Aujourd'hui était un beau jour, bien que j'avais vieillis d'encore un an... Ava et Amenadiel n’avaient pas ce soucis eux deux. Pourquoi je parlais d'eux ? Tout simplement parce qu'ils allaient dîner à la maison, enfin, plutôt un apéro pour être honnête il y avait certes un gâteau mais tu savais que Ava l'avait fait davantage pour moi que pour Amenadiel et elle. Non, en réalité ce soir serait davantage une soirée dégustation de vin qu'autre chose. Je savais que mon meilleur ami vampire et bien sûr ma meilleure amie étaient fan de vin. Nous étions trois comme ça au moins. De base il devait venir ré accorder le piano personnel que Ava utilisait chez moi. Parce que Mademoiselle Ava n'avait jamais eu le courage de le faire elle même. Habituellement c'était un luthier qui venait chez moi mais depuis quelques années déjà, depuis que l'héritier était rentré dans nos vies cela ne le dérangeait pas de venir quelques fois accorder le dit instrument. C'était donc en ce samedi seize que nous allions fêter mon anniversaire, bien que je ne pensais pas que le vampire s'en souvienne. Avec toutes les personnes qu'ils connaissaient et avaient connu, ça en faisant du monde ! Enfin bref, quoi qu'il en soit il y avait toujours une occasion pour boire. Surtout avec moi, j'étais une bonne vivante après tout, je savais que ma vie était éphémère alors au temps en profiter, non ?
Enfin bref, en cet instant j'étais sur ma terrasse toujours en train de prendre le soleil il n'était que.... Seize heures quarante trois ? Je me levais d'un bon et aspirais ma fumée de cigarette de travers. Toussant je l'écrasais dans le cendrier. Ava devait débarquer à dix sept heures ! Quelle cruche de se fier à la luminosité du soleil... Je savais pourtant qu'il n'y allait pas avoir que Ame au rendez vous ! Je me dépêchais donc de rentrer dans la villa et pris la première robe qui me vint sous la main je regarderai laquelle ce serait plus tard ! La bazardant sur mon lit je me déshabillais petit à petit pendant que l'eau de la douche coulait. Une fois celle ci assez chaude je me faisais un chignon approximatif et prenais une douche à vitesse grand V sans prendre le temps d'apprécier la chaleur de l'eau. Pile lorsque je sortais de la douche j'entendais qu'on sonnait à la porte. Touchant ma montre je me rendais bien compte que c'était Ava.
« Entre !»
Je m'habillais de sous vêtements seulement, après tout elle m'avait déjà vu à poil alors bon! Ma robe était plutôt habille mais courte voilà pourquoi je l'agrémentais toujours d'un pantalon un peu lâche au niveau des mollets et des pieds. Une fois cela fait j'arrivais dans la salle à vivre. Ava avait déjà allumé les lumières, m'expliquant qu'elle avait ramener deux bouteilles de vin qu'elle avait mis directement dans la cave à vin. Celle ci se trouvait dans un petit coin de la cuisine. Une fois le tout prêt nous n’avions plus qu'à dresser une table avec divers gâteaux apéritifs, tomate et fromage bien qu'Amenadiel n'y toucherait pas nous allumions des torches pour faire une petite ambiance cosy et attendions mon meilleur ami, fumant une cigarette toutes les deux dans le canapé extérieur. Je ne savais plus si Ame supportait la fumée de cigarette ou non...
Réalisée par Gaki. que vous pouvez retrouver sur Epicode
Les anniversaires... Voilà quelque chose qui ne te faisait plus rien. A ton âge, tu n’apportais plus véritablement d’importance à une simple date qui ajoutait une énième année à une existence. Néanmoins, tu faisais l’effort de te rappeler de celui des personnes envers qui tu avais de l’affection. En somme, cela faisait toujours plaisir à la personne qui recevait son “Bon anniversaire” surtout quand celle-ci était humaine ou simplement éveillée. Notamment comme cette chère Freja. La demoiselle était si jeune. Seulement vingt-six ans si tu te souvenais bien ? Évidemment, tu n’allais pas oublier cette date pour elle. Malgré sa jeunesse, l’éveillée avait son importance à tes yeux. Beaucoup de points communs, une compréhension musicale, psychique et certainement quelques autres centres d’intérêt semblables. De ce fait, tu avais même créé un rappel sur ton téléphone afin de te souvenir de son anniversaire. Une attention qui semblait banale pour le commun des mortels, mais qui était bien plus importante pour les êtres immortels.
Un petit bâillement s’échappait de tes lippes masculines tandis que tu étais confortablement installé dans ton lit. Tu avais beau être un vieux vampire, il était tout de même agréable de dormir un peu quand l’occasion s'y prêtait. Ce n’était pas une nécessité, mais plutôt un plaisir véritable. Ainsi, tu t’étirais grandement puis te rendis jusqu’à ta salle de bains afin de prendre une bonne douche. Tu avais rendez-vous chez la jeune femme pour réaccorder également le piano de son amie. De toute façon, ce travail était assez fastidieux pour les musiciens. Un raccordement de piano coûtait en règle générale un minimum de cinq cents dollars, car cela était assez méticuleux et que cela prenait un certain temps. Tu avais donc proposé de le faire gratuitement afin d’aider les deux demoiselles. En somme, tu allais passer une bonne soirée juste après donc... que demande le peuple ?
Une fois préparé, tu attendis que le soleil se couche pour finalement prendre ta voiture et te rendre jusqu’au domicile de Freja. Après avoir garé ton véhicule, tu te levais en ayant pris avec toi... Un paquet assez massif en somme. Mais qu’était-ce ? Le cadeau de ta meilleure amie. Prenant le gros colis qui était assez lourd malgré tout, tu venais à frapper à la porte. On te laissait entrer et tu fis un grand sourire.
« Bonsoir Mesdames, j’espère ne pas être en retard. Tiens Freja, c’est pour toi. Joyeux anniversaire. »
Mais qu’était-ce donc ? Eh bien... Un violon. Certes, l’éveillée en possédait un, mais tu t’étais dit qu’un deuxième pourrait lui faire plaisir. Évidemment, le son était magnifique. Tu avais eu l’occasion de le tester même si ce n’était pas du tout ta spécialité. Il était noir d’ailleurs pour aller avec le style de ton amie. Bien évidemment, tu attendais la réaction de celle-ci alors que tu te dirigeais vers le fameux piano comme si de rien était.
« Voilà le fameux piano ? Testons ça. »
Tu glissais tes doigts sur le piano et fit une légère grimace en entendant la tonalité qui te dérangeait. Effectivement, il avait grandement besoin qu’on le chouchoute ! Ni une ni deux, tu venais à retrousser les manches de ta chemise, attacher tes cheveux mi-long d’un chignon improvisé afin de commencer ton petit labeur.
Nous fumons tranquillement avec Ava, pas besoin de nous presser le vampire ne sera pas là avant une dizaine de minutes ! La dégustation de vin que nous avions prévu avec Ava allait nous enchanter tous les trois. Je savais que mon meilleur ami aimait le vin, le château Latour plus précisément. J'en avais donc acheter de diverses années, enfin, de deux, histoire de faire travailler nos papilles gustatives pour savoir lequel nous préférions. Honnêtement je ne savais pas à quoi m'attendre. Je n'avais pas l'habitude de boire ce vin là. Je tirais une longue latte sur ma cigarette, tranquillement, je n'avais pas à me presser après tout.
« Je me demande si j'aimerai ce « Château Latour » autant que le St Amour...»
« De ce que je me souviens il est très bon mais moins fort que le St Amour... Et... Je sais que tu aimes les vins corsés, c'est à voir mais ne t'en fais pas tu aimeras ! »
Dit ma meilleure amie avec de la joie dans la voix. Elle appréciait beaucoup mon meilleur ami mais en même temps... Je choisissais très bien mes amis ! Je souriais à cette pensée et aspirais une nouvelle fois sur ma petite cancerette dont je devinais la presque fin. Je ne pris pas de risque de me brûler les doigts et l'éteignais pour la jeter dans le cendrier. Nous rentrons ensuite dans la maison, laissant la baie vitrée ouverte, il ne fait pas trop froid autant en profiter. Je touchais ma montre alors que Ava mettait les bouteilles sur la table base du salon. Un bruit de voiture se fit entendre. Pile à l'heure, comme d'habitude.
« Je crois qu'il a un cadeau pour toi. »
Je souris.
« Comme toujours !»
J'avais l'habitude que le blond m’offre un petit quelque chose pour mes anniversaires. Trop généreux... C'était une très belle personne à mes yeux. Belle non pas physiquement mais plutôt intérieurement. Bien que j'avoue que l'ayant vu de près je le trouvais beau aussi extérieurement. Lorsqu'il arriva devant nous et nous salua je souris de nouveau avant de prendre la boîte qu'il m'avait mis dans les mains. Qu'est ce que cela pouvait bien être ? Je fronçais les sourcil mais le laissais passer.
« Merci Ame ! Le piano est par là bas !»
Et pendant qu'Ava restait avec le vampire pour ré accorder son piano j'étais sur le canapé pour ouvrir le fameux paquet. Après l'avoir ouvert, je constatais que ce n'était « rien d'autre » qu'un violon. Au bois foncé et, au toucher je reconnaissais le vernis qui le rendait lisse et doux. Je l'approchais ensuite de mes yeux. Noir... Il était donc noir. Il savait me prendre par les sentiments, comme toujours ! Je me devais cependant de le tester pour voir si le son était bon, alors pour ne pas gêner mon meilleur ami dans son travail j'allais dans ma chambre, là où le bruit serait entendu moins fort depuis la salle de musique et commençais à en jouer. Impeccable ! Le son était merveilleux. J'arrêtais d'en jouer et retournais dans la pièce principale où se trouvait mes invités et la boîte du violon. J'allais ensuite prendre le tire bouchon dans l'un des tiroirs de la cuisine et retournais dans le salon pour ouvrir la première bouteille. Un château Latour de 2030. Je versais le liquide rouge profond dans un premier verre, le fis tournoyer un instant pour le sentir ensuite. Il était parfait, aucun besoin de carafe à décanter. Je servais donc le précieux liquide dans chacun des autres verres.
« Le vin est servi ! Je t'ai fait une petite surprise Ame, j'espère que tu apprécieras !»
Je les attendais ensuite pour commencer à faire la dégustation.
« C'est une excellente cuvée d'après l’œnologue, je ne l'ai pas encore goûté. Je te laisse boire en premier, tu me diras !»
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Effectivement, un anniversaire était une chose bien assez futile pour une personne immortelle comme toi. Mais pour les individus plus éphémères comme l’éveillée, il était tout naturel de marquer chaque année d’une pierre blanche. La durée de vie moyenne d’un être humain étant de quatre vingt ans si la personne ne développait pas de maladie entre temps... Ce qui n’était pas le cas de la demoiselle qui avait subi une lourde perte à ce sujet. Sa vue ne cessant de régresser à mesure que le temps passait. Mais que pouvais-tu faire pour palier à ce problème ? Absolument rien. Le mal était fait, la maladie ne cessait de se propager. Même si tu avais la possibilité de la transformer, cela ne lui rendrait pas la vue qu’elle avait déjà perdu. Une chose bien inutile que d’offrir la vie éternelle à un être qui avait déjà perdu beaucoup trop pour que cela devienne véritablement rentable. Était-ce cruel de penser ainsi ? Peut être... Mais tu n’étais un monstre, tu n’allais condamner la pauvre Freja à la vie éternelle où elle ne pourrait profiter de celle-ci en parfaite possession de ses moyens. Encore là... Tous ces songes restaient bien ancrés en toi, ce genre de discussions n’allait être abordé avec la demoiselle, il était hors de question pour toi de l’incomber d’une quelconque conversation à ce sujet. Autant passer une bonne soirée et assurer que la belle puisse profiter d’un moment plaisant en bonne compagnie ?
Alors que la maitresse de maison t’indiquait où se trouvait le piano. Tu fus accompagné de son amie pour pouvoir t’occuper de réaccorder le piano. Tu savais que cela allait te prendre un certain temps car il fallait vérifier chaque corde... Tandis que tu tentais de le faire à une vitesse vampirique pour assurer que la soirée puisse être plus que plaisante, tu pus entendre le son du violon qui était joué. Il semblait convenir à la demoiselle qui avait pu tester la tonalité. Une fois ton travail accompli et après avoir fait quelques plaisanteries à Ava qui avait eu la gentillesse de te tenir compagnie pendant ce travail fastidieux qu’était de réaccorder un piano. Tu pus entendre l’éveillée redescendre et se diriger vers la pièce principale pour finalement débouchonner une bouteille de vin. Tu arrivais à entendre tout cela ? Assurément. Tu restais un très vieux vampire, tes sens étaient plus qu’aiguisés depuis le temps... Alors que tu te redressais enfin une fois ta tache accomplie, tu approchais de la table où avait été servi le fameux liquide carmin... Cette odeur particulièrement reconnaissable, tu ne pus contenir un léger sourire en prenant le verre avant de porter un toast.
« Goûtons donc cela. A tes vingt-six ans. »
Levant ton verre avec un petit rictus, tes lippes vinrent rencontrer la liqueur alcoolisée et tu pus sentir toute la douceur de ce vin que tu appréciais tant. Elle avait donc fait un effort concernant le choix ? C’était elle ruinée pour te faire plaisir ? Hm... Tu fronçais doucement les sourcils avant de reposer le verre, faisant une petite moue avant de laisser ta langue caresser tes lèvres afin d’assurer qu’aucune goutte du nectar ne soit gaspillé.
« Une bien belle surprise en effet... Mais j’espère que tu n’as pas déboursé trop d’argent pour mon plaisir. Je sais que tu as une préférence plus accrue pour les vins bien plus corsés. Celui-ci va peut être te sembler trop doux. »
Après tout, la fête ne t’était pas destinée. Mais la demoiselle avait tout de même songé à ton plaisir. Ce qui était fortement appréciable. Néanmoins... tu pouvais reconnaître également l’année. Effectivement, il s’agissait d’une cuvée particulièrement qualitative. Toutefois, une chose vint à te titiller légèrement.
« Dis moi... Tu en m’as assuré si le violon te convenait. Il te plait au moins ? Je n’ai pas tenté de le faire personnaliser davantage, le son est à la hauteur de tes attentes ? »
Une question légitime, n’est-ce pas ? Après tout, il était toujours plaisant de savoir si un présent était satisfaisant ou s’il ne l’était pas.
Pendant que mon meilleur ami ré accordait le piano avec ma meilleure amie il était temps pour moi de tester mon cadeau, mon nouveau violon. Quel présent magnifique ! Le vampire savait me faire plaisir et je pense que moi aussi je savais le faire. Après tout dans ma cave à vin se trouvait deux bouteilles de Château Latour, l'un jeune et l'autre était la meilleure cuvée des années passées. Enfin bref j'allais dans ma chambre qui était au bout de la maison pour tester le violon et ne pas déranger Amenadiel dans son travail sur le piano de Ava. Le violon avait un son merveilleux ! À la hauteur de sa beauté ! De plus je pense que mon meilleur ami devait l'avoir testé pour qu'il soit accordé comme il le fallait. Qu'il soit déjà prêt pour qu'on puisse en jouer, c'était parfait. Le vampire était tout le temps prévenant avec moi mais, pas étonnant lorsqu'on savait qu'il me considérait comme sa meilleure amie et inversement ! Une fois que j'avais fini de tester le violon je retournais dans la salle principale, le vampire ré accordait toujours le piano accompagné de ma meilleure ami qui était bouche bée en voyant faire Ame. Ne sachant pas le faire elle-même, elle était toujours étonnée de voir le savoir faire des gens qui s'en occupaient.
Enfin bref, je les laissais tranquille entre eux deux et préparais les bouteilles et les verres. J'avais déjà mis les apéritifs à grignoter sur la table basse. Les verres en mains je les posais délicatement sur la table ainsi que les bouteille que j'avais sorti de la cave à vin. Il était à la température idéal pour être dégusté, un petit sourire se dessinait donc sur mon visage. Parfait ! Je n'étais toujours pas rouiller pour m'occuper de déguster du bon vin ! Une fois servie je regardais s'il avait une bonne couleur. Forçant sur mes yeux et du plus proche que j'étais je voyais la belle couleur carmine. Je reposais donc le verre et attendais mes meilleurs amis pour déguster notre apéritif. Je servais donc les dans les verres le vin et les entendais revenir dans le salon. Nous trinquions à mon âge qui augmentait et je ne pus retenir un sourire suite à cette pensée. Parfois, malgré ma maladie j'aimerais être un être éternel, juste pour vivre plus longtemps de ma passion mais... Pourrais-je le demander à Ame ? Non pas aujourd'hui en tout cas. Ce n'était pas le sujet à aborder ce soir, trop délicat ! Ce soir était un moment de détente, rien de plus ! Le toast une fois porter nous goûtons le divin nectar et, effectivement... Il était trop doux pour moi, MAIS ça ne faisait pas de mal parfois et je trouvais que la cuvée que l’œnologue m'avait choisi était un peu plus corsée que habituellement.
« Rien qui ne soit trop cher pour un ami ne t'en fais pas. Et puis tu sais que j'aime faire plaisir ! Surtout à Ava et toi.. Vous êtes mes meilleurs amis après tout !»
Nous continuons à boire tout en parlant et le vampire me demande si j'aime le violon qu'il m'a offert pour mon anniversaire. Question légitime mais la réponse était limpide.
« Bien sûr qu'il me plaît ! Le son est vraiment magnifique. Mais tu aurais pu le personnaliser avec des papillons...»
Je tire la langue et rigole avant de reprendre la parole.
« Vraiment je l'aime beaucoup, je l'utiliserai désormais dans mes concerts, sois en certain !»
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Une dégustation agréable en bonne compagnie. Malgré la jeunesse des demoiselles, tu appréciais passer du temps avec ces deux passionnées. L’une comme l’autre avait un certain talent par leur pratique d’un instrument différent. L’une était au violon tandis que l’autre était au piano. En somme, les aider à réaccorder ce piano ne t’avait pas dérangé, tu connaissais le prix qu’une telle intervention pouvait s’élever et tu savais qu’il ne serait pas idéal qu’un homme inconnu puisse rentrer ici en sachant que la propriétaire de la maison était possiblement déficiente visuelle. Ainsi, tu évitais à la demoiselle de subir une agression ou même de devoir payer une somme astronomique pour quelque chose qui ne te prendrait pas de temps que ça. Qu’est-ce qu’était une heure pour une personne qui avait dépassé le demi-millénaire ? Pas-grand-chose... Voir rien du tout, cela pouvait même s’apparenter à un battement de cils en y songeant plus scrupuleusement. Mais évidemment, tu faisais attention à ne pas évoquer cela. Le principe d’immortalité pouvait effrayer un certain nombre de personnes et les deux femmes n’allaient guère connaître ce sort. Freja fêtait ses vingt-six ans, mais dans seulement quatre ans, les premiers signes de vieillesse allaient finir par apparaître. Une fatigue plus présente, les traits du visage allaient être légèrement plus prononcés... Mais c’était sûrement à la quarantaine passée que cela serait plus douloureux pour elle. Notamment, quand tu lui rendras visite. La vieillesse aura raison de sa beauté extérieure tandis que tu garderas éternellement ce visage de beau trentenaire. Un triste sort, mais ainsi allait la vie.
Tu fus néanmoins touché par ces réponses. Il semblerait que ton cadeau lui eût tellement plu qu’elle allait sans doute l’utiliser pendant ses concerts. Tu n’en demandais pas tant, mais tu acquiesçais d’une légère inclinaison de la tête en lui faisant un grand sourire satisfait et honoré.
« Je n’en demandais pas autant mais je te remercie pour cela. J’espère au moins que l’accordement du violon convient également. Comme tu le sais, je fais du violoncelle donc je ne sais si l’on l’accorde de la même façon. Mais au vue de la tonalité que j’ai pu entendre tout à l’heure, ça semblait aller. »
Buvant une énième gorgée de ton verre, tu tournais légèrement la tête vers la demoiselle en demandant finalement d’un air assez intrigué, car tu restais particulièrement curieux concernant ses prochaines interprétations et concerts. Dès que tu avais la possibilité de t’y rendre, tu ne t’en privais guère même si en règle générale, tu ne pouvais pas forcément te libérer à cause de ton travail.
« As-tu un prochain concert de prévu ? Que ce soit dans quelques jours ou quelques mois, j’aimerais être tenu au courant. Je pourrais comme ça me libérer ou bien me réserver une soirée pour m’assurer d’être présent. Tu sais que j’adore t’entendre jouer. »
La violoniste avait un talent certain et beaucoup d’émotions dans sa façon de jouer, ce qui te faisait un bien fou. La musique classique était un véritable vestige du monde et tu estimais qu’elle était la meilleure façon d’exprimer une émotion. Finalement, tu vins également à ajouter d’un ton toujours aussi calme et posé.
« D'ailleurs, nous pourrions prochainement accorder nos emplois du temps pour jouer ensemble. En privé, bien sûr. Tu sais bien que je n’aime pas paraître en public, je perdrais facilement mes moyens. »
Évidemment, tu étais trop modeste. Tu savais très bien jouer les instruments que tu avais appris au fil des siècles, mais tu n’appréciais pas exposer tes talents, tu demeurais un homme particulièrement secret. Ne donnant qu’à très peu de personnes le “privilège” de t’entendre jouer. A quoi bon être vaniteux ou orgueilleux ? Il était bien plus satisfaisant et galvanisant de jouer pour quelqu’un que l’on apprécie plutôt que pour des personnes que l’on ne connaissait pas.
« Ava, tu pourrais également te joindre à nous. Je te laisserais le piano et je ferais installer une harpe au studio. Nous pourrions faire de belles compositions ensembles, tous les trois. »
La harpe était véritablement ce que tu préférais. Même si l’instrument s’apparentait énormément à la féminité, tu étais irrémédiablement un adepte incontesté de celui-ci. Le son était tellement magnifique et il fallait une dextérité dans chaque phalange afin de pouvoir faire danser les cordes. Comment ne pas être subjugué par un tel appareil ? Il t’arrivait même de rester hypnotisé toi-même par la musique que tu composais. Une vraie sonate divine.
Amenadiel semblait heureux, de ce que j'entendais au son de sa voix et cela me faisait énormément plaisir ! J'aimais qu'il soit ainsi, qu'il me prête de l'attention, moi, une pauvre humaine, bien que je savais qu'il ne me voyait pas comme un être inférieur, ce que pensait certains autres surnaturels. Non, mon meilleur ami n'était pas comme ça et ma meilleure amie non plus, ils étaient tous deux trop gentils pour penser ce genre de choses. J'étais vraiment heureuse de les avoir dans ma vie ! Je bus une gorgée de mon château Latour, il était bon. Je ne savais pas ce que les cuvée moins « bonnes » donnait mais celle ci était une petite perle malgré son côté doux. Je gardais le liquide en bouche quelques instants et pris une cigarette que j'allumais, après tout, tout était ouvert. J'entrepris ensuite de répondre à Ame.
« Tu l'as très bien accordé ne t'en fais pas. J'aurais eu une gêne sinon.»
J'aspirais sur ma cigarette en essayant de ne pas souffler en direction du vampire. Je ne savais plus si la fumée le dérangeait ou pas. Il pouvait être un fumeur passif sans avoir peur d'avoir un cancer des poumons mais... Il pouvait ne pas aimer l'odeur après tout. Il me demanda ensuite si nous avion bientôt des concerts avec Ava. Ça tombait bien....
« Hé bien, ça tombe à pic ce que tu demandes, je comptais t’en informer ! Nous partons faire une tournée de trois semaines en mars et en mai. On fait une date à Los Angeles le premier soir de chaque tournée. Donc tu as le temps pour prendre tes dispositions, non ?»
Je lui fis un grand sourire en buvant une énième gorgée de vin et tapotant la cendre sur le rebord du cendrier pour venir reporter ma sucette à cancer jusqu'à mes lèvres. Il m'expliqua ensuite si nous pouvions faire en sorte d'être libre tous les trois en même temps pour se faire un petit concert privé. J'adorais quand nous faisions ça car oui, ce n'était pas la première fois et ma meilleure amie aimait vraiment entendre jouer Ame, en fait que ce soit elle ou moi c'était la même nous pensions la même chose, il avait un talent certain bien qu'il « trichait ». Je répondis donc pour nous deux.
« Avec plaisir, on adore t'entendre jouer ! Pour ce qui est de l'emploi du temps nous sommes libre lorsqu'on veut !»
Après ma phrase Ava pris la parole.
Ava : « Tu joueras de la harpe ou du violoncelle ?»
Je rigolai suite à la phrase du vampire. Nous l'avions pris de cours. Comme si nous savions que Ava serait invitée aussi. En même temps, lorsqu'il proposait de jouer avec moi il le proposait à Ava aussi en général.
« Je ne doute pas que l'on fera du bon boulot tous les trois, nous savons comment joue chacun d'entre nous alors c'est parfait... N'est-ce pas ? Et la harpe sera accueillit avec grande précaution !»
J'avais un grand sourire sur le visage.
« Dis.. J'y songe depuis un moment, oui je sais que tu n'aimes pas jouer pour les autres mais j’aimerais vraiment faire un album avec toi... Tu joues tellement bien.. Et puis, je ne te ferai pas monter sur scène non plus ! Ce sera un album limité.»
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Tout en savourant ton verre de Château Latour. Tu en profitais pour proposer d’accorder tes violons pour t’assurer d’être présent à l’un de leurs concerts. Tu fus donc assez surprise d’entendre qu’une tournée était déjà prévue. Acquiesçant donc d’un simple hochement de tête, tu venais à sortir ton téléphone portable afin de définir tes disponibilités. Il était clair que tu souhaitais être de la partie au moins pour leur premier soir. Ainsi, tu vérifiais que ceci était possible, pour le moment, tu ne voyais rien de véritablement prévu. Ainsi, tu notais la date et tu te bloquais toute la journée ainsi que la nuit pour être persuadé de n’avoir aucun empêchement. Après tout, être médecin avait ses avantages comme ses inconvénients... Il fallait prévoir tout à l’avance pour être sûr à trois cents pourcents que tu ne serais, en aucun cas, dérangé. Ce fut donc avec un petit acquiescement de tête que tu envoyais l’invitation directement sur le téléphone portable de chaque demoiselle pour qu’elles puissent l’accepter. C’était une manière d’avoir leur confirmation et aussi d’avoir l’assurance que tu ne t’étais pas trompée dans les dates. Gardant ce petit sourire, tu buvais tranquillement puis... elle vint à allumer une cigarette. Ton regard de léger reproche en disait long sur ce que tu pensais de ce cancer en paquet. Mais une fois de plus, tu n’avais rien à dire à ce sujet. Elle était chez elle et en droit de s’époumoner de cette fumée toxique. L’odeur était déplaisante pour toi et tu trouvais que cela ressemblait énormément à cette odeur qu’il y avait dans les anciens bars en Angleterre... Ces endroits où les ivrognes et les soûlards se laissaient engloutir par la bière bon marché et les cigarettes de mauvaise qualité.
Néanmoins, tu ne fis aucune remarque puisque tu estimais qu’elle avait déjà eu le droit à ton avis sur la question. Tu estimais que son handicap visuel était suffisant, mais si elle souhaitait ajouter à cela un futur cancer des poumons... C’était son choix, son corps et sa responsabilité. Même si en tant que médecin, tu lui avais fait part de ton inquiétude sur cette accumulation, elle était libre de faire ce qu’elle désirait. Ava vint finalement à te poser une question qui ne manquait pas de sens, tu lui offris un petit rictus détendu et calme avant de lui répondre d’un ton doux, comme tu avais l’habitude d’ailleurs.
« Plutôt la harpe. Le violoncelle serait un bon accompagnement, mais il risquerait de prendre le dessus sur le violon, je préfère rester dans la subtilité avec la harpe. »
Et voilà que l’éveillée venait à te proposer de faire partie de l’un de ses albums. Un petit soupir s’échappant de tes lippes alors que tu mordais l’intérieur de ta joue. Non, tu n’aimais vraiment pas jouer pour des inconnus, tu détestais ça même. Trouvant la pratique pompeuse et trop arrogante pour toi. Toutefois, tu ne voulais pas refuser cela à la demoiselle. De ce fait, tu allais lui proposer un compromis.
« Effectivement, je n’aime pas ça. Mais si tu souhaites que je joue dans l’un de tes albums... Je peux le faire. Mais je resterais en anonyme. Si ça te fait véritablement plaisir, je peux faire cette exception, mais je tiens vraiment à ne pas être reconnu pour ça. »
L’idée même d’être abordé pour une passion que tu désirais “secrète”... Cela t’agaçait mentalement. Mais tu ne souhaitais vraiment pas lui refuser ça. Elle semblait si désireuse de partager cette expérience avec toi... La notoriété te laissait indifférent, néanmoins le sourire de ta meilleure amie valait tout l’or du monde. De ce fait, tu avais tenté de lui proposer cette éventualité. Malgré tout, tu venais finalement à changer de sujet pour éviter de rester sur cette proposition. Une question te vint à l’esprit afin d’être un peu malicieux pour le coup. C’était très vicieux de ta part d’aborder un tel sujet, mais tu savais qu’Ava allait sûrement te suivre. Taquiner Freja était toujours particulièrement amusant, la voir réagir face à la chicanerie demeurait vraiment drôle.
« Mais dis moi, Freja... Je me demandais si tu avais enfin rencontré quelqu’un ? Une demoiselle aussi belle que toi as forcément foudroyée le cœur d’un homme. Ava... Tu es au courant de quelque chose qu’elle ne m’aurait pas dit ? »
Ah... Les discussions sur l’amour et les relations... Quelque chose de bien basique et pourtant, tu n’avais pas pu t’empêcher de l’aborder. Il y avait forcément un fait qu’elle évitait de te parler. Malgré tout... Une femme avait ses besoins et ses désirs. Il était clair que Freja avait sûrement un moyen de relâcher la précision, la compagnie d’un homme était un moyen assez efficace, n’est-ce pas ?
J'entendis mon portable vibrer sur la table basse, je le pris après avoir recracher ma fumée dans les airs et loin du nez d'Amenadiel. Je le déverrouillais et vis son message qui disait qu'il viendrait bien à la date du concert. Un sourire c'était dessiné sur mon visage. Je savais qu'il aimait nous entendre jouer, que ce soit en privé ou devant un public. Cela ne me dérangeait pas, au contraire même, j'adorais jouer pour lui. Ce vampire était vraiment important à mes yeux, mais, après tout, il était mon meilleur ami donc c'était normal n'est-ce pas ? Ce qui me rendait le plus triste c'est que je mourrai avant lui et ma meilleure amie, ça me faisait mal au cœur mais bon, je n'avais pas le choix. Quelle joie... Bref j'éteignais ma cigarette dans le cendrier et soupirais légèrement. Cela allait sûrement faire plaisir à mon meilleur ami. Ava elle se retenait toujours lorsque Amenadiel était avec nous, moi je n'y arrivais tout simplement pas malgré ses mises en garde. Je les connaissais, il n'avait pas besoin de me les redire mais quelques fois, ça lui échappait... Qu'importe, je faisais avec et je le méritais quelque part, c'était moi la fautive. Bref je repris mon verre de château Latour et le respirais un instant avant de tremper mes lèvres dans le liquide sombre pour en prendre quelques gorgées douces en goût. Ce n'était pas si mal de passer à du doux quelque fois en réalité, mais je ne pourrais pas boire que celui-ci tout le temps...
Pour ce qui était de jouer et faire un trio avec Ava et moi le vampire avait décidé de prendre sa harpe. En effet cela se mariait un peu mieux qu'un violoncelle lorsqu'il n'y avait pas un orchestre. Mais, tant qu'à faire un trio en violon, piano et harpe pourquoi ne pas en faire un album non ? Pour le plaisir ? Juste pour nous amuser, un peu et garder une trace de ce petit « délire », de montrer aux gens que l'on pouvait s'amuser entre artistes. Je savais que ça allait être difficile de convaincre mon meilleur ami mais je voulais aussi montrer que la harpe était un instrument magique surtout lorsqu'il était manié pas un musicien de longue date, et cela se comptait en centaines d'années alors il maniait cet instrument mieux que quiconque, à part peut être un vampire plus vieux ? J'étais donc prête à me heurter à un refus de sa part lorsqu'il commença à parler, m'expliquant qu'effectivement il n'aimait pas jouer devant d'autres personnes à part ses proches. Cependant il m’étonna lorsqu'il répondit qu'il acceptait à condition de rester anonyme, totalement anonyme. Donc que son nom n'apparaisse pas sur l'album. Soit, je fis un grand sourire et, dans le fond je savais qu'il me donnerait cette condition. Trop humble pour montrer ses réelles capacités alors qu'en était-il de moi ? Pourquoi tenais-je à jouer sur les planches ? Bon... Il ne fallait pas que je me focalise sur ça, de plus je devais expliquer à Ame que je ne lui ferai pas ce coup là, celui d'écrire son nom pour la partition à notre album.
« S'il ne faut que ça pour te convaincre, ne t'en fais pas tu le resteras, c'est ce que je t'aurai proposé... Merci Ame.. Tu me fais réellement plaisir !»
Je bus quelques gorgées de vin avant qu'il ne reprenne la parole. Ah... Le côté affectif et surtout amoureux. Je me serais bien passée de cette question à vrai dire. Car en fait.... Il n'y avait rien, c'était le calme plus que plat pourtant cela ne me manquait pas forcément. Depuis la mort de Lars je n'avais pas éprouvé le moindre sentiment pour un autre ou une femme. Je n'avais pas éprouvé la moindre attirance envers quelqu'un pour tenter de me faire passer entièrement mon deuil. Lorsqu'il posa la question à Ava je la vis bouger la tête, sûrement pour faire un geste négatif.
« Hé bien, je ne suis au courant de rien si c'est le cas et je crois que nous serions les deux premiers à le savoir si relation il y avait»
Ma meilleure amie se mit ensuite à rire. Je soufflais faussement ennuyée et pris la parole d'un ton boudeur mais amusé.
«Bon dans mon extrême bonté je vais vous le dire... Je.. Je ... N'ai personne!!!!»
Je ricanais.
« Je suis mieux en étant célibataire pour l'instant.. Mis et vous alors!? Ava!? T'en pinces pour Shneider non?!»
« Je.. Euuuh... Je sais pas où on en est...»
«Mouais... Et toi alors mon bellâtre? Il doit bien y avoir quelques femmes qui sous ton charme et ta classe non?»
Réalisée par Gaki. que vous pouvez retrouver sur Epicode
La notoriété ou la reconnaissance orgueilleuse ne t’intéressait guère. Les siècles s’écoulaient et ce n’était que les grands “hommes” ou grandes “femmes” que l’histoire retenait. De ce fait, y avait-il un véritable intérêt à se promouvoir ou à exposer ses compétences aux yeux de tous ? Si tu avais passé ses derniers siècles en demeurant discret, ce n’était pas pour faire pencher la balance aujourd’hui. Tu tenais à ta tranquillité et au plaisir de n’être connu de personne. Du moins... jusqu’à ce que Gerald prît la décision de s’exposer aux yeux de tous. Évidemment, l’on pouvait te voir à ses côtés pour assurer sa protection, mais rien de plus. Une statue de marbre, un homme grand qui n’hésiterait pas à stopper la première personne ayant la folie de vouloir s’attaquer au chef des Héritiers. En somme, la lumière des projecteurs était davantage sur Gerald et cela suffisait à ton bonheur.
Ainsi... Tu fus particulièrement rassuré quand elle vint à accepter cette condition. Après tout, ce n’était qu’une bien faible restriction. Assurer son anonymat était une chose bien importante pour une personne aussi discrète que toi. Non pas que tu demeurais timide ou introverti, mais tu estimais que tes dons ou tes compétences devaient profiter à ceux qui pourraient réellement l’apprécier. Les amateurs de musique avaient souvent un esprit critique pour peu de choses, la posture des doigts, une fluidité qui ne leur convenait pas... Tu te souvenais encore d’un concert qui avait eu lieu et tu n’avais pas pu t’empêcher de soupirer légèrement en entendant les critiques non-constructives de simples amateurs de musique... Il était donc si simple de critiquer sans être capable de jouer d’un instrument. Les musiciens entre eux pouvaient aussi être particulièrement vache et hargneux... Autant éviter ce genre de contre-temps donc.
« Je t’en suis reconnaissant également. »
Un petit rictus fut offert puis tu ne pus t’empêcher d’aller sur ce terrain glissant pour observer la réaction de ton amie. Celle-ci semblait encore... Seule ? Hm... Cela te semblait particulièrement étrange. Elle semblait porter l’odeur d’une personne sur elle. Non pas que tu allais lui faire comprendre que tu l’avais senti, mais... tu ne pus t’empêcher de lui demander en poussant un peu plus loin.
« Vraiment personne ? Même pas une conquête d’un soir ? »
Cela pouvait s’apparenter à de l’indiscrétion ou de l’intrusion mais... Il s’agissait d’une de tes amies les plus proches et elle savait pertinemment que le moindre mensonge allait te blesser, même si tu pardonnerais ses cachotteries. Pour donner davantage de crédit à ce qu’elle ne soit pas gênée par ta question, tu venais donc à répondre en toute honnêteté.
« Pour ma part, je n’ai rien de sérieux. Quelques soirées en bonne compagnie assurément, mais je ne me sens pas encore prêt mentalement à pouvoir me lancer dans une relation durable. »
Venais-tu de dire que tu avais des coucheries par moment ? Pourquoi lui mentir après tout... Tu restais un homme qui avait du charme et qui plaît aux femmes... Toutefois, tu ne pus t’empêcher de glousser légèrement afin de regarder ton amie pour qu’elle puisse t’observer.
« Ose me dire que tu demeures totalement chaste à ce sujet ? Tu es belle comme un cœur, je suis persuadé que tu as déjà attiré bon nombre de personnes. N’as-tu pas craqué ? Ne serait-ce que pour une soirée ? »
Certes, elle n’était pas volage et elle avait longtemps été dans une relation durable mais... où était le mal de se détendre avec une personne et oublier l’espace de quelques heures la solitude ? Tu te permettais de lui poser la question même si dans le fond... Tu connaissais la réponse. Tu savais qu’elle voyait quelqu’un, même si ce n’était pas du sérieux. Tu pouvais le sentir sur sa peau.
Après que Ame m'ait remercié pour garder son anonymat je souris. Il était après tout normal de lui accorder ça alors que je lui demandais non pas de jouer simplement mais de carrément enregistrer un album avec lui. Je trouvais donc ça normal pour mon meilleur ami de le.. Protéger ? En quelque sorte, je savais qu'il tenait à son petit jardin secret. Je savais aussi qu'il n'aimait pas qu'on sache qu'il jouait depuis des siècles de plusieurs instruments et que, de ce fait il les maniait avec une dextérité à en damner un virtuose. Je souriais à cette pensée mais m'en fis sortir la seconde d'après lorsqu'il demanda de nouveau si je n'avais vraiment personne, j'eus un large sourire. J'aurais pu penser qu'il était bien trop curieux mais en réalité, je savais que ce n'était que de la taquinerie entre meilleurs amis... Il savait qu'avec moi il en fallait bien plus pour que je trouve Ava ou lui intrusif. D'ailleurs en parlant d'Ava j'étais curieuse qu'elle ne m'ait pas parlé de mon odeur, elle avait sûrement dû sentir que j'avais l'odeur d'un lycan sur moi depuis quelques semaines. Oh avec Holly nous avions couché une ou deux fois ensemble pas plus mais c'était assez pour qu'un vampire ou un autre lycan le sente. Peut être qu'elle avait fait semblant de ne pas le sentir et le dire à un moment propice qui, ce soir, s'y prêtait alors autant le dire clairement. Cependant, avant que je ne me lance le vampire se laissa à dire quelques petits secrets si l'on pouvait appeler ça ainsi. Des petites conquêtes d'un soir tiens... Au moins nous étions au même point, et encore plus lorsqu'il expliqua qu'il n'était pas prêt pour une relation durable. Je hochais la tête, en réalité si moi aussi je n'avais eu que des coucheries et encore avec la même personne, je n'étais réellement pas en mesure de me mettre en couple, pour être tout à fait honnête.
«Booooon ok tu m'as percée à jour !»
«Hola tu me choques ! »
Dit-Ava en ricanant alors que mon meilleur ami reprenait la parole. Rester chaste... Je me mis à rire, comme je lui avais dit j'avais craqué mais après deux ans... Peut être devais-je faire mon deuil total ? Je pris mon verre en faisant tourner le liquide carmin dans celui-ci, buvant un peu avant de reprendre la parole.
«En réalité c'est surtout pour voir si je pouvais le faire avec quelqu'un d'autre. Ça a fait deux ans que Lars est mort vous le savez je ne vous apprends rien mais... Depuis ces deux ans oui, j'étais restée chaste. Aussi surprenant que cela soit !»
Je reprenais sur un ton de rigolade pour ne pas casser l'ambiance.
« Mais en tout cas maintenant je sais que, bien que Lars ne soit plus là et que je n'ai pas fait entièrement mon deuil je sais que je peux aller voir ailleurs. Mais je dois vous avouer que c'est assez dur... J'ai toujours cette impression de le tromper c'est... Bizarre..»
Je bus encore une gorgée et repris.
«C'est normal de se sentir coupable à ce point pour une personne décédée depuis deux ans ?»
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Evidemment, tu serais le dernier à juger la pauvre Freja. La demoiselle restait une très belle femme et le premier qui oserait dire le contraire, était un idiot. Néanmoins... La pauvre avait vécu le deuil de son mari assez mal. Tu étais d’ailleurs étonné qu’elle soit enfin parvenue à aller voir ailleurs. Il t’avait fallu presque un siècle complet avant de pouvoir faire le complet deuil de ta première épouse. Donc, tu serais évidemment la seule personne à ne pas lui jeter la pierre si elle parvenait à faire un tel exploit. Tu étais toutefois étonné qu’elle n’ait pas pris la peine de t’en parler... Malgré tout, tu ne pouvais lui en vouloir. Le monde pouvait être si cruel avec les femmes indépendantes et libre... comme si celles-ci n’avaient pas le droit de disposer de leur corps comme bon leur semblaient... cela te débectait. Evidemment, tu étais donc le premier à encourager la belle à se laisser aller si l’envie lui venait... Mais tout n’était pas si simple pour un cœur endolori par la mort d’un être aimé.
Voilà qu’elle avouait finalement fréquenter une personne... Tu ne pus t’empêcher de faire un petit sourire, fier d’elle. Non pas que tu encourageais l’éveillée à être vigoureusement volage mais... Cela était la preuve qu’elle faisait peu à peu son deuil. Du moins... C’est ce que tu crus. Jusqu’à ce que tu entendes ses paroles. Ton beau sourire venait à s’estomper peu à peu pour laisser place à un air à la fois attristé mais aussi mélancolique. Ah... Cette fameuse culpabilité. Tu ne la connaissais que trop bien et tu avais appris à la faire disparaître au fur et à mesure du temps. Malheureusement pour elle, ta meilleure amie n’avait pas des siècles à vivre. Donc il était évident que ce sentiment de culpabilité allait être bien présent. Ainsi, tu venais à t’approcher d’elle pour poser ta main sur son épaule puis tu la laissais se redresser pour finalement la prendre doucement dans tes bras. Un geste câlin et tendre pour la rassurer et lui démontrer qu’elle n’était absolument pas seule, qu’elle pouvait assurément compter sur toi.
« Tu sais Freja... Le deuil est quelque chose que l’on vit différemment en fonction de l’expérience. Tu n’as pas à te sentir coupable de vouloir essayer autre chose et de continuer de vivre pour toi. »
Déposant un baiser sur sa tempe d’un geste doux et calme, tu caressais délicatement son dos. La pauvre... tu sentis ton cœur se serrer en imaginant ton amie ronger par ce sentiment d’être si coupable... Mais elle avait le droit de s’amuser et de profiter de la vie ! De ce fait, tu venais finalement à rajouter avec délicatesse et tact.
« Je doute fortement que Lars aurait accepté que tu finisses ta vie seule... Et je doute qu’il t’en veuille depuis les cieux que tu refasses ta vie. En tout cas, personnellement... je ne souhaiterais pas cela à la personne que j’aime. »
Et oui... tu avais déjà eu ce type de discussions avec ta défunte épouse de l’époque. Elle se savait humaine, elle savait qu’elle allait finir par mourir et tu savais que tes enfants aussi n’allaient pas vivre aussi longtemps que toi. Il était donc essentiel de continuer à vivre pour ceux que l’on aime...
Je buvais tranquillement mais je devais avouer que ce que je venais de dire m'avait mis un coup au moral tout à coup. Cette culpabilité.. Elle me rongeait même parfois lorsque j'étais avec Holly et pourtant je passais des bon moments avec lui mais voilà, parfois le fait de me dire que j'avais été mariée et que j'étais avec une autre personne dans un lit me faisait me sentir mal. Je regardais de nouveau le liquide dans mon verre. Voilà que j'étais au bord de la crise de larmes... Je savais très bien que je pouvais pleurer devant eux, ils étaient mes meilleurs amis après tout. Mais je ne voulais pas, je ne voulais pas paraître faible... Pourtant.... je savais pertinemment qu'ils ne m'en voudrait pas mais c'était ainsi. À présent j'avais plus envie de boire pour me bourrer la gueule que pour fêter mon anniversaire en retard mais il ne fallait pas. Cependant je sentais que l'atmosphère avait changé, si j'avais voulu ruiner la fête, c'était ce que j'avais parfaitement réussi! Mais ils ne semblaient pas m'en vouloir et dans le fond je savais que savait qu'ils ne se le permettrait pas, ils savaient à quel point j'aimais Lars et combien son deuil était dur à vivre pour moi... je sentis alors un main sur mon épaule, celle de Ame. Je me redressais et il me prit dans ses bras. Cela me calma presque immédiatement, sentant ensuite la main de ma meilleure amie dans la mienne. Ils arrivaient définitivement à me calmer ou.. à me faire lâcher prise du moins.
«Et s'il.. M'en voulait ? Je ne sais même pas si je suis capable de refaire ma vie avec quelqu'un. Avec Holly c'est juste physique il n'y a rien d'amoureux. J'ai l'impression de.... D'être une sorte de... Traîtresse ? Parce que je vais voir ailleurs.»
Après que je lui ai dit cela il m'embrassa sur la tempe, ce qui me fit un bien fou alors qu'il me caressait le dos en même temps, c'était réconfortant de se sentir si bien entouré. Il m'expliqua aussi que Lars n'aurait sûrement pas voulu que je finisse ma vie seule. Qu'en savait-il après tout ? Je m'accrochais à son haut, j'avais envie de pleurer mais non, ça ne venait pas. Parce que la soirée devait bien se passer ! Parce que nous devions passer une bonne soirée !
«Dans un sens j'ai envie de te croire, je sais très bien que Lars aurait aimé que je refasse ma vie mais... Qu'en sais-tu ? »
Je me détachais de lui en souriant tout de même.
«Je sais tu as plus d'expérience que moi dans le domaine de l'amour et je sais aussi que tu as vécu un deuil mais... Tu as eu le temps de le faire... Je n'aurai pas cette joie, si je puis dire... »
Je m'asseyais et sortis une clope de mon paquet de cigarettes pour l'allumer en finissant mon verre. Et en me resservant.
La détresse émotive de l’éveillée était justifiée, elle demeurait encore bien coupable du décès de son ex-mari. Comment pouvais-tu la blâmer à ce sujet ? Il était clair que tu avais mis un temps fou à faire le deuil de ta propre femme, même si contrairement à Freja, tu avais eu l’occasion de te faire à l’idée qu’en épousant une humaine en tant qu’ange... il y avait des chances que tu la vois mourir. Pareil pour tes enfants... Ceux-ci n’avaient pas hérité de tes gênes angéliques et ainsi, ils n’avaient donc pas survécu à l’époque bien longtemps... Une misérable quarantaine d’années, ce qui était un prodige à l’époque surtout en étant soldat.
Malgré tout, tu pouvais comprendre que la demoiselle se sentait mal d’aller voir ailleurs. Trahir Lars ? Tu n’étais pas vraiment d’accord avec elle. En quoi était-ce mal de refaire sa vie ? Surtout quand celle-ci était si courte et ne pouvait tenir qu’à un fil... Ainsi, tu allais tenter de la raisonner, mais également de la rassurer sur le fait qu’il ne fallait pas qu’elle se culpabilise autant d’être proche d’un autre homme, surtout si le but était d’être uniquement charnel avec lui. Bien que tu estimais que cela demeurait bien triste de se contenter uniquement de l’aspect physique d’une relation... Enfin, tu n’étais pas bien placé pour parler vu tes fréquentations actuelles... Mais à la différence d’elle, tu demeurais un vampire qui avait déjà plus d’un demi-millénaire.
La serrant donc doucement jusqu’à ce qu’elle se décide à se reculer et se détacher de toi pour allumer son cancer portatif, tu venais à t’asseoir sur l’un des fauteuils en soupirant longuement. Qu’il était complexe de trouver les mots pour consoler un cœur meurtri par un deuil prolongé.
« Tu n'es pas une traitresse, Freja. Tu as le droit de refaire ta vie, surtout en sachant que tu n’as que vingt-six ans. Et même si tu en avais cinquante, tu es libre et tu as le droit au bonheur. »
Tes sourcils se froncèrent qu’elle évoquait ton immortalité. Hm... Il semblerait que tu allais devoir évoquer ta transformation pour lui faire comprendre de la dureté d’une transformation et surtout lui dire à quel point, la vie éternelle pouvait être un poison.
« Tu sais... Il m’arrive de regretter ma vie de l’époque. Je suis né ange. J’avais l’habitude de voler quand j’étais mélancolique, je sentais mes ailes caresser les nuages, le vent effleurer mon visage... Cette sensation-là, j’ai fini par l’oublier, car cela fait trop longtemps. Je serais incapable de t’expliquer quelle sensation l’on éprouve quand les ailes battent... »
En voulais-tu à ton créateur ? Non. Car grâce à lui, tu avais pu revoir tes enfants avant qu’ils ne meurent. Tu venais finalement à la dévisager d’un air un peu nostalgique, puis tu passais une main dans tes cheveux blonds délicatement.
« Je serais constamment reconnaissant envers mon créateur car grâce à lui, j’ai pu enterrer ma femme et mes enfants. Mais l’immortalité a un prix, il est douloureux... Très douloureux les premières années. »
Parlais-tu de la soif ? Oh que oui... Cette douleur t’arrachant la gorge, ce besoin de te nourrir à te ruer sur n’importe quel passant... Mais il était clair que tu ne pouvais exprimer cette souffrance aussi facilement. Il fallait la vivre pour la comprendre. Étais-tu prêt à avoir ton premier infant ? Absolument pas. Ou bien dans le cas contraire, il faudrait bien te persuader...
Je me sentais bien dans ses bras, mon meilleur ami avait ce petit quelque chose qui faisait me sentir à l'aise, et je ne disais pas seulement ça parce qu'il était mon meilleur ami. Je me doutais que même dans son métier il était doux, j'en étais persuadée. C'est pour cela que je ne le lâchais pas tout de suite, enfin, jusqu'à ce que mon envie de cigarette prenne le dessus, je me sentais vraiment mal et la cigarette arrivait un temps soit peu à me calmer. Je m'asseyais sur le canapé derrière moi et m'allumais donc ma sucette à cancer, je voyais l'ombre de Ame s'asseoir aussi. Tirant une latte sur ma cigarette j'écoutais attentivement les nouvelles paroles du blond. Je n'étais pas une traîtresse ? Pourtant c'est ce que je pensais chaque fois que j'étais avec un homme, bien qu'il n'y ait que Holly. Je m'en voulais déjà bien assez avec un seul homme dans ma « vie » bien que nous ne soyons pas ensemble. Nous étions dans le même lit pour des relations charnelles et c'était déjà beaucoup à mon goût. Mais dans un sens.. Amenadiel avait peut être raison ? Je bus un peu de mon vin. J'avais le droit au bonheur et j'avais aussi le droit d'être libre. Il y avait déjà deux ans que Lars était mort, peut être devrais-je enfin faire mon deuil ? Je soupirais en lui évoquant tout de même son immortalité. Je l'enviais en un sens... Enfin... La vie de vampire n'était-elle pas trop dure ? Le fait de ne pouvoir s'exposer au soleil... De voir les gens que l'on aime partir avant nous... Peut être un jour oserai-je lui demander de me transformer, juste pour encore vivre de ma passion... De pouvoir jouer du violon encore des décennies avec Ava ? Peut être oui, je n'en savais trop rien.
Il m'expliqua aussi qu'avant d'être vampire il était né ange. Il ne m'avait jamais dit cela, je crois ? Ou du moins il ne m'avait jamais parler de ses moments où il volait. C'était triste de l'avoir oublier je trouve mais c'était ainsi après tout, non ? Je prenais une latte sur ma cancerette, ne l'ayant pas oublié, ni même mon verre de vin que je venais à déposer sur mes lèvres pour chercher quelques gorgées du liquide tant convoité. Il reprit la parole. Au contraire, n'était-ce pas plus difficile de devoir enterrer sa femme et ses enfants ? Cependant je ne comprenais pas réellement la dureté des premières années d'un vampire. Je ne connaissais que très peu cette race.
«J'aurais pensé que ça aurait été plus dur de devoir enterrer ta famille... Et... Lorsque tu parles de la douleur des premières années ? Désolée je ne connais que très peu les vampires... Je n'ai eu affaire qu'à des lycans presque toutes ma vie.. Enfin... Beaucoup plus depuis ses derniers mois. Je... J'en connais plus sur eux que sur les vampires...»
J'entendis Ava pouffer de rire. En effet depuis quelques mois j'avais connu trois lycans en plus dans ma vie. J'aspirais de nouveau sur ma clope.
«Mais après.. Je ne connais que des lycans gentils et un vampire aux petits soins avec moi.»
Je tirais la langue en sa direction.
«Hé bah... Dis tout de suite que je ne suis pas aux petits soins avec toi !»
Je me mis à rire. Je reprenais du poil de la bête lentement mais cette soirée allait de nouveau repartir sur un bon pied.
«D'ailleurs... Comment se passe une vie de vampire ? Je veux dire... Ce n'est pas trop contraignant ?»
L’éveillée pensait qu’il était sans doute plus difficile d’enterrer ses enfants et sa famille. Oh... Il était vrai qu’elle devait également ignorer ce que signifiait la vie d’un ange. Ainsi, tu eus un léger sourire pour tenter de la rassurer et donc de lui faire comprendre que non, ce n’était pas le plus dur selon toi. Tu venais donc à ajouter d’un ton calme et posé, signe que tu ne te sentais pas plus mal.
« Un ange vit environ trois cent cinquante ans, Freja. Nous savons que si nous nous unissons avec un ou une humaine... Nous finirons par l’enterrer. Et si par malheur les enfants héritent aussi de la race de ton ou ta conjointe, tu sais aussi qu’ils finiront par mourir. Mais à l’époque où j’ai vécu... L’espérance de vie en tant que surnaturel n’était pas non plus aussi grande. Nous avions tendance à mourir pendant les guerres. La mort fait également partie de la vie. »
Craignais-tu la faucheuse ? Aucunement. Tu l’avais cotoyé à de nombreuses reprises et jamais elle n’avait voulu réellement de toi. La seule et unique fois où tu aurais dû mourir... Ce fut ton créateur qui vint à ton secours. Ton seul désir était de revoir tes enfants avant de partir. Mais finalement, tu eus l’occasion de les voir vieillir puis mourir sans qu’ils ne puissent donner naissance à d’autres enfants. Ton nom était voué à disparaître et pourtant, Gerald avait fait de toi un être presque immortel mais qui ne pourrait plus avoir de progéniture. Du moins était-ce l’un de tes songes les plus profonds. Elle vint finalement à te demander en quoi la vie d’un vampire était contraignante. Hm... Tu ne savais pas vraiment comment lui évoquer cela. Il était difficile de lui décrire la douleur de la soif. Mais il fallait bien le faire ? A quoi bon la laisser dans le suspense ?
« Le plus difficile est surement les cinq premières années, celui de ton sevrage. La soif est véritablement douloureuse, tu as l’impression d’avoir un désert à la place de ta gorge, comme si tu étais en train de suffoquer. Tu pourrais devenir fou si tu ne te nourrissais pas de sang. Et c’est souvent ce qui arrive les premiers jours... si tu ne te nourris pas, tu devins une goule et tu perds l’esprit... »
Autant la prévenir et lui faire comprendre que c’était quelque chose d’assez complexe. Une lourde décision... Et puis, cela signifiait que si tu devais être celui qui la transforme... Elle perdra ses dons. Elle récupérera entièrement sa vue normalement mais... le prix à payer pour elle était peut être trop grand. Tu te demandais si elle serait capable d’accepter de dire adieu à ses dons pour une vie éternelle...
En un sens je comprenais tout à fait ce que mon meilleur ami voulait m'expliquer. Oui, en réalité il avait tout à fait raison pourtant... Hmmm.. Je ne sais pas si j'aurais eu le courage d’affronter la mort de mon époux qui est certes mort mais pas de vieillesse, d'un accident, mais après tout qui sait ? Peut être aurais-je préféré le voir mourir de vieillesse ? Bien qu'il était un un ange et assisterai lui à mon enterrement et pas l'inverse.
«Tu as raison. Lars était un ange...»
Je bus un peu de mon élixir enivrant. La discussion tournerait seulement sur Lars ? Non je ne voulais pas, elle n'était pas faite pour ça. Elle était faite pour nous amuser.
«Pourtant ce n'est pas lui qui ait assisté à la mort de l'autre. J'aurais aimé que ça arrive...»
Je posais le plat du verre à vin sur ma cuisse et soufflais doucement.
«Suis-je égoïste ?»
Je relevais les yeux vers Amenadiel. Ava n'avait toujours pas parler, sûrement parce qu'elle savait qu'elle ne pourrait pas comprendre une comprendre une discussion entre un vampire et un humain. Et suite à ma dernière question j'attendais sas réponse avec impatience. Souhaitais-je à ce point devenir une vampire ? Je n'en n'avais pas la moindre idée pour être honnête. Il m'avait parlé des cinq premières années, du sevrage qui était dur, à la limite du supportable. Mais il ne me répondit pas à la question de si c'était contraignant où pas. Qu'importe.. Je lui demanderai peut être une autre fois ?
Devenir une goule ? Voilà une chose dont j'avais bien peur si je devenais vampire.. Mais encore une fois.. Le voulais-je vraiment ? En tout cas cela eu le don de nous faire arrêter de parler de mon défunt mari et ce n'était très grave en soi. Mais... Tout à coup j'eus d'autres questions. Du moins une en particulier.
«Je me pose une question vu que tu y as déjà eu à faire contrairement à moi.. Je ne l'ai jamais vu, je sens juste ses bienfaits, j'ai déjà posé la question à Ava et elle m'a répondu à sa façon mais toi ? Qu'est ce que fait le soleil ? Je veux dire... Est-il un astre aussi beau que ce que l'on prétend ? Je sais qu'il est rond, éblouissant je peux le ressentir mais... Comment est-il réellement ? Plus beau que la lune ? Je suis tellement habituée aux ténèbres que sa chaleur me suffit et que si j'étais non voyante je préférerais la nuit plutôt que le jour...»
Le principe même de l’égoïsme était assez subjectif. Était-ce vraiment de l’égoïsme de vouloir vivre après le décès d’un être aimé ? De se sentir coupable de ne pas être celui ou celle qui a quitté ce monde à sa place ? Hm... Difficile à dire. Il était clair que la demoiselle ne se sentait pas bien et que malgré ce temps passé sans son époux... Elle avait du mal à évoluer. Néanmoins, tu n’avais pas de véritables paroles rassurantes à lui offrir. Car même si les mots étaient justes, ce n’était pas dit qu’ils auraient un impact dans son esprit. Après tout, quand une personne ne va pas bien, même si l’on tente de rationnaliser la personne, cela s’avère souvent inutile.
« Selon moi, tu ne l’es pas. Mais une fois de plus, tu dois faire un travail sur toi et apprendre à arrêter de te blâmer pour quelque chose dont tu n’es pas responsable. Jusqu’à preuve du contraire, tu n’as pas décidé de la mort de ton mari. Tu n’as pas à t’incomber la faute dans ce cas. »
Ceci étant dit, elle t’avait questionné sur ta nature... En tant que vampire demi-millénaire, tu étais le plus à même de lui expliquer cet état. Néanmoins, tu n’avais pas eu d’infants. Pour la simple et bonne raison que tu te contrôlais assez bien et que tu ne voulais imposer cette nature à qui que ce soit. De ce fait... la jeunesse vampirique était assez éloignée pour toi. Cela remontait à très longtemps... Cela ne t’empêchait pas de lui en parler malgré tout. Toutefois quand vint la fameuse interrogation concernant le soleil... Tu eus un léger pincement au cœur. Tu ne te souvenais plus de la douceur des rayons du soleil... Cette sensation t’était désormais complètement inconnu. La seule chose que tu retenais de cet astre était... la douleur. Un petit soupir s’échappait donc de tes lippes alors que tu lui répondais sincèrement en buvant une gorgée de ton vin.
« A l’époque... le soleil était semblable à un diamant que l’on illumine. La sensation de chaleur était comme une caresse lascive. Malheureusement...je ne connais plus cette sensation. Je vois davantage le soleil comme une braise ardente prête à me réduire en cendres. Voilà des siècles que je n’ai plus vu cet astre. Je suppose que ma description ne sera pas la plus évocatrice pour toi. »
Autant le dire, tu n’avais pas dit ces mots de gaité de cœur. Contrairement à elle, tu avais ce sourire attristé, presque douloureux au visage. Secouant finalement la tête, tu te redressais doucement tandis que tu te servais à nouveau du vin avant de finalement lui indiquer en souriant avec un peu plus de sincérité.
« La lune est la meilleure amie des vampires malgré tout. J’avoue que l’époque où je pouvais profiter du soleil me manque mais je ne regrette pas ce que je suis actuellement. »
Il fallait bien nuancer tes propos afin de démontrer que tu n’étais pas un être malheureux, bien au contraire. Quel genre d’hommes vivrait aussi longtemps en n’éprouvant que de la souffrance pure ? Ce serait une existence des plus déplorables, n’est-ce pas ?
Lui ayant posé la question de comment le soleil était, je n'avais même pas pensé qu'il était un vieux vampire qui ne pouvait se souvenir des bienfaits que pouvait procurer la vue de cet astre. Mais je ne pouvais pas retourner en arrière malheureusement alors je me taisais et l'écoutais en buvant doucement. Un diamant que l'on illumine. Voilà une belle comparaison que j'essayais de faire apparaître dans ma tête, seulement... C'était tout de même assez dur pour moi qui n'avait jamais réellement vu. Ame, lui, pouvait s'en faire une idée et y repenser bien que l'image devait s'atténuer avec le temps comme il le disait. La chance que j'avais était que je pouvais ressentir sa chaleur et profiter de sa luminosité. Deux atouts qui ne me donnait pas envie de devenir vampire mais il y avait d'autres choses qui faisaient que je voudrais l'être. Le fait de pouvoir voir comme tout le monde, vivre pour l'éternité si je me pliais à certaines règles et que je ne faisais pas l'idiote et surtout : jouer du violon toute ma vie, ce qui était un « détail » important à mes yeux... Sans jeu de mots... je vis ensuite son ombre secouer sa tête. Lui avais-je réellement fait du mal ? Je me mordais la lèvre inférieure, ce n'était pas mon but, j'aurais dû y penser avant d'en parler. Toujours tourner sa langue sept fois dans sa bouche comme dirait le dicton. Je baissais la tête.
«Je suis désolée de t'avoir poser cette question...»
Puis il reprends la parole et m'explique indirectement que je n'ai pas besoin de m'excuser pour cette question, je relève donc la tête pour sourire en le regardant. La lune est donc la meilleure amie des vampires ? Oui pas étonnant, Freja... Mais j'avais une autre question pour lui, encore une fois indiscrète.
«Je suis désolée encore une fois mais... Si tu pouvais redevenir un être humain... Quitter ton statut d'être éternel.. Le ferais-tu ? L'éternité ne te lasse-t-elle pas ? Après ta transition... Comment ça c'est passé? Je veux dire... L'as-tu bien vécu?»
Une interrogation qui aurait pu être véritablement douloureuse. Mais avait elle conscience de ce que l’éternité pouvait avoir comme répercussion pour un être qui devait mourir ? Hm... Il fallait le vivre pour le comprendre. Ainsi, il était clair que tu ne pouvais pas lui en vouloir pour cela. L’insouciance était bien différente de l’ignorance... Certes, les deux étaient parentes mais n’avaient guère le même sens. Evidemment, la culpabilité maculait doucement son visage alors qu’elle se rendait vraiment compte du poids des mots. Un peu tard, n’est-ce pas ? Mais son intention n’était pas de te blesser ou même de te rappeler de mauvais souvenirs. Non... Elle désirait simplement s’informer et s’interrogeait sur ce que toi tu ressentais. N’était-ce pas cela que d’être ami avec quelqu’un ? Connaître ses plus belles parures comme ses parts d’ombres ? De ce fait, tu ne pouvais que sourire même si c’était tristement. Ses intentions étaient justes, son cœur demeurait bon... Et après tout, elle avait bien le droit d’en apprendre un peu plus sur toi et tes ressentiments ?
« Ne t’excuses pas, il n’y aucun mal à vouloir en savoir un peu plus sur ce que je ressens. Tu ne pouvais pas deviner que cela m’affecterait à ce point. Même si je fais l’étalage de ma dureté physique...Mais en réalité, je suis plus sensible que je le laisse paraître. »
Riant nerveusement, tu venais à attraper de nouveau la bouteille pour te servir un autre verre alors qu’elle décidait d’en demander un peu plus. Bon, tu avais sa curiosité à satisfaire après tout. Cette époque de ta vie ne fut pas glorieuse mais tu n’avais pas de grandes difficultés à en parler cette fois-ci.
« Non, je pense que je ne parviendrais pas à retourner à ma vie d’avant... Sans doute que l’on s’habitue à l’éternité. Puis une certaine routine s’installe et au final, on s’y habitue et on apprend à vivre de cette façon. Très difficile de s’adapter de nouveau. »
Gloussant doucement, tu venais à réfléchir quelques secondes. Te remémorant cette époque de ta vie alors que tu soufflais légèrement, reprenant une gorgée car il valait mieux t’hydrater pour le suite de la conversation. Ça n’avait rien de joyeux après tout...
« Alors... Le passage d’ange à vampire a été.... difficile. Tout d’abord, j’ai vite compris que le soleil était devenu un poison, j’ai senti mes ailes tomber et surtout... cette soif insatiable. Les cinq premières années furent les plus éprouvantes, je pense... Après l’on finit par apprendre à se gérer. A l’époque... j’ai failli mourir dans un campement, c’est Gerald qui m’a sauvé. C’est lui mon créateur. Beaucoup disent qu’on a une certaine... attache à notre créateur. Beaucoup s’en moquent aussi. Tout est relatif. Pour ma part, je lui vois une reconnaissance éternelle. »
Il était vrai que le grand vampire avait ta dévotion totale et le moindre songe de trahison t’était insupportable. Enfin... il était surement difficile pour une humaine de comprendre cela... Ainsi, tu imageais un peu plus la chose pour qu’elle puisse avoir une idée plus précise.
« Après, je suppose que ça dépend de chacun... C’est semblable à de la piété filiale, est-ce que tu vois où je veux en venir ? »
Ame étant un ami, même le meilleur, j'avais de ce fait envie de le connaître un peu mieux mais si cela devait le faire souffrir, lui faire du mal, ce n'était clairement pas mon but. Je souriais néanmoins à son petit commentaire sur le fait qu'il était plus sensible qu'il ne le laissait transparaître. Je ne pouvais le voir et donc entendre à sa voix qu'il était plutôt sensible. Dommage pour lui...
«Si tu penses que je ne l'avais pas compris... Mon ouïe est bien plus affûtée qu'il n'y parait enfin.. Elle ne vaut pas celle d'un lycan ou celle d'un vampire certes, mais elle est tout de même assez aiguisé pour reconnaître le timbre d'une voix spécifique. Si tu vois ce que je veux dire.»
Je ricanais doucement en me grattant l'arrière du crâne. Je lui posais ensuite une nouvelle question qui ne semblait, cette fois pas lui faire de mal. Pourrait-il redevenir humain ? Renoncer à on éternité ? Et sa réponse fut celle que « j’attendais ». Je m'en doutais légèrement. Je hochais la tête en prenant une dernière gorgée de vin rouge . Je le voyais aussi agiter son verre après la question que je lui avais posé. Après tout, si je voulais devenir un vampire... Ce qui n'était pas totalement prévu de base mais pouvant à présent en parler avec quelqu'un de confiance, je voulais en apprendre plus. Mais j'avais omis une chose : il était un ange avant d'être transformé en vampire. Quel effet cela pouvait faire de sentir ses ailes tomber ? Après tout, je n'était qu'une éveillées, non pas un ange un démon ou une autre créature surnaturelle, bon ok je l'étais légèrement mais qu'importait. Il me parlait ensuite des cinq premières années et, comme je m'en doutais cela n'était pas chose aisée de passer par là et c'est ce qui me faisait réfléchir. Gerald... Ce prénom me disait quelque chose mais je n'en étais pas sûre. En tout cas, j'étais bien heureuse qu'il l'ait sauvé. Même si je ne le dirai pas... Je ne vois pas ce que mon meilleure ami ferait de cette information, enfin, peut être cela le conforterait dans le fait que mon amitié était sincère, seulement en avait-il réellement besoin ? De ce fait nous parlions de la relation qu’il entretenait avec son créateur. Je n'étais pas sûre de bien comprendre comment pouvait-il être à ce point reconnaissant mais lorsqu'il me parla de piété filiale mon regard vide d'expression avait sûrement un drôle d'éclat. J’acquiesçais et pris la parole.
«Je vois exactement où tu veux veux en venir. Et je comprends ta reconnaissance éternelle envers ton créateur. Je le dois à mes parents pour m'avoir éduqué ainsi malgré mon handicap. Ils ont toujours agis au mieux avec moi. Je suppose que Gerald aussi ? D'ailleurs son nom ne m'est pas inconnu... Est-ce normal ?»
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