Un soir de semaine, la Sanguinaire sirotait son café en fixant le clair de lune. Elle avait énormément à faire parmi les Sanguinaires. Lloyd et Elizabeth étant présentement en Espagne, ils attendaient de trouver une solution à son problème d’exportation pour qu’ils puissent revenir à Los Angeles en toute quiétude. Mais malgré les quarante cafés par jour d’ingérés, elle gérait plutôt bien les affaires de la famille, en plus de ses problèmes personnels. Tout se passait pour le mieux, jusqu’à ce qu’elle reçoive un appel qui lui rajoutait une nouvelle charge de travail…

-Bonjour à vous. J’aimerais solliciter votre aide dans une affaire de famille qui pourrait s’avérer dangereux pour Alexander.

Elle reconnaissait sans peine la voix du psychiatre et père d’Alexander. Aussitôt, la Russe se redressait sur la chaise, laissait ses pieds descendre du bureau et soufflait d’un ton calme, mais attentif,

-Alexander est en danger? Je vous écoute.
-Pas présentement, mais il y a un risque. En rejoignant ma famille, il deviendra un Blackthorn et possible Héritier éventuellement. J’ai un frère qui cherchera forcément à l’éliminer à un moment ou un autre. C’est un secret pour Elizabeth, mais nous planifions notre mariage actuellement et tout porte à croire qu’il tentera une manœuvre à ce jour festif.

Cela laissait à risque Alexander, Jared, ainsi que la chef des Sanguinaires. Et si Elizabeth était sa cheffe, elle était désormais également une amie. Fronçant les sourcils, il ne lui en fallait pas plus pour prendre une décision et elle se doutait bien du service qui lui serait demandé. Elle garderait le petit Alexander en sécurité, quoi qu’il en coûte. C’est le mandat qu’elle avait accepté en devenant sa marraine et elle comptait bien respecter ses engagements.

-Vous demandez donc l’élimination de votre propre frère, M Blackthorn?

Il n’y avait aucun jugement dans la question et ce n’était pas une forme de test. La blonde désirait seulement s’assurer que l’homme savait exactement ce qu’il demandait.

-Faite le nécessaire pour assurer la sécurité de ma famille. Seul mon frère doit être ciblé. Il se nomme Manuel Blackthorn.
-Ce sera fait dans 7 jours.

La Sanguinaire avait entendu une multitude d’émotions dans la voix, tout comme dans le soupir de l’homme lorsqu’il était sur le point de raccrocher le téléphone. De la tristesse, de la colère, du regret… Elle avait appris à déceler les émotions, sans les ressentir en conséquence avec sa thérapie. Et c’est ainsi qu’elle se rajoutait une tâche de travail supplémentaire.


Sept jours plus tard, l’assassine s’était informé à distance avec son réseau sur sa cible. Un homme de mafia en Italie. Homme marié avec des filles et un fils. Il était reconnu pour ses mauvais sévices en cas de désobéissance et pour ses méthodes radicales. Elle avait prit connaissance de son réseau, de son lieu de résidence et ainsi prit son vol privé vers l’Italie en après-midi. Arrivant de soir à destination, elle louait une moto avec des faux papiers et conduisait jusqu’à une montagne en hauteur, tout près de la résidence de banlieue de sa cible. La maison était isolée, dans de la verdure et à l’écart de regard indiscret. L’assassine observait avec une parfaite clarté des jeunes femmes à travers le télescope de son L115-A3. Les balles de 338Labua dans le chargeur, prête à être tirée, alors que cette arme de petit calibre était impressionnante par son efficacité et discrétion. Habillée de noir complètement, elle était étendue sur le sol pour une meilleure stabilité et inspirait, puis expirait calmement. Fixant les fenêtres de la demeure, elle attendait tout simplement de voir sa cible. Cela serait rapide, simple et efficace. Une balle en pleine tête, qui ne résisterait pas le verra qui n’était pas pare-balle.

Elle attendit deux heures et quelques minutes, avant que la tête du démon aux cheveux noir ne soit dévoilée. Procédant à une double identification en consultant une photo récente de la cible, la Russe n’attendait pas plus longtemps. Elle inspirait, expirait… Et au moment qu’elle expirait à fond, posait son doigt sur la gâchette et appuyait sur celle-ci.

Le bruit de la détonation fut audible, alors que le recul de l’arme venait heurter l’épaule de la Sanguinaire. Gardant sa vue sur le télescope, elle observait le sang gicler sur le mur, les morceaux de cervelle et les résidus de verre brisé recouvrir le corps du Démon qui tombait lourdement au sol. Il était temps de filer. Rapidement, très rapidement, elle restait à genoux et rangeait son arme dans une boîte pour protéger une guitare, possédant un double fond. Son habit fait de noir venait rejoindre l’arme, tout comme les gants et la douille qui sentait la poudre. Ajustement le fond, elle posait la guitare à l’endroit approprié et rejoignait rapidement sa moto. Retrouvant la route, elle démarrait son engin et conduisait alors à vivre allure dans les premiers temps, jusqu’à retrouver une conduite régulière une fois en ville. D’autres voitures circulaient, des passants et la ville étaient animés. L’assassine faisait alors de nombreux détours en ville, puis allait porter la moto à un autre lieu d’emprunt de la même compagnie. Prenant un taxi, elle faisait la moitié de la route jusqu’à l’aéroport privé ou son conducteur l’attendait. Un second taxi la conduisait presque à destination, et elle complétait avec un troisième transporteur. Une fois dans l’avion privé, la blonde se laissait alors tomber dans son siège, soupirant en faisant tourner du sang frais dans sa coupe,

-Direction Los Angeles, je veux y être au matin.

Décidément, Elizabeth lui devrait une machine à café plus performante avec saveurs multiples.