Cinq ans, c’est long et si pour certains tout a changé. Moi, c’est le contraire. Ma vie a fait un bond en arrière. J’ai brisé le cœur de Jessica y a longtemps, mais maintenant, c’est moi qui ai le cœur brisé ( résumé ). J’ai eu du mal à m’en remettre, et même si la louve et moi sommes restés en bon terme, j’ai repris mes distances, mais depuis le début de l’année, j’ai changé de vie. Je suis toujours infirmier et j’ai même eu une promotion, je suis devenue cadre infirmier. Mais j’ai aussi rejoint les rangs des traqueurs. Je ne chasse pas, je me contente de m’occuper des soins et de pucer les créatures qui le veulent. Le jour où cela deviendra obligatoire ça sera plus compliqué, mais je suis fier de mon choix. La situation devenait trop problématique, les surnaturels pour beaucoup ne respecte plus rien et si nous voulons faire partie de ce monde. Nous devons nous intégrer. La Ryan joviale et fêtard n’existent plus. Depuis le départ de Jessica, je me suis renfermé sur moi-même et puisque je fais partie des traqueurs, pas mal de mes amis m’ont tourné le dos et encore plus le jour où j’ai abandonné les Pawnees. Je n’étais plus en accord avec Victor, je ne pouvais pas continuer. Hier soir, j’ai déconné, la fatigue et mon instinct prennent le dessus. Jessica me manque, j’ai envie d’exploser quand elle ne répond pas à mes messages, je suis à deux doigts de la transformation quand je sens l’odeur de son putain de collègue quand je la croise. Mais je prends sur moi et si avant j’enchaînais les plans culs, ce n’est plus le cas. C’était comme-ci je m’étais totalement lié à la louve, je n’arrive plus à trouver l’excitation avec les autres femmes. C’est elle que je veux. Du coup, hier, je suis allé boire un verre, puis deux, puis trois et…J’ai finis ivre.
Lorsque j’ouvre les yeux, je suis allongé dans une cellule, l’odeur d’urine me donne la nausée et j’ai une migraine de l’enfer. J’ai aucun souvenir et quand je vois ses yeux… On m’annonce alors que quelqu’un est venu me chercher. J’apprends que je leur ai tellement cassé les couilles à hurler qu’ils ont été obligés de céder et d’appeler la fameuse Jessica à la rescousse. J’ai aucun souvenir et quand je vois ses yeux…Ses cheveux. Je me mets à avoir honte. Je pose mon front contre les barreaux de la cellule et je murmure.
« Désolé…J’étais bourré. Tu n'aurais pas dû venir. »
Ruiner son samedi, un jour de congé pour elle avec un mec aussi con que moi. Je sens encore l’odeur de ce connard sur elle. Ils bossent dans le même bureau, mais des fois, je me dis que peut-être elle se le fait. Seulement, j’ai posé la question une fois, et cela, à déclencher l’énorme dispute. Elle ne sait pas tout ce qu’il m’a dit. Elle ne sait pas pourquoi je n’ai pas confiance. Faith m’avait dit de tout lui raconter, mais ma carapace était revenue et on pouvait le voir physiquement. J’ai maintenant une barbe de quelques jours, je m’habille avec des vêtements sombres…Je suis loin du jeune loup farfelu qu’elle a connu.
On m’ouvre la porte et je comprends que je suis libre. Après tout, je n'ai blessé personne. J’ai juste trop bu. Je sors alors avec mon ex petite amie avocate et je soupire.
« J’ai une migraine de l’enfer. »
Par chance y a un hôtel pas loin. J’habite pas à côté alors je ne me vois pas rentrer en transport ou demander à Jess de me ramener. Je soupire et je regarde l’avocate en murmurant.
« Je vais aller dormir à l’hôtel. Merci d’être venue »
J’avais passé vingt-quatre heures en cellule dans un coma du sommeil pas croyable. Avec les heures que je me tape, ce n’est pas surprenant. Je me dirige vers l’hôtel qui ne paie pas de mine et je dis à Jess.
« Je me doute que tu vas refuser, mais…Y a un distributeur de café vue l’odeur. Jt’en paie un dans ma chambre ? »
Je la laisse décider. Pendant ce temps, je me prends une chambre et ensuite, je prends du café à la machine. Je monte ensuite seul ou avec elle.
Moi qui pensais que je vivrais heureuse avec Ryan jusqu’à la fin de mes jours, c’est raté. Encore. À croire que le destin ne veut pas qu’on soit ensemble ou qu’il s’amuse juste à nous torturer. On est parvenu à rester environ deux ans ensemble mais il faut croire que ce temps n’est pas suffisant pour retirer les craintes de Ryan. Ou alors ça lui en a rajouté d’autres. Je ne sais pas. Tout ce dont je suis sûre, c’est que je n’ai pas apprécié du tout sa crise de jalousie. Encore moins le fait qu’il ne m’ait pas laissée lui expliquer la situation alors que c’était très loin d’être ce qu’il pensait. Bref après plusieurs jours de dispute parce que monsieur refusait de m’écouter et qu’il reprenait ses distances, j’ai mis fin à notre relation. De toute façon si ce n’était pas moi qui le faisais, je suis certaine que ça aurait été Ryan qui l’aurait fait.
Maintenant ça fait quatre ans que l’on est séparés et même si on reste amis, je vois bien que Ryan est redevenu encore plus distant qu’avant. J’ai l’impression qu’il me fui à nouveau. Et bien tant pis, cette fois je n’irai pas lui courir après. J’ai passé six ans de ma vie à le faire mais si c’est pour qu’il me refasse le même coup quand je le retrouve, non merci. Une fois c’est suffisant. De toute façon je n’ai plus le temps pour ces conneries. Enfin je devrais dire que je ne prends plus le temps pour tout ça. Je préfère me noyer dans le travail, quitte à ignorer certains messages de Ryan.
Je réponds toutefois à un appel qui me surprend. La police. Apparemment ce nigaud de loup a trop picolé et il a fini en cellule. Soit je viens le chercher, soit il passe sa nuit en dégrisement. Une part de moi est tentée de le laisser dormir au commissariat mais au final je viens quand même le chercher. Inutile de dire que je ne suis pas de très bonne humeur en arrivant. Apprendre que son ex a fini en cellule parce qu’il a fait le con, ce n’est pas la meilleure des nouvelles. Il a changé physiquement mais je n’en fais pas cas. Moi aussi j’ai changé. J’ai laissé repousser mes cheveux – ce qui est ironique puisque je n’aime pas avoir les cheveux longs – et...ben c’est tout.
- Honnêtement j’ai hésité à venir. Je te savais con par moment mais je ne pensais pas que t’en arriverais à ce point-là quand même.
Il a de la chance aussi que je n’avais rien de prévu aujourd’hui. Rien à part un rendez-vous avec mon café et un film ennuyeux à la tv.
Le policier ouvre la porte de la cellule et laisse Ryan sortir. Il n’a blessé personne, il a pu décuver un peu et en plus il est désormais accompagné. Ils n’ont donc plus rien à craindre. Il a une grosse migraine mais c’est bien fait pour sa pomme. Ca lui apprendra à trop boire. Je sens quelques odeurs de femelles sur lui mais je n’ai pas l’impression qu’il ait été très loin avec elles. Ca ne sent pas la coucherie. J’en profite quand même pour lui coller une petite claque derrière le crâne.
- De rien. T’es peut-être un con mais ce n’est pas pour autant que je vais te laisser tomber.
Et ça c’est vrai. Peu importe ce que je pense de lui quand je suis de mauvais poil, je continuerai de l’aider autant que possible. Je le suis donc jusqu’à l’hôtel dans lequel il souhaite se poser.
- Ca me va. En plus tu m’en dois un parce que je suis venue te récupérer alors que j’avais rendez-vous avec mon café.
On se prend donc un café chacun puis on monte dans la chambre qui lui a été attribuée pour la nuit. Une fois à l’intérieur, je lui en recolle une à l’arrière du crâne avec un peu moins de pitié que la première. Je me doute qu’il ne doit pas comprendre pourquoi je le frappe alors je vais tranquillement vers la fenêtre en buvant mon café.
- C’est pour l’inquiétude que tu provoques en moi quand tu fais ce genre d’ânerie.
Je soupire un peu en regardant dehors. Ce n’est pas parce que je l’ai quitté que je ne me fais plus de souci pour sa tronche. En fait, c’est même pire. Je ne le vois plus autant qu’avant alors je ne peux plus savoir quand il va bien et quand il va mal. C’est insupportable. Je soupire une nouvelle fois puis me tourne face à Ryan en râlant.
- Ca te prend souvent de picoler jusqu’à finir en cellule ? Tu crois peut-être que c’est comme ça que tes problèmes vont se résoudre ?
Je n’ai rien contre le fait de boire un peu d’alcool mais je ne suis clairement pas fan de la beuverie totale. Et puis il vaut mieux que ça. Rha ça m’énerve de le voir se foutre en l’air comme ça. Ca ne devrait même pas me toucher mais c’est plus fort que moi. Je bois le reste de mon café cul sec en rageant intérieurement en songeant à tout ça. En plus ce n’est vraiment pas la meilleure période pour jouer avec mes nerfs. Ma partie loup n’a rien trouvé de mieux que d’entrer dans sa période de chaleur. Je maudis ces moments parce que je ne peux pas les apaiser. Je vais encore devoir me planquer et prévenir Faith ou me noyer sous une douche glacée pour éviter de faire des conneries.
Jessica et son sans filtre. J’avais oublié que ce genre de chose chez elle pouvait m’exciter à chaque fois. Un discret sourire se dessine sur mon visage abîmé par la fatigue. En sois-je n’avais pas picolé des masses, Il en faut beaucoup pour coucher un Lycan. Mais entre la fatigue du boulot, les nuits blanches, le moral en berne et …Ma vie entière, quelques bouteilles avaient suffi. Je quitte donc ma cellule en bourgeonnant un peu. Je ne me souviens de rien de ma soirée. Enfin si quelques nanas, des baisers soft. Mais je n’étais pas en état d’aller plus loin. Je râle un bon coup quand Jess me colle une claque derrière la tête. Putain elle a de la chance d’être Jess et que je l’aime. N’importe qui d’autre, je l’aurais éclaté au sol. En plus je venais de lui dire que j’avais une migraine ! Elle est folle de me frapper.
« Bordel Jess…J’ai mal au crâne, je t’ai dit. »
Je l’informe ensuite une fois dehors que je vais aller dormir à l’Hôtel. Austin est chez Faith, apparemment, je savais que j’allais déconner et j’avais besoin de dormir. Mais je propose quand même un café à la louve histoire de la remercier. Je lui aurais bien proposé un burger, mais j’ai encore le bide en vrac après cette cuite. Je n’ai pas envie de rendre mon burger sur la moquette de l’hôtel. Je prends ma chambre, on prend notre café dégueu dans le distributeur et direction ma chambre. Un truc tout simple mais propre. Je me reprends une claque derrière la tête ce qui me fait grogner. Je la mets alors en garde.
« Recommence et je te jure que je t’en colle une sur les fessées. Dans mes souvenirs, tu adorais ça. »
Elle m’informe quand même de la raison de ces maltraitances physique. Elle s’inquiète pour moi ? Je la regarde partir vers la fenêtre. Quant à moi, je m’adosse contre le mur à l’opposé. Son odeur me donne déjà envie de bondir sur elle alors inutile que je m’approche et que je la mette mal à l’aise. Elle se tourne et me regarde en continuant de me parler. Je détourne le regard et je reste muet comme un gosse qui se fait gronder. Je bois mon café doucement en me murant dans le silence et une fois le gobelet fini, je le jette dans la corbeille non loin. Je soupire et je lui dis.
« Je vais prendre une douche. J’ai trop d’odeur sur moi. Je reviens. »
Je la laisse alors dans la chambre pendant que je vais me doucher dans la pièce à côté. Je ne passe pas longtemps sous l’eau, juste le temps de me débarrasser des odeurs. La bière, la Vodka, les nanas et je me demande si un enculé de chien n’aurait pas pissé sur mes pieds. Bref en dix minutes, je sens le gel douche low-cost des hôtels. Un truc au citron dégueu. J’enfile le peignoir blanc de l’hôtel ce qui montre que je n’ai pas pris un bordel non plus. Je dois y avoir une ou deux étoiles. Je me brosse les dents avec mon doigt et un échantillon de pâte dentaire et je sors de la salle de bain un peut plus frais. Je regarde Jess et sans un mot, je vais me caler derrière elle et je l’enlace en espérant ne pas me prendre son poing dans la figure.
« Je suis désolé…Je n’avais pas le moral et je suis sortie. J’ai croisé ta pote Vazov. La Russe-là qui picole aussi. Elle tient bien, je me suis sûrement couché sur la table en premier. Je n’aurais pas dû la suivre à la Vodka. J’avais besoin de parler, elle m’a écouté. »
Et c’est sûrement pour ça que je me suis tapé aucune nana hier. En y réfléchissant la Lycanne grognait dès qu’on m’approchait. Je sais que Roxanne est une bonne amie à Jessica et d’ailleurs, la Russe avait tenter de me faire comprendre que je manquais sûrement à ma louve.
J’ai envie de l’étrangler. Je vous jure que j’ai envie de serrer mes mains autour de son cou et de le secouer comme un prunier. Si je n’avais pas une réputation à tenir et que je n’étais pas dans un commissariat, je pense que je lui botterais déjà le cul des centaines de fois à la suite. Ca lui apprendrait à faire n’importe quoi et créer des inquiétudes. J’ai au moins pu lui donner une claque sur le crâne. Ca l’a fait râler mais j’en ai rien à carrer.
- Ouais mais tu le mérites.
Il y réfléchira peut-être à deux fois la prochaine fois avant de boire comme un trou et de potentiellement finir en cellule. Une fois hors du bâtiment, il m’informe de ses intentions. Dormir à l’hôtel est sans doute la meilleure option qui s’offre à lui pour ce soir. Je pourrais l’accueillir chez moi mais c’est risqué en ce moment. Et puis ce serait un peu de la torture psychologique autant pour moi que pour lui. Néanmoins le café n’a pas été de refus.
À peine entrée dans la chambre, je me suis placée vers la fenêtre en redonnant une claque sur le crâne du lycan au passage. Je l’ai aussi réprimandé en ignorant complètement sa menace. Je bois mon café cul sec et ouvre la fenêtre. Il me faut de l’air, mon côté loup me joue de vilains tours. Je déteste les périodes de chaleur. Le pire c’est que Ryan sent sûrement ce changement. Il a l’odorat fin. Et puis le trois quart des lycans mâles me font chier pour « jouer » avec eux durant ces périodes alors si Ryan ne le sent pas, c’est que son nez a une panne. Ca m’étonnerait cela dit. Ca doit être pour ça qu’il va se doucher. Peut-être que les odeurs sur lui – même si elles sont bien présentes et très déplaisantes – ne sont qu’une excuse pour s’éloigner de la mienne. Sauf que ça ne durerait que quelques minutes.
Pendant le laps de temps ou Ryan prend sa douche, moi j’en profite pour rester près de la fenêtre ouverte et de respirer l’air frais. Je finis quand même par refermer la fenêtre parce que trop d’odeurs commencent à se mélanger, à titiller mon nez et ça m’irrite. Le lycan finit par ressortir de la salle de bain en sentant le citron et se place derrière moi pour me kidnapper dans ses bras. Oulà mauvaise idée. Très mauvaise idée. Pas maintenant. Pas dans mon état. Pendant un moment je me bats entre mes désirs et ma raison. Il faudrait que je m’éloigne mais je n’en ai pas envie. Ca a été difficile mais j’ai quand même fini par me dégager doucement de l’emprise de Ryan pour me mettre face à lui.
- Désolée c’est...ce n’est pas une très bonne idée de me coller. Surtout pas en ce moment… Ma partie lycanne veut juste se reproduire et les odeurs plus le contact physique, ça la titille et c’est une torture de ne pas pouvoir l’assouvir.
Après m’avoir supportée deux ans, il doit bien se rappeler de la galère que c’est durant ces périodes. Et en plus il est en peignoir ! Comment suis-je censée résister quand tout en lui m’attire encore ?! Bref changeons de sujet. Ca occupera mon esprit.
- Qu’est-ce qu’il s’est passé alors ? Il doit bien y avoir eu un truc pour que ça te mine le moral, non ?
Je suis toujours inquiète pour lui. J’ai peut-être une petite idée de ce qui a pu lui traverser l’esprit mais n’étant pas extralucide, seul Ryan peut confirmer ou infirmer ma théorie.
Depuis quand les odeurs laissez sur moi me pousse à prendre une douche alors que mon ex copine est là ? Depuis que j’ai senti qu’elle avait ses chaleurs. Bordel, il a fallu que je déconne à ce moment-là. Je vais être intenable et je sais pertinemment qu’en forçant un peu elle finira dans mon lit. Mais ce n'est pas ce que je veux et encore moins qu’elle s’en veuille le lendemain.
Je la veut contre moi, je veux sentir son souffle, mais je sais quelle non pour le moment. J’ai été trop loin y a quatre ans. Ma jalousie m’a poussé dans une phase que je n’aurais jamais imaginée et notre dispute a été violente. Bref, prendre une douche m’a permis de me calmer un peu. Une fois de retours dans la chambre, je me place derrière la louve et je passe mes bras autour de sa taille. Une habitude qui me manque, j’ai toujours aimé la prendre dans mes bras. Je la sens se débattre au bout de quelques secondes et je recule alors qu’elle se met face à moi. Mon regard est tendre mais mélancolique. Si elle savait comme elle me manque… Elle se justifie et je vois que j’ai vue juste. Elle a ses chaleurs. Elle ne peut pas être lucide face à moi dans ces moments-là. Je lève alors les mains innocemment et je recule d’un pas en murmurant.
« D’accord »
Je rebaisse mes mains et je l’écoute me parler. Ce qu’il y a eu ? Je roule des yeux alors que la moutarde me monte au nez. J’ai envie d’ouvrir les vannes et de chialer. Mais je suis déjà ridicule avec mes conneries. Je ne vais pas en rajouter. Je m’éloigne d’elle et je m’assois sur le rebord du lit en soupirant. Je joins mes mains en posant mes avants bras sur mes jambes et je me penche en avant en murmurant.
« Ça fait 4 ans aujourd’hui… Notre séparation. Ajoute à ça, une salle journée de boulot, des gens qui m’ont gonflé. J’ai eu besoin de décompresser. «
Je relève la tête et je fixe Jessica du regard en souriant tendrement.
« Je suis le plus gros des cons Jessica. Je t’ai encore une fois fait du mal alors que tu es sûrement la femme la plus exceptionnelle qui soit. Je ne pensais pas pouvoir être aussi jaloux. J’aurais dû t’écouter au lieu de gueuler parce que j’ai vu, ça bouche de merde sur la tienne… »
Au moins, j’ai été transparent même si je sais que cela ne va pas apaiser les choses. Elle m’en veut et elle a raison. Surtout que j’ai fait tourner en bourrique six ans pour ensuite me remettre avec elle et juste après, je ruine tout. Je sens la fatigue m’envahir. Par respect pour elle, je garde mon peignoir et je me mets sous la couette en ajoutant.
« Faut que je dorme un peu, je tiens plus. »
J’espère qu’elle ne m’en voudra pas. Si je devais choisir, j’aimerais qu’elle reste ici. Je n’aime pas la savoir dans ce genre de quartier seule. Mais je ne dis rien, car j’estime ne pas être en droit de décider pour elle. Doucement, mes yeux se ferment et ils s’ouvrirons quelques heures après. Reste à savoir si elle est là ou si je suis seul comme un con.
Bordel c’est vraiment une torture pour mes nerfs. Pourquoi est-ce que je m’inflige ça ? Pourquoi est-ce que je reste alors que je sais que c’est dangereux d’être dans la même pièce qu’un mâle. Encore plus lorsqu’il m’attire. Heureusement en prenant sa douche il m’a permise d’avoir un peu de repos. L’eau parvient toujours à couper un peu les odeurs. C’est même pour ça qu’un chien devient inutile pour les recherches lorsqu’il pleut.
À sa sortie de la salle de bain, la torture reprend. J’ai dû user du peu de lucidité qu’il me reste pour m’extirper de ses bras. Ne voulant pas qu’il se vexe de mon éloignement, j’ai directement expliqué mes raisons. Je sais qu’il est conscient de mon état et qu’il comprendra. Et j’ai vu juste. Il m’a fichue la paix. Je peux donc me concentrer sur le sujet qui m’intéresse le plus. Qu’est-ce qu’il a bien pu foutre pour finir alcoolisé et en cellule ?!
- Je vois…
Je ne juge pas, ne le réprimande pas plus que je ne l’ai déjà fait plus tôt, rien. Moi aussi je souffre encore de la séparation même si c’est moi qui y ai mis fin. Ma journée n’a pas été mauvaise mais elle n’était pas super top pour autant. Et même si je ne suis pas une grosse adoratrice des boissons alcoolisées, je peux comprendre que certaines personnes ont besoin d’être pompettes pour se sentir un peu mieux quand le moral n’est pas au rendez-vous.
- Ouais. Surtout en sachant que je l’ai repoussé… Mais bon t’as tellement pété les plombs que tu n’as rien écouté et que tu ne m’as pas cru non plus. Enfin j’aurais sans doute réagi pareil. Ca n’excuse pas ce que t’as fait mais avec le recul, je peux comprendre pourquoi c’est arrivé.
Ce qui ne veut pas dire que je lui pardonne. Loin de là. L’inverse aurait toutefois pu être vrai si ce n’était pas la seconde fois qu’il provoque notre séparation.
- Dors. T’as une sale tête en plus avec la fatigue.
Pendant qu’il s’endort, je me rends à la salle de bain et profite de prendre une bonne douche bien fraîche. C’est plus un rinçage qu’autre chose mais ça me permet de calmer un peu mes bouffées de chaleur. J’en ressors quelques minutes plus tard, complètement rhabillée. Je reste un moment pour m’assurer qu’il dorme réellement puis je finis par quitter l’hôtel pour me reposer à mon tour mais chez moi.
Je ne reviens à l’hôtel qu’aux alentours de neuf heure, après avoir pu dormir et m’être changée. Sur le chemin, je m’arrête dans une épicerie puis une boulangerie afin d’acheter de quoi prendre le petit déjeuner. Je J’entre dans la chambre et vérifie si Ryan est réveillé. Non. Il dort encore. Je pose le sac de courses sur la table de chevet puis m’installe sur une chaise un peu plus loin pour prendre mon petit-déjeuner tout en étudiant un dossier. Lorsque Ryan se réveille, je ne quitte pas des yeux mon dossier, continuant de manger.
- J’ai pris aussi pour toi, c’est dans le sac. Le café est encore chaud normalement et il sera bien meilleur que ce truc qu’on a bu hier. Quant à la bouffe, j’ai pris de quoi te donner des forces pour ce matin.
Parce que j’imagine qu’il devra retourner au travail tout à l’heure. Si ce n’est pas le cas, ça lui permettra au moins de récupérer plus vite de sa beuverie.
- J’ai aussi pris de l’aspirine pour ta tête si t’as encore mal au crâne.
Ca le surprendra sans doute que je sois présente et qu’en plus j’ai pris de quoi le nourrir et le soigner mais en même temps, je ne pouvais pas me résoudre à partir sans m’assurer que tout aille bien ce matin. Heureusement que je n’ai aucun rendez-vous aujourd’hui sinon je n’aurais pas pu me permettre de veiller sur sa gueule de lycan affreusement attirant mais complètement con.
- J’imagine que tu te poses des questions sur les raisons de ma présence ici. Rassure-toi, je suis rentrée chez moi pour dormir. Je ne suis revenue qu’il y a quelques minutes avant ton réveil pour m’assurer que tout va bien.
Je suis incapable de dire si j’ai bien dormi, mal dormis ni même combien de temps, j’ai dormis. Ce qui est sur c’est que même dans mon sommeil mon cerveau a fonctionné à cent à l’heure. Avant que je ne sombre, Jessica et moi avions parlé et elle m’a bien rappelé que notre rupture est encore de ma faute. Elle m’avait juré avoir repoussé le connard qui l’avait touché et au lieu de l’écouter et de la croire, je me suis muré dans ma jalousie et j’ai eu des paroles blessantes pour ma compagne.
Je me redresse doucement dans le lit, j’ai dormi en boxer après ma douche et alors que je balaie la chambre du regard, je vois Jessica assise au bureau de la chambre plongé dans un dossier. Je ne sais même pas quel jour on est, elle bosse peut-être et à cause de moi, elle n’a pas pu y aller. Je déporte mon regard sur le petit-déjeuner qu’elle a ramené alors qu’elle me parle. Je sors du lit alors que ma tête est sous migraine. Je me place sur le côté de Jessica et je prends le café que je bois doucement. Je pose mon regard sur le dossier alors que l’avocate est assise et je repère le nom de son collègue. Apparemment, ils bossent ensemble dessus. Je me retiens, j’ai envie de râler, mais je me dis que si je le fais, Jessica va m’en vouloir et je crois que là j’ai besoin d’elle, je ne m’étais pas sentie autant en paix que depuis qu’elle était venue me chercher au commissariat.
Je pose mon gobelet à moitié plein et je prends un truc à manger dans le sac. Elle m’informe qu’elle est rentrée chez elle pour dormir. Je crois qu’en plus de mon crâne en miette, mon cœur l’est aussi. Elle n’a donc pas dormi ici avec moi ? C’est sûrement pour ça que j’ai mal dormi. Depuis notre séparation, mes insomnies sont revenues et si j’ai dormi cette nuit, c’est à cause de mon état lié à l’alcool. Je soupire doucement et je murmure.
« Tu pouvais dormir ici, tu sais. Je ne t’aurais rien fait, je sais me tenir même si tu es en chaleur »
J’ai plus de contrôle qu’elle sur ce genre de chose. C’est dur, car je me bats intérieurement pour contrôler mes pulsions, mais j’aurais fait ce qu’il faut pour qu’elle soit en paix dans ce lit. L’annonce me coupe l’appétit, je pose ce que je mangeais sur le bureau et je retourne m’allonger sous la couette en soupirant.
« Jess… Est-ce qu’il y a encore une chance pour nous ? Je veux dire, je sais que tu m’as déjà donné une chance, mais est ce qu’une nouvelle est possible ? »
Elle pouvait clairement entendre au son de ma voix que je n’étais pas bien, mais je faisais ce que je pouvais pour contrôlera les vibrations de ma voix afin qu’elle n’ait pas pitié ou autre. Mon but n’était pas de la pièger avec mes yeux de loup bahut, mais plutôt de savoir si je pouvais me racheter et lui faire oublier le double connard que j’ai été depuis un moment.
Ca fait quatre ans qu’on est encore séparé et c’est toujours aussi dur de le voir sans pouvoir le toucher. Je mets ma frustration de côté et déguste mon petit-déjeuner en bossant un peu. Même durant mes jours de repos, je suis incapable de rester sans rien faire et bien souvent je prends du boulot à la maison.
Dès que le lycan se réveille, je lui parle pour l’informer que j’ai pris de quoi le nourrir et soigner son mal de tête. Lorsqu’il se place à mes côtés, je dois me faire violence pour ne pas me lever et me jeter dans ses bras. Il est en train de mettre ma volonté à rude épreuve sans le vouloir cet imbécile. Il ne semble pas avoir très bien pris le fait que je sois rentrée chez moi pour dormir. Il devrait pourtant se douter que je n’aurais pas dormi avec lui pendant cette période en particulier.
- Toi t’aurais pu te tenir, je le sais. Mais pas moi…
Je pose mon dossier sur la table et soupire en levant les yeux vers lui.
- Tu n’imagines pas à quel point je rêve de te sauter dessus là, tout de suite alors que t’es juste debout à côté de moi. Si je me retrouve contre toi, je sais que je peux dire adieu à mon self control.
Et dieu sait à quel point il est mis à mal en ce moment. Il est même souvent mis à mal depuis des années. Je regrette presque de ne pas avoir de plan cul pour soulager ma libido. Ou alors je me paie une prostituée. Il n’y a pas que des femmes dans ce milieu après tout. J’observe Ryan qui retourne se coucher sous la couette et l’écoute. Encore une chance pour notre couple ? Oui. Sans doute. En tout cas je l’espère de tout coeur.
Je me lève et viens m’installer sur le lit, contre le dos de Ryan. Son odeur m’enivre rapidement et je lutte pour ne rien faire de plus que de l’enlacer la taille. C’est dur. Très dur. Je regrette amèrement d’avoir décidé de m’installer contre lui. Je n’aurais pas dû.
- Trois mois. Pendant trois mois tu vas devoir me montrer à quel point tu m’aimes. T’auras le droit de te montrer jaloux mais si ça arrive, laisse-moi te fournir les explications nécessaires au lieu de partir en vrille sans me laisser la moindre chance de t’expliquer la situation. Et tu ne devras pas coucher ailleurs. J’en ferai autant, rassure-toi. Bref durant ces trois mois tu peux utiliser les moyens qui te passent par la tête pour essayer de recoller les morceaux.
J’ai été tentée de lui donner un mois de délai mais j’ai trop peur que ce soit insuffisant. Un mois c’est court. Trois mois me semblent plus adéquats. Ca laisse plus de temps pour voir si une troisième chance est réellement possible ou si on est condamnés à n’être que de simples amis.
Jessica m’a rassuré sur une chose, si elle est partie cette nuit ce n’était pas peur que je lui saute dessus et que je la fasse revenir sur notre séparation. Non, si elle est partie, c’est parce qu’elle sait, qu’elle ne se contrôlera pas. Je ne le montre pas, mais cela me plaît. Savoir qu’elle peut craquer, par chance, je ne suis pas le genre de mec à la pousser au craquage, car si elle et moi devons recommencer, je veux qu’elle le veuille autant que moi et que cela ne soit pas juste une pulsion dû à notre lycanthropie. Je décide donc de retourner dans le lit afin de m’éloigner et de la laisser respirer. Mais je n’en reste pas là, je lui propose qu’on se laisse une seconde chance. Enfin, non, je lui demande, car clairement, elle me manque, mais je lui laisse le choix, c’est moi qui est déconné, les deux fois et je ne suis clairement pas le plus doué pour les relations de couple. Cette fille est un ange de me supporter.
Je sens un poids écraser le matelas, l’odeur de Jessica qui approche et voilà qu’elle m’enlace par la taille. Mon corps réagit déjà et je suis heureux qu’elle soit dans mon dos, je n’ai pas envie qu’elle se sente gênée ou tenter par les réactions de mon corps. Sa chaleur me fait du bien et doucement, je pose une main sur la sienne qui est sur mon ventre. Je la caresse tendrement en fixant devant moi. J’entends sa voix et j’ouvre en grand les yeux. Trois mois ? Je rêve où elle me prend pour un CDD français ? Un petit sourire s’affiche sur mon visage. Coucher avec personne…Si elle savait, je n’ai presque rien fait avec une nana depuis des mois. Durant quatre ans, j’ai de l’avoir trois ou quatre coups d’un soir, c’est tout. Notre séparation m’a vraiment chamboulé au point de me noyer dans le boulot. Surtout depuis l’apparition de la nouvelle loi. Je me tourne pour lui faire face et je murmure.
« Trois mois ok. Mais je vais y apposer une condition aussi. Pas de sexe entre nous pendant trois mois. Je veux que ma troisième chance soit fondée uniquement sur mon amour pour toi. Tu ne vas pas me contredire, mais dès que je te grimpe dessus, tu dis oui à tout. Je ne veux pas user de ce stratagème. Et je veux que dans trois mois si j’ai réussis ton épreuve ce soit ça notre récompense. Qu’est-ce que tu en penses ? »
Je dois être masochiste, le simple fait d’être face à elle me donne envie de la coucher sur le dos et de lui offrir le plus bel orgasme du pays. Mais je nous connais, il suffirait qu’on le fasse pour que cette histoire de contrat soit oubliée et que je la prenne déjà comme acquise. Mon but n’est pas de montrer que je suis son meilleur coup de reins, ça fait vantard ok, mais elle le sait déjà. J’ai été son premier, mais je suis aussi celui qui la connaît par cœur depuis toujours. Je sais où l’embrasser, où la toucher, je connais son corps mieux que personne. Il est donc temps que je lui montre que je peux être le meilleur des compagnons. Faut que je passe dans une librairie bordel… Il me faut des bouquins sur le sujet, car je ne veux pas me louper. Je la laisse s’exprimer sur ma condition et comme-ci je n’écoutais pas, je pose mes lèvres sur les siennes et je murmure.
« Tu m’excuses, mais j’ai une femelle à reconquérir. Je vais prendre une douche et je rentre chez moi. Je t’envoie un sms ce soir ok ? »
Sans attendre de réponse que je quitte le lit et je fonce me doucher et me préparer à quitter la chambre.
Dormir avec lui cette nuit aurait vraiment été dangereux. Il aurait su se tenir ça je le sais. Il se gère beaucoup mieux que moi lorsque ça concerne la lycanthropie. Il est lycan de naissance, lui. Tandis que moi j’ai beau être lycanne depuis onze ans, je gère encore mal les pulsions. Encore moins celles qui sont liées à la reproduction. De plus il m’attire toujours autant depuis le temps. Je sais donc que je lui aurais sauté dessus si j’étais restée pour dormir.
Lorsqu’il demande une seconde chance, enfin plutôt une troisième chance pour notre couple, je me contente de me poser aussi sur le lit avant de lui donner une réponse. Je lui donne trois mois pour me prouver par tous les moyens qui lui passent par la tête pour me montrer jusqu’à quel point va son amour pour moi. J’accepterai même la jalousie s’il me laisse lui fournir des explications. Et évidemment je refuse qu’il aille faire du rodéo sur une autre femme. Moi j’en ferai autant mais ça ne sera pas dur. Je me suis tellement plongée dans mon boulot que ma vie sociale en a pris un sacré coup. Même Faith et certains collègues me l’ont fait remarquer.
Je grogne toutefois un peu lorsqu’il met comme condition qu’on ne devra pas coucher non plus entre-nous. Ca me semble logique mais la louve en moi n’apprécie pas ça. Ce n’est pas vraiment la bonne période pour me dire un truc pareil mais je combats encore mes instincts et hoche doucement la tête en marmonnant.
- Je ne peux pas nier que quand tu joues à cache-cache avec Pedro avec moi, j’ai beaucoup de mal à résister. Alors d’accord. Pas de sexe entre-nous jusqu’à ce que t’aies réussi ton épreuve.
Bordel ça sera de la torture même pour moi. Je sens que je vais devoir encore aller m’isoler dans un coin perdu durant les périodes de chaleurs. Et peut-être appeler Faith en renfort pour m’empêcher de trop partir en vrille. Si en plus il m’embrasse, ça ne m’aide pas du tout à résister ! C’est ça, va te laver !
Pendant qu’il prend sa douche, je rassemble mes affaires. Il quitte la chambre après s’être lavé et je pars de l’hôtel à mon tour pour rentrer chez moi. C’est parti pour trois mois de torture – en particulier lorsque mes instincts prendront le dessus – mais surtout trois mois à voir ce que Ryan a prévu pour me reconquérir. Je suis curieuse de voir ça.
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