Max venait de finir sa longue journée de travail. Travailler longtemps et sans pause lui permettait de ne pas trop pouvoir réfléchir à autre chose que ce qu'il faisait, mais aussi à faire passer le temps, ainsi que conserver un semblant d'utilité.

C'était donc, tout naturellement fatigué qu'il était retourné dans sa chambre, prêt à partir sous la douche pour se laver de la sueur que tout ceci avait emmagasiné sur lui. Mais au moment où il commençait à retirer son t-shirt, il entendit frapper à sa porte.

Cela était étrangement synchronisé avec le fait qu'il avait fini de travailler. Avait-il mal fait quelque chose ? La tonte du jardin avait été trop courte ? Restait-il de la mauvaise herbe entre certains pavés ? Il allait rapidement le savoir soupirant de cela avant d'ouvrir la porte.

C'était tout de même un plaisir que de voir Touka apparaître derrière celle-ci.

" Bonjour Touka. Tu vas bien ? "

Dit-il avant de s'écarter de la porte pour la laisser rentrer, car il n'allait tout de même pas la laisser planter là dans le couloir. Refermant derrière elle, il la voit s'asseoir directement sur son lit en lui disant qu'elle n'avait pas de bonne nouvelle, l'invitant à s'asseoir aussi.

S'exécutant, il fronçait le regard, se demandant la raison de tout ceci et ne s'attendant pas du tout à ce qu'elle allait lui dire. Pour lui, c'était forcément pour discuter de quelque chose qu'il aurait mal fait ou pour lui dire que sa présence en ces lieux n'était plus désirée.

Mais à la place, c'est bien plus de questions qui vinrent à lui. Un raid ? De quoi parlait-elle ? Sa question non posée eut rapidement une réponse lorsqu'elle se mit à parler de Mama, enfin, c'était ainsi que les sœurs Van Helsinki l'appelaient, pour lui, c'était seulement Madame, ou alors la maîtresse de maison. Mais ce n'était pas cela qui commença à briser l'esprit et le cœur de Max.

Le premier coup, fut d'entendre que Dushka avait été arrêté, ce qui le fit écarquiller grand les yeux. Elle avait déjà été arrêtée de ce qu'elle lui avait dit et elle essayait de refaire sa vie loin de la famille, elle essayait d'être bien sans faire de mal à qui que ce soit alors pourquoi venir l'arrêter ?

Mais le coup fatal fut la suite, l'annonce du décès de Zdenka. Sur ses mots, Max se releva d'un coup du lit, la fin de sa phrase n'avait aucune saveur et n'était pas parvenue jusqu'à ses oreilles. Ses mains se posèrent sur ses tempes, les doigts glissant dans ses cheveux en cachant la moitié de son visage sous ses paumes. Il se mit à faire les cent pas en parlant à voix basse et tremblotante.

" Non non non non non."

Son regard, légèrement rougeâtre se tourna vers Touka en rabaissant ses mains la regardant droit dans les yeux, un sourire et un ton de voix nerveux revenant.

" C'est un test, c'est ça ? C'est juste pour me tester, pour jouer avec moi ? "

Il l'espérait grandement à cet instant, plaquant de nouveau ses mains sur sa tête.

" Non c'est une blague, une blague des soeurs, elles n'ont rien."

Il tentait de s'en persuader, mais au fond de lui il le sentait que ce n'était rien de tout cela, seulement la réalité et c'est donc là que la culpabilité se mit à remonter. Parce que tout cela voulait dire une chose, Zdenka était sûrement revenu au manoir et il n'avait donc pas été là pour elle, il n'avait pas été à la hauteur pour être gardé au service de la famille et pouvoir être là à son retour, pouvoir être là pour la protéger, pour l'aider à s'en sortir.

Sur cette pensée, il s'accroupit au sol dans l'angle de sa chambre, les mains toujours sur sa tête en chuchotant.

" J'ai failli, qu'est ce que j'ai fait. C'est de ma faute."

Tandis que les larmes coulaient, cachées par sa chevelure et ses mains avant de s'écraser au sol.

Tuer quelqu'un des héritiers, quelqu'un de l'ordre, aller en prison ou mourir au manoir. Il ne savait quelles options serait arrivé, quelles options il aurait pris sur le moment, mais il savait une chose, il aurait au moins pu tout faire pour sauver Zdenka, tout donner pour cela.

Quelle était son importance dans ce monde ? Cette question, il se l'était posé depuis tout jeune, mais depuis qu'il avait été capturé par les esclavagiste, il se la posait encore plus souvent, quotidiennement meme et ont l'a lui avait de nombreuses fois posé aussi, mais la réponse ne venait pas de sa part, mais des personnes qui l'avait séquestré, des personnes qui l'avait torturé et qui l'avait modelé à ne penser qu'une chose.

Sans elles, il n'était rien, sans servir, il n'était rien et pour lui, il avait failli à cela, alors pourquoi était-il encore là.

Il ne se rendait même pas compte de ce que Touka faisait, de ses gestes pour tenter de l’apaiser, son esprit bien trop braqué sur tout ça, sur tout ce qui, à ses yeux, il avait raté, toutes les erreurs qu'ils se disaient, l'avait conduit à se faire revendre et donc à permettre la mort de Zdenka.

Il entendit Touka qui lui demandait de la regarder et il le fit donc, l'écoutant, comme il le pouvait ou comme ses pensées lui laissait la possibilité. Zdenka était violente oui, mais parce que personne ne la comprenait, personne ne cherchait à voir plus loin à savoir tout ce qu'elle a vécu et tout ce qu'elle vivait. Lui l'avait vu, l'autorité de la Maîtresse de maison, la concurrence entre sœurs, les craintes et les peurs qui n'était pas que pour les esclaves, mais que jamais elle n'aurait dit quoi que ce soit.

Mais la conversation pris un autre tournant, passant sur la deuxième sœur, Dushka. Elle, elle était encore en vie. Il avait toujours tout fait pour essayer de rendre heureuse toute la famille. Il se souvenait de ce qu'elle lui avait dit la dernière fois qu'elle lui avait parlé, mais cela ne marcherait pas.

Car oui, comme Touka lui disait, Max pouvait lui venir en aide, non, il allait lui venir en aide. Il ne pouvait pas rester la à se morfondre alors qu'il pouvait encore faire quelque chose de bien pour les sœurs, se sentir encore utile.

Sa mâchoire se serrait et se desserrer en continue en l'écoutant, son esprit continuant à fuser, à le culpabiliser et à le rabaisser, tandis qu'elle lui demanda s'il voulait rester seul ou s'il voulait qu'elle reste avec lui, finissant par lui avouer qu'elle allait devoir l'enfermer dans sa chambre, pour son bien.

" Je ..... je vais rester seul et l'aider. Je dois l'aider."

Il ne se sentait pas mérité quelconque compassion, quelconque aide supplémentaire, Touka en avait déjà beaucoup fait pour lui et ça, il le savait, alors autant lui laisser la possibilité de s'éloigner de lui. De toute façon, se disait-il, il méritait de rester seul, mais l'ironie d'être enfin libre, mais de se retrouver à tout de même être enfermé lui passa au-dessus de la tête.

Max releva la tête sous la demande de Touka, l'écoutant lui parler. Elle se mit à lui demander un service, lui avouant qu'elle avait un peu faim et donc lui demandant si il souhaitait bien la nourrir.

Son cerveau se mit donc à passer de, penser trop à un sujet pour un autre. Il n'avait pas pris de douche, son dernier repas remontait à midi, et il était dans un état mental vraiment très bas, ce qui pour lui, se disait qu'il allait sûrement avoir très mauvais goût.

Mais il ne pouvait pas lui dire non, elle était gentille, elle l'avait aidé et sauvé, elle avait risqué sa peau pour lui, alors il pouvait bien faire un geste si normal à ses yeux. Il se frotta un instant le visage dans ses mains, autant pour essayer de se remettre un peu les idées en place que pour essuyer les larmes sur son visage, puis il regarda de nouveau Touka.

" Je ... je veux bien mais .... je suis désolé d'avance, vu que j'ai fini mon travail juste au moment où tu es arrivé, je suis tout crasseux. Je vais devoir te faire patienter quelques minutes encore le temps que je prenne une douche. Promis je fais vite."

Elle avait faim et il ne voulait pas la faire attendre, il ne fallait pas faire attendre pour ce genre de chose. Donc il se releva en se recoiffant un peu, puis se mit à fouiller dans une des commodes pour prendre des vêtements et sous-vêtements propres avant de partir dans la salle de bain et de fermer la porte derrière lui. Il se lava alors le plus rapidement et le plus efficacement possible, ayant évité de mouiller ses cheveux, sinon ils auraient mis beaucoup trop de temps à sécher.

Une fois fini, il ressortit de la salle de bain rapidement, venant alors se rasseoir sur le lit près d'elle.

" Je m'excuse si j'ai été long."

Max put la voir se relever d'abord, avant de saisir délicatement son bras pour venir s'y nourrir, les crocs de Touka passèrent sans difficulté la peau de son avant-bras pour venir s'y figer avant de commencer à la sentir se mettre à boire.

Comme d'habitude, il espérait que le goût de son sang restait bon, que son régime alimentaire qu'il avait entrepris le garderait ainsi et qu'elle n'en serait pas dégoûté. Max restait donc assis sur le lit, sans bouger, impassible, habitué comme pour une prise de sang quelconque.

Lorsqu'elle s'arrêta de boire, sentant ses dents se décrocher de sa chair, il vint plaquer sa main rapidement sur son avant-bras pour que les dernières petites gouttes post morsure ne vienne pas tacher soi ses vêtements, soi le lit ou encore le sol, écoutant au passage les mots qu'elle lui adressait.

Il eut un léger sourire en l'écoutant petites et fut ravit d'entendre que cela avait été bon. À cet instant, cela ne le dérangeait pas de finir ainsi, ce n'était pas la chose la plus douloureuse qui lui arrivait, alors en mourir, au moins il savait qu'il aurait été utile à cet instant.

C'est alors que la porte de sa chambre s'ouvrit, laissant apparaître le maître des lieux. En réflexe, Maximilian se releva de son lit en baissant la tête pour le saluer poliment avant de demander assez sèchement à Touka de le suivre. Il espérait ne pas avoir fait de bêtise et voulu ouvrir la bouche pour expliquer la situation et faire en sorte qu'elle ne soit pas puni au vu de son regard sur elle, au grand pire que ça lui retombe sur lui, mais cela, il en était habitué, donc cela ne le gênait pas.

Mais au contraire, Gerald chercha à le rassurer en lui disant que ce ne serait pas le cas. Sur ses mots, les deux vampires repartirent de sa chambre, le laissant seul avant que son repas ne lui soit emmené. Il n'avait pas faim à cause de la fatigue de la journée, mais il se força tout de même, car ce n'était pas bon de sauter un repas. À peine celui-ci finis qu'il partit se coucher, peut-être que le monde des rêves serait plus clément avec lui que le monde réel.