Mon amie l’ange se tortilla légèrement dans mes bras, et s’accrocha à mon épaule pour se redresser. Je pensais qu’elle se mettait dans une meilleure position afin d’être plus à l’aise durant les quelques minutes de trajet qu’il nous restait, mais ses lèvres vinrent effleurer ma joue. Je frissonnai, fus content qu’il fasse sombre et qu’elle ne puisse pas me voir rougir jusqu’aux oreilles.
- Tu ne pouvais pas savoir. Je n'étais qu'une inconnue...répondit-elle avant de se blottir.
Je ne dis rien, à la fois perturbé par son geste et par la véracité de ses paroles. Une inconnue, oui. Mais une inconnue qui avait peut-être compté sur moi pour que je réagisse plus tôt. Enfin… maintenant, rien ne servait de ressasser cela. Je devais faire en sorte qu’Harmony ne regrette en aucun cas d’avoir fui la maison de ses parents. Arrivés à la voiture, je déposai la demoiselle à côté de la porte passager que j’ouvris. Je saisis la veste qui était posée sur le siège, et qui lui appartenait. Et je la lui mis sur les épaules.
- J’ai… attrapé ça en partant,dis-je tandis qu’elle enfilait les manches.Mais je n’ai pas eu le temps de prendre autre chose.
Elle m’accorda un regard inquiet.
- Personne ne m’a vu,la rassurai-je aussitôt, devinant ses pensées.Tu n’as pas à t’en faire.
Je fis une légère grimace.
- Par contre, je crois que j’ai pété une branche du châtaignier en montant pour passer le mur…ajoutai-je d’un air à moitié coupable.
Elle pouffa de rire. Mon cœur fit un petit bond d’allégresse en voyant son visage souriant malgré les circonstances. Je lui tins la porte le temps qu’elle grimpe dans la BMW, et me penchai pour la regarder.
- Je dois passer un coup de fil, et on pourra y aller.
Elle hocha la tête. Je fermai la porte et appelai Janna. Normalement, elle ne devait pas être encore couchée. Elle répondit à la deuxième sonnerie, alors que j’appuyais le bassin contre le coffre de la voiture.
« Allô ? Ça va, Papa ? »demanda-t-elle d’une voix préoccupée. - Tout va bien,confirmai-je très calme.C’est…
J’hésitai.
« Elle t’a mis à la porte ? »s’écria-t-elle, choquée.
Par réflexe, je collai ma main contre le téléphone, même si Harmony ne pouvait pas entendre ma fille.
- Non, ce n’est pas ça,l’interrompis-je alors qu’elle commençait à demander si j’avais pris du plomb dans les fesses de la part de Monsieur Blossom.J’ai… sorti Harmony de là.
Un silence.
« Attends mais… Vous êtes où ? » - Pas très loin, à cinq minutes. Je t’expliquerai. Écoute… Est-ce que tu peux préparer la chambre d’amis, s’il te plaît ? Et trouver quelques vêtements pour Harmony ? « D’accord. » - Danke, Schatz*. A tout de suite. « A toutes ! »
Je raccrochai, m’installai côté conducteur. Je regardai Harmony qui resserrait les pans de sa veste contre elle, puis portai mon attention devant moi et allumai le contact. Le trajet fut très court. Le parking que nous quittions ne se trouvait qu’à quatre kilomètres de la maison. Je mis un peu de musique dans l’espoir de détendre un peu la rouquine et lui offrir la possibilité d’éviter une conversation gênante. Nous arrivâmes à bon port, je garai la voiture dans le garage et descendis. J’allai ouvrir la portière à Harmony, pris sa main et la soutins jusqu’à la porte qui menait au cellier. Nous traversâmes la petite pièce, et ce fut Janna qui vint ouvrir la porte de la cuisine. Bien qu’elle semblât soucieuse face à la situation, ses yeux brillaient d’un contentement non dissimulé, car je savais bien qu’elle était ravie de voir Harmony débarquer ici.
- Coucou Harmony…fit-elle cependant timidement en remarquant l’état de l’ange.
Cette dernière avait encore les yeux rougis par ses pleurs, les joues roses et l’air épuisé, sans parler des quelques égratignures qu’elle avait aux bras et aux jambes, et de l’attelle qu’elle portait toujours.
______________________ * Danke, Schatz : Merci, ma chérie
Dans les bras de Meyer, je me laissais transporter à travers la forêt. Je n’avais aucune idée de où nous étions dans la nuit obscure mais je savais que Meyer allait nous ramener à mon port. J’avais une confiance aveugle en lui. Je sentais les battements de son cœur alors que j’étais tout contre lui et ça avait quelque chose d’apaisant. J’allais presque commencer à m’assoupir quand finalement nous sommes arrivés à sa voiture. Il me posa par terre, à côté de la portière passager. Il l’ouvre et me tend un vêtement que je reconnais. C’est une de mes vestes. Je le regarde inquiète. Est-ce que mes parents l’ont vu ? Est-ce qu’il s’est passé quelque chose ? Il a dû lire mon inquiétude dans mon regard et il me rassura en me disant que personne ne l’avait vu. Je soupire, rassurée. Il en rajoute une couche en me disant que par contre il a cassé une branche du châtaignier en montant dessus pour passer le mur. Je me suis mise à rire. Je ne m'attendais pas à cette déclaration. Rigoler ainsi me fit du bien.
Merci pour la veste, bien vu. T’en fais pas, le châtaignier devrait s’en remettre.
Je monte ensuite en voiture. J’attends qu’il passe son coup de fil et on se met en route. Il mit de la musique et aucun mot ne sortit de nos bouches. Rapidement, on arrive à la maison de Meyer. Il se gare dans son garage et je descends de la voiture avec l’aide de Meyer. Il me prend par la main et m'aide à me déplacer. On traverse le cellier puis Janna nous ouvre la porte de la cuisine. Elle avait l’air à la fois contente de nous voir et un peu étonné. Je dois être dans un état pire que je le pensais. Mon visage marqué encore de mes quelques larmes, je tente d’afficher un sourire crédible.
Bonsoir Janna, je suis contente de te voir. J’espère que ça ne te dérange pas que je passe la soirée… Nuit ?
Demandais-je en regardant Meyer un peu inquiète. Je me demandais à quel moment il voudrait que je rentre chez moi. Je n’en ai aucune envie mais ça finira par arriver, je m’en doute bien.
Ici.
Complétais-je alors que j’avais laissé ma phrase en suspens. Je me rends compte des quelques griffures que j’avais sur la peau, du fait que j’étais pieds nus et en nuisette. Je rougis légèrement, m'emmitouflant dans ma veste pour camoufler ce que je pouvais.
Excusez-moi, je ne suis pas du tout présentable. Je dois faire peur à voir…C’est pire que ce que je pensais mais je n’ai aucune affaire, rien… C’était bête de partir aussi précipitamment… Et si… Non rien. Je… Je crois que j’ai besoin de sommeil… Et d’une bonne douche avant tout… Si possible…
Et si mes parents étaient inquiets ? Est-ce que j'ai bien fait ? Je culpabilise un peu. Et cette cheville qui me fait mal. Je retire l’attelle. Ca a gonflé de nouveau
- Bonsoir Janna, je suis contente de te voir,dit-elle sincère.J’espère que ça ne te dérange pas que je passe la soirée… Nuit ?fit-elle en me lançant un regard interrogateur.Ici.
Elle s’emmitoufla dans sa veste. Je ne sus si c’était pour cacher son décolleté plongeant ou sa peau abîmée par sa soirée dans la forêt, mais elle avait l’air extrêmement gênée.
- Excusez-moi, je ne suis pas du tout présentable,reprit-elle penaude.Je dois faire peur à voir… C’est pire que ce que je pensais mais je n’ai aucune affaire, rien… C’était bête de partir aussi précipitamment…
J’aurais plutôt dit audacieux.
- Et si…commença-t-elle.
Mais elle ne termina pas sa phrase.
- Non, rien. Je… Je crois que j’ai besoin de sommeil… Et d’une bonne douche avant tout… Si possible…
Avec une grimace de douleur, elle se pencha et retira l’attelle de sa jambe. Ҫa avait un peu gonflé. J’avais peut-être des anti-inflammatoires dans l’armoire à pharmacie. J’espérais aussi que Janna avait trouvé de quoi la vêtir. Ma fille était plus petite que l’ange. Mais il y avait sûrement un tas d’habits appartenant à Mary qu’elle avait dû trouver en bas, dans le sous-sol. Ma défunte épouse était également plus petite que la rouquine, mais l’écart était moindre. Avec un peu de chance, un vêtement ample conviendrait. Je posai doucement ma main contre l’omoplate d’Harmony.
- Janna va te montrer la salle de bain.
Ma fille hocha la tête, visiblement prête et motivée à rendre service.
- Papa ? C’est quoi ça ?
Elle me pointa du doigt, au niveau de l’épaule gauche. Je baissai les yeux sur mon tee-shirt taché de sang. J’avais complètement oublié le piège du chasseur. Maintenant que je le réalisais, la douleur commença à me picoter.
- Rien de grave,assurai-je.J’ai pris un piège dans la forêt, ça va bientôt guérir. Aide Harmony, OK ? Je vais faire une douche aussi.
Je m’éloignai en direction de ma chambre. Après avoir trouvé un pantalon confortable et un tee-shirt propre, je filai me laver. L’avantage avec le fait que ma chambre disposait de sa propre salle d’eau, c’était que Janna avait la salle de bain pour elle toute seule. Ainsi, nous ne nous préoccupions pas des problèmes d’intimité. Une fois sec, j’enfilai le pantalon et dépliai le tee-shirt. Mais alors que je m’apprêtais à le mettre, l’entaille profonde sous ma clavicule attira mon attention. Quelque chose n’allait pas. Cela faisait plus d’une heure et rien n’avait commencé à guérir. J’aurais déjà dû arrêter de saigner, et les côtés les moins profonds de la plaie auraient dû se refermer un peu.
- Ne me dis pas que…murmurai-je en priant pour que ce ne soit pas ce que je pensais.
Je sortis de la chambre et appelai Janna. L’écoulement de l’eau dans la salle de bain m’indiqua qu’Harmony était sous la douche. Tant mieux, je ne voulais pas l’inquiéter. Ma fille me rejoignit dans le séjour, grimaça en me regardant.
- C’est pas joli,commenta-t-elle en désignant ma blessure d’un geste du menton.Et t’es tout blanc, t’es sûr que ça va ? - Schatz, dis-moi si tu sens une odeur forte, un peu chimique,dis-je en me penchant un peu en avant, la main appuyée sur le meuble à côté de nous. - T’es sérieux ?protesta-t-elle.C’est dégueu…
Je lui accordai un regard à la fois suppliant et sévère. A contrecœur, elle approcha son visage de mon épaule. Elle fronça aussitôt le nez et recula d’un pas.
- Pouah ! C’est quoi ?
Je me redressai et soupirai.
- J’ai été empoisonné à l’aconit.
Elle ouvrit des yeux ronds.
- Ne panique pas,l’apaisai-je en posant ma main sur sa tête.Ҫa a l’air d’être une petite dose. C’est sûrement pour ça que les effets sont plus longs à agir.
Elle pinça les lèvres.
- Plus longs… Je crois que tu devrais t’allonger maintenant,conseilla-t-elle.Tu transpires et tu trembles.
Elle avait raison. Malgré la douche que je venais de faire, je sentais la sueur perler dans mon dos et j’avais froid.
- Verdammte scheiße*…jurai-je agacé.Comme si j’avais besoin de ça maintenant…
J’aurais préféré m’occuper de soigner Harmony puisqu’elle ne pouvait pas utiliser ses pouvoirs d’ange sur elle-même.
- Ne t’en fais pas, je m’occupe d’elle,déclara Janna comme si elle avait lu dans mes pensées, en pointant la porte du couloir avec le pouce, derrière elle.Je t’apporterai un verre d’eau.
Je la remerciai. Janna avait un côté très serviable que je lui félicitais, surtout dans ce genre de situation. Je lui parlai des médicaments qu’elle pouvait donner à Harmony pour sa jambe, et pris congés, me sentant de plus en plus mal. Il fallait que je désinfecte ma blessure mais je ne m’en sentais pas du tout la force. Je demanderais à Janna tout à l’heure… Pour le moment, je me laissai tomber sur mon lit et fermai les yeux. J’avais froid mais je fus incapable de mouvoir mes mains pour attraper la couverture…
______________________ * Verdammte scheiße : Putain de merde
La maison de Meyer avait quelque chose de très chaleureux, je m’y sentis directement bien. J’étais heureuse de voir que ça ne les dérangeait pas de me garder cette nuit et en ce qui concerne la douche, Meyer avait donné à Janna la mission de me conduire à la salle de bain. Alors qu’on allait y aller, Janna remarqua quelque chose que je n’avais pas remarqué depuis tout ce temps: la blessure de Meyer. J’ouvris de grands yeux, inquiète, c’était de ma faute. Si je n’étais pas partie au milieu de la nuit pour fuguer on ne sait où, ça ne serait pas arrivé. Malheureusement, je pense être en incapacité d’utiliser mon pouvoir dans l’immédiat. Dès que je le pourrais je le ferais. Il nous rassura et j’essayais de l’être. Comme convenu, Janna me conduit à la salle de bain. Elle me donna une serviette, des sous-vêtements et une petite robe blanche à bretelles. Je la remercie et rejoins la douche. Alors que je me lavais, j’entendis Meyer appeler Janna. Laissant l’eau couler, j’entrouvre la porte, écoutant la conversation. Ce n’est pas bien mais quelque chose me dit qu’il fallait que j’écoute. Effectivement, j’avais bien fait, la blessure était un peu plus grave qu’on ne le pensait. Mince, je dois faire quelque chose. Il m’a aidé, maintenant c’est à moi de le faire. Je me dépêche de finir ma douche, de me sécher et de m’habiller. La robe était un chouilla serrée et moulait mon corps mais ça ferait parfaitement l’affaire. Je crois Janna qui revenait. Je prends sa main, la regardant pleine de compassion.
Il m’a beaucoup aidé, c’est à moi de le faire maintenant. Je suis désolée… Je n’ai pas pu m’empêcher d’écouter. Où est sa chambre ?
Une fois celle-ci indiquée, je récupère un gant de toilette dans la salle de bain et une bassine d’eau dans la cuisine puis je me précipite dans la chambre.. Meyer n’était vraiment pas en forme, je ne l’avais jamais vu ainsi. Il tremblait. Je pose la bassine à mes pieds puis je viens saisir la couverture entre mes doigts pour la remonter sur son corps. Je m’assois sur le bord du lit, le regardant, inquiète. Je me penche légèrement au-dessus de lui, ma main venant caresser sa joue.
Ca va aller, je suis là, laisse moi te soigner…
Je pose ma main sur sa blessure et j’use de mon don de guérison pour soigner sa blessure comme je le peux. J’y mets toute mon énergie, souhaitant vraiment qu’il guérisse. Je viens ensuite poser le gant mouillé sur son front.
Tout est de ma faute, si je n’étais pas partie, ça ne serait pas arrivé… Je suis sincèrement désolée. Mais je te promets de veiller sur toi toute cette nuit.
Je lui souris tendrement. J’étais déterminée à passer la nuit à ses côtés pour petre là au moindre de ses besoins.
Il valait mieux que j’appelle ma fille maintenant. Je tremblais si fort que j’en avais mal au dos. Cependant, je me sentais tellement mal que je n’arrivais même pas à parler. J’eus l’impression d’attendre une éternité avant que la porte s’ouvre enfin… Je gardai les yeux fermés, trop fatigué pour faire l’effort de les ouvrir. Des pas légers et un clapotis d’eau me parvinrent. Une main fit glisser la couverture jusqu’au niveau de mes côtes, et vint se poser sur ma joue, en même temps que le matelas s’affaissait tout près de moi. Je frissonnai de plus belle. Ce parfum… Ce n’était pas Janna.
- Ҫa va aller, je suis là,murmura Harmony.Laisse-moi te soigner…
Non… Elle était sensée s’allonger, elle aussi. Avait-elle soigné sa jambe ? Janna pouvait très bien m’aider… Un gémissement de douleur s’échappa de ma bouche quand la main de l’ange se posa sur ma blessure. Mais l’instant d’après, je ressentis une douce chaleur et les picotements cessèrent peu à peu. Elle venait d’user de ses dons angéliques. La plaie était refermée et je ne saignais plus, ce qui était déjà libérateur. Mais la fièvre, elle, me suivrait jusqu’à demain… Foutu aconit. Je me rappelais encore de mon premier empoisonnement, six ans auparavant. C’était lors d’un combat en arène. Ce soir-là, assisté de Schneider et Rachel, j’essayais d’envoyer d’autres hommes de Bear en prison afin de réduire son réseau plus vite que ce que la police prétendait le faire. Mais mon dernier duel ne se termina pas comme prévu. Je battis mon adversaire. Néanmoins, les armes qu’il avait utilisées étaient imbibées d’aconit et je m’étais retrouvé dans un état pitoyable à la sortie de l’arène. Heureusement, Rachel avait été là pour m’emmener chez elle et me soigner. J’avais passé une sale nuit… Je ne savais dire si ce serait aussi insupportable aujourd’hui. La dose d’aconit était moins forte mais plus concentrée et près du cœur. A l’époque, il s’agissait d’entailles légères causées de toutes parts sur la partie supérieure du corps. Je verrais bien… Je ne pouvais rien faire de plus à part attendre que mon corps rejette le poison. J’irais mieux dans quelques heures. Je tressaillis quand Harmony posa un gant mouillé sur mon front.
- Tout est de ma faute,murmura-t-elle d’une voix remplie de culpabilité.Si je n’étais pas partie, ça ne serait pas arrivé… Je suis sincèrement désolée. Mais je te promets de veiller sur toi toute cette nuit.
Il fallait qu’elle dorme, elle aussi. Connaissant son tempérament têtu, je savais qu’il ne servait à rien de la forcer à aller se coucher dans la chambre d’amis. Et au moins, si elle restait là, je pouvais être sûr qu’elle se reposait – à condition que tout aille bien pour moi. Rachel avait parlé de réaction à l’aconit. A part la fièvre, je pouvais potentiellement être pris de nausées et vomissements, voire convulser mais la dose de poison n’était pas assez forte pour en arriver à cet extrême. Tant mieux… Usant du peu de forces que je possédais, j'attrapai le poignet d'Harmony et l'attirai à moi. Du moins, voulus-je le faire. En fait, j’étais tellement faible qu’elle ne bougea pas d’un centimètre.
- Si tu restes… allonge-toi,réussis-je à dire dans un souffle à peine audible.
Un « s’il te plaît » aurait été plus poli. Mais plus aucun son ne voulut sortir de ma bouche, à part une courte toux.
Meyer était en piteux état et ça m'inquiétait. Même s'il avait dit que la dose de poison qu'il avait eu était moindre, je ne pouvais m'empêcher de culpabiliser. La moindre des choses que je pouvais faire, c'était de le soigner et de rester à ses cotés cette nuit pour veiller sur lui. Pour commencer, j'avais soigné sa blessure,elle s'était refermée. Il avait ainsi ça en moins à supporter. Je me doute bien que sa fièvre n'allait pas baisser d'un coup mais malheureusement, j'étais incapable de faire plus. Je tentais pour commencer de la faire baisser à l'aide un gant de toilette d'eau froide. Je lui avais parlé doucement aussi pour le rassurer. Je pensais qu'il me repousserait, parce que je sais à quel point il tient à ce que je me repose mais malheureusement pour lui, ou plutôt heureusement, je suis trop têtue pour le laisser subir ça seul. C'était de ma faute s'il était dans cet état alors je ne bougerais pas d'ici. En vrai, il n'a pas l'air d'avoir la force de me repousser... j'ai hâte de le voir de nouveau en forme. Il prononça alors quelques mots auxquels je reste attentive. Plutôt que de me pousser à partir ou à me reposer de mon côté, il me dit de m'allonger si je reste à ses côtés. Je lui souris tendrement. Il avait pris mon poignet, sûrement dans le but de m'inciter à m'allonger mais il n'avait aucune force. Meyer... j'aime vraiment pas de voir ainsi.
Si c'est la condition pour rester avec toi, alors je le ferais.
Mon visage proche du sien, ma main caressant délicatement son visage. Je me montre d'une douceur extrême.
Bonne nuit mon petit loup...
Oui, je le voyais comme un petit loup dont je devais prendre grand soin... Son visage semble m'attirer... ses lèvres... mes lèvres finirent par les effleurer de avec douceur. Mince... mais qu'est-ce que je fais... Me rendant compte de ce que je fais, je m'arrete avant de réellement l'embrasser. Je rompt ce léger contact. Bon... demain il ne s'en souviendra pas ou alors il se dira que la fièvre l'a fait déliré. Faisant comme si de rien n'était, je soulève un peu la couette pour m'allonger à côté lui, la chaleur de mon corps pouvant lui apporter un peu de chaleur. Je me blottis tout contre lui. Je veille à ce qu'il s'endorme avant de m'endormir à mon tour.
Harmony affirma qu’elle resterait avec moi, et contourna le lit pour venir s’allonger. Son odeur me fit du bien mais m’assomma aussi, comme un puissant somnifère apaisant. A présent rassuré, ce fut comme si mon corps et mon esprit se relâchaient d’un coup, et je sentis le sommeil me prendre petit à petit. Je ne sus dire si ce fut la réalité ou dans mes rêves, mais la main d’Harmony caressait doucement ma joue. Et sous son contact, j’avais l’impression que ma peau s’enflammait. Sauf que c’était agréable. Je ressentis cette chaleur près de mon oreille, sur ma pommette, et elle se déplaça jusqu’au coin de mes lèvres. Puis elle s’étala sur tout un côté de mon corps, près de là où s’était allongée Harmony. Je ne savais absolument pas ce que faisait la demoiselle mais je n’avais pas la force de regarder ni d’y réfléchir. Je finis par sombrer. Quand je me réveillai le lendemain – je supposais qu’il faisait jour étant donné que j’entendais les oiseaux piailler derrière la fenêtre – je ne réalisai pas tout de suite où je me trouvais. J’avais un mal de crâne phénoménal, comme si je me réveillais avec la gueule de bois. Mais je ne me souvenais pas d’avoir bu hier… L’odeur de ma propre lessive me rappela que j’étais bien dans mon lit, tourné sur le flanc, un coussin bien moelleux serré dans mes bras. Un parfum plus doux dont j’ignorais l’origine me chatouillait les narines et je sentais une chaleur rassurante tout près de mon visage. Dans un confort absolument plaisant, je lâchai un soupir et rapprochai le coussin contre mon front. Il était doux et sentait tellement bon… Il me rappelait le parfum d’Harmony, agréable et perturbant… Mon cœur rata un battement et j’ouvris les yeux. Il s’agissait bien de mon amie l’ange. Et ce que je prenais pour un coussin moelleux contre mon visage, c’était…
- Oh merde !
Je me levai d’un bond. Ma main droite, qui aurait dû se poser sur le matelas derrière moi pour me soutenir, partit dans le vide et je tombai du lit. Je me rappelais, maintenant. Hier soir, j’étais allé chez les parents d’Harmony pour avoir des nouvelles de cette dernière qui ne donnait plus signe de vie depuis l’épisode du manoir. La conversation avait tourné au vinaigre, la demoiselle s’était enfuie jusqu’à l’Angeles National Forest. J’étais allé la retrouver pour la ramener chez moi, bien décidé à la soutenir dans son émancipation brutale. Mais le piège que j’avais pris dans la forêt en la cherchant était empoisonné d’aconit, et j’étais tombé malade. Je me souvenais vaguement qu’Harmony avait soigné ma blessure et s’était allongée à côté de moi, puis plus rien. Étalé par terre, sur le dos, frissonnant à cause du carrelage froid et du fait que je ne portais pas de tee-shirt, je me redressai sur le coude en grimaçant. Mon corps ne s’était pas encore tout à fait remis du poison. Je me sentais courbaturé. Mais au moins, j’avais l’impression de ne plus avoir de fièvre.
La nuit déjà bien entammée, Meyer dans un sale état, vivement le jour suivant que tous les problèmes se dissipent un peu. Une bonne nuit de sommeil était bien méritée,cette soirée avait été riche en émotion. J'avais fait de mon mieux pour soigner Meyer. Suite à cela, il avait fini par s'assoupir. J'avais lutté contre le sommeil pour m'en assurer mais lorsqu'il sombra, je fis de même. Ma nuit se passa sans aucune interruption, je devais être beaucoup trop fatiguée pour que ça arrive et... aux côtés de Meyer, je m'étais sentie bien. De son côté, sa nuit n'a pas été mouvementé sinon je l'aurais remarqué. Je fus réveillée par les doux rayons du soleil. Celui-ci était déjà haut dans le ciel. Je n'avais aucune idée de l'heure qu'il était mis ça m'importait peu. Le plus important, c'était l'état de Meyer. D'ailleurs, lorsque je me réveille, il dort toujours. Je suis prise entre ses bras et j'évite de bouger au risque de le déranger. Il était tout contre moi, sa tête contre ma poitrine. Il avait l'air tellement paisible que je ne voulais pas prendre le risque de le réveiller. Meyer commençait à se mouvoir, me serrant un peu plus contre lui, sa tête s'enfoncent légèrement dans ma poitrine. Je rougis légèrement mais du moment qu'il se sentait bien, ça me convenait. Je souris légèrement, dirigeant une main pour venir carresser sa tête. Malheureusement je n'en ai pas eu le temps. Meyer ouvrit les yeux. Je voulu le saluer mais celui-ci fit comme un bond, il voulu prendre appui derrière lui mais il tomba du lit, se retrouvant sur le parquet, frissonnant. Ni une, ni deux, je me lève, prenant la couette. Je me baisse à sa hauteur et la pause sur ses épaules.
Hey.... Ça va ? Je ne savais pas que je faisais si peur que ça au réveil.
Je rigole légèrement avant de poser sa main sur sa joue et de relever son visage vers moi, le regardant dans les yeux, inquiète.
Tout va bien... ? Tu ne t'es pas fait mal ? Ne reste pas par terre, je vais t'aider
Je l'aide à se lever pour le faire se resseoir sur le lit. Je l'emmitoufle dans la couette comme il faut pour être sûre qu'il n'ait pas froid.
Harmony s’approcha du bord du lit, le visage rouge mais un sourire au coin des lèvres.
- Hey… Ça va ?demanda-t-elle mi inquiète, mi amusée.
Elle descendit du lit et vint poser la couette sur mes épaules.
- Je ne savais pas que je faisais si peur que ça au réveil.
Elle pouffa de rire puis sa main vint caresser ma joue. Je frissonnai.
- Tout va bien ? Tu ne t'es pas fait mal ? Ne reste pas par terre, je vais t'aider. - Ou… oui… ça va,bégayai-je encore perturbé.
Je me relevai et nous nous assîmes côte à côte au bord du matelas. Elle tint son bras dans mon dos recouvert par la couette, et me regarda d’un air soucieux. Je me frottai le visage avec les mains, tentai de remettre de l’ordre dans mes pensées. Mais ce fut difficile avec cette douleur qui lançait dans le crâne.
- Je… Il me faut de l’aspirine,dis-je d’une voix un peu rocailleuse.
Je me raclai la gorge.
- J’ai l’impression que ma tête va exploser…
L’ange réagit aussitôt et sortit de la chambre. Quelques secondes plus tard, elle revint avec un verre d’eau au fond duquel reposait un comprimé effervescent. Je la remerciai, pris le verre. Mais je devais attendre que le cachet se soit complètement désagrégé. Je regardai alors Harmony. Elle ne portait plus sa nuisette décolletée, mais une robe que je connaissais bien pour avoir appartenu à Mary. Elle était simple, blanche et à bretelles.
- Ҫa… ça te va bien,remarquai-je, détournant le regard pour éviter de me perdre trop longtemps dans la contemplation de sa poitrine visiblement un poil à l’étroit.
En cette nouvelle journée, j'espérais que Meyer aille mieux. Malheureusement, je n'en étais sûre et mon inquiétude pour lui n'avait pas diminuée. Il faut dire qu'il s'est endormi avec de la fièvre,en tremblant et ce matin il s'est réveillé dans un sursaut non dissimulable et à fini par une chute du lit. Ce n'était pas rien ! Il avait malgré tout répondu à ma question mais en begayant..ce n'est pas la première fois que je lui déclenche une difficulté à communiquer, c'est bizarre, je ne sais pas comment je fais mais ce n'est pas mon but. Bien sûr, je l'avais aidé à se relever pour rejoindre le lit. Celui-ci était, je pense, plus confortable que le sol froid. Il m'avait dit qu'il allait bien mais aussi qu'il lui fallait de l'aspirine, il a l'impression que sa tête va exploser. Je le regarde tristement avant de partir en courant à la recherche d'aspirine. J'avais préparé un verre d'eau dans lequel j'avais mis le cachet effervescent. Je me depeche de revenir à la chambre pour donner le verre a Meyer. Il faut attendre encore un peu pour qu'il puisse le boire, j'espérais qu'avec ça son mal de tête allait partir. En attendant, il brisa le silence. Il me complimenta en me disant que la robe m'allait bien.
Merci ! C'est Janna qui m'a trouvé cette magnifique petite robe. Bon... elle me serre un peu à ce niveau là mais ça va.
Dis-je en pointant ma poitrine, en rigolant légèrement. Je me mets assise sur les genoux, face à lui. Je pose alors ma main sur son front.
Avant de prendre le cachet, essayons de voir si mon pouvoir fonctionne.
Je tente d'utiliser mon pouvoir mais il semblerait que mon pouvoir ne soit pas régénéré. Pas si étonnant en tant que jeune ange. Je retire ma main, la posant sur ma cuisse à côté de l'autre.
Excuse-moi... je ne peux même pas me rendre utile... Mon pouvoir n'est pas encore régénéré. Je suis... trop jeune... J'aurai aimé pouvoir régler ce problème. Un jour j'en serais capable...
Je soupire en baissant la tête. Bon allez, soyons plus positif. Je relève la tête, mon regard glissant sur le torse de Meyer. J'esquisse un petit sourire.
- Merci ! C'est Janna qui m'a trouvé cette magnifique petite robe.
Elle ne manqua pas de préciser qu’elle se sentait un peu serrée dedans, et je dus fermer un instant les yeux afin de ne pas être tenté de le vérifier encore. Heureusement – ou pas – ma tête me faisait bien trop mal pour m’attarder sur ce genre de détail. Je posai le verre sur la table de chevet, puis reculai et m’adossai à la tête de lit, croisant mes jambes en tailleur, sur lesquelles je laissai mes mains retomber en levant le visage vers le plafond. J’avais l’impression qu’on me tapait le crâne avec un marteau piqueur. Je fermai encore les yeux, les rouvris quand la main d’Harmony alla se poser sur mon front. Elle s’était mise à genoux face à moi.
- Avant de prendre le cachet, essayons de voir si mon pouvoir fonctionne,proposa-t-elle.
Je la laissai faire. Je sentis la paume de sa main se réchauffer, mais ce ne fut pas aussi agréable que les autres fois. Et au bout de quelques secondes, j’avais toujours mal.
- Excuse-moi…dit-elle déçue en la retirant.Je ne peux même pas me rendre utile… Mon pouvoir n'est pas encore régénéré. Je suis… trop jeune… J'aurai aimé pouvoir régler ce problème.
Ce n’était pas grave.
- Un jour, j'en serai capable,se motiva-t-elle.
Son regard glissa de mes jambes jusqu’à mes yeux, et elle eut un sourire.
- A toi aussi, cette tenue te va très bien,commenta-t-elle, les joues roses.
Je ricanai, elle aussi. Comme elle semblait de bonne humeur, je ne voulais pas lui parler de ce qu’il s’était passé hier, de la raison pour laquelle elle se trouvait ici désormais. Alors je retins mes mots, même ceux destinés à la rassurer sur le fait qu’elle pouvait rester autant de temps qu’elle le voudrait. En vérité, je ne savais pas tellement quoi dire. Maintenant que je l’avais invitée à se réfugier chez moi, que fallait-il faire ? Non, la vraie question, c’était « que voulait-elle faire » ? Tout en réfléchissant, difficilement à cause de la douleur, je repris le verre et bus son contenu. J’irais bientôt mieux. On frappa alors à la porte.
- Papa ? Ça va ? Je peux entrer ? - Oui,répondis-je tandis qu’Harmony récupérait le verre.
Janna ouvrit la porte et nous regarda tour à tour, vêtue d’un tablier, une spatule à la main. Une douce odeur de pancakes se répandit dans la pièce.
- Le petit déjeuner de ces messieurs-dames est servi !annonça-t-elle gaiement.
Nous nous mîmes à rire. Avec précaution, je me levai du lit. Ma fille vint me faire un câlin.
- Tu es guéri !fit-elle soulagée en regardant l’endroit où j’avais été blessé. - Grâce à Harmony,précisai-je en accordant un sourire à l’ange. - Par contre, tu devrais reprendre une douche,conseilla Janna en reculant.Je dis ça, je dis rien.
Je levai les yeux au ciel. Évidemment, j’avais transpiré toute la nuit pour évacuer le poison. Elle évita ma main qui allait vers ses cheveux pour les ébouriffer, et quitta la chambre en pouffant de rire.
- Je vous rejoins,dis-je à la rouquine en allant me choisir des vêtements propres dans l’armoire.
Ma tentative de soigner tous les maux de Meyer avait été un échec. Pour l’heure, on devra se contenter d’ l’aspirine en espérant que celle-ci fasse effet. Avec Meyer, on était vite passé à autre chose pour éviter que le négatif ne nous ronge. j’avais rebondis sur le compliment qu’il m’avait fait en le complimentant à son tour et nous nous sommes mis à rire. Le voir rire me rassurait, c’est qu’il allait déjà mieux. C’est à ce moment-là que l’on frappa à la porte. C‘était Janna qui venait prendre des nouvelles de son papa et qui nous annonçait que le petit déjeuner était servi. Je me mis à rire, me levant à mon tour.
Ca sent délicieusement bon !
L’ambiance était agréable, Janna était heureuse de savoir que son père était guéri. Meyer dit que c’est grâce à moi. Je rougis, un peu gênée.
Oh mais non, je n’ai rien fait de spécial.
Janna recommanda ensuite vivement à son père de prendre une douche. J’avais que je n’avais pas prêté plus attention que ça à son odeur, m’inquiétant uniquement de son état de santé. Et puis, je n’ai pas un odorat aussi développé que les lycans, c’est peut-être pour ça que je n’y ai pas prêté plus attention. Sur ces mots, Janna quitta la pièce en rigolant et Meyer me dit qu’il va nous rejoindre.J’acquiesce d’un signe de tête, le regardant prendre ses vêtements puis filer à la salle de bain. Je viens voir rapidement Janna.
J’arrive, je vais l’assister un peu.
Je lui fais un clin d'œil, je prends un tabouret puis je retourne vers la chambre de Meyer puis dans sa salle de bain. Je frappe à la porte et entre. Il n’avait pas fini de se déshabiller totalement et ce n’était pas plus mal. Il lui restait son dessous. Je pose alors le tabouret dans la salle de bain. Je le regarde l’air sérieux.
Tu t'assois et je ne veux aucune protestation ! Taratata, chut.
Je lui tire la langue avant de saisir un gant de toilette que je mouille. Je mets ensuite dessus un peu de gel douche puis je commence à passer délicatement le gant sur ses bras.
Je tenais à t’assister et ce jusqu’à que tu sois totalement guéri, et que tu sois en capacité de me virer et là j’aurai la preuve que ce sera bon.
Je me mis à rire puis je commence à passer le gant sur son torse puis son dos. Tout ça dans des mouvements circulaires, lents et doux, comme si c’était une poupée que je ne voulais pas abimer. Ma robe devenait un peu mouillée petit à petit, devenant légèrement transparente mais je n’y prêtais aucunement attention, totalement concentrée sur Meyer et son bien être. Je continue, massant ses épaules, son dos tout en restant silencieuse, n’osant pas briser ce silence.
Elle sortit également. J’entrai dans la salle d’eau, me regardai dans le miroir. J’avais une tête affreuse. Je soupirai, retirai mon pantalon. J’entendis alors trois coups contre la porte et Harmony entra avant même que j’eusse le temps de répondre. Heureusement que je n’avais pas encore retiré mon sous-vêtement…
- Euh…commençai-je en la voyant approcher avec un tabouret à la main.
Elle alla le poser au sol, au milieu de la douche à l’italienne, sous mon regard confus. Qu’est-ce qu’elle fabriquait ? Elle se tourna vers moi, l’air très sérieux.
- Tu t'assois…
Hein ?
- … et je ne veux aucune protestation !
Je fis des yeux ronds.
- M… mais… - Taratata, chut,coupa-t-elle en me poussant vers la douche.
Taratata, chut ? Sérieusement ? Trop stupéfait pour opposer la moindre résistance, je me laissai tomber assis sur le tabouret. Elle attrapa un gant de toilette, l’humidifia et fit couler du gel douche dessus. Et elle commença à me frotter doucement le bras.
- Je tenais à t’assister et ce, jusqu’à que tu sois totalement guéri, et que tu sois en capacité de me virer,déclara-t-elle déterminée.Et là, j’aurai la preuve que ce sera bon.
Je devais l’avouer, j’appréciais le geste. Depuis quand n’avais-je pas laissé quelqu’un prendre soin de moi de cette façon ? Je me rendais compte que ce n’était pas si mal… Un silence absolu s’installa entre nous pendant qu’Harmony me frottait le torse, puis le dos. Quand elle en vint aux épaules, je fermai les yeux et soupirai. Mon mal de crâne diminuait doucement.
- Tu n’imagines même pas à quel point ça fait du bien,dis-je à voix basse, comme si le fait de parler fort briserait ce moment de quiétude.
Je repensai alors à ses dernières paroles.
- Harmony.
J’ouvris les yeux. Elle était derrière moi, les mains sur mes épaules.
- Je ne vais pas te virer, tu le sais ça ?
Je me levai du tabouret et tournai pour lui faire face. Mes mots semblaient l’avoir rendue perplexe. Je faillis ne pas pouvoir continuer quand je vis que sa robe était mouillée, et qu’elle devenait transparente. La magie des vêtements blancs… Je plantai mon regard dans le sien – pour ne pas l’avoir ailleurs – et repris.
- J’ai décidé de t’emmener ici pour t’offrir un refuge. Tu peux rester autant de temps que tu le veux. Considère cette maison comme la tienne, désormais,ajoutai-je alors qu’elle s’apprêtait à ouvrir la bouche pour répondre, et sûrement protester.Je veux que tu t’y sentes comme chez toi. Et de toute façon…
Je poussai le tabouret sur le côté, me rapprochai d’Harmony. Elle fit un pas en arrière mais son dos rencontra la vitre de la douche. Je posai mon avant-bras dessus, tout près de sa tête, et approchai mon visage du sien.
- Maintenant que tu es là, je ne compte pas te laisser partir,murmurai-je encore plus bas.
Nous ne nous trouvions plus qu’à quelques centimètres l’un de l’autre, si près que je sentis son souffle sur ma bouche.
- Je me fiche de ce que vous fabriquez mais si vous ne venez pas tout de suite, je mange tout !gronda la voix de Janna depuis la cuisine.
Je reculai, un sourire un tantinet déçu au coin des lèvres.
- Mieux vaut ne pas la contrarier,avertis-je.
Sur ce, je forçai la demoiselle à sortir de la douche, et de la salle d’eau.
- Allez, file de là, je te laisserai t’occuper du reste un autre jour,la taquinai-je.
J’allai refermer la porte, me ravisai.
- Et change de robe,dis-je en la reluquant de la tête aux pieds, cette fois-ci.
J’eus tout juste le temps de voir son visage virer au rouge avant de m’enfermer. Elle dut certainement m'entendre rire.
Je m’occupais de Meyer avec toute la délicatesse et la passion du monde. Cet homme qui savait prendre soin des autres, méritait que l’on prenne soin de lui. Lorsque j’étais rentrée dans la douche sans lui laisser le choix, il avait tenté de protester mais en vain et avait donc fini par se raviser. Une sourire satisfait, je m’étais attelée à la tâche, le lavant tout en le massant. Se détendre ainsi ne pouvait que lui faire du bien. Et c’est ce qu’il me confirma, il appréciait ce que je faisais et ça m’encourageait à continuer. En plus, ça me faisait vraiment plaisir de prendre soin de lui. Rompant le silence, il m’interpelle.
Oui ?
Il ne va pas me virer ? Comment ça ? Je disais ça pour plaisanter, on s’est mal compris ? Je le regarde l’air interrogateur alors qu’il se lève pour me faire face. Il me précise qu’il m’a emmené pour me proposer un refuge, qu’il faut que je considère cette maison comme la mienne.
Mais…
Il me coupe en ajoutant qu’il veut que je me sente chez moi. C’est vraiment adorable de sa part. Il allait ajouter quelque chose. Je le regarde dans les yeux me demandant qu’elle allait être la suite. Il s’approche de moi et par automatisme je recule, me retrouvant collée à la vitre de la douche. Je sens les battements de mon cœur s’accélérer dans ma poitrine. Il ajoute que maintenant que je suis là, il ne compte pas me laisser partir. Je rougis,son visage est si proche du mien que je peux sentir son souffle.
Meyer je…
C’est Janna qui gronda au loin. Mince, on a été si long que ça ? Meyer ajouta qu’il valait mieux ne pas la contrarier et j’acquiesce d’un signe de tête. Il me poussa alors hors de la douche et de la salle de bain en me disant que je m’occuperais du reste un autre jour. Je rougis un peu plus encore. Je m’apprête à partir en direction la cuisine quand Meyer me conseilla de changer de robe. Je me regarde et je deviens rouge écarlate constatant que ma robe était devenue transparente. A peine le temps de réagir qu’il avait déjà fermé la porte en rigolant. Mince… Ou est-ce que je peux trouver une autre robe ? Ca m’embête de demander à Janna, non seulement on l’a fait attendre et après je lui demande un service. Non, je vais faire autrement. Je me permets de fouiller dans l’armoire de Meyer et de récupérer un tee-shirt à lui. Vu sa taille et sa carrure, ça devrait me faire une robe. Je retire celle que j’ai sur le dos et j’enfile le fameux tee-shirt. Effectivement, ça me fait une robe. Je rejoins alors Janna à la cuisine. Je mets la robe à la machine à laver puis je viens m’asseoir. Janna me regarde l’air interrogateur tandis que j’étais toujours aussi rouge.
S’il te plait, ne pose pas de question…
Après quoi, je me sers d'un pancake et je commence à manger.
Je ne fus pas long. Cette chipie de Janna m’avait donné faim avec son histoire de pancakes. Et j’avais besoin de reprendre des forces en mangeant après la nuit que je venais de passer. Alors, une fois sec et vêtu d’habits de jour, je me rendis à la cuisine où les filles étaient installées. Harmony n’avait apparemment pas trouvé d’autre robe car elle avait enfilé l’un de mes tee-shirts. Je m’assis à côté d’elle, face à Janna qui étalait de la confiture sur son pancake. L’information atteignit enfin mon cerveau quand je regardai l’heure tardive et ma fille qui ne semblait pas affolée.
- Tu ne devrais pas être au lycée, toi ?demandai-je inquiet à l’idée qu’elle rate des heures de cours.
Elle haussa les épaules.
- Si, mais on ne fait que des révisions pour les derniers exams,répondit-elle sereine.Je peux les faire ici. J’ai prévenu mes copines que je ne venais pas.
A cause de l’aconit, je n’avais pas pu l’emmener…
- Je ne t’en veux pas,me devança-t-elle avec un sourire.Au final, je préfère réviser seule. Les filles sont un peu du genre… facilement distraites.
Et je savais ô combien Janna aimait restée concentrée à fond quand elle travaillait. Rassuré, je pris un pancake et le tartinai de miel. Je poussai un soupir d’aise dès ma première bouchée.
- C’est super bon, Schatz. - Danke.
Je jetai un coup d’œil à Harmony.
- Tu as de la confiture sur la joue,fis-je remarquer avant d’attraper une serviette en papier.
Je l’essuyai moi-même et nous échangeâmes un sourire. Janna se racla la gorge avec insistance et nous la regardâmes.
- Vous êtes bien mignons tous les deux, mais personne ne m’a encore expliqué ce qui est arrivé pour que vous soyez arrivés dans un état lamentable hier soir.
Je savais qu’elle voudrait savoir à un moment où à un autre. Ma fille était beaucoup trop curieuse, surtout quand il s’agissait de ma vie sentimentale. Je regrettais presque de me confier trop souvent à elle… Embarrassé, je mis du temps à répondre.
- C’est… une histoire d’adultes.
Elle était très intelligente et mature pour son âge. Mais cela ne voulait pas dire que je pouvais tout lui raconter.
- C’est pas juste,rouspéta-t-elle en faisant la moue.C’est moi qui t’ai dit d’aller chez Harmony.
J’eus une bouffée de chaleur, évitai soigneusement de regarder l’ange.
- J… O… oui, peut-être,bafouillai-je pris au dépourvu.Mais…
Meyer m’avait mis dans tous mes états et en rejoignant Janna, j’avais essayé de faire comme si de rien était même si mon embarra était très clairement marqué sur mon visage, ça se voyait comme le nez au milieu de la figure. Engloutissant un pancake, j’essayais encore de protéger les apparences. Meyer nous rejoint peu de temps après. Allez, par chance on va tous passer à autre chose, moi je vais arrêter d’être rouge comme une tomate et ça va bien se passer. Effectivement, ça se passe ainsi. Meyer s’inquiétait de ne pas voir sa fille au lycée mais cette dernière sortie de très bons arguments sur le pourquoi du comment qui réussirent à nous convaincre totalement. C’était une bonne enfant Janna alors je ne m’inquiétais pas pour elle et sur sa réussite scolaire. Et puis de toute façon je n’avais pas mon mot à dire, je n’étais pas sa mère après tout. Continuant à déguster, il complimenta sa fille et j’acquiesce d’un signe de tête et d’un sourire. Le petit déjeuner était délicieux. Meyer constata un peu de confiture sur ma joue qu’il essuya à l’aide d’une serviette en papier. On échange un sourire et je rougis légèrement. Je ne vais jamais dérougir avec lui… C’est alors que Janna bifurqua sur un autre sujet: ce qu’il s’est passé hier. Vu notre état, c’est normal qu’elle se pose la question et elle mérite une explication. Meyer avait commencé à bafouiller. Janna répondit que c'était son idée de venir chez moi. Je les regarde un peu surprise, les trouvant très touchants. Puis Meyer conclut en disant que je n’avais peut-être pas envie d’en parler. Je réfléchis quelques instants, me mordant la lèvre inférieure avant de commencer à parler.
Eh bien… En fait… Je vais t’expliquer. Hier… Comme tu le lui as recommandé de ce que j’ai compris, Meyer est venu frapper à ma fenêtre. Je l’ai fait entrer et puis on a un peu parlé. Et là il a évoqué le sujet de mes parents,cette nous liberté, cet… Emprisonnement et…
.Je sers le tissu du tee-shirt entre mes doigts, de manière anxieuse, tête baissée. Je relève ensuite la tête et reprends;
Et j’ai perdu tout contrôle. Tout ce que je gardais en moi, c’est comme si tout avait explosé d’un coup et sans réfléchir, j’ai couru, j’ai sauté par la fenêtre et je me suis envolé le plus loin possible, aussi loin que ‘ange encore trop jeune pouvait le faire, me retrouvant au milieu de la forêt. Et… Ton père a été assez fou pour malgré tout partir à ma recherche… Pour me ramener ici…
Je sens mes larmes monter. Une sorte d’inquiétude persistait en moi. Je pose mes yeux sur Meyer avant de détourner le regard..
Et… Et s’ils sont inquiets ? Et s’ils me recherchent et… Et… J’aurais peut-être dû les prévenir et… Je ne veux pas être une charge pour vous… Et je n’ai aucune affaire non plus…
Je mets mes mains devant mes yeux, posant mes coudes sur la table. Je commence à culpabiliser. Et mince… L'inquiétude me regagnait, je commençais à me poser mille et unes questions. Meyer avait peut-être raison, mes parents ont peut-être tout fait pour qu'à chaque écart je me sente coupable.
Pardon, je suis un peu perdue... Je... Dois prendre l'air...
Je me lève de table puis je vais me réfugier dans le jardin, me posant dans l'herbe jusque à côté de la maison: genoux repliés, tête posée dessus repensant à tout ça, tout ce que j'avais réussi à oublier un cours instant...
Je risquai un coup d’œil vers elle. Elle réfléchissait.
- Eh bien… En fait… Je vais t’expliquer.
Elle ne devait pas se sentir obligée… J’aurais préféré qu’elle se ménage un peu, elle était à la maison depuis moins de vingt-quatre heures. Cependant, je ne dis rien, ne voulant pas contrarier Harmony qui avait l’air de vouloir se confier.
- Hier… Comme tu le lui as recommandé, de ce que j’ai compris, Meyer est venu frapper à ma fenêtre. Je l’ai fait entrer et puis on a un peu parlé. Et là, il a évoqué le sujet de mes parents, cette non liberté, cet… emprisonnement. Et…
Elle baissa la tête et je vis ses mains serrer le bas du tee-shirt. Elle poursuivit sur le fait qu’elle avait perdu le contrôle, laissé exploser tout ce qu’elle gardait en elle depuis trop longtemps. Et qu’après, elle s’était enfuie par la fenêtre, volant aussi loin qu’elle le pouvait, jusqu’à se retrouver au beau milieu de la forêt.
- Ton père a été assez fou pour, malgré tout, partir à ma recherche… Pour me ramener ici…
Je vis ses yeux s’embuer. Elle me regarda mais se détourna rapidement, comme si elle avait honte. J’esquissai un geste pour la réconforter, et voulus lui dire qu’elle en avait assez raconté.
- Et… Et s’ils sont inquiets ?s’enquit-elle d’une voix tremblante.Et s’ils me recherchent et… Et… J’aurais peut-être dû les prévenir et… Je ne veux pas être une charge pour vous… Et je n’ai aucune affaire non plus…
Elle mit ses mains devant ses yeux et posa les coudes sur la table, désespérée.
- Pardon, je suis un peu perdue… Je… dois prendre l'air…
Avant même que je puisse réagir, elle se leva et ouvrit la baie vitrée pour aller se réfugier dans le jardin. J’accordai à Janna un regard plein de reproches. Elle rougit et baissa les yeux.
- Désolée… Je n’aurais pas dû…marmonna-t-elle déconfite.
J’ouvris la bouche pour la réprimander, me ravisai. A quoi bon, elle avait déjà compris son erreur.
- Ce n’est pas grave,soupirai-je.
Je me levai à mon tour et posai un instant ma main sur sa tête pour la rassurer. Je n’avais pas envie qu’elle se mette à pleurer à cause de ça. Je connaissais sa sensibilité et préférais apaiser les choses avant qu’elles n’empirent. Je rejoignis Harmony dans le jardin. Elle s’était assise dans l’herbe, adossée au mur de la maison, les genoux repliés contre elle, la tête posée dessus, le visage marqué de tristesse et de culpabilité. Je m’installai à côté, l’observai. Elle ne dit rien, moi non plus. Je passai mon bras sur ses épaules et la rapprochai de moi, l’enlaçant avec ma main libre. Nous restâmes ainsi durant un long moment. Et je brisai enfin le silence.
- Je veux que tu saches que tu n’es pas une charge pour nous,déclarai-je en regardant devant moi.
Un petit oiseau picorait quelque chose dans l’herbe, près de la clôture.
- Et s’il faut t’acheter de nouveaux vêtements, alors on le fera.
Par contre, si elle voulait récupérer des choses chez ses parents, ce serait une autre histoire. Mais ce n’était pas le plus urgent pour le moment. Elle devait d’abord en rester éloignée. Si elle y retournait maintenant, elle risquait de ne plus vouloir s’en aller, cette fois.
- Quant à tes parents… Oui, ils vont s’inquiéter et oui, ils essaieront sûrement de te retrouver. Mais quand tu seras en face d’eux, que penses-tu qu’il va se passer ? Ils voudront t’enfermer à nouveau, en te faisant croire que c’est pour ton bien. Je doute que ce soit ce que tu veux.
Ressasser la dure soirée de la veille, éveillait en moi à nouveau des sentiments négatifs tels que la peur, la tristesse, la culpabilité et l’inquiétude. Je n’avais pas envie que Meyer me revoit dans le même état qu’hier, je ne voulais pas qu’il me voit encore pleurer. Pourtant je ne suis pas une pleurnicheuse de base mais depuis hier je n’arrête pas. J’avais opté pour la fuite. Fuir encore et toujours, c’est tellement plus simple… Je m’étais réfugiée dans le jardin en prétextant un besoin d’air… Ce n’était pas faux mais c’était aussi un moyen pour moi de me cacher. Mauvaise cachette qui ne dura pas longtemps. Meyer vient s’asseoir à mes côtés, passant son bras par-dessus mes épaules, me rapprochant de lui. Meyer devait avoir une baguette magique, à peine il était la que mes maux s’envolaient. Contre lui, je ferme les yeux quelques instants, m’apaisant doucement. Finalement, il rompit le silence. Il déclara que je n’étais pas une charge pour sa fille et lui. D’une certaine façon ça me rassurait, mais je continuais à m’inquiéter de la même façon quand même. Il ajoute que s’il faut aller m’acheter de nouveaux vêtements, on irait. Un petit sourire pointe le bout de son nez sur mes lèvre avant de disparaître suite à ses paroles suivantes. L’évocation de mes parents, sujet délicat. S’ils me retrouvent, ils voudront m'enfermer de nouveau et ce sera retour au point de départ. Aussi triste qu’étaient les paroles de Meyer, elles étaient réaliste. Je quitte les bras de Meyer réfléchissant quelques instants avant de répondre.
Merci Meyer et… Tu as raison, si je retourne chez moi, je suis fichue mais… Il le faut quand même. Il faut que je récupère mes affaires. Je ne suis partie qu’avec une nuisette et… Il faut que je récupère au moins mes papiers. Tant pis pour les livres, les peintures, les vêtements, je ferais sans mais…
Je soupire avant de reprendre.
Il faut qu’on y retourne et dans ce cas… Je te demande seulement une chose, quoi qu’il arrive, quoi qu’il advienne du tme sors de là et me ramène avec toi. Je… Ne te quitterai plus.
Je rougis légèrement me grattant l’arrière de la tête nerveusement.
Et pour les vêtements… Je ne suis pas sûre que tu arriverais à tenir un après-midi shopping avec moi…
Dis-je avec un peu plus de légèreté, tendant de tourner la conversation vers quelque chose d’un chouilla plus joyeux et moins angoissant.
Elle prit le temps de réfléchir à mes paroles, et se recula.
- Merci, Meyer et… Tu as raison, si je retourne chez moi, je suis fichue.
Au moins, elle en avait conscience.
- Mais… Il le faut quand même,reprit-elle, à ma plus grande déception.Il faut que je récupère mes affaires. Je ne suis partie qu’avec une nuisette et… Il faut que je récupère au moins mes papiers. Tant pis pour les livres, les peintures, les vêtements, je ferai sans, mais…
Elle se tut, pensive. Je comprenais son besoin de récupérer ses effets personnels, notamment ses papiers. Cependant, était-ce vraiment urgent ?
- Il faut qu’on y retourne et dans ce cas… Je te demande seulement une chose.
Elle leva les yeux vers moi, je soutins son regard, attentif.
- Quoi qu’il arrive, quoi qu’il advienne, tu me sors de là et me ramènes avec toi. Je… ne te quitterai plus.
Elle se gratta l’arrière de la tête, les joues rouges de confusion. Quoi qu’il arrive… M’opposer à ses parents, enlever leur fille sous leurs yeux au risque d’avoir les flics au cul s’ils déposaient plainte. Sauf qu’Harmony était majeure et en droit de décider de son avenir. Si j’avais de la chance, ses arguments seraient assez convaincants pour nous permettre de repartir indemnes. En y pensant, ce serait même sécurisant – bien que pénible – que la rouquine retourne la plainte contre eux. En aurait-elle envie ? En tout cas, pour ma part, la décision était prise. Plus je passais de temps aux côtés d’Harmony, moins j’avais envie de la laisser s’en aller à chaque fois que nous nous voyions. Je n’étais cependant pas encore très sûr de mes sentiments. J’avais… peur. J’avais connu le bonheur avec Mary. Y aurai-je droit à nouveau ? Me l’enlèvera-t-on quand la vie estimera que le malheur devra me retomber dessus, pour un juste équilibre ? Mary était partie si brutalement… Je ne voulais pas perdre Harmony de la même façon à cause de mes erreurs passées.
- Et pour les vêtements… Je ne suis pas sûre que tu arriverais à tenir un après-midi shopping avec moi…remarqua Harmony d’un ton plus léger.
Je sortis de mes sombres songes. Puis je me levai et me tournai vers elle, tendant ma main pour l’aider à se mettre debout. Je la tins par l’épaule afin de la soutenir, étant donné que sa jambe la faisait encore souffrir. Je plantai ensuite mon regard dans le sien, redevenant sérieux.
- Tu n’as pas à avoir peur,dis-je, confiant.Tu reviendras avec moi.
Je n’eus pas le temps de contrôler mon geste, et allai déposer un baiser sur son front.
- Promis.
Je regardai en direction de la baie vitrée. Ma fille passa le pas de la porte et approcha timidement.
- Et je pense que Janna sera ravie de faire les boutiques avec toi,répondis-je avec un petit sourire.
J’avais déjà prévu de leur donner assez d’argent pour qu’elles s’amusent un peu. Je pouvais me le permettre, alors autant leur faire plaisir tout en aidant Harmony à commencer une nouvelle vie. Janna nous rejoignit et alla faire un câlin à l’ange.
- Pardon Harmony !fit-elle en cachant son visage dans son épaule.
J’avais évoqué à Meyer mes inquiétudes, mon besoin de repasser chez moi mais surtout mon envie de repartir avec lui après. Je lui avais demandé que quoi qu’il advienne, qu’il m’emmène à ses côtés. Je n’habiterai plus avec mes parents, je ne vivrai plus dans cette prison et si pour cela je dois perdre mes ailes… Alors je le ferai, tant pis mais cette condition n’est plus supportable. Sur le coup il ne me répondit rien, se leva puis m’aida à me lever. Ma cheville me faisait toujours mal mais moins que la ville. Heureusement, quelle idée que de courir avec une cheville en cours de guérison. Debout, il plongea son regard dans le sien me disant que je n’ai pas a avoir peur et que je reviendrais avec lui. Un doux sourire apparaît sur mes lèvres puis mes joues prennent une teinte rose quand il dépose un baiser sur mon front en me faisant la promesse.
Merci beaucoup Meyer.
Il ajoute ensuite que Janna sera sans doute ravie de faire les boutiques avec moi. Mon sourire s’élargit. Je me tourne voyant la jeune fille venir me faire un câlin. Je l’enlace tendrement, un sourire toujours aussi doux sur mes lèvres.
Oh ma belle… Tu n’as rien à te faire pardonner, c’est moi qui ai été un peu trop sensible, tu avais le droit de savoir.
Je la fais reculer légèrement et lui souris sincèrement. Je prends sa main dans une des miennes et je prends celle de Meyer.
J’ai vraiment de la chance d’être tombée sur des personnes comme vous, vous me rendez tellement heureuse.
Mon sourire était sincère. Avec eux j’étais comblée. Bon, prochaine mission, récupérer mes papiers et le plus d’affaires possible. Il fallait réfléchir à comment s’y prendre. Ca n’allait pas être une mince affaire mais il le fallait. Je me tourne vers Meyer, le regard le plus sérieux du monde.
Prochaine mission, récupérer mes papiers et mes affaires. Ma cheville est un peu douloureuse mais je pense que demain ou après-demain je serais complètement d’attaque. On ira en voiture, si on y va en après-midi, ils seront au travail. On a une clé cachée à l’extérieur en cas de besoin, on pourra l’utiliser et ça devrait bien se passer. Je prévoierais un petit mot et on devrait être tranquille. Et… Quand cette histoire sera réglé, ce sera le moment d’aller faire du shopping !
Je fais un clin d'œil complice à Janna, ayant déjà hâte d’y être. Le shopping sera le réconfort après l’effort.
- Oh ma belle… Tu n’as rien à te faire pardonner, c’est moi qui ai été un peu trop sensible. Tu avais le droit de savoir.
Oui mais peut-être pas dans la minute… Elle nous prit alors chacun la main et nous accorda un de ses sourires si lumineux qu’elle ne donnait pas l’air d’avoir pleuré juste avant.
- J’ai vraiment de la chance d’être tombée sur des personnes comme vous, vous me rendez tellement heureuse.
Je jetai un coup d’œil à Janna. Elle regardait Harmony d’une drôle de façon. Une espèce de joie mesurée que je ne parvins pas à déchiffrer. Je ne l’avais jamais vu regarder quelqu’un comme ça, et j’en fus un peu perturbé.
- Prochaine mission, récupérer mes papiers et mes affaires,déclara Harmony qui avait visiblement retrouvé sa bonne humeur habituelle.Ma cheville est un peu douloureuse mais je pense que demain ou après-demain, je serai complètement d’attaque.
Elle souhaitait que je l’y amène en voiture un après-midi, car ses parents étaient tous les deux au travail. Une clé était cachée dans le jardin en cas de besoin. Ainsi, nous éviterions Monsieur et Madame Blossom le temps de faire ses valises. La rouquine prévoyait de leur laisser un mot. Pas sûr que ce soit une bonne idée. Bon, peut-être au moins pour leur dire qu’elle allait bien…
- Et… Quand cette histoire sera réglée, ce sera le moment d’aller faire du shopping !
Janna pouffa de rire, je me contentai d’un sourire. Toute cette histoire m’inquiétait. Mais je ne voulais pas le montrer à Harmony. Après tout, j’avais pleinement voulu l’aider à échapper à ses parents tyranniques et la ramener à la maison. Je ne le regrettais pas. Toutefois, c’était m’exposer à des problèmes que je n’étais pas certain de savoir gérer.
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