Les deux semaines d’examens de Janna étaient enfin terminées. Finis le stress et les tracas, et bonjour les vraies vacances ! Il était temps… Bon, cela n’empêchait pas ma fille de se demander chaque jour si elle avait tout réussi. Mais au moins, c’était fait et il ne restait plus qu’à attendre les résultats qui arriveraient début juillet. De toute façon, j’avais confiance en ses capacités. Elle ne m’avait jamais déçu, c’était une élève exemplaire, intelligente, travailleuse, sérieuse. Comme sa mère… Demain, 29 juin, nous fêterions ses quatorze ans. Déjà… Plus les années passaient, moins je les voyais défiler. Afin de la récompenser pour ses efforts, j’avais envie de lui faire plus plaisir que d’habitude en décidant d’inviter ses copines à la maison ce soir. Ce n’était encore jamais arrivé. En vérité, je ne me voyais pas m’occuper d’une bande de gamines qui ne m’appartenaient pas. Mais là, il s’agissait d’adolescentes. C’était plus facilement gérable. Je pensais rester, même si je me voyais mal trainer au milieu de toutes ces filles. Mais Harmony me proposa de laisser Janna et ses copines à la maison, et d’aller camper tous les deux. Au début réticent quand au fait de savoir ma fille et les autres seules, j’avais fini par accepter, plutôt envieux à l’idée d’aller dormir à la belle étoile avec l’ange. Ce soir, c’était pizzas pour tout le monde. Harmony et moi en emporterions une pour le camping. Et demain midi, nous dégusterions les quelques tartes et amuse-gueules maison que la rouquine et moi avions préparé ensemble. Le tout reposait dans le grand frigo du cellier. Un bel investissement fait quelques mois auparavant, pour stocker de la nourriture supplémentaire, de gros plats ou des boissons. De son côté, Harmony se chargeait de préparer un gâteau pour le goûter. Par contre, j’ignorais totalement quel cadeau elle avait choisi pour ma fille. Elle refusait de me le montrer. Pour ma part, je lui avais acheté un nécessaire de nettoyage pour le petit violon qu’elle possédait depuis notre virée au centre commercial.
- Zoey est là !annonça Janna en se précipitant vers la porte d’entrée.
Elle ouvrit et je les entendis se saluer joyeusement.
- Bonsoir, Monsieur Meyer,fit la demoiselle en arrivant dans le séjour, entraînée par ma fille. - Hallo Zoey, bienvenue,répondis-je avec un sourire avenant.
Contrairement aux amies du lycée de Janna, Zoey avait plus tendance à tirer ma fille vers le haut plutôt qu’à la détourner de ses études. Les autres pensaient beaucoup trop à s’amuser, ou aux histoires d’amour. Les lycéennes… Même si je n’appréciais pas particulièrement Madame Pritchard, je pouvais au moins dire que sa fille était tout ce qu’il y avait de plus adorable. Le regard de la brunette tomba sur Harmony qui disposait des serviettes en papier sur la table de la cuisine. Elle la salua poliment, je fis les présentations.
- Alors ? Des nouvelles de tes vœux ?demandai-je ensuite en me rappelant que Janna m’en avait parlé quelques jours auparavant. - Pas encore mais d’après ma prof principale, il y a de fortes chances que j’aie ma place. - J’ai trop hâte,trépigna ma fille, enthousiaste.On ne pourra pas être dans la même classe mais on pourra manger et aller à la bibliothèque ensemble ! - Oui !
J’étais content que Janna et Zoey ne se soient pas perdues de vue après le saut de classe de la blondinette. Los Angeles était une très grande ville, elles auraient pu se consacrer chacune à leurs études et à leurs amis, et se donner de moins en moins de nouvelles au fil du temps. Mais leur amitié était très solide et ça me rassurait. Elles se connaissaient depuis la maternelle. Même si elle ne l’avait pas réalisé à l’époque, Zoey avait été d’un grand soutien à ma fille après la mort de sa mère. A côté de son vieux père dépressif, heureusement que Janna avait eu une amie sur laquelle compter. Quelques minutes plus tard, les autres filles arrivèrent. Elles étaient au nombre de quatre : Grace, Willow, Ivy et Lexie. Une fois les salutations terminées – et les nombreux regards de braise de la part de Lexie à mon attention – Harmony et moi attendîmes que le livreur de pizzas arrive. Nos sacs étaient prêts pour le camping, il ne restait plus qu’à prendre une pizza pour nous, et partir.
- Les bonbons sont pour demain,prévins-je en allant prendre mes clés de voiture.Et n’abuse pas avec les sodas,ajoutai-je à l’adresse de ma fille. - Oui P’pa.
Elle adorait ça mais si elle en buvait trop le soir, elle souffrait d’aigreurs d’estomac. Harmony réceptionna les pizzas qu’elle voulut absolument payer. J’embrassai Janna, lui dis de m’appeler en cas de problème. Et l’ange et moi quittâmes la maison.
- Ҫa me fait trop bizarre…fis-je en fermant la portière de la voiture.
Je démarrai.
- Je l’ai déjà laissée seule mais jamais avec des copines. J’espère qu’elles ne vont pas retourner la maison…
Je pris mon portable et rentrai notre destination dans l’application du GPS. Nous allions camper au milieu d’une forêt dans les montagnes au Nord de Santa Clarita. Nous en aurions pour une bonne heure de route, et presque autant de marche, à mon avis.
Ce week-end était spécial. En effet, c’était l’anniversaire Janna. Après ses examens, elle méritait de bonnes vacances et surtout de fêter un bon anniversaire ! Je voulais qu’elle passe un super bon moment et c’était aussi le souhait de son père, restait à voir comment on allait s’y prendre. Meyer avait pris la décision d’inviter les copines de Janna à la maison et apparemment c’était la première fois que ça allait arriver. Il pensait rester mais je lui avais proposé qu’on les laisse à la maison tranquille et qu’on parte en escapade de notre côté. Au départ réticent, j’avais fini par le convaincre. Pour le coup, même si je ne connaissais pas ses copines, j’avais une grande confiance en Janna et je savais qu’elle avait la tête sur les épaules et que ça allait bien se passer. Même si ses copines voulaient l’influencer d’une quelconque façon, je ne m’inquiétais pas plus que ça. Avec Meyer, on avait préparer des amuses-bouches, quelques tartes salées et sucrées, de quoi avoir du choix pour tout le monde. Peut-être avais-je vu trop grand niveau quantité mais je savais que Meyer était un bon mangeur donc je ne m’inquiétais pas que tout finisse par disparaître. J’avais préparé aussi un bon gâteau d’anniversaire pour le goûter, plutôt crémeux, un fraisier, avec quelques décorations dessus. J’aimais bien cuisiner et faire de la pâtisserie, il faut dire que j’avais eu le temps d’apprendre avec toutes ces années à la maison… J’avais aussi, au cours de la semaine, préparé le cadeau d’anniversaire de Janna. Je voulais quelque chose de fait maison. J’avais mis du coup chaque soir plus de temps à rejoindre Meyer pour que nous puissions nous coucher. Je ne lui avais pas dit un mot sur le cadeau. Une fois fini, je l’avais emballé puis caché sous le lit de Meyer. Comme la chambre d’amis allait servir pour l’anniversaire, je voulais être sûre que Janna ne tombe pas dessus. L’heure que les invités rejoignent la maison arriva et celle en tête de liste était Zoey. J’avais beaucoup entendu parlé d’elle mais je ne l’avais jamais vu. Je préparais la table, disposais les serviettes quand je vis la jeune fille. Je la salue gentiment, avec mon petit sourire angélique et Meyer s’occupe de nous présenter. Alors qu’ils discutaient tous ensembles, je finissais les quelques préparatifs et j’ouvrais aux derniers invités puis il ne restait plus qu’à attendre l’arrivée du livreur de pizza. Quand celui-ci sonna, je viens réceptionner et payer la commande, emportant le tout dans la cuisine. Je récupère une pizza, la préférée de Meyer, m’adaptant à ses goûts, de toute façon je ne mange pas beaucoup donc ce n’est pas un souci pour moi. Il donne les dernières recommandations et nous n’avons plus qu’à nous mettre en route. Je souhaite une bonne soirée aux filles remarquant un regard insistant sur Meyer et un regard un peu plus haineux sur moi d’une des filles. Je ne comprends pas pourquoi, j’espère n’avoir rien fait de mal. Je rejoins la voiture, montant côté passager. On démarre. Meyer me dit que ça lui fait bizarre de la laisser seule avec des copines et il espère qu’elles ne vont pas retourner la maison. Je lui souris comme pour le rassurer.
Ça va aller, Janna a la tête sur les épaules, Zoey aussi on dirait et comme c’est mon idée, si la maison est retournée, je te promets de tout nettoyer et réparer !
Oui, je pourrais au moins faire ça mais j’espère qu’il n’y aura aucun souci de ce côté-là. Je suis assez confiante en vrai. On entame alors notre trajet, discutant un peu de tout et de rien, il me parle des copines de Janna, du soutien que Zoey a été pour sa fille, le fait qu’elles se connaissent depuis longtemps. Quand il me parle de sa période dépressive, je viens poser une petite caresse sur sa main avec un sourire encourageant. Plus je l'entends, plus je le trouve très fort. Il me parle aussi des autres copines, je visualisais mieux qui était qui. Lexie… C’est elle qui m’a regardé bizarrement. Je pose mon index sur ma joue un peu l’air songeur. J’ai beau réfléchir je ne pense pas avoir fait de bêtise.On finit par arriver. Meyer se gare, on récupère nos deux sacs à dos et tout ce dont on avait besoin pour se camping. On commence notre petite marche et je me permets de poser la question à Meyer.
Dis… Lexie… Tu sais si j’ai agi d’une manière qu’il ne fallait pas avec elle ? Quand je leur ai souhaité de passer une bonne soirée j’ai senti son regard haineux sur moi mais j’ai beau réfléchir, je ne sais pas ce que j’ai pu faire pour engendrer ça. J’aimerais savoir pour pouvoir m’excuser.
Je déteste les conflits alors si je peux arranger quelque choses, je le fais.
- Ça va aller, Janna a la tête sur les épaules,assura Harmony.Zoey aussi, on dirait.
Elle avait raison. Ces deux-là étaient les plus jeunes du groupe mais également les plus sages.
- Et comme c’est mon idée, si la maison est retournée, je te promets de tout nettoyer et réparer !
Je lâchai un rire. Il ne fallait pas abuser non plus. Le trajet jusqu’à la lisière de la forêt se fit sans encombre. Comme il était tard, la circulation demeurait assez fluide. L’ange et moi discutâmes de divers sujets. J’évoquai notamment l’importance de Zoey pour Janna, et du fait que j’avais eu beaucoup de mal à gérer ma fille après la disparition de Mary. J’eus droit à une caresse compatissante de la part de la rouquine, et je lui souris pour lui signifier que tout cela était derrière moi depuis longtemps. Je répondis à son geste affectueux en allant poser ma main sur sa cuisse. L’avantage de conduire une voiture avec une boîte auto : je pouvais libérer ma main droite tout en conduisant aisément. Nous échangeâmes aussi à propos des autres amies de Janna. Elles étaient toutes de braves gamines, à première vue. Ma fille m’en parlait toujours en bien, à part quand il s’agissait de se concentrer sur les cours, les révisions et les devoirs. Là, elle préférait travailler seule parce que les autres ne raisonnaient pas comme elle. Apparemment, elle était considérée comme l’intello du groupe. Je ressentais une certaine fierté mais aussi un peu de crainte parce que je n’avais pas envie que les filles profitent de Janna pour rester au niveau. Cette dernière m’avait toujours assuré qu’elle les aidait sans en faire trop. Pour le moment… Arrivés à destination, Harmony et moi mîmes chacun notre sac sur le dos, et entamâmes notre progression vers le cœur de la forêt.
- Dis…fit la demoiselle au bout de dix minutes de marche.Lexie… Tu sais si j’ai agi d’une manière qu’il ne fallait pas avec elle ?
Euh… Non, je n’avais rien vu. Je baissai les yeux sur l’ange, réalisai qu’il faisait sombre et que ce ne devait pas être commode pour elle. J’oubliais qu’elle n’était pas dotée de nyctalopie. Alors je passai mon sac devant moi et fouillai dedans à la recherche d’une lampe torche.
- Quand je leur ai souhaité de passer une bonne soirée, j’ai senti son regard haineux sur moi,expliqua-t-elle.Mais j’ai beau réfléchir, je ne sais pas ce que j’ai pu faire pour engendrer ça. J’aimerais savoir pour pouvoir m’excuser.
Je trouvai la lampe, l’allumai et la lui donnai. Elle me remercia, et c’est à ce moment-là que je fis le lien avec son inquiétude. Je ne pus m’empêcher de ricaner, elle m’accorda un regard interrogateur. Mes yeux d’ambres croisèrent les siens, je pris sa main dans la mienne.
- Tu n’as pas à t’excuser,répondis-je.Tu ne lui as rien fait du tout… à part peut-être la rendre jalouse.
Même si je n’avais jamais connu Harmony, je ne risquais pas de sortir avec une amie de ma fille. En plus, cette Lexie n’était clairement pas mon genre. Trop provocatrice et peu élégante. Et pas majeure, en plus…
- Je vais devoir me méfier,ironisai-je pour taquiner ma compagne.Ce serait dommage de me faire agresser sexuellement par une gamine de quinze ans.
Commençant à marcher tranquillement vers notre lieu de campement, Meyer eu la bonne idée de me prêter une lampe de poche. Il faisait de plus en plus nuit et je voyais de moins en moins bien contrairement à lui qui n’avait aucun souci pour voir dans l’obscurité. Je trouvais ses yeux ambrés toujours aussi magnifiques, les siens ne me faisaient pas peur. Je l’avais remercié et on avait repris le chemin tranquillement. J’en avais profité pour lui poser la question concernant Lexie, à savoir si j’avais fait quelque chose de mal vis-à-vis d’elle sans m’en rendre compte. Meyer me rassura en me disant que je n’avais pas à m’excuser et que je n’avais rien fait à part peut-être la rendre jalouse.
Jalouse ?
Je le regardais, dans une incompréhension complète. Pourquoi est-ce que j'aurais pu attiser sa jalousie ? Ce qu’ajoutz Meyer me fit rapidement comprendre. Alors elle est… Amoureuse de lui ? Mais ce n’est qu’une adolescente et… Et…
Ah non il n’y a que moi qui p…
Peux… ? Je deviens rouge écarlate, mon regard croisant celui de Meyer. Je détourne rapidement les yeux cherchant à me justifier d’une quelconque façon.
N-Non… Enfin je… C’est pas… Mince…
Armée de ma lampe de poche, j’accélère le pas voulant, fuyant en avant, préférant ne pas connaître la réaction de Meyer, l’entendant déjà rire au loin. Quelle idée d’avoir dit ça aussi ! Je continue le chemin comme si de rien n’était jusqu’à ce qu’on rejoigne une belle étendue d’herbe et un petit lac. Il n’y avait personne et c’était assez reculé. De plus on fait bien marché alors peut-être que c’est l’endroit que Constantine visait ?
Oh ? On est arrivé ? Regarde il y a même un lac ! On pourrait s’y bai… Ah non… On n’a pas nos maillots… Oh c’est trop dommage, en plus il fait encore vachement bon ! Ou alors… En sous-vêtement ?
Dis-je d’une voix presque inaudible. Mon regard se posant sur Meyer avant de se détourner, rougissant encore. Non mais il n’a pas dû m’entendre c’est bon…
Elle se tut, devint rouge comme une tomate. Elle évita mon regard alors que je faisais tout pour garder mon sérieux.
- N… Non… Enfin je… C’est pas… Mince…bafouilla-t-elle, dans tous ses états.
Elle préféra fuir en accélérant le pas. Je ne pus me retenir plus longtemps et éclatai de rire. Mais je ne fis aucun commentaire. Elle était assez embarrassée comme ça, pas besoin d’en rajouter. Je la rattrapai rapidement et nous arrivâmes bientôt au beau milieu d’une jolie clairière. Derrière une rangée d’arbres, j’aperçus une étendue d’eau. Mon ouïe m’indiqua la chute d’une cascade plus loin.
- Oh ? On est arrivés ?s’enquit Harmony en balayant les lieux avec le faisceau lumineux de la lampe torche.Regarde, il y a même un lac ! On pourrait s’y bai… Ah non… On n’a pas nos maillots…réalisa-t-elle soudain.Oh, c’est trop dommage, en plus, il fait encore vachement bon ! Ou alors… En sous-vêtement ?fit-elle d’une voix de moins en moins audible.
J’eus un sourire en coin, me retins de dire une bêtise qui aurait pu encore la perturber. A la place, je glissai ma main dans la sienne et l’entraînai à ma suite. Un minuscule sentier nous permettait d’atteindre le point d’eau. Quand nous arrivâmes juste devant le rebord, je tournai la tête à gauche et vis la fameuse cascade. Elle n’était pas très grande mais le débit d’eau demeurait assez puissant pour cacher la roche qui se trouvait derrière. Ce coin me paraissait assez sympa pour y passer la nuit. Mais il fallait nous éloigner de l’eau pour éviter l’invasion de moustiques. Cette fois, les températures étaient assez douces pour les attirer.
- Viens, on va s’installer.
J’emmenai Harmony quelques pas en arrière, à la lisière des arbres qui nous séparaient du point d’eau. Ici, nous serions assez loin des nids à moustiques, et pas trop exposés non plus. Nous déposâmes nos sacs. Tandis que l’ange ramassait quelques branchettes, je m’occupais de dénicher de grosses pierres pour délimiter notre futur feu de camp. Une fois le tout rassemblé, je fis un cercle avec les cailloux et montrai à Harmony comment entasser les branches. Je lui fis essayer le kit pierre à feu. Armée de patience et pleine de volonté, elle parvint à allumer les premières brindilles au bout de quelques essais. Je n’intervins à aucun moment, préférant la laisser faire seule. Et elle s’était très bien débrouillée. Un bisou de récompense plus tard, nous dégustions notre pizza, assis côte à côte en tailleur, à la lumière du feu et sous les étoiles scintillantes. La lune aux trois quarts pleine jetait quelques rayons au milieu de la clairière, donnant l’impression d’éclairer une scène au milieu de laquelle un spectacle imaginaire commencerait bientôt. A la fin du repas, je regardai mon téléphone au cas où Janna m’ait contacté. Rien. Pas de nouvelle, bonne nouvelle, comme on disait. Je rangeai le téléphone et me levai.
- Je ne sais pas toi mais moi, un petit bain me tente bien,dis-je en écho à ses paroles lors de notre arrivée.On a qu’à y aller en sous-vêtements.
J’approchai de la demoiselle qui s’était mise debout, et murmurai à son oreille :
- Il paraît que tu as acheté de la jolie lingerie, l’autre jour. Tu ne veux pas me montrer ?
En ricanant, je déposai un baiser sur sa tempe devenue aussi cramoisie que le reste de son visage, et m’éloignai vers le point d’eau. Je retirai mes vêtements, ne gardant que mon boxer, et les laissai tomber quelque part dans l’herbe. Je n’attendis pas que la rouquine arrive pour entrer directement dans l’eau. Elle était fraîche mais une fois dedans, il y faisait bon vivre.
Ne voulant faire face à ma bourde, j’avais accéléré le pas. Meyer ne dit rien mais je l'entend éclater de rire. Mon dieu,il faut que je tienne ma langue et que je réfléchisse avant de parler au lieu de réagir aussi spontanément. J’avais continué le chemin jusqu'à arriver à une clairière, il y avait même un point d’eau un peu plus loin. J’étais juste triste que l’on n’ai pas pensé à prendre nos maillots de bain, j’avais évoqué à moi-même l’idée d’y aller en sous-vêtement mais je m’étais retenue de le proposer à Meyer. Heureusement, il semblerait qu’il ne m’ait pas entendu. Meyer me prend la main et je le suis sur le sentier menant au point d’eau, il y avait aussi une cascade. C’était joli ! Je restais à contempler ce que la nature nous offrait. Constantine me stoppa dans cette contemplation proposant de s’installer. J’acquiesce en hochant la tête et je suis Meyer. On dépose nos sacs et je suis missionnée pour aller ramasser quelques branchettes. Tâche facile que j'exécute haut la main. Je viens les ramener et les entasser comme il me l’a montré. Il me fit essayer le kit pierre à feu, ce n’était pas évident mais avec de la patience et de la bonne volonté je finis par y arriver.
Oh ! J’ai réussi !
Dis-je tout sourire alors que j’ai droit à un bisou de récompense. Je lui souris tendrement. Il était temps d’attaquer la pizza. Assis en tailleur, nous nous régalons. Et cette fois, pas de manoir obscure comme décoration. Le cadre était magnifique, la lumière de la lune et des étoiles sur la clairière donnait un spectacle magnifique. Encore une fois, je découvrais les joies du camping. J’adorais ça ! A la fin du repas, Meyer évoque son envie d’aller se baigner. Ah ? Lui aussi ? Il ajoute que l’on peut y aller en sous-vêtement. Est-ce qu’il m’a entendu tout à l’heure ? Est-ce que l’idée vient de lui ? Aucune idée. Il s’approche de mon oreille pour venir y murmurer quelque chose. Je l’écoute attentivement alors qu’il relève que j’ai acheté de la jolie lingerie la dernière fois et qu’il aimerait bien que je lui montre. Je deviens rouge écarlate alors qu’il vient déposer un baiser sur ma tempe. J’entre-ouvre les lèvres pour dire quelque chose mais il a déjà filé pour rejoindre le point d’eau, de déshabiller et rejoindre l’eau. Et moi ? Je reste plantée sur place quelques instants. Bon, allez Harmony, la lingerie c’est presque comme un maillot de bain… Plus en dentelle, légèrement moins couvrant avec un peu de transparence. Et puis, il m’a déjà vu en sous-vêtements… En plus pour le coup j’avais bien mis un des nouveaux ensembles achetés lors de notre virée shopping, la bleue ciel, la favorite de Janna. Bon allez jette toi à l’eau. Je me rapproche alors du point d’eau, là où se trouvent les vêtements de Meyer. Je me déshabille à mon tour, posant mes vêtements aux côtés des siens puis timidement, les joues toujours rougies, je me rapproche du point d’eau.
Je… Je suis là…
Je me laisse alors glisser dans l’eau, celle-ci n’était pas très profonde, elle m’arrivait au niveau du nombril. Je rejoins doucement Meyer. Lui… Dans ce petit cadre Idyllique, je ne pouvais m’empêcher de me dire qu’il était vraiment charmant et qu’il me faisait complètement craquer. Sa bouille à croquer, ses yeux émeraudes, sa voix… Sa carrure… Tout, tout me faisait craquer chez lui. Je le fixais silencieusement, un doux sourire sur les lèvre, un sourire quelque peu niais mais amoureux, les yeux légèrement brillants à sa contemplation. Puis, me rendant compte que je le fixais depuis un moment déjà, je détourne le regard avec un léger rire. Je l’avais observé telle une œuvre d’art. Je lui tourne carrément le dos me disant qu’il faut que je fasse attention à ce que je fais et qu’il ne faut pas fixer les gens aussi intensément. Je relevais alors les yeux vers la lune et les étoiles. Je ne sais qui l’a mis sur mon chemin mais je le remercie de tout mon cœur.
Le niveau m’arrivait au milieu des cuisses. J’avançai, le terrain descendit peu à peu, jusqu’à ce que je fusse immergé jusqu’à la taille. L’écoulement de la cascade avait un effet apaisant. Posant mes mains à plat sur la surface de l’eau, je fermai les yeux un moment, ne me concentrant que sur mon ouïe afin de profiter de tous les bruits de la nature. Du glissement de l’eau sur la roche au chant des grillons dans les hautes herbes, en passant par le hululement d’une chouette au loin et le crissement des insectes dans les feuilles sur la berge. J’entendis le battement d’ailes d’une envolée de chauves-souris, et quelque chose remuer dans les arbres. Peut-être un écureuil ou des oiseaux. J’inspirai, captai la terre et les pierres humides, l’odeur des algues et celle, plus délicate, de mûres sauvages. Je rouvris les yeux, imprégné de mon environnement et complètement détendu. Le bruit mat des pas d’Harmony sur l’herbe me parvint alors, en même temps que son parfum floral et sucré. Je ne bougeai pas, restant volontairement le dos tourné à la demoiselle que j’entendis se déshabiller.
- Je… Je suis là…fit-elle d’une petite voix indécise.
Elle entra dans l’eau, lentement. Je préférai éviter de l’intimider davantage et ne pas me retourner. Je l’entendis avancer, vis les ondulations passer tout autour de moi au fur et à mesure qu’elle se rapprochait. Un long silence s’installa entre nous, que chacun sembla apprécier et craindre de briser. Puis un rire. Discret, léger, frissonnant. Cette fois, je ne pus m’empêcher de me retourner. L’ange se tenait non loin et regardait vers le ciel. Elle portait un ensemble bleu clair, celui que Janna avait positivement commenté lors des essais en cabine. Effectivement, non seulement il était joli mais il lui allait tellement bien… Je la rejoignis, glissai ma main au creux de ses reins, l’autre sur sa joue, et l’attirai à moi. Mes lèvres fondirent aussitôt sur les siennes. J’en avais trop envie. J’avais envie de tant de choses avec elle… Et sa réponse à mon baiser ne manqua pas de les accroître. A travers ce délicieux échange, je fis tout pour lui transmettre tout ce que je ressentais pour elle. Ses doigts passèrent dans mes cheveux, me firent un tel effet que j’en tremblais de tout mon corps. J’étais si happé par la chaleur du sien, de son souffle et le parfum de sa peau, que plus rien n’avait d’importance autour de nous. Mon cœur battait si fort qu’il me faisait presque mal. Tout ce à quoi je pensais, c’était à Harmony et à ce qu’elle me procurait, entre amour et passion, ferveur, fébrilité, désir… L’ardeur qu’elle mettait dans ses gestes, dans sa façon de se serrer contre moi, dans le baiser qui devenait de plus en plus vif… Tout cela accentuait grandement ma volonté de lui montrer qu’elle faisait désormais partie de ma vie, et que je n’avais pas l’intention de l’en chasser. Quand nous prîmes le temps de faire une pause et nous regarder, mes iris dorés scrutèrent les siens, dans lesquels je me plongeai, tout en caressant le bout de ses cheveux dans son dos. Je me demandais pourquoi j’avais hésité à laisser ma fille seule avec ses copines, alors qu’ici, en compagnie de l’ange, je vivais quelque chose d’absolument divin. Je l’embrassai de nouveau, incapable de quitter plus longtemps ses douces lèvres et leur saveur attirante. J’avais tant besoin de ressentir son corps contre le mien que je ressentais l’absence de sa chaleur dès que nous nous détachions juste un peu. Nos gestes nous faisaient nous déplacer lentement dans l’eau. Derrière Harmony, un rocher dépassait de la surface, près de la cascade. Son dos finit par le rencontrer mais nous ne cessâmes jamais de nous embrasser. Nous n’arrivions pas à nous séparer, comme aimantés l’un à l’autre. Je me penchai davantage sur ma compagne qui finit à demi allongée sur le rocher. Elle m’attira par la nuque pour mélanger nos souffles encore et encore. Je savais que je devais calmer ma fougue, éviter de la brusquer parce qu’elle était inexpérimentée. Pourtant, je ne pus m’empêcher de laisser ma main descendre le long de sa hanche jusqu’à sa cuisse, et rapprocher mon bassin du sien. Je craignais qu’elle me repousse, je n’avais vraiment pas envie d’aller trop vite pour elle. Et en même temps, j’aurais compris si elle l’avait fait.
Dans l’eau, contemplant la lune, je n’avais pas osé me rapprocher plus de Meyer ni briser ce silence qui était parsemé de petits bruissements de la nature. Finalement, c’est lui qui se rapproche de moi et m’attira à lui. Relevant la tête vers son visage, un doux sourire sur les lèvres, je reçois les siennes qui m’avaient manqué. Je savais qu’une fois réunies, il serait difficile de les séparer. Je le désire tellement que je répondis vivement à ses baisers tout en venant caresser ses cheveux, caresser sa tête, le caresser lui. Plus on s’embrassait et plus je me collais à lui, entendant presque les battements de son cœur. Le miens devait battre tout aussi fort et il battait pour lui. Mes mains viennent se mettre à plat sur son torse le caressant doucement. La moindre seconde de répit dans nos baisers était une torture. Ses lèvres se séparant des miennes, mon regard se plongeant dans le sien, c’est comme si je le suppliais de venir m’embrasser encore et encore. Il revient poser ses lèvres contre les miennes, j’ai envie de les goûter encore et encore tant elles sont délicieuses. Je me laissais entraîner dans l’eau, ne faisant plus attention à ce qu’il se passait autour de nous. Il n’y avait que lui et moi, le reste n’avait plus aucune importance. Mon dos finit par rencontrer quelque chose, sûrement un rocher mais je m’en fiche, ce n’est pas une raison suffisante pour arrêter nos baisers. Meyer se penche sur moi et je me retrouve peu à peu à moitié allongée sur le rocher. Mes mains viennent s’égarer dans sa nuque pour le rapprocher encore de moi. Les joues rougies par le désir, je venais mordiller légèrement sa lèvre inférieure. C’est la passion qui parlait. Sa main vient se glisser le long de ma hanche jusqu’à ma cuisse et je frissonne légèrement. Son bassin contre le miens, je viens relever légèrement mes jambes pour venir les enrouler autour de son bassin. J’étais sûre de ne pas tomber ainsi et je ne voulais plus qu’il s’éloigne, je voulais sentir encore et encore la chaleur se son corps contre le mien. Je sens mon cœur battre à mille à l’heure. Nos lèvres s’éloignent une nouvelle fois, je plonge mon regard dans le sien, les joues rougies. Ma main vient se poser sur sa joue pour la caresser. Je lui souris tendrement.
Tu me rends complètement folle… Embrasse-moi encore… Mon amour…
Dis-je en me redressant légèrement pour chercher encore ses lèvres. Je ne contrôlais plus mes paroles ni mes mots, ça sortait tout seul, je ressentais le besoin de lui exprimer mes sentiments, ces mêmes sentiments et cette fougue en moi que je n’arrive pas à calmer. Je n’avais jamais ressenti ça avant, ça fait déjà deux fois que Meyer me met dans cette état indescriptible. J’avais l’impression d’être complètement folle. Si l’amour rend fou alors je veux bien l’être.
Toutefois, je constatai avec surprise et soulagement qu’il n’en fut rien. Bien au contraire ! Harmony paraissait vibrer de plaisir et s’efforçait de se coller un peu plus à moi, comme si elle avait peur que je m’envole. Cela ne manqua pas d’augmenter mon plaisir, de me faire réaliser que l’ange était réellement la bonne personne, celle avec qui je voulais recommencer une vie de couple stable. J’espérais profondément vivre quelque chose de fort avec Harmony. Et ça commençait par cette soirée que je ne voulais jamais voir se terminer. Un frisson me parcourut quand elle me mordilla la lèvre inférieure, et je sentis comme un courant électrique traverser le bas de mon ventre quand elle entoura mon bassin avec ses jambes pour s’accrocher à moi. C’était… déjà trop pour mon pauvre cœur et mon corps tout entier. Je me sentais tellement brûlant, je me demandais si je n’étais pas en train de réchauffer l’eau autour de nous. Nous finîmes par éloigner nos visages l’un de l’autre. La main fraîche de la rouquine caressa ma joue, et nous échangeâmes un sourire rempli d’amour.
- Tu me rends complètement folle…murmura-t-elle, les joues rouges.Embrasse-moi encore… Mon amour…
Elle se redressa légèrement, je passai ma main dans son dos, sentis sous mes doigts les traces qu’avait laissé la surface rugueuse du rocher sur sa peau.
- Komm*,soufflai-je avant de déposer mes lèvres sur les siennes, un peu plus franchement, mais toujours avec toute la délicatesse dont j’étais capable.
Puis je la soulevai dans mes bras, et je nous fis sortir de l’eau. En quelques pas, nous retournâmes au campement. Je déposai Harmony sur le sac de couchage que j’avais déplié tout à l’heure, et fondis sur elle, mon corps au-dessus du sien. Elle répondit au baiser, d’abord timidement puis, peu à peu, plus vertement. Ses doigts s’accrochèrent à mes épaules. Nouvelle décharge électrique. Ma main glissa dans son dos cambré sur lequel j’exerçai une légèrement pression, désireux de la rapprocher de moi, n’éloignant ma bouche de la sienne que par intermittences, le temps d’être mieux placé pour profiter pleinement de ce baiser si enivrant.
Je ne suis pas sûre de comprendre tout ce que je ressens ni même tout ce qu’il se passe, la seule chose que je sais c’est que je veux être auprès de cet homme, que je l’aime, j’en suis tombée éperdument amoureuse et pour rien au monde je voudrais le quitter. Je me redressais légèrement et je sentis la main de Constantine dans mon dos. Venir ? Ou ? Quoi faire ? Il déposa un autre baiser sur mes lèvres avant de me soulever dans ses bras. Mes bras entourant son cou, mes jambes entourant son bassin, je me laisse porter, comme transportée par la chaleur de son corps. On rejoint notre campement, il me dépose sur le sac de couchage. A peine ai-je voulu me redresser que Meyer fondit sur moi, son corps encore une fois au-dessus du mien. Il revient m’embrasser et j’y réponds timidement, sentant mon cœur battre encore plus fort dans ma poitrine, comme si c’était possible. Mes mains passent derrière son dos pour venir agripper ses épaules alors que sa main se faufile dans mon dos cambré. Mes jambes reviennent s’enrouler autour de son bassin, je ne veux surtout pas qu’il s’éloigne, je veux juste resserrer notre étreinte. Il recula alors son visage du mien mais je ne lui laisse pas de répit, revenant chercher ses lèvres, déposant de nouveau les miennes sur les siennes. Mes mains passent derrière sa tête pour rapprocher son visage du mien. Son bassin vient se coller complètement au mien, mon souffle se fit cours j'entrouvre la bouche sur le coup et c’est là que sa langue vient rencontrer la mienne, sur le coup j’ouvre de grands yeux surprise avant de les refermer pour savourer ce baiser que je ne connaissais pas. Je mêle ma langue à la sienne dans une danse sensuelle, répondant à cette nouvelle initiative. Ma langue ne quitte plus la sienne, le baiser devenant plus fougueux pour le plaisir de l’un comme de l’autre. Mais il y avait quelque chose d’étrange, je sentis quelque chose de dur entre mes jambes. Une branche ? Quelque chose ?
A-Attends…
Dis-je entre deux baisers alors que ma main vient se glisser entre nos deux bassins à la recherche de cette chose dure et quelque peu gênante. Ma main saisit délicatement le fruit de ma recherche, le palpant en constatant que ça n’avait pas l’air d’être une branche.… Un boxer ? Celui de Meyer… Je deviens rouge pivoine, relâchant alors ce que j’avais saisi dans ma main quelques secondes plus tôt et mettant mes mains devant mes yeux comme pour me cacher..
Ex… Excuse-moi je croyais que c’était autre chose...
Je retire mes mains de devant mes yeux et je viens déposer ma main sur sa joue, rapprochant de nouveau mes lèvres des siennes, le regard légèrement inquiet.
Tremblant de tout mon corps, je restai un moment allongé près d’elle, le temps de me remettre de mes émotions, et de retrouver la force de me lever. Je nous trouvai des vêtements propres dans les sacs, et nous nous habillâmes. Nous n’avions pas pris la peine d’alimenter le feu depuis que nous avions rejoint la cascade hier soir. Mais peu importait, nous n’en avions pas eu besoin, au final. En parlant de cascade, j’allai récupérer les habits que nous avions laissé sur la berge.
Nous remballâmes ensuite toutes les affaires et prîmes le chemin du retour. Main dans la main, nous parcourûmes la forêt qui s’éveillait doucement, et que le soleil venait peu à peu éclairer de ses premiers rayons dorés. Arrivés à la voiture, nous décidâmes de ne pas rentrer à la maison tout de suite. Il était encore tôt. D’après le message de bonne nuit envoyé par Janna hier soir, ses copines et elle s’étaient couchées après minuit. Donc elles devaient encore dormir. J’emmenai Harmony prendre un petit déjeuner à la terrasse d’un café dont la vue donnait sur le Castaic Lake. Ensuite, nous retournâmes à Santa Clarita et fîmes quelques boutiques, dans la simple idée de passer le temps. Ma compagne fut presque littéralement kidnappée par une bande de petites filles dans une aire de jeux, parce que, d’après elles, l’ange ressemblait à Ariel de la Petite Sirène. Incapable de me retenir de rire, le karma se retourna contre moi quand un type déguisé en ours me sauta dessus en quête de « free hug ». Apparemment très attiré par mon physique, je dus le menacer de déposer plainte pour agression s’il n’arrêtait pas de me tripoter les fesses.
- Je me suis retenu de lui mettre mon poing dans la gueule, j’voulais pas de problème,fis-je sous les rires d’Harmony tandis que nous retournions à la voiture.
Je lui pinçai la joue pour me venger de son hilarité, ne pus m’empêcher de rire aussi, malgré tout. Nous rentrâmes à la maison peu avant dix heures. Janna était levée, Zoey également. Elles prenaient leur petit déjeuner à la cuisine. Les quatre autres dormaient encore, rassemblées dans la chambre d’amis.
Un regard, quelques paroles et Constantine me comprit et ne se laissa pas prier pour répondre à ma demande. Une nouvelle union charnelle, un nouveau moment de plaisir, aussi beau que la veille. J’étais de nouveau comblée par mon amoureux. Nous prenions chacun autant de plaisir que l’autre. Meyer se montrait un peu plus brusque mais je n’eu aucun mal à accueillir ses mouvements, à l’accueillir lui. Cette danse sensuelle continua jusqu’à ce que chacun atteigne ce pic de plaisir… Je n’avais pu retenir mon plaisir mais Meyer vient vite me faire taire en m’embrassant et je réponds à chacun de ses baisers. Ce fut encore une fois exquis…
Tremblant légèrement, on reste l’un à côté de l'autre, le temps de se remettre de ce petit moment intime. Il finit par se lever pour nous trouver des vêtements dans les sacs. À moitié couverte du sac de couchage, je m’en sers pour cacher ma nudité. Nous nous étions unis mais il ne m’avait pas encore vue nue. C’était peut-être bizarre mais c’est comme ça que ça avait été fait. J’en profite d’autant plus quand il a le dos tourné et qu’il va récupérer nos vêtements laissés par terre à côté de la cascade. Nous rangeons alors les affaires puis on part en direction de la voiture. La marche matinale, main dans la main, est agréable, la température n' est ni trop élevée, ni trop froide et les rayons du soleil à travers les feuillages offrent une jolie lumière.. Une fois à la voiture, on dépose nos affaires dans la voiture. Au lieu de rejoindre la maison, on prend un petit déjeuner en extérieur à la terrasse d’un café. Je n’avais jamais essayé ça, c’était très sympa et on s’était régalés. On enchaîne ensuite avec un peu de shopping mais sans que je m’y attende, alors que l’on passe à côté d’une aire de jeu, je suis happée par des petites filles qui me prennent pour la petite sirène. Meyer rigolait aux éclats alors que j’était harcelée de question, qu’elles touchaient mes cheveux et me demandaient de me transformer en sirène. Meyer ne fit plus le malin quand ce fut un ours qui s’approcha de lui et qui avait les mains particulièrement baladeuses. Je n'ai pu m’empêcher de rire à mon tour. Il me dit qu’il s’est retenu de le frapper et ensuite il me pince la joue.
Maiiis ça fait mal ! Et puis t’avais qu’à pas te moquer de moi ! Mais je retiens l’idée du costume si un jour on fait un carnaval ou une fête costumée.
Dis-je en rigolant. On rejoint la voiture et on prend la route de la maison. Une fois sur place, on croise Janna et Zoey qui prennent leur petit déjeuner et nous salut.
Bonjour les filles. J’espère que votre soirée s’est bien passée.
Je leur souris et je viens déposer un petit bisou sur le haut de la tête de Janna. Celle-ci nous demanda si le camping s’était bien passé ce à quoi Meyer répondit par l’affirmative. Je le regarde, remettant une mèche de cheveux derrière l’oreille et rougissant légèrement avec un petit sourire sur les lèvres. Meyer leur dit que l’on va à la douche puis il prend ma main et m’emmène dans sa chambre. Arrivée dans celle-ci, je prends une petite robe d’été, la bleue avec le dos nu que Meyer m’avait incité à essayer alors que j’avais hésité.
Je suis prête, je me dépêche promis.
Je file alors à la douche, sans verrouiller la porte, il sait très bien que j’y suis et il n’y a pas de souci là-dessus. Je me déshabille et mets mes vêtements dans la panière à linge salle puis je file sous la douche, commençant à faire couler l’eau sur mon corps. Je suis dos à la porte, face au mur.
Chacun se choisit des vêtements : j’optai pour un jean bleu foncé et un polo fin blanc tandis que la demoiselle prenait la robe dos nu que je lui avais conseillé d’essayer au centre commercial.
- Je suis prête,dit-elle en filant à la salle d’eau.
Je lui emboîtai naturellement le pas.
- Je me dépêche, promis.
Je faillis prendre la porte en pleine figure. Elle venait de la fermer derrière elle. Ah. Apparemment, elle n’avait pas l’intention de me laisser faire la douche avec elle. Ou n’y avait-elle pas pensé… Sur le coup, je ne sus comment réagir. La rejoindre ou la laisser tranquille ? J’avais bien envie d’aller échanger quelques baisers avec elle sous le jet d’eau… Bon, au pire, elle me repousserait, ce ne serait pas bien grave. Elle découvrait à peine la vie de couple, elle ne pouvait pas tout faire ni tout accepter d’un coup, je le comprenais. Quand j’entendis l’eau couler, j’entrai. La rouquine me tournait le dos, debout dans la douche. Son corps… je n’en avais pas vu grand-chose, au final, lors de nos ébats dans la forêt. J’en avais désormais une vue d’ensemble absolument parfaite. Je restai planté au milieu de la pièce comme un idiot, complètement abasourdi. Puis je secouai la tête, me déshabillai et entrai dans la douche. Elle eut un sursaut quand mes mains allèrent se poser sur ses hanches, et glisser jusqu’à son ventre.
- Ce n’est que moi,dis-je en déposant un baiser sur le haut de son crâne.Tu m’invites ?
Après toute cette aventure dans la forêt, sous la cascade, dans les bras de Meyer, cette douche était bien méritée. Laissant l’eau couler sur mon corps, je fermais les yeux, profitant du filet d’eau chaude. Je repensais à tout ce qu’il s’était passé et j’avais la sensation d’avoir des papillons dans le ventre. Meyer me faisait découvrir la vie dans tous ses recoins possibles et imaginables. Je découvrais l’aventure, l’amour, la vie de couple et même la vie de famille mais d’un autre point de vue et d’une autre façon. Peu importe ce que le futur nous réservait, il avait déjà fait tant de choses pour moi. Je lui devais beaucoup et je sentais que ce n’était pas fi…ni ?
Je sursaute en sentant des mains passer sur mes hanches, Constantine me rassura vivement, me disant que c’était lui. Je ne m’attendais pas du tout à ce qu’il débarque ici et j’étais tellement plongée dans mes pensées que je ne l’avais pas entendu entrer. Si je l’invite ? Mais… Mais… Je vire au rouge écarlate étant complètement nue et donc absolument pas en position de force mais en même temps… Je n’ai pas du tout envie qu’il parte. Venant comme me cacher avec mes bras, je lui offre une réponse toute timide.
O-Oui…
J’inspire profondément, il faut que je reprenne mon calme. Je sens mon cœur battre à mille à l’heure. Pourtant on a fait pire hier et ce matin, non ?
C’est… C’est ça que tu entendais par on ? Ex-Excuse moi, je… N’avais pas compris…
Franchement, il devait penser que je suis trop naïve et il a raison mais je n’avais pas du tout imaginé qu’il viendrait me rejoindre ici. En tout cas, je reste toujours de dos, n’osant pas lui faire face telle Eve face à Adam. Mes mains viennent finalement se poser sur celles de Meyer.
Et… Ne dis pas que ce n’est que toi… Alors que tu es tout pour moi…
Je viens caresser ses mains tendrement.
Et… C’est peut-être idiot mais je n’ose pas me retourner, j’ai… Peur que tu me vois nue alors que mon corps est à toi.. Je… Je suis toute à toi…
Tête baissée, je ne savais même pas si mes paroles avaient un sens pour lui mais c’est ce que je ressentais.
Je vis ses oreilles devenir aussi écarlates que ses cheveux.
- O… Oui…répondit-elle en venant cependant croiser ses bras sur sa poitrine pour la cacher.
J’eus un sourire attendri face à ce geste. Elle était beaucoup trop mignonne.
- C’est… C’est ça que tu entendais par « on » ?demanda-t-elle, gênée.Ex… Excuse-moi, je… n’avais pas compris…
Je l’avais bien vu mais ce n’était pas grave. Ses mains rejoignirent les miennes sur son ventre, et elle reprit la parole.
- Et… ne dis pas que ce n’est que toi… Alors que tu es tout pour moi…
Mon cœur fit un petit bond.
- Et… C’est peut-être idiot mais je n’ose pas me retourner, j’ai… peur que tu me vois nue alors que mon corps est à toi. Je… Je suis toute à toi…
Je l’embrassai une nouvelle fois sur la tête et restai ainsi, les lèvres dans ses cheveux, humant son parfum qui me plaisait tant.
- Ce n’est pas idiot,la rassurai-je.C’est même… normal. C’est moi qui devrais m’excuser, en fait. J’aurais dû te demander avant de m’imposer.
Je la mettais face au fait accompli. J’avais agi de manière un peu égoïste…
- Je dois admettre que je n’ai pas pu résister,continuai-je en me collant contre elle pour l’enlacer.J’ai ma réponse, maintenant,ajoutai-je d'un ton plus léger.Le corps d’une ange… ça vaut vraiment le détour.
Je repris mon sérieux.
- Mais, sincèrement, si tu veux que je te laisse prendre ta douche tranquille, je sors. Je ne t’en voudrai pas.
Elle avait parfaitement le droit de me chasser d'ici.
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