16 août, encore au milieu des vacances d’été. A la boutique il n’y a pas foule. C’est normal, quoi de mieux que les vacances pour partir voyager et profiter de la mer ou de la montagne ou… Ou toutes autres choses aussi intéressantes. Les gens ont bien mieux à faire que de se pointer chez un fleuriste. De notre côté on était passé en horaire d’été, les journées étaient plus courtes, on recevait moins de client alors à quoi bon ouvrir aussi longtemps que le reste de l’année. Il nous arrivait de faire quelques exceptions à la demande de certains clients mais c’était tout. Ce soir j’avais fini à 18h et je voulais en profiter pour me balader un peu avant de rentrer chez moi. J’étais passée dans un parc, je m’étais posée dans l’herbe avec mon cahier de dessin et mes aquarelles. J’adorais m’occuper ainsi et il y avait toujours de beaux paysages. Faire ça l’été, au soleil, c’est si agréable. Après plus d’une heure passée dans un parc, je me décide à me rendre dans un bar pour boire un verre. Je demande un diabolo fraise. Je le bois tranquillement. C’est bien bon et bien frais. C’est très appréciable après une bonne journée de travail. J’en profite pour lire un peu aussi. Je vivais ma petite vie sans me poser trop de questions. Je reste là combien de temps ? Je ne sais pas vraiment. Le bar se remplit, le soleil commence à se coucher. Je me décide à enfin regarder l’heure. 21h, il serait peut-être temps que je rentre chez moi. Je range mes petites affaires dans mon sac puis je me rends au comptoir pour régler. J’arrive le sourire au lèvre. Je fouille dans mon sac… Je continue de fouiller… Encore… Encore un peu… Je retourne mon sac et le vide sur le comptoir devant le barman qui attend et qui me regardait comme si j’étais une enfant qui n’avait rien à faire là.
Oh non… Mon portefeuille… J’ai dû l’oublier chez moi. C’est pas vrai… Ce n’est pas possible…
Je secoue mon sac comme si mon portefeuille allait apparaître par magie. Sauf que comme tout le monde s’y attend, il n’apparaît pas. Je suis bien embêtée. Je regarde tout autour de moi comme si il allait apparaître en volant ou qu’une idée lumineuse allait arriver… Rien de tout ça.
Je… Je suis sincèrement désolée… Est-ce que je peux repasser demain ou…Ou je ne sais ce que je peux faire; Je suis vraiment désolée.
Je m’incline des dizaines de fois en avant, tête baissée, j’étais terriblement embarrassée par cette situation, ça ne m'était jamais arrivé.
J’aime et je déteste l’été. Il fait beau, il fait chaud, c’est le moment de sortir les maillots et de bronzer sur les plages. Et c’est aussi ça qui m’emmerde parce que moi je ne plus faire tout ça ! Je peux seulement regarder les autres via les médias ou à la fenêtre lorsque celle-ci possède un vitrage anti UV. Je vais être honnête, parfois ma vie humaine me manque. Enfin c’est largement compensé par le fait que je pourrai vivre de mes deux passions plus longtemps. Et que je peux picoler sans être ivre après trois ou quatre verres. Et aussi que mes besoins vitaux sont largement moins compliqués à satisfaire.
Il m’a fallu attendre qu’il soit plus de 19h30 avant que le soleil ne se décide à se coucher. Voilà l’une des raisons pour lesquelles je déteste l’été. Le soleil se couche vraiment tard. Rien que pour aujourd’hui, l’heure précise du coucher a été 19h38. Je sais que ça varie et qu’au début de l’été c’était encore plus tard mais quand même, c’est pénible. Bref l’astre solaire n’étant plus un danger pour moi, je suis rapidement sortie de l’hôtel et suis partie faire le tour des bars.
Un bar à sang a été le premier sur ma liste. Il faut que je me nourrisse avant de voir d’autres personnes. Et puis je deviens de plus en plus célèbre grâce à mon métier de chanteuse. Ca serait très con que j’entache ma réputation avec des meurtres sur les bras. Surtout en sachant que des paparazzis rôdent toujours dans le coin. Vivre à l’hôtel des Héritiers me permet d’avoir un peu de tranquillité et de vie intime grâce aux zones réservées pour les membres mais en dehors de ce bâtiment, tous ceux ayant un job dans le showbiz sont une proie pour les vautours à potins.
Ma destination suivante a été un bar tout simple. J’ai juste envie de boire quelques verres d’alcool après m’être nourrie. Je m’installe dans un coin et profite de mon moment de paix en buvant un excellent cocktail. Autour des 21h, il semble y avoir un tout petit peu d’agitation du côté du comptoir. Rien de grave si j’en crois ce que j’entends mais il y a de quoi frustrer du monde quand même. Entre une qui a apparemment oublié ou perdu son porte-monnaie et le barman qui refuse de faire à crédit, il y a de quoi être déçu. D’un autre côté je comprends le pauvre barman. Soit son patron le lui a interdit, soit il y en a trop qui ont abusé et maintenant les paiements à crédit sont refusés par sécurité. Après avoir terminé ma boisson, je me lève et me rends au bar pour la payer. Je sors mon porte-monnaie en souriant.
- Je paie aussi la commande de la demoiselle. - Bien madame.
Il me dit alors le prix total que j’ai à payer et je lui donne l’argent plus un petit bonus. Je l’aime bien et puis je n’ai pas envie d’avoir de la monnaie. Pendant ce temps, je laisse la jeune femme – enfin jeune...si ça se trouve elle est plus vieille que moi – récupérer ses affaires.
- Et voilà, une partie du problème est réglé.
Pour la suite, je ne peux rien pour elle. Si son porte-monnaie est bien chez elle, elle le retrouvera facilement en rentrant. Si elle l’a perdu ailleurs, il faudra qu’elle fasse bloquer ses cartes et qu’elle prenne les mesures pour la suite.
Mon dieu, dans quelle situation je me suis encore mise. Je devrais être surnommée miss catastrophe. Je ne sors pas énormément, bon certes de plus en plus en plus, mais des que je sors ou que je fais autre chose que bus, travail, dodo, il m'arrive toujours quelque chose de pas cool. Je ne sais pas comment je vais me sortir de ce faux pas. Je venais de faire une bêtise, si seulement j'avais vérifié que j'avais bien mon portefeuille sur moi avant de venir dans ce bar. Avec des "si" on refait le monde. De toute façon c'était trop tard. Je ne connais personne ici à qui je pourrais demander de me depaner. Je veux payer, je veux de tout cœur le faire mais je ne suis pas en capacité d'y arriver. Qu'est-ce que je vais faire ? Qu'est-ce que ne vais devenir ? Ça y est ils vont appeler la police et je vais aller en prison ? Je vais aller derrière les barreaux parce que je n'ai pas pu payer mon diabolo fraise ? Je ne peux pas l'imaginer. Finalement je suis une voleuse alors ? Oh non... on m'a toujours appris à agir avec bonté et j'échoue aujourd'hui... je suis une mauvaise fille. Ça y est. Je suis la plus cruelle des personnes... je suis impardonnable...
Alors que je me fais mille et un film dans ma tête, une jeune femme arrive pour régler sa commande mais également la mienne. J'ouvre de grands yeux, très surprise de cette attention. Je m'incline peut-être bien une dizaine de fois pour la remercier.
Merci beaucoup.
Je récupère donc tranquillement mes affaires avant de revenir vers elle, lui offrant un sourire chaleureux. Cette femme était ma sauveuse, mon ange gardien, ma bonne étoile.
C'est très gentil ce que vous avez fait pour moi. Je vous rembourserais c'est promis. Je suis idiote d'avoir oublié mon porte feuille à la maison.
Oui, je suis à peu près sûre de savoir où il est. Je le visualise très bien dans l'entrée sur un meuble. Bon, au moins je sais où il est, c'est déjà mieux que rien.
Je suis vraiment désolée de vous avoir mêlé à tout ça... J'aimerais beaucoup vous remercier. Je ne suis pas sûre d'être en capacité de le faire la maintenant mais ça me tient à cœur.
Je m'incline une nouvelle fois. C'était un sacré soulagement pour moi ce qu'elle venait de faire. Peut-être pourrai-je au moins me présenter à elle ?
Je m'appelle Akira mais... je crois que l'on peut me surnommée miss catastrophe.
J'eus un léger rire. Je sentais la pression redescendre calmement. Comme elle l'avait dit un peu plus tôt, une partie du problème est réglé. Je pouvais respirer de nouveau.
Je crois que je n’ai jamais vu une personne paniquer autant pour une impossibilité de payer sa boisson. Certes le barman n’a pas pu lui faire de crédit mais au pire, elle demande à un inconnu de payer, elle prend ses coordonnées et elle rembourse s’il en a envie. Pourtant cette fille a juste vidé son sac au sens propre du terme, et elle s’est excusée...je ne sais combien de fois à la suite. C’est assez amusant à voir en fait.
Je finis par me lever et par payer ma boisson ainsi que tout ce que la pauvre fille en panique avait commandé. Je peux bien me le permettre, ce n’est pas ça qui fera un trou à mon budget. À la rigueur l’achat d’un manoir et des travaux à faire dedans auraient eu plus d’impact.
- Inutile de me rembourser, ce n’est pas deux ou trois boissons qui vont me mettre sur la paille.
Je sors du bar en souriant et réfléchissant déjà à ce que je vais faire maintenant. Hors de question de rentrer. Je me suis bien assez ennuyée en étant à l’hôtel toute la journée, ce n’est pas pour que je revienne à peine deux heures plus tard. Je suis un être de la nuit, j’ai besoin de sortir, de m’éclater, de voir de nouvelles têtes ! Enfin ces nouvelles rencontres ont malheureusement un risque de finir dans les médias si je ne fais pas attention à ce que je fais mais bon dans le pire des cas, ils y passeront et seront déjà oubliés le lendemain.
- Je m’appelle Summer. Vous n’avez pas besoin de vous excuser, vous savez ? Si je n’avais pas voulu m’en mêler, j’aurais simplement payé ma boisson. Ca arrive à tout le monde de ne pas avoir son porte-monnaie sur soi, ce n’est pas un drame.
Je suis tout de même rassurée de savoir qu’elle n’a pas perdu le sien et qu’elle l’a seulement oublié quelque part chez elle. Ca lui évite de la paperasse et pas mal d’inquiétudes. Enfin tout ça ne m’avance pas sur ce que je vais faire maintenant. Une promenade pourrait être sympa mais pas longtemps… Une discothèque pourrait être amusante. Boire et danser font partie de mes activités extérieures préférées après tout. Je regarde la jeune femme à mes côtés avec un petit sourire.
- Je vais aller dans un bar avec de la musique. Vous voulez venir ?
Je ne sais combien de fois je me suis excusée devant le barman mais peut être bien une centaine de fois. Sous la panique, aucune solution, aussi simple qu'elle soit ne m'avait traversée l'esprit. La jeune femme qui avait réglé pour moi m'était apparue comme une ange tombée du ciel. Je tenais à la rembourser ou au moins lui offrir quelque chose d'équivalent mais elle me dit que je n'ai pas besoin de la remboursée. Je suis quelque peu surprise et je m'incline une nouvelle fois devant elle pour la remercier.
Encore une fois, merci beaucoup madame.
Elle était sortie du bar et j'avais fait de même. J'étais quand même vachement soulagée de savoir que cette histoire était réglée. Pour beaucoup ce n'était pas grand chose mais pour moi c'était beaucoup. La jeune femme se présenta à moi. Summer... Je tacherais de m'en souvenir. En tout cas c'était un très joli prénom. D'après elle je n'ai pas à m'excuser, que si ça l'avait gênée elle ne l'aurait pas faire. C'est vrai que ça peut arriver à n'importe qui d'oublier son portefeuille mais bon, ce genre de situation me met quand même cachement mal à l'aise. Bref, c'est fini, n'y pensons plus. Je lui souris gentiment.
Oui, vous avez raison. Mais je devrais faire plus attention, je suis assez tête en l'air et maladroite. En tout cas, je suis enchantée de vous avoir rencontré.
Bon.... Je suppose que ça va se finir là ? Elle va reprendre sa vie et moi la mienne. C'est dommage quand même... A moins que je ne lui propose d'aller quelque part avec moi ? Mais ou ? Alors que je commençais à réfléchir, elle me devança, me proposant de l'accompagner et d'aller dans un bar avec de la musique. Mon sourire s'élargit sur mon visage et je fais un bond de joie.
Oh ! Ce serait avec plaisir. Je ne vous cache pas par contre que je vais rarement dans ce genre d'endroit... Si ce n'est jamais. Alors ce sera un peu comme une découverte et c'est avec plaisir que je vous accompagne.
J'étais vraiment contente à l'idée de continuer cette petite soirée avec elle. Elle m'a l'air bien sympathique de ce que je vois. Elle a l'air d'être une femme chaleureuse. Et puis, moi qui cherchait quoi lui proposer à faire pour passer un peu plus de temps ensemble, j'étais comblée comme ça. Mais si on passe cette petite soirée toutes les deux, peut être que l'on pourrait se tutoyer.
Ah et s'il vous plait, tutoyez-moi. Surtout si on passe une petite partie de la soirée ensemble, ce sera plus sympa... Si ça vous va bien sur.
Oui, en soit je m'adapte à elle, je ne suis pas très compliquée. Qui aurait cru que ce petit problème au bar allait se clôturer ainsi ?
Je vous suis, j'irais où vous irez.
Je ne pouvais réprimer l'excitation en moi. J'étais toujours contente, même pur pas grand chose. Mais parfois, il faut se contenter des petites choses de la vie.
Elle souhaite me rembourser mais je refuse. Je suis très loin d’être dans le besoin alors quelques dollars de plus qui soient dépensés ne me créeront pas de problème. Je sors finalement du bâtiment en sa compagnie, réfléchissant à ce que je vais faire maintenant. Sûrement me rendre dans un lieu avec de la musique, une ambiance festive et où je pourrai me cacher un minimum des paparazzis. Je suis sûre qu’il y en a déjà qui se planquent dans les rues et qui attendent d’avoir LE cliché. Celui qui est compromettant ou qui leur rapportera la une de leur journal. Dommage pour eux, je sais me tenir à carreau à l’extérieur. Ca m’amuse beaucoup trop de tout faire pour les empêcher d’avoir de mauvaises photos de moi.
Enfin bref, ce n’est pas tout ça mais je ferais mieux de bouger car rester trop longtemps au même endroit m’agace très vite. Je me présente, tout de même contente de me retrouver à nouveau dans une situation où je suis une inconnue. Ca m’arrive de moins en moins. Je propose à la jeune femme de m’accompagner dans une discothèque, intention de ma part qui semble ravir la demoiselle.
- Ne vous en faîtes pas, il n’y a quasiment rien à craindre dans ce genre d’endroit. La plupart des gens viennent pour boire, rencontrer du monde et s’amuser.
L’activité est donc décidée. Prochaine étape, le tutoiement qu’elle demande. Ce n’est pas bête et il est vrai que ce sera plus sympa autant pour elle que pour moi. Ca tombe même plutôt bien parce que je déteste vouvoyer. C’est trop formel à mon goût.
- Ca me va parfaitement. Je trouve aussi que c’est mieux de se tutoyer.
Etant toutes les deux prêtes au départ, j’entraîne alors Akira vers un autre lieu. Il ne faut pas longtemps pour nous y rendre. Environ une vingtaine de minutes de marche et nous y sommes. Arrivées à destination, je salue l’homme chargé d’accepter ou non l’entrée des fêtards et entre dans la discothèque. Je sais que les paparazzis ne pourront pas entrer ici. Ce bar refuse catégoriquement ceux qui viennent pour photographier les autres. Les prix sont aussi un peu plus élevés que dans les autres bars, ce qui dissuade généralement les fauteurs de trouble de venir. Trop haut pour leur budget.
Je m’approche alors du comptoir et commande une boisson alcoolisée en souriant. Je regarde ensuite ma collègue du soir sans perdre mon sourire.
- Choisis ce que tu veux et ne te soucie pas du prix.
Vu que c’est moi qui dois tout payer, j’imagine qu’elle risque de vouloir prendre le truc le moins cher mais je peux me tromper. Je ne suis pas devin après tout. Cependant je préfère lui dire directement qu’elle n’a pas à se soucier du prix des boissons. Il ne faut pas qu’elle se gêne de prendre ce qu’elle souhaite. On est ici pour s’amuser il me semble alors on doit aussi se faire plaisir avec les boissons !
Cette soirée était riche en aventure pour moi. Bon l’oubli du portefeuille m’avait un peu mise dans la panade mais finalement tout s’est arrangé. Nous allons à présent partir pour de nouveaux horizons. On va aller en discothèque. Le genre de lieu où j’ai dû aller qu’une seule fois dans ma vie, où dû moins quelque chose du genre. Oui, le soir où j’avais rencontré une certaine Lana, une vampire que je n’ai jamais revu et qui m’avait pas mal sauvé la mise finalement. Très gentille. Même si je me suis enfuie un peu précipitamment mais il faut dire que la situation avait pris une tournure étrange et ça avait été comme un réflexe pour moi. Je me demande comment ça va se passer cette fois. Summer me rassure rapidement en me disant qu’il n’y a rien à craindre dans ce genre d’endroit. A l’heure actuelle, je ne m’inquiétais pas plus que ça. La plupart des gens viennent pour boire et faire de nouvelles rencontres. C’est pas mal comme façon de faire. Moi, pour rencontrer du monde, j’oublie mon portefeuille. Chacun sa façon de procéder. En tout cas, on est toutes les deux prêtes pour aller en discothèque et toutes les deux d’accord pour se tutoyer. C’est parfait. Je suis la jeune femme. On marche une vingtaine de minutes avant d’arriver. L’homme nous laisse entrer. Il est un peu sceptique en me voyant, toujours ce problème de faire plus jeune que mon âge. Dans le doute, je sors ma carte d’identité qui par chance se trouvait dans mon sac, dans une petite poche intérieure. Finalement je rentre. Heureusement que ça au moins, je ne l’avais pas oublié. Je regarde tout autour de moi, tout en suivant Summer. Je suis assez curieuse par rapport au lieu mais ça a l’air très sympa. Arrivée au comptoir, je regarde la carte. Elle me dit de choisir ce que je veux, je suis un peu gênée.
T’es sûre ? Merci beaucoup.
Il y a pas mal de choix. Je me concentre sur les sans alcool. Je n’ai jamais goûté à l’alcool mais je ne suis pas sûre que ce soit une bonne idée. Finalement je me décide sur un cocktail tout rose et avec de la chantilly. Il a l’air délicieux.
J’aimerais un cocktail sans alcool. Un Pink Panther, s’il vous plait.
Mon regarde se pose sur la piste de danse. Celle-ci est pas mal occupée. J’ai envie de danser moi aussi mais… J’ai deux pieds gauches.
Tu sais danser ? J’en ai très envie mais si je danse, je risque d’envoyer des gens à l’hôpital.
Dis-je avant d’exploser de rire. J’ai parfaitement conscience de ma maladresse.
Après… Tout s’apprend non ? Si on va sur la piste, promis tu auras le droit de me fuir si je fais trop de boulettes.
Je lui souris. L’autodérision, c’est pas mal. Et puis bon, il faut dire ce qui est. Si jamais ça peut l’aider à accepter de tenter l’expérience…
La discothèque est le meilleur endroit que j’ai trouvé pour pouvoir nous amuser sans être dérangées par les paparazzis. De plus, celle que j’ai choisie est remplie d’espèces en tout genre et le seul sang que les vampires boivent, c’est celui fournit par la boîte de nuit. Ou sur des personnes consentantes mais lorsque ça arrive, ils se mettent généralement dans un coin plus discret pour éviter de mettre mal à l’aise les autres clients et de trop titiller les instincts de certains vampires plus jeunes.
Le videur n’a pas l’air d’être convaincu de l’âge de ma compagne du soir au premier abord. La carte d’identité de celle-ci semble néanmoins suffire. C’est vrai. J’avais oublié le souci de l’âge. Enfin pour ce soir, ça n’a pas gêné. Je me rends direct vers le bar où je commande rapidement une boisson pour moi avant de laisser Akira commander ce qu’elle souhaite.
- Oui j'en suis sûre. Vas-y, ne te gêne surtout pas.
Elle choisit sa boisson puis je la vois observer la piste de danse. Mademoiselle ne sait donc pas danser ? Ou en tout cas, elle est a tendance à marcher sur les pieds des autres. Au moins elle le prend bien. Elle a raison, il ne faut pas qu’elle se laisse abattre pour ça. En plus elle l’a bien souligné, tout s’apprend. Même les maladroits peuvent apprendre à danser avec deux pieds gauches. Je récupère ma boisson lorsque le barman nous apporte nos commandes et bois une gorgée en souriant.
- Oui je sais danser. Si tu veux, on va sur la piste de danse et on s’éclate.
Je pose mon verre puis prends la main d’Akira pour l’entraîner vers la piste de danse bien qu’elle soit encore pas mal occupée.
- Tu vas voir, pas besoin de réellement savoir danser quand on ne fait pas de slow, de salsa ou de danse de salon. Suffit juste de laisser ton corps s’exprimer.
Je joins ensuite les paroles aux gestes, partant me trémousser sur la piste de danse au rythme de la musique. Aucun mouvement compliqué, aucune réelle connaissance demandée. Je laisse juste mon corps onduler comme ça me vient. Et parfois je profite de me coller à mes partenaires quand certains souhaitent danser avec moi. C’est décontracté, parfois plus sensuel lorsque j’ai un ou plusieurs partenaires et que ceux-ci sont ouverts à cette option.
- Tu vois Akira, faut juste te laisser aller. C’est comme si tu te trémoussais devant Just Dance à la maison !
Soyons honnête, dans ce jeu la plupart des danses sont complètement hasardeuses. Il y a même des mouvements sans aucun sens.
Ce soir je faisais des choses que j’avais rarement l’occasion de faire: aller en discothèque et boire des cocktails. C’est extrêmement rare chez moi, ça doit être la deuxième fois mais j’avais très envie de profiter de cette occasion. J’avais quelqu’un qui avait accepté de m’emmener avec elle sans me laisser de côté, ça faisait plaisir. C’est vrai que je ne suis pas la meilleure accompagnatrice à ce genre de soirée comme je ne connais pas trop mais ce soir j’avais bien envie d’essayer et de jouer le jeu. Le barman nous apporte nos cocktails. J’en bois quelques gorgées. C’est frais, c’est sucré, c’est à la fraise, j’adore, excellent choix ! Je ne regrette absolument pas. Je remercie bien sûr une fois de plus la jeune femme. A mes interrogations concernant la danse, elle me répond qu’elle sait danser et elle me propose même d’aller s’éclater sur la piste. Je n’ai même pas le temps d’hésiter ou de dire ouf qu’elle me prend par la main pour m’emmener avec elle vers la piste. Je pousse un petit cri de surprise avant d’exploser de rire et je la suis avec plaisir. Il y avait pas mal de monde, je devrais pouvoir me plonger dans la masse et passer inaperçu… Ou alors envoyer tout ce beau monde à l’hôpital… Mais non, ça devrait aller. Allez Aki, prends confiance en toi, tu peux le faire. Je regarde Summer qui commence à danser au rythme de la musique. C’est agréable à regarder, elle a l’air toute légère et vachement à l’aise. Elle m’évoque même le jeu Just Dance. Ah je connais celui-ci ! J’y ai déjà joué plusieurs fois et c’est très sympa ! Un peu hésitante, je regarde autour de moi avant de commencer à bouger. Bon c’était léger mais j’y allais étape par étape, c’est comme rentrer dans une piscine. J’essaye de me caler sur la musique et d’oublier tout ce monde autour de moi. Petit à petit, je me décontracte un peu et prends plus mes aises.
C’est plutôt marrant et c’est sympa j’aime bien.
Je lui souris, essayant un peu de l’imiter. Elle dansait bien et ça me donnait envie de faire pareil. Bien entendu je n’aurai pas son niveau et ce sera bien plus chaotique mais je prenais plaisir à essayer de danser.
Je me sens de plus en plus à l’aise, c’est super !
Je tourne sur moi même avant de malencontreusement rentrer dans quelqu’un. C’était sûr que ça allait arriver.
Oh pardon.
La jeune fille se mit à rire et me fit signe que ce n'était pas grave. Je tourne maintenant mon regard vers Summer avant de rire.
Et de un, je crois que je vais compter le nombre de personnes dans lesquelles je rentre tout au long de la soirée. C’est de là que vient l’expression faire du rentre dedans ? Parce que là je suis plutôt bien partie.
Je pouffe de rire une nouvelle fois. Cette ambiance autour de moi, Summer m’en avait presque fait oublier ma timidité. Je ne connais personne et personne ne me connait alors j’ai juste à m’amuser. Je ne pensais pas que faire la fête de cette manière me plairait autant mais pour le coup je prenais grand plaisir. Bon après j’ai bu un cocktail bien sucré, ça aide pas mal, j’ai l’impression d’être une pile électrique !.
Parfois il faut un peu forcer les gens pour qu’ils aient le courage de faire quelque chose. Ce soir, ça a été légèrement le cas avec la jeune fille qui m’accompagne. Il lui a fallu juste un petit coup de pouce pour venir en soirée, encore un petit pour accepter de prendre une boisson et encore un petit pour la motiver à danser. Au final elle s’amuse bien.
Beaucoup réfléchissent à comment danser, aux gestes à faire, à quel type de danse est plus adapté pour la musique passée. C’est une erreur que de nombreux timides font dès qu’ils sont sur une piste de danse. Pourtant il suffit juste de se laisser aller. Laisser son corps s’exprimer. L’instinct prend le dessus et le corps sait ce qu’il lui reste à faire. Bon la demoiselle semble un peu maladroite même pour se mouvoir mais ce n’est pas grave, on est en soirée. On n’est pas là pour se soucier de qui a deux pieds gauche, de qui est une ballerine ou de n’importe quoi d’autre. On va pouvoir se vider la tête, oublier nos tracas et peut-être même découvrir de nouvelles passions pour certaines personnes.
- Je ne sais pas d’où vient l’expression de faire du rentre-dedans mais je ne pense pas que ce soit lié à la danse.
Ou alors c’était une danse horizontale au moment où ils ont trouvé l’expression.
- De toute façon on est là pour s’éclater tout le monde est serré sur une piste de danse alors beaucoup se bousculeront déjà entre-eux.
Une manière de dire que tous ceux qui viennent en boîte de nuit s’attendent déjà à se faire bousculer dans tous les sens. Après avoir bien dansé, je retourne vers le comptoir et sirote ma boisson. Se déhancher au milieu de tout ce monde c’est bien mais je ne suis pas venue uniquement pour ça moi. Je suis aussi là pour leurs boissons. Je regarde ma compagne du soir et décide de laisser ma curiosité prendre un peu le dessus.
- Dis-moi si j’me trompe mais j’ai l’impression que tu n’es pas beaucoup sortie au cours de ta vie.
Elle n’est pas âgée en plus. En tout cas, elle n’en a pas l’air. Je sais qu’elle n’est ni vampire, ni lycan. Je le sentirais si c’était le cas et là, non. Peut-être une humaine, un démon ou un ange. Une éveillée peut-être aussi. Impossible à savoir sans le lui demander directement ou qu’elle me donne des informations d’elle-même.
- Ce n’est pas un reproche ou un quelconque jugement mais je trouve étrange qu’à ton âge personne ne t’ait fait découvrir le monde. Enfin à part le strict minimum.
Elle a bien eu l’air timide au début mais ça ne l’a pas empêchée de s’amuser. Ni même de se rendre seule dans un café alors ce n’est pas sa timidité qui aurait pu la retenir de voir le monde. Peut-être une éducation faite ainsi. Ou une séquestration subie. Quoique non. Une séquestration l’aurait traumatisée et à moins d’être stupide, elle n’accorderait pas sa confiance aussi facilement aux gens. Encore moins pour les suivre dans des lieux inconnus.
Ce soir, je sortais complètement de ma zone de confort. Aller boire un verre, sortir en boîte, danser, ce sont des choses que je n'ai pas l'habitude de faire. J'ai toujours été la jeune fille sérieuse, qui rentre tôt après le travail mais depuis que je vivais seule et que je n'avais plus de famille, je ressentais le besoin de sortir un peu plus, de casser cette routine j'avais depuis des années. Ce soir je faisais des choses exceptionnelles mais surtout je m'amusais. Je passais un bon moment avec cette jeune femme que je ne connaissais pas quelques heures plus tôt. Lorsqu'elle releva ma question sur l'expression d'à faire du rentre dedans, je me mis à rire. Comme elle le dit, on est là pour s'éclater et plus je passais de temps sur la piste, plus j'étais à l'aise et plus mes mouvements étaient moins chaotique. Donc en venant ici, s'amuser et se bousculer faisaient partie intégrante de la soirée.
Ahah je vois, personne ne m'en tiendra rigueur alors.
Pour une fois, on ne pourra pas trop me reprocher ma maladresse et c'est tant mieux. En tout vas je continue de danser dans m'arrêter, au rythme de la musique, c'est super plaisant, je me sens bien après pas mal de temps sur lanpiste, on retourne auprès du bar avec Summer. Je peux continuer de boire tranquillement mon cocktail qui était un régal à mes yeux. Des soirées comme ça, je veux bien en faire d'autres ! La jeune femme s'adresse de nouveau à moi en me disant qu'elle a l'impression que je ne suis pas beaucoup sortie au cours de ma vie. Elle ajoute également qu'il n'y a là aucune forme de jugement mais que c'est bizarre que l'on ne m'ait pas fait découvrir tout ça. Je dois passée pour une gamine qui ne connaît rien à la vie et... ce n'est pas spécialement faux, au contraire.
Tu as raison. J'ai fait tout ma jeunesse dans un pensionnat-couvent pour jeunes filles. Je suis revenue ici un peu plus tard. J'ai vécu avec ma grand-mère mais celle-ci se faisait de plus en plus âgée du coup je me suis occupée d'elle, j'ai mis ma vie entre parenthèse. Les choses ont changé depuis peu et je sors un peu plus.
Vu la bonne soirée que l'on passait, je préférais éviter de gâcher l'ambiance en parlant clairement du décès de mes parents, de ma grand-mère et de tout ce qui va avec. Je pense que les informations qu'elle a eu sont bien suffisantes.
Elle est maladroite et a l’air de vite s’en vouloir pour pas grand-chose mais au moins elle se lâche. Elle me donne cependant l’impression de ne pas avoir eu de réelle vie auparavant. Elle a l’air d’avoir eu une éducation de coincé. On dirait l’éducation qu’on reçoit dans les couvents ou dans les familles nobles. Remarque même les familles riches savent ce qu’il se passe dans une boîte de nuit donc elle a dû être élevée par des gens vraiment très coincés.
On s’amuse donc à danser comme si rien ne pourrait nous arrêter. Toutefois même ce petit plaisir a une fin. L’appel de la boisson se fait ressentir. J’aime danser mais j’aime aussi mon cocktail et c’est un peu pour lui que je suis venue. Pour une fois je ne suis pas venue draguer et trouver mon prochain coup d’une nuit, mais bel et bien pour boire. Je suis donc revenue vers le comptoir tout en questionnant un peu ma collègue du soir.
Je sirote mon cocktail en écoutant les paroles de la demoiselle qui me confirme que son éducation n’a pas été la plus exaltante. Je n’étais pas loin avec ma théorie du couvent. Puis sa grand-mère l’a pas mal occupée aussi. Bref elle n’a apparemment pas réellement eu d’occasion pour découvrir les joies de la vie.
- Je vois. Et bien un conseil, profite encore bien de toutes les expériences qui s’offriront à toi. Sauf celles qui sont trop dangereuses évidemment.
Je sirote encore ma boisson jusqu’à ce qu’un appel fasse sonner mon téléphone. Je m’excuse un instant auprès de ma partenaire de soirée et répond au téléphone. Malgré le volume sonore de la musique et des excités de service qui picolent et s’amusent autour, j’ai pu entendre ce qu’on me demandait. C’était juste plus compliqué que dans un lieu calme. L’appel ne dure que quelques minutes, le temps de m’expliquer le problème et que je puisse conseiller sur quoi faire en attendant mon retour. Un cas de blessure à soigner. Je raccroche et regarde ensuite la blonde avec un petit sourire désolé.
- Excuse-moi je vais devoir te laisser. Comme tu l’as sûrement compris, l’un de mes proches s’est blessé et je dois aller aider pour les soins.
Chanteuse à la carrière montante en public, personne ne se doute que durant mes « temps libres » je suis encore médecin.
- Fais bien attention à toi !
Je paie nos deux boissons, termine la mienne cul sec et quitte la jeune femme ainsi que la boîte de nuit. Je retourne rapidement à l’hôtel des Héritiers afin de faire mon rôle de docteur.
Une soirée tout ce qu’il y a de plus nouveau pour moi. Sortir danser en discothèque, c’est du jamais vu et pourtant j’y prends goût. Être sur la piste, se laisser entraîner par la musique sans se préoccuper du regard des autres, c’est franchement agréable. J’étais une bien piètre danseuse et pourtant j’y prenais grand plaisir. Ce soir, je découvrais une grande passion sur le fait de bouger son corps sur cette piste. Après avoir bien profité, une petite pause s’impose et quoi de mieux que d’aller boire un peu ? S’hydrater c’est important. Avec Summer, on en avait profité pour faire plus ample connaissance, elle m’avait posé quelques questions sur ma vie et je lui avais répondu sans tabou. Je lui avais raconté mon enfance, le pensionnat et mon envie aujourd’hui de découvrir de nouvelles choses, ce à quoi elle me conseille de profiter de toutes les expériences qui s’offrent à moi. Je lui souris. J’y compte bien. Je ne pense pas avoir perdu de temps à m’occuper de ma grand-mère, en tout cas, je ne le vois pas ainsi mais maintenant il faut que j’aille de l’avant et je compte bien ouvrir toutes les portes qui se présenteront à moi. Je n’ai pas vraiment le temps de répondre car son téléphone sonne mais je pense qu’à mon hochement de tête, elle a compris que je comptais bien suivre son conseil. Je la laisse passer son appel tranquillement et de ce que je vois, la soirée va s’écourter. Je ne sais pas pourquoi et ça ne me regarde pas. Son appel se termine et elle m’explique qu’un de ses proches s’est blessé. J’affiche une mine quelque peu inquiète.
J’espère que ce n’est pas trop grave. Il n’y a pas de souci, bon courage à toi et à ton proche.
Elle me dit de faire attention à moi, je lui souris et acquiesce d’un signe de tête.
Compte sur moi. Bon courage et merci à toi pour cette soirée.
Je la regarde partir. De mon côté, je finis tranquillement ma boisson, je retourne danser un peu et quand je sens la fatigue me gagner et qu’il est assez tard, je quitte la discothèque pour rentrer chez moi, heureuse. C’était une super soirée.
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