20 mars... C'était la première date de mon concert, j'allais les semaines à venir les enchaîner mais j'étais prête psychologiquement. J'adore tellement monter sur scène pour faire mes concerts. D'ailleurs... C'est pour un de ces shows que j'avais donné un ticket VIP avec accès à la loge Lisandro. Je me demandais si il allait y assister. Il pouvait choisir la date qui voulait. Peut-être aurais-je une belle surprise un soir ? Non, non, ce serait juste une rencontre tout ce qu'il y a de plus normal ! C'est tout ! Bref. Il était temps pour moi de monter sur scène. Le spectacle se passa sans aucun problème. Une fois de retour à ma loge, je me douche, je me change, enfilant une tenue vite fait pour pouvoir rentrer chez moi. Je prends mon sac avec tous mes papiers et je garde le manteau au bras. Je n'ai pas froid donc je ne le mets pas sur le dos. Je sors par la sortie des artistes si je puis l'appeler ainsi. Je marche quelques mètres dans une petite rue peu fréquentée. Un homme vient à ma rencontre.
Oooh mais c'est Keira! Je suis un de vos fan ! Je vous aime depuis toujours, je vous veux ! Venez avec moi allez, je veux que votre bien. Allez ma mignonne...
Il sentait l'alcool à plein nez, mon dieu. Je reste polie, n'ayant pas le choix que de passer devant lui.
Je suis désolée, je ne peux pas vous donner ce que vous voulez. Je vous souhaite tout de même une bonne soirée.
Cependant la suite des événements me fit veillée, il me plaqua contre le mur, sa main à ma gorge, m.'étranglant. J'en avais lâché mon sac et mon manteau. J'avais peur et j'en perdis le contrôle. Je me transforme en loup, lui assenant un coup de griffe assez fort. Et après... Je me pris un coup sur la tête. Je repris ma forme humaine. Des policiers ?! Je me couvre de mon manteau.
Les mains en l'air ! Vous allez nous suivre pour agression sur humain. Je n'ai fait que me défendre. Ce n'était que de la légitime défense, il m'a...
Gardez le silence ! Un lycan qui agresse un humain aussi violemment ne mérite que la prison. Mais...
Un coup de feu. Un des policiers avait tiré juste à côté de moi. Je lève mes mains en l'air comme on me l'a demandé. Un autre me plaque contre le capot de la voiture de police, me menottant les mains derrière le dos. Je suis emmenée... Je n'ai pas le choix...
Je ne suis pas sûre de ce qu'il se passe ensuite je suis confuse. Tout est flou pour moi. J'ai peur, j'obtempère et je me tais, ne cherchant plus à me défendre et à m'expliquer. Mon de donne une combinaison de taulard me demandant de me changer. Je suis obligée de la gardait ouverte, ayant un grand décolleté comme elle est trop petite pour être fermée sur ma poitrine. Ils ont mon sac, mes papiers. J'ai l'impression d'être mise à nue. Toujours menottée, je dois les suivre. Arrivée à une cellule, les gardes ouvrent la portent, me poussant dedans avec une certaine brutalité. Je tombe donc au sol. Je me redresse et je reste sur les genoux quelques instants me demandant comment j'ai pu en arriver là. J'ai envie de pleurer mais je ne dois pas. Je reste immobile, je n'ose pas bouger, essayant de réaliser ce qu'il se passe. J'entends un des gardes parler à ses collègues.
Méfiez-vous de la nouvelle. Elle a un visage de poupée, elle a l'air d'avoir un corps de déesse mais elle est dangereuse.
Mais non... C'est ce qu'ils pensent de moi ? C'est ce qu'il fait croire aux autres... Je reste toute recroquevillée, attendant la suite de mon sort tristement.
20 mars. Depuis quelques temps, j'avais ce ticket de concert VIP pour Keira. Je n'avais pas encore osé venir la voir, parce que j'étais souvent pris dans mon travail et que je ne pouvais pas faire garder les enfants en permanence. J'allais donc devoir passer pour venir la voir. Je lui avais expliqué par SMS que je ne pourrais pas venir, pas cette fois. J'avais aussi cette autre crainte, celle de me rapprocher trop vite de la lycane. Il faut bien se l'avouer, elle m'avait tapé dans l'œil, mais est-ce que ça n'allait pas trop vite? Est-ce que je n'allais pas être déçu et trahi comme avec Phoebe? J'avais sans doute peur de tout ça, mais pourtant, j'avais envie d'y croire, je voulais aller plus loin avec elle. Je n'ai plus été en proie au doute comme ça depuis longtemps et Keira ... me fait perdre la tête, je ne voyais pas d'autres explications. Pourtant, ce premier concert, ça aurait été l'occasion parfaite de lui parler et de tout lui dire mais, au lieu de ça, je me suis défilé.
Je ressentais une espèce de boule dans le ventre, alors que je ne laissais rien transparaître, me préparant à aller travailler après avoir laissé mes enfants chez mes parents. Sur la route, je mis une des chansons de Keira dans ma playlist, une manière pour moi de penser à elle. J'avais regardé quelques unes de ses performances, elle est si différente sur scène que dans la vie de tout les jours, c'est presque à se demander si elle n'avait pas une sœur jumelle. Il n'y a pas à dire, elle m'avait vraiment marqué. Je continuais de conduire, jusqu'à arriver au centre pénitencier. Étrangement, c'était animé, à croire qu'il y a eu de l'activité récemment, une tentative d'évasion? Un nouveau prisonnier? Me préparant au pire, j'arrive au travail après avoir enfilé ma tenue de garde et quelques protections au cas où.
-Salut les gars? Il s'est passé quelque chose? C'est actif par ici.
On m'explique alors qu'il y a une nouvelle arrivante ici, qui apparemment était une beauté fatale. On me renseigne aussi sur la race, c'était une lycane. Qui sait, quelqu'un que je peux ramener dans le droit chemin, et potentiellement, une future membre de notre communauté. Je demandais la direction de la cellule, étant un lycan moi même, je serais le plus apte à la surveiller. Me dirigeant vers sa cellule qui était située à l'étage, voilà que je commençais à sentir des odeurs familières. Décidément, je pensais vraiment trop à elle, au point que mon odorat me joue des tours. Ça ne pouvait pas être elle, le concert avait encore lieu, de mémoire. Pourtant, j'avais beau me rapprocher, l'odeur s'amplifiait de plus en plus. Rapidement, mes songes se transformèrent en crainte. Hâtant le pas, je m'approchais de plus en plus de la source de mes inquiétudes, jusqu'à constater que non, mes sens ne m'ont joué aucun tour, que ce que je voyais était bien la triste réalité.
-K-Keira? Qu'est ce que ..., non, c'est une blague, c'est ça?
On était pourtant pas le premier avril. Que faisait-elle ici? Elle était en tenue de prisonnière comme si elle avait fait une bêtise. Un des collègues arrive alors et résume les faits.
-Elle a agressé un humain sans défense. Quand je dis que les surnaturels ne peuvent pas se tenir tranquille. Sans vouloir te manquer de respect Lis.
Je grinçais légèrement des dents face à sa remarque, secouant la tête. Non, Keira n'est pas du genre à agresser qui que ce soit sans une bonne raison, elle a dû perdre le contrôle. Elle m'aurait déjà attaqué lors de sa première transformation sinon. Pour moi, il y avait anguille sous roche.
-Tu devrais apprendre à côtoyer les autres, Vince. Je me charge de la prisonnière.
Il ricane et part vers l'étage inférieur. Une fois seul, je me permets de parler de nouveau à Keira.
-Je sais qu'il y a une bonne raison si tu es là. Je te connais assez, tu n'es pas violente... Racontes moi ce qui s'est passé s'il te plaît, et ne les écoute pas. Tu vas vite sortir d'ici quand on aura prouvé ton innocence.
Au fond, j'espérais qu'elle le soit vraiment, mais cela me paraissait tellement improbable qu'elle soit violente avec quelqu'un sans raisons. Non, pour moi, je ne voyais pas d'autres solutions, quelque chose a dû se passer et elle a été forcée de se transformer.
Une prisonnière... Voilà ce que je suis.. Si j'avais su qu'un jour ça m'arriverait je n'y aurais pas cru. J'aimerais que ce soit qu'un cauchemar et me dire que ça ira mieux en me réveillant mais non... C'était la triste réalité. Être derrière les barreaux pour un film, pourquoi pas mais ce n'est pas le cas. Je suis là considérée comme une simple criminelle, comme une personne dangereuse. Pourquoi ? Parce que je suis une lycane et que sous la peur de mon agresseur je n'ai pas pu me contrôler et je me suis transformée. J'ai juste voulu me défendre, voilà tout mais on ne m'a pas laissé parler. Non, j'ai dû garder le silence. A quoi bon lutter quand personne veut vous écouter. Depuis que j'ai été jetée dans celle cellule tel un objet et que je suis tombée sur les genoux, je n'ai pas bougée. Je suis dos à la porte de la cellule. J'ai honte, j'ai peur terriblement peur... Combien de temps vais-je rester ici ? Est-ce que je vais pouvoir sortir de là un jour ? Je suis dans l'incertitude totale, je suis dans l'inconnu et ça m'effraie. Pourtant je dois rester calme pour ne pas risquer de me transformer à nouveau et donner raison à mes geôliers. Je suis toute recroquevillée, j'attends que le temps passe et il est affreusement long. J'entends les gardes parler de moi. Dangereuse disent-ils... Belle mais ce n'est que de la sournoiserie. Non, je ne fais rien de tout ça. Ils ne se basent sur sur ce qu'ils ont vu mais ils n'ont pas vu l'homme m'agresser et l'étrangler. Mon cou me fait encore mal, je ne sais même s'il y a des traces apparentes ou non mais vu la violence dont mon agresseur avait fait preuve, je suppose que oui. De toute façon peu importe, les choses ont été faites, mon sort est scellé et personne ici n'a voulu m'écouter ni entendre ma version des faits. J'entends les sifflements des autres prisonniers... Une nouvelle femme qui arrive ça leur plaît... J'ai l'impression de n'être qu'une proie. En moins de quelques heures j'étais passé des paillettes à l'obscurité. Je fais quelque chose dont je n'ai pas l'habitude de faire en public mais je suis seule dans ma cellule alors je me dis que je peux. Je laisse mes calmes coulaient. Soudain j'entends mon prénom et une voix familière. Je tourne la tête brusquement, mon regard croisant celui de Lisandro. Non... Je ne veux pas qu'il me voit dans cet état... Surtout pas... Pourquoi il est toujours là quand je vis des choses qui me sont horribles ? Il veut se moquer ? Non... Il a toujours fait en sorte de m'aider... Mais là... Il est mon geôlier. Je détourne mon regard du sien et j'essuie mes larmes. Je ne voulais pas qu'il lez voit mais c'était trop tard. J'entends son collègue parler de moi... Je me sens terriblement mal, je ne veux pas entendre. Je n'ai pas choisi d'être une lycane, je ne voulais pas. C'est alors que Lisandro s'adresse de nouveau à moi. Il veut savoir ce qu'il s'est passé... C'est le seul qui se soit un minimum intéressé à ma version mais... J garde le silence quelques instants.
Rien, il ne m'est rien arrivé, j'ai perdu le contrôle.
Sauf que je n'ai pas perdu le contrôle pour rien mais je ne voulais pas lui dire. Était-ce par orgueil ou par fierté ? Je ne sais pas... Je laisse planner du silence. Je voulais jouer les dur, je ne voulais pas qu'il me voit vulnérable eh puis finalement ses collègues ont peut-être raison, je ne suis qu'un monstre. Je finis par me lever et aller vers la porte de la cellule.
De toute façon à quoi bon, tout le monde me croit coupable ici. Cela dit, ils ont peut-être raison. Tu sais, je ne suis peut-être pas la bonne personne que je parais être devant toi.
Mensonge... J'avais peut-être un caractère un casse-pieds mais je ne faisais pas de mal pour rien. Il y avait une raison. Je n'avais pas fait attention au fait qu'il pouvait voir les marques de strangulation autour de mon cou. Je continue de jouer la comédie, c'est plus simple pour moi.
Je ne suis pas quelqu'un de bien, désolé de te décevoir.
Dis-je avant de m'éloigner. J'espérais le faire fuir. Je ne voulais qu'il reste la a me voir telle une bête en cage et pourtant cette situation me bouleversait. Une fois de nouveau de dos, je laissais mes larmes couler de nouveau.
J'avais encore du mal à y croire, voir Keira ici était un véritable choc. Je ne pouvais décemment pas croire qu'elle était ici de manière justifiée, il y avait forcément quelque chose. Cela se voyait dans son regard triste et fuyant, quelque chose n'allait pas et je la connaissais assez pour savoir que ce n'était pas de sa faute si elle était ici. J'entendais les commentaires un peu déplacés des autres prisonniers et cela ne me plaisait pas du tout. Je voyais bien sur ses yeux qu'elle avait pleuré, ses joues étaient humides, malgré qu'elle essayait de le cacher. Il fallait que je l'aide, tout en restant le plus professionnel possible. J'avais demandé sa version des faits, et rien que là, ça ne collait pas. Il ne s'est rien passé, elle a juste perdu le contrôle et elle se retrouve ici? Elle espère quand même pas que je vais la croire tout de même? Une femme qui travaille dans le showbiz qui perd le contrôle, comme ça, sans aucune raison? Rien qu'une claque était déjà une perte de contrôle, alors pour qu'elle se transforme, il devait y avoir une sacrée raison.
-Keira ... je sais que c'est faux. S'il ne t'était rien arrivée, tu ne serais pas ici. Tu ne perds pas le contrôle sans raison.
Je reconnaissais encore ce comportement. Elle l'avait déjà utilisé avec moi et à force, je le comprenais. Elle ne voulait pas tout me dire, c'était évident, cependant, je n'allais pas rester là sans rien faire, je lui ferais avouer ce qu'elle me cache. Je l'observais se lever et venir jusqu'aux barreaux de sa cellule. Je l'écoute et encore une fois, elle me mentait. Elle, pas une bonne personne? J'ai déjà entendu cette excuse auparavant, et je savais déjà que ce n'était vrai, une fois de plus, elle se protégeait. Je l'observais et je pouvais voir des rougeurs autour du cou. Une preuve comme quoi elle s'est faite agresser. Je savais bien qu'il y avait quelque chose qui s'était passé. Elle me tourne alors le dos, disant qu'elle n'était pas une bonne personne et que je devais être déçu. Je secoue la tête, ne la quittant pas du regard.
-Arrêtes de me mentir et de fuir s'il te plaît... Je vois les traces sur ton cou. C'est étonnant que personne d'autre que moi les ai vu. Ça pourrait t'innocenter.
J'appelle un autre collègue, lui demandant de venir et de constater la blessure. Je l'entends monter les escaliers et quand il arrive devant la cellule, il regarde Lisandro et soupire.
-Ce sont des gens du showbiz Lis... ils peuvent te faire croire n'importe quoi. De toute façon, ils vont juste payer leur caution et sortir. Les gens comme eux, ils ont leurs propres lois.
Je soupire bruyamment, lui attrapant le poignet. Il est rare que je m'énerve, mais j'en avais assez d'entendre des préjugés en permanence, entre celle de ma race et maintenant, le fait que l'on vienne de milieux différents. Je n'étais vraiment pas satisfait de ce que j'entendais, et je comptais bien lui faire comprendre.
-Écoute, j'en ai un peu marre que l'on juge une personne sans la connaître. Oui, c'est une lycane. Oui, c'est une célébrité. Mais ça reste avant tout une détenue et je pensais qu'on traitait tout le monde de la même façon ici. Alors quand je te dis de venir pour regarder une blessure, la moindre des choses serait de m'écouter.
Mon regard s'était un peu assombri et mon collègue, intimidé. Il regarda alors Keira et constatait effectivement des marques de strangulation. Il s'excusa concernant sa remarque et partit écrire un rapport qu'il allait envoyer au commissariat. Je reviens de nouveau vers la cellule de la chanteuse, alors que mes collègues continuaient leur ronde.
-Je n'aime pas les préjugés, ça a le don de me mettre hors de moi, surtout quand ça te concerne. Enfin ... les gens que j'apprécie en général. Je pense que là, il a compris la leçon. Mais j'ai besoin que tu coopères avec moi, que tu me dises que ce qui s'est passé. Tu pourras facilement sortir si on arrive à prouver ton innocence.
Mes yeux étaient sérieux et il était rare que je fasse preuve d'autorité, mais parfois, il fallait que j'use de ça pour ne pas me laisser marcher dessus et que je me fasse entendre.
Tromper Lisandro... Voila ce que j'essayais de faire mais il n'était pas duper et face à cette situation, j'avais du mal à jouer la comédie et à être ne serait-ce qu'un minimum crédible. En arrivant ici, j'espérais ne croiser personne que je connaissais et finalement c'était pire que tout, c'est lui que je voyais et c'est lui qui garde ma cellule. Quelle plaie. Il ne peut pas juste aller ailleurs ? Je ne veux pas qu'il me voit ici, j'ai assez honte comme ça. Mais... pourquoi le fait que ce soit lui me dérange plus qu'une autre personne ? Cela devrait me faire ni chaud ni froid... Lisandro laisse-moi je t'en prie, je ne veux pas que tu me vois dans cet état pitoyable... Voilà ce que j'aimerais lui crier, lui hurler mais... J'en suis tout simplement incapable. La seule chose qui sort d'entre mes lèvre: un silence éloquent. Il avait raison après tout, je ne me transformais jamais pour rien. La plupart du temps c'est par peur et là... J'avais eu terriblement peur. Je restais dos à lui, toujours incapable d'affronter ce regard. Moi qui essaye de toujours garder la tête haute, avec lui c'était impossible, je perdais tous mes moyens. En si peu de temps il avait déjà fissuré ma carapace que j'essaye tant bien que mal de garder sur mon dos. J'espère de tout cœur qu'il aille s'occuper des autres prisonniers, mais non, il reste. Est-ce que ç l'amuse de voir une bête en cage ? C'est ce que je suis... Juste une bête derrière des barreaux. C'est ainsi que je me vois. Arrêter de lui mentir et de le fuir ? Comment ? C'est tellement plus simple à dire qu'à faire. Il parle de mes traces au niveau de mon cou et par réflex je camouffle celles-ci avec mes mains. A quoi bon ? il les a déjà vu de toute façon. Résignée, je commence à m'approcher mais la réaction de son collègue me stoppe dans mon élan. Je baisse de nouveau la tête. A quoi pouvais-je m'attendre d'autre ? Mais la réaction de jeune homme me surpris. Finalement il regarde mes marques et s'excuse. Je reste silencieuse comme je l'étais depuis un moment. Lisandro s'était éloigné avant de revenir. Je l'écoute, ne parlant toujours pas, restant muette telle une tombe. Je n'ai pas spécialement envie de coopérer avec lui. Je suis peut-être bornée mais c'est comme ça. J'esquissai un léger sourire, froid, mais un sourire quand même.
Ca t'amuse de regarder une bête en cage ? Tu prends ton pied hein ? Espèce de sadique.
Je repars un peu plus loin dans ma "cage". Loin est un bien grand mot vue la taille de celle-ci. Je m'assois, les genoux vers ma poitrine, je suis accoudée sur ces derniers. Est-ce que je suis méchante ? Peut-être. Pour l'instant il n'obtiendrait rien de moi. Je n'ai pas envie de parler. Je joue la forte tête. Ce n'est qu'un facette, juste pour qu'il me foute la paix. Il a dû me voir pleurer et je ne veux pas qu'il me revoit ainsi. Juste jouer quelques instants la comédie, le temps qu'il aille voir ailleurs. Je dois tenir... Juste un peu... Je suis tellement perdue que j'en viens à faire n'importe quoi... Je finis par conclure:
Je n'ai pas besoin de ton aide. Je ne veux pas de ton aide. En fait je n'ai même pas envie de voir ta tête.
Mensonges, balivernes. Je finis par détourner le regard, regardant à travers la toute petite fenêtre menant vers l'extérieur. J'ai envie de pleurer toutes les larmes de mon corps. Une seule pensée me traverse l'esprit. Attendant qu'il s'éloigne, je me parle à moi même et d'une voix presque inaudible, étant sure qu'il ne pourrait pas m'entendre:
Pardon Lis... Je suis tellement désolée...
Toujours les genoux pliés, je pose mes bras dessus, je mets ma tête dans mes bras et je laisse s'échapper quelques larmes.
Keira n'était pas le genre de personnes qui méritait d'être en prison, malgré tout ce que je pouvais entendre. Des criminels, j'en côtoie chaque jour, j'ai pu développer un espèce d'instinct qui me dit si jamais une personne est bonne ou mauvaise, et cela a toujours été le premier cas pour la chanteuse. Je ne l'avais pas quitté du regard, je voulais la soutenir autant que possible, mais que c'était difficile de la voir dans cet état. Elle ne méritait clairement pas ça. Je me montrais sans doute trop sentimental pour une détenue, mais quand même, ce n'était pas n'importe qui. Je m'étais peut-être emporté trop facilement avec mon collègue tout à l'heure, mais il faut dire que les remarques qui ont fusé ne m'avaient pas plu, surtout quand ça la concernait elle. Keira avait assisté à toute la scène, alors qu'elle allait peut-être s'ouvrir et parler de ce qu'elle avait vécu avec moi, mais il en fut rien. Elle restait silencieuse et quand un son sortit enfin de sa bouche, c'était pour me traiter de sadique. Je soupire, la regardant de nouveau s'éloigner.
-Quelle bête? Je ne vois qu'une femme ici.
J'avais hésité à dire "amie", mais je pense que c'est un terme qui ne serait probablement jamais sorti de ma gorge. Pourquoi? Peut-être parce que j'en attendais un peu plus? Qui sait. En tout cas, je savais que tout ça, ce n'était que des mensonges, qu'elle se cachait, encore et encore. Je me montrais patient et attentif, si bien que mes collègues commençaient à se poser des questions en me voyant aussi longtemps là-bas. Keira était recroquevillée sur elle même, dans un coin de sa cellule. Est-ce que c'était vraiment le comportement de quelqu'un qui allait bien? Ce n'était que des mensonges, et cela se voyait. Plus elle était dans la détresse, et moins et elle était une bonne menteuse. La suite de ses paroles me firent mal, serrant légèrement les dents. Elle ne voulait vraiment pas me voir? Je me faisais vraiment des idées avec elle? J'avais du mal à y croire, mais à force, je commençais à douter de moi. Je refusais de croire qu'elle voulait que je la laisse tranquille, mais en même temps, ce qu'elle avait dit ne m'avait pas laissé insensible. Je me résigne finalement, tournant la tête pour ne plus regarder la cage de la lycane, d'une voix presque déçue.
-D'accord... si c'est ce que tu veux vraiment...
Le pas lent, je commençais à partir, perdu dans mes pensées, jusqu'à ce qu'un murmure, inaudible parvint à mes oreilles. Ses excuses, elle me demandait pardon. Je savais bien qu'elle se protégeait, quand bien même ses dires étaient douloureux. Lentement, ma main s'accrocha au barreau de sa cellule, revenant sur mes pas. Je regardais la lycane emprisonnée, m'adressant à elle d'un ton sérieux.
-Je ne t'en veux pas, tu n'as pas besoin de t'excuser. Je ne veux juste pas que tu me rejettes comme ça. J'ai beau savoir que tu ne le penses pas vraiment, ça fait quand même mal. Surtout quand ça vient de toi.
Les autres, j'aurais pu me contenter d'ignorer les paroles et de passer outre, mais Keira ... je sais pas, chacune de ses paroles avaient un effet bien plus puissant sur moi que les autres. Je tendais ma main à travers les barreaux de la cellule, comme si j'essayais de la toucher alors qu'elle était bien trop loin. Je voulais tant la rassurer, lui dire que tout irait pour le mieux désormais, mais je ne pouvais pas lui promettre une telle chose, car cela ne dépendait pas de moi. Tout ce que je pouvais faire, c'était parler, encore et encore.
-Je ne te laisserais jamais tomber, tu m'entends? Ta place n'est pas ici. Elle est ... ailleurs, en dehors de ces lieux.
Je me suis retenu de dire "avec moi", ça aurait sûrement été mal vu, mais sous l'émotion, j'avais failli avouer certaines choses. Me prenant quelques remarques de mes collègues, je préviens alors Keira que je fais une ronde, et que je reviendrai la voir dès que je peux. Qu'il était compliqué de mêler travail et vie privée. J'espère qu'elle sortira bien vite, j'avais déjà bien du mal à supporter ce que j'avais vu et entendu ce soir.
Une bête en cage, voila comme je me voyais. De toute façon, à partir du moment où tu es mis dans une pièce aussi étroite avec à peine une vue sur l'extérieur, il y avait de quoi devenir fou. Moi qui passe ma vie à bouger à droite à gauche, qui suis très active, me voila enfermée. Lisandro ne voyait qu'une femme, je pourrais presque exploser de rire si la situation n'était pas si triste mais je n'en fis rien. Nous n'avons pas la même définition de femme apparemment. Je me contente d'un haussement de sourcil et de le regarder avec dédain. Bon, c'est quand qu'il se casse ? Il faut que je l'envoie balader encore plus ou ça ira ? Parce que franchement… Je n'ai pas envie de lui faire du mal mais d'une certaine façon j'en suis contrainte. Heureusement il finit par partir. Alors que j'avais exprimé des excuses à moi-même le concernant, pensant qu'il ne pourrait pas m'entendre, il revient en me disant qu'il ne m'en veut pas. Je relève la tête, une expression étonnée sur le visage. Il lit dans les pensées ? Il ne peut pas m'avoir entendu, si ? J'aurais dû me méfier plus. Je détourne le regard. Je viens de l'envoyer balader violemment et il ne m'en veut pas, comment c'est possible ? Comment fait-il pour rester aussi calme ? Ce n'est pas possible… Je soupire puis je me lève pour aller vers lui. Je le regarde dans les yeux, gardant une certaine méfiance en moi.
Comment pouvais-tu être aussi sur que je ne pensais pas ce que je t'ai dit ? Je suis peut-être une moins bonne comédienne que je ne le crois. Peut-être que tu te trompes et que ma place est bien ici.
Je le laisse repartir faire sa ronde. Je retourne m'asseoir, de toute façon je n'ai que ça à faire, attendre. Après quelques minutes je finis par m'allonger. Je me sens épuisée. Entre mon concert, ma transformation et tout ce qu'il s'est passé ce soir, je sens le sommeil qui me guette. Pourtant je n'ai aucune envie de dormir ici. Je me relève, je fais les cents pas. Je m'approche quelques instants des barreaux puis je repars vers le fond de ma cellule. Je retourne une énième fois sur ce qui me sert de lit. Je m'allonge et j'attends. J'attends. J'attends. Je finis par succomber, mon envie de dormir était devenue bien trop présente et je ne pouvais plus lutter. Je finis par m'endormir, épuisée. Le temps passe. Des minutes ? Des heures ? Je ne sais pas... J'ai perdu la notion du temps. Est-ce que Lisandro est encore en service ? Je ne sais pas. J'ai l'impression de n'avoir dormi que quelques minutes mais apparemment quelques heures étaient déjà passées. Je vais vers l'entrée de ma cellule comme pour guetter si je le voyais. Ici, il était mon seul repère et finalement ce moment douloureux l'est un peu moins grâce à lui. Je ne le vois pas. C'est à ce moment-là qu'un garde passe devant ma cellule et dépose un plateau repas. Je n'ai clairement pas envie de manger, je n'ai pas faim. J'ai l'estomac noué, je suis incapable d'avaler quoi que ce soit. Je m'adosse contre la "porte" et j'attends désespérément une bonne nouvelle, quelque chose qui puisse me redonner un peu d'espoir. Mais rien... J'ai l'impression d'attendre une éternité. Soudain j'entends un autre prisonnier un peu plus loin.
Poupée, chui sûr que si tu offres ton p'tit cul à ces gardes y'a moyen que tu sortes plus vite. Chui sûr que tu t'y prends bien en plus.
Ce mec me répugne. Il me prend pour qui ? Je ne suis pas une catin, je ne vends pas mon corps. C'est donc cette impression que les gens ont lorsqu'ils me voient. Je sers les barreaux entre mes doigts. J'ai envie de répondre, j'ai envie de lui dire: et mon poing dans ta tronche tu le vois arriver ? Mais rien, j'en suis incapable, de plus je suis déjà dans un sacré pétrin, et je ne veux pas aggraver mon cas. Je finis tout simplement par reculer, puis je vais le plus au fond possible de ma cellule. Je m'assois par terre et me recroqueville sur moi-même.
Keira était étonnée. Qui l'eut cru que les lycans avaient l'ouïe aussi fine? En tout cas oui, je l'avais entendue, et je ne comptais pas me défiler. Sa détresse, sa tristesse, son désarroi, tout ça, je l'avais ressenti et je voulais l'aider. Pour moi, elle était innocente, j'en restais persuadé. Je la voyais se lever, s'approcher de moi et me regarder dans les yeux. Ses yeux bleus qui d'habitude étaient si beaux à regarder, laissaient transparaître une certaine tristesse. Ses paroles transpiraient toujours le déni, même si elle n'avait pas entièrement tord. Je ne me basais que sur mon instinct et ce que je voyais, ainsi que sur d'autres pressentiments qui ne tenaient qu'à moi. Il y avait une certaine méfiance, malgré tout ce qu'on s'était dit, jouant encore sur la défensive. Je secoue la tête face à ses dires, voulant la rassurer.
-Non, tu n'es pas une mauvaise comédienne, loin de là. Seulement... j'ai vu ta vraie facette, celle que tu es vraiment, c'est difficile de me berner à partir de ce moment. Tu peux faire semblant sur beaucoup de choses, mais je suis sûr qu'avec Ruby et Noah, tu ne faisais pas semblant...
Je l'ai vu s'occuper de mes enfants et c'est probablement là où elle était la plus sincère. La chanteuse continuait de me mentir encore et encore, me disant qu'au final, elle voulait se protéger de moi, quand bien même il n'y avait aucune raison qu'elle ne le fasse. Je la regardais s'allonger sur le lit de la cellule, alors que je repars faire ma tournée pour surveiller les prisonniers. Keira avait fini par s'endormir et plutôt que de la déranger, j'avais décidé de continuer mon travail, jetant un coup d'oeil de temps à autre. J'avais décidé, au bout de quelques heures, de prendre une pause, un café à la main, afin de discuter avec les collègues. Le soleil se levait doucement et le petit-déjeuner allait être servi à tous. Mon service se termine vers midi, donc il me restait encore un peu de temps avant de partir. J'entendis alors une conversation.
-T'entends ça? La célèbre Keira Alexanderson en prison! Ça va faire la une des journaux!
-On raconte qu'elle va sortir dans la soirée, que sa boîte de production allait payer la caution. Ses fans commencent à foutre la pression aux policiers. Je suis sûr qu'elle l'a fait exprès.
Décidément, le monde des célébrités n'était vraiment pas le même que le nôtre. Je me permets alors d'intervenir, venant rajouter mon grain de sel, mais aussi, d'éclaircir certaines choses la concernant, voulant implicitement la défendre.
-Je pense pas qu'elle ait organisé cette pression. Ça n'a pas l'air d'être son genre. Je dirais plutôt qu'elle a la trouille d'être ici.
-Oh voyons Lis, tu sais bien que c'est une actrice. Elle peut te faire croire n'importe quoi, même le fait de s'intéresser à toi. Elle n'est pas du même monde que nous, tout n'est que strass et paillettes chez eux.
Je ne voulais pas croire ses paroles, me disant que ce n'était pas vrai. Je me contente alors de boire le reste de mon café, sortant de la salle de pause pour ensuite, recommencer ma ronde, allant voir Keira. Je commençais à entendre certaines remarques désagréables, concernant Keira une fois de plus. Je me contentais alors de lancer un avertissement.
-Silence ici! C'est l'heure du petit-déjeuner, profitez-en.
Je retourne ensuite voir Keira, qui semblait être de nouveau en boule dans son coin. Mince alors, la prison ne lui faisait vraiment pas du bien. Peut-être qu'elle jouait la comédie pour que j'ai pitié d'elle? Non, je ne pouvais pas y croire, même si la possibilité était là, je doute qu'elle le fasse vraiment. Je regarde alors la lycane avec le sourire qui masquait mes inquiétudes. Je l'informe donc des nouvelles que j'avais entendu durant ma pause.
-J'ai cru comprendre que tu allais bientôt partir... ta boîte de production est sur le coup et tes fans mettent la pression pour que tu sortes, disant qu'il s'agissait d'une erreur, quand bien même personne a rien vu. Après, entre les rumeurs et ce qui est vrai ... c'est compliqué de démêler le vrai du faux.
Tout est si difficile en ce moment, mais j'avais envie de rester fort, pour elle, pour nous. Je regarde son plateau repas, certes, il n'était pas le plus appétissant du monde par rapport à ce que Keira était capable de cuisiner, mais il fallait qu'elle reprenne des forces. J'essaye donc de la convaincre de manger.
-Tu devrais tenter de manger un peu... je ne peux pas te donner le même genre de repas que lorsque je cuisine mais ... je te promets qu'une fois sortie, le prochain repas sera fait maison. Je te demande juste de t'accrocher ... je serais là jusque midi, mais je reviendrais ce soir. Je vais faire en sorte que tu sois la mieux traitée possible.
J'entends quelques sifflements de la part d'autres prisonniers, mais je me contente de rouler des yeux. Décidément, on ne pouvait jamais être tranquille, me disant que les moments où on était que tout les deux sont précieux et qu'il faut en profiter autant que possible.
Je ne suis pas une mauvaise comédienne… J'espérais bien ça faisait parti de mon métier, sans ça je suis un peu perdue. Il connaissait ma vraie facette ? Avais-je vraiment réussie à être moi-même avec lui ? Il doit se tromper... Non... Il avait raison. Avec ses enfants je n'avais pas fait semblant. Avec ces petits êtres mignons à croque je ne peut qu'être moi-même. Il avait vu à travers ma carapace, à travers mon armure de fer que j'essaye désespérément de garder pour me protéger. Comment avait-il pu en si peu de temps me faire perdre mes moyens ? Il est mon sauveur d'un certaine façon. Depuis que je suis lycane, il est mon repère et la vie ne cesse de nous mettre sur le même chemin. Il y a tellement de choses de que j'aimerais lui dire. Déjà un merci... Mais je ne peux pas, je ne cesse d'essayer de mettre une distance entre nous alors que je sais que celle-ci ne sert à rien. Je l'avais écouté me parler mais au risque de dire des choses que je pourrais regretter je m'étais contentée d'afficher un sourire bien que celui-ci soit triste à cause de la situation. Bref à l'heure actuelle je suis recroquevillée par terre à attendre que le temps passe. J'ai à la fois faim et l'estomac noué. Je ne touche pas au plateau qui se trouve en face de moi. Je veux revoir Lisandro... J'aimerais tellement qu'il soit là... Mais je ne l'ai pas vu depuis mon réveil. La seule chose que je vois ce sont les autres gardes et les prisonniers... la seule chose que j'entends... Leurs remarques déplacées qui e font serrer les poings et les dents mais je suis impuissante. Je me contente de rester tête baissée, honteuse. Finalement j'entends une voix qui m'est familière... Il est là. Il est de retour. Il devait être en pause. Mais rien qu'avec sa présence je me sens mieux. Il s'adresse à moi. Que va-t-il me dire ? Je commence à angoisser quand finalement il me dit qu'apparemment je devrais bientôt sortir. J'ouvre de grands yeux surprises. Cependant je ne me laisse pas submerger par la joie. Après tout rien n'est fait encore alors je préfère ne pas me réjouir trop vite. Je me contente de répondre simplement.
D'accord, merci pour ces informations.
Je finis par me relever pour me rapprocher de Lisandro. Je tiens les barreaux avec mes mains. Je devrais essayer de manger. Non... J'en suis incapable. J'ai la boule au ventre, j'ai limite envie de vomir. Je suis incapable d'avaler quoi que ce soit. Il me dit que le prochain repas sera fait maison. Je ne peux m'empêcher de sourire et finalement je tourne la tête. Je ne veux pas qu'il voit ce sourire même si en soit il a le don de me remonter le moral. Il veut faire en sorte que je sois bien traitée. J'entends les autres prisonniers siffler. Il va se faire griller à être trop gentil avec moi, il n'est pas impartial. Il faut que je règle ce problème. Je fais un signe de négation avec la tête et je reprends une expression assez froide. Si il continue comme ça, il va avoir des problèmes avec ses collègues puis ses chefs. Pardon Lisandro.. Je vais encore être méchante mais c'est pour t'éviter les problèmes. Finalement je soupir.
Ecoute, t'es personne pour moi donc déjà je mange si je veux et ensuite j'aimerais que tu me foutes la paix. Là, ça vire au harcèlement. Donc arrête d'essayer de me chouchouter, ça m'évitera des problème et ça t'en évitera aussi.
Je m'éloigne de nouveau, croisant les bras sur ma poitrine. Je garde toujours mon expression fermée et froide sur le visage. J'en ai presque l'air hautaine à force. Je lui dis avec un ton plus que provoquant qu'il ne devait pas encore connaitre.
C'est quoi ton but ? Finalement ils ont peut-être raison les autres prisonniers. Je t'offre mon cul et je serais libérée. A moins qu'une pipe suffise.
Voilà c'était dit. Ces paroles ne me correspondaient pas et j'étais même dégoutée de dire ça. Surtout que je savais que c'était deux choses que j'avais déjà fait, mal vécu et que j'étais incapable de les recommencer.
Aller. Va-t'en.
Cela faisait déjà pas mal de temps. J'en déduis qu'il allait devoir bientôt partir et cela mettrait un terme aux rumeurs et aux idées que pourraient se faire ses collègues et les prisonniers. Une fois partie, jusqu'à ce qu'il revienne, je serais dans cette cellule à attendre. Je tenterai de dormir pour que le temps passe plus vite mais mon sommeil sera entrecoupé. Je vais également sauter le repas suivant, toujours incapable de manger. La journée va être longue, très longue mais le soir finirait bien par arriver.
Je n'aimais pas la voir dans cet état en prison. Si je pouvais lui apporter n'importe quelle bonne nouvelle afin de lui redonner le sourire, je le ferais, mais la seule que j'ai pu lui donner, c'était concernant sa potentielle libération. Elle ne semblait pas spécialement enjouée par ce que je venais de lui dire, ne montrant presque aucun signe de joie, juste des remerciements. Je le savais qu'au fond, elle se sentait mal, j'ai vu son comportement, ses larmes, sa détresse, je ne pouvais pas la laisser ainsi, ce n'était pas sa place, ni même sa faute. J'avais besoin de la revoir, de m'assurer qu'elle aille bien, me disant même que j'en faisais peut-être trop, qu'on allait me le reprocher. Je regarde la chanteuse se lever, marcher vers les barreaux de la cellule, les tenant dans ses mains. Je lui avais fait la promesse que le premier repas qu'elle aura une fois qu'elle sera sortie sera fait par mes soins. Je souris en pensant à ce futur repas en tête à tête, malgré les sifflements des autres prisonniers. Ce n'était pas bien, je le sais, mais tout ce que j'avais en tête à l'heure actuelle, c'était le sort de l'actrice.
Alors que je faisais de mon mieux pour lui remonter le moral, je ne pouvais m'empêcher de penser aux remarques de mes différents collègues, me disant que je me faisais des illusions. Je la regarde alors secouer la tête et devenir froide. Qu'est ce qui se passait? Je sentais mon estomac se serrer de plus en plus au fur et à mesure qu'elle sortait ces mots si durs à entendre. Elle me faisait mal et alors qu'elle prenait un air de plus en plus hautain. Pourquoi me faisait-elle ça maintenant? J'avais beau me dire qu'elle se protégeait ou qu'elle avait des raisons.... avec les récents doutes que j'avais, j'encaissais ses propos de plein fouet. Je n'eus le temps de répondre qu'elle se montrait particulièrement vulgaire, sortant des propos que je n'avais jamais entendu auparavant de sa part. Elle faisait mal, très mal, et pourtant je restais devant elle, même si mon visage affichait une mine de plus en plus triste. C'est quand elle me dit de partir que je lâche alors tout ce que j'avais sur le cœur, ne pouvant plus me calmer.
-Au final, ils avaient raison ... tu ne voyais pas grand intérêt en moi. J'ai juste été un gars présent au bon moment et maintenant, tu me balances des crasses pareilles. Arrêtes de vouloir te protéger en me blessant, je peux être tolérant, patient, gentil, mais là, c'est trop. T'es capable de te montrer douce avec moi et la seconde d'après, me balancer des horreurs pareilles. Je suis quoi pour toi pour que tu te permettes de telles choses? Juste un jouet? À quoi rimait tout ce qu'on s'est échangé, toi et moi?
La colère pouvait se lire dans mes yeux. On pouvait les voir changer de couleur, sensation que Keira avait souvent ressenti, mais qu'elle n'avait certainement jamais vu. Relâchant le barreau que j'avais légèrement tordu à cause de ma transformation, je pars alors à toute vitesse vers la sortie la plus proche, la fin de mon service approchant à grands pas.
-Fait chier!
Un grand silence s'était installé, alors que je me déshabillais déjà en cours de chemin avant de sortir et de me transformer en lupin. Il me fallu un petit moment avant de me calmer et de prendre la voiture, m'étant rhabillé au passage. J'avais repris mes enfants pour les garder la journée et en les regardant, je ne pouvais m'empêcher de penser à Keira. Pourquoi m'avait-elle dit tout ça? Le pensait-elle vraiment? Pourtant, il y a des choses qui ne trompaient pas, pourquoi j'aurais eu cette trace de rouge à lèvre sur la joue, si tout ce qu'elle m'avait dit ce matin était vrai? Au final, je m'étais peut-être emporté trop vite, j'aurais dû réfléchir davantage. Je me sentais un peu mal de lui avoir dit de telles choses, alors qu'elle voulais juste se protéger. J'étais en proie au doute, et je me dis qu'il fallait que j'éclaircisse les choses avec elle. La journée passa assez vite et après que Ruby et Noah se soient endormis, je les ai ramené chez mes parents pour qu'ils s'en occupent pour la soirée. J'avais fait le chemin jusqu'à la prison, mon esprit était encore tiraillé par ce qui venait de se passer aujourd'hui. Je reviens au pénitencier, sous le regard intrigué de mes collègues, ne comprenant pas ce qui s'est passé plus tôt. Sans rien dire de plus, je me change, enfilant ma tenue de travail et commençant ma ronde en m'approchant de nouveau de la cellule de Keira, tournant ma tête vers celle-ci, le regard vide.
Mes mots avaient été cru, ils avaient été durs mais j'avais dû les prononcer. Déjà parce que c'est une façon pour moi de me protéger mais aussi et surtout pour éviter que les rumeurs auprès de ses collègues et des prisonniers continuent. Si ils apprenaient que nous nous connaissons et que nous sommes amis ça allait nous causer du tort. Amis... Je ne sais pas si c'est de l'amitié que je ressens à son égard... Je crois que c'est plus fort... Je crois que... Non, ce n'est pas le moment de penser à ça, la situation me fait perdre les pédales... Je vois son expression devenir de plus en plus triste comme je ne l'avais jamais vu. Tout a l'heure ce n'était rien... Je ne suis pas sûre qu'il me pardonne cette fois. J'aimerais m'excuser mais je ne peux pas... Il finit par exploser et ce qu'il me dit me fend le cœur, me fait terriblement mal. J'aimerais crier, j'aimerais pleurer mais je tente tant bien que mal de garder cette expression impassible sur le visage. Le tout étant de garder le contrôle le plus possible. Je vois ses yeux... Je connais ce sentiment... Il va se transformer... Par ma faute. Je l'ai blessé au point où même lui perd le contrôle. J'ai été horrible. Je ne réponds rien, me contentant de le regarder. Je ne peux même pas me rassurer, rien, aucun mot ne sort de ma bouche. Quand il part en courant, je tends une main à travers les barreaux, comme si je voulais le retenir. Mais... C'est trop tard. Je m'assois sur mon lit la tête dans mes mains.
Qu'ai-je fait...? Mais qu'ai-je fait ?
Il navait clairement pas mérité que ce que je lui avait dit. Lui qui m'a aidé, qui est toujours là au bon moment. Non tu as tort Lisandro, tu n'es pas un jouer à mes yeux... Tu es un homme... L'homme que... J'aime ? On ne brise pas le cœur de l'homme que l'on aime Keira, on ne cherche pas à lui faire du mal me dis-je à moi même. Maintenant c'est trop tard... C'est fait. Tout le reste de la journée je suis dans ma cellule à m'en vouloir terriblement. Je reste allongée et j'attends que le temps passe. Je refuse encore catégoriquement de manger. La prison et la situation avec Lisandro me nouait l'estomac. La journée est terriblement longue. Je pense à ce que j'aurai fait si j'étais au travail ou à la maison. Là j'ai l'impression de perdre mon temps. Maintenant, mes fans savent que je suis une lycane et je suppose que mes parents aussi... Je ne sais pas comment ils vont réagir... Je verrai bien, il faudra que je les appelle dès que je sors. Je suis perdue dans mes pensées quand j'entends une voix qui m'est familière. Lisandro est de retour... Il veut parler... Je me redresse et je viens vers la porte de ma cellule. Son expression me fait mal au cœur... Je ne l'ai jamais vu ainsi. Je ne peux pas le rembarrer encore même si c'est pour lui éviter les problèmes... Situation complexe.
Non, on parlera quand je serais sorti. Plus on se parle et plus tes collègues et les autres prisonniers vont s'imaginer des choses. Je ne veux pas que tu ai des problèmes à cause de moi et de mon côté je ne veux pas que ça puisse interférer sur ma libération. C'est pour stopper les rumeurs que j'ai fait ça.
Je m'arrête là pour le moment. J'espérais qu'il comprendrait. Je finis par lui tourner le dos et par dire d'une voix presque inaudible, que seul lui peut entendre.
Et non pas parce que je ne t'aime pas...
Non... Bien au contraire... Peut-être devrais-je lui dire ? Non pas maintenant... Pourtant les mots ont envie de sortir comme une déferlante. Je me contente de me mordre la lèvre. Je finis par ajouter.
Quand je pourrais sortir, tu devras attendre encore un peu, de ce que j'ai compris, il y a une horde de fans qui attendent autour de la prison et... Ce sera compliqué de parler en tête à tête mais... Tu as toujours cette invitation avec l'accès à ma loge. Je te promets que lorsque tu viendras je te donnerais autant de temps que tu voudras. Plusieurs heures, la nuit s'il le faut.
Je finis par lui sourire. Un léger sourire mais sincère.
J'appréhendais ce moment si difficile. Reparler à Keira avec ce qu'on s'était dit était difficile et je la voyais revenir vers la porte de la cellule. J'avais beaucoup cogité, et je me disais que j'avais peut-être agi trop rapidement. Avec les doutes, ses mots m'ont paru plus réels, plus vrais, alors que ce n'était peut-être pas vraiment le cas. J'avais du mal à la regarder dans les yeux, me disant qu'au final, je lui en voulais. Pourquoi était-il si difficile de garder ma neutralité quand ça la concernait elle? J'avais envie de croire qu'elle m'appréciait pour ce que je suis vraiment, et que tout cela soit vrai. Je me souciais peut-être trop de ce qu'elle pensait pour moi, ou alors, peut-être que j'étais en train de rêver de quelque chose d'autre, de plus doux et fort. On parle souvent ensemble, et quand on peut se voir, ça se passe généralement très bien, pourquoi ici, tout irait mal? Non, il devait y avoir une raison, peu importe laquelle, mais elle devait exister. Je voulais lui parler, avoir des explications, mais même là, elle refusa, mais expliqua ses raisons. Petit à petit, je comprenais pourquoi elle avait été si dure avec moi, cela me consolait un peu, mais les blessures étaient là. Je l'observais tourner son dos et ses paroles me firent relever la tête, me surprenant pendant quelques instants.
Au final, elle a dit tout ça juste pour m'éloigner? Elle n'en pensait réellement pas un mot? Je me sentais stupide d'être tombé dans ce piège, alors qu'elle fait ça depuis le début. Et moi qui lui a dit des atrocités derrière... bon sang que j'ai l'air bête. Je regardais du côté, écoutant la suite de ses propos. Elle allait bientôt sortir, ce n'était plus qu'une question de temps, mais je ne pourrais quand même pas lui parler tout de suite. Les fans risquaient de poser souci, sans compter l'impact médiatique que l'emprisonnement de la chanteuse a eu. Néanmoins, elle avait raison, j'avais toujours cette invitation à la loge. Je relève doucement la tête, découvrant alors un léger sourire sincère, qui était assez contagieux. Je le lui rends, me décidant enfin à parler.
-Je viendrais au prochain concert. Je pense ... que l'on doit se dire beaucoup de choses, toi et moi. Je dois m'expliquer sur pas mal de points et je pense qu'une prison n'est pas adapté pour ça.
Une fois dans la loge, je pourrais enfin parler à cœur ouvert, mais pour le moment, la seule chose que je pouvais faire, c'était attendre le prochain concert. On nous averti alors que des gens s'étaient regroupés autour du pénitencier, une horde de plus en plus nombreux, ainsi que quelques journalistes. Il ne fallait pas être dupe, on savait tous pour qui était ce beau monde. Je souffle légèrement du nez, posant ma main sur le barreau.
-Quelque chose me dit que tu vas bientôt sortir. Tes fans t'attendent déjà. Je les envie presque ...
J'aurais bien voulu la raccompagner dès sa sortie, mais je pense que ça sera impossible. Très rapidement, on nous annonce que la caution a été payée et que Keira pouvait être libérée. Je sors la clé de la cellule, ouvrant sa porte afin qu'elle puisse sortir. J'avais envie de lui dire tellement de choses à l'heure actuelle, la prendre dans mes bras, m'excuser, et tant d'aveux à lui faire, mais je devais rester professionnel. Je murmure alors, afin que seule elle pouvait entendre ce que j'avais à lui dire.
-J'ai hâte de te revoir. Le temps est long sans toi.
Je la laisse alors partir, ne la quittant pas du regard. J'adorais observer ses magnifiques yeux bleus, ainsi que sa chevelure rose qui virevoltait à chacun de ses pas. Il y a bien longtemps que je ne pensais plus à mon ex et quand je pensais à des moments heureux, c'est elle que je voyais. Il était grand temps que je lui avoue tout ça. Ça sera difficile aux premiers abords, mais il fallait que je mette les choses au clair avec elle. Cette envie de l'avoir rien que pour moi, ce désir de passer du temps avec elle, cette joie quand je la vois et cette nostalgie quand elle repart, tout cela, il fallait que je lui avoue. Je craignais sa réaction, me disant que j'étais peut-être dans le faux, mais lorsque je serais avec elle dans la loge, je parlerais avec mon cœur et de ce que j'ai envie de vivre avec elle.
Lisandro... J'avais été méchante... Que dis-je cruel avec lui alors que depuis le début il a tout fait pour me soutenir. Même s'il ne s'en rendait pas compte, j'avais fait en sorte de l'aider, d'une manière horrible mais cela lui évitera les problèmes. Je le lui avais expliqué et finalement les choses semblaient s'arranger un peu. Ce n'était pas encore ça mais d'une certaine façon il avait l'air quelque peu rassurée et je le suis moi aussi de mon côté. Je ne veux surtout pas qu'il y ai de tension entre lui et moi, au contraire. Une fois sortie de la j'espère de tout cœur continuer à lui parler, le revoir, passer du temps avec lui. Malgré mon emploi du temps chargé, j'arriverais à trouver le moyen de le revoir... S'il le veut lui aussi bien entendu, je ne souhaite pas m'imposer. Lisandro... Si tu savais ce que je ressentais pour toi... Je t'ai rencontré il y a un mois et tu ne cesse d'être sur ma route. Est-ce que l'on appelle un coup de foudre ? Je crois, mais je n'en suis pas sûre, je n'ai jamais ressenti quelque chose de tel. Est-ce cela de l'amour ? Si oui, ça rend bien plus fou je ne le pensais et c'est à la fois tellement plus doux, plus compliqué aussi mais plus agréable. Tout se mélange dans ma tête. Et toi sur ressens tu ? Je ne dois pas penser à ça pour le moment mais seule dans cette cellule, que faire à part penser ? Et ce sont toutes ces pensées qui m'ont traversées l'esprit... Tu hantes mon esprit pendant tes absences et quand tu es là et quand tu es là, tu me rends heureuse en ta simple présence. Peut-être qu'un jour je te dirais tout ça ? Aurai-je le courage ? Je n'en suis pas sûre... J'ai tellement peur de me heurter à un mur. Le temps me le dira. Tu viendras me voir à mon prochain concert ? Rien que cette pensée me rend heureuse et je ne peux m'empêcher de te sourire. On a beaucoup de choses à se dire... Oh Lisandro si tu savais à quel point j'ai des choses à te dire. Je me contente d'acquiescer d'un hochement de tête. J'entends les gardes parler entre eux. Une horde de fans, ils sont de plus en plus nombreux à être là pour ma libération. Ce sont des amours... Sortir d'ici ne sera pas une mince affaire mais ça fait du bien de se sentir à ce point soutenue. Lisandro les envie presque.
Rassure-toi, tu n'as rien à leur envier...
Ça y est, on vient me chercher. Les derniers mots du lycan me touchent en plein cœur. Je ne réagis pas de prime abord mais ils m'appaisent et me font beaucoup de bien. Je m'éloigne de Lisandro non sans jeter un dernier regard en arrière.
A bientôt...
Dis-je d'une voix presque inaudible. On me rend toutes mes affaires. Mon manager est là et a pensé à me ramener quelques vêtements. Merci à lui, depuis ma dernière transformation, il ne me restait que mon manteau en bon état. Je quitte la prison, prise sous l'assaut des fans. Nous arrivons tant bien que mal à la voiture. Je regarde mon téléphone, j'envoie un message à Lisandro pour le remercier et je contact ensuite mes parents pour les rassurer. Je suis ensuite redeposée chez moi. Tout est bien qui fini bien.
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