Venice, c'est là que j'ai retrouvé Adelaïde au plus mal. Mais c'est aussi là qu'elle à perdu sa meute. C'est là que sa nouvelle vie à commencer. C'était il y a plusieurs mois, entre temps nous avons eu peu de temps pour nous. Il a fallu que je laisse ma louve reprendre le cours d'une vie normale et par chance elle n'était pas seule. Ses liens avec Katy vont un peu mieux, elle a sa copine Roxanne et même si le travail est long, j'essaie de l'aider à se faire pardonner au niveau de sa famille.
Mais ce soir c'est une soirée spéciale. Ça fait officiellement un an qu'on... a couché ensemble. Bon oui ce n'est pas romantique dis comme ça, mais ça fait un an que j'ai posé mon regard sur elle et j'étais bien loin de m'imaginer ce que cela allait faire. L'année dernière nous étions au repas de Noël de l'Hôpital. Mais ce soir j'ai décidé de l'emmener faire un truc de couple. Un truc que mal de gens font et je me dis qu'un peu de romantisme entre nous, nous fera du bien.
Je l'ai donc emmené au cinéma voir un film de son choix à la tombée de la nuit et une fois sortis, j'ai repéré un marché de noël sur les canaux de Venice. Quelques chalet d'artisanat, de quoi manger et boire et des chants et musique de Noël.
Mon bras autour de son épaule je la garde contre moi tout en marchant. J'ai appris il y a quelques temps que j'allais être tonton. Bon c'est bizarre, car avec tous ces mariages...Me voilà tonton, mais aussi beau-frère, car le gosse allait être le petit demi-frère ou demie sœur d'Adelaïde. Enfin bref on parlera généalogie plus tard. Je pose mes lèvres sur la tempe d'Adelaïde et je murmure à son oreille.
« Tu es magnifique ce soir »
Ça me fait du bien de la voir sourire. Après le soucis de sa mémoire, je l'ai laissé quelques jours tranquille. Je ne sais pas trop où elle habite, je ne pose pas de question pour ne pas l'embêter. Mais je compte bien en poser une ce soir. Une question importante. Tandis que nous marchons dans les allées, je me dirige avec elle vers un stand de déco d'intérieur. Il y avait un tableau peint à l'aquarelle d'une Lune...un symbole important pour la Lycanne. Je demande alors.
« T'en pense quoi ? Pour notre chambre »
Notre chambre...va-t-elle faire le rapprochement ? C'est maladroit, mais je lui demande clairement de venir vivre avec moi. Je tourne alors la tête vers elle en la relâchant et je reprends la parole.
« Je me sens seul dans mon appartement...Et je crois que j'aime bien le fait que tu prennes toute la couette »
Je ne le montre pas, mais j'angoisse un peu là. La vendeuse qui nous entend souri et prépare déjà le tableau avec dedans un petit cadeau. Un tableau plus petit d'un cœur en arabesque. Après avoir eu la réponse d'Adelaïde, je prends le sac et je paie le tableau en remerciant la vendeuse.
Love Love <3Un an… Cela faisait un an que je fréquentais Gerald… Un an particulièrement mouvementé, je devais en convenir. D’abord par mon arrivée même à Los Angeles, une arrivée qui ne m’avait absolument pas ravie, ensuite par mon entrée mais aussi ma sortie de la meute, accompagnée d’une perte de mémoire et d’un raid malheureux… Tant de choses… Et aujourd’hui, nous en étions là. A rater le repas de Noël de l’Hôpital, je veux dire. Non, à la place de cet événement, Gerald avait pris la décision de m’inviter ailleurs. Au moins n’aurions nous pas à supporter tous les regards des soignants vers nous. C’était peut-être bien là le seul souci de ne plus se cacher : tout le monde était au courant. Ainsi, nous avions tout d’abord été à une séance de cinéma, chose que, je devais avouer, je faisais extrêmement rarement. Un film avait donc été choisi, un film bien loin d’être romantique puisqu’il s’agissait d’un film d’action horrifique. Pourtant, croyez bien que j’étais plus qu’heureuse de partager quelques moments avec lui. Depuis quelques mois, nous n’avions pu réellement sortir entre nous. Il y avait eu tant à faire et Roxie qui avait quitté la meute… Alors aujourd’hui, c’était le moyen de nous rattraper et ce, avant Noël, en plus.
Lissant le bas de ma robe j’avançai, alors, aux côtés du vampire vers un marché de Noël, l’air bien plus sereine que je n’avais pu l’être auparavant. Collée contre le chirurgien, je me sentais en effet bien, libre et même libérée. Tout n’avait pas été simple mais… En un sens… Je ne regrettai rien car tout cela m’avait permis d’en arriver là. Le compliment de Gerald, d’ailleurs, arriva à point nommé alors que je lui répondais d’un sourire des plus sincères, l’arrêtant même pour venir l’embrasser avant de continuer notre route. Oui… Peut être ressemblai-je à l’une de ces jeunes femmes connaissant leur premier amour mais… En un sens… C’était le cas. Mais avant tout, j’étais seulement et réellement soulagée de ne plus avoir à nous cacher de tous.
D’autant que le marché était des plus jolis. Coloré et plein de bonnes odeurs, je profitai allègrement de tous les bienfaits d’un marché de Noël alors que nous nous dirigeâmes vers un stand de décoration. Haussant les sourcils, j’observai alors le tableau que me montrait le vampire. Une lune… Voici une chose bien particulière pour moi, très… Symbolique, pour ainsi dire. Mais alors que je réfléchissais, la voix de Gerald m’arrêta dans mes pensées. « Notre » chambre ? Surprise, je tournai la tête vers lui pour l’observer, un peu interdite. Comment ça « notre » chambre ? Le laissant me relâcher, toujours aussi surprise, je dus avouer être contente de le voir reprendre parole pour m’expliquer. Et quelle explication… Presque bouche bée, je me tus quelques secondes avant de lui offrir un sourire radieux. Habiter avec lui. C’était là ce qu’il me demandait, réellement et… Doucement, je vins me mordre la lèvre inférieure tentant de masquer mon sourire ravi, « bougonnant » un :
- Je suis pas un vampire moi. Je ressens le froid. Et puis on aura qu’à acheter une autre couette si c’est ça.
Est-ce que je venais pas d’accepter ? Si… Mais de manière tellement détournée que je doutais même qu’il le comprenne. Ainsi soufflai-je en me tournant vers lui, entourant son cou de mes bras, le sourire au coin des lèvres.
- Alors si ma présence te permet de te sentir moins seul et que tu n’as pas peur d’avoir froid la nuit à cause du manque de couette… Je pourrais potentiellement réfléchir à l’éventualité possible d’un déménagement dans « notre » appartement. Une petite moue et je me séparais de lui, tentant de cacher mon air heureux de ce dénouement. Mais ! J’émet une condition.
Une condition, mais laquelle ? Le faisant mariner alors que je faisais le tour du stand, observant chaque décoration, pour trouver…
- Elle.
Pointée à la vendeuse, une aquarelle de soleil. Et un sourire, je me retournai vers le vampire.
- La lune et le soleil. Je trouve qu’en soit, ça nous correspond. Alors si la lune est au mur, le soleil doit l’être aussi.
Une condition ridicule alors que je revenais vers lui pour payer le tableau soleil. Là. Tout pouvait être parfait, enfin… Presque… Fronçant les sourcils, je grimaçai légèrement.
- Il y a juste un mais… J’habite pas toute seule et… Enfin ma meilleure amie vit avec moi… Elle… Elle a quitté la meute pour moi et elle est comme ma sœur mais… Elle est incapable de payer un loyer entier… Et moi… Je pourrais difficilement payer deux loyers.
Oui, deux loyers, car je comptais bien payer la moitié de celui du vampire si je devais venir vivre avec lui, mais les revenus d’infirmière, bien qu’honorable, ne paieraient certainement pas assez pour tout cela. Il allait falloir, donc, avant toute chose, que je trouve une solution viable pour ma sœur de cœur car il était complètement hors de question que je l’abandonne. D’autant plus que j’avais quelques projets avec elle qui allaient certainement nécessiter de gros investissements… Je ne pouvais donc pas me permettre de dépenser sans compter… Un pétrin qui me semblait réellement mal venu tandis qu’il m’était donné la possibilité de profiter du vampire chaque jour, une possibilité qui me donnait l’eau à la bouche alors que je soupirai trouvant cette situation franchement inextricable pour le moment.
Je ne pouvais pas être plus clair et je n'étais pas un pro de ce genre de demande. J'étais donc heureux qu'Adelaïde comprenne rapidement mon message. Avec tout ce qui venait de se passer, je voulais qu'elle voie que j'étais là pour elle. Sa réponse me fait sourire, était-ce sa façon de me dire oui ? En tout cas l'idée d'une deuxième couette n'est pas mauvaise. J'y réfléchirais.
Elle enlace ses bras autour de mon cou alors qu'elle continu de parler. Mon visage s'illumine avec un sourire. Mais elle émet une condition. Cela me surprend, mais je l'écoute. Je change alors de cible en posant mon regard sur le tableau d'un soleil. Elle veut un deuxième tableau. Le soleil est mon ennemie, mais je vois ça comme une image de moi...Serais-je le soleil de sa vie ?
J'accepte donc et la vendeuse prépare déjà le tableau. Mais une autre ombre arrive sur le papier. Sa pote...J'oubliais. C'est vrai qu'elles vivaient ensemble. Quand Adelaïde a retrouvé la mémoire, je l'ai hébergé quelques jours et un matin Roxanne s'est pointée, la bourrique elle m'a viré de mon lit pour parler à Adelaïde. Je roule alors des yeux et je lui dis.
« Deux loyers ? Je suis propriétaire Adelaïde. Tu n'as rien à payer. Mais si tu souhaites l'aider financièrement en payant son loyer, je n'ai pas de problème avec ça » Jamais je ne ferais de reproche à la Lycanne sur la gestion de son argent. Je voulais vivre avec elle, mais cela ne voulait pas dire qu'elle devait me rendre des comptes. Elle allait déjà devoir payer ses courses puisque je n'y connais rien sur son alimentation. D'ailleurs j'avais dans les projets d'apprendre afin de lui faire quelques repas de temps en temps. Je passe doucement ma main sur sa joue et je pose mon front contre le sien en murmurant.
« Occupe-toi d'elle...Moi je m'occupe de toi. L'argent n'est pas un problème. Tout comme le jour où tu en as besoin je t'en donnerais »
J'étais prêt à réaliser tous les rêves de la Lycanne. Après tout elle avait tout quitté pour nous alors je voulais l'encourager. Je récupère le sac avec le deuxième tableau en abandonnant quelques secondes la Lycanne. Puis je reprends sa main et je l'emmène avec moi. J'étais heureux et apaiser... Et j'avais l'impression qu'Adelaïde aussi et ça me plaisait. Je tiens les sac et la main de la jeune femme alors que je la laissais observer le marché. Je demande alors.
« Elle a pus quitter la meute sans soucis ? Le problème était donc notre relation ? »
Je ne savais pas grande chose de son amie à part qu'elle était apparemment proche de l'alpha qui a tenté d'effacer la mémoire de ma petite amie.
Je l'écoute me parler, puis je la dirige vers un stand de chocolat, de caramel et de sucrerie. Je n'ai jamais mangé de ça...à mon époque il n'y en avait pas. Je propose à ma compagne.
« Tu aimes ? t'en veux ? »
Je ne risquais pas d'en manger, mais j'aimais l'odeur.
Love Love <3Ainsi nous allions vivre ensemble… Je n’étais pas forcément extrêmement rassurée à cette idée. Mais… J’étais malgré tout très heureuse de cette proposition et mon sourire ne pouvait que confirmer cela. Une chose qui était malgré tout confrontée à quelques ennuis, sur le papier du moins car Gerald, d’abord, me rassura. Il n’avait donc pas de loyer… Voilà une chose que j’ignorais, qu’il était propriétaire je voulais dire. Enfin, nous n’avions pas vraiment parlé un jour de fourchettes et torchons… Ce n’était donc pas vraiment étonnant et je me rendais compte par cela que j’ignorais certainement encore beaucoup de choses du vampire mais, à défaut de m’inquiéter, cela me rendait plus curieuse et même plus désireuse de m’installer avec lui. Mais…
- Tu as quand même des impôts ou… J’en sais rien… ?
A vrai dire je ne savais pas du tout ce que devait payer un propriétaire, ne l’ayant jamais été moi-même… C’est vrai… Je ne m’étais jamais assez posé dans ma vie pour penser à acheter une chose… Ce qui, en plus de cent ans était malgré tout particulièrement désolant. Enfin… Je n’allais certes toujours pas être propriétaire mais pour la première fois de ma vie, j’allais pouvoir affirmer une chose : je me posais.
- A vrai dire… Commençai-je alors. Je vais aussi avoir besoin d’argent et d’économiser pour notre projet…
Notre projet. Un vaste projet pour dire vrai, une chose que jamais je n’aurais pu faire sans Roxanne, c’était certain. Je lui devais malgré tout beaucoup… Reprenant la main du vampire pour retourner dans les allées du marché, je soufflai alors doucement, hochant la tête.
- Oui. Elle n’a pas vraiment eu de problème… Je suppose que le fait qu’elle « déconne » avec un vampire après avoir quitté la meute y est effectivement pour quelque chose… Tant mieux pour elle… La mine un peu basse, je repris néanmoins en relevant la tête vers lui. Mais si je devais moi-même refaire la même chose, avec notre vécu et pour en arriver à aujourd’hui, je le referais.
Ça, j’en étais particulièrement convaincue. Si je devais en repasser par tout ce que nous avions vécu pour en arriver à là où nous en étions ? Je le referais, sans la moindre hésitation. Je subirais même pire pour cela, à bien y réfléchir.
Arrivés devant un stand de sucrerie, j’esquissai un large sourire à la vue des pommes au caramel. J’adorais ça et il était vrai que j’étais déçue de ne pas pouvoir la partager avec Gerald mais… Cela n’était rien. En prenant une, je remerciai le vampire avant de l’emmener nous asseoir sur un banc, aussi bien pour déguster ma sucrerie que pour reprendre une explication que je jugeais importante.
- Je veux vivre avec toi, Gerald. Commençai-je. Tu ne peux pas imaginer à quel point pouvoir te réveiller avec mes lèvres entre tes cuisses me plairaient.
Mon ton sérieux contrastait drastiquement avec les mots qui sortaient de ma bouche, quoique mon sourire aide à comprendre la malice qui m’habitait.
- Mais je ne peux vraiment pas me permettre la moindre dépense, et si on habite ensemble, je veux participer à toutes les dépenses. Et… Avec notre projet… J’ai peur de ne pas réussir à suivre… Je soufflai alors. Nous avons besoin d’argent, et surtout d’économiser, pour acheter un commerce ainsi que des appartements, Roxanne et moi. Nous avons l’intention d’ouvrir… Une sorte de foyer pour femmes et enfants dans le besoin. Une sororité sur la base d’un commerce donc, d’un salon de thé. Et nous pourrons y loger, faire travailler et participer toutes les femmes et leurs enfants qui en auront le besoin du fait de violences, de difficultés, passagères ou non ou j’en sais rien… Mais nous voulons les aider… Sauf que pour acheter commerce et appartements… Il faut beaucoup, beaucoup, beaucoup d’argent. Et que la paie d’infirmière est bien loin d’être suffisante pour pouvoir économiser rapidement. Les appels aux dons ne fonctionnent pas bien non plus d’ailleurs. Les gens préfèrent donner à des associations déjà créées. Je les comprends ! Mais… Ca nous empêche d’avancer. Enfin… Je soupirai. J’ai réellement envie de vivre avec toi… Mais financièrement et avec ce projet… Je ne pense pas m’en sortir si nous nous installons ensemble…
J’espérais que le vampire le comprenne, et l’accepte. Ce projet, et cela se voyait lorsque j’en parlais, me tenait réellement à cœur. Je désirais plus que tout le mettre sur pied le plus rapidement possible. Alors, même si je devais mettre de côté ma vie privée, malgré toute ma bonne volonté et l’envie qu’il me prenait de lui sauter au cou et beaucoup plus que ça… J’allais devoir me restreindre et le faire pour l’ouvrir le plus rapidement possible.
Cette soirée allait être très enrichissante. Nous avons rarement le temps de parler avec Adelaïde. Entre le travail et les récents évènements. Donc forcement quand elle s'ouvre à moi je l'écoute. Je lui explique que oui j'ai des impôts, mais que je vis depuis assez longtemps pour avoir une jolie sommes dans mes comptes. J'apprends aussi que le projet sur le quel elle travaille va avoir besoin de finance. Elle ne m'a pas encore dit clairement de quoi il s'agissait, mais je lui faisais confiance et je sais qu'elle prépare quelque chose de bienveillant...j'ai envie d'y croire.
Je ricane un peu quand elle me parle de Roxanne et de son vampire. Elle qui rachait sur ma race y a encore quelques mois, voilà qu'elle aussi s'est prise dans les filets de l'un de mes congénères. Je me rappelle encore de cette bourrique de Lycanne qui a débarqué dans ma chambre pour m'en virer afin qu'elle puisse se confier à ma petite amie. Bref
Une fois devant le stand de sucrerie, je paie ce qui fait plaisir à Adelaïde, puis je la rejoins sur un banc pour l'écouter me parler.
Merde je viens de rougir... L'imaginer son visage entre mes jambes chaque matin. Ok on se calme, je sens qu'elle va me dire quelque chose d'important. Je ne dois pas partir dans mes pensées lubriques. J'entends déjà ma sœur me gueuler dessus alors que je devrais me concentrer. Donc elle veut vivre avec moi, mais financièrement elle ne le peut pas. Très bien...Je lui explique donc
« Tous les ans je fais un don. Une grosse sommes d'argent. En général pour un orphelinat ou un centre de sans-abris. Cette année cet argent sera sur ton compte pour ton projet. Ton projet est comme le mien. Si chez les Héritiers nous aidons tout le monde, nous ne pouvons malheureusement pas aider les Femmes et les enfants qui se méfie des hommes...Mais toi tu vas le faire. Alors compte sur mon soutien financier, le soutien moral des Héritiers et... Je pense que tu peux aussi en parler à Katy et ton père ils t'aiderons »
Je me lève et je lui dis d'une voix calme.
« Attends-moi ici »
Je disparais quelques minutes. Et lorsque je reviens, je pose un genoux à terre devant le banc. Non je ne fais pas ça sur un coup de tête. Mais je sens que c'est le moment. Je sors alors de ma poche une bague. Ce n'est pas un solitaire, ce n'est pas une bague qui coute une fortune. Mais c'est symbolique. Je lui fais signe de se taire si elle souhaite parler.
« Quand j'ai parlé à ton père de nous deux. Je lui ai aussi demandé ta main pour le jour où je me déciderais. J'ai des valeurs et de vieilles traditions. Et chez moi quand on aime une femme plus que tout on lui offre une bague et pendant un an est fiancé. Si dans un an ça ne va pas...on ne se marie pas. »
Je lève alors les yeux vers Adelaïde et je souris.
« Deviens plus que ma petite amie...vis avec moi. Quant à ton projet. Compte sur mon soutient. Aujourd'hui je te vois évoluer et j'ai envie d'être à tes côté pour te soutenir. Pas en tant que petit ami...mais en tant que Fiancé. Dans un an tu seras ma femme...J'en suis sur »
Bon ce n'est pas le plus romantique, mais je veux qu'elle voie que je la suivrais partout et que mon argent va aussi être le sien. Je passe alors la bague autour de son doigt et je me lève en prenant ses mains pour qu'elle se lève aussi et me réponde.
Love Love <3J’observai Gerald presqu’incrédule. Était-il sérieux dans ce qu’il disait ? Il allait réellement… Nous faire un don ? Pour nous permettre de lancer notre projet ? Vraiment ? Bouche bée, je l’observais parler l’écoutant avec attention. Notre projet lui plaisait… Il nous soutiendrait, il nous soutenait déjà… Et je pouvais déjà imaginer que les Héritiers, en tant que tels, pourraient nous soutenir réellement dans les accueils ou les soutiens moraux… Un sourire éclaira mon visage alors que je ne bougeais pas, incapable de savoir comment le remercier parce que là… C’était bien plus que des pipes tous les matins qu’il allait lui falloir… J’hochai néanmoins la tête. En parler avec Papa et sa femme… Oui, je le pourrais, évidemment. Et si ces derniers nous aidaient aussi... Nul doute que notre projet serait lancé vraiment rapidement. D’ailleurs… Je leur en parlerais dès le lendemain, pour sûr… Une fois que j’aurais commencé à « remercier » le vampire toute la nuit.
Mais je n’eus pas le temps de répondre quoique ce soit que le vampire se leva, m’ordonnant calmement d’attendre ici. Curieuse, je penchai la tête pour l’observer s’éloigner. Que comptait-il faire ? M’acheter d’autres friandises pour fêter ça ? Pourquoi voudrait-il fêter un cadeau, le plus beau des cadeaux qu’il pouvait me faire ? Car réellement, il venait de me faire un cadeau de Noel bien avant Noel ! Et j’en étais plus qu’heureuse !
Mais la joie ne semblait pas en avoir terminé avec moi, car déjà le vampire refaisait surface pour… Mon cœur rata un battement alors que je l’observais mettre un genou à terre. Toujours assise sur le banc, je l’observai l’air encore plus incrédule qu’auparavant. Et réellement… La bague aurait pu être en bonbon que j’aurais certainement fait la même tête face à son geste. Et ses paroles… Doucement, les larmes arrivèrent au bord de mes yeux alors que je plaquai ma main sur ma bouche pour étouffer un sanglot. Mais ce n’était pas un sanglot de tristesse, bien loin de là, très, très loin de là. Non. C’était un sanglot de joie, une joie que je n’avais jamais vraiment connu jusqu’à aujourd’hui. Mon regard se posa alors sur la bague glissée à mon doigt, tandis que je me levai à sa suite, mes mains dans les siennes. Quelques instants, je restais silencieuse, fixant la bague, serrant ses mains avant que mes bras ne viennent s’entourer autour de son cou pour me serrer contre lui.
- Je t’aime… Je t’aime plus que tout… Lui soufflai-je alors que les larmes coulaient désormais sur mes joues. Merde… Riant à moitié de ma propre réaction, j’essuyai mes larmes en me séparant de lui. Gerald… Mon maquillage… Plaisantai-je.
Je n’arrivais pas à être romantique, ou pas entièrement malgré ma déclaration. J’étais obligée de rire de moi… Mais… Il ne pouvait pas imaginer à quel point il venait de me rendre heureuse. A cet instant, je savais ce que je devais faire, et j’étais plus qu’heureuse de pouvoir avancer avec lui…
- Ton don était déjà un cadeau suffisamment important pour moi mais… Tu sais pas à quel point j’ai envie de vivre avec toi et de… Je me mis à rire doucement, nerveusement même, à cette pensée. Et de devenir ta femme. Même si je le suis déjà un peu… Soufflai-je.
Merde… Tellement de chemin parcouru grâce à lui… Alors que je n’avais jamais côtoyé de vampire, alors que je n’avais jamais, même, accepté de me poser avec un homme, alors que je n’avais jamais imaginé une vie sans meute, alors que j’avais fait presque une croix sur ma famille… Gerald avait balayé tous mes aprioris et m’avait apporté toutes ces choses auxquelles je n’avais même jamais pensé dans ma vie passée… Tout ce présent, c’était à lui que je le devais, malgré tout… Riant doucement en tentant désespérément de sécher mes larmes qui ne semblaient pas vouloir s’arrêter, je secouai la tête.
- Et comment est-ce que je fais pour te remercier maintenant de tout ça ? Dis-je. Ce n’est pas mon cadeau ridicule qui va pouvoir...
Ses larmes, sa main sur ses lèvres. Je comprends alors vite que ma demande l'a touché. Je souris doucement en lui faisant mon petit discours. Je suis heureux de voir que cela lui plait. J'aurais été malin avec mon genou à terre.
Je la laisse tenter de s'exprimer, puis doucement je passe mes mains dans son dos alors que je me suis relevé et doucement je la colle à moi quand elle parle de me remercier. J'affiche un tendre sourire et je glisse mes mains sous ses cuisses pour la soulever et la porter contre moi afin qu'elle puisse s'agripper grâce à ses jambes. Je l'embrasse alors avec passion durant de longues secondes, puis je murmure en collant mon front contre le sien.
« Tu m'as permis de croire à nouveau en l'amour. Et ça c'est le plus beau des cadeaux Adelaïde »
J'étais sincère. Quand j'ai tué ma femme et mon fils, je me suis juré de ne plus m'attacher afin de ne plus jamais risquer de tuer un proche. Mais pendant un an Adelaïde à sue s'immiscer dans ma vie et me changer. Tout comme moi-même j'ai réussi à la faire changer sans le vouloir. J'ai couché avec une chienne enragée...Une Lycanne violente à souhait, et aujourd'hui me voilà avec une louve protectrice. La période sombre est derrière nous. Et J'ai très envie de découvrir cette nouvelle vie qui nous attends. Je sens que ma partenaire est pleine de projet et j'ai envie de croire en elle.
Je la garde dans mes bras et je la dévore des yeux en gardant le silence. J'en viens presque à me demander ce que j'ai fait pour mériter un tel cadeau. Adelaïde ne réalisera jamais l'homme qu'elle à fait de moi avec cet amour. J'ajoute alors doucement.
« J'ai envie de construire des choses avec toi et le fait que tu l'acceptes malgré nos races totalement différentes c'est le plus beau des cadeaux pour moi ma daragaïa »
Un petit nom affectueux Russe que j'ai appris dans le passé. J'ai beau être norvégien, j'ai vécu un certain temps en Russie et ce mot, c'est la première fois que je le dis à quelqu'un. Je repose doucement la lycanne au sol et je repousse quelques mèches de ses cheveux derrière son oreille en lui murmurant.
« Donc c'est oui ? Et par pitié...Si Roxanne revient encore une fois dans notre lit pour que je lui fasse un café, je te jure qu'elle passe par la fenêtre »
Bon je plaisante, je ne la blesserais pas. Mais se faire éjecter à poil de son lit par Roxanne ce n'est pas une partie de plaisir. Soyons honnêtes.
Je prends la main de ma belle et je continus le marché avec elle en profitant des stands. C'est bien la première fois que je dépense autant dans un marché de Noël. Je me stoppe alors sur un stand. Un artisan de vêtements et accessoire pour bébé. Je repense alors aux paroles d'Adelaïde sur son enfant enterré. Je serre alors un peu ma main sur la sienne et je lui demande.
« Adelaïde...Est-ce que... Tu souhaites que nous parlions de ton enfant ? »
Love Love <3Nous avions beau être en public, il me semblait qu’à cet instant, nous étions seuls, lui et moi, sans personne autour, personne pour nous regarder ou pour nous juger et encore moins maintenant qu’il me soulevait de terre pour m’embrasser avec passion, un baiser auquel je répondis avec un grand plaisir, souriant à sa réflexion, tout en secouant doucement la tête
- Je n’ai rien fait. Soufflai-je doucement. Sans toi… Rien n’aurait été possible. Alors je dirais que c’est grâce à toi que nous en sommes là…
Et en cela, j’étais particulièrement sérieuse. Gerald… Gerald avait tout fait… Il m’avait supporté, pardonné, appuyé, aidé, aimé… Et sans tout cela, jamais nous n’aurions pu nous retrouver ici, ensemble et… Désormais fiancés… Aujourd’hui. Cela aurait été complètement impossible. A son ajout, j’esquissai un nouveau sourire, venant cette fois embrasser tendrement le vampire avant d’être reposée à terre.
- Daragaïa ? Demandai-je. Je ne parle pas le… Le…
Le je ne savais pas vraiment d’ailleurs… Je n’avais jamais été très douée en langues et cela se confirmait visiblement ici… Mais c’est en riant que j’accueillais la question de Gerald alors que j’hochai la tête.
- C’est mille fois oui. Plus que ça même. Dis-je avant de faire une petite moue. Mais tu sais qu’elle risque de recommencer ? Ou que je vais faire la même chose à son mec pour lui annoncer la nouvelle ? Et puis… Entourant mes bras autour de son cou, je souris. Et puis dis toi que tu m’as aussi fait un café… Alors… Un ou deux cafés, ça ne change pas grand-chose, si ? Terminai-je complètement « innocemment ».
C’est ainsi, avec le sourire aux lèvres, la joie au cœur et l’esprit de Noël autour de nous que nous nous remîmes à avancer au travers des allées du marché. Pour la première fois de ma vie, je découvrais ce qu’était la véritable joie de Noël et je devais avouer que cela me plaisait énormément. Mais… cela ne devait peut-être pas durer car si j’avais fait exprès d’esquiver les stands pour les enfants, Gerald, lui, semblait vouloir autre chose… Car il s’y stoppa pour me poser une question… Toute trouvée. Sa main davantage serrée, je baissai la tête, les yeux partis dans le vide. Était-ce réellement le moment de parler de cela ? C’était l’une des choses les plus honteuses que j’avais pu faire, une chose dont je n’avais pas encore parlé. A qui que ce soit. Et même si, aujourd’hui, de par mes cours d’infirmière, je savais que cela n’était que la conséquence du surmenage et de la perte de repère… C’était certainement la chose la plus difficile qu’une femme puisse admettre. Serrant les dents, je relâchai sa main pour aller m’asseoir un peu plus loin, face au stand, l’observant alors avec attention.
- Si je t’explique tout… Nul doute que tu ne voudras plus de moi comme épouse. Surtout toi qui a été père...
Mais il avait posé la question et… Il était de l’honnêteté de tout lui dire, de lui avouer ce qu’elle était, ce qu’elle avait fait et le pourquoi, même si aucune raison ne pourrait un jour expliquer et pardonner son geste.
- 1932. Commençai-je. Déjà à cette époque, j’aimais à… Rencontrer, dirons-nous, quelques hommes. Et j’en ai rencontré un, un soldat. Il était libre comme l’air et je m’ennuyais fermement dans ma vie. Nous avons couché ensemble. Une fois. Autant te dire que le préservatif n’était pas le plus courant à l’époque et je suis évidemment tombée enceinte. Et puisque l’avortement était… Un peu plus difficile qu’aujourd’hui… J’ai quitté mon père et je me suis installée au beau milieu des Etats Unis. Seule. Un léger sourire à ce souvenir et je continuai. Je me suis trouvée une toute petite maison à Lander, dans le Wyoming. Et je… J’ai accouché. C’était une petite fille. Rose. A mon ton, l’on pouvait comprendre la tendresse que j’éprouvais encore à cette image. Elle était toute petite, si petite… Ce que je n’avais pas prévu était que je ne pouvais pas me permettre de travailler avec une enfant et seule… Et mon père n’était… N’est pas au courant alors… Je me suis débrouillée pour que nous puissions toutes les deux vivre. Mais… Soudain, mon regard s’obscurcit alors que mon sourire se perdait. Rose… Elle… Elle n’arrêtait pas de pleurer. Je faisais tout ce que je pouvais, je la nourrissais, la câlinais, tentais de comprendre si elle avait mal quelque part, pourquoi elle pleurait mais… Elle continuait… Encore et encore… Serrant les dents, je m’arrêtais quelques instants sans oser regarder Gerald. Je n’avais pas d’argent pour faire appel à un médecin… Pas d’amis à qui demander conseil et… Je…
Doucement, je me mis à trembler, les larmes qui jusque là étaient restés au bord de mes yeux se mirent à couler, abondamment alors que je tentais de calmer les sanglots pour continuer, l’air sûr de moi et pourtant si affligé.
- Je voulais appeler mon père… Je n’y arrivais plus. Je ne dormais plus… J’étais à bout… Je l’avais mise dans son lit… Je… Je m’étais dit qu’elle s’épuiserait enfin, qu’elle dormirait et que moi aussi je pourrais me reposer… mais… Elle n’a pas arrêté… Elle a continué à hurler et les voisins s’impatientaient et… Je… Je me suis transformée… Je… Je ne voulais pas, Gerald… Je ne voulais pas… Mais j’ai renversé le berceau, j’ai donné un coup dans son petit lit… Et… Quand je me suis réveillée le lendemain elle… Je… La maison avait été retournée… Et Rose… Rosse elle… Elle était si petite…
Cette fois, je m’effondrais alors même que jamais je n’avais raconté cette histoire à qui que ce soit. Pleurant, comme rarement j’avais pleuré, je tremblais de tout mon corps malgré moi.
- Son visage… Elle avait les yeux fermés… Elle était… Grise… Et… Elle… Je… Je ne voulais pas… Je…Gerald je l’aimais… Je l’aimais plus que tout… Je… Je l’ai enterrée sans cercueil… Dans la forêt… Et… Et je suis partie… Je ne voulais pas… M’effondrai-je à nouveau.
Au moins… L’histoire avait-elle été racontée, l’histoire d’une mère seule dont la patience et l’esprit avait été attaqué par un enfant dont elle n’avait pas su s’occuper, l’histoire d’une femme abjecte et certainement l’une des plus horribles qu’il soit. Du moins était-ce ainsi que je me voyais.
Je me doutais que le sujet serait compliqué, mais je voulais qu'elle me parle, je veux pouvoir l'aider à surmonter son passé. Je la regarde donc partir s'asseoir et je m'attends déjà à une discussion compliquée. Je la suis et je me mets face à elle en restant debout. Je grimace lorsqu'elle me parle et je réponds.
« Rien ne me fera regretter mon choix »
J'écoute alors son discours, finalement elle et moi n'étions pas différents. Ce qu'elle a fait, c'est un accident rien de plus et si elle n'avait pas été seule é devoir supporter cette situation, nul doute qu'elle aurait été une merveilleuse mère. Je la vois s'effondrer dans un torrent de larmes alors je me mets à genoux entre ses jambes et je passe mes bras autour d'elle pour qu'elle se laisse aller contre moi. Doucement je murmure.
« C'était un accident Adelaïde... Beaucoup de mère célibataire craque dans cette situation. C'est juste un triste accident. »
Un accident comme pour moi. Je me relève doucement sans la lâcher et je me mets sur le banc à côté d'elle en la serrant contre moi. Est-ce que...c'est le moment pour moi de parler de mon passé. Est-ce que je suis près ? Je passe délicatement mes mains dans ses longs cheveux avec tendresse. Puis je me dis qu'il est temps. Je soupirs et je murmure.
« J'ai tué ma femme et mon fils... »
Je la relâche doucement au cas où elle voudrait me regarder. Contrairement à elle je ne pleure pas, j'ai fait mon deuil depuis longtemps et j'ai bien compris que ce n'étais pas de ma faute. Je lui demande alors si elle sait ce qui arrive à un vampire qui ne se nourrie pas. En fonction de sa réponse je lui explique l'état de goule. Puis je lui parle doucement. « Quand on m'a transformé...on m'a affamé pour jouer et lorsque j'étais à deux doigts de devenir une goule, le vampire m'a lâché dans une pièce avec dedans mon fils et ma femme. Je ne me souviens pas de tout, mais quand je me suis réveillé, je n'avais plus faim et il ne restait plus une goutte de sang dans leurs veines »
Je pose mon regard dans le sien et je lui murmure en passant mes pouces sur ses joues pour sécher ses larmes. Je pose mon front contre le sien et je lui offre un timide sourire.
« Ce sont des accidents. C'est triste, mais ça nous forge. Et si ça peut te rassurer, je ne te vois pas comme un monstre. Même lors de ce raid...J'ai vu les caméras, je t'ai vue changer de comportement et protéger ta sœur. Tu n'es pas un monstre, juste tu agis sans réfléchir parfois et pour Rose...Si tu n'avais pas été seule à gérer cette situation tu serais surement la meilleure des mamans »
Je continus de tenir son visage entre mes mains froides et doucement je pose mes lèvres sur les siennes durant quelques secondes.
Love Love <3Et là où j’attendais son jugement, prête à me prendre un torrent de haine, à le voir partir et me juger… Ce furent ses bras qui m’entourèrent et sa voix qui tenta de me rassurer alors que je venais coller mon front contre lui, les yeux ruisselant toujours de larmes. Un accident… Si au fond de moi, je le savais, si j’avais appris qu’il ne s’agissait là que d’un craquage en bonne et due forme… Je n’arrivais pas à accepter que moi, Adelaïde, aie pu faire une chose pareille à ma fille. Une fille morte. Une fille dont je n’étais encore jamais allée sur la tombe depuis que je l’avais enterré, ce matin-là. Mais à nouveau, Gerald reprit parole. Il avait… Surprise, les yeux rougis par les larmes, je relevai doucement la tête, clignant des yeux pour l’observer. Aucun jugement dans mon regard, juste de la surprise alors que je savais seulement que sa femme et son fils étaient morts.
- Un vampire qui ne se nourrit pas… Répondis-je à sa question en tentant de reprendre difficilement toute ma contenance. Il… Il devient fou non ?
Je n’en savais trop rien, à vrai dire. L’état des vampires n’ayant certainement pas été dans mes sujets préférés jusque-là. Ainsi l’écoutai-je attentivement. Des goules. Les vampires assoiffés devenaient donc des goules. Des créatures incontrôlables et primitives qui ne vivaient que et uniquement que pour le sang… Une créature que l’homme qui se trouvait désormais à côté de moi aurait pu devenir… Mais enfin, il reprenait parole pour m’expliquer. Et son explication… Alors qu’il parlait, j’avais pris sa main pour la serrer dans la mienne, les larmes coulant silencieusement, lentement sur mes joues rougies. On l’avait obligé à tuer…
- J’espère que ce vampire est mort. Grondai-je malgré moi alors qu’il venait sécher mes larmes de ses mains froides et pourtant si agréables, recommençant à me rassurer.
Et plus que me rassurer, il m’indiqua… Je grondai de nouveau, à la pensée du raid. Bien sûr que j’avais protégé le corps de ma sœur. Elle était tombée à cause de moi et… Merde ! Elle avait un fils ! Papa ne m’aurait jamais pardonné sa mort et je ne VOULAIS PAS tuer ma famille. Elle ou cet abruti de Gustav ! Quoique j’étais peut-être en fin de compte plus en colère, d’un point de vue personnel, contre Gustav qui ne s’était pas gêné pour être gratuit que contre Elizabeth que, je l’admettais aujourd’hui, j’avais attaqué la première. Mais alors que je réfléchissais rapidement à tout cela, la phrase, la dernière affirmation de mon désormais fiancé, puisqu’il n’avait rien rompu du tout, résonna en moins alors que je me redressai, clignant des yeux. Moi ? La meilleure des mamans ?... Depuis « l’accident », je n’avais même pas imaginé l’idée. Aurais-je, si cela ne s’était pas passée, été une bonne mère ? Aurais-je eu d’autres enfants plutôt que de le fuir et de tout faire pour que cela n’arrive pas ? Aurais-je aujourd’hui le désir d’être mère, un désir enterré avec le corps de Rose…
Venant répondre tendrement à son baiser, profitant de son contact, je caressai lentement, à mon tour, sa joue, me rendant compte à quel point ses mots et sa présence étaient devenus importants si ce n’était essentiels pour moi.
- Gerald… Dis-je alors tout bas sans le quitter des yeux. Est-ce que… Est-ce que tu as pensé à la possibilité de redevenir père un jour toi ? Demandai-je alors soudainement.
Cela pouvait sonner comme une demande de paternité, mais il n’en était rien. Je n’étais pas prête à avoir un enfant et même, peut-être que je ne le serais jamais. Trop effrayée par ce que j’avais fait, l’idée d’être un monstre face aux enfants trop ancrée en moi, je ne m’imaginais plus enfanter. Et en un sens, à bien y réfléchir, j’étais presque « contente » que ma sœur l’ait fait pour moi malgré sa race. Au moins mon père pouvait-il profiter des joies d’être grand-père car ce n’était certainement pas avec moi que cela allait arriver.
La discussion, si difficile, close, je secouai doucement la tête avant de m’efforcer à offrir un sourire au vampire, venant me serrer contre lui pour me reculer et me relever du banc des pleurs.
- Bon… Maintenant que nous sommes donc… Fiancés… Et que nous allons habiter ensemble… J’ai une chose à t’avouer.
Mon ton était grave, sérieux et mon visage avait perdu tout sourire. Qu’allais-je dire ? Là était toute la question…
- Je déteste les épinards. Pitié arrête d’en cuisiner. Je les mangeais seulement pour te faire plaisir.
Et un grand sourire moqueur s’afficha sur mon visage alors que je partis dans un éclat de rire sincère, ravie d’avoir pu espérer lui faire peur.
Aussi bien elle, que moi, nous avions appris une nouvelle chose ce soir. Elle a été maman, elle a vécu avec ce fardeau en elle en se voyant comme la cause de cet accident. Et quant à moi, elle a pu apprendre que j'ai été père aussi et que malheureusement j'ai aussi été un tueur par accident. Car si avant ,je me voyait comme un horrible père qui a dévoré son enfant, j'ai aussi appris avec le temps à accepter que c'était un accident, que je n'étais pas responsable de ça. Je prends encore quelques minutes pour la consoler en restant contre elle, en caressant doucement ses longs cheveux alors qu'elle m'essuie doucement le visage. Elle me pose ensuite une question à laquelle je ne pensais pas avoir le droit. Je réfléchie quelques secondes, puis je murmure.
« Disons que je ne me suis jamais posé la question. Et encore moins maintenant après tout un enfant entre Lycan et Vampire c'est très rare. Ma sœur a beaucoup de chance au final »
Je la serre à nouveau contre moi, puis je l'écoute alors que nous sommes toujours assis sur ce banc des lamentations. Moi qui voulais la faire sourire toute la soirée, voilà que je l'ai fait pleurer. Je l'écoute donc me parler un peu inquiet.
Lorsqu'elle m'annonce enfin la raison de sa phrase, je soupirs soulagé. Je la regarde éclater de rire et je lui soupirs en me frottant le fond. La bourrique elle m'a fait peur ! Je la regarde rire et je réponds d'une voix lourde.
« Tu es fière de toi ? »
Je la regarde rire, puis je me lève et je l'agrippe par la taille pour la coller sur mon épaule comme un sac à pomme de terre. Je prends le sac de commission et j'annonce.
« Allez on rentre vilaine ! Y aura plus d'épinard, mais tu vas m'aider à trouver des recettes que tu aimes »
Je la traine alors hors du marché en l'écoutant râler ou rire. On avait fait le tour du marché alors autant rentrer à la maison. Je lui impose d'ailleurs.
« Et vue que tu aimes me faire peur ! ce soir, tu dors à la maison, ce n'est pas négociable »
Durant le trajet des regards se pose sur nous, bah oui ça fait très compagnon et si ma sœur était là j'aurais déjà pris un coup d'éventail sur le crâne. Mais j'aimais taquiner Adelaïde même si en ce moment je n'avais pas pu réellement redevenir taquin. Nous avions eu bien trop de remu ménage dans notre vie. Au bout de quelques minutes, je repose Adelaïde sur le sol et je prends sa main pour que nous nous dirigions vers notre chez nous. Sur le chemin je lui dit. En souriant doucement
« Pour détailler un peu plus la réponse à ta question. Si la nature nous donne un jour une chance, je la prendrais…Mais si ce n'est pas le cas, je ne vais pas me faire de nœud au cerveau. Après si toi tu ne veux pas d'enfant, j'ai aucun soucis à prendre des précautions. La seule chose que je veux c'est que si cela venait à arriver. Je veux être au courant de tes décisions. »
Je pose mes lèvres sur sa joue et une fois chez nous, je la fais entrer et je pose les affaires sur la table.
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