Les années avaient défilé à une telle vitesse qu’Azalja avait parfois eu la sensation de se perdre face à tous ces changements. Pourtant, une chose n’avait pas changé ces dernières années : l’amour qui l’unissait à Hallstein. Ou, peut que si. Cela avait changé. Leur amour avait grandi, s’était renforcé et avait donné naissance à une petite merveille : Malena. Malena était le fruit de leur amour, de leur bonheur et de leur complicité. Elle grandissait, bercée par deux parents qui veillaient sur elle, l’aimaient et la choyait.
Ironiquement, en dépit de tout ce qu’il se passait, Azalja ne s’était jamais sentie en paix. Hallstein lui apportait la protection, la liberté et la confiance qui lui avaient toujours manqué pour s’affirmer et voler de ses propres ailes. Elle pouvait se reposer sur lui, elle le savait. Peut-être n’était-il pas le mieux placé pour remplir leur déclaration d’impôt, mais il lui apportait bien plus que n’importe qui. Il était son roc, la montagne qui la protégeait des intempéries même si elle ne s’en rendait pas toujours compte. Aujourd’hui, elle le voyait. Elle voyait combien Hallstein l’avait préparé à la mort de Victor, combien il l’avait préparée à cette position d’Alpha qui lui tendait aujourd’hui les bras. Victor était décédé il y a quelques jours à peine et la meute vivait un véritable deuil. Azalja dépensait tant d’efforts à assurer la stabilité des siens et leur sécurité qu’elle en oubliait le reste. Elle s’oubliait. Elle oubliait son propre chagrin et enfonçait profondément dans sa poitrine toutes ses craintes de devenir Alpha. Y penser deviendrait concret. Y penser rendrait la mort de Victor officielle. Même si cette stratégie n’avait absolument de rien de sain, elle fonctionnait pour l’heure. Elle comptait se préoccuper du reste… plus tard. Un jour, peut-être.
Pourtant, ce ne fut pas l’opinion d’Hallstein. Bien plus expérimenté en la matière et extrêmement conscient de ce qui attendait Azalja durant les futurs mois, il avait convaincu l’Américano-Mexicaine de quitter la meute le temps d’une soirée. Comment avait-il fait ? Bonne question. Sachez seulement qu’Azalja n’avait pas eu le choix, avec sa petite carrure de louve, contre un vampire de presque un millénaire. Alors, elle s’était retrouvée les fesses sur le voilier, au coucher du soleil, avec Malena. Si elle avait commencé par protester, elle avait fini par se détendre à chaque kilomètre parcouru. Plus ils s’éloignaient de LA, plus elle semblait lâcher prise, retrouver toute sa sérénité au contact de son époux, sa fille, et son élément chéri : l’eau.
La nuit était tombée depuis plusieurs heures, et Hallstein avait amarré quelque part. Où ? Azalja l’ignorait, ça n’avait pas d’importance. Quelques lumières éclairaient le navire alors que la petite famille se trouvait sur le salon extérieur de la proue. Enroulée dans un plaid, dans les bras de son époux, la nuit était fraîche, mais tout était si paisible… Malena s’était endormie sur les genoux de sa mère, lovée contre ses deux parents, bercée par le doux remous des vagues.
- Merci, souffla-t-elle enfin dans un murmure pour ne pas réveiller Malena. J’avais besoin de ça. Bien plus que je ne le croyais.
Elle redressa légèrement son visage pour plonger son regard noisette dans les iris azurs de celui qui était aujourd’hui son époux.
- Je ne sais pas comment je ferais sans toi.
••• Aardbei
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Hallstein avait l’impression que seulement quelques journées s’étaient écoulées depuis cinq ans. La nuit qu’il faisait l’amour tendrement à Azalja semblait encore comme la veille… Tout comme celle de la conception de Malena. Le couple était heureux, uni et libre. Oui, leur union avait suscité quelques désaccords au sein de la famille de la louve, mais pourtant… Azalja était comblée, heureuse… Malena grandissait dans une famille aimante, sans aucun impact sur son développement. Elle était même plus intelligente que la plupart des enfants de son âge! Cela devait lui venait de sa mère. Un seul élément au gré des cinq dernières années avait passé à un rythme régulier. Leur mariage, moment qu’il n’aurait jamais voulu qu’il s’arrête… Et la mort de Victor… Le Viking avait prévu que cela ravagerait sa moitié et c’est donc dans cette optique qu’il l’avait préparé à affronter la mort. Il n’était peut-être pas le meilleur avec les mots, ni l’homme le plus organisé en terme de bureaucratie… Mais il avait eu son lot de mort, que cela soit à travers les guerres ou le temps. Il avait donc agi pour Azalja, la préparant peu à peu au décès de cet homme qui avait énormément d’importance pour elle. Même si Hallstein n’avait pas versé une seule larme à l’enterrement de ce dernier, il aurait été mentir de ne nier que cela ne l’avait pas un peu ébranlé. Cinq ans à le côtoyer, à l’apprécier… Mais trop habitué de bercer des cadavres, le blond avait plutôt adressé des mots à Odin pour Victor, il avait fait une petite cérémonie, seul dans les bois pour lui… C’était sa façon de célébrer la mort et Victor était parti dignement, en héros.
Azalja était devenu Alpha depuis peu, élément prévisible… Le Viking était très intuitif et savait depuis longtemps que ce jour viendrait… Il lui avait offert ses connaissances, l’avait entraîné et maintenant que tout était en place, elle devait se détendre. Mais comment faire en sorte que la louve prenne un pas de recul pour se ressourcer? Elle qui était si attentive aux besoins d’autrui, si altruiste et empathique? En la kidnappant… Aussi simple! Il avait tout de même avisé Gabriel, sa seconde de cet enlèvement, puis l’avait soulevé sur son épaule, pour la lancer sur le voilier. Puis leur aventure commençait, comme dans leurs débuts. La mer, le vent et le bois qui travaillait sous eux… Un moment des plus agréable et plaisant, dans la simplicité d’être en famille. Assis contre la louve, Malena enroulé dans une couverture sur les genoux de sa mère… Le Viking avait un bras autour de la taille de sa femme et fixait l’horizon… Observant les vagues remuez paisiblement sous les rayons lunaires. Il tournait alors son regard bleuté vers sa moitié et souriait alors avec douceur. Elle le remerciait? Ho, il n’avait pas fait grand-chose à ses yeux… Et il profitait autant du voyage qu’elle pour dire vrai.
-J’en avais besoin aussi, j’entendais l’appel de la mer depuis un moment. Tu as vécu beaucoup de choses en peu de temps, tu avais besoin de te ressourcer.
Redressant le cou pour venir déposer un doux baiser sur la tempe de la brune, il l’attirait un peu plus fortement contre lui et ajoutait alors d’un air protecteur,
-Tu es une femme forte et déterminée. Tu y arriverais très bien sans moi. En tant que Mari, j’ai promis de toujours veiller sur toi et d’être présent. Ce que je continuerais de faire, tant qu’Odin ne me ramènera pas près de lui.
Souriant doucement, il tentait de se montrer rassurant, avant d’observer les doux traits de Malena en ajoutant,
-Nous pourrions aller la coucher, elle semble bien endormie. J’ai été nous chercher un petit quelque chose pour la soirée…
Son sourire devenait mystérieux, alors qu’il laissait la louve allée coucher leur petite, le temps de préparer sa surprise. Une couverture des plus chaudes, quelques fourrures étalées sur le pont du voilier… Puis plusieurs bières de micro-brasserie différente, avec quelques bouteilles d’Hydromel. Une véritable dégustation de bière, avec plusieurs marques qu’ils n’avaient pas encore goûtées. Sur un plateau étaient disposés des saucissons de sortes différentes, du fromage et des fruits. Étendu sur une fourrure, il se redressait sur les coudes en observant Azalja qui le rejoignait en soufflant plutôt fièrement,
Quel agréable moment que celui-là. Dans les bras d’Hallstein, Malena endormie contre elle, à bord de leur petit voilier. Pouvait-on imaginer meilleur moment ? Probablement pas pour Azalja. S’il y avait une manière de définir ce qui la rendait heureuse, ce tableau en serait probablement le parfait exemple. L’Américano-Mexicaine remercia le Viking, qui ne sembla pourtant pas juger un quelconque remerciement nécessaire. Pour autant, il avait fait des efforts et n'avait pas manqué de lui adresser de multiples attentions. Alors oui, Azalja jugerait des remerciements nécessaires.
- Probablement, répondit-elle simplement, loin de vouloir réellement aborder tout sujet qui pourrait être source d’anxiété.
Non. Elle était bien trop bien à cet instant pour vouloir un tant soit peu briser ce moment parfait. Sentant les bras d’Hallstein la serrer d’autant plus contre lui, Azalja se lova contre son époux. Peut importe les années qui défilaient, elle se sentait toujours aussi paisible dans les bras du Viking. Ses mots doux la rassurèrent d’autant plus, même si à ses yeux, Hallstein avait bien plus de responsabilité qu’un simple “soutien”. Il y était pour bien plus et Azalja se savait chanceuse d’avoir le blond à ses côtés. Tout homme n’aurait pas ainsi apprécié voir sa femme passer au devant de la scène et l’y enocurager de la sorte.
- Non, pas sans toi. Dis à Odin qu’il te laisse à moi le plus longtemps possible. Je t’aime bien trop pour te laisser filer, souffla-t-elle en relevant son regard noisette vers lui.
Tout le monde ne comprenait pas leur relation. A vrai dire… peu de gens la comprenaient. Bien plus l’acceptait, voyant Azalja heureuse, mais peu de gens comprenaient vraiment. A vrai dire, Azalja elle-même ne comprenait pas toujours, c’était simplement… instinctif. Elle ne pouvait pas l’expliquer autrement. Oui, elle acceptait de ne pas être la seule épouse d’Hallstein, ce qui pouvait faire hurler beaucoup de femmes. Mais elle ne s’était jamais sentie menacée ou jalouse. Certes, Hall finissait toujours par lui manquer, et, en Norvège, elle finissait toujours par ressentir le besoin d’avoir son mari rien que pour elle. Mais c’était normal et ça ne la rendait pas jalouse pour autant. C’était simplement son amour pour lui qui parlait et elle avait très vite compris qu’elle pouvait être honnête vis à vis de ces émotions et les communiquer, que ce soit à Hallstein ou à ses autres épouses.
Mais pour l’heure, l’important était cet instant et la petite Malena qui dormait paisiblement. A juste titre, le père de famille proposa à Azalja de la coucher ce que la louve trouva tout à fait logique. Elle dormirait bien mieux dans un lit, au calme. Hochant doucement la tête, elle se détacha à contre coeur des bras de son époux pour porter la petite fille et la mener jusqu’à son petit lit, dans la cabine du bateau. La bordant tendrement, lui offrant un dernier baiser de bonne nuit, Azalja la laissa se reposer en paix et retourna sur le pont. Quelle ne fut pas sa surprise de voir ce qu’Hallstein avait préparé ! Un grand sourire aux lèvres, elle laissa échapper un petit rire et s’approcha de son mari, venant le rejoindre sur les fourrures. Elle s’allongea à ses côtés et prit tendrement son visage entre ses mains avant de lui offrir un doux baiser.
- Vous êtes plein de surprise, Jarl Hallstein.
Souriant, elle s'empara de nouveau de ses lèvres, cette fois-ci pour un baiser bien plus passionné, traduisant son affection pour son époux.
- Merci d’être mon époux, souffla-t-elle contre ses lèvres avec une immense tendresse.
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