Un week-end de détente bien mérité Feat. - Harmony Blossom
L’été était bientôt là… Mais l’esprit des vacances, un peu moins. Janna commençait à me rendre fou à cause de son stress permanent concernant les examens. Elle passait le premier le lundi 16 juin. Une épreuve d’histoire qui l’angoissait tellement que je l’entendais marmonner des dates et des événements à n’importe quel moment de la journée, le visage concentré, le regard perdu dans le vague, complètement déconnectée de son entourage. Et son entourage, c’est-à-dire Harmony et moi, se disait qu’elle avait bien besoin de se détendre parce qu’elle finirait par exploser. En plus, à mon avis, l’ange le méritait aussi après les derniers événements. Elle allait mieux mais parfois, elle sursautait quand on lui adressait la parole, je la voyais tressaillir pour rien, ou elle s’enfermait dans un silence durant lequel elle semblait lutter pour ne pas repenser à ses malheurs. Par conséquent, décision prise : j’allais les emmener en week-end. Je réservai du vendredi 13 au soir jusqu’au dimanche la location d’un véritable petit coin de paradis situé à environ deux heures et demi de la maison, au Sud de Los Angeles. C’était un genre de cabane au milieu des arbres, très bien aménagée avec tout le nécessaire : cuisine, salle de bain, chambres à coucher, terrasse, barbecue, point d’eau privé pour se baigner, etc. Si avec ça, ces demoiselles ne parvenaient pas à se relaxer, je serais à court d’idée et il ne me resterait plus qu’à invoquer le Saint Esprit pour le supplier de m’aider.
- Papa, c’est vraiment cool de ta part mais je dois réviser… - Silence, jeune fille, tu as besoin de faire une pause et ce n’est pas négociable,répondis-je d’un ton à la fois très sérieux et d’une légèreté bienveillante.
Je lui jetai son sac de randonnée à la figure. Elle l’attrapa et soupira.
- On partira dimanche matin,l’informai-je en sortant de sa chambre.Tu pourras réviser une dernière fois l’après-midi, si tu veux.
Je reculai pour revenir sur le pas de la porte.
- Mais là, tout de suite, tu me remplis ce sac et tu embarques.
Elle leva les yeux au ciel.
- Allez allez !insistai-je en repartant.
Je rejoignis Harmony qui se préparait dans sa chambre. Elle non plus ne savait pas où nous allions. Je comptais bien garder la surprise jusqu’au bout. Tout ce que Janna et elle savaient, c’était que nous passerions un jour et deux nuits quelque part dans les bois. Rien de plus. Je m’approchai de la rouquine au moment où elle bouclait sa valise. Comme elle n’en possédait pas, je lui en avais acheté une dans la semaine. Effleurant un instant sa hanche du bout des doigts, je lui souris, de bonne humeur, et lui demandai si elle était prête. Elle acquiesça. Une demi heure plus tard, nous voilà en route. Lunettes de soleil sur le nez, je me concentrai sur notre itinéraire que j’avais retenu par cœur, histoire de ne pas l’afficher sur le GPS et casser la surprise aux filles. La voie rapide nous fit traverser tout le Nord de Los Angeles et dévier vers l’Est, longeant l’Angeles National Forest durant quelques minutes. Puis nous descendîmes vers le Sud, toujours plus bas, pendant près de deux heures. S’ensuivit un bon quart d’heure de zigzag au milieu de la forêt de Palomar Mountain. Notre destination était ici, parmi les arbres. Le soleil se couchait quand j’engageai la BMW sur un dernier chemin et me garai au pied d’une jolie cabane montée sur pilotis. Le tronc de deux immenses chênes passait à travers le plancher de la terrasse qui en faisait le tour.
- Ouah…fit Janna tandis que nous sortions de la voiture.C’est trop mignon !
Harmony eut l’air ravi également. Je souris, content de l’effet que ma surprise faisait.
- A partir de maintenant, tout le monde oublie ses problèmes,déclarai-je en me postant face à elle comme si elles étaient des soldats devant leur chef.Et on profite un max de cet endroit jusqu’à dimanche. - Jawohl Kapitän* !répondit Janna en mettant sa main en visière.
Un 4X4 fit irruption et un homme en sortit. C’était le propriétaire qui venait pour me remettre les clés de la cabane et nous faire visiter.
______________________ * Jawohl Kapitän : Bien mon Capitaine
Celà faisait trois jours que Meyer m’avait sauvé de mon enfer et d’une mort certaine. Au cours de ces trois jours, j’avais réussi à me remettre un peu de ce qu’il s’était passé ce jour-là et la nuit qui a suivi. Heureusement, Meyer m’y a beaucoup aidé. Cependant, je ne suis pas sûre que l’on se remette totalement de ce genre d'événement, ça laisse quelques séquelles. J’essaye de ne rien montrer, de faire comme si tout était revenu à la normale mais j’ai rapidement été trahie par mes réactions. Des sursauts, des absences prolongées, des tressaillements, ce genre de petits moments incontrôlés qui montrent que le choc était toujours là. J’étais aussi incapable de dormir seule pour le moment, le fait de me retrouver comme abandonnée dans l’obscurité me terrifiait et Meyer me tenait donc compagnie la nuit. Preuve encore que je ne suis pas tout à fait remise. Et puis il ne faut pas oublier mes différentes entailles. Elles ont commencé à se refermer un peu mais pas totalement. J’essayais de les cacher mais ça ne servait à rien , à part mourir de chaud sous des manches longues. Meyer avait fini par me rassurer à ce sujet. Cela me complexait et je ne voulais pas les voir mais le confort face à la chaleur était de mise alors j’avais fini par me résigner. Il savait par quoi j’étais passé ou du moins il l’avait deviné, je ne le lui avais pas raconté. Janna de son côté s’en doutait aussi. J’espère que d’ici lundi, lorsque je reprendrais le travail, ça aura disparu, je ne veux pas effrayer les enfants avec ça, ils sont beaucoup trop jeunes et j’aimerais aussi éviter les potentielles questions des parents. Bref, avant ça, il y avait le weekend et Meyer avait décidé de nous emmener quelque part. Où ? C’est encore un mystère. Tout ce que je savais, c’est que nous allions en forêt et que l’on aura besoin d’un maillot de bain. J’avais bien fait d’en acheter un dans la boutique de lingerie, sinon j’aurais été un peu embêté, celui que j’avais était abîmé et je l’avais jeté comptant bien m’en acheter un nouveau cette année. Meyer m’avait acheté une valise aussi, c’est effectivement plus pratique qu’un sac de course. Le sac que j’avais lorsque nous étions au camping, je l’avais emprunté à mon père donc je n’avais pas pu le prendre lorsque j’ai récupéré mes affaires. Je m’occupe alors de faire ma valise, pensant à mes affaires de toilette, mon bikini, mes vêtements, un pull au cas où pour la nuit et j’étais fin prête. C’est à ce moment-là que Meyer arrive derrière moi, je sens sa main effleurer ma hanche et ça me fait légèrement sursauter sur le coup. Il me demanda si j'étais prête et j’acquiesce d’un signe de tête. Je suis monté en voiture et nous sommes partis. J'étais déçue, il connaissait le chemin par cœur et n’utilisant pas son GPS, je ne savais toujours pas où nous allions. Je ne quitte pas la route du regard au début mais je n'avais vraiment aucune idée de où il nous emmenait. Je laissai tomber, je n’aurais la réponse qu’à l'arrivée. Je plonge mon nez dans un roman pour m’occuper le temps du trajet. “Les liaisons dangereuses”. Plutôt intéressant. J’aimais découvrir de nouvelles histoires. On finit alors par arriver et on descend de voiture. On se retrouve face à deux immenses chênes sur lesquels repose une cabane. Pour l’atteindre, suffisait de prendre un grand escalier.
C’est génial !
Dis-je, ne pouvant cacher mon émerveillement. Je n’avais jamais tenté ce genre d’expérience, et j’avais vraiment hâte. Maintenant on doit tous oublié nos problèmes. Inconsciemment je me mords la lèvre, j’aimerais tellement que ce soit aussii simple. Je m’arrête, me rendant compte que j’allais me faire griller et je ne voulais pas tout gâcher/
Promis.
J’imite Janna, souriant à Meyer. Un homme arrive et nous fait signe de le suivre. On monte les escaliers. Meyer voulut m’aider à monter ma valise. Je lui avais dit que ce n’était pas la peine mais il ne me laissa pas vraiment le choix. On arrive alors dans la cabane spacieuse, c’était super mignon. L’homme nous fait rapidement visiter le lieu, je savais déjà que j’allais m’y plaire. Allez, il faut profiter mais il faut que lui aussi profite. Je me tourne vers Meyer avec un petit sourire. Les mains jointes devant moi, je m'adresse à lui.
Promis, je te laisserais tranquille pour ces deux nuits et même les autres nuits à venir..
Est-ce que je suis capable de dormir seule . Je n’en suis pas sûre mais Meyer mérite un peu de calme que de jouer les papas avec une grande fille qui fait des cauchemars. Peut-être qu’oublier mes problèmes ça commence déjà par là ?
Un week-end de détente bien mérité Feat. - Harmony Blossom
Harmony promit à son tour de laisser le quotidien de côté et profiter du week-end. Nous sortîmes les affaires de la BMW. Le propriétaire descendit de son véhicule et vint nous saluer. Puis il nous demanda de le suivre. Nos valises en main – je pris celle d’Harmony qui était trop lourde pour elle – nous commençâmes la visite des lieux. Nous montâmes l’escalier qui nous menait sur la terrasse. Elle était aménagée d’un salon extérieur et il y avait un barbecue dans un coin. Laissant les affaires dehors pour ne pas nous encombrer, nous entrâmes ensuite dans la cabane par la cuisine, un endroit tout équipé et spacieux, dans le style rétro aux tons rouges et beiges. Elle était ouverte sur le salon meublé de fauteuils confortables, d’une grande bibliothèque, d’un piano droit et d’un poêle à bois. Un escalier de métal en colimaçon très étroit construit au milieu des deux pièces menait vers les chambres et leur salle de bain, au niveau inférieur. La première chambre était une suite parentale munie d’un lit tellement immense qu’on pouvait facilement y dormir tous les trois. La salle de bain comprenait une baignoire ancienne sur pieds, et les toilettes. La deuxième chambre avait un lit plus modeste mais tout aussi confortable. Sa salle de bain ressemblait à la première, à la différence qu’au lieu de la baignoire, il y avait une douche à l’italienne. Le propriétaire nous parla du point d’eau privé accessible par l’escalier qui descendait derrière la cabane. Il souhaita un bon séjour et me laissa les clés. Nous sortîmes sur la terrasse et le regardâmes s’éloigner au milieu des arbres avec son 4X4. Et maintenant, il ne nous restait plus qu’à nous installer, et profiter. Nous rentrâmes les affaires. Alors que Janna déposait naturellement sa valise à l’entrée de la chambre au plus petit lit, Harmony se tourna vers moi et dit :
- Promis, je te laisserai tranquille pour ces deux nuits, et même les autres nuits à venir…
Ses mots me surprirent en même temps qu’ils m’amusèrent. Janna et moi échangeâmes un regard. Elle leva ensuite les yeux au ciel avec un sourire en coin, et je ricanai. Je poussai doucement Harmony dans la grande chambre, déposai sa valise sur le lit, ainsi que la mienne. J’ouvris ensuite les placards et la penderie.
- N’oublie pas de laisser un peu de place pour mes affaires,dis-je en guise de réponse, sans quitter mon sourire un peu moqueur.
Je sortis de la chambre. Je placerai mes vêtements plus tard. Pour l’heure, il était temps de dîner et rien n’était prêt. J’avais pris soin de préparer un petit sac de courses car il nous fallait cuisiner. Alors tandis que les filles s’installaient tranquillement, je remontai au niveau principal et m’attelai à la cuisine. Je fis une vinaigrette et une salade, accompagnée de pain avec du fromage. Un dîner léger mais qui serait vite compensé par la viande au barbecue de demain midi. Comme il faisait un peu frais dehors, nous mangeâmes à l’intérieur. Quand tout le monde fut repu, Janna découvrit dans le salon un coffre rempli de jeux de société. Plutôt pas mal pour passer le temps en s’amusant. Alors nous nous installâmes à même le sol, entre les fauteuils, sur le grand tapis épais qui s’étalait devant le poêle à bois éteint. Ma fille sortit une mallette de poker toute neuve et voulut essayer. Harmony non plus ne savait pas y jouer, alors je dus leur expliquer les bases à toutes les deux. Tout en jouant, nous avions à disposition des bouteilles de sodas et quelques bières que je fus le seul à consommer.
- Mais bordel !m’exclamai-je au bout d’une heure de jeu tandis que Janna empochait un gros paquet de jetons.
Elle était « victime » de ce que l’on appelait « la chance du débutant. » Harmony et elle riaient tellement qu’elles en pleuraient presque.
- Heureusement que c’est pas un strip poker, j’aurais déjà fini à poils…
Le propriétaire parti, notre petit week-end en famille pouvait commencer. Meyer et Janna était comme ma famille adoptive, malgré les aléas de ma vie, ils me rendaient heureuse et j’étais comblée de vivre à leur côté. Pour être sûre que tout se passe au mieux pour tout le monde, j’avais promis de laisser Meyer dormir tranquille ces deux nuits et toutes celles à venir. Il échangea un regard avec Janna qui leva les yeux au ciel. Je les regarde intriguée, n’étant pas sûre de comprendre. J’ai dit une bêtise ? Il se met à rire et je suis toujours dans l’incompréhension totale alors qu’il me pousse dans la grande chambre. Laisser de la place pour ses affaires ? Je comprends alors. Je le regarde surprise avant de sourire.
C’est promis.
Je sentais mon coeur battre la chamade. L’idée de ne plus dormir à ses côtés me rendait triste, je m’étais dit qu’il fallait que je le fasse pour qu’il se sente libre et pas obligé d’être à mes côtés. Mais le fait que cette initiative vienne de lui me rendait heureuse et l’idée de pouvoir dormir encore dans ses bras me comble de joie. Je dormais vraiment bien quand il était là surtout depuis mon enlèvement. Alors qu’il va s’affairer ailleurs, je range mes vêtements dans l’armoire. Je me permets ensuite d’ouvrir son sac pour ranger ses affaires. Il aurait ça en moins à faire. Tout était parfaitement plié et rangé dans l'armoire Pour être à l’aise, j’avais déjà pris ma douche et m’étais mise en pyjama. J’avais prévu quelque chose d’assez chaud au cas où: un pantalon et un pull. J’avais bien fait. J’avais attaché mes cheveux en chignon à l’arrache avant de me joindre à Janna et Meyer pour dîner. Celui-ci était léger et très bon, je fus rapidement rassasiée. Après ce petit moment, on se décide à se poser pour jouer aux cartes tous les trois. Meyer nous avait expliqué les règles et je compris vite. Janna gérait d’une main de maître, pour ma part j’étais dans un entre deux et de manière surprenante, Meyer était complètement derrière. Le pauvre, Janna lui met la misère. Il ajoute que heureusement que ce n'était pas un strip poker. Janna ris, je la regarde interloquée, elle m’explique rapidement et j’explose de rire à mon tour.
Oh après on a déjà vu…
Je mets ma main devant ma bouche me rendant compte de ce que je venais de dire. Je rougis comme une tomate. Alors ce n’était pas faux mais quand même.
Je non… Enfin…
Vite une excuse et très vite. Je remarque la bouteille de bière devant Meyer qui est ouverte mais pas encore entamée. Je la saisis.
Oh tiens, ça a l’air bon ça.
Et je bois la bouteille cul-sec avant de la reposer devant moi. Il y a une sensation bizarre dans ma gorge, plutôt chaude et je ne trouve pas le goût super. Je tire une légère grimace et je sens la chaleur monter à ma tête.
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Harmony eut l’air interrogateur. La blondinette lui expliqua le concept et elle rit à son tour.
- Oh après, on a déjà vu…commença-t-elle.
Elle plaqua une main sur sa bouche tandis que je faisais tout pour ne pas m’étouffer avec ma bière.
- Je, non… Enfin…balbutia-t-elle, le visage cramoisi.
Janna pouffa de rire, je me raclai la gorge, luttant pour ne pas faire pareil. Mais Harmony était déjà bien trop embarrassée. Pour faire diversion, elle choisit de saisir une bouteille de bière que je venais d’ouvrir.
- Oh tiens, ça a l’air bon ça. - Harmony, att…
Elle but cul-sec. Et elle reposa la bouteille vide. Janna et moi la regardâmes comme si elle venait de faire une dinguerie. Ça en avait l’air, pour nous, puisque l’ange n’était pas du tout habituée à consommer de l’alcool. Jamais, en fait. Elle fit la grimace et dit :
- C’est spécial… - Tu m’étonnes,raillai-je en mélangeant les cartes.Ces bières sont fortes, en plus. Tu devrais y aller mollo. Tu aurais dû me dire que tu voulais goûter, je t’en aurais acheté des plus légères… - Ҫa va, Harmony ?
Janna la regardait, partagée entre l’inquiétude et l’amusement. Je levai les yeux vers la rouquine qui tanguait un peu, le regard perdu. Heureusement qu’elle était assise.
- Surtout, ne te lève pas tout de suite,conseillai-je.Sauf si tu veux te rétamer dans la seconde.
Je tendis ma main pour la tenir par l’épaule car elle oscillait dangereusement vers l’avant. J’en connaissais une qui méritait une bonne nuit de sommeil…
Ce que l’on retient de ce soir c’est que la bière ce n’est pas bon ou en tout cas je n’aime pas ça du tout. Je sentais la chaleur me monter à la tête, je commençais même à me faire un peu d’air avec mes mains. Meyer me dit qu’il aurait pu m’en faire goûter des plus légères. Ah…. Peut-être oui parce que celle-là ce n’était pas pour moi. Janna me demande si ça va alors que Meyer me recommande de ne pas me lever pour ne pas tomber.
Pourquoi ça n’irait pas ? Je me sens super bien !
Je saute à moitié sur place puis j’explose de rire. Je me penche en arrière, en appui sur mes bras qui me lâche et je me retrouve totalement allongée. Encore un fou rire. Je me redresse. Rigolant encore.
Oh ça tangue ! Bateau sur l’eau, la rivière au bord de l'eau…
Que je chantonne toute guillerette. Puis je repense à la question de Janna et mon rire s’arrête et mon visage devient triste et je me mets à pleurer avant de me tourner vers Meyer et de pleurer dans ses bras.
Le méchant monsieur il a voulu me croquer mais toi tu me croqueras pas hein ? Non tu me croqueras pas, je ne suis pas à croquer.
Je prends son visage entre mes mains, mon visage très proche du sien. J’ai un léger sourire sur mes lèvres qui sont très proches des siennes, seuls quelques millimètres les séparent.
Par contre Meyerichou tu es à croqueeeer. Je vais te manger tout cru !
Et je bondis dans ses bras avant d’éclater de rire. Il fait chaud quand même. Je me refais du vent avec mes mains et commence à lever mon haut comme si j’allais me déshabiller tellement j’ai chaud.
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- Pourquoi ça n’irait pas ?protesta Harmony en sautillant sur place, faisant vibrer le plancher sous nos fesses.Je me sens super bien !
Elle éclata d’un rire complètement grotesque qui fit partir Janna en fou-rire. L’ange posa ses mains derrière elle et se pencha en arrière. Mais ses paumes glissèrent et elle s’étala sur le dos. Elle se redressa presque à la manière d’une gymnaste et se mit à chantonner :
- Oh ça tangue ! Bateau sur l’eau, la rivière au bord de l'eau…
Bon, nous l’avions définitivement perdue. Alors je commençai à rassembler les cartes et les jetons. Mais soudain, plus rien. Le silence. Je regardai Harmony qui avait brutalement changé d’humeur, et commençait à pleurer. Elle se jeta dans mes bras, je fis tout tomber par terre. Des jetons roulèrent au sol, que Janna s’empressa de rattraper, toujours hilare.
- Le méchant monsieur, il a voulu me croquer mais toi, tu me croqueras pas, hein ?fit Harmony à la fois triste et paniquée.Non, tu me croqueras pas, je ne suis pas à croquer.
Elle attrapa mon visage entre ses mains et approcha le sien.
- Par contre, Meyerichou, tu es à croqueeeer.
Une bouffée de chaleur m’envahit la tête. Non attends, elle était complètement bourrée. Elle ne pensait pas ce qu’elle disait, et ne s’en souviendrait peut-être même plus demain.
- Je vais te manger tout cru !
Elle me bondit dessus en riant. Je faillis tomber à la renverse, me retins juste à temps. Visiblement surexcitée, elle s’éventa avec ses mains et se leva. Elle vacilla et nous la vîmes commencer à relever son haut pour se déshabiller. Je réagis aussitôt et me précipitai pour arrêter son geste.
- OK, on a compris !dis-je en la tenant pour ne pas qu’elle tombe.Je t’emmène au lit. Tu vas être gentille et faire un…
Je l’attrapai juste à temps pour lui éviter de trébucher.
- … bon dodo,achevai-je en regardant Janna qui riait toujours.Schatz, tu veux bien ranger, s’il te plaît ?
Elle s’exécuta. Ce fut une véritable bataille pour arriver à faire descendre Harmony par l’escalier en colimaçon. Ma fille eut tout le temps de ranger la mallette de poker proprement et de la remettre à sa place. Elle nous rejoignit, un sourire moqueur au coin des lèvres.
- Eh ben… bon courage !dit-elle en se dirigeant vers sa chambre.
Je fis une grimace de désespoir en guise de réponse. Elle ferma sa porte, me laissant seul avec une Harmony qui ne tenait plus debout. J’amenai l’ange jusqu’à notre chambre, refermai la porte d’un coup de pied, et aidai la demoiselle à s’asseoir sur le lit. Ma valise n’y était plus. Je la vis par terre, vide. Harmony avait dû tout ranger. Je la remercierais demain. Pour l’heure, mieux valait qu’elle dorme, elle en avait bien besoin.
- Bon euh… mets-toi au lit, je vais à la douche,déclarai-je en prenant un pantalon et un tee-shirt pour la nuit, ainsi que mes affaires de toilette.
Je levai un doigt autoritaire.
- Sage,prévins-je comme si je parlais à un animal.
Histoire d’être tranquille, je pris la précaution de m’enfermer à clé. Si jamais elle débarquait pendant ma douche… Je frissonnai rien que d’y penser. Elle n’avait plus toute sa tête à cause de l’alcool, je ne voulais pas qu’elle regrette ses faits et gestes au réveil. Je ne traînai pas et retournai voir Harmony dès que j’eus terminé. Elle était toujours au même endroit, comme un robot ayant complètement bugué.
La bière m'était montée à la tête et je n'avais plus totalement confincnscuence de ce que je faisais. Heureusement, Meyer était là pour me donner un coup de main alors que j'étais euphorique et que je devais avoir l'air complètement folle. Il me rattrape avant que je ne trébuche. La suite du programme, c'était une bonne nuit de sommeil pour moi apparemment. Mais je m'amusais bien moi... c'est dommage... bon d'accord. Meyer m'aide à rejoindre la chambre à coucher alors que je continue d'enchaîner les fou rire pour... pour rien en fait. Il n'y avait pas vraiment de raison apparante mais je n'arrivais pas à me retenir de rire et de tituber. C'est rigolo. Alors que Janna nous souhaite bon courage, je lui fais un grand coucou pour lui dire au revoir, avec un grand sourire. Il me dit d'aller au lit et j'affiche une première petit mine boudeuse. Je rejoins le lit.
Tu veux pas de l'aide ?
Répondis-je alors qu'il parler d'aller à la douche. Il me pointe du doigt de manière autoritaire et je croise les doigts gonflant les joues.
Mais heuuuuu...
Je soupire me résignant et je ne bouge pas... enfin presque pas, je m'étais juste recouverte de la couette sur la tête et je prends une posture tel un robot et quand il revient, mise à part la couverture, je n'avais pas bougé. Il revient, fermé la porte derrière lui et rejoint le lit. Une fois qu'il est assez près, je me lève et bondit sur lui, le faisant tomber avec moi sur le lit, moi au-dessus de lui, mes jambes entre les siennes et mes doigts venant doucement jouer sur son torse. Je le regarde avec un doux sourire, les joues rougies pas l'ivresse et la chaleur qui régnait dans la pièce. J'inspire profondément. Une de mes mains vient caresser sa joue puis s'égarer dans ses cheveux avec une douceur. Je me montrais plus câline que d'habitude.
Tu sais Meyer... Tu es cruel... Tu dégages un charme et tu es... vraiment beau et.. tu n'as pas idée à quel point j'ai envie... de t'embrasser... de sentir tes lèvres sur les miennes alors que je n'ai jamais vécu ça encore... et tu n'as pas idée à quel point c'est dur...
Je marque une petite pause, mes lèvres sont encore une fois très proches des siennes et mes yeux ne quittent pas les siens. L'alcool peut faire des dégâts mais pour le coup il me faisait dire tout haut ce que je pense tout bas.
C'est dur d'y résister c'est comme là... je suis contre toi et j'adore ça mais dès que l'on s'éloigne... je ressens un vide et je suis très triste...
Je détourne le regard quelques instants avant de plonger de nouveau mes yeux dans les siens.
Et j'ai beau avoir essayé de m'éloigner... je n'ai pas réussi... Je t'aime toujours et... même plus encore... Tout ça était sincère mais je n'aurais jamais pensé réussir à le lui dire. C'est comme si mes lèvres bougeaient toutes seules...
Un week-end de détente bien mérité Feat. - Harmony Blossom
Elle avait mis le drap sur sa tête et serrait les pans contre elle, comme un voile protecteur. Seul son visage dépassait du tissu. Elle ressemblait à… un œuf. Un œuf avec des cheveux roux, qui me suivit du regard jusqu’à ce que je sois assis sur le lit. J’ouvris la bouche pour lui dire de venir se reposer. Mais elle ne m’en laissa pas le temps. Tel un animal sauvage fondant sur sa proie, elle se jeta sur moi et nous basculâmes sur le matelas. Elle me tomba dessus, je reçus son coude dans l’estomac et je grimaçai, n’ayant pas eu le temps de me préparer au choc. Cela ne sembla pas la perturber le moins du monde. Étalée de tout son long sur moi, elle se mit à balader ses mains sur mon torse, puis l’une d’elle remonta sur ma joue et dans mes cheveux. Ses jambes passaient entre les miennes, je sentais absolument toutes les formes de son corps sur mon ventre et mon bassin, et j’eus l’impression de plonger la tête dans un volcan.
- Tu sais, Meyer… Tu es cruel…
Hein ?
- Tu dégages un charme et tu es… vraiment beau. - M… Merci, mais… tu…
Je ne trouvais plus les mots, j’étais trop perturbé. D’autant plus que, tout ce qu’elle disait, je ne savais absolument pas si elle me l’aurait dit en temps normal. Elle se redressa sur les coudes, son visage au-dessus du mien, ses cheveux tombant en cascade de chaque côté de mes oreilles. Ҫa me chatouillait… Son regard était de braise, je ne pus m’en détourner.
- Et… tu n'as pas idée à quel point j'ai envie… de t'embrasser…
Oh, bon sang…
- … de sentir tes lèvres sur les miennes alors que je n'ai jamais vécu ça encore…
Si elle continuait, j’allais avoir du mal à résister. L’alcool faisait faire et dire des choses que l’on ne souhaitait pas forcément dévoiler. Dans le cas d’Harmony qui était si innocente concernant de nombreuses choses de la vie, dont la sexualité et même, le simple fait d’embrasser, je doutais fort qu’elle ait envie que sa première fois se déroule alors qu’elle était complètement saoule. Et je ne voulais pas ça.
- Et tu n'as pas idée à quel point c'est dur…
Dur oui, comme ce qu’il se passait sous ma ceinture. Verdammt scheiße*, maîtrise-toi, ce n’est pas le moment ! Ses lèvres étaient si proches des miennes que l’on pouvait à peine y faire passer une feuille de papier.
- C'est dur d'y résister, c'est comme là… je suis contre toi et j'adore ça…
Oui, moi aussi, mais…
- … mais dès que l'on s'éloigne… je ressens un vide et je suis très triste.
Je déglutis. Elle disait ce que je pensais tout bas depuis quelques jours, surtout depuis que je lui tenais compagnie la nuit pour lui éviter les cauchemars. Depuis combien de temps dormais-je seul ? Depuis… le décès de Mary. Depuis plus de sept ans. Et je réalisais que ça m’avait terriblement manqué. Me réveiller le matin, voir que je n’étais plus seul et de nouveau aimé. C’était… je n’arrivais même pas à trouver un terme assez fort pour décrire ce sentiment.
- Et j'ai beau avoir essayé de m'éloigner... je n'ai pas réussi...poursuivit Harmony.Je t'aime toujours et… même plus encore…
Ses derniers mots me fusillèrent. Personne ne me les avait jamais dits, à part ma défunte épouse, et Janna. Mais ma fille, ce n’était pas pareil. Seulement… Harmony était ivre. J’étais secrètement content qu’elle ait osé se confier ce soir parce qu’en vérité, ses paroles brisaient petit à petit la barrière que je mettais entre elle et moi, et que je ne savais pas réellement franchir. Difficile de croire que j’étais âgé de plus d’un siècle en me voyant ce soir, si troublé et incertain. Et aussi… j’étais déçu et un peu triste parce que je ne voulais pas qu’Harmony me parle dans cet état de faiblesse. Ce serait salaud de ma part d’en profiter. Alors, un peu à contrecœur, je posai mes mains sur ses épaules pour la repousser. Je me redressai sur les coudes mais elle ne se recula pas autant que je l’espérais. Son visage se retrouva à nouveau tout près du mien. Et là… son souffle, léger, fruité, s’engouffra dans ma bouche. J’eus une monstrueuse envie de goûter à ses lèvres. Et là… je sus que je ne pouvais plus résister.
- Ha… Harmony…murmurai-je en commençant à fermer les yeux.
Je m’attendais à quelque chose de bon, de véritablement… exquis. Je m’attendais à ses lèvres contre les miennes, oui. Mais pas à son front sur mon épaule. Je rouvris les yeux, perplexe. Le corps d’Harmony s’était complètement relâché. Elle dormait. Elle dormait, putain ! J’étais partagé entre le soulagement et l’envie de pleurer de désespoir. Cette soirée se finissait n’importe comment… Peinant à calmer les battements de mon cœur qui s’était affolé, je fis doucement basculer Harmony sur le côté et l’allongeai correctement sur le matelas. Je me laissai retomber sur le dos près d’elle et regardai le plafond avec la furieuse envie d’insulter le lustre de tous les noms, alors que c’était complètement inutile. Bon, pas de panique. Avec un peu de chance, Harmony ne se souviendrait de rien demain…
- Papa… quand tu disais que tout le monde devait se détendre ce week-end, tu parlais pour toi aussi ?
Janna et moi nous trouvions tous les deux à la table du petit déjeuner, dehors sur la terrasse. Il faisait bon et le soleil se levait peu à peu. Quelques rayons traversaient les arbres et venaient éclairer la cabane de leur jolie lumière matinale. Ma fille me regardait, les sourcils froncés d’inquiétude. Je devais faire peur à voir. Évidemment, puisque je n’avais presque pas dormi de la nuit.
- C’est… l’air de la montagne,inventai-je maladroitement, très concentré sur mon café.J’ai eu du mal à trouver le sommeil.
Harmony, elle, dormait toujours. Elle n’avait pas bougé d’un cheveu lorsque j’avais quitté la chambre.
______________________ * Verdammt scheiße : Putain de merde
C’était dit, tout ce que j’avais sur le coeur et que je ne pensais jamais dévoilé à Meyer avait été prononcé alors que j’en avais à peine conscience. J’aurais aimé connaître sa réaction, savoir ce qu’il pensait de tout cela, même s’il me repousse mais malheureusement, le sommeil m’avait rattrapé et je m’étais écroulée sur lui. Une nuit sans rêve ni cauchemar, une nuit reposante surtout qui me remettrait dans un état normal pour profiter de l’air pur de la montagne. Les premiers rayons du soleil transpercèrent les arbres et me réveillent doucement. Je me redresse dans le lit, regardant autour de moi à la recherche de mes repères. J’ai un mal de tête énorme qui n’est pas agréable. Meyer s’est déjà levé, je suis seule. Malgré mon mal de tête, il faut que je me lève moi aussi. Je vais faire un petit brin de toilette et me passer un bon coup d’eau sur mon visage. Je m’habille d’une robe blanche puis je me maquille et me coiffe avant de rejoindre Meyer. Je repense à cette nuit et à mon rêve, j’avais dit à Meyer tout ce que j’avais sur le cœur. Je serais incapable de le faire. Je rejoins Meyer et Janna, m’étirant.
Bonjour… J’espère que vous avez passé une bonne nuit.
Je regarde Meyer qui a l’air d’avoir très peu dormi… Puis je me souviens que ce que je pensais être un rêve n’en était pas un. Les souvenirs de la veille me reviennent en tête. J’ai bu de la bière et après je suis devenue complètement folle et j’ai dit des choses à Meyer que je suis incapable d’assumer maintenant. Mon regard croise le sien et je détourne instantanément les yeux, devenant rouge écarlate. Mon dieu. Pourquoi ai-je fait ça? Oh non,je vais être incapable de le regarder. Il va encore se moquer de moi. Je me mords la lèvre inférieure avant d’aller chercher un chocolat chad que je bois d’une traite. Je recroise le regard de Meyer. Faut que je file. Ah oui c’est vrai, il y a un piano. Allez, c’est un bon échappatoire. Je vais rapidement me planquer derrière pour aller jouer de la musique. Je prends mon téléphone et envoie un sms rapide à Meyer ”Oublie ce qu’il s’est passé hier, je n’étais pas dans mon état normal, ça n’arrivera plus promis !” Puis sans attendre mon reste, je me mets à jouer. Voilà, c’est un bon moyen de me détendre. Je joue un morceau pas trop long et plutôt tranquille pour un réveil le matin mais le résultat n’est pas là, je n’arrive pas à me détendre. Je me remets à éviter Meyer. J’ai trop honte et Janna qui doit se douter de quelque chose… Je n’en rate pas une, je fais que faire des boulettes. Bon… Je quitte le piano. Voulant rejoindre la cuisine, je ne fais pas attention et je rentre dans Meyer. Je deviens encore plus rouge que le rouge lui-même.
Pa-Pardon… Je… Je vais faire une balade !
Excuse bidon. C’est pas grave, je file à toute vitesse et descends et la cabane partant un peu plus loin dans la forêt. Je cours sans vraiment savoir vers où. Je me souviens du petit point d’eau dont à parler le monsieur de la location et je crois qu’il est dans cette direction. Je continue ma course folle, j’arrive au lac, le longe, apparemment il y avait un petit coin de sable un peu comme une plage. Je continue de marcher mais la terre est glissante et je finis par glisser à l’eau, complètement habillée. Mince… Je suis bonne nageuse mais je n’ai aucune prise pour sortir de l’eau. Et mes ailes d’ange ne vont pas être d’un très grand secours.
Un week-end de détente bien mérité Feat. - Harmony Blossom
Elle se joignit à nous alors que j'étais en train de beurrer quelques tranches de pain grillé.
- Bonjour... J’espère que vous avez passé une bonne nuit,dit-elle en s’asseyant.
Elle avait revêtu une jolie robe blanche. Simple, sans motifs mais elle lui allait à ravir. Elle semblait aussi en meilleure forme qu'hier soir. Toutefois, je me gardai de faire le moindre commentaire sur ce qu'il s'était passé. Je me demandais si elle en avait le moindre souvenir... Il suffit que nos regards se croisent pour confirmer que c'était le cas. Son visage vira au rouge et elle se détourna aussitôt. D’un bond, elle alla se chercher un chocolat chaud qu'elle but beaucoup trop vite. Puis elle se réfugia dans le salon. Janna, qui n'avait pas perdu une miette des faits et gestes de l'ange, me jeta un coup d'œil suspicieux.
- Was* ?fis-je le plus innocemment du monde.
Un silence.
- Il s'est passé quelque chose ?
Je bus un peu de café.
- Nein, nichts*. - Il s'est passé quelque chose.
C'était une affirmation, cette fois. J'évitai soigneusement de regarder ma fille, et surtout de repenser à ce moment où Harmony était étalée sur moi, et encore moins aux dernières secondes avant que la rouquine tombe de sommeil.
- Je le sais parce que tu ne parles qu'en allemand quand t'es trop gêné.
Je m'étouffai avec une nouvelle gorgée de café.
- P... pas du tout,niai-je en sentant mes oreilles prendre feu.J'ai juste... la tête dans le cul... - T'es vulgaire, Papa. - Oui, pardon.
Encore un silence.
- Et du coup ?insista-t-elle avec un petit sourire avide de curiosité. - Mais rien,répondis-je agacé.J... T'occupe pas de ça.
Elle haussa les épaules et ne dit rien. Mais je savais qu'elle brûlait d'envie de savoir à quel moment Harmony et moi lui annoncerions que nous étions ensemble. Ensemble... J'eus une bouffée de chaleur rien que d'y penser. Bon sang... Je n'arrivais pas encore à réaliser l'effet que me faisait Harmony. Dès que je pensais à elle, à mon souhait de plus en plus irrésistible de me rapprocher d'elle – sans compter ses jolis yeux azur, sa peau de pêche, ses joues douces, ses lèvres, son rire, ses cheveux de feu, ses ailes d'ange, son corps élancé, son parfum – je perdais tous mes moyens. Je me sentais presque comme... Non, C'ÉTAIT comme lorsque je fréquentais Mary. Était-ce vraiment réel ? Pouvais-je éprouver autant de sentiments une deuxième fois ? Et si je décevais Harmony ? Non, la vraie question était « Et si je finissais par culpabiliser, ne pas lui offrir l'amour qu'elle attendait, celui que je voulais lui donner ? » D'un côté, je ne voyais pas pour quelle raison je ne serais pas totalement investi dans notre relation. Mary avait disparu depuis maintenant sept ans et demi. Mon amour pour elle était toujours présent mais à un niveau plus... spirituel. Au fil du temps, j'appris à garder de mon épouse un souvenir positif, heureux, à vivre avec le chagrin de l'avoir perdue sans l'oublier, un chagrin maîtrisé par la reconstruction progressive de ma vie aux côtés de ma fille, et de ma vie sentimentale. Cela avait commencé par Sofia. Rien n'avait abouti mais j'étais convaincu qu'il s'agissait d'une étape de mon deuil non négligeable. Et maintenant, Harmony. Harmony que j'avais rencontré en la sauvant des griffes d'un lycan affamé. Harmony que j'avais appris à connaître, que j'avais sortie de chez ses parents possessifs et emmenée avec moi, dans ma vie, pour qu'elle en fasse partie intégrante parce que son absence me pesait de plus en plus à chacun de nos au revoir. Harmony pour qui j'éprouvais aujourd'hui tant de choses que je réalisais seulement après avoir failli la perdre. Et d'un autre côté, le doute. Même en étant totalement persuadé de mes sentiments pour elle, qu'est-ce qui me garantissait que je n'allais pas me défiler sous l'emprise d'une perte soi-disant acceptée ? Je ne savais plus où j'en étais, ça me foutait mal au crâne, encore... Dans ma poche, mon téléphone portable vibra. Je consultai mes messages. C'était Harmony qui paraissait ne plus vouloir sortir pour affronter mon regard.
« Oublie ce qu’il s’est passé hier, je n’étais pas dans mon état normal, ça n’arrivera plus, promis ! »avait-elle écrit.
L’instant d’après, une mélodie au piano se fit entendre depuis le salon. Janna et moi l’écoutâmes. Elle était douce, apaisante. Pas pour mon pauvre cœur chamboulé mais… je l’aimais bien. Tandis qu’Harmony jouait, ma fille et moi débarrassâmes la table. Je ne savais pas si l’ange voulait manger quelque chose. C’était conseillé contre la gueule de bois mais la demoiselle semblait préférer se concentrer sur la musique, pour le moment. Perdu dans mes pensées, nous nous percutâmes alors que je me dirigeais vers le salon pour aller la voir jouer. Je n’avais jamais pris le temps de le faire, pour la simple et bonne raison qu’elle n’avait pas encore eu l’occasion de faire de la musique à la maison. Je l’avais vue jouer pour la première fois au centre commercial.
- Pa… Pardon… Je…bégaya-t-elle en rougissant derechef. - Euh… J… - Je vais faire une balade !
Elle s’enfuit avant que j’aie pu en placer une. Bon… tant pis. Je la vis faire le tour de la terrasse et descendre l’escalier en direction du point d’eau. J’allai regarder dans le frigo pour faire l’inventaire de la viande que j’avais acheté pour le barbecue de ce midi. Tout à coup, j’entendis un cri, suivi d’un « plouf ! »
- C’était quoi, ça ?s’enquit Janna qui s’était installée au piano à son tour.
Je regardai par la fenêtre, vis une tête rousse émerger de l’eau.
- Harmony qui décuve, j’imagine,répondis-je.Je vais voir si tout va bien.
Je sortis et descendis à mon tour les escaliers de derrière. Je trouvai l’ange en train d’essayer de se hisser hors du lac, sans succès. En arrivant à sa hauteur, je remarquai des traces de glissade sur la terre. Ah. Elle n’avait pas plongé, elle était tombée. Conséquemment, je ne me demandai plus pourquoi elle avait gardé sa robe.
- Un peu d’aide ?fis-je en m’accroupissant près du bord, en prenant garde à ne pas glisser aussi.
Elle accepta, toujours sans oser me regarder. Je pris sa main, l’attirai vers moi. J’étais en train de la remonter quand ses doigts glissèrent soudain. Je fis un mouvement brusque vers l’avant pour tenter de la rattraper… Nous poussâmes tous les deux une exclamation de stupeur. Et je tombai à l’eau. J’avais tout juste eu le temps de jeter le haut de mon corps sur le côté pour ne pas tomber sur l’ange. En remontant à la surface, je me rendis compte que j’avais pied. L’eau m’arrivait en-dessous des épaules. Je me mis à rire, amusé par la tournure qu’avait pris la situation. J’avais voulu l’aider et nous voilà tous les deux à la flotte. Par contre, Harmony ne devait pas toucher le fond sans avoir la tête immergée.
- Viens par-là, toi,dis-je toujours hilare en la tirant par le poignet.
Elle s’accrocha à mon épaule. Je lui souris, repris.
- C’est une des nombreuses façons de décuver, je te l’accorde. Sinon, tu pouvais aussi te mettre un peu d’eau sur le visage et boire une tisane.
Autant jouer la carte de l’indifférence et de l’humour, si elle tenait tant que ça à ce que j’oublie la soirée d’hier. Ҫa ne risquait pas mais si je lui montrais qu’il n’y avait pas de raison de lui en vouloir, elle se détendrait peut-être plus vite.
______________________ * Was ? Quoi ? * Nein, nichts : Non, rien
Sortir faire une petite promenade en solitaire me paraissait être une bonne idée pour me remettre de la soirée d’hier, me changer les idées et essayer de prendre un peu de temps avant de croiser de nouveau Meyer. Juste prendre un peu l’air, il faisait jour et bon alors l’occasion s’y prêtait. Je ne me perdrais pas et ça me ferait du bien. Du moins, c’était ce que je pensais avant de glisser dans l’eau, je n’avais pas pied et je n’arrivais pas à sortir, je n’avais pas d’assez bonne prise pour. J’allais devoir trouver un autre moyen de sortir en longeant le bord du lac. Mince… Finalement, Meyer arriva pour encore une fois me sortir d’un mauvais pas. Il arrivait toujours au bon moment comme un super héros. A mes yeux, s’en était un. Il me demande si je veux un peu d’aide. Détournant le regard, j’acquiesce.
O-Oui s’il te plait…
Je lui tends la main, il me tire vers lui et le haut de mon corps sort de l’eau. Super, je vais pouvoir remettre mes deux pieds sur terre. Mince, mes doigts glissent. Non… Meyer essaye de me rattraper mais il tombe à son tour et je retombe la tête sous l’eau. Je bats des pieds pour maintenir la tête hors de l’eau. Il a pied et pas moi… Il me tire par le poignet pour m’amener vers lui et je m'accroche à son épaule. J’allais le remercier quand celui-ci me taquina. J’affiche une mine boudeuse avant de rigoler à mon tour.
T’es bête… C’est pas ça qui va m’aider à oublier ce moment gênant…
Je me mords la lèvre inférieure. Je n’aurais peut-être pas dû revenir là-dessus alors que c’était le sujet que j’essayais de fuir pour le moment. Vite Harmony, rebondit sur autre chose. Ah je sais. Il faut trouver par où sortir de l’eau. Je commence à nager un peu. Quelques mètres plus loin, j’arrive à avoir pied et il y a une petite zone de sable. Je peux sortir de l’eau sans problème. Ma robe est trempée, transparente et moule complètement mon corps. J’essore mes cheveux. Meyer me rejoint à son tour. Il n’a même pas eu besoin de nager, il triche. Bon après, j’adore nager alors ce n’est pas un souci pour moi, au contraire. Je me tourne alors vers lui faisant preuve d’un peu d’humour mélangé à la réalité.
D’ailleurs, tu es sûr que tu es juste un lycan ? Comment fais-tu pour toujours arriver au bon moment pour me sortir de mes galères ? Tu sauves souvent des demoiselles en détresse comme ça ?
Peut-être qu’il me mentait sur son métier et qu’en vrai c’est un super héros et il a un radar pour savoir si quelqu’un a un problème ? C’est à se demander à force. Je me rapproche de lui, levant la tête pour le regarder dans les yeux. Je luttais pour y arriver. J’ai un doux sourire sur mes lèvres.
En tout cas merci pour ce nouveau sauvetage.
Je détourne le regard, ne pouvant tenir plus longtemps. Peut-être finalement aurai-je dû rester dans l’eau où je n’avais pas pied, ça me faisait une excuse pour rester près de lui ? Non Harmony, commence pas, tu vas empirer ta situation…
Un week-end de détente bien mérité Feat. - Harmony Blossom
Et cela sembla fonctionner puisqu’elle émit un petit rire.
- T’es bête… C’est pas ça qui va m’aider à oublier ce moment gênant…
Certes… Et en même temps, elle venait elle-même d’aborder le sujet, je n’y étais pour rien. Apparemment, ce ne fut pas pour autant qu’elle voulut s’étaler dessus étant donné qu’elle préféra s’éloigner à la nage jusqu’à un endroit d’où elle pourrait sortir de l’eau. Je la suivis. Une vingtaine de mètres plus loin, le sol remonta jusqu’à une zone plane au mélange de sable et de terre caillouteuse. Nous nous extirpâmes tous les deux du lac, complètement trempés.
- D’ailleurs, tu es sûr que tu es juste un lycan ? Comment fais-tu pour toujours arriver au bon moment pour me sortir de mes galères ?questionna Harmony pendant que j’essorais le bas de mon short.Tu sauves souvent des demoiselles en détresse comme ça ?
Je ricanai, me tournai vers elle. Mon cœur rata un battement en remarquant que sa robe blanche lui collait à la peau et que je voyais tout son corps à travers. Avait-elle acheté ce très joli ensemble à dentelles l’autre jour au centre commercial ? Je secouai la tête. Non mais à quoi pensais-je ? On s’en fichait ! Ou pas… J’eus du mal à me concentrer sur sa question. Déjà, mieux valait arrêter de la contempler. Je me tournai à demi, les yeux rivés quelque part entre deux roseaux. Mais Harmony s’approcha de moi et je ne pus m’empêcher de soutenir son regard bleuté.
- En tout cas, merci pour ce nouveau sauvetage,dit-elle avec un joli sourire.
Je hochai la tête.
- Je suis un lycan tout ce qu’il y a de plus normal,répondis-je en touchant ses cheveux qui dégoulinaient encore d’eau.
Je les attrapai, les rassemblai dans ma main et les essorai.
- Mais j’avoue que je suis moi-même surpris par le nombre de fois qu’il m’est arrivé de sauver des « demoiselles en détresse »,ajoutai-je en faisant les guillemets avec les doigts.J’ai peut-être un radar intégré, va savoir.
Je me sentis soudain triste en me rendant compte que la seule demoiselle que je n’avais pas pu sauver était Mary. Je chassai vite ce sentiment et souris à Harmony. Mon regard tomba malencontreusement sur sa poitrine dont le soutien-gorge m’était bien visible sous sa robe. J’échappai à cette vue imprenable et pour le moins agréable en observant les alentours. Il était temps de l’informer.
- Alors… Nous sommes seuls, il n’y a personne ici à part nous,insistai-je pour bien lui faire comprendre qu’aucune autre personne que moi pouvait la voir dans cet état.Ce n’est vraiment pas une vision désagréable à mes yeux, au contraire, mais… je doute fort que de soit intentionnel de ta part. Quoi que…
Elle fronça les sourcils, l’air de ne pas comprendre. Je me raclai la gorge.
Ce petit plongeon dans le lac avait été plutôt efficace pour arranger les choses entre Meyer et Moi. Non pas que notre relation se soit dégradée mais elle m’avait permis de le regarder de nouveau dans les yeux et ça c’était très fort. En y pensant, il ne m’aidait pas beaucoup à changer les sentiments que j’ai pour lui à être toujours là au bon moment, à être si gentil et prévenant. Sacré Meyer, une très bonne patte que l’on a mis sur mon chemin. Je pense qu’il est temps pour moi d’arrêter d’essayer de mettre une distance entre lui et moi, ça ne servait à rien et je ne pouvais m’empêcher de replonger. Pour le coup j’avais replongé dans le sujet d’hier mais je l’avais vite écarté en trouvant un endroit nous permettant de sortir de l’eau et en rebondissant sur un autre sujet: Meyer le sauver des demoiselles en détresse. Je l’avais également remercié pour cet énième sauvetage. Il me répond qu’il est un lycan tout ce qu’il y a de plus normal mais il ajoute être surpris par le nombre de fois qu’il ai dû sauver des demoiselles en détresse. Il a peut-être un radar intégré. Je me mis à rire. C’est tout à fait possible.
Alors garde le bien précieusement parce que en à peine quelques mois il aura été très efficace. Mais sache que le jour où tu auras des difficultés à surmonter, je serais là pour toi, peut-être pas de manière aussi efficace mais je ferais de mon mieux.
J’espérais de tout coeur que si ça arrivait, je puisse à mon tour le sauver. Il méritait que l’on prenne soin de lui et vu tout ce qu’il a fait pour moi, il est normal que je veuille moi aussi l’aider. Je lui souhaite tout le bonheur du monde, il le mérite plus que n’importe qui. C’est un lycan mais à mes yeux c’est aussi un ange tombé du ciel. Mes parents pensent que les anges sont uniquement des êtres ailés avec des plumes blanches. Meyer est la preuve vivante qu’un ange peut se cacher derrière un lycan. C’est comme ça que je le vois. Je sors de ces douces pensées quand Meyer reprend la parole.Il évoque le fait que nous sommes seuls. Oui je le sais mais pourquoi il me dit ça ? Une vision pas désagréable… ? Je fronce les sourcils, ne comprenant pas où il veut en venir. Oh… On voit à travers ma robe… Je baisse la tête et constate que l’on voit ma lingerie comme s’il n’y avait aucun tissu par-dessus. Je rougis en me précipitant dans ses bras. Vite, une excuse, quelque chose vite.
En soit ce n’est qu’un juste retour de ce que j’ai déjà vu et… Et… Quitte à avoir de la nouvelle lingerie autant qu’on la voit non ? Et puis tu… Tu m’as déjà vu à plusieurs reprises et… Je préfère que ce soit toi qui me voit ainsi que lorsque c’était… L’autre lycan… Et puis c’est comme un maillot de bain, il y a juste la matière qui change.
Bon… J’avais essayé de me rattraper mais je ne suis pas sûre que je m’y suis prise de la meilleure façon… Je crois que je me suis même enfoncée avec mes excuse. Je relève mon regard vers lui, toujours rouge d’embarras.
Un week-end de détente bien mérité Feat. - Harmony Blossom
Elle baissa les yeux. Son visage prit une teinte écarlate et elle se jeta dans mes bras pour se cacher. Je ne pus m’empêcher d’éclater de rire.
- En soit, ce n’est qu’un juste retour de ce que j’ai déjà vu,tenta-t-elle de relativiser.
Oui… et non, en fait. Elle m’avait vu complètement nu. Pas moi.
- Et… Et… Quitte à avoir de la nouvelle lingerie, autant qu’on la voit, non ?suggéra-t-elle, pleine d’embarras.Et puis, tu… Tu m’as déjà vue à plusieurs reprises et… Je préfère que ce soit toi qui me vois ainsi que lorsque c’était… l’autre lycan…
Je frissonnai.
- Et puis, c’est comme un maillot de bain, il y a juste la matière qui change.
Plus elle essayait de trouver des excuses, plus ça en devenait comique. Elle n’avait pas à se justifier.
- Je… Je m’enfonce c’est ça ?demanda-t-elle en osant enfin lever les yeux vers moi.
Je soufflai par le nez avec un sourire difficilement réprimable.
- A peine,ironisai-je.
Je ris de nouveau.
- Quoi qu’il en soit, il fait encore frais,constatai-je en la voyant trembler un peu.Tu devrais aller te changer. Non pas que la vue me déplaise, mais…
Je ne terminai pas ma phrase, pris sa main et la ramenai à la cabane. Nous passâmes devant le ponton qui se trouvait en face de l’escalier. Au bout, j’aperçus deux chaises longues et une petite table basse faite avec une souche d’arbre. Parfait pour une baignade accompagnée de boissons fraîches. Janna jouait toujours du piano quand nous rentrâmes dans la cuisine. Elle ne fit aucun commentaire sur le fait que j’étais moi aussi complètement trempé. Harmony et moi allâmes nous changer. Le reste de la matinée se déroula paisiblement. Les filles s’amusèrent à reproduire des mélodies à quatre mains sur le piano. De mon côté, je me prélassais dans un fauteuil en les écoutant distraitement, tout en faisant un jeu sur mon téléphone. Un peu avant midi, je sortis la viande et les légumes du réfrigérateur, et allai allumer le barbecue. Je fis tout cuire. Janna et Harmony s’installèrent sur les fauteuils de la terrasse pour me tenir compagnie et discuter de tout et de rien. Nous passâmes ensuite à table. Cette fois, nous mangions dehors car il faisait super beau. Après un copieux repas, je m’accordai une bonne sieste. J’en avais besoin, ayant mal dormi cette nuit. Les filles préférèrent aller directement se baigner au lac. Je les rejoignis après une heure et demi de sommeil réparateur, vêtu de mon short de bain. Je faillis m’étouffer en voyant Harmony dans un bikini absolument sexy, en train de faire bronzette sur une chaise longue.
- Très joli,commentai-je avant d’aller m’asseoir sur le rebord du ponton.
Mes pieds et mes mollets trempèrent dans l’eau. Janna occupait la deuxième chaise longue et faisait des mots croisés sur un magazine.
Trouver une excuse potable n’était pas un talent chez moi et encore moins quand je suis embarrassée. Ma robe étant devenue transparente suite à mon plongeon non désiré et on voyait absolument tout à travers comme si je n’avais aucune robe par-dessus ma lingerie. J’avais sorti toutes les phrases qui me passaient par la tête mais j’ai l’impression que Meyer se retient de rire. J’avais fini par lui demander si je m’enfonçais et il me le confirma à travers une touche d’ironie. Il se mit à rire et apparemment c’était contagieux comme je fis de même. Je me mis cependant à trembler un peu de froid, il faisait encore un peu frais ce matin, ça ira mieux cet après-midi mais pour le coup, il valait mieux que j’aille me changer avant d’attraper du mal. Meyer prend ma main et on rentre à la cabine. Je fus presque déçue d’être arrivée quand il lâcha ma main mais bon, je n’en fis rien. Arrivée dans la chambre, je récupère une serviette dans la salle de bain pour me sécher un peu mieux et je me change en mettant une autre robe. Je mets celle trempée à sécher sur la terrasse, avec le soleil qui se levait je n’avais pas d’inquiétude, elle allait rapidement sécher. Ensuite, je rejoins Janna au piano et on joue toutes les deux. C’est très amusant de jouer avec quelqu’un, je ne l’avais pas fait depuis longtemps. Meyer nous quitte pour aller préparer le repas de midi et quand c’est prêt, on le rejoint. On mange dehors et c’est vraiment délicieux. On se décide pour la suite du programme de l’après-midi. Avec Janna, on se prépare pour la baignade pendant que Meyer va faire une petite sieste, il nous rejoindra plus tard. Le pauvre, il avait mal dormi à cause de moi… Je ferais plus attention la nuit prochaine et je ne viderais pas à moi toute seule une bouteille de bière. J’avais rejoint Janna et on s’était rendus sur le ponton. Si j’étais passée par là directement, je ne serais pas tombée à l’eau mais il faut dire que ça avait malgré tout était amusant. Janna était aller directement faire un plongeon, pour ma part, je m’étais allongée sur un transate. Ca faisait un bien fou, je fermais les yeux et profitais. Je pourrais presque m’endormir. Mais ce qui me “réveillé” fut l’arrivée de Meyer qui complimenta mon bikini. Celui-ci était blanc et fleurit rose et vert, il y avait des petits volants sur les bretelles et les côtés de la culotte, l’arrière se rapprochait plus d’une tanga que d’une culotte lambda. Je n’y avais pas vraiment prêté attention en l’achetant mais je l’aimais beaucoup et j’étais contente que Meyer aime aussi.
Merci.
Lui dis-je en souriant. Oh j’ai envie de lui faire une blague. Je me lève, arrive derrière lui et tente de le pousser à la flotte et c’est… Un échec critique. Je me mets à rire.
Oups… Il semblerait que je n’ai pas assez de force.
Je réessaye mais en vain, ça ne sert à rien, je suis trop petite et trop légère à côté de lui pour réussir à le mettre à l’eau.
Peut-être que si Janna m’aide…
Celle-ci se mit à rire à son tour mais n’a pas l’air décidée à m’aider. Je ne sais pas si c’est bon signe ou pas, j’ai l’impression que je devrais me méfier du loup qui dort…
Un week-end de détente bien mérité Feat. - Harmony Blossom
Harmony me remercia timidement. J’inspirai profondément, expirai lentement. Le bon air de la montagne me faisait du bien. Sans vouloir me vanter, j’avais eu une bonne idée de venir ici. Chacun y trouvait son compte, au final. Des pas légers approchèrent sur le plancher du ponton. Les mains fraîches d’Harmony se posèrent alors sur mes épaules et elle essaya de me pousser à l’eau… en vain. Elle se mit à rire.
- Oups… Il semblerait que je n’ai pas assez de force,dit-elle avant de réessayer.
Je restai tanqué à ma place, usant de très peu d’effort pour ne pas bouger. Je tournai la tête et la regardai faire, amusé. A ce train-là, elle pouvait essayer encore longtemps…
- Peut-être que si Janna m’aide…
L’intéressée ricana.
- Méfie-toi, Harmony,la prévint-elle.Il se pourrait que…
L’ange ne put entendre la suite. Je profitai du fait qu’elle était penchée dans mon dos pour agir. Je levai les bras, l’attrapai sous les aisselles et la fis passer par-dessus ma tête, droit dans l’eau.
- Voilà ce qui arrive quand on veut taquiner un loup en paix,dis-je quand elle fut remontée à la surface.
J’éclatai de rire, me laissai glisser dans l’eau à mon tour. Ici, le niveau m’arrivait au milieu du torse. Harmony devait se tenir sur la pointe des pieds pour garder la tête au sec.
- Papa !héla Janna en abaissant son magasine pour me regarder.Un cri d’oiseau, en dix lettres, avec un Z dedans.
C’était quoi, ça ? Oh. Au moment où je me posais la question, la réponse vint d’elle-même. Je l’avais entendu récemment, ça tombait bien.
- Essaye « zinzinuler ».
Elle griffonna.
- Ah oui ! Merci ! Mais c’est quel oiseau, ça ?
Je haussai les épaules.
- Demande à Google, j’en sais que dalle.
Elle consulta son téléphone.
- La mésange,informa-t-elle.C’est trop mignon ces petits oiseaux !
Elle s’attarda sur la contemplation des images durant une bonne minute, tandis que j’attirais Harmony à moi pour qu’elle se repose en s’accrochant à mon bras.
Ma tentative de mettre Meyer à l’eau fut un échec cuisant. Deux tentatives et aucune d’elle n'aboutit. Je voulais même voir si Janna voulait me donner un coup de main mais elle s’était mise à rire, me disant de me méfier. Je n’eu pas le temps d’entendre sa mise en garde que Meyer me choppa sous les bras et me balança à l’eau. Ne m’y attendant pas vraiment, je me retrouve la tête sous l’eau et je bois la tasse. Je remonte à la surface en toussant. J’affiche une mine faussement boudeuse quand il me fit comprendre que je l’avais bien cherché. Il n’avait pas tort. Il rit et je fis de même à mon tour. Il se laisse glisser dans l’eau à son tour. J’étais sur la pointe des pieds et lui, l’eau lui arrivait au milieu du torse. La chance, il est tranquille. Janna de son côté fait des mots croisés, je les écoute échanger. Meyer me tire vers lui pour que je puisse m’accrocher à son bras.
Tu me nargues avec ta grande taille !
Je lui souris. Après quelques instants accrochée, je me décide à disparaître sous l’eau et à aller nager un peu comme une sirène. J’adore l’eau, j’adore nager, j’adore tout ça et j’étais très à l’aise dedans. En nageant je fis une petite découverte, il y avait quelque chose qui ressemblait à une boîte en forme de coquillage. C’était super joli et en plutôt bon état. Je reviens vers le ponton, pose la boîte et prends appuie juste à côté pour remonter. Je m'assois sur le rebord et j’ouvre l’écrin. Il y avait un joli bijou. C’était un collier avec une perle blanche nacrée.
Oh il est super joli. Je me demande qui a bien pu égarer ça ici. Entre la boîte et le collier c’est dommage. J’ai l’impression d’avoir trouvé un petit trésor.
Je me mis à rire en refermant la boîte. Je la pose à côté de nos affaires puis je retourne plonger prenant grand soin d’éclabousser Meyer au passage. L’après-midi défile, on nage, on rigole puis on se décide à s’arrêter là. On retourne à la cabane. On se sèche, on étend nos affaires et on se rhabille. Meyer et Janna vaquent à leurs occupations, de mon côté, je m’occupe de réchauffer les restes du barbecue de ce midi. Quand c’est prêt, on passe à table et c’est encore délicieusement bon. Quand on a fini, je m’occupe dé débarrasser, nettoyer les ustensiles et la table puis je rejoins Meyer et Janna dans le salon. Je me pose sur le canapé, confortable lui aussi.
Meyer, c’était une superbe idée de nous emmener ici ! Je suis triste que ce soit déjà bientôt terminé.
J’affiche une petite mine triste avant de lui sourire de nouveau pour le rassurer. Vraiment, j’avais passé une super journée détente et relaxation ce qui après ces derniers évènements me fit le plus grand bien. J’espère qu’avec les grandes vacances qui arrivent, on aura d’autres occasions comme celle-ci.
Un week-end de détente bien mérité Feat. - Harmony Blossom
- Tu me nargues avec ta grande taille !rit-elle, non sans garder ses mains autour de mon poignet.
Nous restâmes un petit moment ainsi à profiter de la fraîcheur et du calme de l’eau. Puis la demoiselle s’éloigna de quelques mètres pour nager. Elle avait l’air super à l’aise, un vrai petit poisson. L’époque durant laquelle j’avais une phobie maladive des étendues d’eau était révolue, mais je ne me sentais pas autant relaxé que la rouquine. J’avais encore un peu de mal à garder la tête sous l’eau très longtemps. Je la regardai faire des allers et retours, plonger plusieurs fois sous la surface. Un peu plus tard, elle revint vers le ponton avec quelque chose dans la main. Elle posa l’objet sur le ponton et se hissa dessus pour l’examiner. C’était une espèce de boîte en forme de coquillage. Je m’approchai, croisai les bras sur le rebord, le menton posé dessus. La demoiselle n’eut pas de mal à ouvrir la boîte. A l’intérieur reposait un bijou. Un collier avec un pendentif blanc nacré. En regardant de plus près, je vis que c’était une perle.
- Oh, il est super joli,commenta-t-elle émerveillée.
Janna vint l’observer aussi.
- Je me demande qui a bien pu égarer ça ici. Entre la boîte et le collier, c’est dommage. J’ai l’impression d’avoir trouvé un petit trésor.
Elle referma la boîte et retourna à l’eau en faisant exprès de m’éclabousser. Je me vengeai rapidement en allant l’attraper pour lui faire faire un vol plané. L’après-midi défila ainsi, dans la joie et la bonne humeur. Nous retournâmes à la cabane quelques heures plus tard pour nous sécher et nous rhabiller. Harmony s’occupa de faire réchauffer les restes du repas de midi, et nous nous mîmes à table, dehors, à la lumière du spot accroché au mur. L’ange insista ensuite pour débarrasser et nettoyer les ustensiles. Janna et moi en profitâmes pour faire une partie de cartes.
- Meyer, c’était une superbe idée de nous emmener ici !déclara Harmony en venant s’affaler dans un fauteuil quelques minutes plus tard.Je suis triste que ce soit déjà bientôt terminé.
Elle avait raison, le temps était passé vite. J’aurais bien loué la semaine entière mais Janna commençait ses examens lundi. Nous aurions d’autres occasions de revenir, ou de découvrir des lieux sympathiques et reposants comme celui-ci.
- Cet été, on essaiera de partir quelque part,suggérai-je sous le regard soudain intéressé de Janna. - Oh oui, un voyage !s’exclama-t-elle ravie.Où ça ? En Europe ?
Je l’avais emmenée une fois à Berlin deux ans auparavant. Elle y avait perfectionné son allemand et moi, j’avais retrouvé quelques souvenirs. Depuis, elle rêvait de visiter d’autres pays européens.
- Sûrement,répondis-je en haussant les épaules.
Il me faudrait vite réserver car le mois de juillet arrivait à grands pas. Il commençait à se faire tard, la nuit était tombée. Janna et moi terminâmes notre partie de cartes arbitrée par Harmony. Puis je me levai et m’étirai paresseusement. Je n’avais pas spécialement envie d’aller me coucher maintenant. Demain, il ne serait pas utile de nous lever tôt car nous pouvions rendre les clés jusqu’à onze heures. Je regardai par la fenêtre, en direction du lac. Et une idée me vint.
- J’irais bien faire trempette maintenant.
Il n’y avait pas la lune pour éclairer les environs mais j’avais vu une guirlande d’ampoules le long du ponton lorsque nous nous baignions cet après-midi. Nous pourrions l’allumer pour nous guider.
- En pleine nuit ?s’étonna Janna qui se servait un jus de fruits. - Ben ouais, pourquoi pas ? On appelle ça un bain de minuit. Normalement, c’est sans maillot mais ce n’est pas une obligation. - Alors je te laisse y aller tout seul,répondit-elle en ricanant.
Je levai les yeux au ciel.
- Je n’ai pas envie d’y aller à poil. Tu ne veux quand même pas venir ?
Elle réfléchit.
- Nein, je pense que je vais faire un peu de lecture avant de me coucher.
Je me tournai vers Harmony.
- Tu veux venir ?proposai-je à tout hasard.
Elle n’avait sûrement jamais essayé de se baigner en pleine nuit.
- C’est juste l’histoire de cinq minutes, si tu as trop froid.
Elle accepta. Je récupérai nos maillots qui avaient séché sur la terrasse. Nous nous changeâmes, prîmes chacun une serviette et descendîmes l’escalier de derrière jusqu’au ponton. La guirlande d’ampoules fonctionnait. Il suffisait d’ouvrir le boîtier qui se trouvait près du compteur électrique, en bas de l’escalier, et de brancher la prise. La lumière se répandit tout le long du ponton, c’était joli à regarder. Je laissai tomber ma serviette sur l’une des chaises longues. Et je m’assis au bord de l’eau. La nuit était calme. Seuls les grillons se manifestaient au milieu des buissons. C’était agréable. Et il ne faisait pas froid, au final. Du moins, c’était largement supportable pour moi. Harmony s’assit à ma droite. Nous échangeâmes un sourire, et je reportai mon attention sur la rive opposée du lac.
- Je vais t’avouer un truc,dis-je au bout de quelques secondes de silence reposant.J’ai appris à nager il n’y a pas si longtemps. Il y a environ six ans. Avant, j’étais terrifié à l’idée de mettre ne serait-ce qu’un pied dans l’eau.
Bien rassasiée la cuisine remise au propre, j'avais rejoint Meyer et Janna dans le salon. Je les laissai jouer, me contentant de m'installer à côté et d'observer silencieusement. J'avais tout de même envie de remercier Meyer pour cette idée qui nous avait fait à tous le plus grand bien. Il ajoute que cet été on allait essayer de partir quelque part. C'est vrai ? Je vais pouvoir les accompagner découvrir un nouveau lieu ? Janna parle de l'Europe et Meyer acquiesça. J'avais les yeux qui pétillaient. Je n'avais jamais quitté les États-Unis. Je ne connaissais même pas tout Los Angeles. En fait... je ne connaissais jamais rien.
L'Europe... Je n'ai jamais quitté ici...
Dis-je à moi-même. L'idée de pouvoir aller aussi loin me semblait à une époque impossible et peut-être que bientôt... Non... ne crions pas victoire trop vite. Moi je voudrais parcourir la monde... Si l'occasion se presente, je la saisirai. Peu importe le pays et le continent, j'aimerais tout voir, tout connaître. J'étais perdue dans mes pensées et ce, jusqu'au moment où Meyer évoque son envie d'aller faire trempette. Je regarde dehors n'était pas sûre de comprendre. Il fait nuit pourtant... Il parle de quelque chose qui s'appelle un bain de minuit et pour ça on est censé être nu. Je rougis légèrement. Janna refuse de son côté et Meyer la rassure en disant qu'il n'irait pas nu. J'hésite. Pour ma part j'aime tellement l'eau que ça ne me dérangerait pas d'y faire un tour. J'ai juste un peu peur d'avoir froid. Meyer me propose en précisant que ça peut être un petit tour rapide si jamais j'ai froid. J'acquiesce d'un signe de tête avec un sourire.
Avec plaisir, je n'ai jamais été me baigner de nuit.
Précisais-je mais il devait s'en douter. On récupère alors chacun nos affaires, j'enfile mon bikini, prend une serviette et on se retrouve sur le ponton avec Meyer. La mélodie de la nature était très agréable à entendre. J'avais l'impression que nous étions seuls au monde. Je masseois à côté de Meyer. Nos regards se croisent, on se sourit. Un léger silence puis Meyer prend la parole expliquant qu'il a appris à nager il y a peu et qu'avant il avait très peur a l'idée de mettre un pied dans l'eau.
Oh je comprends. Enfin... Je n'ai jamais eu ce sentiment de peur. Des que j'ai vu l'océan pour la première fois j'ai trouvé ça magnifique. Immensément grand. En vivant enfermée dans une maison, je ne m'étais jamais sentie aussi libre que dans l'eau. Et du coup peu à peu j'ai appris à nager en observant puis je me suis même mise au surf et à la plongée sous marine.
Comme quoi vis-à-vis de l'équipe nous étions deux opposés. Ma main rentre en contact avec la sienne et sans m'en rendre compte mes doigts se mêlent au siens.
Si tu nages avec moi il ne t'arriveras rien parce que je te sauverais. Je suis assez bonne nageuse pour.
Je lui souris et me lève, prenant ses mains pour qu'il fasse de même.
On... On y va ?
Dis-je un peu timidement. L'ambiance était différente de cet après-midi mais était loin d'être moins agréable. Il y avait quelque chose de très doux et presque romantique avec l'eau et le ponton juste illuminé par la guirlande de lumière.
Un week-end de détente bien mérité Feat. - Harmony Blossom
Elle déclara qu’elle comprenait, même si elle n’avait jamais eu ce sentiment de peur. Car dès qu’elle avait eu l’occasion de voir l’océan pour la première fois, elle en était tombée amoureuse.
- En vivant enfermée dans une maison, je ne m'étais jamais sentie aussi libre que dans l'eau.
Je voulais bien la croire.
- Et du coup, peu à peu, j'ai appris à nager en observant puis je me suis même mise au surf et à la plongée sous-marine.
C’était plutôt cool comme expérience. Mais je trouvais étrange qu’elle ait pu le faire, étant donné que ses parents ne la laissaient pas sortir. Peut-être était-ce en leur compagnie, je ne voyais que ça. Un frisson me parcourut le long du bras quand la main de l’ange entra en contact avec la mienne. Nos doigts s’entremêlèrent, je sentis mon cœur palpiter.
- Si tu nages avec moi, il ne t'arrivera rien parce que je te sauverai,dit-elle très sûre d’elle.Je suis assez bonne nageuse pour.
Je n’en doutais pas. Mais bon, vu sa corpulence, difficile de tirer mon poids lourd si elle me trouvait un jour inconscient dans l’eau. Toutefois, je ne dis rien et me contentai de répondre à son sourire. Elle se mit debout, sans lâcher ma main, m’invitant à faire de même.
- On... On y va ?proposa-t-elle.
Je me levai à mon tour, désignai le lac de ma main libre.
- Les dames d’abord.
Elle sourit et plongea. Je l’imitai et nous remontâmes à la surface en même temps. Comme la nuit était un peu fraîche, l’eau paraissait plus chaude. L’atmosphère demeurait confortable, les sons de la nature paisibles. On ne pouvait pas rêver mieux pour une fin de week-end détente. Nous ne restâmes cependant pas longtemps dans l’eau. Le temps qu’Harmony me raconte quelques anecdotes sur son expérience en plongée sous-marine – à laquelle j’ajoutai les quelques fois où Janna et moi fîmes des séances de snorkeling avec Azalja – l’humidité de la nuit commença à nous faire frissonner. Alors nous remontâmes sur le ponton et nous séchâmes. N’ayant plus froid, je déposai ma serviette sur les épaules d’Harmony, en espérant que cela pût la réchauffer un peu. Elle me remercia timidement. Je m’assis sur l’une des deux chaises longues, contemplai l’ange pendant qu’elle frictionnait ses cheveux. Ses gestes étaient d’une légèreté et d’une douceur captivantes. Pendant un moment, je me crus en plein rêve, presque somnolant. Je me demandais si cet effet était dû à son statut d’ange. Ou parce qu’Harmony m’attirait naturellement. Je sentis mon estomac se nouer soudainement. Oui, elle m’attirait, je ne pouvais plus le nier. Il m’était de plus en plus difficile de ne pas la regarder, et même de ne pas la toucher. Dès que j’en avais eu l’occasion tout à l’heure, quand nous discutions dans l’eau, ma main était allée se balader le long de ses bras ou sur sa taille pour la rapprocher de moi, l’enlacer un peu, ranger une mèche de ses cheveux derrière son oreille, humer son parfum… Ce qui me faisait de plus en plus douter du tournant qu’allait bientôt prendre notre relation si… je laissais l’amour prendre le dessus sur la peur.
- Harmony…
Elle m’accorda un regard interrogateur. Je lui jetai un coup d’œil sans trop savoir si je devais me lancer dans ce que j’estimais au début être nécessaire de lui dire. En vérité, j’avais peur de la faire fuir. Cela avait un côté un peu prétentieux mais je voulais lui parler de moi. Parce qu’au final, en y réfléchissant bien, elle me connaissait très peu, ou alors, seulement en surface. J’avais beaucoup appris d’elle au fur et à mesure de nos rencontres, sans avoir été assez courageux pour lui partager un peu de ma vie en retour. Et elle disait m’aimer sans rien savoir… C’était ce qui m’inquiétait. Car lorsque je lui aurais tout dit, me verrait-elle encore comme un gentil lycan, son sauveur, un père exemplaire, un homme de confiance ? Ses sentiments resteraient-ils les mêmes ou changerait-elle d’avis ? Je frissonnai. Je devais le faire. Je devais le faire parce que je ne voulais pas lui mentir, ni rien lui cacher. Ce temps-là était révolu, lui aussi. Avant de prendre la parole, je tendis ma main vers elle et lui demandai d’approcher. Je saisis doucement son poignet et l’invitai à s’installer sur la chaise longue, tout près de moi. Je me plaçai correctement, le dos droit, mes pieds posés au sol de chaque côté de l’assise, les mains jointes devant moi. Harmony se laissa reposer sur le côté de son bassin, les jambes repliés derrière elle, la paume de la main posée de côté, à quelques centimètres de mon genou, pour se maintenir stable. J’ajustai machinalement la serviette qu’elle avait sur le dos. En fait, je faisais surtout ça pour m’occuper les mains, me donner la force de parler. Elle patienta sagement sans rien dire. J’eus même droit à un sourire encourageant quand nos regards se croisèrent.
- Je…commençai-je avec appréhension.
Bon allez, là, on se magne !
- J’ai bien compris… ce que tu ressens pour moi.
Son visage vira automatiquement au rouge et elle détourna les yeux, cherchant sûrement où disparaître.
- Et avant que toute cette histoire n’aille trop loin et te fasse souffrir, je voudrais que tu saches… qui je suis vraiment.
Je la vis se tendre.
- Et pour ça, je suis prêt à tout te raconter, sans rien omettre,garantis-je en sentant mon cœur marteler ma poitrine.
Maintenant que c’était dit, il ne restait plus qu’à me lancer. Pas de retour en arrière.
- Tu peux me détester ou avoir peur de moi après ça, je ne t’en voudrai pas,prévins-je.Mais je veux que tu comprennes que… je ne suis pas…
Pas quoi, exactement ?
- Un prince charmant.
C’était tout ce qui m’était venu à l’esprit. Et au final, le terme était peut-être bien choisi. Après tout, l’ange n’avait jamais connu l’amour. Elle n’avait pu que se l’imaginer, le lire dans des livres, le voir à la télévision. Et la plupart du temps, c’était présenté comme quelque chose de parfait alors que la réalité demeurait toute autre. Harmony garda le silence. Cependant, elle sembla disposée à m’écouter.
- Bon… autant commencer par le début.
J’inspirai profondément.
- Je suis né à Berlin en 1917. Je sais, c’est vieux,dis-je avec un sourire en coin avant qu’elle ne fasse un commentaire.
Elle pouffa, reprit son sérieux. Je me raclai la gorge, repris.
- Mes parents s'appelaient Alice et Nikolaus. Elle était française, lycan aussi. Avec sa meute, elle a quitté sa Bourgogne natale pour aller à Berlin. Et elle a rencontré mon père quelques années après. Un humain tout ce qu'il y avait de plus... normal.
J'avais hésité sur le mot. Je n'avais jamais considéré mon père comme normal, étant donne ce qu'il m'avait fait.
- Un humain qui avait une sainte horreur des surnaturels,dis-je d'un ton humoristique.Mais il a quand même épousé ma mère, ne me demande pas pourquoi. Et j'ai vu le jour.
Je fis une courte pause, le temps de rassembler mes souvenirs.
- A l'époque, rien n'était encore certain concernant l'héritage des gènes lycanthropes. Mon père a cru dur comme fer, et jusqu'au bout, que je ne serais pas un lycan. Et j'ai eu ma première transformation à l’âge de quinze ans. Autant te dire qu'il n'était pas ravi du tout. Il a même complètement changé de comportement avec moi. Il est passé du père aimant et exemplaire à un parfait inconnu pour qui je n'étais qu'un monstre de plus dans ce monde.
Je souris à Harmony pour lui signifier que cela ne m'atteignait plus depuis longtemps.
- Il s'est retenu un an avant de me faire comprendre qu'il ne supportait pas d'avoir engendré un lycan. Et pour ça, il a essayé de me tuer.
Les yeux de la demoiselle s'écarquillèrent de stupeur.
- Il a voulu me noyer. Tu comprends pourquoi j'ai eu du mal avec l'eau pendant des années.
Elle hocha la tête.
- J'étais sur le point de mourir quand mon côté lycan a pris le dessus. J'ai réussi à repousser mon père... Et comme il ne se calmait pas, je l'ai noyé.
Je plantai mon regard dans celui d'Harmony dont le visage exprimait un réel choc.
- C'était... mon premier meurtre.
Des paroles dures mais véritables.
- Non voulu, mais...
Je laissai ma phrase en suspens. Il n'y avait pas grand-chose à ajouter.
- Après ça, toute la meute m'a tourné le dos, ce que je n'ai jamais compris,continuai-je.J'ai eu beau leur expliquer ce qu'il s'était passé, que je n’avais fait que me défendre... Pour eux, je les avais trahis. Seule ma mère m'a cru. Et grâce à son influence, j'ai pu rester au sein de la meute. Mais elle était malade. Et elle est morte deux ans après. J'avais dix-huit ans. Je ne bénéficiais plus de sa protection, alors ils m'ont chassé. Pour vivre, j'ai vécu de petits boulots, jusqu'à ce que j'aie l'âge et assez d'argent pour faire une formation en thanatopraxie.
Je haussai les épaules.
- Je ne peux même pas te dire comment le métier m'a attiré. Je crois que j'ai vu une annonce dans le journal, et j'ai voulu essayer. Seulement... je n'ai pas pu exercer tout de suite. Quand je suis sorti de la formation avec mon diplôme en 1939, la guerre a été déclarée entre l'Allemagne et les Alliés. J'ai...
Je baissai les yeux, n'aimant pas parler de ce passage. Mais il le fallait.
- J'ai beaucoup tué, durant cette guerre,avouai-je en me triturant nerveusement les doigts.J'étais perdu. J'ai tué sans vraiment savoir pourquoi, et pour un homme qui avait encore moins d'humanité que mon père.
Je tournai la tête, dégageai quelques mèches de cheveux, offrant à la vue d'Harmony l'arrière de mon oreille gauche. Je n'avais jamais montré ça à personne, à part à Mary. Minuscule, très discrète mais toujours là, une croix gammée avait été marquée au fer rouge, à la base des cheveux.
- Un cadeau du Führer,soupirai-je avec amertume.Pour ses meilleurs soldats.
Je la regardai de nouveau en face.
- Et toutes ces marques sont des restes de la guerre,renchéris-je en levant un peu les bras, et en tapotant mon torse.
J’en avais aussi dans le dos mais elle les avait sûrement remarquées aussi.
- Pas celle-ci,ajoutai-je en touchant l’impact de balle que j’avais sous la clavicule gauche.Mais je vais y venir.
L'ambiance qui régnait près du lac avait quelque chose de particulier et de presque magique entre L'obscurité, les étoiles à travers les arbres et les bruits de la nature. J'avais très envie d'aller me baigner. Meyer me dit que c'est aux femmes d'y aller en premier, je souris et je ne me laisse pas prier, plongeant dans l'eau. Meyer me rejoint, on nage un peu, on discute, je lui parle de mes quelques expériences en plongée sous-marine, il m'évoque ses quelques expériences de snorkeling. Je ne savais pas ce que c'était mais ce devait être amusant. L'air commençait à se faire frais et on sort donc de l'eau. Je me sèche avec ma serviette, mon corps, mes cheveux. Il s'installe sur une chaise longue et je fais de même. Il pose sa serviette sur mes épaules pour éviter que je n'ai trop froid. Il m'appelle et je le regarde l'air interrogateur. Il me dit qu'il a bien compris ce que je ressentais pour lui. Je rougis et je détourne le regard. Mince il revient là-dessus... Il me dit alors qu'avant que ça n'aille trop loin, il est prêt à tout me raconter. De quoi parle-t-il ? Je commence à angoisser légèrement. Il ajoute même qu'après m'avoir tout raconté, il ne m'en voudrait pas si j'ai peur de lui ou qu'il me déteste. Non, c'est impossible. Il commence alors en me donnant son année et lieu de naissance. Ah oui il n'est pas si jeune que ça, je suis un bébé à côté. Il me dit qu'il sait que c'est vieux et je me mis à rire. Il me parle ensuite de ses parents: un humain et une lycane. Sauf que son père, humain avait horreur des surnaturels. Aïe ça commence mal. J'ai un peu peur de la suite. Quand il m'annonce que son père espérait qu'il ne soit pas lycan mais malheureusement pour lui, il avait hérité des gènes de sa mère et son père se mit à le d'ester. J'affiche une mine triste. Meyer me sourit, ça ne doit plus le toucher mais j'imagine ce qu'il a dû ressentir au départ. Lorsqu'il m'annonçant qu'un an après il a essayé de le tuer, ce fut un choc pour moi. Il a été rejeté pour ce qu'il était alors qu'il ne l'avait pas choisi. J'ai tellement de peine pour lui. Et maintenant j'ose me plaindre parce que mes parents me voulaient trop à leur côté. Nos deux situations sont les deux opposés. Il me demande si je comprends mieux pourquoi il avait peur de l'eau et j'acquiesce d'un signe de tête. J'imagine la scène dans ma tête et ça me fait vraiment mal pour lui. Mais finalement son côté lycan a pris le dessus. Heureusement ! Et il a tué son père. Oh non... Son premier meurtre... Il y en a eu plusieurs ça veut dire ? C'était comme un choc tout ce que j'entendais. J'essayais d'encaisser tout ce que j'entendais. Il me précise que ce n'était pas voulu. Je m'en doute, je le sais Meyer, tu n'es pas quelqu'un de mauvais, je le sais au plus profond de moi. Suite à ça, sa meute lui a tourné le dos, seule sa mère l'a soutenu. Sa mère devait être quelqu'un de vraiment bien aussi. Elle est décédée deux ans après. J'espère qu'elle repose en paix, je prierais pour elle. Il a ensuite vécu seul de petits boulots. Il a fait comme il a pu pour remonter la pente. Je le trouve très courageux. Il a fait une formation pour devenir thanatopracteur mais il n'a pas pu exercer directement parce qu'il y a eu la guerre, qu'il y a participé et qu'il a tué, beaucoup tué sous le compte d'un homme inhumain... Pire que son père... J'imagine, de ce que j'ai lu dans les livres, il est difficile d'être moi humain que cet homme... Le Führer... Il me montre ensuite la croix gammée qu'il a derrière l'oreille gauche. Pour ses meilleurs soldats... cette phrase me fait froid dans le dos. Il me montre les différentes cicatrices sur son torse qui sont dûes à la guerre, des traces qu'il gardera à vie... Je regarde, je me permets même de toucher. Je touche une cicatrice mais il me dit que celle-ci est dûe à autre chose et qu'il va y venir. Ça fait beaucoup de chose... beaucoup d'horreur qui sont déjà racontées. J'entre ouvre les lèvres avant de les refermer. Allez Harmony... Dit quelque chose. Je me relève et je viens enlacer Meyer. Un silence plane et je le garde quelques instants dans les bras. Je finis par me reculer, mes yeux plongés dans les siens, je ne détourne pas le regard un seul instant. Je lui souris, essayant de me montrer rassurante.
Tu as... beaucoup souffert, ta vie n'a pas été facile et... Je n'ai pas peur de toi et je te déteste encore moins. Tu vas me dire que tu ne m'as pas encore tout raconté. Mais je ne suis pas sûre sur ça va changer grand chose à ma façon de te voir. Oui tu as tué ton père mais si ce n'était pas toi c'est lui qui t'aurais tué. Et tu sais... je sais ce que ça fait de perdre tout contrôle... regarde la fois où je t'ai étranglé, j'aurai peut-être pu te tuer, je ne sais pas mais tu n'as pas fui alors je ne fuirais pas non plus. Tu t'es défendu comme tu as pu...
Mon regard était plein de compassion. Une de mes mains vient caresser sa joue. J'ai toujours ce petit sourire tendre sur mes lèvres, mes yeux toujours fixés dans les siens.
Pour la guerre... je n'en sais que ce que j'ai lû dans les livres d'histoire. Mais même si tu n'avais pas voulu y participer tu y aurais été forcé d'une façon ou d'une autre. La guerre déshumanise n'importe quel homme... Aujourd'hui tu regrettes et c'est ce qui compte. Et malgré toutes les horreurs que tu as vécu et vu, tu es toujours debout.
Je laisse planer un petit silence, ne cessant de caresser sa joue, glissant une de mes mains dans ses cheveux délicatement.
Tu sais... je te trouve très fort moi.
Je lui souris toujours, un sourire doux et franc, juste pour lui, me montrant encore et encore rassurante.
Un week-end de détente bien mérité Feat. - Harmony Blossom
Harmony tendit la main. Ses doigts effleurèrent quelques-unes des cicatrices. Je frissonnai. Puis elle se rapprocha et vint m’enlacer. Je ne pensais pas que ce contact me ferait autant de bien. Mais je ne pus mouvoir mes mains et la prendre dans mes bras à mon tour. Je me sentais encore trop tendu, trop craintif vis-à-vis de son opinion. Quand elle leva les yeux vers moi et planta son regard azuré dans le mien, j’y vis plein de compassion mais aucune peur, ni aucune haine. Pour le moment…
- Tu as… beaucoup souffert, ta vie n'a pas été facile,dit-elle d’une voix remplie de douceur.Et… Je n'ai pas peur de toi et je te déteste encore moins. Tu vas me dire que tu ne m'as pas encore tout raconté,ajouta-t-elle alors que j’ouvrais la bouche à ce propos.Mais je ne suis pas sûre que ça va changer grand-chose à ma façon de te voir.
Peut-être… Mary avait gardé confiance en moi, pourquoi pas Harmony ? Cette dernière déclara que si je n’avais pas tué Nikolaus, il aurait gagné. Elle avait raison et c’était ce que je n’avais cessé de me répéter pour me convaincre que le seul fautif dans l’histoire, c’était lui. Elle poursuivit sur le fait que question perte de contrôle, elle savait ce que cela faisait étant donné qu’elle avait tenté de m’étrangler. Ce n’était pas exactement la même chose… Harmony dormait à moitié à ce moment-là. Moi, j’étais pleinement éveillé et conscient de ce que je faisais.
- Mais tu n'as pas fui alors je ne fuirai pas non plus,annonça-t-elle comme si cela résolvait définitivement le problème.Tu t'es défendu comme tu as pu…
Elle remonta sa main sur ma joue. Je fermai un instant les yeux pour apprécier la douceur et la fraîcheur de sa peau.
- Pour la guerre… je n'en sais que ce que j'ai lu dans les livres d'histoire. Mais même si tu n'avais pas voulu y participer, tu y aurais été forcé, d'une façon ou d'une autre. La guerre déshumanise n'importe quel homme…
C’était vrai, ça aussi. Mary m’avait dit exactement la même chose.
- Aujourd'hui, tu regrettes et c'est ce qui compte. Et malgré toutes les horreurs que tu as vécues et vues, tu es toujours debout.
Ses doigts glissèrent vers mes cheveux. Nouveau frisson.
- Tu sais… je te trouve très fort, moi.
Je ne pus m’empêcher de sourire, partagé entre l’amusement, l’embarras, la tristesse et la culpabilité. Son sourire à elle était toujours aussi attentionné, bienveillant. Ce qui me donna le courage de continuer mon récit. D’abord, je pris sa main, la forçant à l’abaisser, même si j’appréciais ses doigts dans mes cheveux. Je la gardai dans la mienne, pris la parole.
- J’ai pu officiellement commencer en tant que Thanatopracteur à la fin de la guerre, en 1945. J’avais vingt-sept ans.
A partir de là, elle allait connaître le vrai moi. Je me sentis trembler rien que d’imaginer sa réaction. Si elle ne partait pas en courant, soit elle était folle, soit très amoureuse. Soit les deux…
- Les affaires marchaient bien, même très bien. Forcément, après une guerre…
J’inspirai profondément, expirai lentement.
- Je pensais que ça me permettrait d’oublier, ou au moins de surmonter le traumatisme. J’ai vu mon métier comme une façon de… me repentir. J’ai réussi à me sentir épanoui, je peux même dire que j’étais heureux malgré tout. J’étais en vie.
Je levai un instant les yeux vers Harmony, les baissai de nouveau.
- Mais quelque chose me manquait. Je n’arrivais pas à savoir quoi, et j’en dormais très peu. Je l’ai réalisé environ un an plus tard, en me retrouvant au milieu d’une bagarre débile dans un bar. J’ai réalisé que même si je regrettais tous ces meurtres et ces massacres, ce qui me manquait, c’était… l’adrénaline que tout ça m’avait procuré. Tous ces moments durant lesquels je n’étais plus moi-même, durant lesquels je ne faisais que suivre mon instinct pour survivre, j’avais un besoin vital, maladif, de les retrouver. Comme une espèce de drogue, me battre est devenu un moyen de me sentir de nouveau vivant.
J’étais devenu une victime de la guerre, une victime qui aurait dû consulter, comme me l’avait suggéré Sofia. L’enquêtrice n’avait jamais approuvé mes agissements, et je la comprenais. Mais cela avait été plus fort que moi.
- J’ai… découvert un monde qui m’a permis de trouver ce dont j’avais besoin. Un monde souterrain, hors la loi, dans lequel je me suis terré pendant des décennies.
Mon pouce allait et venait doucement sur le dos de la main d’Harmony. J’essayais de calmer mes tremblements mais c’était un peu difficile.
- On appelle ça… des arènes de combats illégaux,expliquai-je.Des tas de types paumés comme moi qui venaient squatter un lieu abandonné, et se battaient entre eux dans l’unique but complètement idiot de casser le plus de gueules possibles.
Je soupirai.
- Là aussi… j’ai beaucoup tué,dis-je très peu fier.Tout ça pour le plaisir de frôler la mort et constater que j’étais toujours debout à la fin. Pour l’argent, aussi. Et j’en gagnais un paquet. Pourtant, je n’en avais pas besoin. Je travaillais toujours et mon salaire était largement suffisant. Je n’ai jamais perdu un seul combat. Je me suis tellement enfoncé dans cette quête du succès battis sur la mort que mon surnom est devenu connu dans tout Berlin, et l’Allemagne entière. Il m’a suffi d’une poignée d’années pour devenir… le numéro un. Thanatos, le roi des arènes…murmurai-je avec amertume.
Je me mordis l’intérieur de la lèvre, les yeux toujours baissés sur nos mains jointes.
- Tu te doutes bien qu’il ne s’agissait pas que de me battre. J’ai profité de ce que le monde souterrain m’offrait : l’alcool, les femmes… un peu la drogue, aussi,admis-je, honteux.Mais ce n’était pas mon truc,ajoutai-je comme si je cherchais à me justifier.A part la cigarette, je n’ai pas tellement touché à tout ça.
Je me raclai la gorge pour me redonner contenance. J’aurais dû apporter de quoi boire.
- Et ce manège a duré pendant près de cinquante-quatre ans. Puis j’ai quitté Berlin. Je me suis dit que je devais reprendre ma vie en main. Alors j’ai préféré m’éloigner le plus possible de tout ça. Je suis arrivé à Los Angeles en janvier 2000, à l’âge de quatre-vingt-deux ans.
J’avais déjà vécu la vie d’un humain. Tout ce que je voulais en débarquant aux États-Unis, c’était repartir à zéro.
- J’ai tenu six mois,confiai-je de plus en plus écœuré par ma propre histoire.J’ai de nouveau ressenti ce manque absolument malsain de me battre. Si je ne me défoulais pas de cette façon, je devenais abominable avec mon entourage. J’étais incapable de me faire des amis, du coup. Les amours, n’en parlons pas. Qui voudrait d’un psychopathe bipolaire et violent ?
Je n’attendais pas de réponse de la part d’Harmony. Alors je continuai.
- Une chose avait cependant changé : je ne me battais plus pour tuer. Quand je pouvais l’éviter, je laissais la vie sauve à mon adversaire. Grâce à ça, j’ai réussi à me faire un seul « ami », en 2015,dis-je en faisant les guillemets avec ma main libre.Il a estimé que je méritais son respect pour l’avoir épargné. Il m’a vu un peu comme un frère, vu qu’il est allemand, lui aussi. Là non plus, il n'a pas fallu longtemps pour que Thanatos devienne celui que tout le monde voulait affronter.
Je regardai en direction de la cabane. La lumière brillait à travers les fenêtres. Janna devait être plongée dans un livre. Je reportai mon attention sur Harmony, parvins à soutenir son regard, cette fois.
- Et en 2020, j’ai rencontré Mary.
Je ne savais pas si ma fille en avait parlé avec l’ange. Je ne l’avais jamais évoquée en sa présence.
- La mère de Janna,précisai-je au cas où.Notre rencontre n’a pas été banale. La première fois que je l’ai vue, elle m’a ouvert la porte de chez elle, parce que je devais venir embaumer son père. Elle avait à peine dix-huit ans. Et je suis tombé amoureux d’elle instantanément.
Je haussai les épaules avec un sourire en coin.
- En cent-deux ans d’existence, ça m’est tombé sur le coin de la gueule alors que ça n’était jamais arrivé avant, malgré le nombre de femmes que j’avais pu fréquenter.
Je m’interrompis en reprenant mon sérieux, réfléchissant à la suite.
- Je suis passé par l’étape « convaincre belle-maman que je suis un lycan mais que je ne ferai jamais aucun mal à sa fille. » Comme mon père, les surnaturels l’effrayaient. Ce fut… une autre bataille…
Rien à voir avec la guerre mais j’en gardais d’assez mauvais souvenirs.
- Mary était étudiante en médecine. Elle a obtenu son diplôme d’infirmière trois ans plus tard et quand elle a pu rentrer dans un hôpital pour y travailler, nous avons décidé de nous installer ensemble.
Je m’en voulais de parler de ma défunte épouse à Harmony. Il n’y avait aucune jalousie à avoir mais c’était quand même délicat. Cependant, c’était trop important pour négliger le sujet.
- Je nous ai acheté un appartement dans le centre de Los Angeles. J’avais les moyens, entre le travail et les arènes. Parce que… je n’ai pas pu arrêter. J’étais faible… Il fallait que je me batte, j’avais trop peur de m’en prendre à Mary à la moindre dispute. Seulement… je ne lui en ai jamais parlé. Je lui ai menti en lui disant que j’allais faire du sport. Parce que j’étais terrifié à l’idée qu’elle me quitte à cause de ça. Et trois ans après, en 2026, elle a tout découvert. Je… je ne sais pas comment elle a réussi à me suivre. Mais elle a tout vu. Et j’aurais préféré que ça n’arrive jamais.
Je déglutis, imaginai Harmony à la place de Mary à ce moment-là.
- Finalement, connaître la vérité plus tôt aurait été moins choquant que de m’apercevoir en train d’arracher la tête d’un type.
Un silence.
- Littéralement,renchéris-je en sentant une bouffée de chaleur d’angoisse m’envahir tout entier.
Nouveau silence. Je me demandais pourquoi l’ange n’était pas encore partie.
- J’ai bien cru que tout était fini. Mais ça n’a fait que renforcer notre relation. Je… je n’arrive toujours pas à croire qu’elle ait compris, et accepté de m’épouser après ça. Puis Janna est née, en 2028.
Un sourire naquit automatiquement au coin de mes lèvres en pensant à sa naissance.
- Je n’aurais jamais pensé être père mais c’est arrivé. Et c’est là que j’ai vraiment compris à quel point j’étais un imbécile. La venue de Janna a été ce qui m’a guéri de la drogue qu’étaient les combats à mort. Je ne pouvais plus imaginer risquer ma vie alors que j’avais une femme et une fille qui m’aimaient. Alors j’ai tout arrêté. Le problème, c’est que j’étais trop connu et ça m’a rattrapé.
Le visage de Bear s’imposa à mon esprit et mes tremblements – qui s’étaient un peu calmés – reprirent de plus belle.
- L’année d’après, un lycan, un… russe qui se faisait appeler Bear, a demandé à se battre contre moi. Il était recherché par la police pour trafic de drogue, d’armes, meurtres et j’en passe. Je l’ai affronté en me disant que ce combat mettrait définitivement un terme à cette vie de hors-la-loi.
Je lâchai la main d’Harmony, joignis les miennes en serrant les doigts très forts, de plus en plus tendu.
- C’était la première fois que je me demandais si j’allais gagner. Ce type était un monstre. Dans tous les sens du terme.
Je soupirai.
- Le combat ne s’est jamais terminé. Les flics ont débarqué, tout le monde s’est barré. Enfin… presque tout le monde. Beaucoup sont restés pour s’opposer à la police, et ça a été une véritable boucherie. En fuyant les lieux, j’ai… j’étais en pleine transformation. Affronter Bear m’avait mis dans un état d’agressivité que je n’avais jamais connu avant. Et… je… Sans le vouloir, j’ai tué le policier qui me poursuivait.
Je pointai l’impact de balle sous la clavicule du bout de l’index.
- C’est de là que ça vient.
Je joignis de nouveau les mains.
- Il me garantissait son soutien si je témoignais contre Bear. Il avait l’air vraiment sincère en disant vouloir m’aider. Mais je n’ai pas pu me contrôler. Après ça, fini les arènes. Et je me suis entièrement consacré à ma famille. Il était temps…commentai-je plus pour moi-même.
Nouveau soupir.
- Je crois que je n’ai jamais été aussi heureux qu’à partir de là. Jusqu’à ce que le passé me rattrape, encore.
Je regardai Harmony qui écoutait toujours, silencieuse et attentive.
- Le 8 janvier 2035. Ce jour-là, Mary… est morte.
Une tension presque palpable tomba sur nous. Je sentais qu’Harmony voulait dire quelque chose sans savoir quoi. Je devais terminer mon récit, aller jusqu’au bout. J’en avais beaucoup trop dit pour m’arrêter maintenant.
- Janna croit qu’elle s’est faite renverser par une voiture. C’est ce que je lui ai toujours dit. Je… je ne veux pas qu’elle sache que sa mère s’est faite assassiner. Pas maintenant… Elle est trop jeune.
Aurais-je réellement un jour le courage de lui dire la vérité ?
- Mary devait aller chercher la petite à l’école. Elle n’y est jamais parvenue. C’est moi qui l’ai retrouvée. Il était là aussi, ce…
Je serrai les poings.
- Bear m’a laissé avec le cadavre de ma femme en disant que je méritais tout ça. Et il a disparu.
Même après plus de sept ans, ça me faisait toujours aussi mal d’en parler. Mary n’avait rien à voir avec mes histoires. Elle n’aurait pas dû mourir. Tout était de ma faute. J’avais la gorge nouée, les larmes étaient prêtes à couler. Mais je parvins à les retenir. Les yeux rivés sur mes mains dont les jointures devenaient blanches à force de serrer les poings, je pris une grande inspiration, poursuivis.
- A la fin de cette année, j’ai rencontré une enquêtrice. Sofia. Nous sommes devenus amis. J’ai découvert qu’elle enquêtait sur un meurtre lié à celui de Mary. Le responsable faisait partie du réseau de Bear. Sofia a accepté que nous nous associons pour résoudre cette affaire. Et pour ça, j’ai dû retourner aux arènes. Moi qui m’étais juré de ne plus jamais y mettre les pieds, il fallait que j’aille me battre à nouveau pour arriver à mettre la main sur l’assassin de ma femme. L’enquête avançait bien. Mais six mois plus tard, Bear nous a tendu un piège. Il a fait en sorte que Sofia aille fouiner sur les lieux de notre dernier affrontement, en 2029. Et… et on a découvert que le policier que j’ai tué ce jour-là, c’était son père.
Harmony devait se demander quand j’allais arrêter de lui annoncer des trucs choquants.
- Elle a abandonné l’enquête et l’a laissée à son supérieur. J’ai cru qu’elle allait me dénoncer, et que je finirais en taule. Elle ne l’a pas fait. Je crois que… je dois ça à Janna. Si Sofia ne m’a pas fait arrêter, c’est pour que ma fille puisse profiter de son seul parent encore en vie… C’est ce qui m’a fait redoubler d’effort pour continuer à faire tomber le réseau de Bear. A chaque fois que je quittais une arène, je laissais deux ou trois hommes ligotés devant un commissariat. Mon ami allemand m’a été d’une grande aide. Il est très au courant de ce qu’il se passe aux arènes, et de qui les fréquente.
Je jetai un autre coup d’œil à la cabane.
- Mes agissements ont eu un réel impact. Bear a même essayé de m’arrêter en envoyant ses hommes. Il les a envoyés… enlever Janna.
Je regardai Harmony qui fit des yeux ronds. Je la pris par les épaules et plantai mon regard dans le sien.
- Ne lui parle jamais de ça, s’il te plaît,priai-je.Elle n’en a aucun souvenir. Elle n’avait même pas huit ans.
Elle allait les avoir quelques jours après seulement… Drôle d’anniversaire… Je lâchai les épaules de l'ange, repris.
- On a pu les arrêter et récupérer Janna avant qu’ils ne disparaissent. Euh… « on » c’est… Sofia et moi. Malgré tout, elle a été là pour m’aider.
Et je ne la remercierais jamais assez.
- Elle a même fait en sorte d’engager des membres de sa brigade pour nous protéger durant quelques semaines.
Une période difficile pour Janna qui ne comprenait pas.
- Et à la fin de l’année 2036, tout s’est terminé. Bear a enfin été arrêté. Après deux ans d’enfer, j’ai pu… trouver la paix.
Voilà, je lui avais tout dit. Harmony savait absolument tout.
J’avais tenté de donner un peu de courage à Meyer. Il s’ouvrait complètement à moi et ça ne devait pas être une tâche aisée. J’essayais d’être une oreille attentive et bienveillante malgré la part sombre de son passé. En le connaissant comme il est actuellement, c’est difficile d’imaginer qu’il ait pu tuer… Il prend ma main dans la sienne me faisant cesser mes caresses mais je ne dis rien, le laissant faire. Peut-être me montrais-je trop tactile ? Je ne sais pas mais il la garde dans la sienne. Il reprend alors la parole. Il a commencé en tant que Thanatopracteur en 1945 à l’âge de 27 ans, il me précise que ça marchait plutôt bien comme c’était l'après-guerre… Je ne dis rien mais c’était la triste vérité. Ce métier lui apportait beaucoup de choses et j’en étais heureuse, c’est important de faire un métier qui nous plait, peu importe ce que c’est. Il relève son regard vers moi, je continue de lui sourire puis il le baisse de nouveau. Cependant il lui manquait quelque chose, il lui manquait l’adrénaline que la guerre lui avait fait ressentir. Je tente de ne rien montrer mais je commence à être effrayée de ce qu’il va m’annoncer. Il commence à trembler et ça m’inquiète de plus en plus. Il m’explique qu’il a rejoint des arènes de combats illégaux et que le but était de “casser le plus de gueules possibles”. Comment peut-on aimer ça ? La guerre, c’est la faute de celle-ci, il est juste une victime… Ce sont les séquelles qu’elle lui a laissées. Il a beaucoup tué pour le plaisir de frôler la mort et qu’il finissait toujours debout. Il s’est même fait une renommée. Thanatos… Il évoque aussi l’alcool et les femmes et un peu la drogue. Je tressaillis. Meyer aurait donc été coureur de jupon… Je ne l’aurais jamais imaginé. Mais malgré ça, il ne profite pas de mes sentiments pour jouer avec moi et intérieurement je le remercie. Ça a duré cinq décennies avant qu’il ne déménage vers Los Angeles. Il voulait repartir à 0. C’est bien et tu as réussi… Ah non ? Mince… Il n’a pas pu être soulagé de cette envie irrépressible de combattre. S’il ne se défoulait pas ainsi, c’est son entourage qui en pâtissait. C’est triste, autant pour les autres que pour lui. Il a repris le combat mais plus pour tuer cette fois, quand il le pouvait il laissait la vie sauve. Ça colle mieux au Meyer que je connais. Il a même réussi à se faire un ami. Une part de clarté qui arriva.S’en suivit la rencontre de Mary, la mère de Janna. C’est ainsi qu’elle s’appelait alors. Je sens mon cœur se serrer. Je ne devrais pas… Je me sens un peu honteuse… Bref, je l’écoute, ne disant pas un mot. Ils se sont rencontrés alors qu’il venait embaumer son père. Oh non… Mais il est tombé instantanément amoureux d’elle. Je souris. Il avait enfin droit à du bonheur mais… Comment l’a-t-il perdu ? Il a dû convaincre sa mère qu’il ne ferait aucun mal à sa fille qui est humaine. Ça me rappelle sa rencontre non désirée avec mes parents. Aïe, le pauvre, ça fait deux fois qu’il fait face à cette épreuve. Mary était infirmière, c’était une bonne personne, elle travaillait pour soigner les autres et j’ai toujours trouvé ça beau de faire ce genre de métier. Il faut le faire par passion. J’imaginais que la suite allait être joyeuse mais il m’expliqua qu’il n'avait pas pu arrêter les combats d’arène et qu’il s’en était caché et qu’elle avait fini par s’en rendre compte. Aïe. Il ajoute que connaître la vérité plus tôt au lieu de le voir en train d’arracher la tête d’un type aurait été. Mieux. Effectivement, l’honnêteté paye toujours. Littéralement… Pardon ?! J’ouvre de grands yeux avant de me reprendre. Non Harmony, ne flanche pas, il s’ouvre à toi, c’est une épreuve pour lui. Il continue sur une note plus joyeuse. Ça a renforcé leur couple, ils se sont mariés puis est arrivée Janna. C’est grâce à elle qu’il a arrêté les combats. Il ne pouvait plus risquer sa vie alors qu’il avait une épouse et une fille. Effectivement, je suis heureuse de savoir qu’il a arrêté. Janna est magique à mes yeux. Mais lorsqu’il me dit qu’il était trop connu et que ça l’a rattrapé, je tressaillis. Un lycan russe a demandé à se battre contre lui et il était recherché par la police. Il s’est dit qu’en l’affrontant, cela mettrait fin à sa vie de hors-la-loi. Il lâche ma main que je pose sur ma cuisse. Je m’attends au pire. Le combat ne s’est jamais terminé et la police a débarqué. Certains ont fui, d’autres sont restés pour s’opposer à la police et ça a été une boucherie. Je ne veux pas imaginer. Le combat l’avait mis dans un état second qu’il n’avait jamais vécu et il a tué le policier. Oh non Meyer… Il me précise que c’est de là d’où vient sa cicatrice sous la clavicule. Alors que le policier lui proposait de ne faire qu'un pour témoigner contre le dénommé Bear, il n’avait pas réussi à se contrôler. Après ça, il a arrêté les arènes et s’est consacré à sa famille. Pitié, dites-moi que c’est fini… Il a été heureux jusqu’à ce que son passé le rattrape… En janvier 2035, Marie est morte. J’entre-ouvre mes lèvres mais Meyer reprend. Je referme la bouche et ne dit rien. Il m’explique qu’il a menti à Janna sur la cause du décès de sa mère, elle est trop jeune pour savoir la vérité et je suis d’accord… Il m’explique que Mary devait chercher Janna mais qu’elle n’est jamais arrivée à l’école. Il a retrouvé Bear avec le cadavre de Mary qui lui a dit qu’il méritait tout ça. Je sens mes larmes monter. C’est horrible… L’une d’elle s’égare sur ma joue. Je commençais à trembler légèrement, j’avais de plus en plus de mal à encaisser. Pour moi, tout au long de son histoire, Meyer a toujours été une victime. Il me raconte qu’il a rencontré une enquêtrice qui justement enquêtait sur un meurtre lié à celui de Mary. Pour l’aider à résoudre l’affaire, il est retourné dans les arènes. Ça se passait bien jusqu’à ce que Bear leur tende un piège. Ils ont découvert que le policier tué était le père de Sofia. Elle a abandonné l’enquête pour la laisser à quelqu’un d’autre mais n’a pas poursuivi Meyer en justice, sûrement grâce à la présence de Janna. Il a fait en sorte ensuite de faire tomber le réseau de Bear. Son ami allemand l’a beaucoup aidé. Mais ça ne s’arrête pas là, Bear a envoyé ses hommes pour enlever Janna. J’ouvre de grands yeux. Il me dit de ne jamais lui en parler parce qu’elle ne s’en souvient pas. J’acquiesce d’un hochement de tête. Sofia et lui ont réussi à les en empêcher. Malgré tout, elle l’avait aidé. Et pour conclure, en 2036 il a enfin trouvé la paix. L’histoire s’arrêtait là, il a eu droit à eu droit à cinq ans de paix et j’espère que ça va continuer ainsi. Je baisse la tête, ne sachant pas trop quoi dire, encaissant tout ce que je venais d’apprendre.
Meyer…
Dis-je en gardant le regard vers le sol. Les yeux larmoyant, je finis par relever la tête.
Je suis tellement désolée de tout ce qui t’est arrivé… Cette guerre, c’est elle qui t’a détruit, c’est elle qui a engendré tout ça. Tu n’es pas coupable. Dans cette histoire tu es la victime…
Je viens prendre ses deux mains dans les miennes. Mes pouces viennent caresser le dessus de ses mains.
Tu mérites aujourd’hui d’être heureux. Je suis sûre que c’est ce que Mary voudrait. Je te promets que je veillerais sur toi, je ferais tout pour que tu sois heureux parce que tu mérites ce répit. Tu as sans cesse essayé de te battre contre tes pulsions, contre ce besoin d’adrénaline et aujourd’hui tu as réussi. Tu es fort, bien plus que tu ne le crois et je veux que tu ai ça en tête. Et…
Je lâche ses mains, me lève et me mets au bord du ponton, face au lac. Un petit silence et je reprends, tournant mon visage vers Meyer, les cheveux au vent.
Tu sais, tu as tellement fait pour moi, maintenant c’est à moi d’être là pour toi. Je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour que tu sois heureux et souris tout le temps. Quitte à te bénir tous les jours. Tu sais, même si tu ne ressens pas la même chose que moi et malgré tout ce que tu m’as dit, sache que tu as une alliée, une amie ou appelle ça comme tu veux, qui te soutiendra toujours.
Je lui lance un sourire radieux avec un clin d’oeil tout en faisant le signe de victoire avec mes doigts. Puis je saute et replonge dans l'eau. Il faisait un peu froid mais c'était supportable.
Un week-end de détente bien mérité Feat. - Harmony Blossom
Et je craignais tant sa réaction que j’en arrêtai de respirer. Jusqu’à ce qu’elle prononce mon nom, la tête baissée. Quand elle me regarda, je vis ses yeux remplis de larmes. Mon cœur se serra. En même temps, il fallait s’y attendre. Elle était quelqu’un de très sensible, et qui n’avait aucune idée de ce que j’avais traversé en plus d’un siècle d’existence. Beaucoup de choses choquantes pour une âme aussi pure que la sienne. J’avais la désagréable impression d’avoir souillé ses oreilles avec mon histoire. Et maintenant qu’elle me connaissait, qu’elle savait tout ce que j’avais fait, les nombreuses erreurs que j’avais commises, que pensait-elle de moi ?
- Je suis tellement désolée de tout ce qui t’est arrivé…dit-elle d’une petite voix chagrinée.Cette guerre, c’est elle qui t’a détruit, c’est elle qui a engendré tout ça. Tu n’es pas coupable. Dans cette histoire, tu es la victime…
Mais j’aurais pu demander de l’aide autrement, me faire soigner… Elle prit mes deux mains dans les siennes, et ses pouces vinrent doucement caresser la base des miens, me coupant dans mes réflexions.
- Tu mérites aujourd’hui d’être heureux,déclara-t-elle d’un ton plein de certitude.Je suis sûre que c’est ce que Mary voudrait.
Oui…
- Je te promets que je veillerai sur toi,reprit-elle avec un sourire empli de bonté.Je ferai tout pour que tu sois heureux parce que tu mérites ce répit. Tu as sans cesse essayé de te battre contre tes pulsions, contre ce besoin d’adrénaline et aujourd’hui, tu as réussi. Tu es fort, bien plus que tu ne le crois et je veux que tu aies ça en tête.
Elle avait raison. Depuis la naissance de Janna, j’étais déjà parvenu à couper les ponts avec les arènes, alors que cela me semblait impossible avant. Et après l’emprisonnement de Bear, j’étais enfin soulagé de tout désir de vengeance. Harmony lâcha mes mains. La chaleur qu’elle me procurait disparut et je me sentis étrangement vulnérable.
- Et…
L’ange se leva de la chaise longue et délaissa les serviettes. Elle avança jusqu’au bord du ponton, en silence. Je la regardai faire, contemplai son corps élancé dans ce bikini qui lui allait si bien, ses longs cheveux de feu qui caressaient son dos et le creux de ses reins. Quand elle tourna la tête et me regarda, quelques mèches s’envolèrent au gré d’une légère brise, me donnant la sensation de la voir flotter dans l’air. Tel un ange tombé du ciel…
- Tu sais, tu as tellement fait pour moi, maintenant c’est à moi d’être là pour toi. Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour que tu sois heureux et souries tout le temps. Quitte à te bénir tous les jours.
Me bénir tous les jours ? Elle y allait un peu fort… Ses mots réussirent à me faire sourire un peu. Il y avait tant de générosité en elle, de dévotion… Tous les anges étaient-ils comme ça ? J’osais croire qu’Harmony demeurait ce qu’il y avait de plus divin parmi eux. Avec ses parents, j’avais eu la preuve que tous les anges n’étaient pas… des anges, justement. Mais Harmony… c’était plus, bien plus que ça.
- Tu sais, même si tu ne ressens pas la même chose que moi et malgré tout ce que tu m’as dit, sache que tu as une alliée, une amie, ou appelle ça comme tu veux, qui te soutiendra toujours,fit-elle en m’offrant un sourire radieux, en levant deux doigts pour faire le signe de la victoire.
Mon cœur s’emballa. J’esquissai un geste pour me lever. Elle se retourna et plongea dans l’eau.
- Harmony…soufflai-je à la fois troublé, soulagé… et transi.
Je me mis debout, vacillai un peu, approchai du bord du ponton. La demoiselle ne remontait pas et nageait sous la surface. Je m’assis et descendis dans l’eau. Quand sa tête émergea, elle me tournait le dos, et je me trouvais juste derrière elle. Il me suffisait de faire un pas. Je le franchis, posai ma main sur son épaule. Elle eut un léger sursaut, ne s’étant pas attendue à ce que je l’aie rejoint. Et elle me fit face. Mes mains allèrent attraper ses hanches. Je ne la lâchai pas, à la fois pour ménager ses forces dont elle se servait pour garder la tête à la surface, et aussi pour la rapprocher de moi. Nous échangeâmes un long regard silencieux. Elle était si près que ses jambes touchaient les miennes. Si près que je voyais chaque détail de ses cils parsemés de fines gouttelettes d’eau. Si près qu’il me fut impossible d’attendre plus longtemps. Mais avant, il me restait une dernière chose à faire, ou plutôt à dire. Quelque chose de très significatif pour moi.
- Constantine,murmurai-je.C’est mon prénom.
Je réduisis le peu de distance qu’il y avait entre nos deux visages. A la fois hésitant, impatient, tourmenté, dévoré par le désir, presque fiévreux, mes lèvres frôlèrent les siennes. Je sentis son souffle chaud se mélanger au mien. Ce contact, aussi léger fut-il, fit monter une bouffée de chaleur dans tout mon corps qui me poussa à pencher un peu plus la tête et l’embrasser pour de bon. Un baiser innocent, doux, rendu passif par l’attente de sa réaction.
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