Chambre 208. Je ne risquais pas de l'oublier de si tôt. A vrai dire, je ne pensais pas qu'on allait se revoir si vite.. Ni même que nous allions nous revoir tout court. Cela m'avait surpris qu'il me retienne avant que je parte.. Tout m'avait surpris en vérité. Sa main sur ma manche, son invitation a son hôtel, dans sa chambre.. Quoi que j'avais au programme pour la soirée, je l'avais annulé. Je ne pouvais pas me permettre de le faire attendre. Par chance je ne travaillais pas cette soirée, même si je ne doute pas que Miss m'aurait donné ma soirée sans problème. Les avantages d'être le chouchou de la patronne.
Durant toute la journée, j'avais fait les cents pas dans la maison familial. Je cherchais désespérément à m'occuper, quitte à être envahissant auprès de mes sœurs présentes dans la demeure. Isha avait fini par m'envoyer bouler tant je la rendais chèvre avec ma nervosité, tandis qu'Emily me proposa d'aller courir ensemble. Cela me permis de me vider la tête quelques heures, après quoi, l'angoisse revenait au galop. Je pensais trop. Et trop penser n'était jamais bon. J'hésitais longuement à appeler ma jumelle, avec l'envie de me confier. Après tout, elle était la seule qui connaissait Alejandro et mon histoire avec lui. Mais je n'en fis rien, notre relation commençait tout juste a aller mieux et je ne voulais pas prendre trop de place dans sa nouvelle vie.
Sans doute inquiète, Emy me demanda ce qui me tracassait. La pauvre avait imaginé le pire, je m'attelais donc à la rassurer, lui promettant de lui raconter plus tard.. Quand j'aurais le fin mot de cette histoire. Je préférais me taire, parce qu'un Park au courant et je pouvais être sur que toute la famille allait l'être en moins de vingt-quatre heure.
L'heure approchait enfin, je partais me préparer. Je m'habillais de façon classe, vêtu d'un costume simple et de couleur noir. L'endroit où résidait Alejandro était un hôtel luxueux, je ne voulais pas faire tâche et ne pas être trop "original". La soirée risquait de ne pas être joyeuse, autant rester sobre. Je conduisais jusqu'au lieu de rendez-vous, nerveux au possible. J'en grillais un feu rouge.
Souffle un coup, reprends toi.
Me murmurais-je alors que je me garais sur le parking de l'hôtel. J'avais envie de fumer une cigarette, mais je n'avais pas envie de trop sentir de tabac froid. Je gardais tout de même au fond de ma poche, mon paquet de clopes et mon briquet, juste au cas où. J'entrais dans l'immense bâtisse, je connaissais l'hôtel, pour y avoir déjà mit les pieds quelques fois avec des clients. Pourtant je n'avais jamais trop fait attention à la décoration et comme tout était parfaitement symétrique. C'en était presque terrifiant et cela me donnait une impression de malaise. Même jusque dans les couloirs des chambres, tout était "trop" en ordre à mon goût. Enfin, j'arrivais au bon étage, devant la bonne porte.
Chambre 208.
J'étais tendu. Je n'aimais pas ça.. Vraiment pas. J'évitais toute situation trop compliqué depuis Antonio, parce que mon pauvre corps et mon esprit avaient besoin de repos. Mais là.. C'était différent, on parlait d'Alejandro. Ce n'était pas n'importe qui pour moi. Même après toutes ces années, il gardait cette place spéciale dans mon cœur, que personne n'avait pu ou su prendre.
Devant la porte, hésitant, j'humais l'odeur qui se dégageait derrière cette dernière, comme pour être sûr que je ne m'étais pas trompé de chambre. Des notes de bergamote et de lavande, ainsi que de la fleur d’oranger.. Oui c'était bien son parfum. Je ne pouvais pas me tromper. Mon odorat ne me trompait jamais. Je pris une longue inspiration pour me donner du courage et frappa deux fois contre le bois de la porte. Celle-ci s'ouvrit et mon cœur rata un battement dès lors que mes yeux se posèrent sur lui. Comment faisait-il pour être encore plus beau à chaque fois que je croisais ?
▬ Bonsoir Alejandro.
Poli, trop formel et peut-être un peu froid.. J'avais du mal à maitriser mon ton tant j'étais nerveux. Mes prunelles bleutés étaient déjà parsemés de dorés, signe de mon trouble. J'entrais alors dans la chambre, venant m'installer sur un des canapés. J'avais tellement le cerveau à l'envers que je ne savais même plus ce que j'avais pourtant préparé toute la journée.. C'est presque si j'allais oublié de savoir comment respirer.. Comment on respire déjà ? Aller aller, on ne se laisse pas abatre par le stresse, on inspire, on expire..
▬ Je.. Je t'avoue que je ne sais pas trop par quoi comencer..
Peut-être "As-tu passer une bonne journée ?" mais c'était un peu tard maintenant. Ceci dit nous n'étions pas là pour nous échanger des politesses.. Je repris alors, peu serein.
▬ Je.. J'imagine que tu as pas mal de questions..? Je tâcherais d'y répondre au mieux.
Le lendemain de ce shooting riche en péripéties. L'acteur regardait sa montre régulièrement. Pourquoi Eden viendrait-il ? Pour s'excuser une fois encore ? Se reluire le dos en trouvant milles et une raisons de se faire pardonner ?
Ou l'aimait-il encore..?
Cette dernière pensée le perturba davantage. Serrant le pendentif contre sa poitrine, il jetait un œil à la vue magnifique qu'offrait sa baie vitré. Il n'arriverait guère à se concentrer sur ses révisions, tant de questions aux bords de ses lèvres, tant d'inquiétudes.
L'acteur finissait par flâner dans son lit, recroquevillé sur lui même. Et si le Saphir ne se présentait guère ?
Il l'avait bien abandonné une fois. Fronçant les sourcils, il commençait à se sentir sot de l'avoir convié.
En début de soirée, il se levait sans avoir ni bu ni mangé de la journée, le ventre noué. Filant dans sa salle de bain, il s'apprêtait avec élégance. Une chemise cintrée, ouverte sur son buste. Un pantalon noir sublimait sa taille, son parfum intemporel sur sa peau basané.
Simple et raffiné, après tout, il était dans sa chambre d'hôtel. 20 heure, l'ont toquait à la porte.
L'acteur se redressait, un frisson parcourant son échine. La main tremblante sur la poignet, il ouvrit.
Il était là. Aussi beau que jamais, son regard aussi profond qu'un océan posé sur sa personne. Il n'en croyait guère ses yeux.
Sans un mots, il le laissa entrer d'un signe de tête, encore sous le choc.
Le voyant s'asseoir dans le canapé de cuir noir, Alejandro refermait la porte d'un air absent.
Si il n'avait pas de question ?
L'Emeraude se tournait et se dirigea vers le mini bar non loin, commençant à servir deux verres de jus de fruits frais. Pas d'alcool.
"Tu es venu, je n'y croyais pas." lançait-il tandis qu'il apportait leur rafraîchissement. Les posant sur la table basse, il relevait son regard vers Eden.
"Je ne te demande pas de me raconter tout tes secrets, ta vie passé durant ces dix dernières année, qui suis je pour te les demander ?"
Il s'approchait d'un pas feutré. Lentement, il le surplombait, son regard toujours fixé sur lui. Une main était sur le dossier, aux côté du visage du danseur, un genou posé sur le canapé.
Son pendentif glissait de son torse, brillant à la lueur du clair de lune.
"Tu sembles nerveux, je ne vais pas te faire de mal, Eden. J'ai une question cependant qui mérite une réponse claire."
Il soufflait du nez et reprit.
"Pourquoi es tu venu ce soir ?"
Ses mèches immaculée venaient chatouiller ses paupières.
"Car tu voulais revoir ton ami d'enfance ? Un souvenir ?"
Ses paupières se plissaient. Alejandro se pencha en avant et venait murmurer dans le creux de son oreille.
"Ou ton Emeraude...?"
Sur ce, il se redressait et continuait à le fixer en silence...
Une phrase. Quelques mots. Qui font mal. Après tout, n'étais-je pas celui qui l'avait abandonné autrefois ? Je retiens tout commentaire et essaye de commencer la conversation tant bien que mal. Malheureusement ça ne se déroule pas comme je l'avais prévu. Rien ne se passe comme on le prévoit, je devrais le savoir depuis le temps. Encore une fois, des mots plein de vérité. Et moi qui suis-je pour vouloir me confier ? Qui suis-je tout court à ses yeux ? Si ce n'est qu'un bout de son passé. Je baissais la tête et écoutait sa requête.
De toute les questions qu'il pouvait me poser, c'était bien là, la seule à laquelle je n'avais pas réellement de réponse. Je passais une main dans mes cheveux, l'air sérieux. Qu'est-ce que je voulais ? Qu'est-ce que j'avais voulu cette soirée ? Qu'est-ce que j'avais cru apercevoir pendant cette séance ? Des douces chimères sans doute.. Je pris un moment avant de répondre, j'avais l'impression que tout se jouait sur cette question, que je devais faire attention.. Mais marcher sur des œufs n'étaient plus possible pour moi, il me fallait être sincère, le plus possible.. Même si ça impliquait d'être maladroit avec mes mots.
▬ Je ne vais pas te mentir. Je ne le sais pas vraiment moi-même.
Commençais-je peu sûr de moi. Je relevais ma tête.
▬ Peut-être que je voulais retrouver mon Emeraude, peut-être que je voulais retrouver nos doux jours, peut-être que j'ai espéré des choses folles, peut-être que je voulais juste savoir que tu allais bien après tout ce temps.. Peut-être un peu de tout ça à la fois..
La vérité c'est que je n'étais pas très stable mentalement, il faut dire que j'en avais traversé des choses. Fortes, dures, qui laissent des marques physiquement en mentalement.
▬ Quand j'ai su que tu étais en ville, quand je t'ai vu à cette soirée.. Je n'ai pas réfléchis, j'ai écouté mon cœur plutôt que ma raison.. Et surement à tord, je m'en excuse encore.
Mon cœur se serra, ma gorge se serra, les mots avaient du mal à sortir. Si tu savais comme je regrette. Tous les jours que Dieu fait.
▬ Voilà la vérité, elle n'est surement pas à la hauteur de te espérance et j'en suis désolé.. Je ne suis sûr de rien sauf d'une chose.. Que je n'ai jamais pu t'oublier.
Mes yeux avaient progressivement virés au dorée, un mélange de sentiments provoquait en moi une mélancolie profonde. J'avais été fou, impulsif, je lui avais fait mal et peut-être que je continuais.. Cependant, j'avais moi aussi quelques questions. Mon regard dériva sur son torse, ou plutôt sur le bijou que je lui avais offert des années auparavant.
▬ Pourquoi.. Pourquoi l'avoir gardé durant tout ce temps si je te t'inspire que de la rancœur ?
Une seconde question traversa mes lèvres sans que je ne puisse m'empêcher de la prononcer.
Aleljandro l'écoutait en silence, comme à son habitude. Il ne savait pas ? Il avait écouté son cœur ? L'ambre des yeux d'Eden se manifestaient à nouveau. Avait-il d'ailleurs le même passif que lui ? En fonction de ses émotions son âme le trahissait ?
Aux questions posés, il souffla du nez, un sourire léger aux lèvres. L'acteur se redressait et venait saisir le pendentif entre sa main droite. Il jouait avec les lueurs qu'elle reflétaient.
"Si tu savais comme je t'ai haÏ, comme je t'ai souhaité milles vices..."
Il détournait son regard vers l'astre lunaire qui était témoin de leur échange.
"Si tu savais à quel point mes larmes ont coulés pour toi. A quel point j'ai sombré."
Le jeune homme riait sans joie.
La voix de l'Emeraude commençait à trembler alors qu'une lueur bleutée s'emparait de lui.
"Tu veux savoir pourquoi je l'ai gardé malgré tout ?"
Ses prunelles devenaient humides sous l'emotion qui le gagnait.
"Car je n'ai jamais pu t'oublier. Pas une seule seconde, minutes, heures."
Une larme roulait sur sa joue alors que son poing se serrait.
""Je te déteste toujours, c'est vrai..."
Il s'approchait de nouveau d'Eden, le poing levé comme si il s'apprêtait à le frapper.
Loin de là. Au dernier instant, sa main s'ouvrit, caressant la joue du Saphir avec une immense douceur.
"Mais je t'aime, Eden..."
Alejandro finissait par baisser la tête, cela faisait du bien de vider ce qu'il avait sur le cœur.
"Oui, tu dois trouver cela idiot, je continue d'avoir ces sentiments... Voilà pourquoi je souffre encore aujourd'hui. T'avoir revu si soudainement, tout est revenu... La colère, la haine, la tristesse...Et cet amour. Je t'ai invité.. Car j'ai aussi écouté mon coeur... Je..."
Sa gorge se nouait, n'arrivant à poursuivre d'avantage. Il venait cacher son visage de ses deux mains, mis à nu.
Encore des mots qui me font mal, qui me touchent en plein cœur, qui m'arracheraient presque quelques pleurs.. Mais tout ça je l'ai mérité pour l'avoir abandonné. J'essaies de garder une certaine contenance alors que l'Emeraude me parle. Sa voix se faisait chevrotante et cette aura de lumière bleuté revenait lui coller à la peau.. A un moment il faudra qu'il m'explique.. Mais pour l'instant..
▬ Tu veux savoir pourquoi je l'ai gardé malgré tout ?
J'hochais la tête, à défaut de pouvoir parler tant ma gorge était serrée. Je retenais mon souffle, m'attendant à la pire des réponses : la Haine. La rancœur. Qu'il ne raccroche à ce bijou que de mauvais sentiments. Pourtant.. Pourtant ce n'est pas sa réponse. S'il n'a pas pu s'en séparer, c'est qu'il n'y arrivait simplement pas. Lui non plus, ne m'avait pas oublié. Je sentis deux larmes rouler le long de mes joues, silencieux, interdit, je n'y croyais pas.
▬ Je te déteste toujours, c'est vrai...
Comment pouvais-je lui en vouloir ? Comment pouvait-il en être autrement ? Alejandro s'approcha de moi, sa main levée me fit tressailler. J'avais eu peur et cela avait du se voir, mais je n'avais pas bougé d'un cheveux. J'en avais même fermé les yeux. Je m'attendais à une claque, pleine de violence.. Mais c'est une caresse qui fit rougir mes joues. J'appuyais mon visage contre cette main offerte, avant qu'elle ne s'enfuit.
Les mots qui suivirent me laissèrent encore plus sans voix. Je n'arrivais même pas à bouger pour me pincer et savoir si je rêvais. Ces mots, j'avais tant voulu les entendre, encore une fois de sa bouche. Sans doute dans d'autres circonstances, pourtant ils étaient là. L'acteur se repliait sur lui même au fur et à mesure qu'il parlait.. Vint alors la fin de sa tirade et encore une fois, j'allais écouter mon cœur.
Je me levais pour le rejoindre, glissant mes mains sur les siennes. Je tentais de capter son regard. Doucement, je quittais ses mains pour l'enlacer. Je n'arrivais pas à retenir mes larmes. Je murmurais dans un son étouffé.
▬ Si tu savais comme je suis désolé.. Je donnerais n'importe quoi pour revenir en arrière et faire les choses autrement...
Je le serrais contre moi, à la fois fermement et tendrement, comme si j'avais autant peur qu'il me file entre les doigts que de le briser entre ceux-ci. Je ne savais pas si cette étreinte était une bonne chose. S'il voulait me repousser, qu'il le fasse je m'écarterais sans rien dire.. Mais tant qu'il me laisse, tant qu'il me le permet, je profitais alors de la chaleur que son corps dégageait, de son odeur si entêtant..
▬ Alejandro.. Je t'aime toujours aussi.. Je n'ai jamais arrêté..
Et personne n'avait jamais vraiment pu le remplacer. Bien sur il y avait eu Roger, mais ce n'avait jamais été aussi fort que ce que je ressentais pour mon Emeraude. Jamais. Je ne savais pas où nous menais toutes ces déclarations, toutes nos paroles, toute cette scène..
▬ Et maintenant..? Que veux-tu ? Si tu veux que je disparaisse, alors je le ferais.. Si tu veux que je reste, alors je resterais.
Il entendit un bruissement feutrée puis sentit ces mains épouser leurs jumelles. Ce simple contact semblait être une brûlure. Revenir en arrière ? C'était trop tard.
Lorsqu'il le prit dans ses bras, son cœur et son souffle se stoppa. Ses lèvres près de son oreille, il murmurait ces mots.
▬ Alejandro.. Je t'aime toujours aussi.. Je n'ai jamais arrêté..
Était-ce un songe ? Ses larmes ne tarissaient guère, son corps tremblait comme une feuille balayé par le vent d'automne. Il n'y croyait pas.
Ses mains venaient se poser sur le torse d'Eden souhaitant le repousser...Aucune force ne vint. A nouveau, son cœur et son corps passaient au dessus de sa raison.
Il ne fallait pas faillir... Il ne fallait pas souffrir.
Et pourtant.
L'Emeraude finissait par par se redresser, entourant le visage humide du Saphir. Ses prunelles scrutaient chaque détail, ne réalisant guère.
"Je n'ai jamais voulu...Que tu partes... Jamais."
Déglutissant, il reprit difficilement, ses pouces essuyant les larmes d'Eden avec douceur.
"Et...Tu me poses maintenant la question..?"
Une grimace douloureuse apparaissait. Secouant doucement la tête, il plantait son regard dans le sien.
"Tu es un idiot fini..."
Sur ces mots, il venait poser son front contre le sien.
Ses joues s'étaient vivement empourprées. Il avait le regard confus, de celui qui avait eu l'impression d'avoir nagé en plein rêve et réalisait doucement que tous ces soupirs brûlants, ces étreintes ébauchées, et ces murmures enchanteurs étaient bien réels.
Un index caressait doucement les lèvres tremblantes d'Eden. Lui qui avait pourtant toutes les raisons du monde de craindre la noirceur et la grandeur sur celui qui avait saigné son cœur, déposait sur le Saphir un regard infiniment serein.
Une tendresse dévouée, à la douceur des dunes et des ruisseaux, sans peur. Heureux de ces prévenances qui lui froissaient la poitrine.
Il laissa ses souffles plus tendres se mêler aux siens, comme si cet échange fut aussi nécessaire que le cours d'un ruisseau pour ceux qui se perdaient dans le désert
"Mon Saphir... Je..."
Il ne termina pas sa phrase et scella leur lèvres, emprisonnant les mots entre leurs souffles.
Un échange très bref mais qui était empreint d'émotion, de leurs larmes, d'une tendresse infinie.
La beauté d'un amour retrouvé.
Lentement, ils glissèrent aux sol, ses jambes ne tenant plus. En silence, il entourait Eden dans ses bras, le gardant jalousement contre son cœur. Une aura rosé, rougeâtre passionné les entourait.
"Si...Tu dois partir.. Me laisser à nouveau...Tu devras me détruire..."
Un pouffement de nez parmi les pleurs, j'hochais légèrement la tête, avant de ferme les yeux lorsque son front toucha le mien.
▬ Je sais.. Je suis un idiot, mais un idiot fou de toi..
Toutes ces choses que je lui disais, je le pensais sincèrement mais surtout.. Je ne m'en rendais vraiment compte que maintenant. Après tant d'années à faire le cœur d'artichaud, à repousser l'amour de toutes mes forces, de ne vouloir personne dans ma vie de cette façon.. C'était en parti parce que mon cœur lui appartenait toujours, à mon Emeraude. Ma pierre précieuse, le plus doux des trésors. Tout ceci ne fit qu'accentuer la culpabilité qui rongeait secrètement mon cœur.
Avais-je seulement le droit à tout cela ? Cette attention ? Ces caresses ? Son souffle si proche du mien.. Non, bien sur que non, je ne méritais pas même le quart de l'attention de son ombre. Pourtant une part de moi se laissait prendre à tout cela, me laissant croire que j'avais enfin le droit au bonheur aussi. Mon Happy End. Pour une fois, juste une fois..
▬ Mon Saphir... Je...
Il ne m'appelait plus ainsi que dans mes rêves les plus refoulés, il ne m'embrassait ainsi que dans mes songes accompagné de Morphée. Un baiser court mais intense, qui me laissait un goût de trop peu. Les jambes en coton, nous nous laissions choir sur le sol de la chambre. S'il me gardait tout contre lui, je le serrais tout contre moi. Il m'était impossible de me séparer de lui maintenant que nous nous étions retrouvés. Il me dit alors, que si je venais à partir encore, je devrais le détruire. Je vins embrasser sa joue à plusieurs reprises, le serrant un peu plus, comme pour lui faire comprendre que j'étais là.. Et que je ne partirais plus.
▬ Des mesures aussi drastiques ne seront pas nécessaire..
Je n'osais pas lui faire de promesses, de peur de le froisser.. Même si nous étions sur la voie de la réconciliation, tout était encore fragile. Il faudra du temps pour tout reconstruire, que la confiance règne à nouveau. Nous restions ainsi de longues minutes, à nous serrer dans les bras de l'autre. Il fallait bien avouer que cela ne fut plus très confortable à un moment, alors, je l'aidais à se relever avant de soulever mon prince d'émeraude et de le mener à son lit. Je venais m'allonger auprès de lui, le laissant venir se lover comme il le souhaitait. Une main pressant son dos, l'autre jouant avec ses cheveux d'argents, je le couvrais de baiser ça et là, ayant du mal à m'arrêter. Je venais murmurer une dernière fois au creux de son oreille :
Cette étreinte réchauffait son cœur. Il sentait cette emprise se resserrer autour de lui, un lien qui se renouait avec son esprit.
Son corps faiblissait contre lui, il ne voulait point de promesse effectivement, seulement des actes. Seul le temps guérissait les blessures. Cette rancœur avait été enfermé dans cette boîte sans avoir été scellé, prudente.
Soudain, il sentit ses pieds quitter le sol. Surpris dans un premier temps, il ne rechignait guère... Il se lova contre lui, rendant chaque baiser, chaque soupirs qu'Eden lui prodiguait.
Ce n'était pas réel... Impossible.
"...Ce n'est pas un rêve." murmura-t-il contre les concavités de la nuit.
Ainsi lové, il se remémorait plus sereinement des souvenirs de l'aurore qui l'avaient bercé d'un sommeil sans cauchemar. L'une de ses plus belles nuits, à la lueur d'un matin.
Aux mots de son amour, un tendre sourire ourlait ses lèvres.
"Te amo mi zafiro..."
La nuit avait finalement révélé sa présence, et la lune silencieuse était apparue entre les déchirures d'un nuage. Le monstrueux lustre aux pétales de feu s'était mué en un astre opalescent au cœur de l'obscurité, éclairant de lueurs blêmes les voiles décorant le lit. Les flammes vacillantes des lampes de bronze apportaient quelque chaleur au tableau dans lequel l'Été et et le Printemps s'étaient réfugiés. Comme s'ils voulaient ensemble, échapper au monde.
Le front contre le sien, il demeura ainsi. Balayant une nouvelle fois leurs noirceurs, quelque part dans les lueurs de l'astre lunaire qui veillait sur eux et leurs secrets.
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L'osmose avait ses éternités et ses délices, par-delà le sommeil.
L'Emeraude s'était blottie contre le Saphir, perdue dans des songes aux ailleurs miraculeux. Goûtant à la chaleur de l'or sans être entravé par les étoffes, réunissant leurs âmes bien plus fort que ces dernières années.
Alejandro avait écarté les cauchemars et les noirceurs dans les abysses, se laissant bercer par des cieux et des flots sereins qui lui offraient le plus doux des sommeils.
Malgré leur échanges d'abord tumultueux, il s'était fait emporter par une étrange torpeur qu'il avait accueillie à bras ouverts. Ses paupières étaient restées fermées jusqu'à ce que le matin s'échappe et que le soleil commence à s'éveiller.
Dans un frémissement, le jeune homme fit pivoter sa tête et redressa un visage ensommeillé vers celui qui l'avait cajolée pendant ces quelques heures de quiétude. Une joue écrasée contre son torse, il papillonna des paupières, les yeux baignés d'une tendresse languide, puis laissa finalement échapper un souffle paresseux du nez.
il semblait encore être quelque peu immergée dans le brouillard de la somnolence.
Il admirait l'homme qui se trouvait en face de lui, comme un mirage.
"Bonjour, Eden..."
D'une main, il caressait le velours de sa joue avec douceur. Sa beauté le frappait à tout instant.
Fermant les yeux, il inspira dans les étoffes pour humer son parfum alpestre, celui qui avait le pouvoir de le porter aux songes malgré le trouble.
Ils avaient tant a rattraper, tant à échanger.
Mais ils avaient tout le temps du monde...
Eden était resté. Rien que cela lui suffisait à le mettre en émoi.
"Je n'ai plus l'habitude d'avoir quelqu'un à mes côtés à mon réveil"
L'Emeraude riait doucement, continuant de flatter la peau de ce dernier.
Et c'est sur ces mots plein de douceur, cette étreinte inespérée pleine de chaleur, que je sombrais, un sourire bien heureux gravé sur les lèvres. J'avais passé une bonne nuit. Une très bonne nuit même. Ce qui ne m'était pas arrivé depuis longtemps. Personne n'avait pu empêcher mes cauchemars jusque là. J'avais bien dormi et d'ailleurs, j'avais du mal à m'éveiller. Même les rayons du soleil ne me tirait pas de mon sommeil. J'étais bien, contre mon tendre ami, sans doute que je lui avais tenu un peu trop chaud. La faute à ma température élevée du à ma nature lycane. D'ailleurs, par tous ces petits indices, entre la chaleur et mes yeux dorées, avait-il compris que je n'étais plus humain ?
▬ Bonjour, Eden...
Je ronchonnais légèrement, n'ayant jamais été vraiment quelqu'un du matinal. Mes ronchonneries s'arrêtèrent bien vite, car j'avais là le droit au plus doux des réveils. Une caresse sur ma joue et la vision de l'amour de ma vie au petit matin. Un sourire heureux étirait alors mes lèvres. Je n'avais pas rêvé, nous avions bien passés la soirée et la nuit ensemble. Je déposais un baiser au creux de son cou alors qu'il m'avouait ne plus avoir l'habitude de se réveiller aux côtés d'une personne. Il en avait eu l'habitude ? Sans doute, après tout je n'allais pas râler pour ça, il avait fait sa vie de son côté, moi de la mienne. Je venais frotter mon nez contre le sien.
▬ Eh bien, il va falloir prendre l'habitude.. Je ne compte pas te laisse passer tes nuits seul maintenant..
Je profitais encore un peu de tout ce que l'humain me donnait et le lui rendait avec tout autant de douceur. Je finis par me redresser dans le lit, m'étirant alors, je remarquais que nous avions dormis avec nos vêtements. Il faut dire que la soirée avait été éprouvante, toutes ces émotions nous avait épuisé. J'attrapais mon téléphone, ignorant l'alarme qui me signalait la pleine lune de ce soir. La seule chose que j'avais en tête, c'est que je ne travaillais pas et que je pourrais rester avec Alejandro plus longtemps. J'envoyais rapidement un message à ma mère qui s'était inquiétée de ne pas me voir rentrer la veille.
▬ Je dirais pas non à un petit café.. Ca te dit qu'on sorte en prendre un... Ou.. Ah ! Peut-être pas, t'as peut-être pas envie de te faire embêter par des paparazzis de bon matin.. On pourrait peut-être appeler le room service ?
Je ne sais pas trop comment il menait sa vie d'acteur ou comment il gérait tous les inconvénients à côté et.. Je me rendais compte que je m'imposais peut-être un peu. Je secouais légèrement la tête.
▬ J'suis bête.. T'as surement du travail ?
Je ne voulais pas non plus qu'il se sente obligé d'annulé ses projets à cause de moi. Honnêtement, même si je préférais passer la journée avec lui, si je devais le laisser quelques heures et bien qu'il en soit ainsi. A la limite ça me laisserait le temps de faire un aller et retour chez mes parents pour prendre une douche et changer de vêtements.
A chaque baisers offerts sur sa peau il lui semblait être marqué à vif. Un délice qui s'exprimait par des soupirs d'aises lui offrant accès à tout ce qu'il désirait. Alejandro avait l'impression de redécouvrir les affres de son adolescences, les début d'un amour unique et indestructible malgré les années.
Les mots d'Eden résonnaient dans son esprit, encore méfiant. La peur d'un nouvel abandon subsistait, comme toujours.
En le voyant s'étirer, il l'admirait de nouveau, complètement subjugué, amoureux. Le soleil découpait sa belle silhouette encore camouflé dans costume ébène.
Soudain, il sursautait à l'alarme. Avait-il quelque chose de prévu ? Se redressant à son tour, Eden le devança. Ses prunelles déviaient vers la baie vitré au loin.
"J'ai un texte à finir d'apprendre pour un entretien. C'est pour un film à gros budget."
S'étirant à son tour, il se levait et se tournait vers son Saphir.
"Je t'avoue que j'ai envie de passer ma journée avec toi, ici, de préférence. J'ai suffisamment donné le reste de la semaine. Dehors je n'ai pas envie qu'on nous dérange pour des autographes."
Il contournait leur lit et venait poser ses mains sur les épaules de son aimé.
"Si tu veux sortir, bien sur, je ne te retiens pas. Je ne vais pas te séquestrer, Eden."
En croisant son beau regard, son cœur s'accélérait et ses prunelles redevinrent écarlates.
"Ah...Je..Je dois aussi t'expliquer certaines choses à ce sujet."
Disait-il en désignant son aura qui trahissait le tourbillon d'émotion qu'Eden provoquait.
Baisant son front avec tendresse, il se redressait.
"Mais mangeons quelque chose d'abord, met toi à l'aise."
Il lui offrit un tendre sourire, qui l'aurait cru ?
Doucement, il venait retirer la cravate qu'il portait encore, avec un geste alanguie. Se rendant compte de ce qu'il faisait, il se mordit es lèvres, ses rougeurs reprenant de plus belles. Il n'y avait qu'avec cet homme qu'il perdait tout ses moyens...
"Hum."
Il s'arrêta, le laissant faire comme un grand.
Sur la table de nuit, il demanda à ce qu'on lui apporte un petit déjeuner "deluxe". Il exprima ses exigences, comme à son habitude; Lait de coco végétal, du beurre demi sel...ect.
Quelques minutes plus tard, l'ont toquait à la porte, quel service, pour un hôtel de ce calibre, cela valait mieux.
Ouvrant au groom, il le remercia et faisait avancer le plateau sur roulette devant son hôte.
Un véritable festin se présentait à eux.
"Mange autant que tu le veux, ne te retiens pas."
L'acteur riait alors qu'il prenait une tartine afin de la porter à ses lèvres. Il était aux petit soins avec lui.
Alejandro était le genre de personne qui aimait à la déraison, il passait avant tout le reste.
"Bon appétit monsieur Park. D'ailleurs je ne me souviens pas que ton nom de famille était celui-ci ?"
Soufflant du nez, il reprit en reposant sa nourriture. Se penchant, ses lèvres murmuraient à son oreille.
"En tout cas mon Saphir, peu importe ou nous en sommes aujourd'hui.. A quel point j'ai évolué et toi aussi...Je t'aime tel que tu es, ainsi, à mes côtés. Et, je ne dis pas cela en l'air..."
C'était son âme qui faisait vibrer son cœur.
Non le reste.
Qu'il apprenne demain qu'il était un vampire sanguinaire ? Il ne pouvait qu'écouter son cœur.
Ce bonheur qu'il ressentait actuellement n'avait rien de comparable.
Même une scène de théâtre au yeux du monde ne pouvait lui procurer pareil émotion.
▬ Je t'avoue que j'ai envie de passer ma journée avec toi
Juste cette petite phrase, ces simples mots, firent palpiter mon cœur comme jamais. Il voulait que je reste avec lui, il ne me chassait pas après cette nuit un peu étrange, et simplement ça me mettait en bêtement en joie. D'ailleurs mon émotion se lisait facilement à travers un sourire heureux quoiqu'un peu niais. Je secouais la tête alors qu'il me disait ne pas vouloir me retenir prisonnier dans cette chambre.
▬ Non, je n'ai rien de prévu aujourd'hui et je ne travaille pas ce soir.. Je serais ravi de passer cette journée avec toi.. Et promis j'essaierais de ne pas trop te distraire pendant que tu travailles.
Dis-je avec un regard presque innocent. Nos regards se croisèrent et.. Il y se passa cette chose étrange encore une fois. Ses yeux changèrent de couleur. Cette fois-ci il était rouge. Qu'est-ce que cela voulait bien dire ? Une chose est sûre, seul un éveillé est capable de tel prouesse.. Il en était donc un ? Je n'avais pas souvenirs que des membres de sa famille étaient des éveillés.. Il faut dire que ça remonte à si loin, c'est peut-être une info qui est passée à la trappe avec le temps.. En tout cas une chose est sur : quand je suis parti, il était bel et bien un simple humain.. Et moi aussi d'ailleurs. Même là dessus, nous avions tous les deux changer. Il me devança, alors que j'allais poser la question, nous en parlerions un peu plus tard.
Je souris alors qu'il venait embrasser le haut de mon visage, m'invitant à me mettre plus à l'aise. Et il semblait qu'il voulait.. M'aider. Je retenais mon souffle alors qu'il venait défaire ma cravate. Il était si proche et je n'avais qu'une envie : l'embrasser encore et encore. Aaaww.. Il ne m'en faut décidément pas beaucoup pour perdre la tête avec lui.. Il se ravisa, s'éloignant alors. Disons que cela était sage pour tous les deux. Je finis par défaire totalement ma cravate, la laissant sur le lit avec ma veste, puis j'ouvris ma chemise de deux boutons. J'étais mieux ainsi. Le room service ne tarda pas, je m'éclipsais dans la salle de bain durant ce temps. Je ne voulais pas qu'on me voit et que des bruits de couloirs se fassent. Je revenais dès lors que j'entendais la porte de la chambre claquée pour se fermer.
Je venais m'installer à table en face de mon Emeraude qui m'invitait à manger. De tout les repas, les petits déjeunés étaient mes préférés. Sans doute parce qu'ils me rappelaient ceux passés avec ma grande famille. C'était toujours très festif et il y en avait toujours trois fois trop, mais on passait toujours un super moment. D'ailleurs en parlant de famille, Alejandro m'appela par le nom de cette dernière.. C'est vrai qu'il m'avait connu sous le nom de Gallagher. Je posais la gaufre que j'allais engloutir pour lui répondre, mais mon Emeraude vint tout près de mon oreille pour me murmurer quelques mots qui me firent rougir instantanément.
Doucement je venais glisser une main sur sa joue, roulant mon pouce pouce sur sa douce peau. Je l'embrassais sur le front, puis le nez, la joue et ses lèvres tendrement. Un baiser court mais plein d'amour, avant de poser mon front contre le sien, je murmurais :
▬ Je ne te mérite pas..
Même si j'étais heureux, la culpabilité était toujours dans un coin, près à frapper, près à me rappeler ce que j'avais fait. J'essayais de la mettre de côté, ce n'est pas en me flagellant que je ferais avancer les choses. C'est avec mes actes que je regagnerais sa confiance et peut-être qui sait, continuer à faire un bout de chemin ensemble. Après un petit moment à ce cajoler et échanger quelques douceurs, mon estomac me rappelait à l'ordre.. Manger ! Je rigolais, un peu gêné par le bruit qu'il venait de faire et attaquait la gaufre précédemment mise de côté. Je revenais alors sur la remarque de mon prénom.
▬ J'ai été adopté par une nouvelle famille, d'où le changement de nom..
C'était une histoire un peu longue, ça voulait aussi dire dévoiler des parties de ma vie dont j'avais honte.. Et je ne pensais pas être prêt à tout lui confier, encore moins de bon matin comme ça.
▬ Et toi alors.. Tes yeux qui changent de couleur et cet aura autour de toi.. Tu es un éveillé c'est ça ?
Il n'y avait pas d'autres surnaturels capables de faire ce genre de choses.. Il était donc logique qu'il appartienne à la race des éveillés. Je regrettais ne pas avoir été à ses côtés lorsque ses pouvoirs se sont déclarés, j'aurais aimé le soutenir dans cette épreuve.. Mais ce qui est fait et fait, je ne peux pas revenir sur le passé malheureusement.. Je peux juste être là maintenant s'il en a besoin.
L'Emeraude avait fermé les paupières dans un réflexe lorsque la bouche d'Eden avait happé la sienne, lui dérobant ses mots. Il resta immobile quelques secondes, la poitrine agitée par une houle et le tambour incessant de ses battements ; un mélange corrosif qui semblait à la fois engloutir et assécher ses poumons.
Ils étaient ainsi, Le Printemp et l'Été. Faits d'harmonies, de chaos, de mensonges et de compromis. De filaments fragiles et de cordons d'or.
Un temps.
Il lui déroba cent baisers avec un alanguissement inouï, comme s'ils fussent tous leur dernier, au bord du monde et ses chutes d'eau. Si les mots ne pouvaient rouler hors de sa bouche pour atteindre les plumes, alors il donnait des éclats de son âme à travers ses souffles entremêlés aux volutes opiacées.
il voulut lui offrir son âme comme une fleur à mettre à son habit, comme un ruban pour sa vanité comme la parure d'un jour d'été.
Pourtant. Les mots qui suivaient cet échange ravivait une douleur et une triste réalité.
Oui, Eden ne le méritait pas à sa juste valeur.
Alejandro ne le contredisait guère.
Son appétit s'était subitement amoindrie. Reprenant à nouveau sa tartine, il le portait a ses lèvres, mangeant un petit morceau. Ainsi donc, il avait été adopté. L'acteur n'insistait point.
En revanche, il manqua de s'étouffer à la question qui suivit.
... Soit.
Prenant une légère inspiration, il déviait son regard vers la lumière de l'astre solaire.
"Oui, je suis un éveillé."
Son visage s'assombrissait. Dire qu'il voulait aborder ce sujet ultérieurement, le voici les pieds dans le plat, dès le matin.
"Cela s'est manifesté le jour ou tu m'as laissé."
Articulait-il avant de prendre un verre d'eau, en aucun cas il ne souhaitait croiser son regard.
"Lorsque j'ai une émotion forte, cette aura se manifeste et mes yeux changent de couleur. En fonction de leur nuances, elles signifie la tristesse, la colère, la joie, l'amour.."
Il poussa un profond soupir, passant une main sur son visage.
"Je suis allé récemment à l'école des éveillés afin de trouver de l'aide. Une consœur m'aide à évoluer avec ce..Cette chose."
Alejandro marquait une pause a fin de se remettre les idées en place.
"J'imagine que je ne suis pas le seul ici à avoir changé."
Sur ces mots, il finissait par enfin poser son regard sur Eden.
"Vu que tu as lancé le sujet malgré tout, allons jusqu'au bout."
Il était bien un éveillé, j'avais vu juste en revanche ce que je n'avais pas vu venir.. C'était la phrase suivante.
▬ Cela s'est manifesté le jour ou tu m'as laissé.
Coupable. Me criait une voix dans mon esprit. Outre ces mots, la façon dont-il en parlait.. Alejandro était loin d'accepter son don. Ce qui ne fit que rajouter un peu plus de poids sur mon cœur. J'aurais pu lui dire encore, à quel point j'étais désolé, que j'aurais voulu être là, que si je pouvais revenir en arrière je le ferais.. Mais tout ces mots.. N'étaient que des mots justement. J'avais peur de ne pas dire les bons, de parler alors que je devrais me taire. Je me mordille la lèvre inférieur, me retenant de tout commentaires. Ne dit rien, n'aggrave pas les choses..
Il m'expliqua alors brièvement le fonctionnement de son pouvoir.. Et j'avouais me demander si cela affectait son travail d'acteur. Il me dit aussi qu'il avait alors rencontré une éveillée afin que cette dernière puisse l'aide avec son don.. Ou plutôt cette malédiction vu comment il appelait cela.
▬ J'imagine que je ne suis pas le seul ici à avoir changé.
J'hochais légèrement la tête.. Il l'avait donc remarqué. Ceci dit, entre mes yeux qui viraient au doré dès que mes émotions devenaient trop fortes et la chaleur qu'il avait pu ressentir durant la nuit.. Il était évident que je n'étais plus humain. Je me raclais la gorge. C'était douloureux d'en parler, parce qu'on ne m'avait pas donné le choix.
▬ Lors d'une soirée avec un.. avec quelqu'un.. Cette soirée est un peu flou dans ma tête.. Mais.. Elle a mal tourné, cette personne m'a agressé et transformé après m'avoir profondément mordu.
Je baissais la tête, mi-pris par cette épisode de ma vie, mi-honteux parce que c'était mes choix douteux qui m'avaient fait prendre de tortueux chemins et m'avaient fait rencontrés de mauvaises personnes.
▬ Je me suis réveillé à l'hôpital, avec ma mère adoptive à mon chevet et on m'a annoncé que j'étais devenu un loup-garou.
Moi qui avait une faim de loup.. Mon estomac s'était serré à un tel point que je n'avais plus faim. Je repoussais mon assiette et finissait simplement ma tasse à moitié pleine.
▬ Est-ce que cela.. Te déranges ?
Si adolescent, je me souvenais qu'Alejandro n'avait pas particulièrement de problèmes avec les surnaturels.. Peut-être qu'il avait changé d'avis depuis le temps. Cette pensée laissa place à une petite angoisse, qui commença à croitre au fil des secondes. Devenir un loup-garou.. Avait été une terrible épreuve à traverser. J'avais eu de la chance, car ma famille adoptive est composée d'un certain nombre de lycan, mais presque tous l'étaient de naissances ou étaient assez vieux pour accepter leur destin changé. Maintenant je l'acceptais un peu plus à chaque pleine lune.
Cette matinée qui avait été légère se transformait en un concert de plomb. Alejandro reposait son verre, repus de part ces quelques mots. Cela aurai pu attendre mais visiblement crever l'abcès dès le départ semblait de mise.
Ainsi donc, Eden était un loup garou, avait subit une agression, avait été mordu.
Plus il en apprenait, plus son cœur souffrait de ne pas avoir été la malgré tout.
L'éveillé sortit de ses songes à la question du Saphir. Si cela le dérangeait ? L'Emeraude allait faire preuve de franchise, au point ou ils en étaient...
"Non, as tu déjà oublié mes mots il y a quelques minutes plus tôt ?"
Le fixant dans les yeux, il reprit.
"Par contre... Je ne sais ce que cela implique, je risque d'être mordu à mon tour ? Deviendra tu agressif ? Quel jour sommes nous...? Je ne sais pas si il y a une pleine lune ce soir."
L'acteur venait saisir son téléphone et faisait quelques recherches.
Il y en avait une, cette nuit. Son visage devenait blême.
"C'est douloureux ? Est-ce risqué si je reste avec toi ?"
Tant de questions sortaient de ses lèvres, inquiet pour lui...
Et effrayé pour sa propre personne.
Malgré tout, doucement, il venait s'agenouiller sur le matelas afin de surplomber. Comme la veille, l'Emeraude lui offrait une étreinte contre son cœur, ses lèvres déposant un baiser sur le dessus de sa tête.
"J'ai vu tes cicatrices lors du shooting... Elles te font mal..?"
Il ne parlait pas de douleur physique mais morale. Une main venait caresser sa joue alors qu'il le berçait comme pour l'apaiser.
"Je ne sais pas ce que tout cela implique, Eden..."
Il fermait les paupières, son menton sur l'une de ses larges épaules.
"Tu reviens dans ma vie...J'apprend que tu m'aimes encore...Que tu es un Loup Garou..."
Ses mains tremblaient légèrement.
"Cela fait...Beaucoup en très peu de temps je te l'avoue. Il y a t-il... D'autres choses que je dois savoir ...?"
Aaah.. Je commençais déjà a regretter ma question qui en avait une autre.. Puis plein d'autres. Je secouais légèrement la tête alors qu'il me demandait si j'avais déjà oublié ses paroles. Non bien sûr que non mais.. Une information ou une autre pourrait le faire changer d'avis. Je commençais à angoisser à cette idée et l'angoisse se fit bien plus présente alors qu'il me posait une avalanche de questions. Ca m'apprendra à faire mon curieux tiens. Je tentais de faire la paix intérieurement avant de prendre une longue inspiration. Je dois le rassurer.
▬ Cela fait maintenant six ans que j'ai été mordu.. Même si je reste un jeune lycan par rapport à certains, je ne suis pas dangereux. Je sais me contrôler. Je ne deviendrais pas agressif.. Sauf si quelqu'un que j'aime est en danger.
Je me rappelais alors de mon alarme tout à l'heure.. Bordel. C'était ce soir la pleine lune. L'expression du visage d'Alejandro avait changé, j'y voyais.. De la peur ? De l'appréhension ? Peut-être un peu des deux. C'était dur à voir, j'avais l'impression d'être un monstre pendant une fraction de seconde.
▬ Oui.. Les transformations sont douloureuses, mais le sont de moins en moins au fil du temps. Pour ma part, j'ai l'habitude, ayant une petite meute avec ma famille, j'ai réussi à m'adapter rapidement à ma.. Nouvelle race.
Je fis une pause, réfléchissant un instant avant de reprendre.
▬ Si tu le souhaites.. Je pourrais te montrer ce soir. C'est la pleine lune alors.. Tu pourras le constater de tes propres yeux, je suis inoffensif. Mais bien évidemment, si tu préfères que je m'en ailles, je comprendrais.
Je m'attendais à ce qu'avec la peur, il ne m'approche plus.. Pourtant le voilà qui vient me prendre dans ses bras, dans une douceur infini. Je m'accroche à lui, répondant avec tendresse à son étreinte. Je suis désolé, pensais-je, alors que je serrais un peu plus contre moi.
▬ J'ai vu tes cicatrices lors du shooting... Elles te font mal..?
Je me raidis dans ses bras. Les yeux écarquillés. Je ne pensais pas que le sujet dériverait là-dessus.. Et je ne sais pas si je suis prêt à l'aborder maintenant.
▬ Mes cicatrices.. Elles.. Elles ont été causés par quelqu'un.. Ca n'a rien à voir avec ma lycanthropie.
Avais-je difficilement murmurer. Je me renfermais, sans m'en rendre compte. Même si l'histoire avec Antonio appartenait au passé, les cicatrices physiques et mentales étaient toujours autant présentes. Ce genre de cicatrices ne s'effaceront sans doute jamais.. Et je l'avais accepté.. Mais ça n'en restait pas moins douloureux.
▬ Cela fait...Beaucoup en très peu de temps je te l'avoue. Il y a t-il... D'autres choses que je dois savoir ...?
Je m'écartais de lui, venant prendre ses mains dans les miennes, doucement mais assez fermement pour qu'il sente que je suis là, qu'il ne perde pas pied.
▬ Tu sais.. Je suis un peu perdu aussi. Je ne m'attendais pas à ce qu'on se revoit un jour.. Je ne pensais pas que tous mes sentiments me reviendraient en plein figure dès que j'ai posé les yeux sur toi à cette soirée.. J'avais toujours bêtement espérer qu'on se revoit et qu'on.. Qu'on se remettrait ensemble, peut-être. Je n'en sais rien, c'était sans doute très naïf et très fleur bleue comme pensée.. Mais maintenant tu es là, je suis là.. J'ai presque du mal à croire que je ne suis simplement pas dans un rêve à chaque secondes passés à tes côtés..
Je venais caresser tendrement la joue de mon Emeraude, un petit sourire aux lèvres qui disparu bien vite.. Parce qu'il fallait bien répondre aussi cette dernière question.
▬ Oui. Il y a d'autres choses. Ce n'est pas beaux à entendre.. Mais si c'est ce que tu désires vraiment, alors je te dirais toute la vérité. Je te dois bien ça.
Et puis, il valait sans doute mieux que tout soit dit maintenant.. Peut-être qu'il reviendrait sur ses mots lorsqu'il saura.. Peut-être, peut-être pas. Je n'en savais rien. J'avais peur de ce qu'il pourrait dire. J'avais peur qu'il me rejette après ça.. Mais je ne voulais pas lui mentir.. Et ni m'enfuir.
How nobody knows, nobody knows my pain, When I see that it's risen; that full moon again ~
Une personne se serait amusée à causer du tort à cet homme ? Ces marques... Ces griffures…Il y en avait beaucoup trop.
Alejandro commençait à se rendre compte de l’ampleur des évènements qui ont marqués la vie d’Eden. Et apparemment ce n’était que le début d’une descente vers les abysses. Le jeune homme baissait ses yeux vers les mains qui le tenait.
“D’autres choses ?”
Murmurait-il avant de relever la tête vers son visage, l’air navré. Déjà qu’il devait se fair eà l’idée des souffrances occasionné par une transformation lycane... Malgré tout, il voyait à quel point cela était difficile pour son Saphir.
“Eden...”
L’éveillé prenait une légère inspiration et quitta ses mains pour saisir son visage.
“Je sais que tu n’es pas responsable de ce qui t’es arrivé. Tu as souffert, et je.. Je suis navré que tu ai dû subir toutes ces choses.”
Le basané s’en mordait les lèvres.
“Je ne pourrai rien réparer, il est vrai. Mais je te soutiendrai à chaque fois, ce soir même lorsque tu transformeras je.. Je serai là. Et tpour les prochaines également...”
Ses pouces caressaient ses pommettes avec douceur comme si Eden était fait de verre sur le point de se briser.
“Pour le reste, j’attendrai que tu veuilles m’en parler, je ne te forcerai pas la main ni te questionnerai.”
Une base saine, pour une relation saine. Evidemment, la confiance n’allait pas se construire en un jour, Alejandro avait ses doutes, ses craintes, mais il ne pouvait pas se permettre d’apposer un tel fardeau à quiconque.
“Repose toi, dors mange, rit, pleure fait ce dont tu as envie... Si je peux essayer de t’apporter un minimum de réconfort, tu sais ou je suis.”
Sur ces mots, une main se glissa sur la poitrine d’Eden.
Ses mains se glissèrent sur mon visage, leur touché aussi douce que la soie. Par ce simple geste, il m'empêcha de plonger dans les ténèbres, de m'encrer dans le présent. Il me parlait d'un ton calme, doux, qui me rassurait alors. Même s'il y avait tant de choses horribles à lui raconter, cela ne sembla pas le faire changer d'avis.. Pour l'instant en tout cas. J'avais toujours un peu peur malgré tout, c'était plus fort que moi. J'avais déjà été abandonné par Lilith quelques mois plus tôt, puis ma séparation avec Roger.. Alors si je le reperdais lui.. Ma précieuse Emeraude.. Je crois que je partirais loin de cette ville de malheur et irait refaire ma vie ailleurs. Aaah.. Me revoilà à faire des plans hypothétiques, à m'angoisser pour tout et rien alors que nous n'y sommes même pas..
Heureusement, Alejandro, ses paroles couplés à ses gestes arrivaient à me calmer un temps soit peu. Je fus plus que soulager lorsqu'il me dit alors, qu'il attendrait que je sois prêt à lui parler de mon passé. J'aurais voulu lui répondre que je voulais le faire maintenant. Je voulais tout lui dire. Rien ne lui cacher. Toute cette infernale vie de décadences et de malheurs.. Mais.. Mais je n'y parvenais pas. Les mots restaient bloqués au fond de ma gorge, incapables de franchir la barrière de mes lèvres.
▬ Repose toi, dors mange, rit, pleure fait ce dont tu as envie... Si je peux essayer de t’apporter un minimum de réconfort, tu sais ou je suis.
▬ Oh mon Emeraude..
Je posais une main sur la sienne, la serrant légèrement, puis doucement, je le tirais vers moi. Un peu de réconfort.. C'est ce dont j'avais besoin la suite. Je cherchais un peu de tendresse, un peu de douceur au creux de ses bras. Je fermais les yeux, me laissant emporter par cette bulle qui s'était construite autour de nous. Ma tête contre son torse, j'entendais les battements réguliers de son cœur qui me berçaient alors. J'aurais presque pu m'endormir si je n'avais pas passez une aussi bonne nuit à ses côtés.
▬ Merci..
Murmurais-je alors à mon tendre ami, avant de prendre une grande inspiration et de me redresser. Je venais embrasser son front, tendrement, dans un sourire. Je n'avais plus tellement faim, alors je ne toucherais plus au plateau déjeuné. En revanche je ferais bien autre chose.
▬ Je prendrais bien une douche si ça ne te dérange pas.. Et puis comme ça tu pourras réviser ton texte en étant un peu tranquille.
Après tout, j'avais "promis" de ne pas être une distraction pendant qu'il travaillerait. Je me débrouillais avec l'accueil pour avoir des serviettes et un peignoir propre, puis une fois apportée, je me glissais dans la salle de bain. Je fis couler l'eau pour qu'elle soit à bonne température le temps de me dévêtir. Je m'arrêtais devant le miroir, inspectant mes.. Marques. J'hésitais presque à les faire recouvrir de tatouages tellement je les trouvais laides.. Et qu'elles me rappelaient inévitablement de mauvais souvenirs. Le visage sans expression, je croisais les bras sur mon torse dans un soupire.. Il faudra bien faire avec.. Tatoué ou non, elles seront toujours là.
Je rentrais sous le jet d'eau chaude qui me détendait presque instantanément. Je me vidais la tête, songeant à la journée que j'allais passer avec Alejandro. Se concentrer sur les choses positives, c'est ce que m'avait dit mon père et c'est ce que je m'efforçais de faire au quotidien. Je me promettais de ne plus revenir sur des sujets délicats pour le reste de cette journée.. Nous avions eu notre dose entre hier soir et ce matin.. Je secouais légèrement la tête. Aller, pense à autre chose. Je terminais de prendre ma douche, sortant de la salle d'eau vêtu uniquement d'un peignoir. J'attendais d'être totalement sec avant de remettre mes vêtements.
Je posais mon regard sur Alejandro, dans un sourire un peu béa, comme si j'étais surpris qu'il soit là.. Encore et toujours l'impression d'être dans un rêve.
▬ Après tes révisions, est-ce que tu voudras faire quelque chose en particulier ?
Nos choix étaient limités si nous restions dans cette chambre, mais peut-être qu'il y a des choses à faire dans cet hôtel, allez savoir. Je me posais sur le lit, attrapant mon téléphone pour lire distraitement les messages que j'avais reçu.
How nobody knows, nobody knows my pain, When I see that it's risen; that full moon again ~
À l’époque, il ne s'était pas encore rendu compte, trop obnubilé par sa solitude, par sa rancœur. Maintenant, il savait. C'était là, tapi dans sa poitrine depuis longtemps.
Alejandro savourait cette étreinte comme si elle fut la dernière. Il n'en voyait jamais la fin. Il était l'éternité et l'intemporalité, une boucle perpétuelle qui résisterait désormais au sable et aux aiguilles. Il l'étreignait à corps perdu, comme si, une nouvelle fois, il voulait lier leurs souffles et leurs peaux. Il riait contre sa chevelure vaporeuse. Il ne pouvait pas l'abandonner une nouvelle fois, n’est-ce pas ?
Alors l’Emeraude répétait, très doucement, contre l'or de ses joues, ce prénom qui faisait vriller son âme. Comme un chant. Une berceuse pour ses peines et ses blessures.
A contre cœur, il le laissa se défaire de ces douceurs...
Aux dires d’Eden, il 'observait curieusement, comme s'il venait de lui exposer une fantaisie.
Il le trouvait beau. Comme un souffle sur la peau, comme le romantisme d'un autre temps.
Ses sourires, ils étaient encore incertains.
Pourtant, il les aimait.
Apprendre ses textes ?
"...J'essayerai..."
Lorsque le saphir s’éloignait vers la salle de bain, son visage fut mélancolique.
Parce que c'était là tout ce qui comptait. Bercer l'été en l'écoutant dispenser ses secrets. Car même les insouciances les plus simples avaient des allures de mythes désormais, pour lui.
"J'essayerai."
Répétait-il dans un faible murmure avant de se tourner vers les pages non loin. Il se laissa choir sur un fauteuil, le regard perdu vers les immeubles aux loin qui reflétaient la lumière du soleil.
Toutes ces péripéties lui semblaient surréaliste. Depuis qu’il avait mis les pieds dans cette ville, il avait l’impression que le ciel risquait de lui tomber sur la tête.
Il entendit le son de la douche s’enclencher et son regard bifurquait vers la porte non loin.
Une part de lui aurait souhaité le rejoindre, l’autre se le refusait comme un interdit justifié par cette peur de se faire du mal.
Lorsqu’Eden revint dans la pièce, la vision de ces cicatrices ainsi que ces raisons apportaient une amertume en bouche.
Ô combien cet homme avait souffert.
Cachant son désarroi avec ses talents d’acteur, il lui offrit un charmant sourire.
“Cela fait du bien n’est-ce pas ?”: lançait-il en croisant ses fines jambes, pensif.
Le palace possédait de nombreux services... Spa, cinéma, mini casino, restaurant, piscine, karaoke. Ce n’était pas tant les divertissements qui manquaient.
“Je n’ai pas envie de travailler, je te l’ai dis, Eden.”
Il avait l’impression qu’il ne l’écoutait pas à certain moment. Il ne lui en tenait pas rigeur.
Alejandro s’étirait tel un félin et reprit en croisant ses bras sur son torse.
“Nous pourrions nous promener ? Ici, ils possèdent un jardin qui est assez dans le coin, j’aimerai y jeter un coup d’œil.”
Il m'avait semblé étrange pendant l'espace d'un instant alors que je sortais de la douche.. Enfin je crois, je ne suis pas sur. Son sourire et sa question avait effacer toutes traces de doutes dans mon esprit. J'opinais de la tête à sa question. Effectivement cela m'avait fait du bien. L'angoisse était retombé, je me sentais mieux. Alors qu'il s'étirait, je m'approchais de lui, posant un simple baiser sur sa joue.
▬ Pardonne moi, je suis un peu tête en l'air quelque fois.
L'éveillé proposa une ballade dans les jardins de l'hôtel. S'il le proposait, c'est qu'il devait savoir que ceux-ci étaient protégés de possibles paparazzis. Alors pourquoi pas. De toute façon, peu importe ce que nous faisions, tant que j'étais avec lui, tout m'allait. Je lui volais des baisers ça et là, ne pouvant m'empêcher de l'embrasser ou de le toucher.. Peut-être étais-je un poil trop collant ? D'ailleurs la question qui suivit ma fit piquer un fard. La question avait probablement été posé en toute innocence, mais je ne pus m'empêcher d'y voir un double sens. Idiot que je suis. Je m'écartais, essayant de cacher mon visage en me tournant de trois quart.
▬ Non c'est parfait. Faisons ça !
Je le quittais pour aller m'habiller. J'en profitais pour me passer un coup d'eau froide sur le visage afin de virer ses rougeurs. Je pris un grande inspiration, me calmais, m'habillais en vitesse pour rejoindre Alejandro.
▬ Je suis prêt !
Je lui laissais le temps qu'il avait besoin s'il avait besoin de se préparer à son tour. J'envoyais de derniers messages sur mon téléphone, répondant à ma mère qui se montrait bien curieuse sur les raisons de mon découchage. Elle était surement inquiète, je ne lui en voulais pas, mais je ne pouvais pas lui dire non plus pourquoi je n'étais pas rentré à la maison. Aussi elle n'insista pas plus, après tout j'étais adulte et j'avais trouvé les mots pour la rassurer.
Je suivais Alejandro dans les couloirs de l'hôtel. Je reconnaissais certains endroits du coin de l'œil. Je n'avais jamais vu les jardins de cet endroit. Je ne savais d'ailleurs même pas qu'il y en avait. Je n'étais pas un fan de marche en pleine nature, quand bien même j'avais grandi à la campagne.. Je m'étais vite fait à la vie citadine et son confort. Mais j'appréciais tout de même un coin de verdure de temps en temps, plus particulièrement quand j'étais en loup.. Mais la nature de ma race devait sans doute y être pour quelque chose.
Nous marchions l'un à côté de l'autre, sans se dire un mot. En même temps y avait-il vraiment besoin de dire quelque chose ? Nous profitions simplement du moment. Le soleil chauffait nos peaux, les diverses odeurs des plantes et fleurs nous ravivaient l'odorat, et puis... Il y avait ma main qui frôlait la sienne de temps à autre. Est-ce que je pouvais prendre sa main ? Avant même que je ne puisse vraiment y réfléchir, mes doigts venaient entrelacés les siens dans un geste qui me parut plus naturel que je l'aurais pensé. Je souris bêtement, me rappelant alors les longues promenades qui nous faisions plus jeunes, loin de tout pour ne pas nous faire voir. Je ne serrais pas complètement ma main dans la sienne, au cas où il voudrait la retirer.
Nous ne croisions pas beaucoup de monde, ce qui était d'autant plus agréable. Nous traversions une roseraie incroyablement magnifique et fleurit à souhait. Mais la plus belle de toutes ces fleurs restait à mes yeux, Alejandro. Je lui souris, tendrement, le tirant par la main pour qu'il se rapproche de moi. Je l'embrassais aussi tendrement que passionnément. J'écartais mon visage du sien, dans un léger rire hébété.
▬ Je suis désolé mon Emeraude, je n'arrive pas à m'empêcher de t'embrasser. Tu es si beau.
Et tu m'as tant manqué.. Je me retins de lui glissé cela, j'avais peur que cela ne le blesse à nouveau en lui ravivant de douloureux souvenirs. J'avais beau être moins stressé, j'étais toujours en funambule avec lui. Je savais que je devais réfléchir avant de parler afin de ne pas le blesser.. Il lui fallait du temps aussi, et je comptais bien lui donner tout le temps qu'il fallait, parce que je savais qu'à la fin cela en valait le coup. Pourquoi ou comment je le savais ? Aucune idée. Disons que c'est mon instinct et une dose d'amour et d'espoir qui me poussait à penser cela.
'Cause you feel like summertime morning dew and midnight drives I just wanna feel it with you Like a glass of lemonade mercury in retrograde I just wanna feel it with you
Les rougeurs qui embrasaient la peau d’Eden étaient telle une fleur qui éclorait aux yeux du monde. Alejandro n’eut le temps d’agir qu’il était déjà parti se terrer dans la salle de bain.
Pourquoi être aussi gêné face à lui ? Il n’avait pas à l’être. Malgré tout, un sourire touché ourlait ses lèvres trouvant ses mimiques tout à fait adorables.
En attendant, il alla se préparer et revêtait un ensemble noir qui faisait ressortir la blancheur nacrée de sa chevelure. Parfois, l’on aurait dit un ange tombé du ciel, ses émeraudes taillés à même la roche, pur et cristallines.
Les élans d’affections d’Eden étaient les bienvenus, il n’en avait jamais assez. Son cœur bondissait vers le ciel à chaque baiser qui touchait sa peau basanée.
Se sentir aimé, choyé, était le plus doux sentiment qui soit. Alejandro chérissait chaque minute, chaque second passé à ses côtés comme s'il s’agissait de la dernière.
A nouveau, il pensait rêver.
Les voici en chemin.
Au cœur des Jardins de l’hôtel, non loin des terrasses de marbre blanc, de grandes arches illuminées se dessinent autour d'une structure confondante de hauteur. Lorsque l'on passe l'arcade principale, on découvre une Serre Luxuriante aux multiples secrets.
Cette Grande Serre n'était guère aussi ordonnée qu’ailleurs comme si la Nature avait repris ses droits entre les arabesques de verre de cette retraite cachée. Lorsque l'on levait les yeux vers les hauteurs, on découvrait de grandes passerelles immaculées au cœur de la végétation permettant d'atteindre les plantes
Dans les confins de la Serre, une pléthore de bassins se dessine dans le clapotis placide de l'eau. De nouvelles variétés de végétaux s'y prélassaient, suivant paresseusement les ondes des flots.
Un décor paradisiaque.
Alors qu’ils marchaient dans les allées, il fut étonné de voir qu’il n’y avait pas grand monde, pour leur plus grand bonheur.
Il sentait cette chaleur, cette main effleurer la sienne sans la saisir...
L’Emeraude se stoppa une seconde lorsqu’il la prenait enfin. Son cœur ratant un battement, il ne put s’empêcher de sourire comme jamais.
Le bonheur se lisait sur son visage.
Sans crier gare, il se retrouvait contre lui, ses lèvres contre les siennes. IL y eut un effet électrisant.
Eden était fait d'une beauté crève-cœur. De celles que l'on veut s'accaparer et en épuiser tous les sucs, de celles devant lesquelles on s'arrêtait finalement, que l'on prenait le temps d'apaiser, puisqu'elles étaient sculptées dans l'adversité et le sang, faites d'une force infiniment fragile.
Alors il se nourrissait du feu qu'il déposait sur ses lèvres d'azur, retenu par ses craintes. Ils n'étaient pas tout à fait prêts. Qu'importe, il souhaitait poursuivre leurs étreintes jusqu'au levée du jour, sans le moindre regard pour le reste du monde.
▬ Je suis désolé mon Emeraude, je n'arrive pas à m'empêcher de t'embrasser. Tu es si beau.
Il le tira vers une alcôve entourée de verdure, à l’abris du monde. Une bulle de nature.
Le jeune homme venait saisir son visage avec une infinie douceur et baisait chacune de ses pommettes.
“Tes rougeurs. Ne les cache plus, montre-les-moi. Elles t’embellissent plus que tu ne le crois.”
Son index se posait sur ses lèvres.
“Tes baisers, ne les retiens pas, c’est devenu mon oxygène.”
Elle finissait sa course dans sa chevelure verdoyante qui se confondait avec la nature environnante.
“Dans mon cœur, tu es à l’image de ce jardin.”
Il lui souriait tendrement.
“Mon Eden.”
Ses prunelles se teintèrent de pourpres sous l’émotion qui le traversait. Jamais il ne cessait de lui rappeler son importance à ses yeux. Jamais il ne cesserait de lui faire savoir...
“Tu m’as..tellement manqué...”
Un souffle, et ses larmes se déversaient de nouveau.
“Tu es...La à te promener avec moi... C’est irréel...Et pourtant... Et pourtant...!”
Il revenait l’embrasser avec une passion renouvelée, faisant fi du goût de sel qui imprégnait ses lèvres. Sa langue cherchait sa jumelle pour une énième danse qui souhaitait s’éterniser. A bout de souffle, les lèvres humides, il lui offrit le plus beau sourire qui soit.
Il était beau, si beau. Je n'avais qu'à poser mes mirettes sur lui pour sentir mon cœur s'emballer comme le jour de notre premier baiser. Que mes joues rougissent d'être en compagnie d'un homme si beau et bon, que mes yeux se parent de dorés tant mes sentiments pour lui sont forts et qu'enfin, mon lèvres sourient comme elles n'avaient jamais souris ces derniers mois. Alejandro me fit une petite déclaration qui me fit perdre la tête, j'avais envie de le serrer tout contre moi encore et encore. Que ce moment surréaliste ne s'arrête jamais.
▬ Mon Eden.
▬ Le tiens et seulement tiens, à jamais.
Avais-je murmurer à mon tendre ami, profitant de la caresse de sa main dans un sourire amoureux. Sa phrase suivante me brisa le cœur autant qu'il me le réchauffa. Je ne souhaitais pas le faire pleurer, je voulais le faire sourire. Mais il y a certaines choses qu'on ne peut ignorer. Ce manque, cet joie de se retrouver, tout ce que ça implique autour, ce futur inconnu.. Je glissais mes bras autour de sa taille, le laissant parler, pleurer, les larmes au bord des yeux aussi.
▬ Et pourtant tu es là, avec moi, nous sommes bien ensemble..
Pour moi aussi c'était difficile. J'avais du mal à m'en rendre compte. Il y a quelques jours encore je ne savais même pas qu'il était dans la même ville que moi. Pourtant.. Pourtant, il allait bien falloir que nous nous y fassions à cette réalité. Le destin, la vie, et mon égoïste nous avais fait nous retrouver. Même si je regrettais les blessures causées, j'étais tout de même heureux que nous en sommes là maintenant.
Alejandro m'embrassa. Un baiser salé. Un baiser passionné. Un baiser plein de sentiments auquel je réponds avec la même ferveur, la même chaleur. Un baiser lent et long qu'on aurait voulu ne pas terminer. Au milieu de ce décor idyllique, cela ressemblait encore une fois à un doux songe.
▬ Je prendrai ce que tu as à m’offrir... Tout.
Des mots qui me touchaient, plein de sens. Il faisait un pas en avant vers moi. Je pris son visage entre mes mains, roulant mes pouces sur ses joues pour effacer ses larmes.
▬ Là, respire, tout va bien, je suis là.. Je te l'ai dit, je ne compte plus partir où que se soit.. Je resterais avec toi, je te donnerais tout ce dont tu as besoin, tout ce dont tu as envie.. Mon trésor, ma précieuse Emeraude..
Un fois de plus, nous passions un tendre moment dans les bras de l'un et l'autre. Je caressais doucement sa crinière blanche, en profitant pour humer son parfum. Aucune fleur de ce jardin n'aurait pu être plus agréable que le sien. Il y avait quelques personnes qui passaient, sans doute qu'ils devaient nous regarder et murmurer quelque chose, mais rien n'aurait pu nous déranger dans notre bulle.
Rien. Ou peut-être que si. Une personne s'approcha de nous, avec un grand sourire, des étoiles plein les yeux.
▬ OH mon dieu ! Vous êtes Alejandro De La Vega !? Le vrai !? J'y crois paaaaas ! Je suis une grande fan !!
Je m'écartais d'Alejandro, gardant par réflexe ma main dans la sienne.
▬ Est-ce qu'on peut faire une photo ensemble s'il vous plait ?? Mes copines vont être vertes de jalousies ahaha !
Sans trop attendre sa réponse, sans doute trop impatiente, elle sortit son téléphone portable et se plaça au milieu d'Alejandro et moi. Je fus quelque peu surpris de son comportement, un peu malpoli.. Pour rester.. Poli. Je m'écartais de quelques pas, sans m'offusquer, offrant un petit sourire de courage à mon Emeraude.
▬ Je peux avoir un autographe aussi !? S'il vous plait !
a b c d e f g h I love you still and you know i always will till the end of time I won't change my mind love you i'll be there I will never disappear said forever I swear so I will be there
Pendant ces quelques heures qui semblèrent se muer en journées pour son âme avide, sa peau de feu se languit des caresses satinées. Il ne prêta même plus réellement attention aux alentourss ; il en attrapa parfois quelques mots au détour d'une rêverie
Dans les phares ambrés, Alejandro gardait le souvenir irrévérencieux d'y avoir trouvé la fascination. Dans la bouche d’Eden aux allures d'amphore, il avait trouvé les baisers comme si ses lèvres tremblantes s'étaient abreuvées d'un philtre bouillant. Il avait absorbé la vivacité de ses mains avec avidité, avait fait de ses propres bras frêles des branches taillées dans le quartz le plus robuste, pour ne plus jamais laisser partir cet homme.
Les gorgées ardentes avaient eu un goût de quelque chose qu'il ne connaissait pas, une liqueur nébuleuse brisant les frontières mortelles ; sur son palais, il avait ressenti des saveurs qui avaient meurtri ses clavicules et brûlé ses joues. Il avait cru, une nouvelle fois défaillir quand les flammes s'étaient déclenchées au fond de son ventre, asphyxiant ses poumons d'une euphorie bien trop vertigineuse.
Il ne voulait que de sa voix dont les tessitures lui évoquaient un instrument qui aurait été fait de cobalt. Il ne voulait que de ses étreintes, jusqu'à ce que leur éternité prenne fin, avec l'univers.
Eden gravé sur ses lèvres rosées, noyé dans ses iris estivales ; Eden chanté à la mer, à la terre. Eden qui resta imprimé sur ses pupilles, qui l'avaient regardé partir avec l'affliction de ceux qui ne voulaient pas lâcher prise.
Au creux du parfum réconfortant de la mélisse et de la sauge, au cœur du marbre blanc, des spinelles et des agates zébrées, Alejandro ferma les paupières. Il se mit à rêver. De songes éperdus.
Soudain, une voix brisait ce tableau.
Il sentit l’homme s’éloigner de lui. Non..
Une fan complétement hystérique venait faire voler cette bulle en éclat. L’acteur gardait malgré tout le sourire et relâchait à contre cœur la main de sa moitié le temps de cette irruption.
Une photo ?
“Bien sur, Allez y.”
Il prenait la pose à ses côtés et sortait un stylo de sa veste ébène.
“Je suis heureux que mes scènes vous plaisent. J’espère que les prochaines seront à la hauteur.”
Elle lui sortit un magazine sur lequel posait...
Lui-même et Eden. Les images du shooting étaient déjà sorties ?!
En voyant les clichés très sensuels vu par le monde entier, les joues de l’acteur s’empourpraient légèrement. La jeune femme posait son regard sur Eden.
“Je peux avoir un autographe de vous aussi ?! J’adoooore ces photos !! Vous feriez un si beau couple !!
Le basané resta absent un instant à cette question et souriait.
“Vraiment ?”
Il lançait un regard à l'Eden et son sourire s'élargissait davantage.
"Vous pouvez le signer ??"
Alejandro s'éxécutait aussitôt et tendit le magazine à son aimé.
Pouf. Adieu la bulle de tranquillité. Je n'ose même pas imaginer ce que cela aurait donné si nous nous étions promenés à l'extérieur. Ca aurait juste été l'enfer. Je suis un peu agacé sur le moment, parce que non seulement la personne s'invite alors que nous sommes clairement occupés, mais en plus son comportement est vraiment limite. Je prends sur moi, je me dis que si je rencontrais une de mes idoles, je pourrais réagir sans réfléchir aussi. Ces quelques pensées me permettent de me calmer.
Je regarde Alejandro gérer la situation comme un pro. En même temps il doit avoir l'habitude, ça fait parti de son métier. J'observe la scène et je retiens un hoquet de surprise en voyant la couverture du magasine qu'elle lui tendait. C'était notre photo ! Pendant ce.. drôle de shooting. Pincez-moi je rêve. Je veux dire, je savais que nous photos allaient être exposé. J'avais moi même acheté le magasine en question, pour le montrer à mes parents, tout fier de mon premier shooting pro. Mais le voir dans les mains de quelqu'un d'autre, ça faisait quelque chose ! Ca rendait tout ça un peu plus réel.
▬ Je peux avoir un autographe de vous aussi ?! J’adoooore ces photos !! Vous feriez un si beau couple !!
Je ne bougeais pas d'un poil. Désarçonner par sa phrase. Déjà elle voulait un autographe.. De moi !? J'avais bien entendu ?? Mon cœur se mit à battre bien plus fort dans ma poitrine, petit shoot de dopamine. Et puis.. il y a aussi le "vous feriez un si beau couple" qui me la coupe aussi. Ah petite, si tu savais ahaha. J'essaies de ne pas surréagir. Enfin si je pouvais agir tout court ça serait bien. Je lançais un regard à Alejandro pour me donner un peu de courage. Il m'invite à signer à mon tour et ces quelques mots me permettent de me lancer.
▬ Bien sûr avec joie.
J'attrape le magasine qu'elle me tend, me concentrant pour ne pas avoir la main tremblante. Je signe de mon prénom, avec un petit soleil au bout de ce dernier. On pourrait croire que j'ai fait ça toute ma vie et ce n'est pas totalement faux. Plus jeune, lorsque je partageais des rêves d'acteurs avec mon Emeraude, je m'entrainais à signer encore et encore.. Ahaha, rien que de me revoir faire ça, me fait rire intérieurement. Comme quoi, ces "dures" heures d'entrainements avaient fini par me servir.
▬ Merci ! Merci ! Merci beaucoup ! Je ne vous embête pas plus, j'ai déjà bien assez abusé de votre gentillesse ! Encore merci, aurevoir !
Et la voilà qui repartait aussi vite qu'elle était apparue, toute guillerette, gardant précieusement le magasine contre sa poitrine. Je poussais un long soupire, espérant avoir assuré. Je ne vais pas mentir, le fait qu'elle me demande un autographe a booster ma fierté et flatté mon ego. Cela me rappelait avec mélancolie, les joies de danser sur scène. Être admiré et aimé d'un public.. Ca me manquait. Je secouais légèrement la tête, passons à autre chose. Ma main retrouvait celle de mon aimé, entortillant mes doigts aux siens.
▬ Ca doit t'arriver souvent non ? De ce que j'ai pu lire tu es plutôt connu.
Je me mis à sourire, me rendant compte de quelque chose de pourtant si évidant.
▬ N'empêche acteur.. T'as réussi, t'as accompli ton rêve de jeunesse ! C'est fou.
Non pas que je doutais de sa réussite, mais percer dans ce milieu, ce n'est pas toujours facile.
▬ Comment tu as réussi à atterrir dans une télénovelas ? Je veux tout savoir !
Alors oui, ça touchait au passé.. Mais on ne pouvait pas continuer à l'occulter tout le temps.. Il faisait parti de nos vies, aussi triste à t-il été. J'espérais juste que cette fois l'histoire sera moins lourde et plus guillerette à écouter.
a b c d e f g h I love you still and you know i always will till the end of time I won't change my mind love you i'll be there I will never disappear said forever I swear so I will be there
Eden semblait si heureux de signer le magazine qu’elle lui tendait. L’acteur souriait tendrement. Il jeta un œil et fut étonné de voir la signature qu’il avait laissé. Ce petit soleil. Il ne l’avait pas oublié.
Cela lui rappelait tant de souvenirs... Quelques parts, il était heureux de voir que centaines choses demeuraient malgré le temps qui passait. Lorsque la jeune fille partait, Alejandro la saluait d’un signe de la tête. Il jeta un œil à son aimé qui semblait aux anges.
“ça te rend euphorique dis-moi..”
Son sourire s’élargissait alors qu’il sentait cette main reprendre la sienne. Une vague de chaleur provenant de sa poitrine envahissait le reste de son corps. Il ne voulait plus le lâcher. Ils reprenaient leur marche contemplative afin de s’éloigner d’éventuels d’autres fans...
Il écoutait ses questions en silence et opinait doucement.
“Il n’y a pas grands choses à dire tu sais ? Ce n’était pas facile c’est sur... Plusieurs fois j’ai été tenté de tout laisser tomber mais je ne me voyais pas faire autre chose. J’ai toujours aimé jouer des histoires qui permettent de s’éloigner de la vie réelle...”
Il baissa légèrement les yeux.
“Car elle est cruelle...”
Reposant son regard sur lui, il reprit.
“J’ai persévéré jour après jour, enchaîné les entretiens, les castings... J’en ai échoué un certain nombre. D’ailleurs, c’est là qu’on m’avait proposé de devenir mannequin dans un premier temps.”
Son autre main jouait avec le pendentif offert.
“J’ai commencé par de la pub, puis en tant que figurant et... De fil en aiguille... Me voici ou j’en suis aujourd’hui. Cela à ses avantages et ses inconvénients comme tu le constates par toi-même.”
Il tiltait sur l’instant.
“D’ailleurs quel est ton rêve aujourd’hui ? A l’époque tu voulais me suivre. Je peux peut-être te trouver quelque chose si cela t’intéresse ? Ou des agences de mannequinats ?”
Alejandro s’arrêtait et venait tracer un soleil sur la poitrine du Saphir en riant doucement.
“Je suis heureux de voir que tu as gardé ce petit signe, mon soleil...”
J'opinais légèrement de la tête avant de répondre.
▬ Oui, c'est plutôt grisant, ça me rappelle de bons souvenirs.
Dis-je dans un franc sourire. Puis d'une phrase à une autre, nous revenions sur son passé, comment était-il devenu acteur ? La question était posé. Il me dit dans un premier temps qu'il n'y avait pas grand chose à dire. J'haussais un sourcil, intriguer. Quand même acteur ce n'est pas n'importe quel métier ! Il faut savoir s'accrocher et persévérer constamment. Je l'écoutais d'une oreille attentive, ne pouvant m'empêcher de me sentir coupable lorsqu'il parla de la cruauté de la vie. Je ne sais pas vraiment si c'était un énième pique à mon encontre, mais je fis semblant de rien, préférant ne pas rebondir dessus et puis surtout, le laisser parler puisqu'il ne semblait pas avoir terminé.
Il me raconta le début de sa carrière, que c'est d'ailleurs pendant ces débuts qu'on lui proposa d'entrer dans le monde du mannequina. Un monde tout aussi impitoyable que celui d'acteur. J'étais à la fois impressionné et admiratif qu'il soit parvenu jusque là. J'aurais tant aimé être à ses côtés pour le soutenir.. Mais on ne peut refaire le passé. Je serrais les dents, un peu amer envers moi-même, avant que mon Emeraude me pose quelques questions. Mon rêve ? J'en restais sans voix, baissant même la tête.
▬ Je suis heureux de voir que tu as gardé ce petit signe, mon soleil...
Je lui souriais tendrement, volant un baiser au coin de ses lèvres. Beaucoup m'appelait par ce surnom, mais aucun ne me faisait cette effet de chaleur irradiante dans le cœur, ou encore ses petits papillons au creux du ventre.
▬ Après autant de temps à m'entrainer à le faire ça aurait été dommage de ne pas le garder !
Avais-je répondu dans un rire. Mais pour en revenir à ses précédentes interrogations, mon visage devint moins gai tout d'un coup.
▬ Mon rêve aujourd'hui.... A vrai dire je n'en ai pas. J'ai longtemps occulté mes rêves pour mettre ma jumelle à l'abri de tout problèmes. J'ai tout mis de côté, tout oublié.. Et maintenant que je suis sans elle, je ne sais pas..
Je passais une main dans ma crinière verte, geste que je faisais dès que je devenais un peu nerveux. La vérité c'est que je n'avais pas de rêve. Que je n'en avais plus. Après tout ce que j'avais traversé, mon seul désir était d'avoir une vie simple et stable, et où je pouvais être enfin heureux.. Rien que ça c'était déjà beaucoup. J'attirais mon Emeraude contre moi, avec le désir égoïste d'avoir un câlin. J'en avais besoin là de suite, ça me remuait un peu de penser à tout ça.
▬ Mais enfin, je ne suis pas sans but non plus. Je suis co-gérant de la boite pour laquelle je dansais avant. C'est clair que c'est pas pareil que de simplement monter sur scène pour faire le show, mais je me plais bien dans ce nouvel emploi.. Et puis je commence tout juste à faire mes premiers pas dans le mannequinat aussi.. Je ne sais pas trop ce que ça va donner, mais on verra bien !
Et dire qu'à la base ce n'était que pour me redonner confiance et réapprendre à aimer mon corps.. Et me voilà à faire la une d'un magasine de mode. La vie est un peu étrange parfois. Je serre doucement mon aimé contre moi et vient trouver son oreille. Je murmurais dans un sourire :
▬ Tu m'aiderais à trouver un nouveau rêve ?
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