L’été avait déjà commencé depuis quelques semaines maintenant et beaucoup de monde en profitait pour organiser des soirées afin de profiter de la fraîcheur de la nuit. Cette fois, c’était les voisins du bâtiment de Grenat qui avait eu l’idée de faire une petite fête afin de mieux se connaître. Elle avait déjà connu ça à Londres et… Elle secoua la tête pour ne plus y penser. Cette soirée avec Stephen avait été déterminante dans sa vie mais ses voisins n’avaient pas apprécié qu’elle soit proche de lui tant il était difficile à vivre, ils les pensaient même en couple jusqu’à ce que le militaire prenne les voiles. En parlant de ça, cela faisait un long moment que la vampire n’avait plus de nouvelles. Voilà une autre raison qui poussait la jeune femme à ne plus se rappeler de cet événement passé, c’était douloureux. Peut-être qu’il était mort sur le terrain, peut-être pas… Elle avait perdu un bon ami et cela lui faisait de la peine.
La vie avait continué malgré tout et elle se retrouvait de nouveau à vouloir faire un gâteau pour la fête des voisins. La vampire s’entraînait pour faire plaisir à Mika et elle commençait donc à bien pâtisser. Quant à la cuisine, c’était encore autre chose... Elle sortit donc les ingrédients pour faire une génoise au chocolat. Elle comptait ensuite étaler une crème chocolat entre chaque couche et terminer par un glaçage à la vanille. Ses yeux parcoururent les ingrédients, oeufs, farine… Oh, non le sucre ! Décidément, elle l’oubliait tout le temps. Les heures filaient vite et elle n’avait pas le temps d’aller l’acheter alors elle eut l'idée d'en demander à de ses voisins de palier. La dernière fois qu'elle l'avait fait, ça avait terminé en bataille de farine mais passons... La vampire ôta son tablier et quitta son appartement, elle était habillée plutôt de façon décontractée, à savoir un jean et un débardeur blanc. Elle toqua à la première porte qui s’offrit à elle et attendit sagement qu’on lui ouvre. Des pas se firent entendre derrière la porte et la belle était rassurée qu’il y ait quelqu’un, elle espérait maintenant qu’on lui donne du sucre. La personne vivant dans l’appartement ouvrit et…
“Steph ?...”
Ce fut un véritable choc, lui ici ? C’était comme voir un fantôme. Le cerveau de Grenat peinait à le croire et bugua tout simplement. Elle le regardait, surprise, la bouche entrouverte jusqu’à ce qu’elle se décide à enfin briser le silence.
“Mais… Tu… Comment…” Bon… Ce n’était pas mieux ! La belle soupira en passant sa main dans ses cheveux, cette fois c’était l’émotion qui la prenait et elle baissa la tête, l’air triste.
“Mais où étais-tu ? Je t’ai écris des lettres et tu ne m’as plus répondu… Je te croyais mort…”
Se faire zapper du jour au lendemain n’était pas très agréable et si Stephen avait eu une bonne excuse au départ, celle-ci venait de s'effondrer. Il n’était plus au front et il avait donc les moyens de lui envoyer un petit message. C’était quand même fou qu’il soit son voisin mais les retrouvailles étaient un peu teintées de tristesse et de rancoeur… Après tout, le vampire s’était toujours servi chez Grenat et dès lors qu’elle n’avait plus d’intérêt, il l’avait rayé de sa vie. Cette idée commença à germer dans son esprit, il faut dire que Stephen, fidèle à lui-même, n’avait jamais dit qu’elle était son amie. Grenat serra les poings, releva la tête et s’exprima un peu plus sèchement, elle n’allait pas se laisser faire cette fois.
“J’avais besoin de sucre pour un gâteau mais… Je vais demander à quelqu’un d’autre.”
Elle ne lui laissa même pas le temps de répondre qu’elle s’éloigna du palier pour retourner dans son appartement.
Oh bordel qu’une douche ça faisait du bien ! Ça faisait à peine quatre jours que j’étais arrivé à Los Angeles et fallait que je reprenne les entraînement dès la semaine d’après alors… Autant profiter des joies de la cité des anges avant, non ? Du coup, première chose à faire : UNE DOUCHE parce que putain ça m’avait manqué en OPEX. Sérieux. Les douches et un lit super douillet. Et une bière aussi, ouais une bière, ça manquait au front. Et la beuh, et les clopes qu’on avait pas tout le temps. Bref. D’abord… La douche ! Et cette douche… Dura en tout et pour tout une heure. Et j’emmerdais le réchauffement climatique, qu’on se le dise. Ouais. Moi, j’allais profité. Et j’aurais large profité plus si un putain de connard de voisin en avait pas décidé autrement. Pile quand j’éteignais la douche pour changer de musique, on cogna à ma porte. Tout pour faire chier. D’ailleurs, j’hésitai franchement à bouger mon cul jusqu’à la porte mais… J’étais trop bon. Et peut être trop con. Et c’est donc avec une serviette entourée autour de ma taille seulement que je me bougeai jusqu’à la porte, dansant au rythme de la msuique. Tient, ça aussi ça m’avait manqué. La musique à écouter n’importe quand.
- …
Ah bah ça c’était la meilleure… Bloqué à ma porte, j’observai le « connard de voisin » avec une surprise non feinte.
- Cheveux Chelous ?
Pas de doute, c’était elle avec sa tête de chiot triste. Et… ok bon j’pouvais comprendre – ou pas – sa tristesse. Non parce que j’avais bien répondu à ses lettres… A un moment. Puis on m’avait envoyé autre part. Et ses lettres à elle avaient pas suivi tout de suite. J’avais tout reçu d’un coup. Alors je m’étais dit que j’allais tout lire avant de répondre, sauf que dans le feu de l’action, j’avais pas eu le temps, et j’avais juste pas répondu. J’étais con ? Un peu. Peut-être. Et puis merde c’était pas non plus trop ma faute. J’étais en OPEX, j’sauvais des vies moi ! Alors sa tête de chien battu là… Hé mais… Mais pourquoi elle faisait demi-tour ? Demander à quelqu’un d’autre ? Mais ?
- Demi-tour. Lui dis-je simplement en posant ma main sur sa tête pour la tourner dans l’autre sens.
Je savais même pas si j’avais du sucre, et d’ailleurs… J’allais finir par lui écrire sucre sur le front. C’était pas la première fois qu’elle en cherchait celle là si j’me souvenais bien. On s’était d’ailleurs rencontré comme ça. Coïncidence ? Non seulement elle qui était pas très douée. La faisant marcher jusqu’à l’intérieur de mon appartement, je refermai la porte du pied.
- Bouge pas. J’t’apporte ton sucre.
Qui n’avait pas de sucre dans sa cuisine putain ? Ptet moi. Sûrement moi. Mais j’allais trouver. Et je trouvai ! Un vieux pot en carton là. Encore plus vieux que la première fois. Bah. Elle avait réussi avec la première fois. Pourquoi pas cette fois ? Revenant près de CC, je lui tendis la boîte.
- On m’a envoyé ailleurs. J’pas eu le temps de te répondre avant de finir l’OPEX.
Bon… L’excuse tenait pas des masses. Disons que j’avais un peu mal gérer le temps mais c’était autre chose.
- Mais t’as ton sucre là. Puis t’façons j’allais t’envoyer un message.
Ouais. Y avait juste un souci. Ses lettres et donc son adresse était pas encore arrivée chez moi, et j’avais un peu zappé de les faire venir de Londres alors… Bon j’allais me la fermer sur ce coup. On allait faire genre et ça allait passer crème. Ca passait toujours crème. Au pire j’enlèverais ma serviette, elle serait gênée et hop on en parlerait plus.
- Alors comme ça tu t’inquiétais et j’t’ai manqué ? Ricanai-je alors.
Hé. Fallait bien marquer le coup : j’lui avais manqué au chiot.
Blessée, la vampire comptait repartir sans se retourner mais Stephen n’entendit pas de cette oreille et l’arrêta. Surprise, voir penaude, elle pivota vers la porte et le regarda partir. Essayait-il de lui faire croire qu’il était une âme charitable cherchant à aider sa chère voisine ? La première fois qu’il lui avait donné du sucre, il était si dur qu’elle n’avait pas pu l’utiliser. La belle soupira et l’attendit les bras croisés, se demandant à quoi il jouait.
Est-ce que le militaire en profita pour enfiler des vêtements ? Non mais il revint avec du sucre. La jeune femme prit le paquet et on pouvait sentir au toucher qu’il était encore plus dur que l’autre. Elle haussa alors un sourcil, agacée et son explication n’arrangea rien. Cela faisait quand même plusieurs mois qu’elle attendait une réponse mais… Elle ne savait pas ce que c’était d’être à sa place et il avait eu d’autres chats à fouetter donc elle ravala sa colère, d’autant plus qu’il comptait la contacter, signe qu’il ne l’avait pas oublié bien qu’elle avait un doute. Néanmoins, il venait encore de se payer sa tête avec le sucre alors elle lui remit sèchement entre les mains.
“Je vais me passer de ton sucre des années 70, merci…” C’était quoi cette manie de garder aussi longtemps du sucre ?
Et là, plutôt que de s’excuser ou même de demander comment allait Grenat, Stephen continua de faire le malin mais elle n’avait pas vraiment envie de rire cette fois à cause du choc de l’avoir revu.
“Au début oui et puis comme je l’ai dit, j’ai pensé que tu étais mort, ce qui te fait rire visiblement alors que…” Elle tourna les talons pour cacher son air triste “Ça m’a fait beaucoup de peine.” Dit-elle plus faiblement.
Stephen n’était pas très sentimental et elle le savait mais elle demandait simplement à ce qu’il respecte ce qu’elle ressentait, ce qu’il ne faisait pas toujours. Elle tourna la tête une dernière fois.
“Est-ce qu’au moins je t’ai manqué ? Ou alors j’étais juste la fournisseuse de poches et d’alcool ?”
Grenat repartit vraiment cette fois et assez rapidement pour ne pas être rattrapée. Elle avait déjà assez perdu de temps donc il fallait qu’elle se dépêche de trouver une solution pour son gâteau. Arrivée à son appartement, dont la porte n’était pas fermée à clés, elle chercha sur son téléphone un substitut au sucre et ça tombait bien car elle avait du miel en stock. Néanmoins, le coeur y était moins et ses yeux commencèrent à s’humidifier en pensant à ce qu’il venait de se passer.
Bon, visiblement, mon sucre lui plaisait pas. Et je comprenais pas pourquoi ! Du sucre, c’était du sucre, non ? Bon. Faut dire aussi que j’utilisais pas franchement souvent ce genre de trucs. Ou seulement pour… Ouais. Non. J’utilisais rien en fait. Mais elle me vexait avec son ton là ! D’où elle décrédibilisait mon sucre ?
- Hey ! Sois polie avec mon sucre de collection s’te plait. « Râlai-je ». T’en trouveras pas deux comme ça, j’suis sûr ça donnera un petit goût vintage à ton truc…
D’ailleurs… Je retournai la boîte pour observer l’inscription en dessous. Elle s’était trompée. Voilà ! Evidemment !
- Puis il date de 81. Pas de 70.
Franchement, se tromper de décennie. Quelle idée. Pour les avoir vécue, c’était pas du tout la même chose, bien au contraire ! Entre la coupe mulet et le pantalon patte d’eph, y avait tout un monde et elle s’en rendait même pas compte. Non mais. J’vous jure. Puis voilà qu’en plus, elle semblait même pas apprécier nos retrouvailles. Enfin elle semblait triste alors que je tentais de la dérider un peu. Une tentative qui semblait pas super efficace. A sa dernière question, j’eus pas franchement le temps de répondre, elle se décida à partir. Et sans le sucre de collection qu’elle m’avait demandé. Franchement. Silencieux le temps de quelques minutes, je levai les yeux au ciel. Putain ce qu’il fallait pas faire pour certaines personnes. Bon. Je savais que j’étais pas franchement du genre à être sentimental. Bien au contraire. Je fuyais les sentiments comme la peste. Pas que j’aimais pas ça mais…. J’aimais pas ça. J’me trouvais faible et franchement ridicule si j’en faisais état. Le problème avec le petit chiot qui venait de fuir, c’est qu’elle, les sentiments, ça semblait la connaître. Alors forcément, y avait un problème de communication entre nous. Du coup, puisque j’allais certainement pas la changer et la faire devenir comme moi – j’étais un enfoiré, autant qu’elle le soit pas, elle serait moins mignonne – il fallait que je m’adapte. Et même si ça me cassait un peu les couilles…
- Ooook. Soufflai-je à moi-même en m’approchant de ce qui semblait être son appartement.
Coïncidence ou pas, je me posai pas franchement la question alors que je m’appuyai contre la porte.
- … « Je voudrais un bonhomme de neige » Commençai-je à chanter. « Oui s’il te plait un bonhomme de neige »
Bon. Je connaissais pas le reste de la chanson, j’avais regardé ce truc pourri en OPEX et c’était la seule chose dont je me rappelai. Faut dire qu’en pays désertique, la neige manquait aussi pas mal. Un nouvel instant de silence et je soupirai.
- De un. T’as oublié ton sucre.
Stephen ! On avait dit sentimental. Je soufflai contre moi-même en reprenant.
- De deux... J’ai eu quelques soucis ok ? Mais ouais. T’m’as manqué. Sinon je me serais pas fait chier à t’envoyer des lettres au début. Et pour une fournisseuse, si t’avais été que ça… Franchement je t’aurais changé depuis longtemps. T’étais pas la plus douée. Ricanai-je.
Bon. J’avais été « sentimental » pendant trois secondes. Pas mal pour un début. Et au moins, j’avais été sincère. Appuyé contre la porte de tout mon poids, je croisai les bras. J’allais pas bouger de là de toutes façons avant qu’elle ouvre celle-là. Tant pis si ça durait des heures et que j’étais en serviette de bain. J’étais plus à ça près.
Steph pouvait “vendre” son sucre de toutes les manières qu’il souhaitait, ça ne changeait pas grand chose et ça agaçait même la vampire qui en avait vraiment besoin, enfin pas de celui-ci... Elle ne pouvait pas lui en vouloir de faire de l’humour et peut-être que dans un autre contexte, elle aurait trouvé ça drôle puisqu’il l’avait toujours fait rire mais là… On était plus proches du drama que de la comédie. La belle brune était donc retournée dans son appartement et plutôt que de se faire son gâteau, elle réfléchissait sur le fait qu’elle ne pouvait pas changer son voisin et de toute façon, elle n’en avait pas envie puisqu’il fallait accepter les gens comme ils étaient. Néanmoins, s’il n’était pas capable de vivre une amitié alors elle n’allait pas lui courir après. C’était à lui de voir, l’ignorer et continuer sa vie ou aller la chercher mais accepter que Grenat puisse parfois réagir d’une manière dont il ne s’attendait pas. Ça restait Stephen, quelqu’un de détaché, presque asocial et il ne fallait pas rêver pour… Bon sang, c’est lui qui chantait derrière la porte ?!
La jeune femme regarda vers l’entrée l’air surpris, elle était partagée entre le fait que c’était adorable ou s’il n’avait pas perdu des neurones au combat. Elle s’approcha donc, pas à pas, le laissant parler mais lorsqu’il mentionna le sucre, elle s’arrêta et leva les yeux au plafond. L’homme continua sur sa lancée et le fait que Grenat ait pu lui manquer toucha directement son coeur et elle ne s’attendait pas à ce qu’il lui dise. Évidemment, il fallait toujours qu’il gâche un beau moment en rajoutant d’autres idioties par-dessus mais il avait fait un effort alors, ça lui suffisait. Il n’empêche qu’il était gonflé, elle achetait du rhum rien que pour lui ! La DJ passa ses doigts sous ses yeux pour sécher ses larmes et s’approcha de la porte pour l’ouvrir sauf qu’elle ignorait que le vampire s’était posé dessus et elle le vit se rétamer dans son appartement, faisant au passage glisser sa serviette. Grenat bugua une seconde puis elle lâcha un “oh mon dieu”, avant de se cacher les yeux. En même temps, elle devait vérifier que son ami allait bien mais elle était trop gênée pour ouvrir les yeux ! Que faire ?! Elle s’approcha, toujours les yeux fermés et prit la serviette entre ses doigts avant de cacher le spaghetto du militaire. Elle vérifia ensuite qu’elle était bien placée et remarqua une cicatrice qui n’était pas là avant, elle le savait puisqu’elle l’avait déjà vu torse nu. Grenat eut l’air surprise une seconde puis son attention fut portée sur le vampire.
"Ça va ? Tu n’as rien ?” Elle se mit ensuite à bougonner alors qu’elle était assise sur le sol. “Tu aurais pu revenir habillé…” Il n'était pas vilain à regarder mais quand même !
Devait-elle lui parler de ce qu’elle avait vu ? Le plus logique était que Stephen avait été blessé et il n’avait peut-être pas envie de revenir là-dessus alors elle préféra se taire. Elle l'aida plutôt à se relever et posa ses mains sur ses hanches, en ayant l'air faussement vexée.
"Le karma t'a puni pour avoir dit que j'étais une fournisseuse pas douée." Elle balaya ensuite l'air de sa main avec un sourire. "Ça va, je te pardonne."
Dans tout ça, y eut une bonne et une mauvaise nouvelle. La bonne… C’était que mon « plan » avait marché. La mauvaise, c’est qu’il avait marché. En quoi était-ce une mauvaise ? Mon dos qui heurta violemment le sol vous le dirait, lui. Et ma serviette aussi. Quoique j’y pensai pas franchement alors que je grimaçai « presque » de douleur en me rasseyant. Grimace qui se termina dans le noir alors qu’une serviette m’était jetée à la tronche. Ma serviette. Que CC m’avait balancé. Evidemment. Le froid qui toucha mon entrejambe me fit comprendre presqu’instantanément le pourquoi du comment. Et putain que c’était pas agréable ce froid sur les couilles. Grimaçant cette fois de désagrément, je rattrapai ma serviette pour la mettre sur mes parties, soufflant alors qu’elle s’assurait visiblement que la serviette était bien placée.
- Apprend à viser. Grommelai-je alors qu’elle me demandait si ça allait.
Arquant un sourcil, je ne pus m’empêcher d’esquisser un sourire narquois alors qu’elle me faisait remarquer ma « petite » tenue.
- Quoi ? T’aimes pas ce que tu vois ? Ricanai-je en baissant mon regard vers mon entrejambe.
Merde. Presqu’instantanément, je relevai ma serviette jusqu’au bas de mon ventre, observant que la nouvelle cicatrice des plus « ravissante » qui ornait mon ventre était visible. Une preuve claire de ma faiblesse. Une preuve que je refusais de montrer. Un putain d’instant. Un seul putain d’instant j’avais été déconcentré. Et voilà ce qui était arrivé. Ca m’avait certes pas continué à combattre. Enfin je crois. J’avais plus trop de souvenirs de ce moment. Bref. Une chance que mon opération se soit terminée juste après ce très léger incident. Au moins. Aucun de mes hommes avaient été tués. Et c’était bien ça le plus important.
Mais voilà qu’elle reprenait parole alors qu’elle m’aider à me relever. Une aide qu’elle me renvoya presqu’à la tête. Voilà qu’elle était presque vexée de ce que j’avais dit. Au moins, ça avait eu le mérite de la calmer alors qu’elle se remettait à sourire. Elle me pardonnait ?
- J’en demandais pas tant.
Ta gueule. Juste. Stephen. Ta gueule. Voilà ce que je me disais intérieurement. Je m’enfonçais. Purement et simplement. Et le pire c’est que je m’en rendais compte. Mais c’était plus fort que moi. Beaucoup plus fort que moi. Alors… Je soufflai. Contre moi-même quoi que cela puisse être mal pris.
- Tu veux toujours pas mon sucre de collection ?
L’observant, je secouai la tête. J’étais décidément très con quand je m’y mettais… Quoique… C’était certainement pas une nouvelle en fait. En attendant…
- J’reviens. T’as pas intérêt à fermer cette porte ou j’la défonce.
Sans attendre, je fis demi tour pour revenir deux minutes plus tard, habillé d’un jean et d’une chemise noire à moitié ouverte. M’installant dans l’encadrement de la porte de l’appartement de la vampire, j’arquai un sourcil en croisant les bras.
- Si j’vais te chercher du sucre nul des années 2035, tu m’offres un verre ? Ricanai-je. Ou alors tu m’en offres un direct, ça marche aussi. Sinon… J’haussai les épaules nonchalamment. Sinon j’peux t’offrir une poche de sang. Si t’as envie. Ca remboursera la dernière poche que j’t’ai piqué. Ou toutes les poches histoire que ça soit plus simple. T’en dis quoi ?
Apparemment la serviette que Grenat avait tenté de remettre en place n’avait pas touché la bonne cible et elle l’ignorait puisqu’elle avait gardé les yeux fermés. Elle haussa un sourcil à sa remarque et finit par sourire de la situation. C’était drôle, il fallait l’avouer et elle était maintenant assez de bonne humeur pour supporter ses blagues.
“Mais si, bien sûr, j’aimerais tellement que tu traînes nu dans mon appartement.” Dit-elle avec ironie avant de balayer l’air de sa main avec un sourire franc.
Il fallait avouer qu’il était bien… Constitué mais la belle Grenat était trop prude pour imaginer quoique ce soit. Pour l’heure, elle était occupée à jouer la fille faussement vexée alors que le vampire la cherchait encore. C’était bien lui ça mais bon… Il lui avait prouvé qu’il pouvait être autre chose qu’un con donc elle se contenta de lever les yeux au plafond avant de secouer la tête. C’est alors que Stephen quitta l’appartement et la porte resta ouverte comme il l’avait demandé, enfin ordonné même. Pendant ce temps, une vieille dame toqua à la porte et Grenat tourna la tête en sa direction avant de la rejoindre.
“Vous n’avez pas honte mademoiselle ? Laisser cet homme déambuler chez vous dans cette tenue... Vous pourriez être discrets !”
La vampire bugua une seconde en se demandant si la voisine n’était pas en train de croire qu’ils étaient amants. Elle eut l’air ensuite gênée et secoua rapidement ses mains qui étaient relevées.
“Ce n’est pas ce que vous croyez ! Il voulait me donner du sucre et…” Pourquoi avait-elle l’impression d’avoir déjà vécu cette scène ? Elle secoua la tête et reprit. “Enfin... Je suis désolée madame…”
La vieille dame la regarda de haut en bas avec dédain avant de repartir d’où elle venait et Grenat passa sa main sur son visage en soupirant. Stephen revint à ce moment là sans se rendre compte de quoique ce soit et il était habillé cette fois, bien habillé d’ailleurs… Elle n’en avait pas l’habitude. Ce n’était pas le plus surprenant, voilà qu’il lui proposa un deal. Stephen, faire quelque chose en échange d’une autre chose ? Il s’était fait mal en tombant, ou quoi ? D’habitude, il se serait simplement servi. Il faut croire qu’il craignait que son amie le boude une nouvelle fois… Le pauvre, elle y avait peut-être été un peu fort. Le fait qu’il tente de se racheter en offrant une poche de sang était tout aussi mignon même si ça ne remplaçait pas toutes celles qu’il avait bu mais… Pour une fois qu’il proposait, elle n’allait pas faire la fine bouche. Non, c’était gentil de sa part et elle lui adressa un sourire tendre. Il fallait plutôt l’encourager puisque ce n’était pas dans ses habitudes d’offrir quelque chose par simple gentillesse et elle se contentait du peu qu’il pouvait lui donner.
“Je te propose encore mieux, ne bouge pas.”
La brune partit dans sa chambre pour troquer ses vêtements contre une robe et elle passa un coup de brosse dans ses cheveux. Elle revint vers son comparse et pencha la tête sur le côté avec un air mignon.
"Je t'emmène boire un verre."
Elle n'avait pas vu Stephen depuis longtemps, presque trois ans plus exactement. Trois ans... Il s'en était passé des choses et elle avait envie de passer un moment avec son ami plutôt que de se préoccuper de cette fête du voisin où on allait la regarder de travers maintenant. Le fait qu'il soit en vie était un soulagement et ils avaient plein de choses à se raconter.
- Ah ouais ? Je note que t’en as envie. Ricanai-je avec un sourire narquois. Non parce que c’est clair que la serviette, c’est de trop, j’suis d’accord.
Le fait était que j’étais pas franchement convaincu de pouvoir me trimballer sans serviettes. Je savais pas trop pourquoi mais depuis que j’étais revenu d’OPEX, j’appréciais pas trop les regards ou les questions sur la cicatrice qui ornait désormais mon ventre. D’ailleurs, c’était peut-être la première chose que j’avais voulu faire en rentrant : trouver une nana, mais sa question m’avait rendu plus froid que la pierre et… Je l’avais viré. Et outre le fait que j’avais trouvé réellement aucun putain de plaisir à essayer de coucher avec, tout ça m’avait plus franchement donné envie de recommencer. Enfin. Bon comme j’étais, au moins, j’avais décidé d’aller me changer. Une tenue qui, je devais bien l’avouer, m’était pas franchement habituel. Enfin. Si. Ca l’était devenu. Disons que je me trouvais quand même pas mal classe comme ça plutôt qu’en mode ado attardé. Oh. Bien sûr. Je l’étais encore. Maiiiiis… Quand même. J’étais sexy. C’était sûr.
Et visiblement… Grenat, pardon, le chiot chelou était diablement sexy. Elle était revenue habillée d’une robe des plus… Enfin autant dire qu’elle lui allait particulièrement bien, assez pour que je détourne les yeux de ses courbes avantageuses alors que je passai mon bras autour de son cou, détendu.
- Carrément une invitation à un rencard, raillai-je. Avec plaisir ! Je peux décidément pas refuser cette invitation ma belle.
Un ricanement et je la relâchai pour fermer mon appartement et partir en direction de la voiture que j’avais acheté récemment, pour ne pas dire… La veille. Une grosse et puissante voiture comme je les aimais. Une fois installé à l’intérieur, alors que c’était décidément à l’homme de conduire – pour une raison que j’ignorais mais que j’avais décidé – je fronçai les sourcils pour tourner la tête vers CC.
- Mmh. Le truc. C’est que j’viens d’arriver. On va où ?
Oui alors j’étais bon conducteur, bien sûr. Je pouvais la conduire là où elle voulait sauf que… J’étais pas des masses doué pour planifier, surtout planifier un truc qui était pas prévu. Et dans une ville que je connaissais pas. Et dans un pays que je connaissais pas. Bref. Si elle m’indiquait rien, on allait pas aller bien loin. Mais CC m’indiqua où elle voulait qu’on aille, et GPS aidant, je l’y conduisis sans difficulté, enfin presque. Un bruit de sirène attira mon attention alors que l’on me faisait signe de m’arrêter.
- Et merde. Grondai-je alors que je me stationnais sur le bas-côté de la rue.
Un sourire au petit chiot à mes côtés et un policier arriva devant la fenêtre que je baissais.
- Monsieur. Vous rouliez bien au-dessus de la vitesse autorisée. Papiers du véhicule s’il vous plait.
Ah ouais. Les papiers. Mmh. Où je les avais mis ? Ah oui. Non pas là… Pas là… Doucement, je me mis à chercher, sans trop me presser, les papiers de la voiture. Papiers que je devais avoir quelque part bien sûr, mais où… Il me fallut près de cinq minutes alors que le policier s’impatientait, pour le retrouver (bon, avouons que j’avais fait exprès de chercher encore plus longtemps dès qu’il râlait un coup)
- Votre vitesse dépassait les 15 miles à l’heure. - Ah ouais ? J’aurais cru plus… Dis-je plus à moi-même qu’au policier. - … Descendez Monsieur.
Arquant un sourcil, je m’étirai rapidement, perdant encore plus de temps, pour enfin descendre suivre le policier qui visiblement voulait me faire souffler. Une chance. J’avais rien bu ni fumé. J’étais clean ! Et cela se vit sur sa machine. D’ailleurs, j’aurais presque cru qu’il était déçu. Pauvre choupinou.
- C’est bon, je peux remonter ? Soufflai-je. - Ça vous fera $145.
145 ? Pour un simple excès de vitesse ? C’était quoi ce pays de fou là ? J’allais d’ailleurs le faire remarquer quand je jetai un coup d’œil à ma passagère…
- Pas de quoi payé ici. Grondai-je en me retenant fortement de dire quoique ce soit.
L’homme me tendit un papier et je me retenais à nouveau de faire la moindre remarque, remontant dans la voiture près de CC.
- T’as vu. J’ai tenu ma langue ! Dis-je alors fièrement en redémarrant la voiture. Ca s’appelle une avancée spectaculaire !
Un ricanement et je repris ma route direction l’établissement indiqué par Miss Chiot Chelou.
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