Être père n’était pas toujours un travail facile. Cinq ans venaient de passer et pourtant, Jared avait l’impression que seulement quelques mois s’étaient écoulés. Les premières phrases d’Alexander… Les premiers pas de Catriona… L’entrée à l’école de leur fils… L’entrée à la garderie de leur fille… Tant de péripétie dans leur petite vie! La famille Blackthorn les visitait souvent, tout comme ils visitaient souvent l’Espagne. Victor de son côté jouait le rôle de grand-père à merveille. Pratiquement que des réussites, si ce n’était du gouvernement qui avaient pris des mesures quant aux surnaturelles. Si bien que le père de famille devait se montrer plus discret qu’à l’habitude quant à la Confrérie et en bon petit Démon domestiqué, visiter les bureaux du gouvernement pour se recenser. Frustrant, aberrant! Mais alors qu’il fixait les petites bouilles de ses enfants, Jared savait qu’il achetait leurs sécurités. Elizabeth avait déjà été suspectée, il avait été arrêté… Ne pas se plier aux mesures aurait été suspect et cela aurait fini par leur retomber dessus. Non, hors de question. Il refusait de mettre sa famille en danger. Assis sur une petite chaise, Jared attendait le signal… Ce qu’elle était longue, cette enseignante! Il avait reçu un appel de cette dernière, le convoquant à une petite rencontre rapidement. Qu’avait donc fait Alexander encore? Alors qu’il soupirait en fixant le plafond, il entendait finalement la voix agaçante de Mme Karen White, l’invitant à entrer.

-Bonjour Mme White, comment allez-vous?

Son ton était courtois, son sourire charmant… Il l’a draguait? Non, aucunement. L’hispanique avait seulement toujours su se montrer agréable, pour préserver les apparences. Et puis, il avait depuis longtemps compris que cette femme était borderline, alors à quoi bon se montrer passif-agressif? Et voilà que le drame commençait, comme un accident auprès duquel Jared se serait arrêté pour voir s’il y avait du sang. Alexander avait bousculé un ami dans la cour de récréation… L’ami se serait blessé en tombant… Jetant un léger regard à son fils, le Démon observait l’air boudeur de ce dernier, manifestation de son indignation. Puis pour acheter la paix, il soufflait ce que cette petite dame avec peu de pouvoir voulait entendre, question d’avoir l’instant d’une seconde le sentiment d’être quelqu’un en ce monde éphémère.

-Je vous remercie de m’en avoir informée, nous aurons une conversation ce soir. Je vous pris maintenant de nous excusez, nous sommes attendus.

Pour souper. Il mourrait de faim! Conduisant jusqu’au domaine des Blackthorn, Jared avait alors une conversation avec son fils. Il avait effectivement poussé un ami dans la cour de récréation… Mais une sous merde qui avait insulté ses origines. Le petit morveux était chanceux de ne pas avoir reçu un coup de poignard au lieu d’une petite poussé… Rongeant son frein, Jared soufflait alors vers Alexander avec un brin de fierté,

-Tu as très bien fait de défendre tes origines. La prochaine fois, toutefois, essaie de le faire avec des mots…

Oui, il savait être un bon père de famille! Ouvrant la porte du domaine, il annonçait alors leurs arrivées et refermait la porte dernière lui, laissant Alexander courir dans la maison pour rejoindre les bras de sa mère. Approchant de sa fille, son sourire devenait plus tendre, alors qu’il soulevait cette dernière dans ses bras en soufflant d’un ton plus doux,

-Bonjour toi! Tu as passé une bonne journée?

Il avait droit à un baiser sur la joue, un gros câlin… Et il rejoignait la femme de sa vie, pour l’embrasser avec une certaine tendresse, un baiser beaucoup moins chaste… Souriant de façon suave, il se léchait alors la lèvre inférieur en soufflant,

-Hm… J’en oublierais presque l’idiotie de cette Mme White… Encore aujourd’hui, elle a convoqué Alexander et il a été puni pour avoir poussé un enfant dans la cour de récréation… Mais elle n’a pas cherché à creuser les raisons. Notre fils défendait l’honneur de sa famille face à un petit morveux sans intérêt. Un sous déchet de la société, cherchant à dissimuler la pauvreté de son esprit derrière de la violence verbale. Karen mériterait peut-être une visite nocturne?