Physique

Fine, délicate, raffinée, elle a tout d'une poupée de porcelaine. Un teint parfait, pâle et délicat, assorti à ses lèvres douces et rosées. Sa blondeur presque blanche sous la lune, héritée d'un ancêtre slave, cascade tel un écheveau de soie grège jusqu'à ses cuisses d'albâtre. Bien sûr, nul ne l'a vu ainsi depuis son enfance, hormis sa chambrière. Ses cheveux sont toujours parfaitement coiffés en nattes et chignons sophistiqués, et partiellement dissimulés sous d'élégants chapeaux, ainsi qu'il sied à une dame de son rang et de sa condition.

Sa taille souple et fine est serrée dans un corset, même sous les tailleurs qu'elle porte parfois lorsqu'elle doit rencontrer ses comptables. Bien plus souvent, elle porte tournure et jupons, qui dissimule sa grâce naturelle sous un maintien strict. Ses membres délicats, aux articulations presque fragiles, se dissimulent sous des robes anciennes, des manches longues. Elle a depuis longtemps appris qu'une dame de qualité ne montre aucune agitation, et lorsqu'elle se tient au repos, elle est d'un calme marmoréen. Son seul mouvement sera alors le jeu de l'aiguille à broder entre ses doigts fins, si elle a son ouvrage. Sans quoi, même ses mains à la douceur oisive demeurent immobiles.

Seuls ses yeux gris révèlent ses pensées, ses émotions, qu'elle réprime sous un faciès minéral. Mais son regard dénonce. La froideur, le mépris, la colère. Elle sait pourtant feindre, et sa voix douce, légèrement voilée, peut sans trembler porter compliments et politesses - quand bien même elle n'en pense pas un mot. Elle est un parfait produit de son éducation, une dame qu'on ne saurait prendre en faute.

Caractère

Le comportement d'Alice diffère en fonction des circonstances, mais surtout des personnes en compagnie desquelles elle se trouve.

Il y a tout d'abord les inférieurs, ou du moins ceux qu'elle juge ainsi. Esclaves, domestiques, pauvres. Tout ceux qui ne sont pas de son monde, de ce qu'elle juge être son rang. Envers eux, elle sera d'une indifférence méprisante. S'ils ne s'opposent à elle ou ne la contrarient pas, elle jugera inutile de leur accorder son attention. Elle évolue à un autre niveau, et n'accorde aucun intérêt à ceux qui s'assure que ses robes soient propres ou son sol étincelant. Elle ne sera pas volontairement cruelle à leur égard, mais d'une distance patricienne. Elle ignorera à un point insultant. Sans même songer qu'il pourrait en être autrement.
Auprès de son personnel proche - sa chambrière, son majordome- elle sera moins froide, les interrogeant parfois sur leur santé, s'assurant qu'ils reçoivent des étrennes. Mais il s'agit là encore d'un intérêt distant, qui ne franchit en rien la distance de classe, bien qu'elle se laisse parfois aller à montrer sa lassitude ou sa mélancolie. Mais elle attendra d'être seule pour perdre sa posture élégante et détachée, et afficher de réelles émotions, et plus encore une faiblesse.

Viennent ensuite ses ennemis. Ceux qu'elle craint, ou qui lui ont fait du tord. Ceux qu'elle ne peut ignorer sans danger. Face à eux, ou dès l'instant où elle soupçonne qu'ils puissent apprendre ses propos, elle se montre d'une onctuosité mielleuse et parfaitement hypocrite. D'une politesse irréprochable, sans le moindre accro à l'étiquette. Mais sous le miel circule le venin. Des piques dissimulées, des propos perfides et trompeurs. Et si elle le peut, des attaques traîtresse, par des allusions discrètes ou par ceux qu'elle peut payer à distance. Mais jamais rien qui l'expose à une riposte. Pas si elle n'est certaine de sortir victorieuse. Sa rancune est tenace et sa vengeance peut être aussi soudaine que patiente. Si on parvient à lui faire perdre son calme, elle est capable de déchaînements de violence qui l'embarrassent toujours ensuite, tant ce n'est pas l'attitude d'une dame.

Enfin, il est ses égaux. Auprès de ceux dont elle estime la compagnie, elle est douce, bienveillante et loyale. Une main et une oreille secourable. La générosité, la loyauté, le soutien sont des qualités attendues chez une femme de son rang, et elle les a appris dès sa plus tendre enfance. Ainsi fait-elle aussi fréquemment des dons aux bonnes œuvres.
Si l'un de ses amis est dans le besoin, elle se fera un devoir de l'aider, sans restreindre le temps et les ressources employées. Elle demeure en revanche très secrète de ses propres tourments et sentiments. Il lui a tant été inculqué qu'elle devait s'en détacher qu'elle n'ose les assumer. Jamais elle n'a connu l'amour réel, bien qu'elle eut été très attachée à son mari. Et elle ignore tout de la passion véritable. Ce pêché est un vice qu'elle combat âprement, et auquel sa réclusion ne l'a guère exposée.

En toutes circonstances, elle s'attache à demeurer toujours une personne calme, posée, usant de réflexion avant d'agir. Elle aime la bonne compagnie, avide de société après tant d'isolement. Mais elle est et demeure une dame de son époque, qui refuse de dévier de son éducation et de ses préjugés. Elle juge les personnes de couleur naturellement inférieures, et hait les lycans autant qu'elle les craint. Elle tente toujours de s'adapter à ce monde si nouveau pour elle.

Compétences, Connaissances & Spécialités éventuelles

Alice maîtrise parfaitement le piano, la harpe et le chant. Elle brode et peint avec talent, même si elle n'a rien d'une artiste. Elle parle français, italien et allemand bien que ses expressions soient datées. Elle fait toujours montre d'une parfaite élégance, que ce soit dans ses vêtements ou son attitude.
Elle a quelques connaissances en comptabilité qui lui permettent de s'assurer qu'elle n'est pas volé par ses employés.
Elle aime organiser des réceptions et des dîners qui sont toujours à la pointe du raffinement. Elle est une bonne maîtresse de maison tel qu'attendu à l'époque de sa jeunesse.
Elle est une très bonne jardinière pour ce qui concerne les plantes d'ornement, elle maîtrise le bouture, la sélection et tout ce qui permet de créer des jardins somptueux.

Intérêts & Loisirs

Elle aime la musique, la danse, et les occasions mondaines. Elle aime profiter du luxe d'une vie oisive et fortunée.
Elle aime passionnément le jardinage d'ornement, et est très fière de son jardin nocturne.

Avis sur le monde extérieur

Elle regrette le temps de sa jeunesse, où l'esclavage permettait un mode de vie doux (pour elle). Elle ne comprend pas le chaos actuel et le mélange des classes qui auraient dû, selon elle, demeurer distinctes. Elle estime que les vampires sont les seuls garants de l'aristocratie, et que leur domination remettrait le monde en ordre.
Elle est surtout complètement perdue dans l'époque actuelle.



Alice est née le 12 avril 1821 en Caroline du Sud, au sein d'une riche famille aristocratique, les Davis. Ces derniers avaient fait fortune dans la plantation de tabac, et possédaient en abondance terres et esclaves. Ainsi qu'il seyait à une demoiselle de son rang, elle fut élevée par une gouvernante, qui lui enseigna tout les accomplissements attendus afin qu'elle fasse un mariage prestigieux et soit digne de son époux. Son frère aîné hériterait du domaine, et il était de sa responsabilité de sœur d'aider sa famille à prospérer par les liens matrimoniaux.

Elle apprit ainsi à parler plusieurs langues, car il lui faudrait probablement soutenir la conversation de partenaires étrangers, mais aussi plusieurs arts. Il lui incombait d'être le parfait ornement de sa demeure, et de ravir les esprits et les oreilles autant que les yeux. Elle avait la chance d'être très belle selon les critères de son époque, et un esprit vif doté d'une réelle intelligence. Tout en demeurant de nature docile, sans chercher à remettre en question ce qu'on attendait d'elle, mais s'efforçant au contraire d'y succéder parfaitement.

Ce fut pour sa famille et elle-même une grande source de fierté que de se voir fiancée à Russel Phillips, richissime planteur voisin. Il était un vampire particulièrement doué en affaire, et le meilleur parti de la région. Pour ne pas déparer, il était de plus très séduisant et élégant. Et ravi de trouver une épouse aussi docile que belle pour partager avec lui l'éternité. Le mariage fut célébré aux seize ans de la jeune fille, et beaucoup s'accordèrent à dire qu'il fut grandiose.

Durant quatre ans, Alice demeura humaine, le temps de porter James, le fils de Russel. Ensuite, ainsi qu'il en avait été convenu dans le contrat de mariage, ce dernier transforma son épouse le jour de ses vingt ans. Il savait les risques encourus par celle-ci, ayant déjà perdu une précédente épouse ainsi, mais cela ne l'inquiétait qu'assez peu. Il pourrait sans difficulté en trouver une nouvelle. Il désirait davantage une épouse éternellement belle que protéger Alice. Et il devinait que les jeunes filles ne seraient pas toujours éduquée ainsi à appartenir corps et âme à leur époux sans jamais le remettre en question. Or cela lui convenait à merveille.

Très orgueilleux, il força son épouse à consommer autant de nourriture solide que de sang, afin qu'il puisse toujours tenir les exceptionnels dîners mondains dont il aimait faire étalage. Davantage pour le plaisir de montrer sa richesse que pour tout autre raison, bien qu'il s'en défendit. La jeune femme parvint à surmonter les désagréments de la métamorphose et de sa nouvelle condition, bien qu'elle gardât toujours la nostalgie du soleil.

Durant encore vingt ans, les affaires de Russel prospéraient, tandis que son épouse s'érigeait en modèle pour la bonne société, et que leur fils devenait un homme si séduisant qu'il faisait de l'ombre à son père. Il avait de plus la chance d'être vampire de naissance. Sur cela, peut-être, Alice se serait opposée à son époux, afin de lui épargner les danger de la transformation. Mais il n'y avait là de choix à faire, et fort heureusement James s'en tira fort bien.

Puis vint la guerre. L'opposition entre Sud et Nord, entre l'agriculture et l'industrie. Comme bien des hommes du Sud, Russel et James partirent au combat, pour protéger leur manière de vivre. Superbes et fringants sur leurs chevaux pansés, le sabre au côté. Persuadés comme tous de rapidement soumettre ces barbares et esclaves en fuite. La désillusion fut rude.

James mourut au combat. Russel revint, brisé, annoncer à Alice qu'il avait vu leur fils déchiqueté par un lycan sans pouvoir le sauver. Le père ne surmonta jamais totalement ce traumatisme. Et Alice sombra dans une torpeur de l'esprit, errant sans but dans sa demeure enténébrée, comme absente de ce monde. Indifférente à tout. A leur fuite vers le Nord, avec leur fortune, avant la capitulation et les confiscations.

James rebattit son empire dans l'industrie. Très doué, il parvenait à suivre les mouvances du monde des affaires sans jamais se laisser avaler par les mâchoires avides de la finance.

Alice fut tenue dans l'ignorance de la fin de la guerre, cloîtrée dans leurs demeures successives. James avait ainsi trouvé le moyen de toujours la conserver sous son contrôle, la préservant du monde. Et préservant en son foyer un morceau du passé, de ce mode de vie disparu depuis longtemps. A son épouse, il narrait que la guerre se poursuivait, avec ses victoires et ses défaites. Que des hordes d'esclaves révoltés rôdaient dehors, menés par des lycans enragés. Il jouait sur les peurs de son épouse, sur sa docilité, pour la couper du monde sous prétexte de la protéger.

Il la nourrissait "d'esclaves" grassement payés pour appuyer ses mensonges, de même que l'étaient le personnel de maison. Il n'hésitait pas à tuer les bavards. Pour cela, ils déménagèrent à plusieurs reprises, vivant toujours en périphérie de grandes cités. La modernité entrait chez eux, mais soigneusement contrôlée. L'électricité prit la place du gaz, mais le téléphone demeura enfermé dans le bureau de Russell. Et elle ne sut rien de la télévision publique ou d'internet. Mais elle connut la musique enregistrée, ainsi que quelques VHS, puis DVD. Ceux que son mari acceptaient, généralement des représentations théâtrales et des opéras, qui ne montraient rien qu'il dissimulait à son épouse.

Ils vécurent ainsi durant pratiquement deux siècles, son éducation et sa peur maintenant la vampire emprisonnée bien mieux que n'importe quelle chaîne. On lui avait enseigné jusqu'à la folie à obéir à son époux sans jamais le remettre en question. Elle acceptait tout, même si la solitude lui pesait chaque jour davantage. Elle se réfugiait dans ses jardins, dont certaines plantes, de graines en boutures, remontaient à sa maison familiale.

Puis vint le 5 septembre 2035. Sans qu'elle en sache rien, ce jour bouleversa la vie d'Alice. Russel était à son "club". Elle ignorait qu'il appelait ainsi ses activités parmi les Sanguinaires, bien qu'il lui eut dit qu'il s'agissait d'un rassemblement de gentlemen luttant contre l'oppression du Nord et des Lycans. Il ne rentra pas à l'aube. Ni durant les jours suivants.

Puis un domestique vint, le visage emprunt d'une sombre satisfaction, d'un mépris affiché, lui tendre le journal. Le journal dévoilait le raid des Enragés .Russel Phillips faisaient partie des victimes. Avec un plaisir cruel, il raconta à sa maîtresse les mensonges de son époux, jouissant de porter un tel coup à cette vampire hautaine et pourtant naïve. Elle passa sa détresse sur lui, noya sa douleur dans son sang.

Puis elle sortit dans le monde. Veuve. Mais richissime. Et derrière les hauts murs qui entouraient son univers, tout un monde s'étendait. Son mari lui avait laissé une fortune, et de nombreuses entreprises, dont elle touchait désormais les bénéfices.

Durant plusieurs mois, elle vécut recluse encore. Tâchant de comprendre le monde et ses bouleversements. De découvrir la vérité sous les mensonges. Découvrant des guerres nouvelles. Apprenant les nouveaux codes. Avant de chercher sa nouvelle place en ce monde.