Depuis combien de temps n’avais-tu eu la possibilité de te rendre au manoir des bois ? Hm... Une bonne semaine malheureusement... Les shootings s’étant succédé et les quelques tournages également... Tu n’eus pas vraiment beaucoup de répit. Mais en ce samedi, tu t’étais octroyé du temps pour enfin te rendre dans cet endroit qui respirait la plénitude et le calme. Même si tu aimais ton métier et que tu prenais toujours beaucoup de plaisir, un peu de temps pour profiter de la paix et d’un soupçon de réconfort naturel te faisait le plus grand bien. Il fallait savoir doser et actuellement, tu n’étais pas encore une grande adepte des journées de travail trop ardues. En somme, tu ne l’as jamais vraiment été... Peut-être qu’un jour, tu finiras par y trouver ton rythme, mais cette vie te convenait.
Enfourchant ta moto après avoir quitté ton dernier shooting photo de la journée, tu conduisais jusqu’au manoir. Une fois arrivée, tu garais ton bolide et ôtais ton casque que tu rangeais tranquillement. Contrairement à tes tenues plus “classes” que tu portais dans les magasins et autres films où tu avais pu figurer, tu étais vêtue d’un joli petit short, de bottines, un débardeur simple et ton sweat beige que tu trouvais très confortable. Tout ceci semblait des plus banales, mais chaque vêtement avait été offert par la marque dont tu étais l’égérie. Tu avais su trouver les perles rares pour respecter à la fois ton style et la marque.
Un soupir s’échappait de tes lippes alors que tu te dirigeais vers l’intérieur, une odeur familièrement agréable te vint aux narines. Un petit sourire malicieux s’étirait sur tes lèvres avant que tu ne te rendes rapidement jusqu’à la pièce pour se trouvait Ashley. La pauvre n’eut guère le temps de terminer de casser son morceau de sucre que tu vins à lui sauter sur le dos en gloussant légèrement.
« Yeah ! Comment tu vas toi ? Tu as perdu du poids. Ça fait longtemps que ne s’est pas revues ! »
Une approche assez “agressante” mais la jeune lycane savait bien qu’il n’y avait aucune méchanceté ou malice dans ta façon de te comporter avec elle, bien au contraire. Tu estimais avoir une très grande complicité avec elle d’ailleurs. Malgré les apparences, vous aviez beaucoup de points communs. Et tu t’amusais souvent à la taquiner un peu à ce sujet.
« Ne dis rien. Je sais que tu vas dire que je ne peux m’en prendre qu’à moi-même... Mais je te jure que si ça ne tenait qu’à moi, je viendrais tous les jours ! Mais... Mon emploi du temps s’alourdit de jour en jour... Heureusement que tu es là ! J’ai ma petite bouffée d’air frais grâce à toi ! »
Pouffant doucement, tu regardais finalement le plan de travail et... une idée te vint. Tu venais à délaisser la pauvre louve qui venait de se faire étreindre sans donner son consentement au préalable et tu commençais à faire chauffer de l’eau chaude.
« Allez, on se prend un thé ? On a beaucoup de choses à se raconter non ? »
Avais-tu vraiment beaucoup de choses à dire ? Pas le moins du monde ! Mais Ashley avait sûrement des petits potins à te raconter. Surtout que tu avais cru comprendre qu’il s’était passé quelque chose pendant la kermesse... Autant essayer de glaner quelques informations, mais toujours avec une certaine délicatesse, la gêner ne te mènerait à rien.
Je trouve toujours le manoir un peu "étrange" depuis que Lisandro a quitté sa place d'Alpha. Il nous a bien expliqué pourquoi, avec les jumeaux, il n'a plus autant de temps à nous consacrer, et ce n'est pas tellement étonnant. Mais l'atmosphère semble différente, comme si on était dans l'attente des décisions que prendra Victor. Je le connais beaucoup moins bien, il est plus discret et je ne vais pas facilement vers les figures d'autorité, mais je lui fais confiance pour l'avenir de la meute. Mais en attendant, l'ambiance change, et j'essaie de m'y adapter.
Au moins, le thé est toujours abondant, et je suis installée dans un petit salon secondaire avec une théière pleine de thé vert au jasmin, un pot de sucre et un livre. Je ne prévois rien de plus extraordinaire que de me détendre, mais ça me convient.
J'ai passé une partie de la journée sous forme de louve, à courir dans les bois. J'ai l'impression que, plus que méditer, me dépenser m'aide. Si je passe assez de temps à me défouler, à chasser - sans mise à mort - et à être une louve, on dirait que je peux plus facilement me contrôler le reste du temps. En tout cas, je me sens beaucoup moins soupe au lait, et je n'ai plus aussi peur de me transformer sans le vouloir.
Mais quand je rentre, je préfère rester un petit moment au manoir, pour redevenir "moi-même", ou au moins entièrement humaine. Boire un thé, lire, évacuer l'adrénaline et l'excitation de la chasse. Ce n'est pas quelque chose que j'ai envie de ramener chez moi.
Le salon où je suis installée possède une grande fenêtre qui donne sur les bois, et je fais face aux arbres, tandis que le soleil caresse mes chevilles qui dépassent d'une longue jupe bleue. Je n'ai pas encore remis mes chaussures, mais ici, ça ne choque personne que je sois pieds nus.
J'ai à peine le temps d'entendre la porte s'ouvrir dans mon dos que je sens une masse s'écraser sur mon dos, me coupant le souffle. Heureusement, je reconnais la voix et me mets à rire.
- Salut !
J'ai un regard inquiet vers ma tasse, posée une demi-seconde plus tôt, mais elle est en sécurité sur la table, même si le sucre que je tenais à projeté des éclaboussures un peu partout. Je laisse Gabriel faire la conversation toute seule, comme souvent lorsqu'elle est excitée, et ça m'amuse. En réalité, jamais je ne lui reprocherai de passer trop de temps à son travail, et elle le sait bien. C'est ce qui rend son bavardage si amusant.
J'ai à peine le temps d'étreindre ses bras contre mon torse, seule partie d'elle atteignable, qu'elle se détache de moi pour se faire chauffer de l'eau, me permettant de lui faire face. J'éloigne discrètement mon roman des gouttelettes qui scintillent sur le plan de bois, que j'essuie d'un mouvement rapide pendant qu'elle est occupée avec la bouilloire.
- J'ai du thé au jasmin de prêt, si tu veux.
Je m'installe de manière à lui faire une place à côté de moi, face au soleil. Je ne doute pas qu'elle ait beaucoup de choses à me raconter, et j'en ai quelques unes aussi. J'attends qu'elle s'installe pour lui demander de ses nouvelles.
- Tu as bonne mine ! Comment ça se passe au travail pour toi ?
La passation de Victor en tant qu’Alpha ne t’avait pas plus choqué que cela. Tu faisais partie des Pawnees depuis si longtemps que les divers changements de chef ne te faisaient plus vraiment grand-chose. Tu avais été informé et tu avais acquiescé. De toute évidence, ton avis sur la question n’était pas forcément utile. Si tout ceci était fait dans le bien et dans le respect de la communauté... À quoi bon se prendre la tête ? Cela faisait si longtemps que les pawnees prônaient la paix, un conflit interne pour une question d’autorité... Tu doutais que cela puisse arriver un jour. Tout le monde au sein de la meute était assez compréhensif. Et de ce que tu avais compris, l’ancien Alpha avait fait ce choix pour le bien de ses enfants. Donc... Il n’y avait aucune raison valable de déblatérer sur le sujet. C’était ainsi et tu étais même rassurée de voir que le nouvel Alpha était possible une personne plus âgée que toi. Non pas que recevoir des directives d’un plus jeune te frustrait, mais... Victor avait ce côté très droit qui rendait le tout particulièrement rassurant.
M’enfin, la “politique interne” de la meute était le cadet de tes soucis. Là, ce qui t’intéressait vraiment... C’était d’apprendre un peu plus de choses sur les relations amoureuses de ton amie. Tu la connaissais, tu savais que tu allais sûrement devoir la travailler un peu au corps avant d’avoir quelques informations croustillantes. Tu allais donc y aller progressivement, comme tu savais le faire. Alors que tu t’apprêtais à chauffer de l’eau après t’être extirpée de son dos, elle te fit savoir qu’elle avait déjà pris la peine de préparer du thé au jasmin. Pas ton préféré, mais pourquoi pas, cela allait détendre tes muscles après cette virée à moto. Tu acquiesçais en prenant ta tasse pour commencer à t’en servir.
« Ah, parfait. Ça m’évitera de te faire trop attendre pour qu’on puisse s’installer ! »
Gloussant doucement tandis que tu laissais la boisson chaude rejoindre ta tasse, tu optais pour une cuillère de miel pour accompagner le tout. Tu n’étais pas sucré, mais tu sentais que tu avais la gorge légèrement sèche. Suivant la demoiselle vers un coin plus confortable, elle vint à te questionner sur ton activité professionnelle. Tu buvais une petite gorgée de ton thé avant de lui offrir un petit sourire.
« Merci, la journée a été assez productive et je viens de terminer un contrat avec une nouvelle marque. J’ai dû poser et tourner quelques scènes pour une publicité. Apparemment, la marque Givenchy souhaite aussi que je participe à l’un de leurs défilés en France. Il faut croire que le groupe LVMH m’aime bien. Et toi, ta journée ? »
Attendant sa réponse en demeurant aussi attentive à celle-ci, tu inclinais la tête. La louve était beaucoup plus paisible, tu le ressentais. Peut-être que rejoindre les pawnees était véritablement un bien pour elle. Plus le temps passait et plus elle semblait détendue et sereine. Néanmoins, cela allait être de courte durée puisque tu allais lui poser une question particulièrement indiscrète. Un petit rictus malicieux s’étirait sur tes lippes alors que tu la dévisageais en demandant finalement d’un ton assez calme tout en sirotant ton thé.
« Des bruits courent, tu sais... Tu as l’intention de me raconter ce qu’il s’est passé pendant la kermesse ? Ou je vais devoir te tirer les vers du nez ? »
Pouffant de rire en te doutant que tu entrais dans une zone assez glissante. Tu avais tout de même envie de savoir. Elle était ton amie, il était donc légitime que tu veuilles t’informer sur son relationnel. Pour ta part... C’était le calme plat depuis le décès de ton petit ami. Non pas que tu ne t’intéressais pas à ça, mais... Tu préférais te concentrer sur ta carrière. Ou bien était-ce une excuse pour démontrer que tu n’avais tout simplement pas trouvé la perle rare.
« Je veux des détails, évidemment ! Allez Ash’, dis moi tout... »
Tu ne pouvais détacher ce sourire de ton visage. Bien sûr que la pauvre allait sûrement être gênée ou certainement chercher à te taquiner à ton tour, mais... Tu avais la ferme intention d’en apprendre un peu plus. C’était la moindre des choses après tout...
Comme toujours, Gabriel semblait faire des milliers de choses chaque jour, le genre de choses qui me prendraient sans doute un an à faire. Ce qui explique qu'on se voit beaucoup moins que ce qu'on voudrait. Et puis, je suis assez occupée aussi de mon côté, alors je ne peux pas lui en vouloir de ne pas être très disponible. Et voilà qu'elle va peut-être partir en France !
- Si tu vas en France, tu m'emmènes ?
Je lui lance un regard faussement suppliant, tout en souriant. Je me doute bien qu'elle n'aura pas beaucoup de temps pour jouer les touristes, et il est peu probable que ça concorde avec mon propre emploi du temps. L'examen final pour devenir assistante sociale approche, et je suis plongée dans mon mémoire et dans mes cours. Quand je ne potasse pas mes dossiers personnels. Dès que je serais diplômée, je veux prendre un appartement. Bien sûr, Papa voudrait m'aider, mais il est important pour moi d'être indépendante financièrement. Puisque je constitue petit à petit mon dossier de tutelle. Je veux devenir la tutrice des mes petits frères et sœurs. Au moins pour Quinn et Jude. River est trop âgé, et pour lui, mieux vaudrait l'émancipation. Quand à Charlie... C'est un peu plus délicat, elle espère toujours après son père. Donc la France avec mon amie, c'est un joli rêve, mais je n'y crois pas, et elle le devine probablement à mon sourire taquin.
- Ma vie est beaucoup moins passionnante ! J'ai sorti le nez de ma paperasse et des cours pour venir courir dans les bois un bon moment, histoire de me défouler. Je me contrôle mieux quand j'ai passé du temps agréable en louve, je pense que c'est la clé de mon contrôle. Et là, j'avais prévu du thé et de la détente, donc tu arrives à point !
Même si j'aurai beaucoup apprécié de courir avec Gabriel. La louve comme moi sommes des êtres sociaux, et je sais que ma part sauvage regrette que je ne me laisse pas davantage aller avec les membres de la meute, pour jouer et faire des câlins. Mais je n'ose vraiment pas. Avec mon amie, c'est plus facile de me laisser aller.
Et bien sûr, elle profite de cette détente pour me poser de but en blanc une question indiscrète qui me fait instantanément rougir. Et pourtant, une ombre de tristesse passe dans mon regard. La kermesse, quelques mois plus tôt. Et ce qui en a découlé...
- Warren... Oui, on a plus ou moins officialisé nos sentiments, à la kermesse. On s'est embrassé, un vrai baiser, et en public en plus.
A ce souvenir, je rougis davantage encore.
- Et pendant deux mois, on a été en couple. J'y croyais vraiment, tu sais. Tu me connais, si je me suis engagée, c'est parce que j'étais sincèrement amoureuse. Mais il s'est passé des trucs... Bizarres. Il faisait parti d'un groupe dont il ne voulait pas parler, mais dont il m'assurait que le but était de répandre l'amour dans notre société. Je lui faisais confiance. Sauf qu'il est devenu de plus en plus distant, il y avait un mur entre nous. Puis il a prétexté que ce groupe devait passer avant moi. Il aurait dit ses filles, c'était évident, mais là... Je n'ai pas supportée longtemps d'être en bas de sa liste de priorités. J'ai rompu.
Ça avait été très dur pour moi, car j'étais très amoureuse. Je crois même que je le suis encore. Et je sers les mâchoires en sentant les larmes me monter aux yeux. J'ai déjà trop pleuré pour lui, alors qu'il ne m'accordait pas l'importance que je pense mériter. Je me frotte le visage avec un peu de colère, et essaie de détourner la conversation.
- Et toi alors, côté cœur ? Tu es célèbre, ne crois pas que je n'entends pas les rumeurs !
Un rythme effréné... Voilà ce qu’était ton existence. Mais cela ne t’avait jamais vraiment dérangé. Triste à dire, mais tu avais déjà passé la centaine... Donc il était clair qu’il fallait continuer de dynamiser ton existence dans le cas contraire... La vie serait bien fade et monotone. Malgré tout, tu ne te permettais que très peu de véritables divertissements personnels. Il n’y avait que les jeux vidéo avec ton amie Viper et... de temps en temps, tu voyais l’homme avec qui tu avais une relation particulière. Tu ne savais véritablement s’il s’agissait d’un couple ou une entente commune. Pourtant, les choses avaient été dites et tout semblait clair pour l’un comme pour l’autre. Tu n’avais pas pu t’empêcher de sourire à sa demande suppliante de la ramener en France. Oh, ce n’était pas impossible et tu avais la chance de pouvoir emporter qui tu désirais pour tes astreintes et déplacements au besoin, hormis des enfants... Mais tu n’en possédais pas et tu n’avais pas encore l’intention d’en avoir. Du moins pour le moment...
« Je tenterais de m’arranger en fonction de mes déplacements, si tu désires un voyage tous frais payés à Paris, il faut au moins que tu me dises tes disponibilités. Tu es encore en plein examen si je ne me trompe pas. Avec un peu de chance, le timing sera de ton côté et pour tes vacances, j’aurais un déplacement. »
Malheureusement, tu ne pouvais lui garantir cela. Tu n’étais pas vraiment décisionnaire et tu ne faisais jamais véritablement la diva sur ce sujet. L’on te demandait d’y aller, tu regardais le thème et l’objectif du défilé ou du shooting puis tu décidais si oui ou non, cela te convenait. Ton manager avait souvent tendance à te faire les yeux doux pour certains contrats, il pouvait aussi se montrer beaucoup trop persuasif. Buvant une gorgée de ton thé, tu écoutais attentivement ses paroles. Plutôt ravie, pour elle qu’elle parvienne à davantage se maîtriser, tu acquiesçais d’un petit hochement de tête tandis que tu osais finalement lui poser cette question très personnelle. Tu eus une réponse assez détaillée même si celle-ci te fit avoir une petite moue désolé.
« Mince... Je n’aurais pas cru qu’il serait devenu aussi froid en si peu de temps. Ce n’est pas plus mal que tu ne sois plus avec lui, tu as pris la bonne décision. Il est mieux d’avoir une relation saine, je sais de quoi je parle, ce n’était pas la joie avec mon premier copain. »
Oh que non... Collin avait été un véritable monstre avec toi, un pervers narcissique qui se faisait passer pour l’homme parfait alors qu’il était rabaissant et immonde au quotidien avec toi. Tu t’étais sentie si isolée à l’époque... Finalement, sa mort t’avait permis d’être libérée de ses chaînes. Clignant des yeux à sa petite réflexion et taquinerie, tu venais à lui offrir un léger sourire détendu. Toi, tu n’avais aucun problème à en parler. Donc... tu avais tout de même concrétisé le tout en prenant une photo sur Instagram avec Holland... À ce stade, ce n’était plus de la rumeur, mais un fait avéré. Tu gloussais légèrement avant de hausser les épaules.
« Oui... Tu as dû tomber sur la photo. Mais oui... Ça fait désormais presque deux mois que nous sommes ensemble. C’est arrivé si vite et je n’ai pas vraiment su comment expliquer ça... Je crois qu’on a une certaine alchimie lui et moi. Après adviendra que pourra. Mais ça me change de mon ex-petit ami qui était beaucoup plus fluet et mince... Holland est... Massif. »
De toute évidence, Ashley avait pu voir sur la photo qu’il était torse-nu donc, elle avait pu observer d’elle-même que l’homme avait une musculature assez développée. Tu savais qu’il travaillait dans la construction donc ça ne t’étonnait pas. Mais effectivement... Le contraste était assez violent, une mannequin reconnue mondialement avec un travailleur dans la construction, heureusement tu n’avais pas donné son prénom dans la description.
« Par contre... Le seul bémol, c’est qu’il appartient à l’autre meute de lycans. Heureusement pour moi, on ne parle jamais de nos avis respectifs sur la question ou quand on le fait, c’est toujours dans l’écoute de l’opinion de chacun. Mais... J’ai bon espoir de réussir à lui faire ouvrir les yeux comme quoi ce n’est pas la loi du plus fort qui prône. Tu me trouves naïve de réagir comme ça ? »
Autant lui demander son point de vue. Même si la demoiselle était jeune, elle avait une bonne conscience et puis tu savais que tu pouvais compter sur sa franchise. Après tout... Tu venais quand même de lui dire ouvertement que tu sortais avec un enragé...
Comme je l'espérais, parler des potins de mon amie améliora tout de suite mon moral. J'ai bien sûr vu la photo, mais ce n'est pas du tout la même chose que d'en papoter ensemble ! Et je pouffe lorsqu'elle évoque son côté "massif". C'est sûr que de les voir côte à côte donne un contraste assez impressionnant, j'aurai peur d'être écrasée si un homme aussi musclé devait me prendre dans ses bras. Mais Gabriel est plus courageuse que moi, et elle parait encore plus belle que pendant ses shootings sur cette photo. Il a l'air de la rendre heureuse. Et elle dit qu'ils veulent se laisser porter, ce qui me paraît sage. Difficile parfois de se projeter dans l'avenir. Si tout se passe bien entre eux, je leur souhaite que ça continue longtemps.
Lorsqu'elle évoque le fait qu'il appartienne à "l'autre meute", je fronce un peu les sourcils, parce qu'il me faut quelques secondes pour comprendre de quoi elle veut parler. Mais je réalise enfin ce qu'elle veut dire, avec un haussement de sourcils surpris. Un Enragé ? Je dois admettre que je suis assez peu informée de la politique externe des races, mais je sais que les Enragés sont connus pour être violents et suprémacistes, ce qui ne me donne pas vraiment envie de les fréquenter. Mais je suis la première à reconnaître que je n'ai jamais été en présence de l'un d'entre eux, pour autant que je le sache, donc je serai très mal placée pour juger. Au moins celui-ci semble accepter que mon amie soit une Pawnee.
Lorsqu'elle s'inquiète de sa naïveté à l'idée de le modérer un peu, je hausse les épaules.
- Ne place peut-être pas tout tes espoirs dans le fait de le faire changer d'avis, il est probable qu'il espère la même chose de toi. Même si tu as bien assez de volonté pour qu'il s'y casse les dents. Je pouffe en disant cela. Si quelqu'un s'avise de croire la volonté de Gabriel à l'image de son physique de poupée, il n'a pas fini d'être surpris. - Si vous arrivez à respecter cet aspect de l'autre sans vous disputer, c'est déjà un bon signe pour vous deux. Peut-être que ça ne sera jamais un problème entre vous, peut-être que si ça le devient, vous serez capable de le surmonter ensemble. Et sinon, au moins tu auras essayé. Je suis contente de te voir essayer !
Je suis certes assez mal placée pour dire ça en ce moment, mais c'est quand même sincère. Je bois une gorgée de thé, pour laisser l'émotion de l'instant s'alléger après mes paroles, et je lui adresse ensuite un sourire taquin au-dessus de ma tasse.
- Evidemment, je veux tout savoir de lui maintenant ! Comment tu l'as rencontré, si il est gentil avec toi, tout !
Elle voulait me tirer les vers du nez, c'est à mon tour !
Le froncement de sourcil qui suivit en réaction à tes paroles te fit avoir un petit sourire oscillant entre la gêne et le rire. Après tout, tu étais bien consciente que cela n’allait pas forcément plaire. Qu’est-ce qu’une Pawnee ferait avec un suprémaciste raciste ? Du moins en apparence... A vrai dire, quand tu l’entendais parler... Tu n’avais pas cette impression. Certes, il faisait comprendre que les lycans étaient biologiques supérieurs mais... Il n’avait pas cette condescendance propre à un raciste viscérale. Etais-tu en train de lui trouver des excuses ? Peut-être.... Mais dans un sens, s’il était hargneux, tu ne te serais pas intéressée à lui. Malgré tout, il était assez tard pour avoir des états d’âme. Pour le moment, tout allait très bien et tu n’allais pas t’en plaindre. Pas de disputes, pas de discorde, aucune parole véritablement mal interprétée. Ainsi, tu estimais qu’il n’y avait pas de raisons de te prendre la tête. De plus, les paroles de la louve vinrent aussi à te rassurer. Elle savait se montrer réconfortante et t’arracha un plus grand sourire alors que tu acquiesçais d’un hochement de tête.
« Oh, tu sais... Je pense qu’il a compris que j’étais une femme de caractère. Mais tu as raison, adviendra que pourra. Pour le moment, tout se passe bien. Et puis... il n’y a pas de raisons que ça se gâte véritablement un jour. Notre meute est pacifique, donc... Je doute qu’un conflit éclatera un jour. Et si tenté qu’une discorde arrive entre nos meutes respectives... Je lui ai fait comprendre que je me battrais coûte que coûte. Quitte à finir à terre. »
Les choses furent claires entre lui et toi... Tu savais te battre, tu savais très bien te battre même... Et il le savait, il avait pu le constater pendant les quelques fois où tu t’étais défoulée en salle de sports... Il savait pertinemment que tu faisais partie des plus anciennes de la meute... ainsi, tu serais assurément la cible à abattre avec Victor si un conflit était déclaré... Mais tu préférais ne pas y penser. Ashley fut même particulièrement réactive puisqu’elle vint à te demander un peu plus sur ta rencontre avec lui. Un rire nerveux s’échappant de tes lippes alors que tu hésitais quelques secondes à en parler... Puis tu te disais qu’elle n’était pas une personne qui allait vraiment te juger.
« On s'est rencontrés à la salle de sport. On a discuté puis étant donné qu’on parlait de nos meutes respectives, on est allés dans un lieu où personne pouvait nous entendre vraiment. Je l’ai invité chez moi. Puis... De fil en aiguille... »
Un soupir venait à franchir la barrière de tes lippes puis un autre rire. Ouais... Tu n’étais pas si fière que ça, mais il fallait assumer tes actes non ? Alors, tu vins à relever la tête après une gorgée de thé pour réhydrater ta gorge.
« Je... Je suis pas une fille facile d’ordinaire... Je n’avais eu qu’un seul homme dans ma vie et il est décédé depuis deux ans et demi... Mais... Je sais pas ce qu’il m’a pris... Il y avait une sorte d’alchimie... quelque chose... une grosse attirance... puis... de base, on se taquinait juste et au final... ça a dérapé. »
Bon, tu n’avais aucun regret. Mais cette rencontre n’avait rien de véritablement romantique. C’était purement instinctif voire primitif... Néanmoins, tu reprenais une énième gorgée de thé. Te demandant si ton amie allait te regarder de travers. « C'était peut être une preuve de faiblesse de ma part mais... Sans te mentir, je ne me suis jamais aussi bien sentie de toute ma vie. Il m’a fait oublier mes huit années de relation laborieuse en une nuit.... »
Tu en disais sans doute un peu trop mais tu démontrais clairement ton choc également. Tu n’aurais jamais imaginé que cela te serait tombée dessus ainsi...
« Et il est si attentionné et prévenant... Il a l’air d’une montagne comme ça mais je t’assure, il est juste plein de gentillesse et surtout... Il m’apporte ce que j’ai manqué pendant des années : de la tendresse.»
Je n'avais pas imaginé un affrontement entre nos meutes, vu que la nôtre a une idéologie pacifique. Bien sûr, nous saurions nous défendre si besoin, mais cela paraissait assez peu probable contre les Enragés. Et si cela devait arriver, alors Gabriel serait libre de choisir sa loyauté. Et je n'aimerait pas être à sa place. Mais même si elle devait changer d'avis et se rallier à lui, je ne pourrais pas lui en vouloir. Mais comme elle le dit, et comme je le pense aussi, c'est très improbable. Alors je lui sers la main, simplement, en silence. En geste de soutien et d'amitié.
Elle me raconte ensuite leur rencontre, et je souris comme une gamine. Une discussion qui dérape. Ça ne lui ressemble pas, en effet, mais... Je trouve cela excitant aussi. Surtout parce que ça ressemble davantage à un coup de foudre qu'à un coup d'un soir.
- Après tout, Roméo et Juliette sont tombés amoureux le soir de leur rencontre eux aussi. Et heureusement, vos familles ne vont pas vouloir vous séparer pour vous marier de force.
Je pouffe doucement, pour ôter tout caractère tragique à ma comparaison.
- Et si votre relation dure et fonctionne, c'est que tu n'es pas une fille facile : tu es assez patiente pour attendre un mec qui vaut la peine, et assez intelligente pour le reconnaître tout de suite. Et assez courageuse pour te jeter à l'eau.
Je veux être sûre qu'elle ne se sente pas jugée. Déjà parce que je l'aime beaucoup trop pour ça, et ensuite parce que je suis sincère : je suis admirative. Et peut-être un peu envieuse. Mais plutôt que de laisser ça me ronger, j'en plaisante.
- Je suis jalouse, moi aussi je veux un beau lycan sexy qui me séduise au premier regard !
Je ris à nouveau, car si j'espère un jour connaître un homme qui me corresponde, je suis surtout très heureuse pour elle ! Prenant à nouveau sa main, je plonge dans son regard.
- Sincèrement, ne laisse personne juger qui tu aimes ou comment ça s'est passé. Sois heureuse, profite ! Tu l'as amplement mérité. Tant pis si c'est dès le premier soir, tant pis si c'est un enragé. Tu le dis toi-même : il est tendre et gentil avec toi : c'est tout ce qui compte !
Ce n'est pas habituel de ma part de m'enflammer comme ça, mais hors de question de la laisser se morfondre. Je plonge en revanche le nez dans mon thé refroidi pour atténuer ma verve.
Le comparatif avec la pièce de théâtre dramatique de Shakespeare te fit cligner des yeux avant de glousser légèrement. Hm... Effectivement vu comme ça... Mais bon, tu espérais sincèrement que cela ne se finira pas comme cette histoire d’amour. Si beaucoup de demoiselles avaient trouvé cela fortement romantique, tu trouvais cela un peu excessif. Irais-tu jusqu’à te tuer, car tu ne pouvais être avec celui ou celle que tu aimes ? C’était selon toi, un peu trop fort de café. Néanmoins, tu ne fis aucune remarque sur la question, te contentant de sourire. Malgré tout, la louve vint à te rassurer sur le fait que tu n’avais pas à te sentir coupable et qu’avoir cédé à l’appel de la chair n’était pas une preuve de faiblesse ou d’un manque de moeur. Cela te fit sourire, après tout... Elle était bien plus jeune que toi et à l’époque, être une femme libérée sexuellement, c’était accepter d’avoir des réflexions déplacées et désagréables sur le fait que tu n’avais aucune décence. Le monde avait bien changé et d’autant en bien pour les femmes.
Acquiesçant d’un petit hochement de tête en buvant une autre gorgée de thé, tu fronçais les sourcils avant de rire doucement à cette réflexion sur le fait qu’elle était envieuse. Oh... Elle était encore si jeune et elle avait tout le temps de faire ses expériences.
« Je te souhaite d’en rencontrer un également. Après, je ne te cache pas que ce n'était absolument pas délibéré... Le problème, c’est que cela peut susciter quelques problèmes. Comme tu le sais... Je suis une personnalité publique donc... il est souvent observé en ville. Heureusement pour moi, personne n’a encore pris la peine de le suivre en dehors de la ville, mais... il y a eu déjà des petits déboires. »
Eh oui... Tu avais entendu parler de certaines choses... Beaucoup de personnes essayaient de se montrer mauvaise langue. Cela faisait si longtemps que tu ne t’étais pas affichée avec un homme que les journalistes s’étaient donné à cœur joie de faire leurs torchons habituels pour se montrer désagréable ou bien faire des pronostiques quant à la durabilité de ta relation. Contrairement à Ashley qui elle, était adorable et défendait ta relation avec un tel enthousiasme. C’était plaisant, vraiment. Tu serrais doucement sa main en la regardant donc droit dans les yeux et écoutant ses conseils.
« Tu as raison, je devrais arrêter de me prendre la tête. Puis bon... Pour être sincère avec toi... Même si ça n’aurait été qu’un coup d’un soir... Je peux te garantir que je n’ai aucun regret. »
Petite confidence intime alors que tu gloussais quelque peu. Bien sûr, tu lui épargnais les détails. Tu avais toujours été très pudique sur la question donc tu n’allais absolument pas lui évoquer cette soirée dans les moindres soupçons d’informations... Car ce ne serait pas respectueux pour elle et pour Holland. Terminant finalement ta tasse de thé, tu réfléchissais quelques secondes avant de finalement lui faire une proposition qui pourrait aussi l’aider à se changer les idées.
« Il faut vraiment que tu me donnes tes disponibilités pour une prochaine fois, je t’emmènerais à un gala avec moi et on pourrait peut-être te trouver quelqu’un avec qui passer du bon temps, qu’en penses-tu ? »
Tu n’aimais pas jouer les entremetteuses, loin de là d’ailleurs... Mais tu voyais bien que cela l’atteignait et le fait de la voir dans cet état, ça ne te plaisait pas. Il fallait que tu l’aides à aller de l’avant, surtout après sa relation qui s’était soldé aussi tragiquement.
« Je ne te propose pas d’aller dans un bar ou en boite de nuit pour aller boire des verres, car malgré notre race, je ne tiens pas excessivement bien l’alcool... Je risquerais de faire des bêtises et de me tourner au ridicule... »
Riant rien qu’en y pensant, tu voyais déjà le portrait... Toi complètement bourrée en train d’envoyer un message à la première personne de tes contacts en écrivant quelque chose d’incompréhensible pour finalement appeler et dire n’importe quoi... Clairement, ce n’était pas une bonne idée. Il ne manquerait plus que ce soit ton manager qui vienne te chercher, il ne se gênerait pas pour te taquiner le lendemain venu après que tu te sois remise de ta gueule de bois.
« Si un gala est trop pour toi, on pourrait faire une activité qui te plaît. J’ai vraiment envie de passer du temps avec toi, je trouve que ça fait beaucoup trop longtemps qu’on n'a pas profité ensemble d’un vrai moment entre filles. »
La proposition avait été énoncée, elle n’avait qu’à parler de ce qu’elle voulait faire. Si cela ne la tentait vraiment pas, tu n’allais pas la forcer.
Lorsque Gabriel évoque les problèmes causés par les paparazzi, j'ai une grimace, à la fois de colère à l'encontre de ces gratte-papiers trop paresseux pour faire du vrai journalisme, et de compassion pour le couple. En effet, si son métier permet à mon amie de voyager à travers le monde et de visiter des endroits merveilleux, il lui interdit malheureusement toute vie privée, car tout ce qu'elle fait est scruté par des personnes avides d'en tirer profit, sans aucun respect pour les sentiments de leurs victimes.
- J'espère qu'il arrivera à supporter ça...
Ce serait beaucoup trop affreux que leur histoire pâtisse de ça. Même si je ne pourrais pas reprocher à Holland de faire comprendre vigoureusement sa façon de voir les choses à ces sales types.
Heureusement, Gabriel est plus concentrée sur le bon côté des choses, et je ris avec elle de son allusion à cette fameuse première nuit, qui semble se suffire à elle-même. Elle ne me donne pas de détails, et je n'en demande pas. Ce n'est pas la peine, et même ce serait très gênant. Mais je suis ravie que ça se passe bien aussi à ce niveau-là entre eux.
Ensuite elle me propose de l'accompagner à un gala, pour peut-être trouver un prince charmant moi aussi. L'idée me fait rire.
- Tu n'as pas besoin de m'appâter avec un beau gosse pour que je veuille t'accompagner à ce genre de soirée ! Et tu viendrais avec Holland ? Je suis curieuse de le rencontrer.
Si il compte autant pour mon amie, j'ai envie de le rencontrer, même si il semble intimidant. Quand à sortir en boîte... Je glousse à cette idée.
- Et je n'ai même pas encore ta résistance lycane, alors imagine ce que ça donnerait !
Sans parler de l'exemple donné par maman. Hors de question de tomber aussi bas ! Et puis, je ne suis pas plus qu'elle amatrice de ce genre de sortie. Je trouve la musique bien trop forte, et avec notre ouïe supérieure, ça devient douloureux. Sans parler du mélange de parfums et sueur...
La volonté affichée de Gabriel qu'on passe du temps ensemble me fait chaud au cœur, et je lui serre affectueusement la main. Je n'ai pas tellement d'idée sur le moment, mais je n'en ai pas moins envie de passer du temps avec elle, c'est bien trop rare et précieux.
- Un gala me convient parfaitement ! Et puis tu pourrais venir manger à la maison un de ses jours, je te ferai un bon repas qui fera hurler ta diététicienne !
Je souris en disant ça. J'aime cuisiner, et je cuisine plutôt bien, mais même si mon régime est globalement équilibré, quand je reçois, ce n'est jamais light.