Le temps passe vite. Le quotidien prend vite le pas sur notre vie et de façon des plus perfides dictant nos journées sans pitié. Chaque jour, on fait à peu près la même chose. On se lève pour aller travailler, on travaille, on rentre, on se couche pour pouvoir se réveiller pour aller travailler et ainsi de suite. Je ne suis pas rentré dans les détails comme le fait de se nourrir, faire ses courses, se détendre, se laver et tout ce qui va avec dans une vie classique. En fait le problème ce n’est pas de faire tout cela. Le problème, c’est un jour de regarder le calendrier et se dire qu’on est déjà à cette date-là ? Et se dire que le temps, il ne nous attend pas, il trace sa route en nous faisant un doigt bien haut sachant qu’on ne le rattrapera jamais. Bon, je n’avais pas vraiment à me plaindre. Mon travail d’inspecteur se passait assez bien, ainsi que celui de milicien pour l’ordre. Je n’étais pas gravement hospitalisé, c’est déjà pas mal. J’avais droit à des visites de contrôle à la suite d’altercation avec des suspects et quelque échange de politesses à coups de matraque. J’ai envie de dire, une journée normale dans le meilleur des mondes.

Les jours et les semaines passèrent depuis la dernière fois que j’avais vu Keira chez elle. Je me suis retrouvé surpris à penser à elle dans mes temps libres, dans les situations délicates et mes visites à l’hôpital. Elle était souvent là dans mon esprit, me faisant ressentir un léger pincement de cœur par moments. J’étais intrigué par la présence de Keira dans mon esprit et les réactions qu’elle pouvait faire émotionnellement parlant. Mais le plus extraordinaire, c’était ce moment précis qui hantait mes pensées ainsi que mon sommeil. Ce baiser qu’elle m’offrit suite à une réconciliation après m'être comporté de façon des plus impolies envers cette louve. Je m’en réveillais la nuit le cœur battant. Bon sang ! Je me demandais parfois si je n’étais pas tombé malade. Il m’arrivait quand j’étais au calme de regarder par la fenêtre et de rester là, plongé dans mes pensées, me demandant ce qu’il m’arrivait. Keira, Keira, Keira… Que m’as-tu fait ? Pourquoi es-tu si présent dans ma tête ? Pourquoi en suis-je perplexe et intrigué ? J’essayais d’occuper mon esprit par le travail, de me renseigner ce qui se passait dans ma belle Russie et par des sorties avec des collègues ou seuls, profitant de la météo en cette saison. J’arrivais, par moments, à ne plus penser à elle, il ne fallait pas grand-chose pour que son visage, sa voix et sa façon d’être refassent surface. Il ne fallait pas sortir de Saint Petersburg University pour savoir que je m’étais beaucoup attaché à elle. Je me demande même si je ne m’étais pas rapproché d’elle un peu trop.

En-tout-cas, après pas mal de missions, d’enquête et des heures supplémentaires à plus savoir quoi en faire. J’étais enfin en repos pour quelques jours. Un repos que j’ai pu programmer en avance. En fait, ce n’était pas vraiment une surprise que Keira était présente dans ma tête. Depuis notre dernière rencontre, nous avons gardé le contact de façon plutôt régulière. Que ça soit les appels téléphoniques, les SMS et MMS et les visioconférences par tréphone ou ordinateur. On se voyait sans réellement se voir. Ces communications à distance manquaient un peu de contacts réels, mais je préférais avoir ce manque que de ne pas du tout la voir. Mon Dieu… Qu’est-ce qui m’arrive ? Pourquoi je pense ainsi ? Il faut que je me reprenne en main. Mais étrangement, je n’étais pas sûr de ma méthode. Car oui, quand je savais à quel moment, j’allais être en repos, j’invitais Keira à me rejoindre en ce jour du 15 juin 2036 à Venice Beach dans la matinée si ça allait pour elle. Elle n’avait pas pu me confirmer tout de suite, car j’avais demandé un peu en avance et elle devait voir par rapport à son travail et on n’en avait pas spécialement reparlé de mon invitation.

En-tout-cas, j’étais là. À Venice Beach appuyée sur un muré longeant la plage faisant la séparation entre la plage et le trottoir de la rue goudronné. J’observais la plage, les vagues, le bruit ambiant entre le chant des mouettes et le bruit des passants. J’étais habillé en mode touriste. J’avais sur ma tête un chapeau de paille puis une chemise Hawaiienne suivit d’un bermuda et pour finir avec les pieds, une paire de sandales de randonnée pouvant aller dans l’eau. On pouvait dire que je n’étais pas le même homme, du moins en apparence. Il était très rare de me voir en mode vacances même pendant les vacances. J’avais garé ma voiture sur le parking de la plage laissant un sac avec des affaires de plages et de rechange dans le coffre. J’attendais de voir si elle allait venir et pour une raison inconnue, j’espérais sincèrement qu’elle allait venir...

Vous savez, je suis une personne habituée aux basses températures, à la nature sauvage que ça soit dans les montagnes, sur les plaines ou la toundra alors que la plage et la chaleur, c’est une tout autre histoire. Mais pourtant, j’ai appris à apprécier la plage et la chaleur, même si ma résistance aux grosses chaleurs est plutôt limitée comparée à ma résistance au froid, mais passons.


La plage, l’océan, l’air marin ainsi que le mistral, cet ensemble si familier pour les habitants des côtes, reste pour moi un décor appréciable. En fait, ce décor naturel qui avait tendance à m’apaiser. Je pourrais marches des heures sur la plage en regardant l’océan et ses vagues qui se transforment en rouleau avec de s’écraser contre la plage de sable fin. Cette odeur salée occupant l’air ou plutôt le mistral qui, quand il souffle, pouvait faire entendre de sifflement dans l’air, agiter l’étendue d’eau et nous pousser dans un sens et dans l’autre. Le bruit des vagues, du vent et des mouettes donnant vie à ce paysage qui peut détendre et apaiser les gens quand les beaux jours sont là où apporter la peur et l’angoisse quand la mère nature se déchaîne rendant toute sortie en mer dangereuse.

Oui, l’océan pouvait autant faire du bien que de mal. On pourrait dire que ça dépend de son humeur. Mais aujourd’hui, mère nature se montre des plus doux et désagréable. La météo était chaude pour la saison, mais un léger mistral était présent pour nous empêcher de mourir de chaud. Le ciel était dégagé, les mouettes faisaient entendre leur présence. L’océan était d’un bleu transparent et d’un calme à peine perturbé par de petites vagues disparaissant contre le sable fin de la plage. Le fond de l’air était rafraîchissant, il y avait cette odeur d’air salé typique des régions près des océans. Le tumulte des occupants des lieux et des touristes était supportable. Oui, c’était une bonne journée qui s’annonçait. Mais malgré ces conditions des plus agréables, je ne sais pas pourquoi j’avais l’impression qui manquait quelque chose. Vous savez, ce petit truc, ce petit détail, mais qui fait la différence. Oui, il me manquait quelque chose, pour ne pas dire quelqu’un pour rendre cet endroit splendide en merveilleusement inoubliable.

Oui, mes pensées allaient encore pour Keira. Je me demandais si elle avait pu se libérer et si elle viendrait me rejoindre ici. Je ne sais pas depuis quand j’observais l’océan, le dos adossé au muré, les bras croisés à l’air pensif. Je m’interrogeais si je devais essayer de l’appeler maintenant ou pas ? Si je voulais rester dans l’inconnu pour sa venue. Cette situation me rendait mitigé. J’étais partagé entre l’espoir qu’elle vienne et le désespoir de ne pas pouvoir la voir. L’inconnu et l’incertitude du futur. Lorsque le désir de vouloir quelque chose ne dépend pas de nous, mais de l’autre, nous laissant sans aucun contrôle ou chance de faire quelque chose. C’est une situation qui pouvait se montrer désagréable, il est vrai.

Je pouvais mettre fin à tout ça en prenant tout simplement mon portable et appeler Keira pour savoir ce qui en ait. Je pouvais oui, mais pour une raison inconnue, je préférais attendre de voir tout en observant la plage, les vagues et les passants. Je savais me montrer patient. Alors que mes pensées s’envolèrent au gré des vagues, une voix me sortis de mes pensées. Une voix bien particulière, car je la connaissais bien. Une voix qui me fit sourire et qui comprima doucement mon cœur. Je sentis un sentiment de joie se répandre doucement dans mon cœur, oui, une grande satisfaction m'envahie juste en sachant qu’elle a pu être là. Je me tournais doucement vers cette voix pour apercevoir Keira un peu plus loin. Je levais ma main pour la saluer chaleureusement et lui montrer que je l’avais entendue et vue.

Keira s’approcha de moi avec un grand sourire et je ne peux pas sourire à mon tour. Elle me fit face et me dit qu’elle a pu se libérer pour une semaine de vacances et qu’elle avait donc du temps libre pour qu’on puisse se voir un petit peu. Je la regardais dans les yeux avant de lui prendre doucement sa main et je la caressais doucement avec le pouce avant de lui dire avec plaisir :

- Ma Chère Keira, quel plaisir de te voir, je commençais à me demander si tu allais venir ou pas. Quand je regardais ce magnifique paysage, je me disais qu’il manquait un petit quelque chose pour que ça devienne un endroit inoubliable et maintenant que tu es là, je peux dire, qu’il ne manque plus rien.

Je lui souris tendrement après ma déclaration et déposais un petit baiser sur le dos de sa main. Je relevais vers les yeux vers elle :


- Dire que pendant notre petit moment sans pouvoir se voir, tu ne m’avais pas manqué, ça serait mentir. Je suis très content que tu sois là, Keira.

Je lui lâchais doucement sa main. J’avais un grand plaisir de la voir ici avec moi et en plus, elle avait une semaine de vacances, tout comme moi, ce qui nous permettait d’avoir du temps devant nous pour savourer nos retrouvailles sans avoir le stresse de la montre en main à surveiller chaque heure qui passe, se disant qu’après il fallait se dire au revoir pour une prochaine fois. Là, nous avions plus de temps devant nous. Je repris la parole satisfaite :

- Je suis content pour toi que tu es pu avoir une semaine de vacances Keira. Tu les as et de très loin mérités de les avoir. Je dois dire qu’il est de même pour moi, j’ai eu droit à une semaine moi aussi. Nous avons donc tout le temps devant nous pour profiter de nos retrouvailles après un mois que nous n’avons pas pu se voir l’un en face de l’autre. Donc si tu le souhaites, nous avons bien plus que cette journée devant nous pour se voir et ça serait un grand plaisir pour moi de partager mes vacances avec toi, il va de soi.  

Je lui souris tendrement et je finis par remarquer qu’elle avait un sac de voyage avec elle. Elle avait emmené quelques affaires, elle avait, je suppose, l’attention de rester dans le coin pour ses vacances. Je m’approchais donc un peu plus d’elle avant de lui prendre doucement son sac, pendant la manœuvre, nos mains s’effleurèrent délicatement. Une fois son sac de voyage entre mes mains :

- J’ai ma voiture garée pas loin. Permets-moi de mettre ton sac dans mon coffre et allons trouver une terrasse pour prendre quelque rafraîchissement et voir ce que nous allons manger pour midi, qu’en penses-tu ?

Oui, car il fallait savoir qu’il était 11 h passées. La matinée allait bientôt se terminer. Les restaurants et bars commençaient doucement à se remplir. Nous avions tout l’après-midi devant nous encore et d’autres jours, je l’espère. Je l’invitais à me suivre jusqu’à ma voiture où j’ouvris le coffre faisant apparaître un sac donc je déposais celui de Keira à côté. En voyant ça, je me mis à rire doucement :

- Il faut croire, que nous avions eu tous les deux la même idée.

Effectivement, nous avions chacun préparer un sac avec nos affaires dans l’optique que nous n’allions pas forcément rentrer chez soi ce soir et pouvons être même les prochains jours. Je fermais par la suite le coffre. Voilà qui était fait. Nous allions pouvoir passer à la suite de la journée tranquillement. Je posais mon regard sur Keira chaleureusement avant de lui demander :

- Si tout est bon pour toi, on va pouvoir y aller si tu le veux bien.

Mes paroles et mes gestes étaient calmes, doux et délicats. C’était une belle journée à la plage, la météo était des plus agréables et j’étais en charmante compagnie. Que du bonheur, comme dirait certain. Je lui souris doucement prêt à marcher à ses côtés dans une quelconque direction.

Les retrouvailles, c’est toujours un moment spécial. C’est souvent la conclusion d’une attente qui se faisait petit à petit long. Une envie qui se réalise. Un objectif qui a pu être atteint. Il est vrai que quand vous attendez quelque chose et que vous savez que c’est à telle date que vous allez l’avoir. Plus vous approchez du jour J, plus l’impatience prend sa place, les derniers jours sont terribles. Et encore, dans mon cas, j’avais le jour, mais je n’avais aucune certitude que Keira allait venir. À ce moment-là, je n’avais pas de l’impatience, mais de l’espoir qui est un tout autre sentiment et resentit. Mais par la grâce du hasard, de la vie, de la chance, du destin ou du bon Dieu, mes espoirs se réalisèrent et Keira fit son apparition. Ces retrouvailles étaient aussi un moyen de savoir ce qu’on ressentait pour l’autre, connaître à quel point nous sommes attachés à la personne. Et ce que j’ai pu voir, c’est que nous partagions le même ressentie. Nous avions chacun notre façon de s’exprimer et de partager nos pensées ainsi que nos ressentis. Il ne faut pas se fier aux grandes paroles ou aux discours. Ce n’est pas le nombre des mots qui est important, mais leur profondeur. Il faut savoir lire entre les lignes ou percevoir ce qui n’est pas directement dit. La communication est importante, mais la compréhension l’est autant.

Je ne pouvais que sourire doucement aux réactions de Keira ainsi qu’à ses paroles. Il était agréable de savoir que nous partagions le même désir de passer du temps ensemble en cette occasion de vacances communes. Elle m’expliqua que quand elle était en vacances, elle aimait changer d’air pour se couper de son travail et de ce qu’il pouvait lui faire penser. Elle s’était lancée un peu à l’aventure pour cette fois-ci. Elle savait ce qu’elle voulait faire, mais pas forcément comment. Une petite remarque qui me fit sourire et me sentir étrangement bien. Elle dit qu’avec moi, elle arriverait sûrement à se couper de son travail et de son quotidien. C’était touchant. Cette sensibilité que je n’avais pas d’origine était venue avec la rencontre de cette chère Keira Alexanderson. Le pourquoi du comment ? Je ne saurais dire. Mais cette rencontre m’a permis de me montrer moins fermé à l’extérieur et de changer mon jugement contre les surnaturels. Elle me fit douter du fait que tous les surnaturels ne sont pas une menace ni un ennemi de l’humanité et de la société. Elle me permit de me remettre en question et de faire d’autre rencontre dont un certain Meyer, lui aussi un lycan. La différence était que Keira était une lycane dû à une transformation non voulue que Meyer fût de naissance. Enfin bref, tout ça pour dire que si je n’avais pas rencontré Keira avant je ne sais pas si j’avais pu bien m’entendre avec lui. Peut-être que je me laissais un peu trop m’attendrir par cette lycane, mais elle était si gentille et attentionnée. Je ne voyais pas en elle une menace ou un opportuniste ou manipulatrice. C’était une brave femme qui devait vivre avec une transformation imprévue et non voulut et qui, malgré ça, faisait de son mieux au travail et avec ses collègues et son entourage. Je ne pouvais qu’avoir de la compassion pour elle et plus. J’étais intrigué par notre rencontre et attachement qui suivit. Je ne parle pas de la satisfaction et du plaisir de la voir et passer du temps avec elle.

En-tout-cas, alors que je réfléchissais à certaines choses, je la sentis me prendre la main pour aller chercher de quoi manger. On pouvait dire qu’elle était motivée. Elle garda sa main dans la sienne jusqu’à un restaurant de fruits de mer et glacier. Vu où nous nous trouvons, il était plutôt bien choisi ce restaurant. Autant profité d’un restaurant à la spécialité locale. Elle me demanda mon avis pour son choix du restaurant et si j’étais satisfait, elle allait prendre une place en terrasse dans un coin où nous pourrions profiter du midi sans être embêté. Je n’ai pas eu le temps de donner mon avis, qu’elle constata qu’elle me tenait la main depuis la voiture. Je pouvais voir dans sa façon de réagir qu’elle ne s’était pas rendu compte pour la main. Je souris doucement et je regardais le restaurant :

- Voyons voir… Pour ma part, cela m’a l’air d’être un excellent choix. Et vu que c’est toi que tu as choisi, je suis sûr de ne pas être déçu. J’ai toute confiance en tes choix.

Je souris avant de me tourner vers elle. Je la regardais dans les yeux et lui prit une de ses mains et je la caressais doucement pour la rassurer :

- Tu n’as pas à t’excuser pour sa Keira. Je dois avouer que j’ai apprécié le moment. Pour preuve, ai-je retiré ma main ? Ne te prends pas la tête et profitons de nos vacances tranquillement. Et allons voir ce que ce restaurant a à nous proposer.

Je lui parlais gentiment et calmement avec un petit sourire. Il est vrai que j’étais surpris par le fait qu’elle m’ait pris la main. Mais vous savez, je n’ai pas eu l’idée de retirer ma main à ce moment-là. Au contraire, je l’avais légèrement serré pour ne pas la perdre. C’était un moment simple, doux et apaisant. Je voulais montrer à Keira qu’elle pouvait se détendre avec moi. Inutile de se prendre la tête, juste profiter du moment présent, profiter des vacances.

Je reconnaissais bien cette chère Keira. Sensible aux compliments et une image d’elle-même pas toujours des plus positives. Mais je la voyais de bonne humeur et c’était agréable de voir ça. Elle n’avait pas eu et elle n’a pas la vie facile. Elle devait gérer son travail qui prenait énormément de son temps et qui demandait beaucoup de préparation et d’entraînement. Et on pouvait rajouter à cela sa nouvelle vie de lycan qui pouvait se montrer des plus désagréables avec ses transformations impromptues. Mais malgré tout ça, elle était là, ravissante et joyeuse. Ça faisait plaisir de voir. Je pourrais presque dire que sa joie du moment était contagieuse. Il est vrai qu’elle avait du mal à exprimer ses ressentis, ce qui était plutôt ironique pour une femme qui travaillait dans le milieu de l’art et du spectacle et qui devait faire face à des centaines ou milliers d’inconnus dans ses présentations. D’un côté, je pouvais comprendre cela. Je pense qu’une partie des personnes dans le monde à ses deux faces, une face au travail et une face en dehors. J’avoue que j’en faisais partie. Je ne suis pas aussi détendu et tendre avec les personnes au travail. Après réflexion, je ne le suis pas en général ainsi. Je peux me montrer amical en effet, mais être comme je suis avec Keira, on peut dire que c’était de l’exceptionnel. Je me suis déjà posé la question du pourquoi du comment de ce comportement exceptionnel envers elle. On pouvait y mettre plein d’hypothèses, mais je ne suis pas de nature à chercher à compliquer. Ma conclusion de cette réflexion est que, pour une raison des plus intrigants, elle avait su attirer mon attention et ma curiosité pour elle et touché du bout des doigts mon cœur. Je ressentais pour elle de la compassion dans ses malheurs et du plaisir de la voir souriante et joyeuse. Il ne servait à rien de se mentir, je me suis attaché à elle. Il y avait un début, mais solide lien avec elle, ce qui expliquait cette satisfaction d’être là, pendant mes vacances, en sa compagnie.

Je ne pus que sourire à sa remarque sur sa capacité à prendre des choix. Elle avait peut-être ses raisons de penser ainsi, mais pour moi, je n’en voyais pas. Du moins, je ne la connaissais pas suffisamment bien pour un avais tranché sur la question. Mais qui sait, avec un peu de temps et à force de garder le contact, je pourrais apporter ma réponse sur le sujet.

Alors que j’essayais de la rassurer pour qu’elle ne s’inquiète pas sur le fait de m’avoir pris la main. Elle me donna une réponse qui laissait à libre interprétation. Elle me serra la main et nous entrâmes dans le restaurant où elle demanda à un serveur une place en terrasse un peu à l’écart pour la tranquillité. Nous avions de la chance à priori, car il n’y en avait pas beaucoup de place comme tel, mais une s'était libéré juste avant notre arrivée. Le serveur nous accompagna à notre table. Nous nous y sommes installées et on commença, chacun, à regarder le menu que le serveur nous avait mis à notre disposition. Je parcourrais le menu lentement pour ne pas rater les différents choix me faisant face. Je finis par faire le choix de prendre des toasts de saumon fumé avec Boursin en apéro accompagné d’un verre de vin blanc sec et pour le repas, des palourdes dans son bouillon de légumes accompagné de petites tranches de bœuf avec sa salade et pour terminer, ça sera un Colonel comme dessert. Je déposais le menu et regardais les environs qu’offrait notre terrasse. Je me sentis observé et je tournais mon regard vers Keira qui me sourit tendrement avant de prendre la parole pour prendre des nouvelles de ce qui s’était passé depuis notre dernière rencontre et était aussi notre première. Il m’expliqua que de son côté, c’était de la folie et qu’elle avait bien mérité son repos. Je n’en doutais pas une seconde.

Elle fit une courte pause avant de reprendre avec un petit sourire en coin pour dire qu’elle n’avait pas à se plaindre en comparaison avec mon métier. Je souris à cette remarque en riant discrètement. Alors que la conversation continua, je remarquais que son petit sourire finit par être remplacé par un visage légèrement inquiet. J’étais un peu inquiet sur le coup, mais je compris assez vite l’origine de ce changement. Elle me partagea son inquiétude à mon sujet par rapport à mon métier. Elle s’inquiétait pour ma santé pour ne pas dire ma survie. Pourquoi ? Pourquoi suis-je autant touché par son inquiétude pour ma personne. Cela me touchait profondément. J’ai été agréablement surpris, mais aussi un peu déranger par cette attention qu’elle me portait sur ma santé à cause de mon travail. Je pense qu’elle avait déjà beaucoup à faire qu’en plus de s’inquiéter pour moi. J’observais doucement Keira dans les yeux. Je m’adossais dans la chaise. Je pris quelques secondes de réflexion avant de lui sourire chaleureusement :

- Ma Chère Keira. Je suis très touché par ton inquiétude à mon sujet. Mais tu n’as aucune raison de l’être. Tu sais, on travaille en équipe. Je suis entraîné par mon passé de militaire et mon travail de policier actuellement. Je suis conscient du danger et donc, je fais très attention. Je suis un professionnel dans mon domaine tout comme toi.

Je ris doucement à mon commentaire, mais aussi pour détendre un peu l’atmosphère suite à mes mots d’avant qui ne pouvait qu’être à moitié rassurant. Je me frottais doucement mes mains en les regardant. Cela ne dura même pas trois secondes avant que je ne reprenne la parole en remontant mon regard vers celui de Keira légèrement souriante :

- Tu sais Keira. Tu as dit avant comme quoi tu n’avais pas à te plaindre comparé à moi par rapport au travail. Je ne suis pas de cet avis ma chère. Permets-moi de t’expliquer mon point de vue. Vois-tu, dans mon travail, nous sommes bien conscients du danger possible que ça soit pendant les patrouilles, les contrôles, les arrestations ou les interventions. Nous sommes donc informés et former à faire face au danger, comment agir, mais aussi à gérer le stresse et la tension que cela peut se produire sans oublier les suivis psychologiques en cas de besoin. Je suis bien encadré, formé et suivi dans mon travail.

Je m’arrêtais un instant à nouveau. Je la regardais dans les yeux en souriant gentiment. Je lui exposais ma vision de mon travail. Ce n’était pas un secret d’État et peut-être que je lui avais appris certaines choses sur mon travail pouvant la rassurer. Je me frottais le menton et je regardais sur le côté avant de reprendre la parole calmement :

- Quand j’ai fini ma journée, je peux passer à autre chose et je n’emmène pas de travail à la maison, du moins en général.

Je soupirais doucement et je regardais de l’autre côté en regardant la plage un instant avant de tourner mon visage dans la direction de Keira et repris de plus belle :

-Je dirais qu’il est aussi dangereux, mais le danger n’est pas le même… Tu es dans le spectacle et dans l’art. C’est un travail qui demande beaucoup de passion et de préparation. Tu dois préparer ton esprit, ton cœur, ta mémoire et ton corps pour chacun de tes spectacles. Tu dois apprendre, t’entraîner, t’exercer avant tes présentations et tout donner le jour de la présentation. Tu mets à rude épreuve ton corps et ton esprit. C’est un travail qui peut engendrer beaucoup de fatigue et de stress que tu n’es pas forcément consciente comparé à moi. Donc, pour ma part, je fais face à des dangers connus et visibles que toi, le danger est plus discret pour ne pas dire perfide, mais qui n’enlève en rien leur danger pour ta santé. Tout ça pour dire, qu’il ne faut pas se fier aux apparences, on pourrait être bien surpris.

Je lui souris doucement avant de regarder dans la direction de l’intérieur du restaurant pour voir au loin notre serveur revenir avec notre entrée. Je pense que cette journée sera des plus agréables avec son lot de surprises et d’imprévu. Nous allions pouvoir commencer à goûter ce que ce restaurant.

Nous partagions nos avis sur la question de la dangerosité de notre travail respectif. Il est vrai que comparer deux activités qui ne sont pas dans le même domaine peut se montrer légèrement casse-tête. Mais dans notre cas, le sujet pouvait être fait, car c’était sur la répercussion négative possible de notre travail sur notre santé. Il y avait à dire sur nos deux métiers. J’avais mis en avant certains points-clés de mon métier comme le travail d’équipe, l’entraînement, les formations ainsi que le professionnalisme qui faisait que le danger était présent, mais que nous étions préparés à faire face et à nous en sortir. À cela, Keira répondit qu’il était de même de son côté. Effectivement, il était vrai, que dire de plus ? Rien. En-tout-cas, elle conclut son argumentation en me tirant la langue. Je ne pouvais que rire à ce geste de sa part. C’était rafraîchissant de voir cela. Pas de prise de tête, pas de stress, que Keira et moi autour d’une table en terrasse dans un restaurant à côté d’une plage. Parlant de restaurant, voici que notre serveur fit son apparition avec notre apéro avant de revenir avec notre entrée. Une fois notre commande posée à notre table et que le serveur s’était retiré, Keira reprit la parole. Elle m’expliqua que c'était si simple pour elle de monter sur scène, elle n’était plus la même personne une fois sous le feu des projecteurs. Sa remarque, qui suivit, me fit sourire et je ne pus m’empêcher de rire discrètement. En effet, elle disait qu’elle pourrait se mettre nue devant ses spectateurs, elle ne ressentirait ni peur et ni crainte. J’étais étonné de découvrir cette Keira du spectacle qui semblait être une tout autre personne, comme l'avait remarqué Keira elle-même. Elle dit comme quoi que ce soit peut-être difficile à la croire en voyant la Keira que j’avais sous les yeux et il est vrai que je m’interrogeais sur ce second Keira sans peur ni crainte.

Elle rit à sa question qu’elle avait posée avant de souhaiter le bon appétit. Je lui souhaitais à mon tour avant de goûter mon plat qui fut surprenant bon. Comme quoi, un plat plutôt classique pouvait surprendre. Il n’y a pas besoin que ça soit perfectionné pour être bon. À ce que j’ai pu constater en observant Keira, elle appréciait son plat aussi et c’était tellement mieux. Je profitais pour goûter le vin blanc et je ne fus pas déçu. Les saveurs se mélangeaient bien ce qui rendait ce moment fort sympathique et savoir que tout le monde était satisfait ne faisait que renforcer le côté agréable du moment.

Alors que nous mangions avec plaisir notre commande, Keira reprit la parole pour me dire de faire attention malgré notre conversation précédente, car rien n’était infaillible et qu’elle n’apprécierait pas que je vienne à disparaître du jour au lendemain. Quelle charmante femme. Je voyais que ça lui travaillait malgré mon argumentation. Je souris doucement et en réponse, je m’avançais un peu en avant et je déposais doucement, sur sa main de libre, tendrement la mienne et le caressais avec mon pouce avant de retirer ma main. Le geste était doux et rapide. Quelquefois, un geste peut se montrer aussi efficace que des mots pour rassurer. Cette Keira me touchait avec cette attention à mon égard. Je ressentais un mélange de plaisir et de tristesse. Je ne voulais pas qu’elle se rajoute cette inquiétude en plus des autres qu’elle avait déjà portés. Enfin, j’allais devoir la rassurer d’une façon ou d’une autre pour qu’elle n’y pense pas trop à cette éventualité qui était tout à fait possible hélas.

La pauvre Keira. Elle avait peur d’avoir un peu refroidi l’atmosphère avec ses inquiétudes. Elle coupa court à la déclaration de ses inquiétudes en nous invitons à ne pas penser négativement et au contraire de profiter de nos vacances. Elle proposa la suite du programme par une baignade, car elle était plutôt motivée par l’idée.

Tout au long de notre dégustation de notre entrée, je regardais amicalement Keira. Je profitais pour admirer ses yeux et ce bleu azur qui me faisait de drôles d’effets. Ce n’était pas désagréable, mais c’était étrangement agréable. Je pris le temps de finir mon verre de vin avant de poser mon regard dans le sien et de dire souriant :

- C’est une excellente idée et choix pour la suite après notre repas. Tu vois, pour le moment, je n’ai pas à me méfier de tes choix.

Je ris doucement et je m’essuyais ma bouche avec la serviette. Je venais finir mon premier plat. Je fus rapidement suivi par Keira. Il était marrant de voir comme quoi notre relation amicale pouvait être mouvementée par notre attachement qui nous pousse à nous inquiéter pour l’un et l’autre et puis partager notre plaisir et notre joie par la suite. On ne pouvait pas dire qu’il n’y avait pas d’émotion dans notre entente. Est-ce étrange ? Je ne saurais dire, en tout cas que ça soit dans nos conversations sérieuses ou décontracter, j’appréciais nos moments même si ça pouvait être intense en émotion avec cette charmante louve. Jusqu’à maintenant, nous avons toujours su faire face à ces moments compliqués. Nous avions déjà quelques péripéties, mais à la place de nous éloigner, cela nous a plutôt rapprochés.

Nous discutions un peu de tout. Un peu du travail, de certaines de nos expériences bonnes comme mauvaises qui nous étaient impressionnantes maintenant, mais qu’aujourd’hui, on en rit. Le serveur fit ses allers-retours entre apporter nos plats et de les ramener jusqu’au dessert. Nous parlions librement, bien que j’eusse le talent de la gêner par moments quand je parlais d’elle en bien. Je pouvais voir ses joues devenir rouges et son regard éviter le mien sans oublier ses difficultés à trouver ses mots, je crois même qu’elle me bouda quelques secondes. En-tout-cas, notre moment dans ce restaurant, se passa bien. On évitait de parler de sujets sensibles ou trop personnels. Nous avions apprécié le repas et ce moment autour de cette table. Après notre dessert, nous nous sommes dirigés vers la caisse pour féliciter le serveur pour les plats et la qualité du service. Au moment de passer à la caisse, j’insistais pour offrir le repas à Keira qui me fit de la résistance. Ce geste de ma part était plus un acte de bonne conduite et aussi un plaisir d’offrir à mon invité le repas. Keira me disait qu’elle avait les moyens et moi, je disais que c’était un geste de politesse. Enfin bref, ce ne fut pas simple, mais je réussis à nous payer le restaurant. Bon sang, elle était têtue la miss.

Nous quittions le restaurant et nous marchions le long de la plage un petit moment avant de s’arrêter et de trouver un coin où il y avait un peu moins de monde où nous pouvions nous installer sur la plage sans marcher sur les uns sur les autres et pouvoir se jeter à l’eau sans se prendre un autre nageur. Je trouvais un coin où enlever mes sandales, ma chemise, mon bermuda ainsi que mon chapeau pour me retrouver en short de bain et m’étirant de tout mon long :

- Je pense que le coin est plutôt sympa et propice à une baignade ma chère. Qu’en penses-tu Keira ?

Je me tournais doucement en souriant vers elle. Je posais mes mains sur chaque côté de ma hanche en attendant une réponse de la part de Keira. L’ambiance était festive, il y avait une bonne ambiance générale autour de nous. Il y avait ce petit côté vacances d’été, mais avant l’été. C’était agréable.

Bon, nous avons trouvé un coin qui fera l’affaire pour notre première baignade. Je m’étais mis en tenue adéquate pour l’occasion et en premier. Lorsque j’avais demandé l’avis de Keira sur le coin, elle acquiesça d’un signe de la tête avant de regarder autour d’elle admirant le paysage. C’est vrai que le décor donnait envie de le regarder. On pourrait rester là à admirer le décor. En fait, c’était l’ensemble du paysage qui donnait autant envie d’admirer que de se jeter à l’eau et profiter de la fraîcheur de l’océan. En fait, beaucoup de sens étaient en éveil. La vue par le décor, l’odorat par l’odeur salé de l’océan, l’ouï par le bruit des vagues, des baigneurs ainsi que des mouettes, et le toucher par les rayons du soleil caressant la peau, le mistral soufflant agréablement. Il manquait le goût, mais qui a été bien stimulé par le restaurant. En-tout-cas, c’était un coin sympa.

J’admirais notre environnement et pris une grande respiration pour remplir mes poumons d’air et soufflais profondément. C’était un moment très agréable. J’entendis ma chère Keira me remercier pour le restaurant, je souris doucement et en regardant devant moi, je dis :

- Oh, ce n’est rien voyons, c’était un plaisir ma chère.

Après lui avoir répondu, je tournais mon regard vers elle avec un petit sourire en coin. Elle finissait de se déshabiller et là ! Je fus comme frappé. J’étais comme figé, mon regard admirant un autre élément de décor surpassant tout ce que mère nature pouvait nous offrir en ce lieu. Keira portant un sublime et élaboré maillot de bain de couleur rouge. Le rouge… Ma couleur préférée. Mes pensées se focalisèrent sur Keira et sa tenue. En fait le style du maillot de bain, la couleur et bien sûr la personne qui la portée. J’étais admiratif comme ça lui allait bien et comme cette tenue mettait en valeur le charme du corps de Keira… J’adore le rouge. Mais quelque chose me sortit de mon admiration de Keira et de son maillot de bain. Elle me lança un défi des plus classiques dans ce genre de lieu. Une course avec un gage. Le dernier à l’eau devait un massage à l’autre. Je la regardais dans les yeux, un peu pris au dépourvu. Elle me tira à l’eau avant de filer vers l’océan. Je m’exclamais :

- Oh bon sang !

Et je partis à mon tour avec deux secondes de retard. Courir dans le sable ce n’est pas le plus simple. Je la coursais de prés la louve ! Je ne sais pas si ce sont mes deux secondes de retard qui m’empêchaient de la rattraper ou le manque de force ou l’accumulation des deux. J’avais ma petite fierté personnelle qui me disait de foncer ! Pour la victoire ! Mais je n’y arrivais pas ! C’était frustrant de voir que je n’y arriverais pas et là ! Elle fit un bond dans l’eau et m’éclaboussant au passage. Elle était complétement dans l’eau et elle ressortit la tête de l’eau avant de demander si elle avait gagné. J’étais à l’arrêt. L’eau m’arrivait à la moitié des mollets. Je la regardais, mes mains posées sur mes hanches et je ris doucement et baissant légèrement la tête et secouant doucement de droite à gauche. C’était une façon à moi de reconnaître ma défaite. Je relevais mon regard vers elle avec un petit sourire moqueur :

- Eh ben, à mon grand regret ou pas, tu es la grande gagnante de cette course. Je te dois donc un massage à priori.

Déjà que j’avais perdu, je me suis permis de lui envoyer une petite pique discrète sur le fait si j’appréciais ou pas le fait de devoir lui faire un massage. Je finis par rentrer dans l’eau en marchant avant de me lancer dans l’eau à mon tour et à nager sous l’eau avant de refaire surface juste derrière. Je ris doucement et je fis la planche sur le dos en fermant les yeux :

- Je dois avouer Keira que ce maillot te va à ravir. Tu rendrais jaloux l’océan par ta beauté ma chère.

Je souris doucement à mon, commentaire qui était sincèrement pensé. Je ne sais pas pourquoi mon instinct de survie me disait que c’était un peu risqué d’être ainsi allongé dans l’eau les yeux fermés. Disons que j’étais vulnérable si une personne proche avait de mauvaises intentions à mon égard. Dans tous les cas, ce moment était des plus agréables et ce n’était que le début.

Sacré Keira avec sa course et sa victoire. Un défi des plus bancales. Quel genre d’humain aurait accepté de faire une course avec une lycane ? Ben moi à priori. Je dois avouer d’avoir réagi au tac au tac. Je n’avais pas réfléchi plus que ça, à part qu’il fallait que je gagne, pour mon honneur, mais pas pour la patrie cette fois-ci, juste pour moi. Enfin, le résultat n’était pas surprenant après réflexion, mais ce n’était pas une excuse pour se laisser aller, dans d’autres circonstances, j’aurais pu gagner, du moins, je suppose. Je ne pouvais pas m’empêcher de sourire et d'un peu rire de voir son enthousiasme pour cette victoire. J’ai pu constater que ma petite taquinerie la fit réagir. Elle m’en demanda même si j’étais sûr de cela. Ah la la la… Elle me fit comprendre que j’étais condamné à lui faire un massage un jour et qu’elle avait une bonne mémoire donc elle n’oubliera pas ce service que je lui devais. Bien sûr, tout cela était dans une ambiance bon enfant. On s’amusait et ce n’était qu’un massage après tout, on ne risquait pas grand-chose.

Je reconnaissais bien la Keira de la dernière fois. Toujours aussi sensible au compliment. Pourtant, ce n’est pas le but recherché. Lorsqu’on veut relever quelque chose de bien ou de jolie d’une personne, on lui dit pour qu’elle le sache, c’est fait naturellement. Je trouvais touchante cette réaction de Keira, même si je pense qu’elle devait et doit recevoir énormément de compliment des autres dans son métier. En-tout-cas, elle m’en remercia.

Pour la suite, ce n’était pas vraiment une surprise. Je me savais à la merci de n’importe qui et le fait que cette louve en profite ne m’étonna pas. À vrai dire, ce n’était pas la première fois qu’elle me faisait la remarque qu’elle n’appréciait pas vraiment de perdre ses moyens devant les autres et suite à mon compliment sur sa beauté et son petit remerciement me faisait penser que j’ai dû la mettre mal à l’aise d’où son attaque à ma rencontre. Elle me bondit dessus ce qui me fit me retrouver sous l’eau au complet. Heureusement que j’ai eu le temps de prendre ma respiration avant d’être submergé. Bon sang, je l’avais senti s’approcher, mais elle avait agi si vite que je n’ai pas eu le temps de réagir. C’est fou comme l’océan, c’est salé en fait.

Je finis par refaire surface et je soufflais par le nez pour faire sortir l’eau et je glissais mes mains dans mes cheveux pour enlever le surplus d’eau pour éviter que ça ne coule dans les yeux. Je repris ma respiration et je me tournais vers Keira. Elle me présentait son dos et elle tourna sa tête dans ma direction pour m’expliquer le pourquoi du comment de son geste avant de finir avec un tirage de langue. Ah voilà ! Donc j’avais raison que mon dernier compliment l’avait un peu perturbé et elle espérait que son action allait m’en dissuader de le refaire.

Elle se tenait en face de moi, me tournant le dos. Je ris doucement et je me frottais le visage. Avec un petit sourire en coin, je m’approchais doucement d’elle :

- Ma Chère Keira, je m’en excuse de t’avoir fait perdre tes moyens, mais …

Je finis par me retrouver derrière elle et je pouvais dire que par sa posture, elle s’attendait à quelque chose. Je souris doucement à la situation. Je vois que notre petit jeu autour de sa piscine lui avait mis la puce à l’oreille sur le fait qu’il m’est possible de me venger. Dans ce cas, d’un geste délicat, je déposais une main sur chaque épaule et doucement, mes doigts parcoururent les muscles de son épaule et firent de petites pressions pour la détendre et d’un ton joueur, je lui dis :

- Je te sens bien tendu Keira… Qu’est-ce qui te rend ainsi ?

C’est une approche des plus osés, du moins c’est l’impression que j’avais. Mes doigts n’allaient pas plus loin que son épaule. Mes pressions des doigts sur les muscles de ses épaules étaient tendres, mais ne manquaient pas de force pour pouvoir détendre les muscles. J’espérais que cette approche allait la déstabiliser suffisamment pour lui faucher les jambes et la faire tomber en arrière, la rattraper avant de la faire plonger dans l’eau et la relever en riant de bons cœurs. Bien sûr, faudrait-il qu’elle soit assez déstabilisée pour me permettre de la renverser, car comme elle est maintenant, je ne pouvais rien faire, elle était bien trop sur ses gardes et une louve autant sur ses gardes, je ne pouvais pas faire grand-chose. Si je n’arrive pas, ça sera une partie du massage déjà réalisé pour elle le temps que je trouve autre chose pour ma vengeance.

Keira était toujours pleine de surprise même si elle pouvait se montrer réservée et timide sur certaines choses comme exprimer clairement ses ressentis et sentiment. Mais même étant ainsi, il ne fallait pas la sous-estimer et elle pouvait bien me surprendre par des agissements surprenants. Je découvrais un peu plus ces différents côtés et j’ai l’impression que plus nous nous voyons et passons des petits moments ensemble, plus nous laissons apparaître des facettes de notre personnalité. Regardez, nous étions là, sur cette plage à profiter simplement de cette journée sans prise de tête. On vivait le moment présent, loin du travail et des tracas de la vie quotidienne. Il ne fallut pas longtemps que nous commencions à nous chamailler.

Il était difficile de savoir qui avait ouvert les hostilités. Est-ce moi en la complimentant sur son maillot de bain et la beauté qu’elle dégageait ou elle en me plongeant dans l’eau par surprise à la suite de mon compliment ? En-tout-cas, une chose était sûre, je ne pouvais pas laisser passer cet affront de la part de cette louve. Mais pour commencer, je devais m’excuser pour l’avoir mise à l’aise, même si je pense qu’elle avait un minimum apprécié le compliment. Elle les accepta. Mes compliments comme mes excuses étaient sincères, mais il faut avouer que mes excuses m’ont permis de m’approcher doucement d’elle pour une possible vengeance ! Mais ce n’était pas encore gagné. Elle s’y attendait la petite futée, je pouvais sentir à travers les muscles de ses épaules. Je doutais bien que ce soit le fait qu’elle s’attendait à une attaque de ma part qu’elle était si tendue et je ne parle même pas de sa réponse qui confirma bien que je sois la source de sa tension musculaire.

Mais ma chère Keira finit par se détendre doucement à la suite de mon petit massage des épaules. Je ne l’ai pas dit, mais au toucher, je pouvais sentir qu’elle avait une solide musculature. Je pense que cela est dû à son travail de chanteuse et danseuse qui est un travail physique et je pense que sa transformation en lycane n’a fait que renforcer l’existant. Enfin bref, passons. Je pouvais sentir qu’elle se détendait, qu’elle n’était beaucoup moins sur ses gardes. Je vais vous avouer quelque chose, j’ai eu trois secondes de doute pour savoir si je devais ou ne pas me venger tout de suite. Mais j’ai fini par prendre le choix de la vengeance, mais une vengeance accompagnée. Je lui fauchais donc les jambes pour al faire tomber en arrière, je la réceptionnais et je la plongeais dans l’eau jusqu’à qu'elle soit totalement immergée avant de la sortir de l’eau et la remettre sur ses pieds en riant de la réussite. Mince, je ne l’avais pas du tout raté, elle en toussa tellement qu’elle avait dû prendre appui sur moi. J’étais partagé entre satisfaction de la vengeance et une pointe d’inquiétude, vu son état, mais assez rapidement, je fus rassuré lorsqu’elle prit une expression et un ton de voix colérique. Bien que, la voyant ainsi, je pense bien qu’elle n’allait pas laisser passer cette attaque vengeresse.

Elle avait un regard revolver prêt à m’abattre, du moins, c’est l’impression qu’elle me donnait. Elle bondit à mon cou avant de m’enlacer. Je me savais foutu, elle était au contact, j’avais les bras écartés et je finis par l’enlacer par la suite, car si je devais plonger, je ne plongerais pas seul ! Et là ! L’improbable arriva. Je veux dire, je m’attendais à beaucoup de choses, sauf à ça. Elle me murmura à l’oreille que c’était bien joué, mais qu’elle se vengerait. Où ? Quand ? Comment ? Il ne fallut pas longtemps pour que les trois réponses reçoivent leur réponse. C’était ici à la plage. Maintenant. En me mordillant l’oreille. De quoi ?

Elle me dit qu’elle sa façon de faire était différente, mais elle avait réussi à m’avoir et que je ne m’attendais sûrement pas à cela. Effectivement, j’étais à des kilomètres lumière de m’imaginer à cette attaque. J’avoue que pendant les quelques secondes qu’elle me mordillait l’oreille, je m’étais comme figé et un frisson me parcourut tout le corps du haut du crâne jusqu’à la plante des pieds. Alors qu’elle s’était reculée suite à son mordillement et à son commentaire sur son attaque, je suis resté là, surprise visible sur mon visage et j’allais me toucher l’oreille qui avait subi sa vengeance. Et là, je me mis à rire. Bon sang la Keira, elle était incroyable et elle n’hésitait pas à utiliser des stratégies des plus surprenantes. Je finis mon rire par un petit sourire avant de regarder au loin. Cette femme n’avait pas fini de me surprendre et j’en étais ravi.

- Tu m’as bien eu là Keira. Je ne m’attendais pas à une telle vengeance. Elle a été des plus surprenante, et même des appréciables, je dois l’avouer. Félicitations, tu as réussi à me faire perdre mes moyens, ce n’est pas permis à beaucoup de monde.

Je ris doucement à ma réponse avant de finir par remarquer que notre plage se faisait doucement déserter. Le soleil commençait à aller caresser l’horizon en faisant apparaître une lumière orangée dans laquelle le soleil se baignait dedans disparaissant petit à petit. Le temps fuse lorsqu’on passe un bon moment, j’en étais surpris de voir à quel point je n’avais pas remarqué cette petite fraîcheur dans le vent. C’est comme si je venais de me réveiller.

Je finis par me rapprocher de Keira et elle me demanda si je voulais encore rester ou faire autre chose, qu’importe pour elle. Elle me tourna le dos et je l’entendis dire quelque chose, mais je pense qu’il fallait être un lycan ou un vampire pour pouvoir entendre ce qu’elle venait de dire. Je réfléchis un peu avant de me mettre à côté d’elle, et doucement, je lui pris sa main tendrement avant de la regarder dans les yeux et de lui dire souriant :

- Nous pourrions encore profiter de la plage dans les prochains jours. Et si nous allions nous rincer, s’habiller et voir ce que cet endroit peut nous offrir pour la suite et aussi… Peut-être voir où nous allions loger pour les prochaines nuits.

Effectivement, il y avait des douches à notre disposition le long de la plage pour se rincer, bon, c’est de l'eau tempérée, pour ne pas dire froide, mais c’était plutôt pratique pour enlever le sel pouvant se montrer irritant et sans sel, c’était plus agréable quand on porte des habits. Nous étions en début de soirée, il y avait encore la plupart des boutiques et restaurant encore ouvert et l’accueil de l’hôtel était encore bien actif, l’équipe de nuit n’avait pas encore pris leur poste. Nous avions encore bien des possibilités pour nous occuper en cette soirée. Je ne savais pas encore ce que nous allions faire, mais je savais qu’en la présence de Keira, je ne pouvais être déçu.