Depuis qu'elle était sortie de sa réclusion, il semblait à la riche veuve n'avoir jamais réellement en prise avec la réalité de ce monde inconnu. Son époux l'avait maintenu en une telle emprise qu'elle n'aurait imaginé que la ville puisse avoir ce visage. Evidemment, sous divers masques, bien des choses demeuraient similaires à ce qu'elle avait connu. Mais tant d'autres différaient ! Sur bien des aspects, elle devait se fier encore à d'autres dont la loyauté lui semblait plus que douteuse. Mais cela ne durerait qu'un temps.

Il lui fallait des respirations, des moments où elle n'avait plus à se confronter à cet inconnu si angoissant, où tout redevenait familier et contrôlé. Et elle ne connaissait pour cela rien qui fut plus apaisant que son jardin. Sous la caresse du printemps, tout bourgeonnait. Le jasmin d'Inde embaumait déjà les nuits de son parfum, tandis que la datura esquissait sa blancheur mortelle sous la caresse des étoiles. L'étang ornemental se paraît quand à lui de nénuphars à la teinte sanguine, tandis que la vie se mouvait sous la surface étale. Elle y demeurait la majeure partie de la nuit dès lors qu'elle n'était appelée ailleurs.

Mais entretenir son jardin ne lui suffisait guère en cette aube de la belle saison. Elle avait toujours aimé créer de nouveaux décors, de nouvelles harmonies. Elle avait donc demandé à son chauffeur de lui trouver une boutique pour trouver de nouvelles plantes, pour accompagner celles dont elle savait retracer la lignée jusqu'à sa vie humaine. Elle ignorait que ce dernier, vampire plus âgé qu'elle, goûtait grandement sa compagnie, et espérait de son récent veuvage. Pour cela, il aimait à la garder plus que nécessaire dans la voiture tandis qu'il la conduisait.

Ainsi, il avait choisi une échoppe éloignée de la belle demeure. Une échoppe où il avait fallu prendre rendez-vous pour s'assurer que sa maîtresse soit servie. A croire que les propriétaires ne pensaient pas que les vampires puissent aimer les fleurs, car leurs horaires ne s'étendaient que sous la lumière solaire. Mais au moins serait-il ainsi certain que nul ne vienne troubler les achats de sa maîtresse. Ni sa contemplation.

La vampire portait robe longue de soie noire et crinoline, un chapeau assorti dissimulant ses mèches soigneusement nouées en chignon. La raideur de sa posture trahissait le corset, lui interdisant une véritable détente dans le véhicule. Une détente qu'elle se serait interdite sous le regard de son conducteur. Elle l'autorisa toutefois à la soutenir pour quitter la luxueuse voiture, et prit son bras pour pénétrer dans la boutique. Déjà, ses yeux pâles se portaient sur les plantes présentées, à l'affut de son prochain achat.

EPSILON

Une voix, juvénile et douce, tirait la veuve de sa contemplation, et elle porta sur la vendeuse un regard distant et froid, quoi qu'elle prit le temps de l'examiner. Blonde et pâle, elle était si gracile que le moindre souffle semblait prêt à la briser. Elle portait une de ces tenues qu'Alice ne pouvait trouver décente, mais elle devait lui reconnaître un goût plus que bien de ses contemporaines. Au moins n'exhibait-elle ni nombril ni strass. La demoiselle lui offrait ses conseils et réponses si elle les désirait, et après un instant de réflexion, elle décida de les accepter. Ainsi gagnerait-elle du temps.

Peut-être pourrez-vous m'aider en effet. Je n'ai guère eu l'occasion d'explorer les nouveautés florales des dernières saisons.

Des deux derniers siècles, de fait.

Pour les mêmes raisons qui me contraignent à une visite à cette heure tardive, mon jardin est composé de plantes à floraisons nocturne. Et cela fait bien trop longtemps que je n'y ai ajouté de nouveaux bosquets. Je cherche donc de quoi l'agrémenter davantage, que ce soit florale ou simplement un feuillage gracieux. Peut-être réaménager le kiosque. Auriez-vous des suggestions qui puissent convenir à mon mode de vie ?

Elle serait parfaitement capable de trouver seule ce qui conviendrait, mais elle était curieuse des avis que pourrait lui donner la demoiselle. Elle aimait tant parler de plantes et de jardin autrefois, lorsqu'elle avait une vie sociale riche. Et bien qu'une boutiquière fut très loin de son rang, elle lui fournissait ainsi la parfaite excuse pour retomber dans sa passion et échanger à ce propos.

Je possède des pieds qui me suivent depuis deux siècles, avec leurs propres hybridations et évolutions, mais je suis curieuse de voir ce que le goût des femmes a fait de ces mêmes plantes aujourd'hui. Peut-être pourrais-je introduire un peu de celles-ci auprès de leurs cousines ?

Ce serait pour elle une façon d'introduire un peu de cette modernité si déroutante dans son sanctuaire, et de l'apprivoiser à sa manière.

EPSILON

Elle n’espérait pas que l’échoppe possède autant de variétés qu’elle-même pouvait en compter, mais ce mot de quelques la laissait dubitative. Cela semblait signifier peu, et donc pour elle peu d’espoir d’une nouveauté, à moins qu’en deux siècles les plantes n’aient davantage évolué qu’elle l’escomptait. Mais elle avait déjà pu constater que les floraisons diurnes avaient bien davantage les faveurs de la plupart des horticulteurs, qu’ils fussent amateurs ou professionnels, et de ce fait connaissaient davantage de mutations au gré des croisements et sélections.

Néanmoins, la jeune fleuriste apporta plusieurs variétés. Certaines ornaient déjà le jardin de la vampire, et après qu’elle eut constaté qu’elles n’avaient pas de variations notables avec ses propres plants, elle s’en détourna rapidement. Russel, malgré ses travers, s’était montré un époux attentionné, et lui avait parfois ramené des plants dont il avait songé qu’ils pourraient lui plaire. Elle porta donc son attention vers certaines qui l’interpelaient davantage.

Je possède quelques pieds d’onagre, mais ceux-ci ont suivi une évolution parallèle semble-t-il, puisque les fleurs en sont plus petites, mais d’une nuance différente, le coeur pratiquement orange alors que les bords pâlissent notablement. Si cela vous intéresse, je pourrais peut-être vous en faire porter un pied pour que vous voyiez la différence.

Elle espérait ainsi lancer la conversation avec une personne qu’elle espérait davantage intéressée par les plantes que par la simple vente.

De nombreuses ipomoea nocturnes ornent déjà les treilles de mon kiosque, et elles ne diffèrent guère des vôtres apparemment. En revanche…

Son gant de soie vint effleurer délicatement les pétales sanguins d’un glaïeul.

Ces merveilles n’existaient pas lorsque mon jardin fut créé. Je suis environnée de fleurs blanches dont l’effet sous les lumières nocturnes est saisissant, mais une telle teinte serait spectaculaire au sein de certains bosquets. En avez-vous beaucoup de réserve?

Déjà en esprit elle se représentait où disposer quelques hampes rubicondes, dont l’odeur entétante semblait capable de rivaliser avec son jasmin. Il ne lui en faudrait pas trop afin de ne pas galvauder le résultat, mais elle avait plusieurs idées pour les mettre au mieux en valeur. Les désagréments du végétal ne lui importaient aucunement.

EPSILON

Il était quelques peu réconfortant pour la vampire, quoi qu'elle ne l'eût jamais admis, que son offre ne soit pas simplement rejetée. Cela lui ouvrait ainsi une entrée dans le milieu horticole de cette ville, et peut-être pourrait-elle, par ce biais, se créer un cercle social de passionnées dont le rang soit plus conforme au sien. Et en attendant, la jeune fille ferait une interlocutrice acceptable, ses bonnes manières compensant son statut médiocre.

Son plaisir fut accentué lorsque la vendeuse alla s'enquérir de ses stocks de glaïeuls. Cela signifiait au moins qu'elle en possédait plus d'un pied. Si tel avait été le cas, elle aurait su s'en arranger, mais elle préférait plusieurs touches de rubis au sein de la blancheur que de devoir mettre en valeur une seule plante. Et les réserves de l'échoppe livrèrent davantage même de plants qu'elle ne l'avait pensé, puisqu'une dizaine de pots vint s'aligner devant elle, tandis que la demoiselle s'enquérait de ses besoins.

Elle semblait avide de plaire, et Alice se demanda si son sang serait aussi délicat que son apparence. Mais elle ne savait encore trop comment serait perçue une morsure. Elle devrait sans doute demander son consentement à l'humaine, et ignorait s'il était acceptable de demander une telle chose. Elle pouvait, bien entendu, se contenter de l'envoûter, mais craignait qu'il ne lui soit ensuite demandé des comptes. Russel s'était occupé de tout cela durant sa réclusion, et elle se contentait depuis de sang en bouteille. Elle devrait sans doute interroger son chauffeur sur cela, et attendre de faire davantage connaissance. Mais une étincelle grenat fit luire un instant son regard pâle avant qu'elle ne le reporte sur les plantes.

Je pense vous les prendre tous, s'ils ne sont pas déjà réservés. Je pense les disséminer au sein de massifs blancs, afin de créer des contrastes intéressants. Supportent-ils bien le voisinage d'autres plantes ? Il serait dommage de les affaiblir par ignorance.

Elle ne manquerait pas de trouver d'autres façons de faire si tel devait être le cas. Les planter dans de belles poteries, par exemple, afin de les isoler. Alors qu'elle réfléchissait, ses yeux revinrent sans qu'elle y prenne garde se poser sur la jugulaire de la frêle vendeuse.

L'entretien de ces fleurs ne présentaient apparemment guère de complications, et Alice fut contente de savoir qu'elle pourrait ainsi les disposer à sa guise sans restriction. Sa liberté créative en serait ainsi totale, quand bien même elle manquait de fantaisie pour être réellement originale. Serviable, la jeune fille proposa de porter une partie des pieds soigneusement emballés jusqu'à la voiture. Mais bien qu'elle vienne de les manipuler, elle paraissait à peine capable de soulever une plante. Néanmoins, la vampire n'entendait pas s'abaisser à cela, même avec sa force amplement supérieure. Elle adressa un signe à son employé, qui souleva sans effort plusieurs plants avant de sortir de la boutique.

Mon chauffeur va s'en occuper.

Et tandis qu'elle se replongeait dans ses pensées, ses yeux de nouveau sur la gracieuse colonne du cou de l'humaine, elle fut rappelée au présent par la voix inquiète de cette dernière. Elle se sentit embarrassée de s'être ainsi oubliée à son appétit, et tâcha de se secouer.

Vous pourriez peut-être m'aider, mais je ne suis guère sûre que vous le souhaitiez. J'ignore même, pour tout dire, si il est acceptable pour moi d'exprimer un tel désir. Et vous n'êtes guère en position de m'expliquer comment procèdent ceux de ma race pour se nourrir.

Elle se sentait bien mal à l'aise d'exprimer ainsi ses méconnaissances, mais ainsi pouvait-elle indiquer implicitement ce qu'elle désirait sans l'affront d'une demande directe. Elle était bien moins susceptible d'horrifier la demoiselle, et de s'attirer un refus ouvert et choqué.

EPSILON

Sans guère de surprise, la demoiselle commença à bafouiller de surprise et d'embarras, et Alice balaya vivement l'air devant son visage pour lui signifier d'oublier ses propos. Elle n'allait pas insister, ni agresser cette humaine par ailleurs serviable et prévenante. Elle avait bien plus à perdre qu'à gagner, elle le sentait. Bien que la fleuriste ait un geste de défense instinctif, elle semblait aussi consciente qu'elle n'avait guère de possibilité de se défendre face à la puissance d'une vampire, espérant juste ne pas trop souffrir. Ce qui toucha étrangement la veuve. S'approchant d'elle sans agressivité, elle lui prit doucement la main qui ne protégeait pas la gorge fragile.

Je ne suis pas un vulgaire malandrin qui prévoit de vous agresser. Si vous refusez que je me nourrisse sur vous, je ne vous agresserai pas et ne vous en tiendrai pas rigueur. De même que si vous acceptez, je n'irai pas me pendre à votre cou comme une putain des bas quartier. J'agirai ainsi qu'une dame se doit d'agir avec une autre, avec toute la délicatesse requise.

Tout en disant cela, elle caressa doucement, de son gant de soie, l'intérieur du poignet fragile, laissant ainsi entendre qu'elle ne mordrait qu'à cet endroit. Elle savait user tant du charme que de la morsure de Cupidon, et si la demoiselle y consentait, alors elle s'assurerait de se montrer prévenante. Mais elle ne voulait pas lui forcer la main.

Je ne vous mentirai pas, je ne suis pas au bord de l'inanition, et je peux me nourrir de sang en bouteille. Mais le sang à la source est infiniment plus satisfaisant. J'ai en revanche bien assez d'éducation pour ne pas vous causer de dommage.

Elle n'avait jamais demandé son consentement à un esclave, bien évidemment, ni usé sur eux de ce charme qui rendait la morsure agréable. Mais même sur ceux qu'elle avait droit de maltraiter, elle ne montrait pas de cruauté inutile. Et jamais elle n'avait bu à la gorge, tant ce geste était intime.

Avec un léger sourire qui se voulait rassurant, elle recula d'un pas, libérant la main de la petite humaine.

Je vous assure à nouveau que je respecterai votre volonté. J'ignore totalement s'il est acceptable de demander à une personne inconnue de se nourrir, mais votre passion des fleurs me plaît davantage que votre sang, et je préfère oublier ma lubie pour gagner votre amitié.

EPSILON

La veuve ne s'attendait guère à entendre sa demande finalement acceptée, ni surtout à tant de candeur et de confiance. Elle ne put s'empêcher de songer combien cette humaine était fragile, plus encore par sa capacité à croire ainsi une parfaite étrangère. Certes, Alice ne lui avait pas menti, mais elle ne pouvait s'en assurer. Toutefois, elle ne tenta pas d'abuser de cette gentillesse au-delà de ce sang qu'elle recevait.

Ce fut avec une grande douceur qu'elle prit et retourna la petite main offerte, frottant doucement la chair pâle du poignet pour y faire affleurer le sang. Et ce fut d'un geste élégant qu'elle le porta à ses lèvres, avant de planter délicatement ses crocs dans la veine palpitante. En même temps, elle déploya son art, afin de partager avec la demoiselle le plaisir qu'elle tirait de cet acte, étouffant ainsi la douleur. Un plaisir sensuel, bien qu'il n'y eut là rien de charnel. Plutôt de celui qui accompagne la dégustation d'un excellent vin, grisant par sa richesse bien plus que par son alcool. Elle aspira avec délice de longues gorgées, mais son oreille demeurait attentive au rythme cardiaque de la fleuriste, et elle se tenait prête à la soutenir si elle venait à défaillir.

Elle cessa de se nourrir bien avant de mettre en danger la santé de la fragile humaine, et se retira, tout en faisant pression de son pouce sur les deux incisions pour stopper l'écoulement carmin.

Allez-vous bien ? Vous devriez vous asseoir, il ne serait guère étonnant que vous ressentiez une fatigue passagère.

Elle-même se souvenait plutôt bien des quelques fois où son époux avait bu à sa veine avant qu'elle ne soit une vampire. Elle n'était à lors pas plus solide que la jeune femme. Une fois assurée que celle-ci ne ferait pas de malaise, elle lui relâcha le poignet, vérifiant que la plaie se refermait correctement, avant de s'incliner à demi.

Je tiens à vous remercier de votre générosité, vous ne pouvez deviner à quel point ce fut pour moi un délice.

L'intensité du plaisir ressenti était de fait égal pour toutes deux, mais elle ne pensait pas utile de le préciser.

Si un jour le métier de boutiquière vous lasse, venez me voir, votre compagnie et votre amour des plantes trouveront toujours leur place dans ma maisonnée.

Sur un signe de sa part, son chauffeur, revenu, déposa une carte sur le comptoir de la boutique, avant de tendre à sa maîtresse de quoi régler ses achats. Venait-elle d'offrir une place de demoiselle de compagnie à cette humaine dont elle ignorait tout ? En effet. Mais il se garda bien de faire le moindre commentaire.

EPSILON

Même si la jeune femme commença par répondre qu'elle allait bien, Alice ne fut guère surprise de son léger malaise. Et il ne lui fallut aucun effort pour la soutenir, sa légèreté bien insignifiante face à sa force surhumaine. Une fois que la demoiselle fut assise, elle garda quelques instants une main sur son épaule, pour l'empêcher de basculer. Mais elle ne semblait pas sur le point de perdre connaissance, simplement étourdie. Peut-être légèrement grisée, comme cela arrivait parfois. Sans doute était-ce pour cela qu'elle remerciait la veuve de sa morsure, alors qu'aux yeux de cette dernière, c'était elle qui lui avait fait une faveur.

Tout en étudiant la carte qui lui était remise, la jeune fleuriste l'interrogea sur ce qu'elle attendait d'elle si elle devait accepter sa proposition.

Je ne sais si aujourd'hui existe encore le travail de dame de compagnie ? Il s'agirait d'être pour moi une compagne dans mes loisirs, surtout le jardinage d'agrément. Vous seriez aussi parfois chargée de courses en journée, lorsque je ne peux me déplacer. Vous seriez hébergée dans mon manoir, sauf si vous préférez vivre ailleurs, et un salaire confortable vous serait versé. Mais j'exige en échange une absolue loyauté.

Le poste n'avait rien de pénible ou de dégradant aux yeux d'Alice. Durant sa jeunesse, c'était une place couramment recherchée pour les jeunes filles issues de la bourgeoisie ou de la petite aristocratie, ainsi que chez les familles pourvues de trop de filles pour toutes les marier.

Oh, bien sûr, cela n'inclue pas de me donner votre sang, sauf si vous l'acceptez. Mais ce ne serait pas là votre charge.

Son sang avait été doux sur la langue de la vampire, et elle ne pouvait nier qu'elle apprécierait d'y goûter à nouveau, mais elle ne souhaitait pas faire de la frêle humaine sa donneuse attitrée, craignant que cela n'épuise sa constitution trop fragile.

En revanche, je préférerai que vous ne laissiez pas n'importe qui boire à vos veines.

Ce comportement se rapprocherait bien trop de celui d'une traînée, à ses yeux, pour qu'elle l'accepte en sa demeure.

Bien sûr, je ne vous demande pas de me répondre dans l'immédiat. Prenez simplement le temps d'y songer, et adressez-vous à moi si vous avez des questions.

Ce genre de décision nécessitait de la réflexion, et elle préférait que cela ne se fasse pas sur un coup de tête. D'autant qu'elle aurait l'occasion de revenir, au moins pour présenter les pieds promis. Entretemps, elle s'apprêtait à prendre congé.

EPSILON