Cela faisait une semaine qu’Harmony et moi étions allés récupérer ses affaires chez ses parents pour les transférer à la maison. Une semaine que l’ange vivait sous notre toit. Et une semaine que notre relation était tendue. A tel point qu’elle tentait de nous éviter – surtout moi – le plus souvent possible. Elle en arrivait même à manquer certains repas. Et ne voulant pas la froisser ou empirer les choses, je ne disais rien. Mais ça me minait le moral. Et Janna s’en retrouvait également impactée. Elle me demanda plusieurs fois ce qu’il se passait entre nous, et je fus incapable de répondre. Harmony avait repris le travail. Je lui avais proposé de la déposer sur le trajet du lycée mais elle préférait prendre le bus. J’y voyais là une manière d’échapper à la conversation, mais je n’avais pas insisté car j’avais peur qu’elle vît cela comme un moyen de contrôler ses allées et venues alors que je lui avais promis la liberté. Et de toute façon, ce n’était pas mon intention. Mais quand elle rentrait, elle se réfugiait dans sa chambre. Nous ne la voyions pas beaucoup… J’avais envie de lui parler, clarifier les choses, faire disparaître cette tension. Cependant, je ne savais même pas quoi lui dire. Et en ce soir de début juin, ce n’était pas la peine d’y penser. La pleine lune m’empêcherait de communiquer. Je rangeais les couverts dans le lave-vaisselle d’un geste dépité. Nous venions de terminer le dîner. Harmony nous avait fait l’honneur de sa présence mais elle fila dès qu’elle eut vidé son assiette, si peu remplie. Elle allait finir par tomber malade…
- Janna.
Ma fille nettoyait la table. Elle se tourna vers moi, l’éponge à la main.
- Je pense aller faire un tour dehors. Tu sais quoi faire.
Elle hocha la tête.
- Je t’attends ?
Je réfléchis.
- Oui, je ne serai pas long.
Je n’avais pas envie de faire une grande balade ce soir. La transformation débuta aux alentours de vingt-deux heures, comme d’habitude. Janna m’ouvrit la baie vitrée du salon et je sortis dans le jardin.
- A tout à l’heure,dit-elle avant de refermer.
Étant donné que je laissais les filles seules à la maison, leur donnant l’occasion de discuter sans qu’Harmony pût craindre une interruption de ma part, je me demandais si Janna allait forcer les choses et essayer de détendre l’atmosphère à sa façon. Je l’espérais. L’ange aurait plus de facilité à parler avec ma fille. Cette dernière devait aller au lycée demain alors je ne traînai pas trop et rentrai à la maison une heure plus tard. Pour signaler ma présence quand Janna était enfermée dedans, je n’avais qu’à secouer le carillon qui était pendu à l’auvent, au-dessus de la terrasse, et le bruit l’alertait. C’était un carillon avec des tiges en aluminium dorées et des papillons décoratifs aux couleurs chaudes. Il avait appartenu à Mary. Elle l’avait acheté pour sa chambre d’étudiante et passait sa main dessus à chaque fois qu’elle y entrait ou en sortait. Je me dressai sur les pattes arrière, donnai un coup de museau sur les petites tiges d’aluminium qui tintèrent entre elles, produisant un joli son. Les papillons tournoyèrent et s’entrechoquèrent. Janna vint m’ouvrir peu avant que tout ne s’immobilise à nouveau.
- Ҫa va ?demanda-t-elle.
Je hochai la tête, fis un pas pour rentrer. Mais elle me barra la route.
- Attends ! Je ne sais pas où tu as traîné mais tu as des feuilles accrochées aux poils.
Elle s’éloigna en direction de la salle de bain. Séance brossage donc. J’avais pourtant fait attention… Je n’étais pas friand des coups de peigne… A contrecœur, je m’assis et attendis que ma fille revienne.
Cela faisait une semaine que j'avais rejoint la maison de Meyer, une semaine que je vivais à ses côtés et auprès de Janna. Alors que cette vie me semblait idyllique, elle ne l'était pas autant que je le pensais. Oh non, Meyer et Janna n'y était pour rien, en fait c'était ma faute. J'avais été incapable de contrôler mes émotions lorsque j'étais chez mes parents et j'avais clamé haut et fort que j'aimais Meyer créant ainsi une tension entre nous. Je regrette de ne pas avoir sû tenir ma langue... J'aurai aimé que notre relation reste aussi belle qu'avant, ainsi tout aurait été parfait mais j'avais tout gâché. Jusqu'au bout Meyer avait tenu parole et moi... j'ai fui et je fui encore. Je n'ose pas me confronter à lui, ni même lui parler et encore moins le regarder dans les yeux. Il a tenté de revenir vers moi et moi je trouvais toutes les excuses du monde pour l'éviter. Il le fallait, j'en avais besoin pour me préserver parce que ça me fait mal d'être sous le même toit que Meyer sachant qu'il sait ce que je ressens et que nos sentiments sont bien trop différents. Il doit me voir comme une petite protégée mais rien d'autre. Oui voilà, une amie tout au plus et c'est tout. Je dois prendre mes distances, c'est plus facile... Les jours ont passé et meme Janna je ne la voyais plus beaucoup. Je manquais plusieurs repas, je rentrais plus tard du travail et la plupart du temps je me refugiais directement dans ma chambre en restant, seule. Ce soir j'étais venue manger avec Meyer et Janna mais j'avais gardé le silence tout le temps du repas et j'avais gardé les yeux rivés sur mon assiette. Tout sauf croiser le regard de Meyer. Une fois le repas terminé, j'ai débarrassé mes couverts et j'ai fui dans ma chambre. Ça ne me dérangeait pas, j'ai longtemps vécu enfermée alors m'enfermer de mon propre chef n'est pas un souci. Je m'étais plongée dans un livre. -----------------------------‐-------------------- Rp discord
Après le repas je m'étais réfugiée dans ma chambre. Entendant que Meyer part, je ressors de ma chambre. Je constate qu'il ne reste que Janna. La pauvre, on ne s'est pas beaucoup parlé cette semaine... Je viens la voir avec un petit sourire. Ça va?
Janna s'apprêtait à aller dans sa chambre, et elle est un peu surprise qu'Harmony vienne lui parler. Mais elle est aussi contente et répond à son sourire. Oui, ça va. Papa vient de partir. Sous le regard interrogateur d'Harmony, elle précise. C'est la pleine lune.
Je la regarde surprise Oh d'accord je vois. Tu... veux que l'on passe un peu de temps ensemble le temps qu'il rentre ?
Janna hoche vivement la tête. Bien sûr ! Tu veux boire un truc chaud ?
Super ! Je ne dirais pas non à un chocolat chaud s'il te plaît. Cest gentil d'avoir accepté Je lui souris gentiment et sincèrement.
Janna invite Harmony à la suivre à la cuisine, et sort une casserole pour commencer la préparation. Elle hésite un moment à parler. Elle termine d'abord de préparer puis remplit deux tasses. Et toutes deux vont s'asseoir sur le canapé. Enfin, elle prend la parole.* Et toi ? Est-ce que ça va ?
Je la suis, l'aidant dans la préparation puis je la suis jusqu'au salon. Oh oui, bien sûr. Pourquoi ça n'irait pas ? Je disais ça mais mon sourire pouvait sembler un peu faux mais je ne voulais pas inquiéter Janna
Oh... Je détourne le regard. Elle a le droit de savoir. Bon... je vais être honnête... j'ai fait une bêtise la semaine dernière...
Sa tasse de chocolat levée sous son nez, Janna ne dit rien et attend, une lueur de curiosité et d'intérêt dans le regard.
Je me mords la lèvre inférieure. J'ai... dit à Meyer que je l'aimais... enfin... je l'ai dit devant lui et mes parents... ce n'était pas contrôlé mais c'est fait... Je suis désolée... c'est ce qui a créé cette tension... et c'est dur de vivre à côté d'une personne qui ne ressent pas la même chose alors... j'essaye de prendre quelques distances... pour me préserver... Je ne veux pas causer plus de dégâts.
Janna ouvre des yeux ronds. Elle se rappelle du jour où Harmony a refusé sa demande de sortir avec son père. Mais... Comment tu sais qu'il ne ressent pas la même chose ? Il te l'a dit ?
Je regarde Janna, assez embêtée Eh bien... non... Il n'a... rien dit du tout... on a totalement évité le sujet... son silence était... très parlant..
Janna boit un peu de chocolat, fait la grimace en se brûlant un peu. Tu sais... Quand tu n'as plus donné de nouvelles après l'hôpital, il s'est beaucoup inquiété.
Je bois un peu de mon chocolat aussi tout en l'écoutant. Oh... c'est ce que font les amis ça, s'inquiéter pour quelqu'un qu'ils apprécient.
Janna hausse les épaules, pensive. Alors pourquoi est-ce qu'il est venu te voir en cachette l'autre soir ? Je sais, c'est moi qui l'ai poussé à le faire. Mais il aurait pu refuser, non ?
Je réfléchis quelques instants. Elle n'avait pas tort. Oui c'est vrai... Mais... Mais... Je ne trouvais plus d'argument.
Janna prend le temps de boire encore du chocolat. Un grand silence s'installe entre elles. Pourquoi vous n'en parlez pas tous les deux ? Ce serait plus simple, non ? Vous n'allez pas vous éviter éternellement...
Je garde le silence. Elle a raison mais je ne suis pas sûre d'en être capable. Tu as raison mais je ne suis pas sûre d'en être capable... Je ne veux pas le déranger avec ça.
Tu veux que je lui parle ?
J'hésite avant de hocher la tête à la négative. Non... Il faut que je me comporte comme une adulte responsable. Dès qu'il rentre, je vais le voir je.... Vais passer un peu de temps avec lui et ce même s'il n'est pas sous sa forme humaine... ce sera peut-être plus simple... Merci Janna, tu as raison, il faut qu'on parle, qu'on... abandonne cette tension, pour toi, pour lui et pour moi. Je te promets de tout arranger. Ça m'avait manqué de ne pas discuter avec toi.
Janna m'avait remotivée. Je finis mon chocolat chaud pendant qu'elle finit le sien. Quand on a finit, je débarrasse. Je me rends ensuite à la salle de bain. Je me douche et me mets en pyjama, du moins ma nuisette et le petit peignoir qui va avec. Lorsque je ressors, je croise Janna qui va chercher des affaires. Elle m'explique que Meyer est rentré et qu'il a des feuilles bloquées dans les poils. Je ne peux m'empêcher de rire sur le coup. Janna récupère un peigne, et je la suis. Elle me propose finalement de prendre le peigne et j'accepte. Je rentre dans la pièce où se trouve Meyer. Je m'arrête, légèrement anxieuse mais je ne dois pas me laisser aller. Je viens alors face à lui. J'affiche un petit sourire timide et ma main passe de ses oreilles pour venir glisser le long de sa tête. Le fait qu'il soit sous cette forme me rassurait. Je lui montre le peigne.
Je vais... M'occuper de toi. C'est la mercière fois que je fais ça alors si je m'y prends mal ou même te fais mal, fais le moi savoir. Je vais faire de mon mieux.
Je dépose une carresse sur sa tête venant gratouiller légèrement derrière ses oreilles puis je passe le peigne sur son pelage avec toute la délicatesse du monde, je faisais cela avec grand soin de peur de lui faire mal. C'est bête mais juste d'être là, de nouveau à ses côtés me faisait du bien. Je retire doucement les feuilles et m'applique pour rendre son pelage tout doux. Une fois fini, je lui refais face.
Et voilà, tout beau et tout propre.
J'affichais un doux sourire, contente et je ne peux résister à la tentation de le caresser et de lui faire plein de papouilles.
Pardon... Tu... Tu me dis si tu veux que j'arrête.
Dis-je en rougissant, détournant légèrement le regard tout en continuant les caresses.
Mais à ma grande surprise, ce fut Harmony qui arriva, un énorme peigne à la main. Elle avait revêtu la nuisette en soie bleu clair et le gilet assorti qu’elle portait l’autre soir quand j’étais entré dans sa chambre par la fenêtre. Par tous les seins… euh… saints ! Elle voulait vraiment me faire avoir une attaque ? Je la regardai approcher, partagé entre l’admiration et la déception. Oui, j’étais un peu déçu. Pendant une semaine entière, elle avait tout fait pour m’éviter le plus possible. Et maintenant que j’étais sous forme lupine, incapable de parler, la voilà qui revenait vers moi comme si de rien n’était. Enfin non, pas tout à fait. Quand son regard croisa le mien, elle eut un temps d’arrêt et ses joues virèrent au rouge. Mais elle réduisit les quelques mètres qui nous séparaient et posa un pied sur la terrasse. Je ne bougeai pas quand sa main vint glisser entre mes oreilles. Elle ne devait pas s’attendre à ce que mon pelage soit aussi doux car elle eut un léger mouvement étonné, et un fin sourire s’étira au coin de ses lèvres.
- Je vais… m'occuper de toi,dit-elle en me montrant le peigne.
Pitié, non… Pourquoi Janna l’avait-elle laissée faire ? Face à ma fille, je pouvais me permettre de ronchonner et la repousser quand elle tirait un peu trop sur mes poils. Mais Harmony… J’allais devoir souffrir en silence. L’ange déclara que brosser un lycan était une première pour elle, et que je ne devais pas hésiter à me manifester si elle me faisait mal.
- Je vais faire de mon mieux.
Je ne pus m’empêcher de lâcher un soupir mélangé d’un petit grognement râleur. Pour lui faciliter la tâche, je m’abaissai jusqu’à me retrouver allongé, les pattes avant tendues devant moi. Harmony déposa une autre caresse sur ma tête, et je frissonnai quand elle me gratouilla derrière les oreilles. Une agréable sensation très vite rompue par le premier coup de peigne. Tout en démêlant les nœuds, Harmony usa de son autre main pour retirer les feuilles et brindilles qui s’étaient logées dans ma fourrure. Elle me tourna autour pendant quelques minutes, minutes durant lesquelles je fus content de bénéficier de plus de douceur que de la part de Janna. Elle ne me fit pas mal une seule fois.
- Et voilà, tout beau et tout propre,constata la demoiselle en venant me faire face.
Oui, bon. Maintenant, hors de ma vue, le peigne ! Je m’apprêtais à me lever, mais Harmony m’en empêcha en venant de côté pour me faire un tas de caresses au niveau du cou, visiblement très attirée par mon apparence pelucheuse.
- Pardon… Tu… Tu me dis si tu veux que j'arrête,réalisa-t-elle gênée.
Je la regardai, me mis doucement debout pour ne pas la faire tomber. Elle devait retourner dans la maison. Les journées étaient chaudes mais les nuits encore un peu fraîches. Elle allait attraper froid dans une tenue aussi légère. En silence, j’entrai dans le salon, jetant un coup d’œil derrière moi pour inciter Harmony à faire de même.
- C’est beaucoup mieux !commenta Janna qui passait par là, en m’observant tout entier.Il ne manquerait plus qu’un joli nœud et tu serais parfait.
Je répondis par un grognement vexé et la poussai vers sa chambre avec le museau. Elle rit, nous souhaita bonne nuit et partit se coucher. Harmony et moi nous retrouvâmes seuls. Je ne savais pas quoi faire. Et… l’ambiance était redevenue tendue. Je lui en voulais un peu de daigner m’approcher seulement ce soir alors que je ne pouvais pas parler. Mais je me dis que cela l’aiderait peut-être à communiquer plus facilement… Alors j’abandonnai toute pensée négative et décidai qu’il valait mieux en profiter pour renouer le contact, peu importait la manière. Ma queue touffue alla fouetter ses jambes et je l’invitai silencieusement à me suivre jusqu’au canapé. D’un nouveau coup de museau, je repoussai la table basse pour me laisser la place de m’installer par terre. Harmony s’assit sur le canapé. Je m’allongeai devant elle, posant la mâchoire sur le coussin juste à côté de sa cuisse, les yeux levés vers elle. Si elle voulait parler, c’était le moment, je ne pourrais pas l’interrompre.
Le démêlage et le brossage des poils de Meyer se passa plutôt bien. J'en oubliais presque la tension qu'il y avait eu entre nous ces derniers jours. Le fait de pouvoir s'occuper de lui ainsi, de pouvoir prendre soin de lui me plaisait beaucoup. Alors que j'ai fini de le peigner et que je m'étais mise à le caresser une question me taraude. Comment est-ce qu'il va prendre le fait que je suis revue vers lui alors qu'il est sous sa forme lupine et qu'il est incapable de parler ? Je ne sais pas, peut-être aurais-je le droit à des remontrances... je verrais bien... Je m'étais en attendant perdue en caresse et lui avais fit de me signaler s'il voulait que j'arrête. Il se mit debout... Je crois que c'est le signe. Il entre dans le salon et je reste en arrière quelque peu hésitante puis son regard se tourbe vers moi. Ah... Je crois qu'il faut que je rentre. C'est ce que je fis. Janna commenta mon travail en disant que Meyer était beaucoup mieux ainsi et qu'il ne manquerait plus qu'un joli noeud pour que ce soit parfait. Je souris imaginant la scène. Peut-être qu'un jour on aura l'occasion de lui faire essayer. En tout cas, cela sembla ne pas ravir Meyer qui la repoussa vers sa chambre. Il était d'ailleurs l'heure pour elle d'aller se coucher. Elle nous souhaita une bonne nuit.
Bonne nuit Janna.
Je lui souris alors qu'elle rejoint sa chambre. Je pensais que le dialogue avec elle et le brossage de Meyer allaient arranger les choses mais me retrouver de nouveau seul à seul avec lui me mettait mal à l'aise. Mince... Je... Je crois que je vais rejoindre ma chambre, c'est mieux... Oui voilà, c'est ce que je vais faire... C'est alors que sa queue vient fouetter mes jambes. Je le regarde, étonnée. Il va jusqu'au canapé, je suppose qu'il veut que je le suive. Il est trop tard pour faire machine arrière. Je le suis donc, venant m'asseoir sur le canapé. Sa machoir posée juste à côté de moi, ses yeux plantés dans les miens, je détourne le regard avant de le replanter dans le sien.
Comment est-ce que je peux réussir à m'exprimer sérieusement face à une bouille aussi mignonne. C'est pas juste...
Je soupire puis je me laisse glisser du canapé pour me mettre sur les genoux juste à côté de lui. Mes bras viennent entourer son cou. Ma tête dans son pelage, ça m'évite de le regarder dans les yeux.
Je suis désolée Meyer... J'ai pris des distances pour que ce soit plus facile pour toi, pour moi mais ce n'était pas une solution... Tu m'as proposé un toit, une nouvelle vie et en remerciement, je t'ai évité... Tu ne méritais pas ça et même Janna en a pâti. J'ai été profondément égoïste. Je n'osais pas revenir vers toi par peur, je n'en étais pas capable et je ne voulais pas te déranger avec... tout ça. Mais ce n'était pas une solution... J'ai encore une fois fui et j'ai empiré les choses. J'espère... que tu me pardonneras... Même pas en fait... Je ne le mérite pas... Regarde... je ne suis même pas assez courageuse pour venir te voir sous ta forme humaine... c'est ridicule...
Je relache alors l'étreinte, me reculant légèrement et détournant le regard toutben me mordant la lèvre inférieure.
Elle me regarda, se détourna un instant, et reporta son attention sur moi, l’air à la fois attendri et embarrassé.
- Comment est-ce que je peux réussir à m'exprimer sérieusement face à une bouille aussi mignonne ? C'est pas juste...
A croire que mon apparence humaine lui faisait peur… Elle soupira et se laissa glisser du canapé, finissant sur les genoux, juste devant moi. Ses bras vinrent alors entourer mon cou et elle enfouit son visage dans ma fourrure.
- Je suis désolée Meyer…reprit-elle déconfite.J'ai pris des distances pour que ce soit plus facile pour toi, pour moi. Mais ce n'était pas une solution…
Clairement pas. Je ne voyais pas comment nous pouvions continuer de vivre ensemble sans nous parler.
- Tu m'as proposé un toit, une nouvelle vie, et en remerciement, je t'ai évité... Tu ne méritais pas ça et même Janna en a pâti. J'ai été profondément égoïste. Je n'osais pas revenir vers toi par peur, je n'en étais pas capable et je ne voulais pas te déranger avec... tout ça. Mais ce n'était pas une solution… J'ai encore une fois fui et j'ai empiré les choses.
Tout ce que je voulais, c’était qu’elle se sente mieux maintenant qu’elle était éloignée de ses parents tyranniques. Mais ce n’était pas le cas parce que notre relation était trop ambiguë. Depuis la mort de Mary, j’enchaînais les histoires sans lendemain, sans prendre la peine de me demander vraiment si j’allais continuer ainsi pour le restant de mes jours. Les amitiés ne m’effrayaient plus. Mais l’amour… C’était beaucoup trop de souffrances. Après ce qui était arrivé à Mary à cause de mes conneries, j’étais terrorisé à l’idée que cela puisse se reproduire. Bear était en prison, et il y passerait sa vie. Mais comment pouvais-je être sûr que personne d’autre n’avait envie de me faire payer encore ? Personne n’avait oublié Thanatos dans les arènes. Ce n’était pas si facile de disparaître. Schneider entendait encore des gens parler de moi. Il en existait qui auraient bien voulu avoir l’opportunité de me massacrer… Notamment les hommes de Bear qui avaient réussi à échapper à la police malgré le démantèlement du réseau. Je n’étais pas dupe. Même si cela avait servi à attraper le lycan, ils pouvaient largement se passer de lui. Je n’aurais pas été étonné d’apprendre que quelqu’un d’autre eût déjà pris sa place pour tout reconstruire. Dans le milieu souterrain de l’illégalité, entre combats à mort, drogues, armes, prostituées, esclaves… rien ne se terminait jamais. Coupez-lui la tête et deux autres repoussent…
- J'espère… que tu me pardonneras…
Il n’y avait pas de raison de me demander pardon. Si l’un de nous devait le faire, c’était moi. Je repoussais la seule personne qui voulait bien de moi après sept ans de célibat, tout ça parce que j’étais trop peureux.
- Même pas, en fait… Je ne le mérite pas…rectifia-t-elle à voix plus basse.Regarde… je ne suis même pas assez courageuse pour venir te voir sous ta forme humaine… c'est ridicule…
Elle me lâcha et se détourna, penaude. Au final, elle s’était confiée quand même alors peu importait. A quoi bon lui en vouloir ? Elle n’avait rien fait de mal. Je ne savais pas trop comment lui montrer qu’elle n’avait pas à s’inquiéter. La seule idée qui me vint fut de coller mon museau sur sa joue comme si je l’embrassais. Elle pouffa de rire, chatouillée par mes moustaches. Son sourire m’avait manqué… Elle avait paru si éteinte ces derniers jours que ça me déprimait. Soulagé, je rampai de quelques centimètres et allai poser ma tête sur ses cuisses. J’exagérais. J’étais en train de lui faire espérer des choses alors que je ne savais pas quoi faire de mes sentiments… Mais c’était difficile de résister. Son parfum, sa voix, la douceur de sa peau, ses doigts qui me caressaient la tête, sa gentillesse, ses jolies ailes, la beauté angélique de ses traits, l’éclat de ses cheveux, ses yeux azurés… Tout m’attirait chez elle. Il se faisait tard. Demain je devais amener Janna au lycée et Harmony travaillait. J’allais rester dormir ici. Alors je relevai la tête et, du bout des crocs, j’attrapai le plaid qui se trouvait sur le canapé pour me le mettre sur le dos. Harmony m’aida à l’ajuster. Nous échangeâmes un regard. Elle déclara qu’elle allait rester ici, avec moi. Ah. Ce n’était pas pour me déplaire mais elle ne dormirait pas bien. Visiblement décidée, elle s’assit entre mes pattes avant et se blottit contre moi, le visage enfoui dans mon cou. Je frissonnai, inspirai profondément, profitant de son odeur si envoûtante. Je me laissai aller contre le canapé, la tête posée sur l’assise. Et je fermai les yeux. Je ne pensais pas m’endormir aussi vite. La chaleur d’Harmony avait agi comme un somnifère, et je passai une nuit sans rêves, plutôt agréable. Quand je me réveillai le lendemain, j’étais allongé sur le flanc, le bras tendu sous ma tête dans une position inconfortable. J’en avais des fourmillements dans l’épaule. J’ouvris les yeux, manquai de m’étouffer. Harmony était aussi allongée sur le flanc, en face de moi. Enfin… ce que j’avais devant les yeux, c’était ses genoux légèrement repliés. Sa tête reposait sur ma hanche et je sentais sa poitrine se soulever au rythme de sa respiration, contre le bas de mon ventre. Le plaid ! Ouf, il me couvrait encore… Quelque part dans ma chambre, mon téléphone sonna. C’était le réveil. Je n’osais pas bouger.
Après une semaine, j’avais enfin réussi à dire à Meyer ce que j’avais sur le coeur. Je savais qu’il ne pouvait pas me répondre mais je sentais mon coeur être allégé d’un poids. Mais… Je me sentais aussi ridicule d’avoir attendu qu’il soit sous sa forme de loup pour pouvoir lui parler. J’avais d’une certaine façon fui pour choisir la facilité et… Je m’en voulais un peu pour ça… J’aurai dû lui dire en face sous sa forme humaine et pas attendre qu’il ressemble à une peluche mais… Je n’avais pas eu le courage au bon moment. Même si… Est-ce que l’on peut vraiment appeler ça du courage ? Pas vraiment… En réponse j’eu le droit au museau de Meyer sur ma joue ce qui me chatouille et me fit rigoler.
A-Arrête tu me chatouilles. D’accord j’ai compris j’arrête de me lamenter.
C’était sa façon à lui de communiquer et de me faire comprendre qu’il ne m’en voulait pas. Mon sourire, un vrai sourire apparut sur mes lèvres. Je me sentais mieux. Sa tête se posa sur mes cuisses et je ne pu m’empêcher de la caresser. C’était agréable et j’espérais qu’il ressentait autant de plaisir que moi. Après quelque temps, il se leva. Je me demandais ce qu’il voulait faire. C’est alors qu’il tira le plaid. C’est vrai qu’il se fait tard. Je l’aide à mettre comme il faut le plaid. Une fois que c’est fait, je devrais le laisser dormir mais…
J’aimerais rester à tes côtés cette nuit…
Dis-je en rougissant un peu. Je me fichais de mal dormir. Même si je l’avais évité cette semaine, il m’avait beaucoup manqué. C’est décidé, je passerais la nuit dans le salon, à ses côtés. Je m’assis donc entre ses pattes, tout contre lui, la tête contre son cou et il fallait avouer que c’était très agréable. Tellement agréable que je m’endormis rapidement. La nuit fut des plus propices, je ne me réveillai pas une seule fois, ça faisait longtemps que je n’avais pas aussi bien dormi. Au petit matin, j’entends une petite mélodie lointaine qui me tira légèrement de mon sommeil. Je me redresse, encore ensommeillée et constate que je dors à l’envers par rapport à Meyer. Ma nuisette avait un peu bougé au cours de la nuit, elle était légèrement remontée au-dessus de mes fesses et dévoilait un peu plus ma poitrine mais je ne m’en étais absolument pas rendu compte. Je me tourne alors dans l’autre sens pour me retrouver le visage en face de lui puis je soulève le plaid pour revenir me blottir tout contre lui, mon visage venant s’enfoncer dans son torse, mes bras venant l’enlacer, mes jambes venant se mêler aux siennes. Et… Je me rendors comme si de rien n’était, l’empêchant de bouger. Je n’étais qu’à demi réveillée et ce ne fut pas compliqué pour moi de retrouver le sommeil.
Finalement, ce fut elle qui se déplaça en premier. Le problème : elle dormait encore. Sans même s’apercevoir que j’étais réveillé, la rouquine se redressa et se tourna dans mon sens, face à moi. Sa nuisette était remontée au-dessus de son bassin et le décolleté déformé menaçait dangereusement de dévoiler sa poitrine. Mon cœur rata un battement quand elle souleva le plaid et vint se blottir contre moi, son visage littéralement enfoncé dans mon torse. Ses bras me serrèrent comme un étau et ses jambes vinrent s’enrouler autour des miennes. Non non non, ne relève pas le geno… Ma tête entra en ébullition quand le bas de sa cuisse remonta vers mon entre-jambe. Ҫa ne pouvait plus durer.
- Ha… Harmony…soufflai-je avec l’impression que mon cœur allait sortir de ma poitrine.Harmony…
Pas de réponse.
- Scheiße*…murmurai-je désemparé.
J’usai de ma seule main valide pour lui remuer l’épaule. Je dus l’appeler encore plusieurs fois avant qu’elle daigne enfin ouvrir les yeux. Elle répondit ce qui ressemblait à un « Qu’est-ce qu’il y a ? » d’une voix pâteuse.
- J… Tu…bégayai-je, incapable de me remettre les idées en place.Oh bordel…
Je secouai la tête.
- Avant toute chose, je tiens à préciser que ce genre de réveil est loin d’être désagréable,déclarai-je tandis qu’elle s’étirait comme une bienheureuse.
Elle fronça les sourcils, les yeux encore à demi fermés, l’air de se demander de quoi je parlais.
- Par contre, je doute que ça te plaise.
Pour une demoiselle sans aucune expérience, je m’attendais à tout moment à l’entendre hurler et partir en courant. Je fis la grimace, prêt à sentir mes tympans souffrir.
Bien endormie, le réveil était difficile ce matin tellement je dormais bien. Je sentais une douce chaleur contre mon corps, une douceur, c’était très agréable. Non vraiment, ce matin je n’avais pas envie de me réveiller, je voulais rester avec cette sensation de bien-être et pour rien au monde je voulais la quitter. Cependant, il me semble que j’entends une petite voix au loin… Non, ce doit-être un rêve, rendors toi Harmony. Et finalement, une légère secousse au niveau de mon épaule…
Hmmm… Qu’est-ce qu’il y a… ?
Dis-je tout doucement, encore à moitié endormie. Meyer s’agite légèrement à côté,. Je m’étire de tout mon long. Un réveil loin d’être désagréable ? Je fronce les sourcils, essayant de comprendre de quoi il parle. Il doute que ça me plaise.
Hm… Qu’est-ce que tu racontes ce matin ?
J’ouvre les yeux doucement, prenant peu à peu conscience de ce qu’il se passe autour. Ma robe est à moitié remontée et mon décolleté menaçant de dévoiler ma poitrine. Je sursaute et m’empare vivement du plaid pour me cacher.
Regarde pas !
Dis-je en criant une première fois. C’est alors que mon regard se posa sur… Hein ? Je deviens rouge écarlate en constatant que Meyer était complètement nu.
Mais pourquoi t’es tout nu espèce d’exhibitionniste ?!
Dis-je en criant une deuxième fois. Je lui balance alors le plaid à la tronche et me lève vivement pour lui tourner le dos, remettant bien convenablement ma nuisette. J’inspire profondément.
Oh seigneur… Pardonnez-moi, j’ai pêché…
Mes parents m’ont toujours dit, pas avant le mariage. Et là je viens de voir Meyer entièrement nu ! Non, je n’avais encore jamais vu d’homme entièrement nu. Peut-être que ma réaction est exagérée ? Calme toi Harmony, ça va aller. Explique lui, il va comprendre.
Pardon mais je n’avais jamais vu… Ca auparavant… Et sincèrement je ne pensais pas que ça faisait cette taille.
Je me racle la gorge. Mais qu’est-ce que je raconte.
Je dis ça mais je… Je n’ai rien vu… Rien vu du tout.. ! Enfin si… Juste un peu…
Tentais-je de me rattraper, cruellement gênée. Le réveil doux s’était transformé en un sursaut.
- Qu’est-ce que tu racontes ce matin ?grommela-t-elle, dans les vapes.
Elle ouvrit enfin les yeux, constata sa tenue. Et là, elle fit une chose à laquelle je ne m’attendais pas du tout : elle cria « Regarde pas ! » Ҫa, d’accord, j’y étais éventuellement préparé, mais dans le même temps, elle s’empara du plaid pour se cacher, me laissant complètement nu et sans rien pour me couvrir. Je vis son regard glisser de mon visage jusqu’à…
- Mais pourquoi t’es tout nu, espèce d’exhibitionniste ?s’écria-t-elle en devenant rouge comme une tomate.
Exhibitionniste ? Elle y allait un peu fort là ! Ce n’était pas de ma faute, et c’était elle qui m’avait enlevé le plaid !
- Ben, euh…commençai-je.
Elle me le jeta dessus en tremblant de tous ses membres, avant de se mettre debout et me tourner le dos.
- Oh Seigneur… Pardonnez-moi, j’ai pêché…bafouilla-t-elle en ajustant maladroitement sa nuisette.
Je la regardai sans trop savoir si j’étais plus choqué qu’amusé. Non, en fait, sa réaction était carrément hilarante. Me retenant difficilement de rire, je me mis debout à mon tour en entourant ma taille avec le plaid. Et j’attendis patiemment qu’elle se remette de… ses émotions.
- Pardon mais je n’avais jamais vu… ça, auparavant…dit-elle sans oser me faire face.Et sincèrement, je ne pensais pas que ça faisait cette taille.
Ne pas me moquer d’elle, surtout pas…
- Je dis ça mais je… Je n’ai rien vu… Rien vu du tout !reprit-elle littéralement paniquée.Enfin si… Juste un peu…
C’était trop. J’éclatai de rire et ne pus m’arrêter, même quand Janna débarqua, le visage encore ensommeillé et les cheveux en pétard.
- C’est quoi tout ce raffut ?s’enquit-elle en plissant les yeux à cause de la lumière du jour.
Elle nous regarda tour à tour et l’expression de son visage changea peu à peu, démontrant qu’elle commençait à comprendre.
- Oula, c’est pas mon problème…fit-elle en reculant pour retourner dans sa chambre.
Incapable de me calmer, je rejoignis la mienne et allai prendre une douche. Dix minutes plus tard, je ressortis, propre et habillé, un sourire scotché aux lèvres, au bord d’un nouveau fou rire rien qu’en repassant la scène du réveil dans ma tête. Harmony s’était habillée aussi et disposait le petit déjeuner sur la table de la cuisine. J’avais ri une bonne partie du temps, dans la douche, et je me demandais si cela avait fini par la vexer. En tout cas, elle m’avait mis de bonne humeur ! La voyant rougir encore et s’affairer vers le frigo pour m’éviter, j’allai l’attraper par la main pour la tourner vers moi et déposer un rapide baiser sur son front.
- Oh allez, détends-toi, ça ne rend pas aveugle, promis !ricanai-je avant d’aller m’asseoir à table.OK, désolé !m’exclamai-je en réceptionnant le sachet de brioches qu’elle me jeta à la figure.Mais je te signale que c’est toi qui as insisté pour rester avec moi cette nuit !
Janna arriva, vêtue et coiffée, et s’assit à côté de moi.
Mon dieu, quelle situation gênante ! Voir Meyer torse-nu c'est une chose, je y suis faite, mais complètement nu ça c'est une première et je ne m'y attendais pas du tout. Il aurait pu me prévenir ! Ah... c'est peut-être ça qu'il a tenté de faire en fait... Il aurait pu me prévenir hier ! Ah non... il ne pouvait pas parler ! Flûte. Il aurait pu me prévenir il y a plusieurs jours ! Quoi que... ça aurait été bizarre s'il m'avait dit "au fait je suis tout nu une fois que je me retransforme". Effectivement, sorti comme ça de nulle part, je l'aurais pris pour un fou. Je lui avais expliqué que c'était la première fois que je voyais... Ce drôle d'oiseau et j'avais malgré moi commenté la taille. Mon dieu, en voulant m'en sortir, je me suis enfoncée. Surtout que Meyer explosa de rire. Je me tourne vers lui, ouvrant des grands yeux avant de froncer les sourcils. Je n'ai rien le temps de répondre que c'est Janna qui intervient. Je voulais lui expliquer ce qu'était ce rafut mais elle ajoute que ce n'est pas son problème en fuyant vers sa chambre. Est-ce qu'elle croit que Meyer... Moi ? Non, pas avant le mariage !
Janna ce n'est pas ce que tu... crois !
Ça sert à rien, elle est déjà dans sa chambre et Meyer ne s'arrête pas de rire. Je rougis de plus en plus. Il fuit en direction de sa chambre. Je fais de même, allant prendre des vêtements pour rejoindre la salle de bain, me passer un brin de toilettes, m'habiller et me maquiller. Je l'ai entendu rire encore un long moment. Je me sens ridicule mon dieu. Bon allez, direction la cuisine pour se changer les idées et disposer le petit déjeuner. Meyer finit par arriver à son tour, je rougis et détourne le regard, me réfugiant auprès du frigo. Ce n'était pas un bon refuge, il m'attrape la main, me tournant vers lui pour déposer un baiser sur mon front. Je deviens encore plus rouge. Une phrase de trop. Il se moque encore de moi. Je choppe le paquet de brioche derrière mon dos et le lui lance à la figure avant de lui tirer la langue et de m'éloigner de lui. Il ajoute que c'est moi qui ai insisté pour rester la nuit avec lui et c'est... vrai. Mais je ne vais pas me laisser faire de la sorte et je ne me gêne pas pour rétorquer.
Je n'ai pas eu à beaucoup insister je te signale !
Vrai aussi ! Quand je me suis mise entre ses pattes, il aurait très bien pu me repousser et me faire comprendre qu'il ne voulait pas de ma présence. Est-ce que ce fut le cas ? Non. Je croise les bras sous ma poitrine, restant debout à le toise du regard, l'air boudeur.
T'aimerais que je me balade à poil dans la maison ? Je peux aussi le faire hein !
Alors non pas du tout mais comme sa réponse sera non, je n'ai pas à m'inquiéter de dire ça.
- Je n'ai pas eu à beaucoup insister, je te signale !se défendit Harmony.
Elle avait raison. Pour le coup, c’était un peu de ma faute. J’aurais pu la pousser jusqu’à sa chambre au lieu de la laisser faire. Mais bon, têtue comme elle était… La rouquine croisa les bras sous sa poitrine, le regard brûlant de reproche et de honte. Elle avait l’air d’un petit chiot en colère. Pas effrayante pour un sou.
- T'aimerais que je me balade à poil dans la maison ? Je peux aussi le faire, hein !
Je faillis cracher mon jus d’orange. Janna pouffa de rire tandis que j’étouffais ma toux dans mon bras replié. Bon sang… Comment ne pas imaginer Harmony nue maintenant qu’elle avait dit ça ? Ayant soudain très chaud, je m’éventai en secouant le col de mon tee-shirt, tout en continuant de tousser. Lorsque j’eus retrouvé mon souffle, je me raclai la gorge et dévisageai la jeune femme. Elle allait vite apprendre qu’il ne fallait pas jouer à ce jeu-là avec moi.
- Ne te gêne surtout pas, je n’ai jamais vu une ange à poil.
Cette fois, ce fut au tour de Janna d’avaler de travers. Je tartinai ma tranche de pain comme si de rien n’était.
- Papa ! T’abuses !réprimanda-t-elle, moitié gênée, moitié amusée. - Ben quoi ?fis-je, mimant l’innocence.Paraît que ça vaut le détour. - Mais arrête !rit-elle en me tapant l’épaule.
Je ricanai. Et dans le fond, je me sentais complètement con. Pourquoi alimentais-je l’ambiguïté qui régnait entre nous alors que j’essayais de freiner mes sentiments ? Je faisais n’importe quoi…
Mon dieu, mais qu'est-ce que j'ai dis là ? Je venais clairement de demander à Meyer s'il voulait que je me balade nu. Le pauvre il manque de s'étouffer. J'en tire une certaine satisfaction. J'ai réussi à le surprendre et à avoir du répondant. Alors Meyer qu'est-ce que tu en dis ? Sauf que je ne fus pas déçu de sa réponse. Il me dit de ne pas me gêner... pourquoi ai-je eu une once d'hésitation en moi ? Je voulu répondre mais c'est Janna qui manqua de s'étouffer cette fois. C'est elle qui s'occupa de le stopper. Merci Janna, t'es la meilleure, pensais-je au fond de moi. Il en rajoute une couche en disant qu'il paraît que ça vaut le coup. Je rougis un peu plus mais il ne faut pas que je me laisse faire, je peux avoir du répondant quand je veux. Allez Harmony, trouve quelque chose à dire et vite. Je finis enfin par rétorquer.
Quelle dommage, je suis déjà prête pour le travail. Une prochaine fois si t'es sage.
Je lui tire la langue avant de venir m'asseoir pour prendre le petit déjeuner. Heureusement que je suis déjà habillée, ça me fait une excuse et en plus niveau réponse je pense ne pas l'avoir laissé en reste. J'espère qu'il va s'arrêter là parce que je ne suis pas sûre d'avoir assez de courage pour lui répondre encore une fois. La j'avais une sortie de secours qui me permettait de ne pas avoir à assumer mes paroles. J'étale ma confiture de fraise sur ma tartine comme si de rien n'était. Allez, c'est tentant j'en rajoute une couche.
Je note tout de même que je t'intrigue ou... que ma nudité t'intrigue... Je te croyais plus sage. Janna, il va faloir que tu le surveilles.
Je me mis à rire. Mais pourquoi je balance tout ça moi aussi ? Bon allez Harmony, tartine ton petit déjeuner et ne dis plus rien. Je reste rivée sur mon pain pour ne pas croiser le regard de Meyer. Non, je n'assume pas vraiment. Bougeant mon pied, je me retrouve à faire du pied à Meyer. Je m'en rends compte et m'arrête non sans prononcer un petit "oups..."
Harmony ne se laissa pourtant pas démonter, malgré son visage toujours aussi rouge.
- Quel dommage, je suis déjà prête pour le travail,rétorqua-t-elle avec ironie.Une prochaine fois, si t'es sage.
Elle me tira la langue et s’assit en face de nous. Je me contentai d’un sourire en coin, ne voulant pas alimenter ce débat dangereusement douteux.
- Je note tout de même que je t'intrigue,ajouta la demoiselle en étalant de la confiture sur son pain.Ou… que ma nudité t'intrigue… Je te croyais plus sage. Janna, il va falloir que tu le surveilles.
Elle pouffa de rire, avant de lâcher un « Oups » discret quand son pied rencontra le mien. Si je ne la savais pas si innocente, j’aurais pris ce geste pour de la provocation. Mais je n’en fis rien et préférai jouer la carte de l’ignorance. Janna avala sa bouchée de brioche et dit :
- Je ne veux pas être au milieu de vos histoires. Vous vous débrouillez.
Ben voyons ! La voilà qui se défilait alors qu’elle n’avait pas arrêté de me bassiner sur ma relation avec Harmony avant qu’elle vienne habiter ici. Nous terminâmes le petit déjeuner. L’ange accepta de se faire déposer au travail. J’étais content de voir qu’elle ne me fuyait plus. Je n’avais pas du tout aimé cette ambiance morose qui nous avait tous accablés ces derniers jours. L’école dans laquelle elle travaillait ne se trouvait pas très loin du lycée de Janna. Il fallait faire un léger détour mais ce n’était pas dérangeant. Harmony descendit en premier. Nous nous souhaitâmes une bonne journée, et je redémarrai.
- Bon, à nous deux.
J’évitai soigneusement de regarder Janna dans le rétroviseur central. J’étais sûr qu’elle attendait le moment où nous serions seuls pour me cuisiner. Cette petite ne perdait pas le Nord… Pitié, le trajet allait être long.
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