Il était intéressant de voir à quel point une rencontre pouvait évoluer. Il est vrai que ce n’était pas une rencontre des plus classiques. Une soirée au travail, une cliente paniquée par le fait d’être suivi par un inconnu. Alors dans un élan de professionnalisme et de préservation de la réputation de l’établissement dans lequel où je travaillais, je décidais de l’accompagner chez elle. C’est à partir de là que nous avions eu notre premier contacte et que nous avions décidé de le rester. Au fur et à mesure de nous revoir, notre entente amicale s’était développée pour laisser place à un attachement plus sensible et personnel. Au bout d’un moment, nous décidions de tenter l’aventure et nous nous sommes mis en couple. Avais-je réfléchi et douté avant de prendre cette décision ? Oui, il y a eu un petit nombre d’interrogations à ce sujet. Nous avions une grande différence d’âge et nous n’étions pas de la même espèce. La liste n’était pas grande, mais chacun de ces éléments apportait leur nombre de défis. Cela ne voulait pas dire que notre histoire allait mal se passer, mais nous pouvions avoir un certain nombre d’incompréhensions et de surprise. Nous pouvons dire qu’il y avait le choc des générations. Un immortel avec une mortelle. Comment ça allait se passer ? Seul l’avenir nous le dira. Mais je savais une chose, nous apprécions, nous nous aimions suffisamment pour tenter l’aventure et voir où ça allait nous amener.

Nous voilà en février, plus précisément le 14, le fameux jour du saint Valentin, le jour des amoureux. La tradition veut que les personnes s’aimant marquent le coup pour sa bien-aimée ce jour-là et qu’ils tournent toute son attention de comment montrer à quel point ils aiment sa moitié. Bien sûr, tout au long de l’année, on peut et doit montrer qu’on s’aime, mais ce jour, c’est là qu’on met le paquet et qu’on prend le temps pour faire les choses bien avec les moyens mis à notre disposition par les différents commerçants.

Dans tous les cas, nous avions rendez-vous en cette soirée. Nous n’habitions pas ensemble pour le moment et il fallait un minimum d’organisation pour se voir un maximum tout au long des semaines. Vous savez, j’étais une créature de la nuit et elle plutôt de jour, même si son nouvel emploi avait facilité la fréquence de nos retrouvailles et aujourd’hui, nous avions rendez-vous.

Je me rendais à l’endroit où nous étions censés nous attendre. J’avançais d’un pas lent dans une petite ruelle. Je portais un ensemble, une chemise blanche, une cravate noire, un gilet avec une petite chaînette avec une montre à gousset au bout, un gilet noir, un pantalon de la même couleur et une paire de chaussures cirée. Le minimum syndical pour ce genre de soirée.

Je me dirigeais vers la sortie de cette ruelle en regardant ma montre, je n’étais pas en retard, ce qui était déjà un bon début. Alors que je rangeais ma montre dans la petite poche du gilet, je montais les yeux et je vis la petite blonde juste à la sortie de la ruelle. Je fis un petit sourire et je m’approchais d’elle d’un pas de velours avant de poser mes mains sur ses épaules et de la tirer dans la ruelle avant de l’enlacer :

– Bonsoir Akira…

Une petite blague pour commencer la soirée. Qu’est-ce que je risquais ?

Note à moi-même, faire attention quand on fait une blague, car dans certains cas des plus rares, on peut se faire agripper et plaquer contre un mur. Je trouve que c’est cher payer. En plus, cette agression gratuite était réalisée par un lycan. Bon, j’avoue qu’il a fallu attendre que je sois immobilisé par le cou contre un mur pour que je comprenne ce qui venait de se passer. Ben Dieu, je me souviendrais de ce Saint-Valentin. Que le monde est dangereux de nos jours.

Il ne fallut pas longtemps pour identifier la nature de mon agresseur. Force surhumaine, grande rapidité et yeux brillants de couleur dorée. Alors que mes pieds ne touchaient plus le sol, j’agrippais les bras de mon agresseur pour essayer de soulager mon cou et de répartir une partie de ma masse corporelle sur ses bras. L’effet de surprise ainsi que les sensations avaient fait que mes yeux avaient viré dans un rouge sang. J’avoue que je ne m’attendais pas beaucoup de choses, mais à ça non. Il en avait de la poigne celui-là. Pourquoi un tel déferlant de haine contre ma personne ? Qu’ai-je fait de mal ? Et comment voulait-il que je lui réponde alors qu’il me serrait tellement fort le coup qu’il m’était difficile de dire quoi que ce soit ? Tant de questions sans réponse pour le moment. Je fixais monsieur gros muscle droit dans les yeux, un regard exprimant plus l’incompréhension, la surprise avec une pointe de douleur, devinez où… Au cou !

Alors que ma main droite lui tenait un de ses poignets, mon autre main alla se glisser vers ses doigts tenant mon coup pour essayer de retrouver la capacité à sortir un son de ma bouche afin de lui dire :

- C’est illégal ? Et devant témoin, ce n’est pas très malin.

Alors il est vrai que mon argumentation était peut-être légère surtout où ma vie est a priori menacée, même si je n’allais pas lui faciliter la tâche. Malgré les apparences, la situation n’était pas dramatique. J’avais encore ma tête sur les épaules, Akira n’était pas la cible de cette agréation, je savais à quoi j’avais à faire et le mur derrière moi pouvait me servir d’appui pour essayer une tentative de dégagement. Je réfléchissais à ce qui m’était possible de faire dans ma situation, mais pour le moment, je ne voulais pas aggraver la situation et la faire dégénérer. Je préférais rester sur la défensive en espérant que ma posture non-agressive allait réduire cette tension dont l’origine m’échappe.

Oh ! mon Dieu ! Je savais qu’Akira était une demoiselle pleine de surprise, mais quand j’ai entendu « papa » pour désigner le lycan, mes yeux reprirent leur couleur naturelle et un mot clair, net et précis se fit entendre :

– Pardon ?!

Il va falloir m’expliquer tout ça. Comment pouvait-il être son père alors que c’est une pure humaine ? Par contre l’inquiétude monta d’un cran lorsqu’elle lui avoua la nature de notre relation à son « père ». Il n’y a eu le temps pour aucune présentation que je suis déjà dans cette situation fâcheuse, mais maintenant qu’il savait notre relation, soit la surprise allait le tétaniser ou le faire lâcher prise ou bien cela allait lui donner une raison de m’arracher la tête et donc je devrais m’attaquer à ses poignets pour me libérer de son entrain.

Mes pensées allaient dans le sens d’Akira, il est vrai que je m’attendais à cette rencontre à une tout autre chose. Il était bon de savoir qu’Akira était de mon côté. Dans un élément de… Je ne saurais dire vraiment, je dis avec une pointe de difficulté :

– Enchanter monsieur, je me nomme Maxwell Wichers. Je reste assez partagé sur votre rencontre. Ne m’en voulez pas de ne pas vous serrer la main, ils sont un peu occupés.

Effectivement, le monsieur me compliquait bien la tâche. Je veux bien jouer la carte de la diplomatie pour éviter la montée de la violence, mais il ne faudrait pas non plus que ça dure trop longtemps. J’espère qu’il n’avait pas déchiré ma tenue, soit dit en passant.

Il est bon de voir que la situation à su se stabiliser. Le plus intrigant, c’est que mon agresseur a bien voulu me lâcher à la suite de l’intervention de deux personnes, une jeune demoiselle de nom d’Akira, une personne que je connaissais un minimum, j’ai envie de dire et d’une jeune enfant au nom de Janna qui serait l’enfant de Meyer, l’homme qui m’avait plaqué au mur. Après réflexion, je viens de constater quelque chose des plus intrigantes. Venais-je d’être secouru par une jeune fille et une enfant et le puissant lycan venait-il d’être convaincu par ces deux mêmes filles ? Notre masculinité serait-elle prise un coup ? Était-ce le moment de se poser ce genre de question ? Qui sait ? Il n’y aura pas de réponse à tout cela pour le moment.

Qu’il était bon de sentir le sol sous ses pieds et d’avoir le cou libéré de toute pression. Avant toute chose, je pris le temps d’essuyer mes habits et de les remettre en place pour être un minimum présentable et m’assurer qu’il n’y avait rien de déchiré. Tout avait l’air en ordre. Je crois que c’est plus ma dignité qui s’est fait froisser. Enfin bref, passons aux choses sérieuses maintenant. Je pris un petit instant pour analyser la situation et les personnes ici présentes. Nous avions donc un lycan se nommant Meyer d’origine ou aux origines allemandes suivit de son enfant, enfin sa petite fille s’appelant Janna et pour finir Akira ma chère et tendre Akira. Donc deux lycans, une humaine et votre serviteur, un vampire, un groupe bien hétéroclite.

À ce que j’ai pu comprendre de tout ça, Akira avait une profonde affection pour cette petite famille de loups à l’instinct protecteur plutôt développé. Peut-être que je fais un jugement prématuré, mais ce Meyer ne devait pas être un mauvais bougre pour avoir Akira comme amie très proche et d’avoir voulu venir à son aide aussi rapidement avec une telle force pour ne pas dire violence, il avait le sang chaud, il faut croire. Mais j’excuse ce geste des plus fougues sachant que l’origine de toute cette histoire était un manque d’information et une erreur de jugement sur la situation précédente. Je ne pouvais pas en tenir rigueur et Akira souhaitait une bonne entente entre sa famille adoptive, si on peut dire, et moi.

Quelle drôle de situation tout de même, qui aurait cru qu’en sortant avec Akira, je me retrouverais avec une belle-famille lycan. Akira a encore su m’étonner et me surprendre. Vous savez, de nos jours, il ne faut pas voir l’éternel conflit et rivalité entre vampire et lycan. À une certaine époque ce conflit étant bien présent et le sentiment de devoir faire partie d’un clan et le servir jusqu’à la mort étaient inculqués des petits. J’ai l’impression que certaines libertés de choix et de son futur s’étaient développées au fur et à mesure que les années passèrent et que des nouvelles idées et pensées sociétaires se sont développées et démocratisées. Aujourd’hui, nous sommes plus libres de pouvoir faire le choix de participer ou pas à cette éternelle rancœur entre nos deux races avec les humains aux milieux.

Je saluais respectueusement nos deux invités surpris avec un ton de voix des plus doux et calme :

– Permettez-moi de me représenter. Maxwell Wichers d’Hollande, compagnon d’Akira Rainsworth. Enchanté de faire votre connaissance. Les amis d’Akira sont aussi les miens, si je peux me permettre de l’exprimer ainsi.

Je m’étais penché légèrement en avant, une main derrière le dos et la seconde main sur mon torse, mains à plat. Les connaisseurs reconnaîtront le style protocolaire de la bourgeoisie à l’ancienne dont je suis issu. Mes gestes ainsi que mon regard étaient des plus naturelles et calment. Il n’y avait aucun signe de rancune de ce qui venait d’arriver. Mais je ne dis pas que si ça venait à se répéter, que j’agirais ainsi à nouveau, ma dignité et ma fierté ne me le permettraient pas.

– Je soutiens l’idée d’Akira. Profitons de cette soirée pour faire plus ample connaissance. Je vous invite, si bien sûr, vous êtes disponibles.

Avais-je des questions sur tout cela ? Bien sûr que oui, mais nous n’allions pas entrer en discussion dehors en cette soirée. Je pense que nous trouver dans un endroit couvert, bien installé, autour d’un repas pouvait apaiser la tension et améliorer l’ambiance ce qui pourrait aider dans le partage d’information et entraîner une discussion plus ou moins amicale, ou au moins non agressif. Nous devions attendre la réponse de nos invités surpris et voir où nous allions pour pouvoir nous y installer et profiter au mieux de cette soirée qui avait déjà commencé sur les chapeaux de roues.

Il ne fallait pas être devin pour constater un certain mal-être sur cette rencontre impromptu du côté de Meyer qui faisait tout son possible pour garder son sang-froid et montrer une attitude amicale si on peut dire. Il était intéressant de voir à quel point il était prêt à faire des efforts pour aller dans le sens de son enfant et d’Akira. On voyait qu’il ne voulait en aucun cas les décevoir. Certaines personnes pourraient croire que cela serait de la faiblesse, mais en réalité ce comportement montrait une force d’esprit et de caractère plutôt respectable. Vous savez, quand vous faites partie d’une des races les plus puissantes et dangereuses que ça soit en force et en vitesse sans oublier le côté animal sauvage qui sommeille en eux, on pourrait se croire au-dessus de toute race et lois, mais lui, on dirait que ce n’était pas le cas. Il agissait en prenant en considération les pensées d’une humaine. C’était plutôt rare et inattendu. Voilà un bien intéressant spécimen. Mais la prudence est quand même de mise, je doute qu’il soit favorable à cette relation avec sa protégée. Ce qui peut être compréhensible.

Pour le moment, ma décision était tombée, nous allions nous rendre dans le restaurant prévu d’origine avec nos deux invités de dernière minute. Ceci était un restaurant étoilé qui a proposé un service et des plats de qualité et originaire du vieux continent. J’avais pu y manger un certain nombre de fois, j’étais assez confiant sur le lieu pour satisfaire la plupart des gens, bien qu’il pût impressionner ou gêner un minimum au début lorsqu’on n’est pas habitué à être servi, car on peut dire que le client est roi en ce lieu. À notre arrivée, on nous installa sur une table ronde dans un coin assez tranquille du restaurant. Nous avons pu nous installer à notre guise et on nous offrit le menu ainsi que deux cartes de vins, une pour Meyer et la seconde pour moi, bien que la mienne est comme particularité qu’elle proposait des boissons à base de sang en vue de ma nature vampirique.

Alors que chacun choisissait ce qu’il voulait boire et manger en entrée et en plat principal, Akira déclara son plaisir d’être ici en si bonne compagnie. Je souris légèrement à cela avant d’avoir fait mon choix, ça sera un vin rouge sanguin en entrée avec une bouteille de sang aromatisée comme plat. Je fermais le menu avant de prendre la parole :

– Je suis content que ce début de soirée te plaise, Akira et j’espère que la suite te sera aussi agréable, ainsi que pour nos deux invités. Je vous invite à ne pas hésiter à vous faire plaisir, le repas de ce soir vous est offert.

J’avais fait cette dernière précision du fait que le prix des plats pouvait faire peur selon le budget de chacun et le fait d’offrir le repas était une façon de montrer ma bonne foi d’aller dans le sens de la bonne entente. Était-ce calculé ? J’ai envie de dire que c’était une manœuvre politique pour mettre à plat ce qui a pu arriver et tenter une approche amicale et d’apaisement. Cela ne voulait pas dire que je portais Meyer dans mon cœur, je ne le connaissais pas et notre premier contacte fut des plus costauds. Mais disons que je travaillais dans le sens d’Akira. Imaginez un Premier ministre voulant satisfaire sa princesse. Vous savez, je suis d’origine du Royaume des Pays-Bas dans la région de Hollande, fils d’une grande et ancienne famille de commerçants maritime, je dois avoir certains traits qui font surface par moments.

Nous avions encore un peu de temps devant nous pour échanger avant que le serveur ne passe prendre nos commandes.

Tout se passa au mieux pour le moment. Tout le monde avait trouvé ce qu’ils voulaient manger ainsi que boire, une première chose de faites. A priori Akira a dû faire face à une réalité la concernant. Elle s’interrogea sur le fait qu’elle n’avait pas reçu de cartes de vins. Il y avait plusieurs raisons possibles à cela, enfin, j’en vois deux pour ma part. Soit Akira faisait plus jeune que son âge et le serveur la pensée mineur et donc pas de carte soit comme c’était la carte des vins et qu’on avait déjà chacun le menu devant nous, ils ne voulaient pas nous encombrer avec plus de cartes que nécessaire surtout qu’on pouvait se passer cette petite carte. Dans tous les cas, je souris à son commentaire et j’allais lui tapoter la main tendrement :

-Eh bien, il est vrai que tu fais plus jeune que ton âge Akira. Je ne dirais pas que tu as ressemblé à une enfant, mais plutôt à une jeune fille à la frontière de la majorité.

Je lui pinçais doucement la joue lorsqu’elle fit sa mine de boudeuse. Elle savait me faire sourire, même rire avec son naturel d’être, elle était telle une brise fraîche en chaude période estivale, tout ça pour dire que sa compagnie m’était très agréable.

Il est vrai que la rencontre avec la famille adoptive d’Akira était un imprévu, mais la question qui a été posée par Meyer était prévisible, même attendue, j’ai envie de dire. La nature très protectrice du lycan envers Akira et cette découverte de notre relation ne pouvait que le pousser à nous interroger sur nous deux. Cette rencontre des plus surprenantes, annonçait-elle l’aube d’un conflit à venir entre un père adoptif voulant protéger son enfant et un inconnu sortant avec elle ? Qui plus est, est potentiellement un prédateur pour elle. Nous ne nous connaissons pas et ce repas était une opportunité pour en apprendre plus l’un sur l’autre, même si je pense que dans notre situation actuelle, c’est plus le lycan qui voulait plus en savoir sur le vampire que l’inverse. J’allais m’y prêter aux jeux tant que ce dernier reste dans le respectable, mais mon interrogateur devait s’attendre à se faire interroger à son tour.

Meyer commença par la question de notre rencontre. Une rencontre sortant de l’ordinaire à vrai dire. Akira commença à répondre à cette question avec son éternelle bonne humeur. Elle résuma parfaitement cette histoire avant de m’inviter à raconter la suite de notre rencontre. Je répondis à son sourire par un autre, c’était contagieux, il faut croire. Je me frottais le menton avant de baisser légèrement la tête en avant et je pris la parole des plus calmes :

- En soit, ce n’était pas grand-chose, mais nous avons tous nos défauts et faiblesses à porter.

Je redressais mon regard dans celui de Meyer après m’être assis au plus droit dans ma chaise et je repris la parole :

- Je suis barman par intérim donc j’interviens où il y a du besoin et comme vous pouvez vous douter, je travaille qu’en service de soirée et nuit. Comme Akira l’a précisée, je décidais de l’accompagner après mon service du fait qu’il y avait un potentiel danger qui rôdait autour d’elle par cet inconnu qui l’aurait suivi. Normalement, le temps du trajet me permettait de la raccompagner et de rentrer chez moi par la suite, mais à cause d’une mauvaise circulation malgré l’heure où nous sommes partis du bar. Lorsque nous sommes arrivés à son domicile, l’aube commençait à faire son apparition ce qui me mettait dans une fâcheuse situation et je ne connaissais pas bien l’endroit où j’étais. C’est alors que nous nous sommes échangé les rôles. Elle m’invita à rester chez elle jusqu’à la nuit suivante, une façon de me remercier pour l’avoir accompagné jusque chez elle. On pouvait dire que c’était un échange de bons procédés. Je l’avais peut-être protégé d’un agresseur, mais une chose était sûre, c’est qu’elle m’avait évité à devoir faire face au soleil et on sait que pour une créature pour moi ce que ça veut dire. Nous avions profité de la journée pour faire connaissance et nous avons décidé de garder contact.

Voilà les grosses lignes de notre première rencontre. Alors que j’avais fini de parler, deux serveurs arrivèrent et commencèrent à déposer les entrées ainsi que les boissons commandées avant de nous souhaiter un bon appétit. Je me servis un verre avant de le lever légèrement :

- Et bien bon appétit à tous et puisse cette soirée être des plus agréable.

Je souris à tout. Un petit sourire au coin. Je pris quelques gorgées de mon verre avant de tourner mon regard vers Meyer et je lui demandais poliment :

- J’aimerais vous retourner la question. Comment, vous et Akira êtes-vous rencontrés ?

Comme j’aime dire, que celui qui interroge s’attend à être interrogé à son tour. J’étais plutôt curieux de connaître les circonstances de leur rencontre. Avoir un minimum d’information pourrait m’être utile pour la suite. Et après tout, ces personnes étaient importantes pour Akira, il fallait bien faire avec.

Il faut avouer que ce genre de repas pouvait se montrer des plus intéressants. Le partage d’information est le cœur de cette soirée, il faut croire et comme dit que celui qui interroge soit prêt à être interrogé. La question sur leur rencontre révéla un petit nombre d’informations comme le fait qu’ils se connaissent depuis deux ans, ce qui est plutôt récent, mais leur rencontre s’est faite dans une période sensible du côté de Meyer en plus d’une mauvaise météo ce jour-là. La suite me semble si prévisible avec Akira dans l’équation. Je dois avouer qu’il fallait s’attendre à beaucoup de choses avec la petite blonde. La remarque de Meyer était assez sage et compréhensible envers Akira et sa bonté, même si Meyer profita pour m’envoyer une petite pique sur le fait que je sois ou peut-être pas une bonne personne. La prudence est de mise, il faut croire. Il va falloir un certain temps d’adaptation pour nous deux. Le loup protecteur montre un assez bon retenu en réalité, sa maîtrise de sa personne est des plus correctes. Allons-nous rentrer en conflit avec comme cause Akira ? Je doute en un conflit ouvert et direct, je pense plutôt que nous allons connaître une période, plus ou moins longue, de guerre froide, si on peut dire, qui s’atténua avec le temps si chacun joue le jeu. L’avenir nous le dira.

Meyer profita pour faire la même remarque à sa fille avant qu’Akira ne prenne la parole pour tenter de nous convaincre sur le fait d’être une personne prudente et convainque. S’était-elle montrée persuasive ? Pas vraiment.

Alors que je continuais à déguster mon verre, Akira voulut partager un petit souvenir de cette fameuse rencontre. Je savais qu’il fallait s’attendre à pas mal de choses avec Akira, mais là, je ne m’y attendais pas du tout ça. J’en avalais ma boisson de travers en me reculant de ma place me retenant de tousser tout en tapant doucement la table essayant d’avaler ma boisson sans en mettre partout. Par tous les saints ! Je ne savais pas si j’allais m’en sortir !

Alors que je me remettais de ma mésaventure, mon regard interrogatif se posait sur Akira puis sur Meyer avant de dire, poing devant la bouche :

- Plait-il ?!

Le passé d’Akira ne me concerne pas, mais je dois avouer que s’il s’était passé autre chose entre eux deux, j’aimerais bien savoir. Mais n’allons pas trop vite dans cette affaire. Même si j’étais surpris de cette découverte, ça reste quelque chose de tout à fait plausible en la présence d’Akira. Je répondis à la dernière remarque d’Akira :

- Effectivement ! Notre rencontre n’a pas été aussi intime si on peut dire.

Je toussais un peu en retenant un petit rire sur la situation et l’ironie qui l’accompagnait. Sacré Meyer, sa bonté avait-elle une limite ? Bon ? Je suppose qu’il n’y avait rien de perfide derrière ce geste. Mais cela resta quand même un peu… Comment dire… Surprenant ?

- Cette soirée est pleine de surprises, n’est-il pas ?

Et on n’est pas encore au bout. L’entrée venait de se terminer doucement. Le serveur passa pour demander si tout allait et commença à récupérer les plats et assiettes vides.

Akira et nos invités commencèrent à consommer leur plat principal. Je me contentais de continuer à vider doucement, mais sûrement, la même bouteille du début de notre soirée. Je trouvais cela déprimant. Je ne pouvais qu’être nostalgique de mon enfance où je pouvais consommer et savourer mille et une saveurs que cette terre pouvait m’offrir avant que mon sang de vampire ne s'éveille et me condamne à une éternité d’absence de saveur et de couleur au contact de mon palet, damnation. Je ne pouvais qu’envier leur plaisir gustatif.

Voilà que la conversation fut reprise par Meyer qui m’interrogea sur ma vie professionnelle. Notre drainage d’information continua selon les règles des plus classiques, mélangeant la vie privée et vie professionnelle. Il était, a priori, intéressé de savoir si j’avais plus d’une corde à mon arc en vue de la longévité d’existence que pouvaient nous offrir nos races respectives. Je ne sais pas si c’était par prévoyance à ma future question ou dans la suite logique de sa question, mais il m’informa de son travail qu’il pratiquait depuis qu’il a commencé à le pratiquer, Thanatopracteur. Eh bien, ça sortait de l’ordinaire.

J’observais attentivement le lycan, verre à la main avant de prendre une gorgée et de le déposer sur la table. Je me frottais le menton lentement avant de lui répondre :

– Je dois avouer que la notion de temps est devenue assez vague pour ma part, mais il est vrai que quand le temps n’est pas un problème, nous avons une plus grande liberté de manœuvre dans nos choix et nos désirs professionnels. Pour ma part, mon travail de barmen était plutôt récent à vrai dire. Ma famille est dans le commerce maritime depuis quelques siècles maintenant. On s’occupait d’une partie de la voie maritime entre les Pays-Bas et les Indes orientales néerlandaises. Bien que le monde ait changé depuis le XIXe siècle, ma famille continue dans ce domaine. Je travaillais dans l’entreprise familiale. Je faisais de la navigation ainsi que de la gestion d'entreprise. Mais disons que suite à un choix personnel, qui était de rejoindre la Légion étrangère française pendant la Première Guerre mondiale, j’ai attiré la colère de ma famille qui me bannit pour un temps. Il fallut trouver un autre métier et je choisis barmen. Après, il y a eu la deuxième guerre mondiale où je finis résistant à la suite de la capitulation de mon pays en 1940. Après que tout ce merdier se soit calmé, je décidais de partir pour le nouveau monde. Je profite de ma remise à pied familiale pour découvrir ce monde, mais sans les bombes.

Je m’arrêtais de parler pour reprendre une gorgée de mon vin sanguin et j’observais mon verre vaguement, plongé dans mes pensées. Je dis calmement en regardant à travers mon verre à moitié plein :

– Peut-être que vous vous demandez pourquoi barmen ? Eh bien, je voulais quelque chose de calme, de poser où le contacte entre individus était plus dans le calme que dans la violence, même si parfois, l’alcool réveille le mauvais côté de certains individus. Je voulais la tranquillité tout en pouvant garder le contact avec le monde autour d’un verre parlant de tout et de rien. Sans oublier un travail d’intérieur et de soirée et nuit. De nos jours, les bars et Pub ouvrent tôt et ferment très tard afin de satisfaire le consommateur à toute heure.

Je ris doucement sur la fin. Je finis mon verre et je le déposais doucement avant de tourner mon attention vers Meyer :

– Vais-je faire ce métier jusqu’à ma fin ? Retournerais-je un jour dans l’entreprise familiale au pays ? Je n’ai pas de réponse à ces questions, mais comme vous l'avez fait remarquer, j’ai tout le temps devant moi pour avoir la réponse à ces questions. Alors comme ça, vous êtes thanatopracteur. Un métier qui sort de l’ordinaire. D’où t’es venu ce choix de métier ? Ça ne doit pas être simple tous les jours de travailler auprès des défunts.

Ce n’était pas le métier le plus joyeux au monde. Je dois avouer que je recherche plus le contact avec les vivants que les morts. Avait-il une raison précise où était-ce juste une occasion à saisir avec l’appât du gain ? Trouvait-il plaisir dans son métier ou est-ce par nécessité ? Alors que j’attendais la réponse de Meyer, je me retournais vers Akira lui prenant pour lui montrer que je n’avais pas oublié sa présence alors que sans le vouloir, nous l’avions mise un peu de côté.

Je pris la main d’Akira lorsqu’elle dit avec hésitation comme quoi rien ne s’était passé entre elle et Meyer lors de leur première rencontre. Je le savais au fond de moi, il suffit de connaître un minimum la personne.

– Je le sais bien Akira, ne t’inquiète pas pour cela.

Nous avons tous une histoire, vécue un certain nombre d’expériences, de joie comme de déception, de plaisir comme de malheur. C’est une chose que nous avons tous en commun, l’expérience de la vie. La seule différence et peut-être le nombre de vécu par rapport à notre âge. Bien que cette idée puisse être relative. Une personne un minimum aventurier vivra sûrement plus de choses qu’un immortel assis sur son trône dans un château sur une terre loin de toute civilisation. En-tout-cas, autour de cette table, j’ai l’impression que chacun a eu son lot de vécu et que je dois être le plus ancien ici présent. Quelle triste expérience que ça pouvait être ces deux grandes guerres. En réalité, toutes les guerres sont une terrible expérience et c’est dans ces moments-là que nous pouvons voir le véritable visage de chacun, ; autant l’héroïsme que la bestialité que ça soit chez les humains que les autres espèces. En ces jours les plus sombres de l’histoire, je ne pus que dire, triste humanité, triste monde. Il n’y avait pas un pour en rattraper l’autre, quelle misère.

Mais cessons de philosopher sur la nature profonde de chacun. Nous avons tous accompli de bonne comme de mauvaise action. Bien que le doute m’habite concernant la petite Janna et la jeune Akira. Il faut prendre en considération leur jeune âge, à quelle époque, elles sont nées et grandies et leur nature et éducation. C’est tout un ensemble qui forme une personne, autant l’environnement, l’époque que son entourage. Je ne peux pas affirmer haut et fort qu’un jour aucun des deux ne fera rien de répréhensible et de discutable, mais ça ne sera pas pour tout de suite en tout cas. Le peu que j’ai pu voir et entendre par rapport à Janna, je peux me permettre de penser qu’elle est de nature gentille, le fait de vouloir être infirmière comme sa maman, après, c’est l’innocence de l’enfance si on peut dire. Pour Akira, j’ai pu le constater assez rapidement à force de la fréquenter, même si notre première rencontre avait déjà mis en avant sa gentillesse comme son insouciance. Mais il y a peu de doute sur le fait que c’est une bonne personne.

Puis-je dire la même chose de Meyer et de moi ? Nous sommes tous deux des créatures avec un côté bestial si on peut dire qui demande une discipline de fer pour combattre une part de notre être qui n’est pas forcément des plus glorieux et civilisé. Ayant vécu deux guerres, je peux dire par expérience qu’on ne s’en sort pas indemne et le voulant ou pas, nous avons été tachés par le sang du coupable comme de l’innocent. Mais le fait que nous soyons ici, à cette table, discutant paisiblement, on va dire. Il est vrai que l’absence de la mère de Janna attira mon attention. Il y avait plusieurs explications possibles de son absence. À ce que j’avais compris, la maman est infirmière et c’est un métier aux horaires assez particulier et fatigant. Elle travaillait peut-être en cette soirée ou bien elle était peut-être indisposée. Sinon il y avait une autre possibilité qui n’était pas des plus agréables…

Je lui souris chaleureusement avant de l’écouter ce qu’elle disait à Janna concernant Meyer et moi. Était-elle impressionnée ? Il faut croire que oui. Je pense que le fait qu’elle soit humaine aide à cela. Étions-nous aussi impressionnants en réalité ? Je ne saurais dire, je pense que parmi nos espèces respectives, nous étions plutôt des créatures lambda. Après, je me trompe peut-être concernant Meyer, je ne le connais pas plus que ça.

Je posais mon regard vers Akira suivi de Janna avant de dire simplement :

– Que de compliment Akira, j’en suis touché. Et je suis convaincu ma chère, que tu pourras réaliser tout ce qui te tient à cœur.

Akira annonça une nouvelle des plus surprenante dont je n’étais pas au courant. Il faut croire qu’elle avait du mal à communiquer avec les autres et même avec les proches. Vous savez, lorsque vous fréquentez quelqu’un ou que vous changez de travail, il est toujours bien d'en informer ceux qui nous entourent ou au moins les plus proches. D’autant plus que… Le travail de demoiselle de compagnie n’était plus trop d’actualité. Il y en avait sûrement encore, mais c’était plus dans le domaine de la noblesse ou de la grande bourgeoisie, comme le travail de majordome, ça se fait rare de nos jours, surtout dans ce pays. Mais une chose après tout. Je tournais mon attention vers Meyer :

– Je vois. Une opportunité qui vous a parlé et dont vous avez continué jusqu’à présent. Il est bien que vous avez trouvé ce métier après ce drame international. Il n’était pas simple de reprendre une vie normale après la guerre. Nous pouvons dire que nous avons une base commune sur notre vécu.

Puis mon attention se tourna vers Akira.

– Allons bon. En voilà une information intéressante. Et si tu nous parlais un peu plus de ton nouvel employeur.

Que de surprise cette soirée. On en apprend des choses et de tout le monde. Je ne voulais pas me montrer indiscret envers Meyer sur l’absence de sa femme. Il ne fallait pas se montrer trop curieux surtout dans une première rencontre sans oublier que l’annonce d’Akira piqua ma curiosité ainsi que mon inquiétude. Dame de compagnie en soirée pour une jeune femme. Sans oublier qu’elle allait dire autre chose avant la jeune femme. Cette hésitation l’avait vendu. Il y avait anguille sous roche.

Des présentations compliquées

14/02/2038

Les deux hommes se sont replongés dans leur passé. J’étais restée attentive à leur discussion. D’une certaine façon je les admire. J’avais évoqué le fait que je vivais moins longtemps qu’eux mais je suis vite passée sur un autre sujet. Ce n’est pas le moment d’évoquer ce genre de petite problématique, on est là pour passer une bonne soirée. Je les avais complimenté, Maxwell m’avait remercié et je n’avais pu m’empêcher de réprimer un sourire. Ils avaient tous deux parler de leur métier, c’était à mon tour d’évoquer le petit changement dans ma vie. J’avais évoqué le fait que je travaillais pour une jeune femme et les quelques activités liées à mon nouveau travail. J’avais failli dire que je travaillais avec une vampire mais je m’étais abstenue. Meyer a manqué de faire un arrêt cardiaque quand il a découvert que je fréquentais un vampire alors qu’il sait que je travaille pour une de ses semblables, ça risque de faire trop pour lui en si peu de temps. Mais malheureusement, je crois qu’il a compris ce que je voulais dire. Maxwell et Meyer veulent en savoir plus et je sens une certaine anxiété planner. Je n’ai pas non plus envie de cacher l’information que je travaille pour une vampire, je lui ai fait une promesse il y a à peine quelques minutes. Je sens leurs regards insistants… Je crois que c’est l’heure de passer à la casserole. Meyer se demande si je n’aime plus le métier de fleuriste et je vois Janna un peu triste à l’idée de ne plus me voir à la boutique de fleurs. Je me dois de les rassurer.

Je travaille pour une femme qui s’appelle Alice Phillips, je l’ai rencontré à la Rose Enchantée, elle était venue se renseigner sur les fleurs. Après l’avoir aiguillée, elle a évoqué cette possibilité de nouvel emploi pour moi. J’ai gardé sa carte et une fois que j’ai eu fini mon apprentissage, j’ai accepté sa proposition. Franchement j’ai commencé il y a peu mais ça se passe super bien. Je peux m’occuper de son jardin et continuer à travailler avec les fleurs tout en me rendant utile à quelqu’un, c’est vraiment super ! J’aimais beaucoup mon travail de fleuriste mais j’avais envie d’essayer cette nouvelle expérience. Je suis dans les fleurs mais pas que et puis… Ça me permet de passer du temps avec Maxwell…

Dis-je en rougissant et souriant. Bon… Je noie le poisson, je pense qu’il leur faut la dernière information capitale, je me suis déjà trahie de toute façon.

Et du coup… Eh bien… C’est une vampire. Mais ne vous inquiétez pas ! Elle ne me prendra jamais de sang sans mon consentement !

J’affiche un large sourire, me pensant rassurante. Heu… En y réfléchissant ce n’est peut-être pas le cas. Sachant que les deux hommes doivent me prendre pour quelqu’un qui dit oui à tout. Vite… Rebondir ! Je regarde mon poignet. Ah oui, j’ai une trace… Je passe mon bras sous la table en espérant que personne n’a rien remarqué. Je suis quelque peu embarrassée. Vite, vite, passer à autre chose. Une idée ! Je me tourne alors rapidement vers Janna.

Mais du coup ça veut dire que je ne travaille plus le jour, donc que j’aurais plus de temps libre en journée… Sans oublier quelques heures de sommeil bien sûr mais ça veut aussi dire que je pourrais passer vous voir plus souvent !

Dis-je avec les yeux pétillants, très heureuse à cette idée. Bien rattrapée, non ?

Codage par Libella sur Graphiorum

Cette soirée avait déjà commencé au quart de tour à l’extérieur avec la rencontre de Meyer et de sa fille suivie d’une rencontre forcée avec une façade dans une ruelle. La suite de la soirée s’était montrée aussi animée, mais d’une autre façon, c’était devenu un jeu d’interrogatoire d’où le rôle changé à chaque question entre Meyer et moi. À chaque échange, nous en apprenions de plus en plus sur l’autre. Meyer et moi connaissions Akira, même si Meyer avait une longueur d’avance, mais nous ne partagions pas la même relation. Meyer entretenait une relation paternelle alors que moi, c’était une relation amoureuse. Nous partagions un amour sincère pour la petite blonde et nous ne voulions que son bien-être. C’est pour cela que lorsque Akira nous annonça son nouveau « travail » de nuit au service d’une jeune femme. Cette nouvelle fut une surprise et nous avait pris de courts, Meyer et moi, car aucun de nous n’a été au courant de ce changement de profession qui n’était pas des plus communs.

La nature maladroite d’Akira nous fit apercevoir une information qui changea beaucoup la donne. Nous ne pouvions pas être certains sur le coup, mais lorsque Meyer et moi-même avons demandé des détails sur la nature de son nouveau travail, elle confirma nos craintes. Elle travaillait pour un vampire, une certaine Alice Phillips… Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai tout de suite pensé à la marque Philips… Oui, ça vient du pays après tout, mais passons.

Alors ma chère et tendre Akira travaillait pour un vampire. J’étais sûrement le plus apte pour apercevoir les risques possibles de fréquenter cette créature étant un vampire moi aussi. Akira faisait preuve d’enthousiasme face à cette reconversion, même si son ancien travail lui plaisait beaucoup, mais cela lui permettait de découvrir autre chose sans oublier qu’elle s’occupait encore de plantes, donc sa passion d’origine était en partie préservée. De plus vu qu’elle était passée en travail de nuit, cela lui permettait de passer plus de temps avec moi. Cette nouvelle me fit ressentir deux sentiments bien opposés. D’un côté de la joie et du plaisir pour ses efforts à faciliter notre relation et optimiser le temps de pouvoir être ensemble et de l’autre de la crainte, car le fait que nous soyons deux créatures opposées par nature, je l’ai peut-être poussé sans le vouloir sur cette voie dangereuse.

Vous savez ce qui se passe lorsqu’une personne nous dit de ne pas s’inquiéter ? Eh bien, on s’inquiète, surtout lorsque c’est Akira qui le dit. Le fait qu’elle a dit que cette Alice ne lui prendrait pas de sang sans son consentement, c’est qu’elle a déjà dû en donner. Je n’avais pas cherché forcément des marques de morsure étant le seul vampire de son entourage, du moins c’est ce que je pensais.

Akira essaya de faire une petite pirouette pour essayer de tourner la tendance à son avantage. Avait-elle avancé ces hypothétiques biens faits de tout cela en voyant nos visages ? Je n’avais pas besoin de voir le visage de Meyer pour l’imaginer, je suis convaincu que c’était loin d’être un sourire de joie ou d’acceptation à cette nouvelle, c’était sûrement tout sauf ça, bien que l’erreur me fût possible.
Dans tous les cas, je me tournais dans la direction d’Akira, tout en surveillant Meyer du coin de l’œil au cas où… :

– Eh bien Akira… C’est une bien étonnante, surprenante, renversante nouvelle que voilà. Il est bien de découvrir de nouvelles choses et d’étendre tes connaissances et expériences dans ce monde si riche, mais…

Je lui attrapais doucement la main qu’elle essaya de dissimuler sous la table, si elle croyait que je n’avais pas remarqué son geste et bien s’était ratée et lentement, je lui fis remettre sa main sur la table :

– Ce genre de changement peut être éprouvant et dangereux si tu ne fais pas très attention. Ce monde et ceux qui l’occupent peuvent être merveilleux comme terrifiant. Tu es sûr que ce travail te convient et que tout se passe bien ?

Je frottais doucement son poignet qu’elle essaya de cacher juste avant. J’observais discrètement son cou, je ne vis pas de marque de morsure, mais il y avait d’autres endroits pour extraire du sang… Je savais qu’il fallait s’attendre à beaucoup de choses de cette soirée, mais là ! Nous avons un bon niveau, sachant que la nature optimiste et inconsciente d’Akira pouvait lui apporter autant de bonnes surprises comme de mauvaise. Je ne sais pas encore si nous étions dans le bon ou dans le mauvais avec cette nouvelle.