Assise au comptoir de sa cuisine, Emily mangeait un bol de céréale, profitant du soleil qui entrait par les grandes fenêtres de son appartement. Pumpkin s’amusait dans le salon; Emily le sentait très heureux du nouveau jouet qu’elle lui avait acheté, et cela la rendait également heureuse. Son téléphone, posé sur le comptoir, lui envoya une notification. Entre deux bouchées de Shreddies au miel, l’Éveillée regarda l’appareil. Depuis peu, elle s’était inscrite à un site de rencontre. Elle avait rencontré trois personnes jusqu’à maintenant, pour un petit dîner, mais n’avait pas donné suite, et n’était pas intéressé par l’homme amateur de saut en parachute qui s’affichait sur son écran. Parfois, elle se demandait pourquoi elle s’était inscrite à ce stupide site… si ce n’était l’envie de rencontrer des gens, de trouver un peu d’amour à partager. L’Éveillée avait connu une multitude de personnes avec les années et n’avait su récolter que tristesse et déception. Elle se savait en partie responsable de ses échecs amoureux; son dernier copain, elle l’avait mal aimé, ne l’avait pas suffisamment aimé, alors il avait regardé ailleurs. …En réalité, Emily n’entretenait aucun espoir concernant cette application de rencontre.
Elle ferma l’application et envoya un message à sa meilleure amie, lequel message disait «Je serai chez toi à 20hres ce soir. Hâte de te voir! :p» La journée passa vite, entre ménage, série télévisée et préparation à la soirée. Un peu avant vingt heures, Emily se stationna dans la cour de la Villa de Sofia. L’Éveillée était si heureuse que les blessures de son amie guérissent bien. Jour après jour, elle avait veillé sur Sofia, avec dévotion, en bonne amie qu'elle était. Emily toqua à la porte, puis attendit qu’on vienne lui ouvrir. Si nécessaire, elle aida Sofia à enfiler sa robe. …Robe qui donnait à son amie des allures de reine, et d’ailleurs Emily ne manqua pas de compliquer la beauté de son amie.
Puis, à bord du petit véhicule d’Emily, les deux femmes roulèrent en direction de la maison des parents d’Emily, lesquels vivaient dans le riche quartier de Pacific Palisades. C’était une magnifique maison de luxe de style méditerranéen, avec un immense terrain, et entourée d’arbres matures. L’entrée principale pavée était grande et bénéficiait d’une petite fontaine en son centre. Emily stationna sa voiture le long de l’entrée et sortit.
«Et voici l’endroit où j’ai grandi», dit-elle sans émotion, n’ayant jamais particulièrement aimé cette maison. Elle glissa son bras autour de celui de Sofia. Huit marches les amenèrent devant une grande porte avec une magnifique arche.
Sols en marbre, sols en chêne, piscine extérieur chauffée, spa, salle de réception, cave à vin, gymnase, quatre chambres, quatre salles de bain, une salle d'eau, trois salons, un bureau, un grand hall d’entrée… C’était une grande demeure prestigieuse. Ces parents –surtout sa mère- aimaient le luxe, les grandes pièces, les plafonds hauts, les rosaces et autres petits détails architecturaux qui rappelaient l’âge et l’histoire de la maison datant du début des années 1900 et ayant depuis été rénovés avec goût.
Après avoir franchis le seuil de la porte d’entrée, la mère de l’Éveillée vint accueillir les deux jeunes femmes avec un sourire ravi. Elle s’appelait Olivia, mais tout le monde, y compris sa fille, l’appelait Livia. Physiquement, elle ressemblait beaucoup à Emily, avec vingt années de plus et les yeux bruns. Les yeux bleus d’Emily lui venaient de son père.
- Tu es ravissante, complimenta sa mère, d’un ton approbateur et satisfait. Les compliments, il fallait les prendre, car il ne venait pas souvent. Apparemment, sa mère ne trouva rien à redire à son allure générale, car elle ne fit pas d’autres commentaires et porta aussitôt son attention sur Sofia.
- Je crois reconnaître là l’œuvre d’Oscar De La Renta, commenta-t-elle au sujet de la robe de l’enquêtrice. – Vous avez énormément de goût, dit-elle avec le sourire. La robe de Livia était longue, dans les teintes de rose, brillant de mille feux, et elle portait autour du cou un collier valant quelques milliers de dollars; Emily savait que ce n’était pas son bijou le plus cher, peut-être que sa mère avait voulu faire preuve d’une certaine retenue.
Livia replaça doucement une mèche de cheveux d’Emily et lui dit : - Si tu cherches ton père, il tourne autour du bar. Et n’oublie pas d’aller saluer ta tante Hilda. Une personne habillée en serveuse attira l’attention de Livia, laquelle dit alors : - Veuillez m’excusez toutes les deux, on me demande en cuisine. Elle s’éclipsa, ses talons hauts claquant sur le sol, en direction de ladite cuisine.
«Un verre? C’est moi qui t’invite», dit Emily à son amie; l’alcool était bien évidemment gratuit et à volonté. L’Éveillée guida son amie jusqu’à la salle de réception, transformée en salle de bal, passant par un salon, puis un couloir et croisant deux pièces aux portes fermés. La salle de réception mesurait 25piedsx35pieds et était richement décoré d’une fresque, de tableaux de famille et de paysages, d’un bar et d’un splendide luminaire suspendu. Adjacent à la salle, il y avait une terrasse. Une cinquantaine-soixantaine de personnes était rassemblée dans la pièce, en petits groupes de discussion. Des membres de la famille. Des collègues de travail et associés du père d’Emily, ce qui incluait d’ailleurs Benoît, l’ex. d’Emily. Et les voisins immédiats. Que du beau monde. Deux ou trois serveurs se baladaient, armés de plateau, sur lesquels étaient posés de petites bouchées variées.
En se dirigeant vers le bar, Emily salua les gens qu’elle connaissait; les bons voisins qui l’avaient vu grandir, les cousins qui furent admiratif devant la robe de Sofia, et tante Hilda qui l’a pris chaleureusement dans ses bras et manqua de l'étouffer. Emily présenta à plusieurs reprises son amie Sofia et échangea quelques courtes mondanités. Son père n’était pas au bar, mais l’alcool y était, ainsi qu’un barman pour la soirée. «Juste une bière, merci.», lui commanda-t-elle.
J'étais terriblement nerveuse. Depuis hier, même. La soirée approchait à grand pas, j'étais invitée chez les parents d'Emy et c'était la première fois que j'allais les rencontrer. Je me mettais trop la pression, pour être la plus parfaite possible à leurs yeux. Je ne voulais pas ridiculiser mon amie en ayant l'air d'une femme de petite vertu. Je m'en voudrais toute ma vie si, par ma faute, je lui faisais honte. Elle m'avait beaucoup parlé de ses parents. Ils étaient du genre à aimer le chic, surtout sa femme, très orientée vers le luxe. Pour l'occasion, j'avais sélectionné ma meilleure bouteille de Champagne. Un Dom Perignon White Gold Jeroboam. Une édition limitée très rare. Le prix d'une seule bouteille valait celui d'une voiture neuve, avec toutes les options, de très bonne marque. En plus de ma robe et d'une paire d'escarpins Gucci faite sur-mesure. Là aussi, inutile de préciser le prix. Un collier commandé chez un joailler Français, de Paris. Chaumet, pour les connaisseurs. Il était fait d'or blanc et de diamants, une couleur qui se mariait très bien avec l'indigo de ma robe. La aussi... Le prix valait celui d'une "petite voiture de luxe". Enfin, un sac à main à verrou bleu , de la très renommée marque Hermès. En réalité, je n'aimais pas affichait ainsi ma richesse... Je préférais rester humble, simple. Mais là, je devais faire des efforts pour faire bonne impression auprès de la famille d'Emy. Bref, j'avais, rien que sur moi, de quoi me payer une maison de campagne. L'indécence même.
Je passai la journée entière à nettoyer ma robe méticuleusement, pour n'y laissait aucun cheveux, poil, poussière, miette. Rien. Le collier fut confié à un professionnel pour être nettoyer et lustré pour le faire briller de mille feux. Mes escarpins furent cirés par un cordonnier renommé de la région. J'avais aussi pris rendez-vous chez un visagiste pour me faire une coupe de cheveux parfaite pour l'occasion. Du maquillage sous les conseils avisés d'un maquilleur de métier. Bref, je n'avais rien laissé au hasard. Je reçus un message d'Emy, qui me disait «Je serai chez toi à 20hres ce soir. Hâte de te voir! :p». Je souris doucement... Elle n'avait pas idée à quel point moi aussi j'avais hâte.
Et, le soir venu, Emy arriva chez moi pour m'aider à enfiler ma robe. J'eus droit à ses compliments, qui me firent toujours de l'effet. Et, évidemment, je lui rendis, car elle était tout aussi belle. Non, en réalité, elle l'était davantage. Emy était bien plus jolie que moi, bien plus radieuse. Une fois toutes les deux prêtes, nous prîmes la route vers Pacific Palisades, pour arriver là où vivaient les parents d'Emy. Une maison luxueuse, forcément.
«Et voici l’endroit où j’ai grandi» Déclara-t-elle sans grande joie.
Je me contentai de lui sourire et serrai la bouteille de Champagne contre moi. Mon cœur battait plus vite, soudainement. Je suivis mon amie, qui glissa son bras sous le mien, jusqu'à l'intérieur de la maison. Comme je m'y attendais, l'ambiance se voulait très chic, glamour... Une soirée mondaine comme je les connaissais. Je n'étais donc pas dépaysée. Même à l'aise, en réalité. Une dame vint à notre rencontre. Ca devait être Olivia Denver, la maman d'Emy. Tout le monde l'appelait Livia, d'après elle. Hors de question de me permettre une telle familiarité.
"Tu es ravissante" complimenta-t-elle.
C'était la robe que j'avais offerte à Emy, j'étais soulagée de voir qu'elle lui plaisait.
"Je crois reconnaître là l’œuvre d’Oscar De La Renta. Vous avez énormément de goût"
Dans un profond respect, je m'inclinai en avant.
"Bonsoir, Madame Denver. C'est un honneur de vous rencontrer."
Des deux mains et avec une grande délicatesse, je lui tendis la bouteille de Champagne. Reconnaissante, elle l'accepta. J'affichai alors un petit sourire et me redressai. Elle s'approcha ensuite de sa fille pour replacer une mèche de cheveux derrière son oreille.
"Si tu cherches ton père, il tourne autour du bar. Et n’oublie pas d’aller saluer ta tante Hilda."Déclara-t-elle.
Une serveuse arriva à ce moment-là, pour chuchoter doucement quelque chose.
"Veuillez m’excuser toutes les deux, on me demande en cuisine."
Elle tourna les talons pour s'y diriger. Bon... C'était plutôt pas mal jusqu'à présent...
«Un verre? C’est moi qui t’invite» Proposa Emy.
Toujours un peu intimidée, je hochai simplement la tête et la suivis jusqu'à la salle de réception. Encore une fois, l'endroit était richement décoré et transpirait le luxe. Je restai auprès de mon amie, qui rendait visite aux gens qu'elle connaissait, pour les saluer et échanger quelques courtoisies. Elle me présenta à tout ce beau monde, tous remarquant la qualité indéniable de ma tenue. J'étais trop contente de faire ainsi bonne impression. Emy allait être fière de moi et pouvait me présenter sans gêne. J'étais vraiment trop contente ! Lorsqu'elle croisa sa tante Hilda, je restai volontairement en retrait pour les laisser se saluer chaleureusement dans paraître intrusive. Hélas, son père ne se trouvait pas ici, mais Emy s'arrêta tout de même pour boire quelque chose.
«Juste une bière, merci.»
"Un jus de pomme pour ma part, je vous prie."
Pas d'alcool ce soir, je ne voulais pas que les invitées et la famille d'Emy me voient déjà en train de boire une bière au bar. Au loin, je voyais Benoît... Je n'aimais pas franchement le voir ici, mais je n'avais évidemment pas mon mot à dire. Et hors de question de faire la moindre vague, même si j'avais drôlement envie d'aller lui coller mon poing dans la figure. Le barman nous servit, je récupérai mon jus de pomme pour siroter doucement.
"Ca se passe plutôt bien pour le moment non ... ? J'espère que je vais plaire à ta famille..."
J'étais toujours très nerveuse et, indirectement, je cherchais un peu de réconfort auprès d'Emy. J'étais encore légèrement blessée, je boitais un peu et ma main était toujours dans le plâtre. J'espérai ne pas être mal jugée à cause de ça...
Sa mère eut un air un surprise, lorsqu’elle découvrit la bouteille offerte par l’amie de sa fille. Elle connaissait la marque, une marque de grande qualité et très dispendieuse. Pas le genre de cadeau qu’on s’attend à recevoir comme ça. Livia remercia chaleureusement cette femme, laquelle venait assurément d’une classe élevée de la société. Elle garderait la bouteille pour un autre jour; même si elle voulut bien partager avec ses invités de la soirée, personne ici ne goûterait la différence, mieux valait ne pas gaspiller ce champagne à édition limité.
Le barman demanda à Emily la sorte de bière qui l’intéressait. Une blonde, précisa-t-elle donc. Sofia se limita à un verre de jus. Cela n’attira pas davantage l’attention d’Emily; il était vrai que son amie n’était pas une grande buveuse.
"Ca se passe plutôt bien pour le moment non ... ? J'espère que je vais plaire à ta famille..."
«Comment pourrais-tu ne pas leur plaire?», lui répondit-elle sincèrement. «… Et même si tu ne leur plaisais pas? Quelle importance? Hm? Tu es ma meilleure amie quoi qu’il en soit!» Elle sourit à son amie, contente que Sofia soit à ses côtés en cette soirée... Contente d’avoir une amie comme Sofia. Contente que leur amitié perdure. Si un combat illégal lui avait pris son amie… Emily ignorait comment elle aurait pu s’en remettre.
L’Éveillée prit une gorgée de sa bière et laissa son regard se balader «à la recherche de Charlie». Il y avait une petite musique d’ambiance, quelques musiciens jouant au bout de la salle. Le bal n’était toutefois pas encore lancé; sa mère donnerait le signal en temps voulu, ce qui ne devrait pas tarder. Au bout d’un moment et de quelques gorgées de bière, Emily s’exclama : «Ah! Le voilà! Viens, je vais te présenter mon père.» Elle entraîna son amie avec elle et toutes deux s’arrêtèrent devant un homme de haute taille; il avait une légère barbe qui lui allait à merveille, avait les cheveux court et portait un élégant costume de soirée. Dans une main, il tenait un verre de whisky. Son autre main était glissée dans une poche de son pantalon. Il s’appelait Matthew, mais tout le monde l’appelait Matt… sa sœur, parfois, lui donnait du Matty. –Tu es superbe, complimenta son père dans une accolade chaleureuse. L’accolade terminée, Emily présenta son amie : «Je te présente Sofia, ma meilleure amie.» L’homme sourit à Sofia et lui dit : -J’ai beaucoup entendu parler de vous, c’est un plaisir d’enfin vous rencontrez. Il voulut tendre la main pour serrer celle de Sofia, mais il se ravisa en avisant la main dans le plâtre; à ce sujet, il ne fit aucun commentaire. –J’espère que la soirée va vous plaire. …Dans le cas contraire, sachez que c’est Livia qui a tout organisé. Emily sourit amusée de la remarque. Bien sûr que c’était sa mère qui avait tout organisé, et bien sûr personne n’oserait lui faire aucun commentaire négatif, ni constructif.
Soirées mondaines, grands galas, invités prestigieux et autres rendez-vous chics. Tout ça, j'avais l'habitude. Un peu moins depuis la perte de mes parents, mais j'étais habituée au luxe, aux goûts raffinés, de grande classe. Pourtant, j'avais l'impression, ce soir, d'être comme l'une de ces étudiantes, pendant un bal de fin d'année. Alors, avec mon petit verre de jus de pommes entre les mains, je regardai çà et là les personnes présentes. Tous portaient de beaux vêtements couteux, des parures et des montres des plus grands joaillers. Je savais qu'Emy vivait dans une famille riche, mais je n'imaginais pas à ce point là. Au moins, elle n'était pas dépaysée en passant du temps avec moi !
«Comment pourrais-tu ne pas leur plaire?»Répondit-elle avec beaucoup de sincérité.
Pour un tas de raisons... Je savais bien que je ne pouvais pas plaire à tout le monde... Quand bien même j’essayais d'être une bonne personne.
«… Et même si tu ne leur plaisais pas? Quelle importance? Hm? Tu es ma meilleure amie quoi qu’il en soit!» Ajouta-t-elle pour me réconforter.
Je souris doucement, brièvement perdue dans mes pensées. Des pensées qui, l'espace d'un instant, me firent imaginer Emy un peu plus comme une "meilleure amie". L'air ailleurs, je répondis à son sourire. Si je voulais autant plaire à sa famille, c'était peut-être parce que... ? Ca faisait maintenant presque cinq ans que je connaissais Emy... Et si, elle, avait connue quelques histoires, de mon coté c'était le calme plat. Non pas car je ne trouvais personne, des prétendants, j'en avais aussi. Certains depuis ma chaîne Youtube, parfois des clients qui me faisaient des avances... Mais je ne voulais tout simplement pas m'y intéresser. Quelque chose me bloquait. Le fait que je n'arrivais pas à tourner la page, vis à vis de Roy. Peut-être. Peut-être autre chose. Je regardai alors Emy.
«Ah! Le voilà!»S'exclama-t-elle soudainement.
De quoi me faire sortir de mes pensées, je tournai la tête dans la direction qu'elle regardait. C'était probablement son père, comme elle le cherchait tout à l'heure.
«Viens, je vais te présenter mon père.»
Elle m'entraîna aussitôt avec elle, très énergique. Je fis attention à ne pas renverser mon verre en la suivant, jusqu'à arriver face à un homme très beau, chic et classe. Il tenait un verre dans sa main alors que l'autre était dans la poche de son pantalon. Il s'appelait Matthew.
"Tu es superbe"
Il prit sa fille dans ses bras pour un petit câlin, puis ils se tournèrent vers moi.
«Je te présente Sofia, ma meilleure amie.»
Je m'inclinai à nouveau avec un profond respect.
"J’ai beaucoup entendu parler de vous, c’est un plaisir d’enfin vous rencontrez."
"C'est un immense honneur de vous rencontrer, Monsieur Denver."
Ce fut seulement une fois les présentations terminées que je me redressai. Il affichait un doux sourire, je voyais en lui un homme bon, bienveillant.
"J’espère que la soirée va vous plaire. …Dans le cas contraire, sachez que c’est Livia qui a tout organisé"Déclara-t-il, sur le ton de la blague.
J'eus un léger rire, amusée. Cette simple remarque me fit comprendre qu'il y avait une certaine complicité dans cette famille. Même si, de son coté, Emy préférait se tenir éloigné du luxe, elle n'en aimait pas moins ses parents. Dans le cas contraire, mon amie pourrait compter sur moi pour la gronder sévèrement. Je n'avais plus mes parents, je n'avais plus l'occasion de leur témoigner mon amour. Je savais combien c'était important, la famille.
"Madame Denver semble très douée pour organiser des soirées. Sachez que je passe un très bon moment parmi vous."Déclarai-je, douce.
Je souris et m'inclinai une nouvelle fois. Le père d'Emy fut demandé ailleurs, il s'excusa et s'en alla, me laissant de nouveau seule avec sa fille. Je la regardai et souris, toute contente.
"Alors comme ça il a souvent entendu parler de moi, hein ?Lançai-je, taquine.En tout cas, c'est un très bel homme. Et ta mère est vraiment ravissante. Je comprends mieux pourquoi tu es si jolie."
Je sentis mes joues se teindre doucement en rouge, alors que je plongeais mon regard dans le sien. Un sourire étira mes lèvres, je m'approchai d'elle pour lui prendre, avec délicatesse, sa main dans la mienne. J'étais si heureuse d'être là, avec elle. Heureuse, honorée et touchée de savoir que, finalement, Emy avait voulu me faire rencontrer sa famille... Comme si, finalement, je faisais réellement partie de sa vie.
Matthew sourit aux paroles de l’amie de sa fille avant d’être appelé ailleurs. Il s’excusa et s’en alla. "Alors comme ça il a souvent entendu parler de moi, hein ?«Je… En fait… C’est que…», balbutia Emily, les joues rouges. Souvent c’était… un peu exagéré. Oui, voilà… exagéré. Disons de temps à autre. Juste comme ça. …Puis c’était normal. Sofia était sa meilleure amie. Alors oui, peut-être… peut-être qu’Emily avait mentionné son nom à quelques… plusieurs reprises. "En tout cas, c'est un très bel homme. Et ta mère est vraiment ravissante. Je comprends mieux pourquoi tu es si jolie." Cette remarque, le regard de Sofia qu’elle sentait appuyé, son joli sourire… Emily en perdit la voix. «Mer-Merci», réussit-elle à prononcer, surprise et touchée. Sofia la trouvait jolie. Même, lors de l’essayage de la robe qu’Emily portait, Sofia avait utilisé les mots «incroyablement belle». De très beaux compliments, venant de la sublime enquêtrice. Denver sentit une bouffée de chaleur l’envahir. Elle détourna le regard et aperçut une peinture de famille non loin. «Oh, tiens.» Oh, tiens, oui, voilà une belle esquive qui se présentait à Emily, avant de se faire de fausses idées. Sa main dans celle de son amie, Emily amena cette dernière devant le tableau. «Mes grands-parents et… Mon dieu, j’avais quel âge là-dessus? 6 ans? …Ils vivent en Floride», précisa Emily à propos de ses grands-parents. D’ailleurs, voilà de nombreuses années qu’elle ne les avait pas vus. Ils devaient avoir pris quelques rides, depuis cette peinture réalisée par un peintre de renom. Emily bu quelques gorgées de sa bière en contemplant cette peinture. Ses grands-parents paternels et elle, sous l’un des grands arbres derrière la maison, une journée ensoleillée. Elle n’avait pas pris le temps, ni la peine, de regarder les tableaux présents dans cette salle depuis bien longtemps.
Puis, Emily entraîna Sofia avec elle le long du mur. Elles passèrent devant un décor champêtre puis atteignirent un autre tableau de famille. Non, Emily n’avait pas l’intention de faire faire le tour des tableaux à Sofia. «Mes arrières-arrières… eeh… arrières grands-parents», dit simplement l’Éveillée. Elle termina son verre de bière puis posa les yeux sur le verre de Sofia. «Tu veux pas boire quelque chose de plus intéressant qu’un jus de pomme?»
Comme souvent -toujours- Emy vira au rouge et balbutia une explication à peine compréhensible. Avais-je déjà dit qu'elle me faisait littéralement craquer quand elle était ainsi ? Oui. Est-ce que je m'en lassais ? Non. Emy était certainement la personne la plus adorable et attachante que j'avais rencontrée dans ma vie. Alors, sous le charme et amusée, je souris lorsqu'elle essaya de se justifier. Avec moi, elle devait prendre l'habitude. Je n'étais pas avare de compliments, j'adorais complimenter, mettre en avant les qualités des autres, souligner le positif. Emy avait juste bien trop de qualités !
«Oh, tiens.»Fit-elle.
Oh, tiens ? Toujours ma main dans la sienne, mon amie m'emmena dans un couloir qui contenait quelques grandes peintures. La qualité de ces dernières, les détails, leur taille, tout était impressionnant.
«Mes grands-parents et… Mon dieu, j’avais quel âge là-dessus? 6 ans? …Ils vivent en Floride»Expliqua-t-elle.
Je l'écoutai, attentive et flattée, car elle prenait son temps pour me présenter sa famille, même si c'était à travers une peinture. La cuisinière but quelques gorgées de bière, je suivis son exemple avec mon jus de pomme, qui était presque terminé à présent. Elle m'entraîna ensuite le long d'un mur, joliment décoré, très fleuris. Il y avait une autre peinture à cet endroit, toujours aussi bien réalisée.
"Eeeeh" ... Elle était beaucoup trop mignonne, quand elle faisait ça ! Elle termina sa bière et regarda mon verre presque vide.
"«Tu veux pas boire quelque chose de plus intéressant qu’un jus de pomme?»"Proposa-t-elle.
Je regardai le liquide qui bougeait doucement dans le verre, songeuse. Je le terminai et regardai ensuite Emy.
"Je... Je ne voudrais pas que ta famille pense que je suis une personne qui boit..."Avouai-je, un peu honteuse.
Et en plus, je n'étais pas une amatrice d'alcool. Je m'autorisais un verre -voire plus- uniquement en présence d'Emy, car j'avais confiance en elle. Et puis, deux amies qui buvaient un verre ensemble, c'était quelque chose de normal. De là où nous étions, nous entendîmes Olivia Denver annoncer le début du bal. Je ne voulais absolument pas rater cela ! Energique, j'entraînai Emy avec moi pour retourner dans la salle principale. C'était la mère et le père qui ouvraient le bal. Le couple était féérique, ils étaient très beaux, si gracieux. Ils dégageaient beaucoup de classe, s'en était presque hypnotisant. Après avoir dansés ensemble quelques minutes, les invités purent à leur tour entrer sur la piste de danse. Je regardai alors Emy, les joues légèrement rouges.
"Miss Denver... M'accorderiez-vous une danse ?"Proposai-je, la main ouverte vers elle.
Je lui souris, amusée. Bon, c'était Emy, elle bafouilla encore, hésitait. Je pris donc les devants et pris délicatement sa main dans la mienne pour la faire avancer sur la piste. Je conservai sa main dans la mienne et posai l'autre au niveau de sa taille. Je savais évidemment danser, j'avais appris pour le mariage avec Roy, mais également quand j'étais plus jeune, sous la demande de ma mère. Pour elle, une femme raffinée se devait de savoir danser. Et, pour ce soir, juste pour ce soir, si proche d'Emy, pour elle, pour profiter de ce moment avec elle... Je ne regrettais pas. Je me sentais privilégiée, particulièrement chanceuse. La musique était douce, agréable et je plongeai mon regard dans celui d'Emy, qui pétillait.
Je pouvais sentir certains regards sur nous. Quelques invitaient qui ne dansaient nous regardait, Emy et moi. Il fallait avouer que nous étions particulièrement belles ce soir, inutile de préciser que mon amie était absolument sublime, dans cette robe d'un bleu hypnotique. Petit à petit, je me perdis dans cet instant, j'oubliai ce qui nous entourait, elle et moi. Comme si nous étions seulement toutes les deux. Je voulais que cet instant dure encore, un souvenir qui allait rester gravé en moi.
"Je... Je ne voudrais pas que ta famille pense que je suis une personne qui boit...", lui avoua son amie. Ce qui, quand on connaissait Sofia, ne faisait aucun sens. «Pour un verre? Même deux? Il y a peu de chance. …Et s’il y a une personne que je connais qui ne bois pas, c’est bien toi», taquina Emily.
Des voix s’élevèrent, le bal allait commencer. Sofia entraîna Emily, laquelle profita de croiser une table pour se débarrasser de sa bière vide. Les musiciens jouèrent, le son des violons s’éleva dans cette salle à l’acoustique parfaite. Son père et sa mère ouvrirent le bal. Ils étaient magnifiques, c’était peu de le dire. Ensuite, les invités purent entrer sur la piste de danse.
"Miss Denver... M'accorderiez-vous une danse ?"
Le regard d’Emily se porta sur son amie, puis sur la main que lui tendait son amie. Elle se figea devant cette main. Bafouilla. Elle n’avait pas imaginé… Si, elle avait imaginé danser avec Sofia… Mais seulement imaginer. Elle n’avait pas pensé que Sofia l’inviterait sur la piste de danse. Mais bon, danser avec des amis, c’était chose courante; Emily ne s’imagina donc aucun scénario romantique… même si les battements de son cœur s’accélérèrent d’excitation. Sofia était resplendissante; elle l’était toujours. Emily profita de cet instant, pensant que c’était la première et peut-être la dernière occasion qu’elle aurait de danser ainsi avec son amie. Ses yeux bleus pétillaient de joie. Elle aurait souhaité que le moment dure éternellement... sauf que rien n'était éternel.
Elle avait reçu des cours de danse étant plus jeune, et ce durant de nombreuses années. Elle était une très bonne danseuse. À la fin de la chanson qui dura longtemps, Matthew réquisitionna Emily pour une petite danse père-fille. À la fin de cette seconde chanson, Benoît s’immisça. Emily savait depuis longtemps que l’homme serait à la fête, bien sûr. Elle s’en fichait bien; elle vivait bien leur séparation, maintenant. Elle accepta de danser avec l’homme, pour faire bonne figure. Ils tournoyèrent avec grâce sur la piste de danse. Elle se rappelait maintenant qu’elle avait pris beaucoup de plaisir à danser en sa compagnie, à l’époque.
Le duo entama une petite discussion. – Ta nouvelle conquête est exquise, lui dit Benoît. «C’est mon amie», rectifia Emily, car même si elle avait un jour entretenu cette belle pensée, Emily était assez lucide pour savoir qu’une telle chose n’arriverait jamais; pourquoi Sofia voudrait-elle d’elle comme compagne? – Aah oui. …Sonia c’est ça?«Sofia.»- Oui, oui. Sofia. Dans ce cas, je pourrais l’inviter à danser. Il sentit Emily se raidir, rit doucement et ajouta : - Allons, il faut savoir partager. …Ou nous pourrions valser à trois? À son ton, Emily comprit qu’il ne parlait pas réellement d’échanger des pas de danse, mais d’autre chose de plus intime. – Je suis un bon valseur, tu te souviens? Ce qu’il proposait… Offusquée, l’Éveillée recula d’un pas, mettant fin à la danse. Sous le regard amusé de Benoît, elle quitta d’un pas rapide la salle de réception pour trouver refuge sur la longue terrasse adjacente.
L’éclairage était faible, le vent était doux, les sons de la fête étaient étouffé. L’Éveillée rejoignit la balustrade de pierre. Son cœur battait follement. Sa respiration était rapide. Elle ressentait de la colère. Et elle se sentait idiote de laisser Benoît la chambouler ainsi. … «Valser» avec Sofia; d’autres qu’Emily aurait peut-être un jour cette chance. La chance de conquérir son cœur. La chance de se réveiller tous les matins avec une vision angélique à ses côtés.
Peut-être… Si Emily lui avouait… Non. À quoi bon?
Une douce odeur de cigarette lui parvint. Elle tourna la tête à droite pour apercevoir l’un de ses jeunes voisins. Elle s’approcha et lui dit gentiment, mendiant presque : «Mon voisin préféré! T’aurais pas une cigarette pour moi?»- Seulement si tu me réserves l’une de tes danses ce soir, lui répondit-il dans un clin d’œil. Ça allait. Elle avait, après tout, danser gratuitement avec Benoît. L’homme alluma sa cigarette qu’elle alla fumer à l’écart. Cette cigarette lui faisait un bien fou. Benoit pouvait aller se faire foutre; peut-être même qu’elle allait le lui dire. Sofia… Merde, elle avait laissé Sofia en plan dans la salle de réception! Elle se dépêcha de terminer sa cigarette. Peut-être que sa disparition passerait inaperçue.
«Pour un verre? Même deux? Il y a peu de chance. …Et s’il y a une personne que je connais qui ne bois pas, c’est bien toi»
Je lui souris doucement. Elle avait raison oui. Comme je disais, je ne buvais jamais, sauf quand j'étais avec elle. Mais ce soir, j'allais devoir rester sage. Je devais faire bonne impression auprès de sa famille. Un professeur à l'école nous disait souvent que nous n'avons qu'une seule occasion pour faire une "première bonne impression". Et je me devais de faire une première bonne impression. Pour Emy. Donc, pas d'alcool, aucun excès pour aujourd'hui. Et ce fut sur la piste de dance que je parvins à convaincre du beau monde. Emy et moi étions très gracieuses, avec nos deux robes parfaitement assorties. Je pouvais dire sans rougir que nous étions tout simplement belles. Surtout elle. Et j'étais sur un vrai petit nuage, dans ses bras, à pouvoir la contempler, si magnifique qu'elle était. A pouvoir partager une danse avec mon amie. Hélas, elle prit fin trop rapidement à mon goût...
Matthew me demanda s'il pouvait danser, à son tour, avec sa fille. Je lui souris et m'inclinai bas très respectueuse, pour accéder à sa demande. L'un des cousins d'Emy profita de l'occasion pour m'inviter sur la piste. Ravie, j'acceptai. Heureusement, j'avais des gants pour protéger mes mains du contact direct avec la peau des autres. Ceci-dit, après cette soirée, j'allais probablement devoir envoyer ma robe en nettoyage. Mon plaisir fut hélas gâché par l'intervention de Benoît qui invita, à son tour, Emy, le temps d'une musique. Pas vraiment en fait, puisque mon amie décida de mettre fin à cette proximité entre elle et son ex-compagnon. Même si je voulais m'assurer que Benoît ne lui avait rien dit de méchant, je ne pouvais pas laisser son cousin en plan alors qu'il voulait passer du temps avec moi.
A la fin de la musique, je remerciai Alexandre, ledit cousin, pour ce moment agréable en sa compagnie, et me dirigeai vers le balcon. Cependant, encore une fois, je fus demandée par quelqu'un d'autre. Et c'était... Benoît. Je voyais Emy, qui discutait avec un homme, à travers la baie vitrée du balcon. Bon, au moins elle n'était pas seule... Même si l'idée qu'elle puisse en profiter pour allumer une cigarette ne me plaisait pas. Je regardai Benoît, d'un air neutre, pas franchement ravie de l'avoir si proche de moi. Mais je ne pouvais refuser, ni même prendre le risque de l'offusquer... Cela pourrait créer des histoires, me faire remarquer...
"Volontiers, Monsieur Johnson."
"Oh, vous connaissez mon nom, Sofia."
"C'est Miss Ashley.Rectifiai-je en prenant sa main.Emily m'a beaucoup.... Beaucoup parlé de vous."
J'insistai sur le "beaucoup" et lui offrit un doux sourire. Il posa sa main sur ma hanche, il se montra assez... "direct" et entreprenant.
"Et elle sait vraiment bien choisir ses amies..."Souffla-t-il, séducteur.
Je poussai un petit rire, faussement flattée. Je devais rester distinguée, malgré les circonstances actuelles qui me donnaient envie de lui enfoncer l'un de mes talons dans sa grande gueule. Pour lui la faire fermer.
"Elle n'a pas ce même don en ce qui concerne le choix de ses conquêtes, je le crains."Répondis-je avec beaucoup de douceur.
Il me fit pivoter doucement, tournoyer... Son sourire, trop sûr de lui, s'effaça un bref moment, comme s'il venait de perdre pied suite à ma remarque. Il me fit doucement basculer en arrière et approcha son visage du mien. Au moins, il savait mener la danse.
"Et si vous faisiez l'honneur de votre présence, le temps d'un verre ? Nous pourrions peut-être apprendre à nous connaître un peu mieux."
Je me redressai et replaçai ma main au niveau de son épaule pour reprendre la danse. Cet homme était vraiment répugnant, il m'invitait à sortir, moi, la meilleure amie d'Emy alors qu'il l'avait trompé. Et tout ça, presque sous son nez. Je conservai mon sourire, toujours aussi douce et bienveillante.
"Monsieur Johnson, Emily m'a vraiment beaucoup parlé de vous."
La musique prit doucement fin. Je le lâchai et reculai pour m'incliner.
"Je vais à présent prendre exemple sur vous et aller voir ailleurs, si vous le permettez."
Je me redressai pour le fixer. Avec ça, il ne risquait plus de venir me voir pour me faire la cour. Il savait à quoi s'en tenir. Alors que je me tournai pour aller vers le balcon, je vis Emy revenir. Je m'approchai aussitôt d'elle, inquiète. Je ne voulais pas la voir triste, ni même passer une mauvaise soirée à cause de cet imbécile de Benoît. Je pris les deux petites mains de mon amie dans les miennes et lui sourit, pour montrer mon soutien. Je fouillai ensuite dans mon petit sac à main pour en sortir une boite de feuilles à glisser sur la langue, à la menthe.
"Emy...Fis-je, tout bas.Tu sais bien que je n'aime pas te voir te ruiner la santé avec tes cigarettes..."
Je lui tendis la boite et approchai ma main de son visage pour replacer correctement ses cheveux, toujours avec autant de douceur. Bon, maintenant que nous étions débarrassées de Benoît, j'avais hâte de voir la suite de cette soirée. Je devais avouer qu'elle me plaisait beaucoup, j'étais impressionnée par les talents d'organisation d'Olivia.
"Emy... Tu sais bien que je n'aime pas te voir te ruiner la santé avec tes cigarettes..."
Théoriquement, Sofia n’avait rien vu: elle avait senti. Ceci étant «Je sais», répondit-elle doucement. Elle n’allait pas s’excuser pour ça, ni promettre de ne plus fumer. Déjà, sa consommation de cigarettes avait drastiquement baissé depuis plusieurs mois. Mais arrêter complètement, c’était tout de même plus dur qu’Emily l’aurait pensé. À certains moments de la journée, elle y pensait. En buvant un café. Après un bon repas. Sur une terrasse. Le matin. Sa mère lui donnait aussi parfois envie de fumer. Emily ne traînait jamais de cigarettes avec elle, pour éviter les tentations, mais en cachait toujours un paquet chez elle, pour les urgences. «J’ai pratiquement arrêté», dit-elle pour rassurer. Elle prit une feuille à la menthe, qu’elle glissa sur sa langue, et sourit doucement à son amie qui eut la gentillesse de replacer quelques mèches de ses cheveux.
«Tout ceci m’a donné soif», dit-elle en entraînant Sofia avec elle, pour prendre une seconde boisson, accompagnée de petites bouchées. Au bar, elle prit une nouvelle bière. Puis, elle subtilisa un petit plateau de nourriture à un serveur. «Mmmmm c’est excellent! T’as goûté? Tu dois goûter!», dit-elle, encourageant fortement son amie à manger l’une des mini-quiches aux fruits de mer.
Les deux amies discutèrent; de musique, de danse, du menu du foodtruck qu’Emily annonça avoir modifié. Terminant sa bière et avisant plus loin de la présence de son voisin revendeur de cigarette, l’Éveillée dû prendre congé momentanément de son amie. «Tu m’excuseras, j’ai une dette à payer», lui dit-elle avec le sourire. «Je reviens vite et… et peut-être qu’on pourra danser à nouveau toutes les deux?» Une interrogation, prononcé d’un ton un peu gênée, mais Emily n’attendit pas de réponse. Elle rejoignit son voisin, lequel lui sourit à pleines dents. Ils échangèrent quelques paroles avant d’entrer sur la piste de danse. La chanson dura plusieurs minutes, puis ils se séparèrent.
Lorsqu’Emily retrouva Sofia, elle ne cacha pas son sourire joyeux lorsque son amie accepta à nouveau de danser avec elle. Elle glissa une main dans celle de Sofia, l’autre main dans le haut du dos et mena la danse. «La soirée te plaît?», demanda-t-elle, soucieuse.
Bien sûr qu'elle le savait. Et bien sûr que j'avais remarqué sa baisse de consommation de cigarettes. Mais même une seule par jour c'était une de trop. Je n'avais pas envie de voir Emy vivre ses derniers instants, dans la douleur, clouée à un lit d'hôpital à cause d'une maladie qu'on ne pouvait pas soigner. Emy récupéra la petite feuille à la menthe pour la glisser sur sa langue. C'était plutôt fort, de quoi chasser l'odeur de la cigarette. Je terminai de replacer les cheveux de mon amie, croisai son regard et son sourire. Je lui rendis un autre en retour.
«Tout ceci m’a donné soif»Déclara-t-elle.
Trop mignonne, ma petite Emy. Je la suivis jusqu'au bar, où elle commanda une nouvelle bière. Je restai, pour ma part, fidèle au jus de pomme qui était vraiment très bon. Il devait être fait artisanalement, la texture n'était pas comme celle que je trouvais en magasin. C'était plus onctueux et bien meilleur.
«Mmmmm c’est excellent! T’as goûté? Tu dois goûter!»Fit-elle, soudainement.
Intriguée, je regardai ce qu'elle était en train de manger. Emy, de par son don, avait des goûts assez difficiles en termes de nourriture. A mes yeux, c'était normal, quelqu'un qui avait l'habitude de manger uniquement des plats parfaits pouvait rapidement être déçu par les autres, plus communs. Donc, si Emy me recommandait de goûter à ces quiches aux fruits de mer, je devais le faire. En plus, j'adorais les fruits de mers ! Délicatement, je pris un amuse-bouche avec mes baguettes de secours que j'avais toujours sur moi. Et, en effet, c'était vraiment bon ! Les joues toutes rondes et les yeux grands ouverts, je regardai Emy.
"Mmmmmh !!! C'est trop bon !!"M'exclamai-je.
Le serveur nous laissa donc quelques amuse-bouches et partie servir les autres invités. Après quelques minutes de conversation avec Emy, elle termina sa bière rapidement et se leva.
«Tu m’excuseras, j’ai une dette à payer. Je reviens vite et… et peut-être qu’on pourra danser à nouveau toutes les deux?»
Je hochai la tête, ravie de savoir qu'elle voulait encore partager une danse avec moi. Je la regardai s'éloigner pour rejoindre un homme. C'était le même qui était avec elle sur le balcon. Je ne savais pas qui c'était. Je patientai donc sagement qu'elle termine sa danse, puis elle me rejoignit à nouveau.
«La soirée te plaît?»Demanda mon amie.
"Oui, je m'amuse beaucoup."Répondis-je, humblement et souriante.
Si j'étais bien plus ouverte en privée avec Emy, j'essayais de rester raffinée et distinguée lorsque j'étais entourée. Je la laissai mener la danse, c'était un petit slow, lent. Pour l'occasion, les lumières furent baissés, pour nous plonger dans une ambiance tamisée. C'était assez romantique, surtout prévu pour les couples. Mais ce n'était pas grave, je me plaisais ainsi, dans les bras d'Emy, pour partager ce moment avec elle.
"J'apprécie ta famille.Avouai-je.Et tes cousins sont adorables, beaucoup voulaient danser avec moi."
Je me sentais assez bien intégrée, au final. Ca me faisait du bien, ce genre de soirée... De redécouvrir ce que cela faisait, d'être entourée d'une famille. Emy avait vraiment de la chance, j'espérais qu'elle allait pouvoir en profiter encore longtemps. Un bonheur que la vie m'avait pris, en ce qui me concernait.
Lorsque Denver eut la confirmation que son amie s’amusait, qu’elle appréciait sa famille et trouvait ses cousins adorables (tant mieux, même si du point de vue d’Emily, certains étaient loin de l’être), elle lui sourit et lui dit : «J’en suis contente.» Elles dansèrent un petit slow. Ce n’avait pas été dans les plans d’Emily. C’était réservé pour les couples, futurs couples, amants. Elles n’étaient rien de tout cela. Des amies. Meilleures amies. Ce fut tout de même une danse très agréable à partager pour Emily.
La suite se passa bien. Emily discuta un instant avec quelques-uns des invités, elle ignora complètement Benoît, dansa un peu, dégusta de petites bouchées et plongea dans une conversation avec sa meilleure amie qu’elle accompagna avec un jus de fruits. Deux bières, c’était suffisant pour l’Éveillée; plus que ça et ses talents de danse en seraient affectés.
À la fin de la soirée, Livia rassembla les gens à l’extérieur, pour contempler un feu d’artifice. Les gens se dispersèrent. Certains sur la terrasse, d’autres sur le terrain. Emily, aux côtés de Sofia, appuya ses avant-bras sur la balustrade de la terrasse, leva le regard au ciel et contempla le spectacle avec un air ravi. Pas aussi beau que celui de son amie au jour de l’an. Tout de même superbe. Beaucoup d’argent était ainsi brûlé dans le ciel, ce soir. Si on y pensait, un tel gaspillage d’argent était aberrant, mais ses parents étaient trop riche pour se soucier des dépenses; tout comme Sofia, d’ailleurs.
Emily ne commit pas la même erreur qu’au jour de l’an (et elle était moins alcoolisée qu’au jour de l’an); elle ne chercha pas à embrasser son amie. Au lieu de cela, lorsque le spectacle fut terminé, elle se contenta de lui sourire doucement et lui dit : «Je suis heureuse que tu m’aies accompagnée ce soir.»
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