Comment calmer des hormones

Quelle heure était-il déjà ? Tes iris auburn se déposaient en bas à droite de l’un de tes écrans externes. Un soupir s’échappait de tes lippes... Encore une journée satisfaisante... Pas besoin de te rendre sur place, le télétravail avait de véritables avantages en somme. Tu pouvais rester glander dans ton appartement et ne pas être dérangée par des collègues stupides qui pensaient toujours avoir le dernier mot sur les meilleures mesures à appliquer... Quelle bande d’attardés. De toute évidence, tu n’avais jamais l’envie de débattre avec eux. Une perte de temps et d’énergie inutile. A la place, tu avais réussi à négocier avec la responsable des ingénieurs pour télétravailler au moins deux fois par semaine. Une façon assez efficace d’avoir ta tranquillité et d’assurer une productivité sans être enquiquiné par ces abrutis.

Toutefois, en regardant les minutes défilées, tu te souvins que tu avais laissé trainer quelque chose depuis bien trop longtemps... Depuis combien de temps n’avais-tu pas sorti le bout de ton nez dehors ? Un bon quarante-huit heures... Il fallait que tu fasses ta sortie habituelle et que tu prennes l’air. De toute évidence, il commençait déjà à faire nuit. Un soupir s’échappait de tes lippes féminines avant que tu n’enfiles un short, des baskets et un petit sweat à capuches. De toute évidence, tu devais te rendre à un magasin spécialisé qui se trouvait non loin de la cité étudiante. Il suffisait juste de trouver la motivation nécessaire pour t’y rendre, le plus compliqué en somme...
Une fois apprêté et tes baskets enfilées, tu avais hésité une seconde à prendre ta moto pour t’y rendre plus vite. Mais la feignantise prit le dessus. Ce n’était pas si loin de ton domicile, tu allais donc marcher un peu. Craquant délicatement ta nuque, les mains dans tes poches, tu emboitais le pas silencieusement avec un écouteur dans l’oreille pour écouter de la musique. Pendant ta marche, tu n’étais pas spécialement dérangé par le bruit environnant, la nuit restait assez calme dans le quartier de Westwood, hormis quand on s’approchait un peu trop près des immeubles étudiants. Toutefois, une plainte arriva à tes oreilles. Une demoiselle semblait être enquiquinée. Hm... Cela ne te regardait pas. Tu continuais donc ta marche jusqu’à ce que tu entendes un “Arrêtez s’il vous plait.” Un sourcil s’arquait, tes iris quittèrent le sol pour se diriger vers la source du problème. Une pauvre rouquine était en train de se faire aborder par un groupe de deux mecs. Ils avaient l’air d’être humain et ils sentaient la charogne à des kilomètres. Hm... difficile. Allais-tu vraiment t’en mêler ? Tu regardais aux alentours, tout le monde semblait observer la scène du coin de l’oeil sans agir. Ce sentiment chaotique avait quelque chose d’assez satisfaisant mais... tu savais la suite des évènements si personne ne venait en aide à la jeune femme. Lâchant un long soupir, tu retirais les mains de tes poches et tu allais dans leur direction. Tu n’étais pas bien grande... mais... tu savais te défendre.

Posant ta main sur l’épaule d’un des gars, celui-ci vint à se retourner en te dévisageant d’un air intrigué comme s’il était choqué que quelqu’un se décide enfin à intervenir.

« Vous ne voyez pas qu’elle n’est pas tentée ? Laissez la tranquille.»

L’homme donna un petit coup d’épaule pour que tu ôtes ta main de celle-ci. Haussant un peu plus les sourcils, tu pris un air un peu plus agacé et blasé sur le coup. Voilà qu’il t’invitait à te mêler de tes affaires. Un énième soupir s’échappait de tes lippes avant que tu ne donnes un violent coup de genou dans le milieu de la cuisse de celui qui avait osé mal te parler.

« Reste à ta place, l’humain. Quand je te dis d’arrêter, t’arrêtes. Maintenant dégage avant que tu te brises les os un par un. »

Tes iris se teintèrent de ce noir ébène typique des démons... Tu les posais sur celui qui tenait encore la demoiselle. Faisant un geste de tête comme pour l’inciter à dégager. Le deuxième vint à attraper son pote humain pour détaler comme des lapins face à un prédateur, celui que tu avais frappé, allait surement boiter pendant les prochains jours, tu avais touché un nerf. Levant les yeux au ciel, tu clignais des paupières avant de regarder la jeune femme.

« Il ne faut pas sortir la nuit si tu ne sais pas te défendre. Surtout quand tu n’es pas vilaine. »

Un reproche ? Non. Simple logique. La demoiselle restait une belle jeune fille et les charognards couraient les rues. Surtout à Westwood... Les lycans en période de rut pouvaient être particulièrement insistants. Mais en somme...

Comment calmer des hormones

Quelle bande de charognards puants. Les étudiants pouvaient s’avérer particulièrement pitoyables quand il s’y mettait vraiment... Tu ne comprenais véritablement pas le principe d’aborder une fille qui n’avait pas envie d’être enquiquinée. C’était pourtant clair, non ? Le “arrêtez” n’était pas suffisant pour démontrer que la jeune femme n’avait absolument pas envie d’être en compagnie de ces messieurs ? Et puis en somme... Il n’y avait qu’à voir la tête des deux pauvres types... Même complètement saoule, tu n’étais même pas certaine d’accepter un simple baiser de l’un d’eux. Cruel comme jugement ? Tu n’avais rien d’une sainte de toute évidence. Et tu n’avais rien d’une personne gentille non plus... Ce simple sauvetage n’était qu’une pulsion... Ou bien une forme de solidarité féminine.

Alors que tu expliquais gentiment à la demoiselle qu’elle risquait de nouveau de se faire agresser à l’avenir si elle ne faisait pas un peu plus attention, tu inclinais la tête en voyant l’ambre de ses iris. Tes sourcils se froncèrent automatiquement. Et merde... Une lycane. Allait-elle réussir à garder le contrôle sans te sauter à la gorge ? Apparemment, oui, puisqu’elle vint à se redresser et à se calmer un peu au fur et à mesure qu’elle te parlait. “Eviter le plus moche” qu’elle disait... Il était clair que si la jeune femme avait décidé de se transformer... Cela aurait été beaucoup plus compliqué à contenir, tu n’aurais même pas pris la peine de t’en mêler. Il ne fallait pas déconner non plus... Les prédateurs se seraient transformés en proie et c’est la proie qui aurait mis en charpie ces petits cons. Même si cela aurait été mérité, tu ne souhaitais pas ce traitement à qui que ce soit... Aussi, répugnant, pouvaient-ils être.

« Je suppose que je t’ai évité de te faire arrêter par l’Ordre. Ils n'auraient pas été tendres. »

Craquant délicatement ta nuque alors que tu l’observais en train de ramasser ses pauvres écouteurs, tu avais ôté le tien que tu avais rangé dans son boîtier alors qu’elle te demandait comment te remercier. Hm... Apparemment, elle n’avait véritablement pas remarqué tes iris noirs précédemment... Pas plus mal. De toute évidence... Une fois transformée, elle aurait le dessus sur toi.

« On peut aller se boire un truc. Vu ton âge, je doute que tu puisses boire de l’alcool. Un milk-shake, ça te tente ? »

Non pas que tu avais envie de pactiser avec une lycane, mais... ces petits efforts t’avaient donné un creux. Surtout que tu avais oublié de te nourrir aujourd’hui. Donc une bonne dose de sucre ne serait pas détestable. Ainsi, tu lui fis un signe de tête en remettant tes mains dans les poches.

« Ton manque de contrôle prouve que tu es une jeune lycane, j’ai tort ? »

Oui, tu allais dans le vif du sujet sans aucun préliminaire. De toute évidence, ce n’était pas ton truc d’aller dans la douceur. De toute façon... Ta question était justifiée. Si la demoiselle était incapable de se contrôler, elle était un véritable danger pour toute personne qui s’approcherait trop d’elle une fois qu’elle serait contrariée...

Comment calmer des hormones

Papa aurait été mécontent donc ? La demoiselle craignait davantage le courroux de son père plutôt que les coups de pieds de l’Ordre ? Était-ce un homme horrible au point qu’elle soit plus effrayé par son paternel ? Qui sait... Tu ne pouvais le deviner ni le comprendre. Il n’y avait qu’un seul homme qui t’avait “éduqué” et il s’agissait de ton grand-père, autant ne jamais tenter de le perturber ou d’aller à l’encontre de ce qu’il désirait. De ce fait, tu supposais que sa crainte pouvait être légitime. Bien qu’elle te semblait si éloignée.
La louve acceptait cette proposition de te “rembourser” ton aide avec un milk-shake. Elle ne t’avait rien demandé, elle s’en serait sûrement bien sortie en les déchiquetant l’un après l’autre, mais... autant éviter qu’une clébarde se transforme, sinon, c’était toi qui allais détaler comme un lapin. Un différend avec les chiens ? Oh... Un sacré oui... L’on pouvait même dire que c’était l’une de tes peurs bleues. Bien que tu ne l’assumais pas du tout. Les lycans en eux même ne t’effrayaient pas, tant qu’ils ne se transformaient pas. Ceux qui arrivaient à trouver un chien mignon... Tu ne les comprenais absolument pas. Plus loin, tu étais de ces boules de poil et mieux tu te portais.

Marchant donc en la suivant, tes mains dans les poches, tu arquais un sourcil en l’écoutant. Oh donc tu l’avais mal jugé sur son âge ? Elle était donc bien plus vieille que tu ne l’aurais imaginé. Certes, ce n’était que quatre fois moins que toi, mais cela était déjà l’âge légal pour se payer une cuite. Et en effet, elle était parvenue à se contrôler pour ne pas leur sauter à la gorge.

« Évite donc de te transformer quand on sera dans le café, cela risque de poser problème. »

Tu ne donnais pas de détails concernant la raison de cette précaution à prendre. Si elle était logique, elle penserait que cela pourrait tout simplement faire paniquer tout le reste des clients. Sa question, te concernant, te fit doucement glousser. Tu retirais donc ta capuche pour qu’elle puisse voir ton visage puis tu tournais la tête, lui montrant tes beaux yeux noir ébène. L’intégralité de tes globes oculaires l’était... Avec ce petit sourire malicieux et amusé, laissant ton aura démoniaque prendre un peu plus d’ampleur quelques secondes. Tu clignais ensuite des yeux pour retrouver un air naturel et calme, avec ton regard éternellement las.

« Les humains ont tendance à décamper quand ils voient ça. Les démons ont l’avantage d’être plus fort qu’eux et de pouvoir les maudire aussi. J’ai été gentil, je n’ai pas pris la peine de le faire. Mais si je l’avais voulu... Ils auraient passé une très bonne journée.»

Un gloussement s’échappait de tes lippes alors que tu voyais le fameux café dont elle avait parlé. La question était si elle allait prendre peur ou non. Après tout... Un démon face à un lycan restait plus fort tant qu’il n’était pas transformé. Mais aurais-tu vraiment pris la peine de l’aider si tu lui avais réellement souhaité du mal ? Pas particulièrement.

« Le contrôle, ça s’apprend. Le fait que tu aies montré tes yeux ambrés prouve que tu en manques encore. Ça viendra avec le temps et la pratique. Trouve juste quelqu’un d’assez suicidaire pour te pousser à bout et essayer de te contenir. Ça ferait l’affaire. »

Une réflexion qui sortit comme ça. Garder son sang-froid... Pour toi, c’était si simple. Pourquoi perdre ton temps à t’énerver ? Cela fatiguait plus qu’autre chose... Aucun intérêt de s’emporter pour si peu.  

Comment calmer des hormones

La réaction de la demoiselle fut assez appréciable. Il semblerait qu’elle ne prenait pas peur à l’idée d’avoir été “sauvé” par une démone. D’ordinaire, tu aurais certainement tracé ta route. Mais tu n’aimais véritablement pas les agressions portées sur la chose. Le consentement était une chose essentielle et elle ne l’avait pas donné. Alors pourquoi insister ? Les charognards ne savaient pas s’arrêter tant qu’on ne leur imposait pas une limite. Donc à défaut d’être déchiqueté comme de la viande avariée, ils ont eu le droit à un petit traumatisme après une petite humiliation publique. Rien de particulièrement grave. Le pire était évité pour la jeune femme qui aurait eu de sacrés problèmes si elle avait succombé à sa colère.
A la place, tu avais eu le droit à un petit sarcasme tandis que tu arrivais devant le café. Arquant un sourcil, tu sentais toute la verve dans sa voix. Cela en disait long sur son état d’esprit. Apparemment, elle n’appréciait pas particulièrement qu’on lui “dicte” sa conduite. Bon, tu allais te contenter de hausser les épaules et ne pas insister sur la question.

Pénétrant à l’intérieur du café, tu allais t’asseoir vers la première table qui t’arrivait au regard en laissant la demoiselle prendre place également, puis tu inclinais la tête en observant du coin de l’oeil la carte avant de lui laisser la carte à son tour sans même lire véritablement ce qui était proposé. Tu avais déjà ton idée de ce que tu voulais

« Pour moi ce sera un milkshake chocolat cerise avec de la chantilly.»

Un choix assez particulier mais il y avait bien un gâteau qui te plaisait particulièrement d’ailleurs et qui avait cette même association de saveur. Alors que la serveuse venait prendre les commandes, elle avait pris pêche-cerise. A un parfum près, tu aurais été coordonné avec elle. Toutefois, les speculoos ne te donnaient pas du tout envie. Tu n’aimais pas la cannelle, tu avais donc demandé un cupcake au chocolat. Tu inclinais la tête avant de glousser à sa demande.

« Non, je ne suis pas du tout étudiante. Pour être honnête avec toi, je pense avoir... Quatre fois ton âge peut être ? Sinon. Tu étudies quoi toi ? »

Autant retourner la question. Plus par curiosité que par politesse. Tu te demandais ce qu’une demoiselle comme elle pouvait étudier à Westwood. Mais surtout...Tu te demandais comment elle avait pu rester aussi tard pour risquer de se faire agresser...
Les consommations arrivèrent assez rapidement malgré tout, tu pus avoir ton milkshake et ton gâteau. Un petit sourire s’étirait sur tes lèvres avant que tu ne dévisages la jeune femme.

« Si tu veux un conseil, si à l’avenir tu dois te balader tard le soir. Prends une bombe au poivre histoire de pouvoir t’enfuir si tu ne veux blesser personne. Tu n’as pas l’air d’être une personne méchante. Mais bien entendu, ce ne sont que des conseils. Tu peux très bien m’envoyer sur les roses comme tu en as eu envie tout à l’heure.»  

Oh oui, tu le prouvais que tu avais bien remarqué son malaise quand tu avais évoqué le contrôle. Après tout... tu restais une personne d’un certain âge et apprendre à comprendre les expressions du visage faisait aussi partie de ton métier...

Comment calmer des hormones

Un gloussement s’échappait de tes lèvres en entendant cette douce remarque concernant la longévité de certaines races... Elle n’était pas loin de la réalité mais heureusement pour elle, tu n’étais pas aussi âgée. Disons le gentiment, tu aurais pu être sa grand-mère... Ainsi, tu te permis de lui dire avec un brin de malice.

« Alors non, je n’ai pas connu la colonisation mais disons que j’ai pu être témoin de l’évolution technologique des Etats-Unis. Je ne suis pas si vieille que ça. »

Une petite taquinerie mais qui était véridique. Tu avais pu observer de près les progrès en matière de technologie, l’arrivée d’internet, de la 3g, des smartphones, etc... Autant le dire, tu étais une personne qui avait tout de même un bon vécu. Même si tu n’étais âgée que de quatre vingt trois ans. Une fois ta commande posée, tu venais à prendre une petite lampée de la chantilly. Cela faisait un moment que tu ne t’étais pas faite une sortie de ce type. Peu sociale, il était difficile pour toi de sortir véritablement. En un sens, le monde t’ennuyait. Les gens étaient de plus en plus agaçants et faire des efforts ne semblait pas faire partie de tes priorités ces derniers temps...
Inclinant délicatement la tête en prenant un petit morceau de ton cupcake, tes sourcils se froncèrent en entendant son explication ainsi que les études qu’elle faisait. Elle t’expliquait la raison de sa colère et de son agacement, à juste titre.

« Je vois. Tu en as tout simplement marre qu’on tente de dicter ta conduite alors que tu essaies déjà de faire des efforts de ton côté. En effet, ça doit pas être simple tous les jours. Mon but n’était pas de faire comme ces autres personnes. Si je t’ai blessé, je m’en excuse. »

Pour le coup, tu te mettais à sa place. Cela faisait longtemps qu’on te demandait souvent de faire des efforts sans que tu ne sois véritablement motivée à le faire. Pourquoi se prendre la tête pour des personnes que tu ne connais pas ? Ainsi, tu souriais faiblement.

« Je vois. Mais tu as plutôt bien géré, en vrai. Tu aurais pu leur sauter à la gorge sans même te poser de questions mais tu ne l’as pas fait. Bien joué à toi. »

Ce n’était pas ironique. Tu avais connu des lycans bien plus violents et plus dangereux qu’elle. Elle vint finalement à te poser des questions sur ce que tu faisais dans la vie, tu prenais une gorgée de ta boisson avant de lui faire un petit sourire amusé.

« Je suis ingénieure système dans une entreprise bancaire. Rien de bien impressionnant. Mais l’assistanat sociale est pas un métier facile, je te souhaite du courage et tu as gagné mon respect. Car personnellement... Je ne me vois pas du tout faire ce métier là. Trop d’implications mentales est demandée. »

Tu ne manquais pas de franchise... faut dire que ta compassion était malgré tout limité. La misère d’autrui te procurait une certaine satisfaction de par ta nature... Donc si tu avais fait un métier pareil... ça aurait été pour empirer des situations plutôt que pour aider véritablement les personnes.

Comment calmer des hormones

A défaut d’être une paresseuse démone, tu étais malgré tout munie de matière grise. Celle-ci était davantage utilisée pour ton travail et aussi pour faire quelques petits méfaits mesquins. Chasse le naturel et il revient au galop ? On pouvait dire cela. De toute évidence, tu n’avais jamais été véritablement sage. Il n’y avait rien de plus amusant que de faire quelques délits sans laisser de traces. Rien que d’imaginer la tête de ces grands manias en voyant leur entreprise couler à cause de panne informatique... Un vrai plaisir.

Mais ce soir, tu avais décidé de te montrer un peu moins machiavélique. Discuter avec une lycane n’était pas dans tes habitudes. Tu n’avais rien contre eux, certes. Mais la transformation en loup pouvait être véritablement désagréable pour toi.  Néanmoins, elle semblait en contrôle. Tu n’allais pas t’en plaindre. Ainsi, tu eus un léger gloussement quand elle vint à te poser la fameuse question que la majeure partie des gens te demandait... Tu haussais les épaules.

« C'est aussi mon travail de vulgariser les termes. En gros, je gère l’infrastructure informatique de l’entreprise. Les données, le réseau, etc... En quelque sorte, si je ne suis pas là pour chapoter le tout, l’entreprise coulerait dans la seconde. »

De la modestie ? Pourquoi en faire preuve ? Tu ne faisais que dire la vérité. Sans une bonne infrastructure informatique, il ne peut y avoir une bonne entreprise. Le profil ne serait pas optimisé et les employés rencontreraient des difficultés pour travailler. M’enfin, tout ceci allait être bien ennuyeux pour la pauvre jeunette qui se trouvait en face de toi.

Voilà qu’elle t’expliquait qu’elle était déjà confiante concernant son futur métier. Tiendra-t-elle le même discours dans une centaine d’années ? Tu en doutes. Mais tu n’allais pas lui faire la remarque. A quoi bon la dégoûter alors qu’elle vient à peine de commencer ?

« Moi c'est Isobel. Mais tu peux m’appeler Iso. Je fais déjà assez grand-mère comme ça avec ce prénom. »

Un gloussement s’échappait de tes lèvres en prononçant ces paroles. Tu avais certes quatre vingt trois ans. Mais tu ne t’estimais pas vieille pour autant. La notion de vieillesse était tellement abstrait pour les êtres humains... Mais elle était lycane, donc peut être qu’elle le savait ? Tu te permis toutefois de demander par pure curiosité.

« Tu es née d’une famille lycane ? Ou tu as été transformée malgré toi ? »

Une question très personnelle mais cela pouvait aussi expliquer la raison de son manque de contrôle. Après tu ne t’y connaissais pas assez en matière de clébard pour te permettre de faire des conclusions hâtives. La seule chose que tu savais... c’était qu’une fois sous forme lycane... Ces bestioles faisaient vigoureusement flipper.

Comment calmer des hormones

De l’admiration ? Tu ne demandais pas tant. Ton travail était l’une des seules choses qui te semblait assez captivante pour te lever le petit matin et occuper tes journées autrement qu’à jouer aux jeux vidéos ou hacker des entreprises pour détourner de l’argent qui ne te revenait même pas... De pauvres innocents qui finissaient en prison sans se rendre compte pourquoi... Vilaine fille. On te le disait souvent. Mais cela ne t’empêchait pas de t’amuser avec tes compétences, surtout quand tu pouvais apporter un peu de désespoir satisfaisant en faisant un peu plus souffrir autrui. Sadisme pur et dur ? Ou simplement un besoin de combler l’ennui ? Certainement la deuxième option.

Tes sourcils se froncèrent toutefois en entendant les paroles de la lycane avant que tu ne clignes des yeux de stupeur. Elle avait choisi de devenir lycane ? Elle s’était condamnée à une vie animale pour une amourette ? Clairement, tu la voyais comme une pauvre imbécile manipulable. Allais-tu lui dire et la juger ouvertement ? L’envie ne te manquait pas. Mais on t’avait souvent dit de tourner sept fois ta langue dans ta bouche avant de dire une méchanceté. Allais-tu remuer le couteau dans la plaie ? A ta manière.

« J'espère juste qu’il en valait vraiment la peine pour que tu te condamnes à cette souffrance. Si c’est pas le cas... Ouai, c’était vraiment stupide de ta part. »

La pauvre, elle venait de te faire une confession qui n’était peut être pas facile à prononcer mais qu’aurait elle préféré ? Une fille qui la plaint en la traitant de pauvre petite chose victime de sa propre connerie ? Ou bien une personne assez honnête pour lui dire qu’elle avait merdé de but en blanc ? La deuxième option te semblait être la plus adéquate une fois de plus.
Un léger soupir s’échappait de tes lèvres alors que tu la dévisageais en buvant une gorgée de ton milkshake au chocolat et à la cerise avant de soupirer doucement.

« Mais bon, tu avais seize ans comme tu l’as dis. On ne réfléchit pas normalement à cet âge là. C'est un peu comme si tu avais fait un tatouage sous le coup de l’alcool. Tu l’auras jusqu’à la fin de ta vie. Mais c’est les expériences de la vie. Au moins, quand on se casse la figure, on sait se relever après. »

Tu avais l’impression de parler comme une grand-mère à cet instant mais tu n’allais pas le démontrer de trop... Ainsi, tu prenais une bouchée de ton cupcake pour combler ton amertume par du sucre. Tu étais restée sympa dans tes paroles... Plus que tu ne l’aurais dû mais bon... c’était qu’une gamine...