Les années avaient défilé, les moments en famille s’étaient montrés de plus en plus présent et si les Blackthorn avait été distants pendant quelques années… Cela n’en était plus rien. Les familles qui avaient du prendre du temps pour s’installer, les naissances à venir, les moments de couple privilégiés… Le tout s’était harmonisé et la vie avait retrouvé un rythme plus calme, soutenu, offrant le loisir de pouvoir se retrouver beaucoup plus souvent. Jared travaillait encore comme psychiatre, au privé et à la maison. Il excellait dans son rôle de mari, de père et de fils. Comme à son habitude, il se montrait compétent et acceptait ses erreurs pour mieux les réparer. Fils parfait? Au vu de ses habitudes dans la Confrérie et ses ambitions, il l’était pour ses proches et sa petite famille… Mais aux yeux du public, il était un monstre sans scrupule.
Quoi qu’il en soit, le Démon était heureux. Il se sentait aimé, tout comme il aimait redonner de l’amour en retour. Une harmonisation parfaite de ses relations, de sa vie qu’il contrôlait avec une main de fer pour conserver ce bonheur et ce soir… Il laissait la poigne du pouvoir à sa mère, Catalina. Elle organisait une réunion familiale à la demeure que ses parents venaient d’acheter à Malibu. Connaissant les goûts de ses parents, il s’attendait à du luxe, mais aussi un côté très pratique… Avec fort à parier, une chambre de jeu pour les enfants. Aidant Elizabeth à préparer les enfants vers 17h00 pour ne surtout pas être en retard, il boutonnait les boutons de sa chemise, replaçait ses cheveux et enfilait des shorts beiges. Son porte-feuille et son téléphone dans ses poches, il relevait doucement ses lunettes de soleil en voyant sa femme le rejoindre, elle aussi prête à partir. Rayonnante comme au premier jour de leur mariage… Souriant, il venait déposer un baiser sur ses lèvres, sous les grimaces d’Alexander qui regardaient ailleurs et la famille pu se mettre en route. Se stationnant devant la demeure des parents, Jared sifflait alors, impressionné et soufflait calmement,
-Je crois que nous sommes les premiers arrivé. Maman et Papa n’ont pas été de main morte sur les moyens pour cette résidence!
Les enfants sortaient alors de la voiture. Alexander courait autour du véhicule, épée en mousse en main pour combattre les anges. Catriona sortait plus calmement, poupée en main et attendait sa mère. Contournant la voiture, le Démon s’installait à côté de la porte passager ou se trouvait Elizabeth et ouvrait alors un très grand parapluie, des plus étanches pour briser les rayons du soleil. Car si le soleil se couchait, il était encore légèrement présent… Sa femme préservée de la lumière, il l’attirait contre lui et soufflait d’un ton légèrement autoritaire, en espagnol,
-Alexander, il est temps de rentrer. Cogne à la porte de grand-maman s’il vous plaît.
Il procédait à la demande sans contester et lorsque la porte s’ouvrait sur Catalina… Il fonçait alors droit sur elle, épée en main en soufflant,
-Attention grand-maman! Il y a des anges… Je te protégerais!
Jared échappait un petit rire, avant de guider sa femme en sécurité à l’intérieur, suivi de sa fille et seulement lorsque toute sa famille était à l’intérieur, il entrait en refermant la porte derrière lui. Approchant de sa mère, il lui adressait un clin d’œil en soufflant,
-Bonjour Maman… Tu m’as manqué. Je crois que c’est la plus belle demeure que vous avez fait construire!
Les années avaient-elles fait changer les choses ? Oui… Et non. A vrai dire, malgré tous les changements, malgré les politiques, malgré la surveillance dont nous étions désormais victimes depuis quelques années, l’important, lui, n’avait jamais changé. Notre famille était restée unie, soudée et plus forte que jamais. Oh. Catriona et Alexander avaient grandis, l’aîné était même entré en Ecole Elémentaire, mais cela n’avait fait que nous rapprocher. Bien sûr, tout n’avait pas été rose, bien loin de là. Le début de l’année, d’ailleurs, avait été marqué par l’une des pires épreuves que j’avais dû surmonter jusque-là… Mon père était décédé. Ce n’était pas faute de m’être battu pour lui, de lui en avoir voulu allant jusqu’à l’enfermer mais… Mieux valait ne pas y penser. Au vu de comment s’était déroulé son décès, de qui l’avait tué, de ce qui avait été fait… Seigneur. Non. Pas ce soir. Ce soir, nous devions dîner avec les Blackthorn, récemment installés à Malibu. Ce n’était pas l’heure pour la tristesse. Ce ne serait plus jamais l’heure. Me refusant à verser de nouvelles larmes, je préférai ainsi me concentrer sur l’habillage des enfants, aidée par Jared.
17h10. Tout le monde était prêt. Un dernier regard dans le miroir et je soufflai alors. Je n’avais pas revu les parents de Jared depuis le décès de mon père et j’admettais craindre voir des « parents », quels qu’ils puissent être, à vrai dire mais… C’était sa famille. Ma famille. Il était ainsi hors de question que je rate ce moment. Ainsi, me forçant à sourire, je rejoignis mon mari, parfaitement habillée pour l’occasion. Rien, comme toujours, ne devait être laissé au hasard. Esquissant un sourire rayonnant en approchant de la voiture, je répondis à son baiser, amoureuse comme au premier jour – enfin… Plus ou moins, au vu de notre histoire.
Ainsi pûmes nous prendre la route pour nous rendre au domaine Blackthorn dont la splendeur rendait grâce à leurs origines et leur fortune.
- J’admet que le comté entier fait pâle figure devant leur villa. Plaisantai-je doucement.
Laissant le démon et les enfants quitter la voiture, j’attendis le premier afin d’en faire de même, protégée par son ombrelle large. Me laissant attirée, je soufflai doucement, embrassant son cou avant de prendre la main de notre fille, grimaçant lorsque cette dernière rencontra un rayon de soleil.
- Alasdair! Na bris dad! (Alexander ! Ne casse rien !) Prévins-je en gaélique avant d’entrer à la suite de Jared.
La plus jeune des Blackthorn s’avança alors vers sa grand-mère dans un sourire angélique – paradoxalement au sang qui coulait dans ses veines – pour la saluer d’un « bonjour » particulièrement poli qui m’arracha un sourire tendre en sa direction.
- Bonsoir Catalina. Saluai-je à mon tour en espagnol. Je vous souhaite la bienvenue à Malibu. De manière plus pérenne. Soufflai-je dans un sourire dont la sincérité égalait au moins la force que je devais mettre pour le dessiner sur mon visage.
Au moins n’avais-je pas le temps de penser avec des enfants… Voilà qu’Alexander, épée toujours en main, revenait à la charge, bousculant son père au passage pour courir sur sa grand-mère, donnant des coups dans le vent.
- Alasdair! Répétai-je sévèrement avant de jeter un regard vers Jared. C’est ton fils, gère-le. Plaisantai-je dans un signe de tête vers le garçonnet particulièrement turbulent.