. C'était un rock'n roll, le genre de danse qui prenait de la place, aussi ils bougeaient beaucoup, se séparant puis se retrouvant à de nombreuses reprises... Si la danse était également une manière de se montrer et de s'afficher sans honte devant ces requins de la finance... C'était avant tout un moment qu'elle et lui adoraient partager. Depuis qu'ils se connaissaient, ils avaient tellement dansés. D'ailleurs, dans cet endroit précis, il y a plus d'un an, ils avaient partagés une danse. Agréable également, mais tellement différente. A cette époque, ils ne se voyaient pas du tout de la même façon, se vouvoyaient encore et... A cette époque, il ignorait qu'il partageait sa première danse avec la femme qu'il aimerait ensuite. La première d'une longue série. Lors d'un mouvement de danse, ils se retrouvèrent de nouveau proches, et il en profita pour déposer un tendre baiser dans son cou, presque furtivement. Il n'était malgré tout pas encore assez confiant pour aussi l'embrasser devant tous ces gens...
Lorsque la danse se finit enfin, il la regardait, détendu. Elle savait toujours le mettre dans une bulle ou il se sentait bien, même au milieu de ce monde peuplé de personnes prêtes à lui sauter au cou à la moindre occasion.
- « Tu danse décidément de mieux en mieux... J'ai beaucoup apprécié ce rock avec toi. »
Ce fut à cet instant qu'un homme se détacha des alentours pour venir à leur rencontre. Il se frottait les mains, manifestement mal à l'aise... Celui-ci pour le coup ne semblait pas mû par la cupidité, mais plutôt par une envie d'empêcher une crise à venir...
- « Je... Bonsoir... Excusez-moi mais... Vous êtes Elisa Cartwright, n'est-ce pas ? Je... Je ne crois pas que votre père approuverait que vous soyez présente ce soir... Surtout pas dans cette tenue et... Pas avec M Cimedroite... »
Il était certain que s'afficher face à l'assemblée de riches et influentes personnes allait faire jaser mais ni Elisa et ni Anodé n'en avait cure, la preuve en était car ce dernier remit à sa place cette Madame Glassower. La jeune femme rit intérieurement et elle n'en était pas désolée, pas cette fois et elle tourna son visage vers la femme pour lui accorder un sourire hypocrite. La bourgeoise avait gagné sur elle, cette petite pauvresse en apparence mais qui était riche de rêves. Le couple put danser comme il le voulait, peu importe les regards et les messes basses. Ce fut un moment exaltant pour Elisa qui profita de chaque seconde où elle se trémoussait en rythme avec l'homme qu'elle aimait. On aurait dit un jeu entre eux, comme s'ils savaient exactement quoi faire et on pouvait ressentir toute l'alchimie qu'il y avait entre eux. D'ailleurs, son corps frissonna en sentant ses lèvres sur son cou à la fin de la danse et elle aurait aimé que cela dure encore plus longtemps mais ils devaient continuer de bien se tenir, éducation oblige. Néanmoins, les deux jeunes gens avaient appris à se rapprocher de plus en plus, au point de ressentir une petite tension...
C'est alors qu'un homme s'approcha du couple et apostropha Elisa. Cette dernière l'écouta, surprise car elle ne l'avait jamais vu et il semblait gêné. Il évoqua son père et tout son corps se raidit aussitôt. Cela faisait des mois maintenant qu'elle n'avait pas vu Edward Cartwright, le redoutable homme d'affaires qu'elle redoutait encore. Il avait tenté de la retrouver en vain et elle n'avait pas eu de nouvelles depuis, ce qu'elle préférait car elle savait bien qu'il voulait la ramener à la demeure familiale. Elle n'était plus une enfant, ce n'était pas à lui de lui dicter ce qu'elle devait faire ou non et encore moins de lui imposer un mari. Elle prit discrètement une inspiration pour se calmer et répondit sèchement à l'homme.
"Je me moque de ce que mon père peut penser."
"Je ne te reconnais plus, Elisa."
Une voix familière résonna dans son dos et lui glaça le sang. Le destin semblait d'humeur taquine aujourd'hui... Il était temps de rendre des comptes en affrontant ses démons. Elisa avait-elle réellement changé et grandi ? C'était le moment pour elle de briller.
"Père..." Souffla-t-elle non sans émotion alors qu'elle faisait face à son géniteur. Ce dernier jeta un regard glacial sur Anodé avant de regarder sa fille.
"Je t'ai tout donné, comment oses..."
"C'est faux !" Cria-t-elle désespérément. "Vous ne m'avez jamais offert ce dont j'avais besoin réellement et j'ai suivi vos directives telle une poupée sans âme, je n'étais pas heureuse."
Elle vint prendre la main d'Anodé et tremblotant et la serra entre ses doigts.
"Il est l'homme que j'aime et que j'ai choisi, nous n'avons pas besoin de la fortune des Cartwright ni de sa renommée. Si vous étiez moins borné, vous seriez qui je suis devenue et que je peux me débrouiller seule."
Edward Cartwright était sous le choc, outré et écoeuré mais aussi triste, il venait de se prendre une énorme claque. Tous les espoirs qu'il avait mis sur les épaules d'Elisa étaient réduits à néant mais... La voir lui tenir tête fit naître également un autre sentiment par la suite : il n'avait jamais été aussi fier d'elle. L'homme ne répondit pas mais semblait ému, son petit bébé n'avait plus besoin de lui et c'était sûrement ce qui était le plus douloureux pour lui. Il s'était complètement fourvoy. Il lui tourna le dos pour cacher ses émotions avant de rompre le silence. "Nous continuerons cette discussion plus tard, seul à seul... Ta robe est très jolie"
La jeune femme ne s'attendait pas à de telles paroles et comprit que tout n'était pas perdu, ce qui fit exploser son coeur d'émotions. Elle ne se laissa pas aller devant tout le monde mais elle eut besoin de s'éloigner avec son bien-aimé pour se remettre de ce moment intense.
L'annonce de l'inconnu fit retomber l'ambiance bienheureuse dans laquelle se trouvait le couple nouvellement formé. L'homme en question ne semblait pas du tout motivé par un enrichissement quelconque... Non, c'était simplement une personne qui avait protégé sa fortune en restant en de bons termes avec ceux qu'il qualifiait comme puissant, et Edward Cartwright faisait partie de cette catégorie. Aussi savoir que deux personnes capables de mettre hors de lui dansaient paisiblement, sans se préoccuper le moins du monde des conséquences possibles l'inquiétait terriblement. Anodé allait répondre à l'individu mais Elisa fut plus rapide, montrant à quel point elle ne craignait plus de s'affirmer, même si elle ne voulait plus appartenir à ce monde. Elle était resplendissante.
- « Je pense que Miss Cartwright a été claire. Si vous voulez bien nous laiss... »
Anodé ne termina pas sa phrase, interrompu par la voix forte d'un homme. Une voix qu'Elisa et lui ne connaissaient que trop bien, et qui fit l'effet d'une douche glacée. La voix d'Edward Cartwright. Pour la première fois depuis qu'elle s'était enfuie, voilà qu'elle l'affrontait. Une demi-douzaines de répliques vinrent à Anodé pour lutter contre celui que son inconscient percevait comme un envahisseur, mais il sut instinctivement que ce n'était pas à lui de parler. Il se contenta de se rapprocher de sa tendre, et vint poser une main sur son épaule, dans un geste que certains auraient pu prendre comme un signe de possession, un défi à Edward, mais qui n'était qu'une marque de réconfort et de soutien envers elle. Le magnat le regarda pendant un instant, et Anodé soutint son regard sans ciller. S'il avait autrefois craint cet homme pour son potentiel de nuisance, c'était bien différent aujourd'hui. En le défiant, il protégeait quelque chose qui lui tenait beaucoup plus à cœur que cette réputation qui lui donnait le contrôle sur son entourage.
Mais cette femme qu'il désirait protéger était devenue forte également. Il entendait à sa voix, voyait à ses tremblements à quel point la situation était difficile pour elle, mais elle ne céda pas. Elle cria sur le magnat, lui renvoyant au visage ces choses qu'elle n'avait jamais pu dire pendant toutes ces années. Chacune des paroles d'Elisa semblait provoquer une tempête dans l'esprit d'Edward, mais elle ne s'arrêta pas, brisant les restes de sa cage dorée. Et puis elle avoua devant son père qu'elle l'aimait, et Anodé sentit sentit son esprit s'égarer alors que la main sur l'épaule de la belle se raffermissait, et il regarda Edward avec elle, disant silencieusement qu'il l'aimait également. Pour la première fois, ils s'assumaient devant cet homme puissant, et le formuler publiquement faisait quelque chose. Ils ne fuiraient pas.
Devant cela, Edward sembla vaciller, et leur tourna finalement le dos. Pour l'heure, il les laissait en paix... Même si ses dernières paroles laissaient présager un apaisement possible. Il n'eut pas besoin de voir Elisa pour comprendre l'effet que ces paroles faisaient sur elle. Lui était par nature beaucoup plus méfiant qu'elle alors... Il ne pouvait s'empêcher d'émettre des réserves sur les bonnes intentions d'Edward, qui pourrait bien ne vouloir qu'éviter un esclandre. Mais si cela rendait Elisa heureuse, peut-être pouvait-il espérer avec elle... La jeune femme s'éloigna, et l'emmena avec elle. Lorsqu'ils se retrouvèrent tous les deux, dans un des couloirs isolés du grand lieu de réception, Anodé l'attira à lui pour l'étreindre doucement.
- « Excuse-moi... Te voir comme ça était... Tu as été tellement courageuse, Elisa. Je crois que tu as profondément choqué ton père, il va sûrement réfléchir longtemps à ce que tu lui as dit. »
Ils restèrent collés pendant quelques minutes. Des pensées tourbillonnaient dans l'esprit d'Anodé. La voir comme ça avait été grisant, et pour une raison qu'il ignorait... lui donnait un peu chaud, faisant battre son cœur.
- « Je suis heureux d'avoir assumé également... ce que nous sommes devant lui. Et devant tous ces gens. Je ne veux plus te cacher ou me cacher. »
Il avait l'impression qu'en faisant cela, une réserve invisible qu'il avait s'était brisée, et dans un moment d'ivresse il la plaqua contre le mur pour l'embrasser avec une fougue qu'il ignorait avoir. Jusqu'à présent, ils avaient toujours fait preuve d'une certaine retenue, mais ce soir... Les lèvres d'Elisa avaient le parfum de l'ivresse de la folie.
Alors qu'ils s'embrassaient, profitant pleinement de ce moment volé, les choses s'agitaient dans la grande salle... Certains maugréaient. Des personnes jalouses d'Elisa ou de lui... Et qui comptaient bien profiter de l'occasion pour ternir la réputation de l'un ou de l'autre...
Elisa était contente d’avoir tenu tête à son père et surtout, d’avoir pu affirmer son amour pour Anodé. Néanmoins, le voir partir presque indifférent à ses paroles fut douloureux au point qu’elle eut besoin de s’éloigner. Son bien-aimé l’amena dans un lieu isolé où ils purent enfin échanger sur ce qu’il venait de se passer. Le coeur de la belle était serré et battait rapidement, l’émotion avait été particulièrement forte. C’était comme si elle n’avait pas contrôlé ses paroles et que tout était sorti d’un seul coup. Il faut dire qu’elle portait ce poids depuis des années et elle en ressortit soulagée. Elle espérait tout de même renouer avec ses parents car il lui manquait et elle les aimait toujours mais chacun allait avoir besoin de temps. L’homme d’affaires l’avait soutenu jusque là et continuait de le faire, elle se sentit apaisée dans ses bras et elle en profita un moment sans se demander ce qu’on pouvait en penser.
“Je te remercie mon chéri…” Souffla-t-elle, émue.
La jeune femme se calma un peu et écouta le brun qui lui aussi semblait soulagé, ils avaient fait un grand pas en avant. Elle finit par lui sourire tout en caressant sa joue, il était si beau qu’elle en rougissait. Il savait lui faire oublier tout ce qu’il y avait autour d’eux. C’est alors qu’il l’embrassa comme il ne l’avait jamais fait. Elle fut surprise sur le coup car ce n’était pas dans ses habitudes de se lâcher mais elle finit rapidement par se prendre au jeu, il faut dire que la sensation était incroyable. Elle fut secouée par plusieurs émotions qui la poussa, dans un élan, à prolonger le baiser tout en se collant à son bien-aimé. Elisa finit par rompre la bulle, les joues rouges car ils n’étaient pas dans un endroit approprié. Cependant, elle avait hâte de rentrer pour continuer… Pour l’heure, ils allaient profiter de la soirée, peu importe ce que les invités pouvaient penser.